Il a dit qu'il avait toujours besoin d'aide. Tu le soupçonnes d'exagérer. Il aurait appelé avant sinon. À moins que Ariane soit toujours là pour l'aider. C'est une autre possibilité. Peut-être qu'il demande à elle avant toi. Il te l'aurait demandé si tu ne lui avais pas écrit d'abord ? Peu importe. Il a aussi dit qu'il était à la maison. C'est quand la dernière fois que vous y êtes allés tous les deux ? Tu as l'impression que ça fait une éternité. Il n'a pas besoin d'en dire plus. Il n'a même pas besoin d'insister pour que tu viennes. Tu seras là dans quelques minutes tout au plus. Ça te fera sûrement autant de bien à toi qu'à lui. Là-bas, c'est un peu comme si ici n'existait pas.

Quand tu entres dans la maison, personne ne pleure. C'est déjà un bon début. Tu retrouves le bébé abandonné dans son berceau qui gigote dans tous les sens. Tu lèves les yeux au ciel, lui laisse le bénéfice du doute en te disant qu'il ne savait peut-être pas qu'elle était réveiller. Après tout, elle ne fait pratiquement pas de bruit. Tu viens la prendre dans tes bras avant de sortir sur le balcon là où Jet se trouve à fumer ses douze paquets de cigarettes de l'anxiété. Bah, au moins il le fait dehors et pas à l'intérieur. Les poumons de sa fille le remercient. « Pourquoi tu te plains ? Elle est adorable. » Peut-être que tu es juste arrivé après la tempête, mais pour l'heure, le bébé est calme. Elle gazouille et commence même à faire des petits sourires. « Elle a déjà beaucoup changé. » que tu lui dis en admirant son joli minois - au bébé, pas à Jet. Ils changent tellement vite à cet âge-là. Tu as presque du mal à la reconnaître.

« Qu'est-ce que tu as choisis ? » Qu'est-ce qu'il va faire du bébé ? Tu lui as dit d'envisager la possibilité que la mère ne revienne jamais. Il ne semblait pas croire que ça pouvait être possible. Il n'y a sûrement même pas pensé malgré tes paroles. Mais on y est là, la mère n'a donné aucune nouvelle depuis, quoi? des jours ? des semaines ? Il faut se rendre à l'évidence. Elle ne reviendra pas chercher sa gosse. Elle ne le fera pas bientôt du moins. Peut-être dans quelques mois, quelques années, quand la culpabilité aura refait surface. D'ici là, il fait quoi Jet ? Il l'a garde ou faut lui trouver une famille qui prendra soin d'elle ? Il semble toujours aussi mal à l'aise en sa présence. La nouvelle ne semble toujours pas encaisser. C'est pas tous les jours qu'on devient père du jour au lendemain.

@jeremiah etish

Je suis seul avec Lola, et Ariane est partie. Ca ne m’étonne pas d’elle, ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne veuille abandonner tout ce qu’elle avait construit en Australie. Je ne lui en veux pas, bien au contraire. J’aurais adoré voir la tête de Saül quand il s’est rendu compte qu’elle le laissait avec un môme pour aller vivre sa folle vie ailleurs. Mais cette conne m’a laissé seul avec ce bébé dont je ne sais absolument pas quoi faire. Plus le temps passe et plus je m’attache sans même m’en rendre réellement compte. Je ne veux pas d’un enfant, ma vie n’est pas faite pour ça, et pourtant, je ne m’imagine pas l’abandonner sans même savoir quelle sera sa vie après moi.

Je suis partie dans la maison, j’avais besoin d’espace, de respirer, et je l’ai emmené avec moi. On est que tous les deux ici depuis je ne sais combien de temps. J’ai l’impression qu’elle est incapable de savoir quand est le jour ou la nuit, elle se réveille constamment et je n’ai pas une seconde pour moi. C’est terrible. « Pourquoi tu te plains ? Elle est adorable. » Je suis enfin tranquille sur la terrasse, même si la demoiselle a décidé qu’elle n’allait pas dormir tout de suite. Je soupire et souris un peu en entendant Elise arriver dans mon dos. Elle va pouvoir m’aider, j’en suis certain. Elle adore les enfants. “Parce qu’elle t’a fait un sourire tu la trouves adorable ?” Je lève les yeux au ciel et continue de fumer. Si quelqu’un s’occupe du monstre je peux enfin avoir du temps pour moi. « Elle a déjà beaucoup changé. » “Si tu le dis.” J’essaie d’être distant, la situation est bien plus facile à vivre de cette manière. « Qu'est-ce que tu as choisis ? » “J’en ai aucune idée.” Mes yeux se perdent sur le bébé avant de croiser ceux d’Elise. “J’ai pas le droit de l’abandonner.” J’en ai vécu des abandons, et je n’ai pas envie que cette petite fille ressente ça.

“Parce qu’elle t’a fait un sourire tu la trouves adorable ?” Comment lui ne peut-il pas la trouver adorable ? Elle l'est particulièrement quand elle sourit oui. Et encore plus quand elle vient attraper ton doigt de sa petite main. « Écoute pas ton papa, c'est qu'un vieux grincheux. » que tu dis d'une voix enfantine à sa fille entre tes bras, sourire aux lèvres. À quel point il va avoir horreur que tu aies employé le mot papa pour le désigner ? Au moins dix sur dix. C'est ce qu'il est. Que ça lui plaise ou non. Il est le père de cette gamine. “Si tu le dis.” Tu lèves les yeux au ciel devant son détachement. Il a carrément l'air de s'en foutre de sa gamine. C'est à la limite s'il ne la regarde pas avec dédain. Encore heureux qu'elle ne soit pas encore morte de négligence depuis tout ce temps où il s'en occupe tout seul comme un grand. Il veut faire quoi avec elle au juste ? “J’en ai aucune idée.” Ouais bah faudra qu'il fasse un choix et vite. Il doit penser à elle avant tout lorsqu'il fera son choix. Il doit faire ce qui est le mieux pour elle et non pour lui. Il en est capable ? “J’ai pas le droit de l’abandonner.” Alors, il veut la garder, ou il s'en sent obligé. Peu importe sa motivation, sa décision est prise. Tu hoches doucement la tête. La petite n'a pas demandé à naître ainsi. Elle ne devrait pas en payer le prix. Jet semble faire le bone choix pour une fois; assumer sa connerie.

« Tu devrais venir t'installer ici avec elle. C'est plus grand. » Ils seront bien mieux ici que dans son appartement merdique. Tu n'es presque jamais ici de toute façon. Ils seront tranquilles. « On- » On quoi ? Tu ne fais pas partie du package deal de cette famille dysfonctionnelle. Ce serait important que tu t'en rappelle. À force de trop l'aider, tu vas finir par foncer directement dans un mur - émotionnellement parlant. Rien de nouveau finalement. Tu n'es plus à une déception de plus ou de moins dans ta vie. « Tu peux lui faire une chambre. » Il fera tout ce qu'il veut pour rendre cette maison confortable pour sa fille. Il n'a nullement besoin de ton autorisation pour le faire. « Ta copine, (la jolie blonde actrice pff) elle en pense quoi de tout ça ? » Elle va le supporter dans tout ça ? Elle lui en veut d'avoir fait un bébé à une connasse ? (c'en est sûrement une) Tu aurais sûrement péter les plombs à sa place.

Je suis perdu, mais ce n’est pas nouveau, je l’ai été toute ma vie. « Écoute pas ton papa, c'est qu'un vieux grincheux. » Papa. Je suis vraiment le papa d’un petit être qui ne connait encore rien à la vie ? Je grimace à cause de ce mot, je ne sais pas si j’arriverai à m’y faire un jour. Je ne sais même pas si cette petite fille va rester dans ma vie longtemps. “La ferme.” Je ne suis toujours pas gentil, ou facile à vivre. Pourtant elle est là Elise, et ça m’importe. Je ne sais pas pourquoi elle est toujours là, mais je ne compte pas me plaindre une seule seconde.

On est dans la grande maison, et je respire mieux ici, j’ai l’impression que le temps s’arrête. « Tu devrais venir t'installer ici avec elle. C'est plus grand. » Je lève les yeux vers Elise, je ne peux pas gérer une grande maison et une enfant, seule. A l’appartement, Finn m’aide autant qu’il le peut, et il est plutôt doué avec les enfants. J’arrive toujours à trouver quelqu’un pour prendre le relais, histoire de ne pas trop la laisser s’attacher à une seule personne après s’être fait abandonner par sa propre mère. « On- » Je l’ai entendu ce on, il résonnerait presque dans le silence qui dure moins d’une seconde. « Tu peux lui faire une chambre. » Je déglutis, je ne m’imagine pas faire ça. “Ou payer quelqu’un pour le faire.” Je sais déléguer mes responsabilités mieux que personne. « Ta copine, elle en pense quoi de tout ça ? » Ma copine, je ne peux m’empêcher de pouffer de rire à cette évocation. “Peu de personnes savent.” Et Chloe ne fait pas partie des personnes qui ont été les premières à savoir que Lola était arrivée dans ma vie. “Elle restera pas longtemps.” Quand elle saura, c’est une certitude. Chloe, c’est passagé, et je ne peux pas me permettre de laisser entrer des gens dans ma vie maintenant, ce serait bien trop compliqué à gérer.

“La ferme.” Tu lèves les yeux au ciel. Bien sûr que tu savais d'avance que le mot Papa allait le faire réagir ainsi. Peut-être même que c'était voulu. C'est quand même ce qu'il est. Surtout s'il décide de la garder et c'est ce qui semble faire sans vouloir mettre le mot dessus. « Qu'est-ce que je disais hen ? » Un vieux grincheux. Tes paroles sont pour la gamine qui se met à sourire automatiquement entre tes bras. Elle est tellement belle. Tu as du mal à détacher ton regard d'elle. Elle a les yeux de Jet, c'est peut-être pour ça. “Ou payer quelqu’un pour le faire.” qu'il te répond lorsque tu lui propose de faire une chambre pour sa fille
C'est qu'on s'y fait vite à la vie des gens riches et célèbres. La solution argent lui vient bien trop facilement. Sûrement sa méthode pour rester détaché de tout ça. « Fais comme tu veux. » Tu hausses les épaules. Tant que la petite se retrouve avec un nid douillet rien que pour elle, la méthode importe peu. Ça ne peut pas être pire que maintenant.

“Peu de personnes savent.” Rien de surprenant là dedans. Tu l'imagines mal aller cier sur tous les toits qu'il est devenu père. Ce qui est étonnant par contre, c'est que sa pseudo petite-amie ne soit pas dans la confidence. C'est pas comme si c'était si facile que ça à cacher un bébé. Il ne l'a pas revue depuis tout ce temps ? C'est louche. “Elle restera pas longtemps.” Étonnant. Elle ne reste jamais. « Mh. » Comme monosyllabe de la fille qui joue les insensibles, on a connu mieux. Rien à foutre que son couple soit un désastre ou non. Ça prend pas un doctorat pour voir qu'il sait pas les choisir et qu'il fait sûrement exprès de choisir des idiotes. La recherche de l'autodestruction, toutes ses conneries, ça lui ressemble bien à Jet. Et toi, c'est de te réjouir du malheur des autres - ça rend ta vie moins misérable. Quel beau duo vous faites ! « Jack m'a quitté. » que tu rajoutes en détournant le regard, réalisant par le même fait que c'est la première fois que tu le dis à voix haute. Voilà qui conclut le survol de vos vies amoureuses. La tienne est terminée. La sienne tire à sa fin.

« Qu'est-ce que je disais hen ? » Elle parle au bébé, comme si elle pouvait comprendre quoi que ce soit. J’essaie d’éviter le contact visuel autant que je peux, ses yeux ne font que me faire comprendre un peu plus qu’il n’y a pas besoin de test de paternité pour prouver que c’est bien ma fille. Je suis terrifié, et je ne sais pas si quelqu’un d’autre qu’Ariane s’en est rendue compte. “Elle comprend rien.” J’en sais rien, j’y connais rien aux enfants. Je fronce les sourcils et je me concentre sur mes doigts qui ne sont plus assez abîmés à mon goût. Je ne joue plus beaucoup, à cause du petit être qui est calé dans les bras d’Elise à l’autre bout de la pièce.  « Fais comme tu veux. » “Tu veux que je te paye pour la faire ?” Ce n’est qu’à moitié une blague. Elle a l’air d’être intéressée par cette enfant comme si c’était la sienne. Si elle veut s’amuser à peindre une chambre et faire le tour des magasins pour bébé, qu’elle se fasse plaisir.

« Mh. » c’est certainement l’intervention la plus utile de la journée, elle ne veut pas parler et je ne peux pas dire que ça m’étonne vraiment. Elle ne parle jamais vraiment, sauf quand elle est bourrée. « Jack m'a quitté. » J’ouvre de grands yeux étonnés en me tournant vers elle. Ses yeux n’ont pas quitté le bébé qu’elle tient dans ses bras, et je ne sais pas pourquoi elle a lâché cette information. “C’est lui qui l’a fait ?” Ca m’étonne qu’elle ne l’ait pas fait avant. Ce mec n’était pas fait pour elle. Elise a besoin d’un mari riche qui fait tout ce qu’elle dit, et ce n’était visiblement pas le cas du musicien. “Tu trouveras mieux, tu trouves toujours.” La preuve, Jack est arrivé à la suite de Saül. Je ne m’inquiète pas pour elle, elle s’en sort toujours.  

“Elle comprend rien.” Quel rabat-joie sérieusement! Tu lèves les yeux au ciel. On dirait que tu ne fais que ça depuis que tu as mis les pieds ici. Non, c'est vrai qu'elle comprend que dalle. C'est pas une raison pour ne pas lui parler. Elle aime entendre les sons et surtout les voix familières. C'est pas celle de son père qu'elle doit entendre si souvent que ça. Hormis quand il doit lui gueuler dessus pour qu'elle arrête de pleurer (préjugés). Tu te demandes comment s'est quand t'es pas là. Il doit bien s'en occuper un peu si elle est encore en vie. “Tu veux que je te paye pour la faire ?” Tu lèves un sourcil en détournant finalement la tête vers lui. C'est quoi ? Tu as l'air d'avoir besoin d'argent ? Personne ne t'a jamais payé pour faire quoique ce soit, c'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Encore moins dans les poches de Jet. « Tu m'fais la charité ? » Il est conscient d'être dans une maison qui a bien son nom dessus, mais qui n'en a pas déboursé un sous, hm ?

La suite, par contre, ça, ça le suprend; Jack qui te quitte. L'inverse n'aurait rien eu d'étonnant. Tout le monde attendait que tu le fasses. Ah, l'amour. Tu n'ose même pas le regarder en prononçant ses mots. Tu préfères poser ton regard sur ce petit être qui n'a encore aucun jugement dans les yeux. “C’est lui qui l’a fait ?” Tu ne t'aurais certainement pas humilier à le dire si ce n'était pas comme ça que ça s'était passé. Tu hausses les épaules. « Il m'a sortie le truc du c'est pas toi, c'est moi. » Bon, ce n'était pas forcément les mots qu'il avait employés. Peu importe ce qu'il avait dit, peu importe ce qu'il avait voulu dire, le résultat était le même; il avait brisé ton foutu coeur en milles morceaux. “Tu trouveras mieux, tu trouves toujours.” Facile à dire. À tes yeux, c'étaient deux échecs un peu trop rapprochés. Et ta relation avec Jack ne t'avait pas vraiment réconcilier avec l'amour. « J'en ai pas envie. » Non. Plus envie d'être amoureuse. Ça fait trop mal. C'était plus facile avec Saül. C'est sûrement dans une relation du genre que tu finiras par retomber, là où les deux trouvent ce qui fait leur affaires sans réellement se soucier de l'autre. « J'suis fatiguée des histoires compliquées. » que tu ajoutes par la suite. Tout était compliqué. Tout était anxiogène. Pas besoin d'une histoire d'amour pour rendre le tout pire encore. Gérer le foutu mariage de ton fils, c'est déjà bien assez pour ta santé mentale qui se détériore petit à petit. Alors, ouais, tu préfères rester seule pour un bon moment encore. De toute manière, c'est pas comme si y'avait des prétendants qui se bousculaient pour la première place.

Faire un chambre, déménager dans la maison, commander des affaires pour bébé, c’est quoi cette vie ? Qui aurait bien pu imaginer que j’allais devoir subir une chose pareille ? Je ne sais toujours pas où est ma place, je ne sais même pas ce que je suis en train de faire ni si c’est une bonne idée de garder cette petite avec moi. Je pourrais la laisser avec Elise, elle a l’air de bien l’aimer. « Tu m'fais la charité ? » “Comme si c’était mon genre.” J’essaie seulement de me débarrasser d’une chose sérieuse à faire. Elle sait que jamais je ne me mettrai en tenue de travail pour peindre une chambre d’enfant. Elle devrait s’en occuper, elle est faite pour ce genre de responsabilités.

Elle est célibataire et moi je n’entends plus parler de la blonde qui m’a appelé son petit ami il y a plus d’une semaine. « Il m'a sortie le truc du c'est pas toi, c'est moi. » Je ris, j’ai forcément utilisé cette excuse de merde une ou deux fois pour me débarrasser de mes conquêtes. “Quel con.” Je le pense depuis la première fois que je l’ai vu, et je pense que c’est le cas d’Elise à cet instant aussi. Elle va trouver quelqu’un d’autre à manipuler, un mec qu’elle arrivera à avoir à ses pieds pour obtenir tout ce qu’elle veut. Elle est forte pour ça, je n’ai aucun doute sur ses capacités. « J'en ai pas envie. » Etonnant. Je me tourne vers elle et elle n’a d’yeux que pour le bébé. “T’as pas besoin de t’impliquer émotionnellement.” Et si elle essayait de profiter un peu ? Je ne pense pas l’avoir déjà vu essayer un jour. « J'suis fatiguée des histoires compliquées. » “Faudrait songer à choisir les bonnes personnes alors.” Et je ne parle pas de moi, parce que je suis bien loin d’être la bonne personne pour qui que ce soit sur cette planète. “Si t’aimais pas les trucs compliqués tu serais pas là aujourd’hui.” C’est un fait, même si elle décide de le nier.

“Comme si c’était mon genre.” Ouais bah on ne sait jamais. Il a peut-être pitié de toi. Tu l'aurais à sa place. T'es pathétique. « J'vais le faire si c'est ce que tu veux. » Juste choisir et déléguer. Il n'a sûrement aucune idée de ce dont un bébé a besoin et il n'a sûrement même pas envie de vraiment se pencher sur la question. Ce sera l'affaire d'une journée et tout sera réglée pour elle. “Quel con.” Ah ouais, Jack. M'ouais, quel con. Voilà qui conclut bien la discussion. Tu n'as pas particulièrement envie de t'étaler sur le sujet. Tu veux juste tourner la page sur cette histoire qui s'est mal terminée. Y'a que ça ces temps-ci, des histoires qui se terminent mal. “T’as pas besoin de t’impliquer émotionnellement.” Wow, sérieusement ? C'est une invitation ? « J'suis pas comme ça. » Comme si c'était ton genre de te balader de draps en draps sans jamais te poser nulle part. Ce ne l'est pas et il le sait parfaitement. T'as besoin de plus. Et quand y'a plus, les émotions finissent toujours par s'en mêler. Venez ajouter à ça la merveilleuse jalousie qui n'a pas lieu d'être et ça se termine en beau cocktail explosif. Il a besoin que tu lui rafraîchisse la mémoire ?

“Faudrait songer à choisir les bonnes personnes alors.” Alors, quoi ? Tu suis ces conseils et tu l'éjecte de ta vie ? Parce qu'il n'est probablement pas dans la liste des bonnes personnes à côtoyer. Tôt ou tard, la présence de Jet dans ta vie te causera elle aussi des ennuis. Ça va finir par mal se terminer ça aussi. Tu l'attends le mur dans lequel tu rentreras dedans de plein fouet. Tu ne comptes même pas bouger pour l'éviter. “Si t’aimais pas les trucs compliqués tu serais pas là aujourd’hui.” Ce qu'il est énervant quand il s'y met celui-là. La petite dans tes bras passent doucement dans les bras de Morphée. « J'veux plus d'histoires d'amour compliquées si tu préfères. » Tu ne veux plus d'histoires d'amour tout court. C'est probablement ce que toutes les filles aux cœurs brisés racontent. Y'a une éternité que personne ne te l'avait réduit en miette. C'est fou le pouvoir que peut avoir une simple petite phrase. « C'est pas c'qu'on a, j'me trompe ? » que tu lui dis en venant bien planter ton regard dans le sien. Il ne répondra pas. C'est ça votre truc, non ? De ne jamais répondre, d'éviter de mettre des mots là où tout le monde sait que ça ne sert à rien d'en mettre. À quoi bon ? Il devrait plutôt partir d'ici avec sa gamine pour aller rejoindre sa jolie actrice qu'il a sûrement trompé quatre fois avant de venir ici. Tu profites du silence qu'il s'installe pour retourner à l'intérieur de la maison redéposer le bébé endormie dans ce lit bien trop grand pour elle. Au moins, comme ça, ça lui évite de répondre.

« J'vais le faire si c'est ce que tu veux. » Je hoche la tête, ça me fait un boulot en moins. “Tu sauras quoi faire.” Pendant que moi je n’en ai aucune putain d’idée. Elle me parle d’elle et j’écoute, elle arrive toujours à se mettre dans les emmerdes bien trop facilement. Comment ça peut être possible ? Finalement, peut-être qu’elle est pire que moi pour trouver les emmerdes. Qui aurait pu croire que c’était possible ? « J'suis pas comme ça. » “Et si t’arrêtais de te prendre la tête une fois dans ta vie ?” Elle me donne mal à la tête, je suis épuisée rien qu’à m’imaginer tout ce qui peut se passer dans son cerveau. Je secoue la tête et je la laisse gérer la petite, j’aime ne pas être tout seul et je préfère qu’elle soit dans les bras de quelqu’un d’autre, quelqu’un qui sait y faire.

« J'veux plus d'histoires d'amour compliquées si tu préfères. » Bien sûr que je vois ce qu’elle veut dire, je suis un peu dans la même situation, et c’est certainement pour ça que je ne me préoccupe plus de Chloe depuis que la petite est dans les parages. “C’est toujours compliqué.” C’est la réalité, il ne faut pas mêler les sentiments à la vie. J’ai déjà fait cette erreur une fois et je n’ai toujours pas eu envie de recommencer. « C'est pas c'qu'on a, j'me trompe ? » Elle met les pieds dans le plat. Mon regard ne lâche pas le sien, personne ne sait ce qu’on a, même nous on ne le sait pas. Elle n’a pas envie d’en parler, elle cherche juste à me déstabiliser ou à s’amuser. Elle n’attend pas de réponse alors je hausse les épaules. “Comme si on répondait à ce genre de questions.” Je me lève et j’attrape une bière au frigo, j’en ai bien besoin. “T’es pas là pour discuter, t’es là pour te changer les idées parce que t’adore les bébés.” Et ça, je suis prêt à le parier.

“Et si t’arrêtais de te prendre la tête une fois dans ta vie ?” Tu as envie de tout dire tout comme tu as envie de ne rien dire. Il ne comprend rien à la charge mentale que tu peux avoir dans une journée. Il comprendra jamais rien - et c'est bien temps mieux pour lui. Tu restes silencieuse, les lèvres pincées. Le regard que tu lui lances parle de lui-même; il t'énerve. “C’est toujours compliqué.” Tu hausses les épaules. T'as cru comprendre que c'était compliqué. En même temps, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, c'était pas compliqué avec Saül. Après 20 ans, on finit par trouver des trucs pour ne pas s'arracher la tête. C'était pas facile tous les jours, mais ce n'était pas compliqué… jusqu'à la toute fin.

Il soutient ton regard pendant ce qui te semble une éternité. Mieux vaut soutenir le silence que de répondre à la question,hm ? “Comme si on répondait à ce genre de questions.” Voilà, qu'est-ce que tu disais hen ? Il faudra bien, un jour ou l'autre. Mais pourquoi faire aujourd'hui ce qu'on peut faire demain ? C'est beau la procrastination. « Pas besoin vu que j'connais déjà la réponse. »Parce qu'il a une petite-amie, ça veut tout dire, non ? Pendant que tu files dans l'une des chambres pour redéposer la petite endormie dans le lit, Jet en profites pour aller se chercher une bière dans le frigo. Pas de danger pour qu'il t'offre un truc. “T’es pas là pour discuter, t’es là pour te changer les idées parce que t’adore les bébés.” qu'il te balance lorsque tu reviens dans la cuisine. Okay, là sérieux, il va trop loin. C'est un rire amer qui s'échappe d'entre les lèvres. « Arrête de faire comme si toi t'en avais envie. » Qu'il ne vienne pas mettre votre cruel manque de communication sur ton dos. Lui non plus, il ne veut pas en parler. Ça fait bien son affaire que tu suives le mouvement. « J'suis là parce que t'es pas foutu de t'occuper de ton bébé toi-même. » Et pas pour te changer les idées comme il le prétend. Il a dit qu'il avait besoin d'aide. Il a déjà oublié ? Le ton de ta voix s'élève un peu plus que tu ne le voudrais - y'a un bébé qui dort, faudrait bien s'en rappeler. Quoique tu pourrais toujours le laisser se démerder avec sa gamine en crise. En voilà une bonne punition. « C'est pas moi qui vais l'élever. Souviens-toi s'en. » Tu seras pas toujours là pour voler à son secours avec elle. Il doit apprendre à s'en occuper tout seul s'il choisit vraiment de la garder.

Elle m’énerve, mais j’ai besoin d’elle. Pour le bébé, seulement pour le bébé bien évidemment. J’ai envie d’une bière, de retrouver ma vie d’avant, de pouvoir faire ce que je veux. Je n’ai rien demandé, et pourtant, je me retrouve avec une petite fille sur les bras. Et mon coeur est tiraillé. Je sais ce que c’est que d’être abandonné et de vivre en foyer, personne ne mérite ce genre de vie, et certainement pas une aussi petite fille. Je ne peux pas l’abandonner alors que sa propre mère vient de le faire. Elise est la seule personne sur qui je peux compter pour le moment, et j’ose espérer que je pourrai encore le faire pendant longtemps. Elle ne veut pas parler, on ne veut pas parler, c’est mieux, c’est pas le moment. « Pas besoin vu que j'connais déjà la réponse. » Je fronce les sourcils, dans l’incompréhension. “Qu’est ce que tu racontes ? Tu connais rien du tout.” Je ne veux pas qu’elle fasse de raccourcis, je ne sais rien de rien ces derniers temps, et elle n’a pas le droit de me faire ce genre de reproches.

« Arrête de faire comme si toi t'en avais envie. » “Envie de quoi ?” Moi je ne fais pas de raccourcis, je n’en ai pas envie. Si elle veut que je comprenne quoi que ce soit elle n’a qu’à s’exprimer clairement. Tout est déjà bien assez compliqué comme ça. « J'suis là parce que t'es pas foutu de t'occuper de ton bébé toi-même. » Outch. Point pour Elise. “Et tu préférerais que j’appelle personne et qu’elle soit en danger.” Elle n’est pas morte, elle se porte plutôt bien, alors je suis peut-être un peu plus doué que je ne l’imagine. « C'est pas moi qui vais l'élever. Souviens-toi s'en. » “Très bien alors laisse moi seul ici si la situation t’emmerdes tant que ça ! T’es vraiment pas possible.” Elle est épuisante, et je me demande encore pourquoi on traîne l’un autour de l’autre. Je me lève pour rejoindre mon canapé, après tout, elle n’a qu’à partir si elle ne veut pas prendre partie, je lui ai demandé de l’aide, je ne lui ai pas dit qu’elle était obligée de venir. “Tu as choisi de venir m’aider, je t’ai pas forcé.”

“Qu’est ce que tu racontes ? Tu connais rien du tout.” Tu lèves les yeux au ciel. Il ne veut pas répondre. Tu n'as pas non plus le droit de connaître la réponse qu'il ne dit pas. Parfois, ce n'est pas nécessaire de dire des mots pour répondre à une question. On peut se fier aux faits et gestes. C'est ce que tu fais là. Enfin, la vérité c'est que tu te fies à ce que tu as bien envie de comprendre. Parce qu'il y a bien des choses qui se contredisent dans ce qu'il fait. Ça servirait à quoi de comprendre autre chose ? À rien. À absolument rien. “Envie de quoi ?” Quoi, il écoute rien depuis le début ? Ce ne serait pas si étonnant. Pourquoi il fait toujours exprès de t'énerver ? « Arrête de me prendre pour une conne. » Suis la conversation, Jet. C'est pour quand son don pour la télépathie ? Ça lui serait drôlement utile. Tous les hommes en rêvent sûrement.

“Et tu préférerais que j’appelle personne et qu’elle soit en danger.” « J'en ai rien à faire d'elle. C'est pas mon problème. » Ce n'est qu'un demi mensonge. Tu t'en balance qu'il décide de la garder ou de la donner aux premiers venus. Tu t'en contrefous de ce qui peut bien lui arriver. Ce qui te préoccupe par contre, c'est Jet. C'est de le voir désemparé. C'est de voir qu'il n'est pas bien. Bien sûr que tu l'aideras toujours lorsque tu le pourras. Mais que tu l'aides ou pas, tu ne seras jamais la mère de cette enfant. Ce serait bien qu'il s'en rappelle. Hors de question que tu gères cet enfant à temps plein. “Très bien alors laisse moi seul ici si la situation t’emmerdes tant que ça ! T’es vraiment pas possible.” « C'est moi qui est pas possible ? » C'est toi. C'est lui. C'est vous deux ensemble. Pas moyen que ça se termine bien entre vous deux. Pourtant, tu y retournes toujours. Il te laisse revenir à chaque fois. Il y aura sûrement la fois de trop un jour. À moins qu'il soit maso et qu'il aime se faire hurler dessus pour un rien. “Tu as choisi de venir m’aider, je t’ai pas forcé.” Et ce n'était peut-être pas une bonne idée d'être venu. Tu n'arrives même plus à gérer tes propres problèmes, alors gérer ceux des autres… C'est peut-être juste une mauvaise journée ou t'es peut-être juste cinglé et tu pètes les plombs pour rien - probablement un peu des deux. « Va t'faire voir Jet. Débrouille-toi tout seul. » Parce que, évidemment, à la seconde où tu feras claquer la porte de la maison, le bruit réveillera la petite qui était toute endormie. Mais bon, t'as déjà dit que c'était pas ton problème.