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Message(#)(norasmine) disappear EmptyLun 19 Juil 2021 - 8:06


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crédits gif & code fiche/ (elizabetholscn & malibu) ✰ w/ @Norah Lindley :l:

Une multitude de fourmillements lui parcourait le corps. Rendant le moindre mouvement désagréable, c’était comme si tout son corps pesait trop lourd pour son esprit, lui aussi soumit à une pression écrasante. Yasmine ferma fort les yeux, se concentrant sur sa respiration qu’elle avait retrouvée depuis un moment déjà. Elle tacha de rassembler toute sa patience, dans l’attente, assise tout au bord d’un lit d’hôpital qu’on lui avait assigné dès qu’elle avait été transporté aux services des urgences du St-Vincent.
Une chance qu’elle avait été présente dans les étages de l’hôpital, car sa prise en charge avait été rapide, et la gentillesse de ses anciens collègues avait été telle qu’elle s’était sentie un peu privilégiée dans le fond. Molly avait de nouveau déboulé dans les couloirs étroits pour s’assurer qu’elle ne risquait rien de grave, et avait lourdement insisté pour rester à ses côtés ; ce à quoi, sur le coup, Yasmine n’avait pas été capable de s’opposer, dans un état trop second pour se rendre compte de quoi que ce soit. Autour d’elle, le  monde s’était mis à tourner, et son abdomen s’était contracté si fort sous le tissu léger de son t-shirt qu’elle s’était entendue se plaindre dans le brouillard épais de l’état qu’elle couvait. Sa colocataire était retournée à son poste désormais, non sans lui avoir soufflé à l’oreille qu’elle devrait prévenir Edge de son passage dans le service parce qu’elle n’aimait pas la savoir isolée dans une salle de soin aussi austère que celle dans laquelle elle avait atterri. Seulement Yasmine avait reprit ses esprits, et elle connaissait le protocole ; elle resterait seule quoi qu’il en serait, et elle préférait savoir son entourage exempté de toute inquiétude supplémentaire, les préservant d’une énième instance angoissée dans la salle d’attente des urgences.
Après tout ce n’était qu’un malaise anodin, un coup de fatigue qu’elle ressentait peser sur ses épaules depuis plusieurs jours, une crise de panique mal gérée comme elle en faisait souvent, elle s’en remettrait. Certes, elle n’avait rien vu venir, aussi est-ce que c’était si étonnant que ça qu’elle s’effondre de cette manière, à un moment où il était pourtant établi que son père était en bonne voie pour la guérison ? La pression était en train de retomber, et puisqu’elle s’était soumise à une attitude digne tout au long de l’hospitalisation d’Amjad, elle se connaissait assez pour savoir qu’à un moment où un autre, son corps n’aurait pas tenu le choc. En fait, elle était déjà épuisée, elle le sentait, et elle qui était une insomniaque notoire, elle n’avait jamais autant succombé à l’appel de la micro-sieste, assise derrière le bureau de son infirmerie à l’Hibiscus. Yasmine avait des antécédents d’anxiété, et celle-ci crevait le plafond depuis quelques semaines, même si elle faisait tout pour l’étouffer. Elle n’était pas inquiète pour elle, elle était simplement gênée d’obliger la relève de jour à s’occuper de son cas alors qu’elle était sûre que son état ne le méritait pas. Elle avait été soumise au bilan sanguin de base, et si elle soupçonnait une petite anémie, elle ne redoutait rien à ce propos. Mais attendre devenait pénible, et elle s’obstinait à ne vouloir appeler personne ; elle préviendrait tout le monde une fois qu’elle serait sortie et qu’il n’y aurait plus de quoi se ronger les sangs.

"Yasmine." Les yeux toujours fermés, elle sursauta à l’arrivée d’une femme d’un certain âge qui portait une blouse rose sous la blanche, et qui ferma la porte de la salle de soin en lui accordant d’emblée un sourire aussi rassurant qu’elle le pouvait. Sur le moment, Yasmine ne la remit pas, encore trop embrouillée pour faire le point sur son visage. Et puis elle fronça les sourcils quand elle se souvint de qui elle était. Soudain, elle se sentit mal à l’aise dans sa blouse de malade dont le col lui compressait la gorge, l’empêchant de déglutir comme elle l’entendait.
Le Dr Parker était une obstétricienne de renom, une femme aussi impressionnante qu’elle était douce ; et c’est ce qu’elle fût pendant l’interrogatoire qu’elle fit mener à sa consœur. Le frottement de la bille du stylo du docteur contre le papier du dossier qu’elle remplissait devint désagréable pour Yasmine qui au fur et à mesure, prit sens des réponses qu’elle lui accordait sans même avoir besoin d’y réfléchir. C’était des questions intimes pourtant, qui lui firent triturer les bagues qu’elle portait au doigt, mais aussi les angles du sparadrap qui obstruait le cathéter qu’on lui avait installé, là encore sous couvert du protocole, jusqu’à ce qu’elle lui demande tout doucement :
"Je suis enceinte ?" Le médecin pencha la tête sur le côté, puis retira les résultats du bilan sanguin de Yasmine de sous son dossier pour le lui tendre. Elle était infirmière, elle n’avait pas besoin qu’on lu interpréter les chiffres ; tout était normal finalement. En surface en tout cas, et quelque chose monta dans la gorge de Yasmine quand elle arrêta ses yeux sur la ligne qui l’intéressait, et que sa voix ne trouva pas assez d’élan pour se porter quand elle comprit qu’elle était enceinte en effet, mais que le taux qu’elle avait sous les yeux la dispensait de s’enthousiasmer à ce sujet. Elle ne sut pas comment réagir d’ailleurs, elle resta juste silencieuse en se haïssant d’avoir mal jugée les signes, pourtant trop évidents en définitive, que lui avait envoyé son propre corps. Et peut-être que c’est davantage cet embarras qui lui fit monter les larmes aux yeux, encore qu’elle ne savait pas très bien, ses émotions devinrent confuses, et elle n’osa pas relever la tête quand le Dr Parker reprit la parole "Je sais combien c’est pénible, et je sais que tu t’es laissée berner par ton anxiété, mais on va devoir vérifier tout ça par échographie, je suis vraiment désolée." Le bien sûr qu’elle aurait aimé prononcer, Yasmine ne parvint pas à le laisser filer, et elle se contenta d’opiner positivement du chef en prenant une profonde inspiration pendant qu’elle tendait, toujours tête baissée, les résultats de son bilan sanguin au médecin qui, se levant déjà de son tabouret installé près de son lit, lui dit "Je te laisse quelques instants si tu veux prévenir quelqu’un. On va venir installer l’échographe, tu as le temps de faire le point." Encore une fois, à part hocher, négativement cette fois, la tête, Yasmine ne se sentit pas capable de dire quoi que ce soit. Elle pensa à Edgerton bien évidemment, il était en vérité le seul à qui elle pensait à ce moment-là. Mais si elle se sentait déjà atrocement embarrassée d’avoir autant manqué de discernement et de vigilance, elle connaissait l’avis de son partenaire sur le sujet, et la conclusion de son dilemme vint aussi rapidement que les larmes de honte qui roulèrent sur ses joues. Sa tête se remit à faire non, et toujours assise au bord de son lit d’hôpital, les épaules tombantes et les yeux fermés, elle laissa le médecin quitter la pièce.
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Message(#)(norasmine) disappear EmptyDim 1 Aoû 2021 - 12:19

DISAPPEAR
Après plusieurs semaines de charge de travail considérable, le service de réanimation du St Vincent connaissait enfin une période d'accalmie. Enfin, accalmie... Tout le monde n'avait pas la même notion de calme. Pour Norah, cela signifiait qu'il y avait tout de même du boulot, des choses à faire, mais qu'elle n'avait pas à courir dans tous les sens afin de s'assurer que tout soit fait en temps et en heure. L'étudiante qu'elle encadrait était plutôt dégourdie et Norah la laissait un peu plus en autonomie afin de la mettre un petit peu en difficulté. L'équipe avait même trouvé l'occasion de se faire une petite pause café. La salle de détente n'était pas loin de la salle de soins et des moniteurs qui permettaient d'avoir un refard direct sur les fonctions vitales des patients. Avec ses collègues, la belle brune discutait de ses leçons de moto qui se poursuivaient, et de son frère aîné qui désapprouvait toujours autant. Mais elle se réjouissait énormément à chaque fois qu'elle en apprenait un peu plus. La date du permis approchait à grand pas et l'excitation la poussait à regarder de plus en plus près sur quel deux-roues elle allait jeté son dévolu, et investir. "Est-ce que l'un d'entre vous peut descendre aux urgences, il y a un patient qu'ils arrivent pas à piquer et les infirmiers anesthésistes doivent repartir en intervention." demanda Andy, le médecin chef du service. Il venait tout juste d'avoir un de ses collègues au bout du fil, celui même qui avait demandé un petit coup de main. "Oui, bien sûr, j'y vais." se proposa immédiatement Norah, abandonnant sa tasse de café encore à moitié pleine sur l'un des plans de leur salle de pause. Avant de quitter la pièce, elle donnait quelques consignes à l'étudiante qu'elle avait encadré jusque là. Ses collègues allaient prendre le relais. En chemin, Norah refit sa queue de cheval rapidement, quelques mèches de cheveux s'y étant échappées depuis le début de son poste. Elle empruntait les escaliers pour arriver à l'étage voulu. Il y avait régulièrement de l'effervescence aux urgences. Entre les pronostics vitaux engagés, les grands traumas qui devaient filer directement au bloc, ceux qui estimaient être plus prioritaires que d'autres... Des vertes et des pas mûres. La belle brune rejoignit le box où ils avaient besoin d'un petit peu d'aide. Forcément, Saït était là. Même si depuis, ça avait fait son chemin, le médecin avait eu besoin d'un bon bout de temps pour digérer l'accident de Norah et surtout l'état dans lequel cette dernière était. Cela avait un peu affecté leur amitié. Pas négativement, mais il y avait quelque chose de différent. Norah s'était évertuée à le rassurer quasi quotidiennement en lui disant qu'elle allait bien. Et elle voyait qu'il avait besoin de l'entendre. Elle le lui répéterait autant que nécessaire. "T'arrives un peu tard Leckie, j'viens tout juste de trouver une veine." dit-il pendant qu'il manipulait le cathéter et qu'il reliait la tubulure de la perfusion à celle-ci. Il la remerciait tout de même d'être passé et promit de passer papoter à la fin de sa garde. Alors que la belle brune s'apprêtait à repartir bredouille à son service. "Norah, attends." Elle fut interpeller par un collègue avec qui elle travaillait régulièrement lorsqu'elle venait dépanner ici. Il était bien plus jeune qu'elle, mais très compétent. "Tu devrais aller voir au box 3." Norah fronçait les sourcils, perplexe. "Sérieusement. Je pense que tu devrais aller voir la patiente du box 3." répéta-t-il devant le mutisme de sa collègue, tout en lui tendant quelques feuilles de résultat afin qu'elle puisse comprendre d'elle-même. L'infirmier ne se voyait pas en parler à voix haute, ne désirant probablement pas que l'histoire ne s'ébruite de trop. Les rumeurs allaient vite, dans les murs d'un hôpital. Feuilletant rapidement le dossier, elle le lui rendit avant de venir toquer à la porte où se trouvait son amie derrière. Et Dieu seul savait dans quel état elle pouvait être. N'ayant pas de réponse, la belle brune se permit tout de même à rentrer dans la pièce et s'approcha de Yasmine. Elle prit l'un des tabourets montés sur roulette de la pièce pour se mettre juste en face d'elle. "Hey." dit-elle à voix basse. Ses mains se placèrent sur ses joues bien humides de larmes, ses pouces essuyant délicatement les sillons en attendant de voir si la belle brune allait ouvrir les yeux ou non. "On m'a dit que je devrais passer par là." Pas la peine de dire qui, ni pourquoi. La voix de Norah était douce, presque comme un murmure. Elle prenait son temps, ne cherchant pas à la précipiter en enchaînant les questions. Ce n'était pas un interrogatoire. Elle profitait également des instants de silence pour l'observer, être attentive à la moindre larme, au moindre soupir. "Parle-moi." lui souffla-t-elle finalement. Ses iris bleus restaient vissés sur elle. Si Yasmine ne savait pas par où commencer, sa collègue allait volontiers lui donner des pistes. Ca pouvait toujours l'aider. "Dis-moi ce qu'il s'est passé." Comment elle avait fini par se faire admettre aux urgences, quels étaient les signes avant-coureurs... Ou si elle préférait directement discuter de son ressenti, de cette salve d'émotions qui était trop difficile à gérer pour le moment. L'heure n'était pas encore à la relativisation. Norah ne s'évertuait pas à remplir les longs moments de silence par des déblatérations plus angoissantes qu'autre chose. Parfois, être présent suffisait. Sans mots. Et les silences ne l'avaient jamais dérangé. Et celui-ci allait durer aussi longtemps que Yasmine en avait besoin.
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Message(#)(norasmine) disappear EmptyMar 24 Aoû 2021 - 13:01


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La maternité, c’était une épée de Damoclès qui avait toujours flotté au-dessus de la tête de Yasmine. Ce n’était pas uniquement son affection particulière pour les enfants qui lui avait toujours donné l’envie de devenir maman, c’étaient aussi les desseins qu’avaient ses parents pour elle à une époque où ils avaient encore assez d’autorité sur elle pour lui faire entendre que ce qui les rendraient les plus fiers en définitive, ce serait qu’elle leur donne des petits enfants ; une descendance, une notion importante pour eux qui avaient été forcées de cisailler une bonne partie de leur arbre généalogique, sans perdre l’espoir juste à leurs yeux de le voir bourgeonner à nouveau grâce à leurs propres enfants. A ce sujet, si elle s’était souvent dressée contre les principes archaïques de ses parents, elle n’avait jamais vraiment douté sur l’idée qu’un jour où l’autre, elle serait en passe de leur faire ce cadeau sans se sentir contrainte et forcée. Certainement pas dans les termes qu’ils lui avaient souvent assénés dès qu’elle avait été en âge de comprendre certaines choses, mais le résultat ne serait pas bien différent, et elle savait plus que tout que, pouvoir tenir dans leurs bras leurs petits enfants, leur permettraient de faire l’impasse sur ses manquement en la matière. En somme, le pardon lui serait accordé à la seconde où les yeux d’un bébé, de son bébé, rencontreraient ceux d’Amjad et de Fatima.
Non, elle n’avait jamais douté à ce sujet Yasmine. Et bien qu’elle avait fait passer ses études avant tout le reste, il y avait une part d’elle qui savait qu’elle serait capable de tenir ce rôle-là, et qu’elle ne serait pas mauvaise bien au contraire. Elle savait y faire avec les petits, elle avait toujours su, un talent qui lui valait les compliments de sa propre mère. Elle aimait le vanter en lui répétant sans arrêt combien elle serait bonne avec ses propres enfants, qu’ils auraient de la chance d’avoir eu la grâce de tomber sur une maman comme elle. Ça la touchait toujours, de voir cette certitude émaner de Fatima, elle qui savait se montrer très dure à son égard parfois.
Sans doute se berçait-elle d’illusions, sans doute avait-elle tort de s’en remettre au manque d’objectivité exceptionnel de sa mère puisque s’il y avait bien un statut difficile à consigner, c’était celui-là. Pour autant une petite voix au fond d’elle-même lui avait souvent assuré qu’elle saurait comment s’y prendre dans tous les cas, qu’elle avait l’instinct qu’il fallait, et qu’elle le ferait de façon à ne pas commettre les erreurs de ses propres parents. Elle avait nourri ce désir d’enfants assez tôt finalement, et le combat qu’elle avait toujours mené pour ceux qui avaient moins de chance que d’autres, elle l’effectuait dans l’idée qu’elle aimerait que quelqu’un le fasse pour ses propres enfants. Alors elle s’en serait réjouit de cette nouvelle si elle s’était rendu compte que quelque chose était en train de se modifier chez elle, quand bien même elle aurait craint la réaction de son partenaire qui ne tenait pas le même discours qu’elle au sujet des enfants. Ils n’en avaient discuté qu’une seule et unique fois, et la dispute qui s’en était suivie avait été assez mémorable pour que, dans des circonstances différentes, elle puisse se sentir fébrile à l’idée de tenir Edgerton au courant de leur immersion future dans le joyeux monde de la parentalité. Mais elle l’aurait fait courageusement, et la décision aurait été prise en conséquence, qu’importe ce qu’elle aurait été.

Et elle l’aurait mieux accepté que celle trop arbitraire à laquelle elle était soumise à ce moment-là, et qui n’était pas de son fait ni de celui d’Edge. Oh, qu’elle s’en voulait à cet instant précis, d’avoir omis de prendre soin d’elle au point de ne pas être capable de percuter avec l’expertise qui était le sienne qu’elle était enceinte et c’est ça, combiné à la nouvelle qu’elle venait d’apprendre, qui la fit verser quelques larmes. Des larmes silencieuses qui l’empêchèrent toutefois d’entendre qu’on frappait à la porte de la salle dans laquelle elle était recluse, et qui s’intensifièrent quand elle s’aperçut qu’on entrait sans qu’elle n’ouvre la bouche ; le fait que ce soit Norah qui montre le bout de son nez, c’est ce qui la fit sangloter un peu plus fort, avant qu’elle ne réussisse à faire émerger tout son bon sens de la honte et de la peine qu’elle ressentait pour reprendre sur elle, et secouer la tête avec une véhémence qui manqua à son ton quand elle lui répondit tout doucement "Ça va aller." Elle n’était pas dans un état qui lui permettait de ne pas s’en vouloir atrocement. La culpabilité qu’elle ressentait, au-delà de toutes les notions qu’elle connaissait et qui lui étaient acquises grâce à ses études et à son expérience en tant qu’infirmière et qui lui auraient été utiles pour qu’elle comprenne qu’elle n’y pouvait absolument rien, que ça arrivait à n’importe qui, elle emportait tout sur son passage ; elle avait mal partout, mais plus particulièrement à ce coeur qu’elle sentait battre trop fort dans sa poitrine.
Yasmine se sentait ensevelie sous l’amas de cette annonce qu’elle venait de recevoir, et sur l’éventualité de devoir la faire aux autres — à commencer par Norah dont elle sentait la présence, mais surtout ses pupilles inquisitrices peser sur son profil qu’elle enfouit dans le creux de son propre coude pour dissimuler son visage mouillé de larmes. Elle ne supportait pas les démonstrations de peine quand elle était impliquée, elle ne supportait pas d’être toujours la plus sensible dans la pièce, quand bien même elle s’évertuait d’étouffer ses émotions en prenant sur elle. Là, elle n’y arrivait pas sur l’instant, et elle mit du temps à se calmer pour mieux reprendre la parole quelques longues minutes après.
Elle baissa son coude pour sécher ses larmes avec ses doigts, et leva la tête vers Norah "Je sais que t’as jeté un oeil à mon dossier." Ce n’était pas un reproche. Elle le savait parce qu’elle aurait fait la même chose si Norah avait été à sa place — et elle l’avait fait quand elle avait eu son accident de voiture quelques mois plus tôt, et qu’elle avait fini par passer la voir juste pour s’assurer que tout était rapporté comme il le fallait, qu’elle était traitée avec autant d’égard qu’elle le méritait. Des reproches, il n’y en avait pas dans son ton. En revanche, il y avait une demande implicite de ne pas l’obliger à lui dire tout haut ce qu’il se passait. Pourtant, elle devrait s’y résoudre plus tard ; un peu d’entraînement, ce n’était pas négligeable. Seulement, elle se sentit incapable de s’exprimer, et après quelques secondes supplémentaires durant lesquelles elle tenta de faire le point sur sa respiration, elle s’avoua vaincue "Je sais pas comment le dire, Norah." Dans les faits, elle était toujours enceinte actuellement, mais… mais elle pinça les lèvres, les réduisant en une ligne mince et douloureuse quand elle ajouta enfin en baissant de nouveau la tête, les traits contrits par tout un tas de choses à la fois "Je sais pas si je dois prévenir Edge, ou si je dois attendre l’échographie avant de le faire." Elle avait vite pris la décision tout à l’heure, aussi s’autorisait-elle de revenir dessus pour ne laisser l’occasion à personne de lui reprocher de ne pas avoir su quoi faire, comment agir. Elle marqua un temps inutile, puis elle ajouta en relevant les yeux vers Norah qu’elle fixa sans le vouloir "Ça changera rien aux analyses, ça changera rien aux conclusions de l’échographie non plus…"
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Message(#)(norasmine) disappear EmptyJeu 2 Sep 2021 - 14:52

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Il n'était jamais plaisant d'être de l'autre côté de la barrière, surtout sur son propre lieu de travail. Norah l'avait vécue et l'avait géré à sa propre façon. Yasmine y était désormais confrontée à son tour. Toujours étrange, de voir un dossier médical au nom d'une personne que l'on connaissait bien, de voir des analyses, des données, un diagnostic éventuel, la prise en charge prévue. Bien sûr qu'elle avait jeté un oeil à son dossier, bien sûr qu'elle savait. La belle brune lui laissait verser autant de larmes que nécessaires. Aux personnes qui s'en excusaient, elle aimait leur répondre que les larmes étaient le seul moyen de libérer un bon tiers des toxines du corps, alors ils pouvaient pleurer de tout leur soûl si c'était la seule chose qu'ils avaient envie de faire. Elle n'avait jamais jugé les larmes, ni minimisé. Tout le monde n'était pas doté de la même sensibilité. "T'as le droit de ne pas aller bien." Ca ira, peut-être, mais plus tard. Pour le moment, non, elle n'était pas au meilleur de sa forme et il n'y avait aucun mal à cela. "T'as pas à contenir ou dissimuler quoi que ce soit." lui dit-elle dans le plus grand calme. "Certainement pas avec moi." Pas que Norah était dépourvue de jugement, mais elle s'accordait le temps de comprendre. Yasmine avait le droit entre ces quatre murs, de baisser la garde et d'être vulnérable. Elle n'avait à impressionner personne. La seule chose qu'elle heurait à ce moment était sa propre fierté. Ca aussi, elle avait le droit de la mettre de côté, même pendant quelques secondes. Norah avait été contrainte de baisser sa propre garde, l'année précédente. Elle n'avait rien à faire : son esprit était simplement trop éreinté, trop usé pour faire face à quoi que ce soit d'autre que de révéler la chose meurtrie qu'elle avait dissimulé derrière pendant tout ce temps. Elle payait de cette erreur commise sur le long cours désormais. Et pour preuve, elle avait perdu l'un de ses amis; elle n'avait plus aucune nouvelle de la part d'Alfie depuis son unique visite à l'hôpital. Elle croisait encore des regards traumatisés par la vue de leur collègue, leur amie, blessée, brisée, à devoir retourner au bloc pour espérer la sortir des griffes de la mort. Elle avait vu à quel point sa famille s'était montrée présente, aux petits soins. Elle avait vu l'inquiétude dans leur regard à chaque fois qu'elle grimaçait de douleurs, même après des mois. Elle savait, tout ça. C'était finalement ce qu'il y avait de plus dur : rassurer sa famille, se confronter à cela était tout aussi douloureux que la souffrance physique. "En effet. Je le sais. Tu le sais aussi." affirma-t-elle. "On le sait toutes les deux." Mais c'était un peu comme éviter l'éléphant dans la pièce malgré tout. "L'as-tu seulement prononcé une fois à voix haute ? Pas le médecin, pas les autres, mais toi ?" Ca faisait peur, de le dire haut et fort. Ca le rendait réel et concret. "Je ne parle pas du fait de le dire à soi-même, dans ses pensées." C'était le plus facile. Ressasser encore et encore. "C'est ce qu'il y a plus dur à faire, pas vrai ?" lui demandait-elle après un court instant de pause. A un moment donné, elle le devra, qu'elle le veuille ou non. Yasmine ne savait pas comment l'annoncer à son compagnon, si elle devait le lui annoncer. Norah ne le connaissait pas personnellement, elle ignorait donc son avis sur la question. "Essaie avec moi. Dis le avec les premiers mots qui te viennent à l'esprit." Elle savait qu'elle pouvait être sans filtre, avec Norah. "C'est quelque chose que je n'aurais jamais pu cacher à Frank." Un mensonge par omission ? Jamais de la vie. "Et ce, à n'importe quel stade de notre relation." Qu'ils en soient à leurs débuts ou après quelques années de mariage. Norah était trop franche pour garder ce genre de secrets.  A ses yeux, une relation saine commençait par l'honnêteté et la confiance en l'autre. Comment avoir confiance en quelqu'un qui gardait des secrets ? "Si tu ne veux pas lui en parler, dis-lui au moins que t'es à l'hôpital et que tu es pris en charge." Ce serait le minimum syndical. "Et si tu ne te sens pas d'aborder le sujet comme ça, dis-lui que tu as besoin de temps. Dis-lui que tu as besoin d'encaisser toi, d'abord." L'on avait tendance à penser à ses proches avant tout. Grosse erreur, dirait Norah. Avant de songer aux autres, il fallait déjà l'accepter soi. Gérer la famille était d'autant plus difficile et surtout fatiguant pour la prioriser. "Tu sais que l'attente risque d'être longue, entre chaque examen. Profite de ce temps là pour te concentrer sur toi. Comment tu te sens, comment tu vas faire avec ce qu'il vient de se passer..." énuméra-t-elle, la voix toujours très posée. Sachant Yasmine bien plus tactile qu'elle, l'infirmière se permit de prendre ses mains dans les siennes. Elle captait son regard, qui était toujours tout aussi clair que le sien. "Oui, ça va rien changer sur les résultats." Norah ne tentait pas à lui faire griller des étapes non plus. Seulement de faire en sorte que ce soit le plus sain possible pour elle et surtout qu'elle ne fasse pas les même erreurs qu'elle. "En revanche, ça va te changer sur la façon dont tu vas gérer les choses, là, maintenant." Elle arborait un sourire discret et encourageant. Elle était là pour elle.  Toujours. "Je sais que tu penses à lui, je sais que tu penses à ta famille. Ca fait un petit bout de temps qu'on est amies et il paraît que je commence à bien te connaître." plaisantait-elle rapidement. "Et là, maintenant, j'aimerais sincèrement que tu me dises ce que tu en penses toi. Comment tu te sens toi." Car, pour le moment, en attendant cette fameuse échographie, c'était tout ce qu'il y avait de plus important.
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Message(#)(norasmine) disappear EmptyDim 19 Sep 2021 - 6:45


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On serait tenté de croire que l’anxiété de Yasmine lui permettait d’être moins dure avec elle-même. Elle se connaissait, elle savait comment elle fonctionnait, alors il n’aurait pas été idiot qu’elle soit capable de se laisser de la marge pour accuser le coup de ses propres émotions, qu’elle prenne le temps de faire le point sur ce qui la touchait réellement pour mieux avancer et ne pas se laisser engloutir par la houle de ses sentiments sur le long terme. Seulement, c’était tout le contraire. S’il y avait bien quelqu’un d’intransigeant avec la jeune femme aux alentours, c’était elle et uniquement elle. Elle n’ignorait pas combien elle avait été couvé par sa famille, que ce soit par ses parents ou par le cocon de fiers bonhommes qui constituaient sa fratrie — légitime et illégitime —, et si un poids avait toujours pesé sur ses épaules en tant que fille chérie, tout avait toujours été mis en oeuvre pour qu’elle soit préservée du mal, du vice et de l’ignominie. Les attentes de ses parents la concernant, elles s’inscrivaient dans une normalité qu’une fille de sa communauté était apte à supporter et elle l’avait fait durant toute sa vie sans ignorer que dans le fond, elle avait de la chance d’être considérée comme rien de moins qu’un trésor ; tant pis si parfois, elle roulait des yeux face aux relents de misogynie qui planait sur les propos surannés de Fatima ; tant pis si parfois, elle regrettait sincèrement que la manière dont elle avait tenu à vivre sa vie soit perçue comme rien de plus qu’un affront à son éducation. Alors peut-être que c’était pour cette raison qu’elle ne se laissait que rarement le bénéfice du doute et qu’elle avait tendance à culpabiliser lorsqu’elle s’apercevait qu’elle avait dépassé une limite pourtant supportable pour les autres. Effectivement, elle était plus dure avait elle-même que ne l’était les autres, et ce n’était sûrement pas dans ce cas de figure-ci, tandis que les larmes tapissaient ses joues et qu’elle se sentait vide de tout, que les choses changeraient.
Assise au bord du lit qu’elle n’avait pas quitté depuis qu’elle avait été installé dans le box 3, Yasmine repensait à ces nombreuses fois où elle avait été confronté à la tristesse humaine et elle se mit à envier la dignité de ceux qui avaient perdu un père, une soeur, un ami, un enfant. Durant toutes ses années de service au St-Vincent, elle n’avait jamais réussi à compartimenter les cas sur lesquels elle travaillait, le faisant avec une humanité qui avait souvent fait sourire ses supérieurs qui, de prime abord, ne l’avaient pas jugée apte à la carrière prometteuse qui avait pourtant été la sienne ; certains s’étaient excusés depuis, d’autres l’avaient évitée pour ne pas se rappeler qu’ils avaient eu tort de la sous-estimer. Elle ne voulait pas verser dans la prétention en prétendant qu’elle se souvenait de tout ceux qui étaient passés entre ses mains, de tout ceux qu’elle avait pansé, réconforté, ou de tout ceux à qui elle avait juste tenus la main, mais il y avait des patients qui avaient été utiles à son évolution, pas seulement en tant qu’infirmière, mais en tant que femme. Et là, pendant qu’elle vivait l’une des épreuves les plus douloureuses de sa vie, elle ne parvenait pas à se rengorger de la force qu’elle avait vu naître dans les yeux de ces gens à l’instant où ils avaient appris une nouvelle atroce. Elle était tout juste capable de rester replier en elle-même, le regard plongé dans celui de Norah dont la voix lui parvenait en écho.
Elle aussi, elle était forte, Norah. Elle avait cette aura qui impressionnait nombre de jeunes recrues lorsqu’ils la rencontraient pour la première fois. Et ce n’était pas intrinsèque à ce métier qu’elle exerçait avec instinct, ça dépassait les murs de cet hôpital qu’elles avaient tant de fois traversé toutes les deux. Elle avait connu des épreuves atroces, elle avait à chaque fois réussi à les faire pâlir face à sa volonté de s’en sortir. Elle était un exemple de robustesse, un idéal de résilience qu’à cet instant précis, Yasmine envia aussi.

Quelque part, elle préférait que ce soit elle qui avait poussé la porte du box plutôt que Molly. Elle adorait sa colocataire, elle ne la décevait jamais, et depuis quelques mois maintenant, elle représentait l’image parfaite de la meilleure amie que tous rêveraient d’avoir tant elle était loyale et présente dans tous les instants de sa vie. Mais elle était aussi incapable de gérer ses émotions que Yasmine pouvait l’être parfois. Si elle avait été là maintenant, elle l’aurait ensevelie de questions, elle l’aurait peut-être enjointe à prévenir Edge avant toute chose — peut-être même qu’elle l’aurait prévenue elle-même — et la pression qu’elle aurait involontairement exercé sur elle, elle ne l’aurait pas aidé à reprendre sur elle. Norah en revanche, elle était d’une placidité d’aucun jugerait mécanique, mais qui l’aida beaucoup à se réintroduire dans la réalité. Une réalité difficile, qu’elle eut besoin de contempler en prenant une profonde inspiration avant toute chose tandis que son corps n’était que douleur et que son esprit n’était que chaos.
"J’y arrive pas. Je sais pas quels termes employer pour que ça paraisse moins protocolaire." C’était le comble, qu’elle soit aussi peu apte à poser des mots sur ce qui lui arrivait, elle l’infirmière qui avait étudié plus que son métier et qui avait tenté de voir au-delà de ses connaissances pour atteindre un idéal devant lequel elle avait échoué. Elle avait toutes ses notions en elle, elle connaissait des procédures qu’il n’aurait pas été injuste de voir comme de la barbarie, mais elle ne savait pas s’exprimer sur l’état qui était le sien à cet instant-ci. Elle déglutit difficilement, les tendons de son cou saillissant sous sa manoeuvre et la panique passa dans son regard lorsqu’il rencontra de nouveau celui de Norah "Comment tu lui aurais dit à Frank ?" lui demanda-t-elle quand elle fit le parallèle et que Yasmine tomba sur l’évidence qu’elle non plus, ce n’était pas quelque chose qu’elle saurait cacher à Edge. Il était aussi concerné qu’elle ne l’était. Il y avait une part d’elle qui redoutait sa réaction néanmoins, et qui la faisait freiner des quatre fers à propos de l’action de le prévenir dans l’immédiat de la situation dans laquelle elle se trouvait à ce moment-là. Elle pouvait lui mentir jusqu’aux conclusions officielles de l’échographie à laquelle elle serait soumise bientôt, mais pas au-delà ; parce qu’elle ne lui ferait jamais pareille injure, parce qu’elle ne serait pas de taille à préserver un si gros secret de toute façon. Les yeux s’affolant en tachant de s’accrocher farouchement à ceux de Norah, elle répéta à sa suite "Je peux au moins lui dire que je suis à l’hôpital et que je suis prise en charge, que je me sens pas capable d’aborder le sujet et que j’ai besoin d’encaisser d’abord." Elle laissa échapper une expiration lente et hachurée quand elle eut terminé de parler et qui fit à peine descendre la pression qu’elle ressentait dans sa poitrine quand elle prit sens de l’introspection à laquelle elle était contrainte de la part des circonstances, de la part de Norah aussi.
C’était trop tôt pour elle, de mettre en perspective son ressenti pour mieux l’appréhender, mais elle savait que c’était nécessaire pour qu’elle ne s’effondre pas pour de bon. Elle sentait le masque de ses larmes sécher sur son visage et sa langue parcheminée rendit l’exercice compliquée sur le moment "Est-ce que je peux avoir un verre d’eau maintenant ?" demanda-t-elle à Norah à qui elle lâcha la main le temps qu’elle réponde à sa requête. Durant le court instant où elle lui tourna le dos, Yasmine en profita pour se redresser un peu et mettre de l’ordre dans son propre train de pensées. Elle passa ses deux mains sur son visage qu’elle sentit gonflé par ses larmes et prit une grande inspiration en commençant à rassembler son courage pour s’exprimer davantage sur ce qu’elle ressentait, rassurée par la manière dont Norah prenait les choses en mains pour lui permettre de décompresser — et de ne pas décompenser "Je… je me suis rendue compte de rien tu sais, et c’est pour ça que je me sens si idiote. Je suis morte de honte parce que si j’avais été moins négligente, les choses auraient sans doute été différentes et que j’aurais pas été obligé d’accepter quelque chose que je trouve injuste pour mon entourage." Son entourage, elle ne réussissait pas à l’exclure du traumatisme qu’était contraint de supporter son corps maintenant. Elle secoua la tête, se mordant la lèvre en faisant dériver la trajectoire de son regard sur la tablette à roulettes disposée dans le coin de la pièce "Mais avec les soucis de mon père et le reste, j’ai pas pensé que je pouvais couver autre chose que ce que j’ai l’habitude de couver." Elle sentit ses larmes remonter et elle renifla pour les stopper net, ne leur laissant pas le loisir de la couper "J’ai pas été malade. J’ai rien ressenti de différent et j’ai pas été alerté par mon retard parce que ça m’arrive et que j’avais autre chose en tête à ce moment-là." admit-elle en fronçant les sourcils alors qu’elle reprenait en tournant son regard vers Norah "Il veut pas d’enfants." Elle ne savait pas exactement pourquoi elle se sentait obligée de le lui dire, mais ça pesait sur son coeur comme le supplice de ne pouvoir rien faire pour réparer ce qui était en train de se passer à l’intérieur d’elle. Yasmine cligna des yeux — sans doute pour échapper, le temps d’une nanoseconde au moins, au regard de Norah. Et puis elle reprit, tout bas "Edge. On en a pas discuté sérieusement, ça a été abordé au détour d’une dispute sur laquelle on est pas revenus depuis… mais il veut pas d’enfants, et je sais pas si je supporterais d’être confronté à son indifférence quand je lui apprendrais que ça aurait pu devenir une réalité si ma grossesse avait tenue." Ou pas. Encore une fois, elle avait conscience que des décisions auraient été prises en conséquence, mais elle devait admettre que les graines de la pertinence qu’avait saupoudré la destinée sur toute cette histoire, elles avaient un goût drôlement amer pour la jeune femme qui sentit les larmes rouler de nouveau sur ses joues.
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Message(#)(norasmine) disappear EmptyMer 6 Oct 2021 - 11:14

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"Pourquoi il faudrait que ce soit moins protocolaire ?" lui demandait-elle, avec son calme légendaire. Elle ne remettait rien en cause, elle tenait simplement à lui faire comprendre qu'importe les mots employés, tant que les faits étaient verbalisés, c'était ce qui comptait le plus. "C'est pas le genre de choses qu'on puisse adoucir en rajoutant des fioritures ou en venant par quatre chemins." Elle haussait les épaules. "Je suis pas sûre que la forme compte vraiment dans ces cas-là. C'est tes mots à toi, c'est le rendre réel pour toi." Alors oui, déformation professionnelle obligeait, elle allait employer les termes diagnostiques, le si beau jargon médical, qui rendait les vérités les plus horribles qui soient plus faciles à énoncer à haute voix. Comme étant en quête d'inspiration, Yasmine demanda ce que Norah aurait fait à sa place, face à son feu mari. La belle brune soupira. "Difficile à dire." admit-elle. "Ca aurait dépendu de beaucoup de choses, mais je suppose que j'aurais pas fait traîner bien longtemps." Norah n'était pas bavarde et encore moins secrète avec Frank. "Même s'il n'était pas particulièrement serein à l'idée d'avoir des enfants je sais qu'il aurait voulu savoir. Il m'aurait accompagné." Ca, elle n'en doutait absolument pas. Ayant eu une relation complexe avec ses parents et son frère cadet, Frank s'était montré anxieux à l'idée d'avoir des enfants. Pourtant, il avait bien quitté sa famille pour forger la sienne, avec une vision idéaliste vis-à-vis de ce qu'il avait vécu durant son enfance. "Tu me connais, je suis plutôt factuelle. Je pense pas que j'aurais été différente dans ce cas de figure." A quoi bon faire languir une personne afin d'annoncer une mauvaise nouvelle ? Aucun intérêt à ses yeux. Cela ne ferait que majorer les angoisses, l'anxiété, créant un sentiment de panique mettant l'organisme à rude épreuve. "J'ai fait une fausse couche. C'est ce que j'aurais dit avant de plonger dans les détails qui l'aurait intéressé. Il aurait sûrement voulu savoir depuis combien de temps j'étais enceinte, si je le savais, etc." Norah lui offrit un sourire. Sincère, compatissant. "Je suis pas forcément une référence, tu sais. C'était la façon dont on fonctionnait, lui et moi." lui rappelait-elle. La dynamique entre chaque couple était plus différente les unes que les autres. "L'expression crever l'abcès vient bien de quelque part. Si on le fait pas pour les plaies de nos patients, ça finit par gangréner. Je pars du même postulat pour une relation. Si t'évites l'éléphant dans la pièce trop longtemps, vous finirez par en souffrir quoi qu'il en soit." Et ce n'était pas ce qu'elle voulait pour eux, n'est-ce pas ? Après cette première partie de conversation, Yasmine semblait avoir un peu plus les idées en place, surtout par rapport à ce qu'elle devait faire avec son compagnon à cet instant là. "C'est déjà un très bon début." approuva-t-elle, d'un air encourageant. Il allait s'inquiéter et probablement paniquer un peu. Une réaction normale en lisant ce genre de messages, mais au moins il était informé qu'il y avait quelque chose qu'il clochait. C'était mieux, selon Norah, que de le laisser dans le flou le plus complet.

Norah ne savait pas trop dire où son amie plaçait sa culpabilité. Là, elle semblait surtout s'en vouloir de ne pas s'y être attendue. "Tu sais autant que moi que les signes avant-coureurs se manifestent pas toujours." Et pas besoin d'avoir vécu des grossesses pour ça. Il suffisait d'en discuter à son entourage, ou de voir les patientes défiler à la maternité ou en service de gynécologie pour voir les scénarios les plus farfelus. Bien qu'ils se raréfiaient, les dénis de grossesse existaient toujours et certaines femmes ne le découvraient que le jour de leur accouchement. "Et les fausses couches, on les voit encore moins venir." Parfois l'embryon était viable, parfois pas. Yasmine enchaînait les événements difficiles et semblait être émotionnellement à bout. "C'est peut-être justement parce que tu avais baissé ta garde et à cause de tout ce qu'il se passe en ce moment que ça a fini par arriver." Ca allait dans un sens comme dans l'autre, après tout. "Et il n'y a rien de mal, à avoir baissé la garde, à ne pas avoir été attentive à certains symptômes. Je la connais bien, la tendance à s'oublier. Je comprends que tu te sentes honteuse. Mais tu n'y peux rien. Tu n'as rien à te reprocher." Sauf que Norah avait franchi le niveau supérieur qu'était le point de rupture, le tout conclu par un accident de voiture. Elle aurait du jouer au loto. De plus, Price ne semblait pas vouloir d'enfants. "Il t'a dit pourquoi ?" lui demanda-t-elle. "En fait non, je n'aurai pas du te poser cette question là en premier." dit-elle en balayant sa première interrogatif d'un geste vif de la main. "Toi, est-ce que tu veux des enfants ?" Elle gardait son regard bleu planté droit dans le sien. "Et je ne veux que ton avis à toi. Je me fiche de ce que pensent et veulent tes parents, ton compagnon, tes potes, le reste de ta famille, que sais-je." Parce que forcément, Yasmine allait les mentionner, de près ou de loin. A force de la côtoyer, Norah savait ce genre de trucs. Une fois qu'elle eut la réponse attendue, Norah revint sur le compagnon de Yasmine. "Qui te dit qu'il serait indifférent ?" A quel point pouvait-elle anticiper sa réaction après un tel traumatisme ? "Il y aura aussi peut-être un choc, car lui non plus ne s'y attend pas. Peut-être que ça va l'affecter plus que tu ne l'imagines. On en sait rien. Tu ne seras fixée que lorsque tu l'auras en face de toi." Norah étendit ses jambes et les croisa. "Au tout début, Frank n'en voulait pas non plus. Il voulait avoir sa famille, mais il était paradoxalement tétanisé à l'idée de devenir père. Il avait peur de devenir comme le sien. Et à côté il devait se frotter à moi et ma folle envie d'avoir des enfants au plus vite." Elle souriait. "Je l'ai cuisiné un certain moment, j'avoue." Il était confiant sur beaucoup de choses, Frank, mais pas pour ça. "Et il y a eu deux dates qui ont drastiquement changé sa vision des choses. La première, c'était quand je lui ai annoncé ma grossesse et la deuxième, le jour de sa naissance. Plus particulièrement lorsqu'il a pu prendre Julie pour la première fois dans ses bras." Norah lui souriait, une nouvelle fois. Même si les douleurs avaient pénibles malgré la péridurale, elle chérissait encore très précieusement la naissance de ses deux enfants. "Pas que ce soit la même recette pour tous les mecs, hein. Ils ont ne pas vivre les changements physiques, ni la façon de vivre une grossesse ou la perte d'un enfant. Mais qu'ils le veuillent ou non, il y a un bout d'eux. Un petit bout qui a le temps de grandir et de naître, ou un petit bout qui ne verra malheureusement jamais la lumière du jour." Elle caressait tendrement le dos de sa main. "J'ai du mal à croire qu'il en sera totalement indifférent. Même si je n'ai jamais eu l'occasion de faire sa connaissance." conclut-elle. Les hommes râlaient parce que les femmes étaient compliquées, mais ils étaient pas non plus pas tout simples parfois (mais plus facile à maîtriser, ça, c'était sûr).
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Message(#)(norasmine) disappear EmptyDim 17 Oct 2021 - 7:04


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Elle haussa les épaules en secouant la tête, s’accrochant fermement au verre d’eau qu’elle tenait entre ses mains. Elle y plongea son regard à la recherche de réponses qui ne vinrent pas. Elles vinrent de Norah en revanche, qu’elle admirait de rester si calme face aux émotions qu’elle lui crachait littéralement à la figure, incapable de les garder pour elle à ce moment-là. Ça devrait être moins protocolaire, parce qu’elle était comme ça, parce que malgré son savoir et son expérience, elle ne supporterait pas d’ensevelir ses proches sous du jargon médical. Norah avait raison néanmoins, il n’y avait pas trente-six façons d’annoncer une fausse-couche, et c’était ce qui rendait les choses plus compliquées finalement. Yasmine ne pourrait pas atténuer la laideur de l’épreuve dans laquelle elle avait atterrit sans rien demander, et comme elle savait qu’elle ne serait pas la seule à en pâtir, elle se sentait de plus en plus coupable, se rendant seule responsable de son manque de vigilance. C’est vrai, pendant une seconde, elle caressa l’éventualité de le cacher à tout le monde, de laisser Norah et les médecins seuls subordonnés à son malheur. Mais les secrets, elle en avait sa claque ; alors elle demanda des conseils à son amie, elle s’en remit à sa sagesse et à son expérience, même si la soumettre à l’éventualité d’une situation pareille alors qu’elle avait perdue son mari il y avait des années maintenant, ça flirtait avec une cruauté qu’elle était prête à assumer cette fois, perdue et brusquement dénuée de toute logique.
Arrête de pleurer, Yasmine, se somma-t-elle à l’intérieur d’elle-même, fermant fort les yeux et se mordant les lèvres, non sans écouter Norah d’une oreille attentive. Sentant la force dans ses mains la quitter peu à peu, ses mains faiblirent pour de bon. Pour ne pas le renverser, elle posa son verre d’eau sur la tablette près d’elle, se refusant soudain d’étancher son chagrin malgré la sécheresse de sa langue et le besoin qu’elle ressentait d’être engloutie par autre chose que ses émotions. Elle rouvrit les yeux, et elle se redressa au bord du lit sur lequel elle était toujours assise. Elle passa ses deux mains dans ses longs cheveux qu’elle coinça derrière ses oreilles avec une détermination timide, mais présente, et puis laissant ses doigts glisser de part en part de son visage, elle le cacha momentanément derrière ses paumes ; pour mieux prendre une profonde inspiration qui l’aida à faire le point. Et pendant quelques secondes encore, elle garda ses doigts enfoncés dans l’entremêlement de ses mèches brunes.
Norah était d’une grande aide, elle remettait les choses dans son contexte, réveillait la part de cohérence qu’elle avait en elle et qui lui permettait de venir à bout des moments les plus compliqués. Elle ne cacherait rien à qui que ce soit, elle n’en avait pas le droit. Elle prendrait le problème à bras le corps, quand bien même elle ne s’en sentait pas capable, il fallait qu’elle s’en donne les moyens en se poussant un peu dans ses retranchements. Ça allait être dur, et déjà elle sentait ses yeux se remplirent à nouveau de larmes. Mais elle prit les choses en mains, ouvrant doucement la bouche "J’ai fait une fausse couche." qu’elle finit par dire, opinant du chef en s’apercevant que le dire à voix haute n’arrangeait pas grand-chose. Au moins, elle avait dépassé ce stade… et s’il lui semblait impossible de se réjouir de quoi que ce soit à cet instant précis, elle parvint toutefois à se dire que ça ne pourrait pas être pire.

Pourtant, elle sentit ses jambes trembler sous les bords de la blouse qu’elle portait quand elle se risqua à parler d’Edgerton avec Norah. Elle commençait à avoir froid, et dans un geste ultime de réconfort, elle passa ses bras autour d’elle le temps de frictionner un peu sa peau parsemée de chair de poule. Elle avait une vue précise de l’opinion de son partenaire au sujet de la parentalité, même s’ils s’étaient abstenus d’en parler de nouveau suite à la dispute qu’ils avaient eu à ce sujet. Ça lui faisait du mal, de ne pas partager la même vision que lui à propos de tout ça, mais elle avait songé aux raisons qu’il avait tut pour expliquer sa décision de s’abstenir de devenir papa. Elle ne pouvait qu’y aller avec des suppositions, et c’est ce qu’elle fit quand elle répondit à son amie "Pas vraiment. Mais il a grandi avec sa mère et il n’a jamais rencontré son père. Ça doit peser lourd dans la balance de ses persuasions, même s'il ne l'exprime pas de cette façon." Elle n’avait pas la science infuse, mais elle était assez psychologue pour avoir compris que ce n’était pas étranger à sa vision des choses. Ça, son alcoolisme et les erreurs qu’il avait commises dans un passé pas si lointain finalement… comme si ça la rendait tout de suite incapable d’élever des enfants quand, depuis près de deux ans, il s’évertuait à repousser les démons qui avaient dominés sa vie pendant de nombreuses années. Il croyait moins en lui qu’elle ne croyait en lui, et ça lui faisait de la peine qu’il ne se rende pas compte que ce qu’il avait fait pour changer, ça prouvait à quel point il était le plus à même d’inculquer des valeurs et de les faire respecter — en se basant sur son expérience, et en tenant à ne pas reproduire des schémas ancrés dans son patrimoine. Peut-être qu’elle manquait d’objectivité, mais en vérité… non, elle était plutôt clairvoyante sur les capacités d’Edge. Et elles étaient illimitées. Il avait beau têtu — odieusement têtu —, c’était ça qui lui permettait d’être qui il était, et ce n’était pas étranger à sa volonté de s’en sortir pour devenir la meilleure version de lui-même. S’il pouvait avoir conscience de la force qu'il avait, malgré l’absence d’un père pour lui apprendre les rudiments de la virilité, il comprendrait que ses craintes, elles n’étaient pas fondées, et que ça ne le rendait pas moins digne qu’un autre de fonder sa propre famille. Mais effectivement, il était têtu. Et elle était  beaucoup trop délicate pour le travailler au corps sur ce genre de choses — sa politique, c’était de laisser le temps — et sa thérapie — faire son oeuvre bien qu’elle, elle avait toujours eu une idée précise de la maman qu’elle deviendrait. Parce que oui, elle voulait des enfants, elle en avait toujours voulu, et que la question que Norah corrigea pour la lui poser, elle n’avait pas besoin d’y réfléchir. Mais dans ces circonstances, elle ne lui répondit pas tout de suite. C’était difficile, douloureux, de s’imaginer avec des enfants quand, dans son ventre, ce qui aurait dû le devenir était en train de s’éteindre. Si ce n’était pas déjà fait — ça l’était.
Elle bloqua sa respiration dans sa poitrine, et sa main droite, toujours aussi fébrile, vint se poser sur son abdomen quand elle répondit enfin ; tout bas, comme si elle craignait qu’on entende ce qu’elle allait dire "Je… je veux des enfants, depuis aussi loin que je me souvienne. C’est venu tôt dans les discussions avec mes parents, et je sais que tu veux pas que je me base sur leurs attentes, mais c’est eux qui m’en ont donné envie. J’ai adoré mon enfance. Et…" Elle marqua un temps, parce qu’elle savait ce qu’elle allait dire, et que c’était si rare de la part de Yasmine qu’elle fasse preuve d’autant de confiance en elle, qu’elle eut besoin de préparer son interlocutrice, suspendue à ses lèvres. Quand enfin elle continua, la tête se secouant de haut en bas pour marquer sa certitude "Et je suis sûre que je peux être une bonne maman." Même si on ne pouvait jamais être sûr de rien en vérité, que la maternité était faite de surprises, pas toujours bonnes de l’avis de certains. Mais elle avait eu exemple et contre-exemple, et elle savait qu’elle genre de maman elle voulait devenir — une extension de la personne qu’elle était et, qui si elle se laissait peu le bénéfice du doute, restait tout de même quelqu’un sur qui on pouvait compter.
Ça lui refit monter les larmes aux yeux, d’autant que Norah revenait sur Edge, et que Yasmine lui répondit, passant un doigt sous ses yeux pour chasser la perle salée qui menaçait de couler "Il sera pas indifférent, c’est peut-être ce que je redoute. J'ai... j'ai pas envie de lui faire vivre une autre épreuve difficile, il en a vécu assez ces deux dernières années." Elle serra la main de Norah dans la sienne qu’elle avait reprise durant leur échange, fronçant un peu les sourcils en poursuivant "C’est quelqu’un de plus sensible qu’il n’y paraît. Il a juste sa manière de gérer ses émotions, et j’ai du mal à dire que c’est la moins bonne façon de le faire. On fait chacun comme on peut, et il est plus fort que moi pour ça. Il travaille sur lui, c’est quelqu’un de bien." Elle voulut adresser un sourire à Norah suite à cette conclusion, mais son visage était anesthésié par ses larmes et elle ne réussit qu’à froncer plus fort les sourcils "On est pas préparés à ce genre de choses. Je me sens pas capable de le vivre seule. Mais en même temps, j’ai pas envie de faire peser ce poids sur les épaules de qui que ce soit, parce que c’est tellement, tellement dur." A gérer, à comprendre. Elle se perdit dans ses pensées, et laissa son regard dériver dans un coin de la pièce avant de le recentrer sur Norah. Elle la regarda un instant, et puis elle se pencha sur elle pour la prendre dans ses bras, et lui murmurer, le menton posé sur son épaule "Merci d’être là."

rp terminé.
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