Si tu es revenue à Brisbane depuis quelques jours déjà, tu as encore la tête en vacances. Si ce n’est pourtant pas les plages qui manquent dans le coin et que l’hiver australien n’a rien de particulièrement froid, tu ne peux t’empêcher de t’ennuyer du soleil tapant du Mexique et des plages au sable blanc. Tu avais même pensé à proposer à Jordan d’allonger le voyage, puisque la perspective de revenir à Brisbane sans savoir de quoi allait être composé les semaines et les mois à venir n’avait rien de particulièrement séduisante. Tu savais que tu avais besoin d’une pause, de t’éloigner un peu de ce monde qui rythmait pourtant l’entièreté de ta vie depuis ton plus jeune âge, la télévision et le cinéma étant ta raison d’être depuis si longtemps, mais voilà que tu paniquais à l’idée de ne pas savoir quoi faire pour remplir tes journées. Tu avais peur de te retrouver dans un état similaire à celui d’un an plus tôt, quand tes journées se passaient dans une solitude que tu t’imposais après l’agression. Tu n’étais plus cette Penny toutefois, celle faible et fragile qui peinait à recommencer à vivre. Tu avais fait du chemin depuis et tu savais que cette peur de revenir en arrière était infondée, bien que tu ne semblais pas en mesure de t’en débarrasser. Il te fallait trouver de nouveaux projets, de nouveaux rêves peut-être. Tu avais le temps, du moins, c’est ce que tu te répétais sans cesse alors que tu peinais à te faire à ton agenda bien trop libre.

Ton premier réflexe depuis longtemps chaque fois que tu as du temps libre est de chercher Chloe. La réalisation est douloureuse à chaque fois quand tu es forcée de te souvenir qu’elle est loin désormais, la Cohen. Tu lui envoies un message quand même, bien que le décalage horaire te rappelle une fois de plus qu’elle doit être en train de dormir et que ça ne sera plus jamais comme avant, sans elle. Rory est le deuxième à qui tu penses envoyer un message, mais il est lui aussi quelque part sur le continent européen et si tu sais que lui va revenir d’ici quelques semaines, le vide se fait ressentir plus que tu n’aimes à l’admettre. Tu te souviens que tu avais promis à Shiloh que tu passerais la voir après ton retour du Mexique et si normalement tu te serais assurée qu’elle est bien chez elle avant de te rendre à destination, tu décides plutôt de la surprendre. Au pire, tu te retrouveras nez à nez avec une porte fermée et il te faudra trouver autre chose à faire, mais tu te dis au moins comme ça, t’es déjà sortie. Tu profites de passer devant un café pour acheter quelques pâtisseries ainsi qu’un café avant de te rendre chez Shiloh. Si tu t’attends soit à voir le visage de la blonde ou bien faire face à un silence faisant écho de son absence, tu ne t’attendais pas à ce qu’un visage inconnu t’ouvre la porte. « Hey. Est-ce que Shiloh est là? » que tu demandes avec un sourire alors que ton regard détaille avec attention la blonde qui te fait face. Peut-être bien que tu aurais dû envoyer un message à ton amie avant de venir, tout compte fait.

throwing caution to the wind
Megan Monroe & @Penny Stringer

Si je m’attarde plus souvent à l’appartement, si j’y passe des soirées entières à ne pas faire grand chose d’autre que traîner sans but particulier quand, il y a quelques semaines encore, j’étais plus le genre de femme qui sort dès qu’elle en a l’occasion, c’est de savoir que je vais bientôt le quitter. Au-delà de l’attachement que je peux avoir pour le petit trois pièces que j’occupe depuis plusieurs années, c’est quitter la compagnie de ma colocataire qui me fait un pincement au cœur. Indépendante, je ne pensais pas m’attacher autant à la présence de Shiloh. Pourtant, force est de constater qu’il a suffit de quelques mois pour que je m’habitue à sa présence. J’aime la trouver affairée à préparer le brunch du dimanche quand je me lève après une soirée trop arrosée. J’aime trouver mes vêtements rangés, repassés et reprisés quand ils en ont besoin sans n’avoir rien demandé. J’aime même regarder ces films idiots qu’elle aime tant, ceux qui se terminent toujours beaucoup trop bien pour être réalistes.

Et en plus de tout ça, j’appréhende. J’appréhende l’idée de vivre avec un jeune homme que ma simple présence semble irriter, j’appréhende de devoir faire semblant plus seulement à l’occasion d’une soirée  de temps en temps mais chaque jour que dieu fait. Pour la première fois depuis que j’ai mis un doigt dans cet engrenage qu’est mon futur mariage arrangé, je me surprends à avoir peur de ne pas avoir ce qu’il faut pour encaisser ce que ce genre de vie requiert, et l’intervention récente du patriarche n’aide pas. Il a été clair : une fois les vœux prononcés, je perdrai à ses yeux mon droit à toute vie privée en dehors des liens sacrés du mariage et j’ai peur de ce que cela implique.

Pour toutes ces raisons et parce que j’ai toujours eu un côté geek inavoué, ce soir, je traîne. J’ai allumé ma console pour me vider la tête, et ouvert un paquet de chips pour me remplir l’estomac. Je picore dedans, les yeux sur l’écran de télévision, quand la sonnerie me tire d’une partie de Mario Kart endiablée. Je n’ai pas l’habitude de recevoir de visite et je me souviens encore trop bien du jour où Williams est venu frapper à ma porte - comment l’oublier ? - si bien qu’il me faut quelques secondes avant de me décider à quitter le canapé pour ouvrir à ce visiteur inattendu. « Hey. Est-ce que Shiloh est là ? » Je suis surprise l’espace d’un instant alors que mes yeux se posent sur la blonde qui me fait face. Est-ce le destin qui a placé l’actrice sur le palier de mon appartement ? Est-ce une façon pour lui de me redonner le sourire ? Je l’ignore, mais je dois dire que je m’en fiche pas mal : je sais saisir une occasion lorsqu’elle se présente. Surtout quand l’occasion peut me rapporter un sacré paquet de fric. « Non, et je crois pas qu’elle ait prévu de rentrer tout de suite. Elle bosse tard, ce soir. » C’est la stricte vérité : quelque chose en rapport avec une deadline dans la maison où elle bosse. « Je suis Megan, sa colocataire. Enfin c’est plutôt elle qui vit chez moi depuis qu’elle est rentrée de Sydney. » Mes réflexes s’activent : me voilà accueillante, un grand sourire sur les lèvres et prête à tirer profit de cette surprenante rencontre. « Tu veux l’attendre à l’intérieur ? » J’espère que oui, et pour la convaincre, j’use de toute la - fausse - douceur que je possède. « Tu la connais d’où ? » Que je demande, en m’effaçant déjà pour l’inviter à entrer.

Pendant longtemps, la spontanéité n’était pas vraiment ton truc. Pendant tes premières années à travailler d’arrache-pied pour te faire un nom dans l’industrie de la télévision et du cinéma, ton horaire était réglé au quart de tour et tous tes moments supposément libres se retrouvaient remplis d’une manière ou d’une autre dans un cadre qui se voulait prévisible et presque routinier. Voilà pourtant que le travail ne régissait plus ton horaire et que ton temps libre s’accumulait sans que tu ne saches réellement quoi en faire. Alors tu avais appris à prendre des décisions plus impulsives, du genre te rendre chez les gens sans t’annoncer. Ce n’était rien de complètement fou, pas aussi fou que quand tu avais décidé de partir à Monaco avec Chloe sur un coup de tête il y a quelques semaines de ça à peine, mais ça voulait aussi dire que tu prenais le risque de ne pas trouver ton amie derrière la porte de son appartement. La blonde qui te fait face n’est pas Shiloh et tu te sens un peu bête avec ton café dans les mains et tes pâtisseries. « Non, et je crois pas qu’elle ait prévu de rentrer tout de suite. Elle bosse tard, ce soir. » « Ah zut, j’ai voulu la surprendre, j’aurais mieux fait de lui demander si elle était libre. » Tu tends tout de même le sac rempli de pâtisseries à la blonde qui te fait face. « Tu peux lui donner ça de ma part et lui dire que je suis passée la voir? » Tu n’avais pas vraiment l’intention de t’attarder, tu ne voulais pas non plus déranger celle que tu devinais être sa colocataire.

« Je suis Megan, sa colocataire. Enfin, c’est plutôt elle qui vit chez moi depuis qu’elle est rentrée de Sydney. » Tu hoches doucement la tête alors que tu lui tends ta main libre. « Moi c’est Penny. » S’il y a bon nombre de chances qu’elle sache qui tu es, comme grande majorité du public australien, tu n’aimes pas assumé que les gens savent automatiquement qui tu es. Tu trouves aussi bien plus polie de te présenter, surtout que Megan se fait particulièrement accueillante et bienveillante à ton égard. « Tu veux l’attendre à l’intérieur? » « Oh je ne voudrais pas te déranger. » Mais voilà qu’elle se tasse déjà légèrement du cadre de la porte pour te laisser entrer. « Tu l’as connais d’où? » La porte se referme derrière toi et ton regard papillonne partout dans l’appartement que tu découvres. Tu venais à peine de retrouver la jeune Atkins, tu n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir ou elle vit. « Elle a fait un stage sur un tournage sur lequel je travaillais il y a deux ans. » Tu évites de mentionner le film, tu évites surtout de mentionner que le dit tournage n’a jamais mené à une production quelconque, si ça se trouve, elle est pas vraiment intéressée par le monde du cinéma et tout ce qui l’entoure. Si t’es vraiment chanceuse, elle ne sait même pas que t’es une actrice et elle va croire que t’avais un boulot divers sur le tournage, comme Shiloh. « Tu l’as rencontrée comment toi? » que tu demandes à ton tour, faisant preuve de ta curiosité légendaire.

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Megan Monroe & @Penny Stringer

Habituée aux faux semblants, je fais rapidement disparaître mon air surpris qui laisse place à un ravissant sourire et à un air accueillant. Je ne suis peut-être pas préparée, mais je sais saisir une opportunité lorsqu’elle se présente à moi et si j’ignore ce qui a poussé la starlette à sonner à ma porte, je n’ai pas l’intention de passer à côté de la chance qui m’est offerte. En quelques mots seulement, j’apprends qu’elle connaît Shiloh et je suis plutôt surprise que la blonde n’ait pas dit à qui voulait l’entendre qu’elle était amie avec Penny Stringer et soit passée à côté de l’opportunité de s’afficher avec elle sur les réseaux sociaux. Elle est attirée par ce qui brille, ma vieille amie. Son ex petit ami en est la preuve parfaite. « Ah zut, j’ai voulu la surprendre, j’aurais mieux fait de lui demander si elle était libre. » - « Elle aurait été capable de te dire que oui et d’oublier, de toute façon. Elle est plutôt tête en l’air. » Je n’ai pas besoin de feindre l’air attendri qui illumine mes traits : j’aime profondément et sincèrement ma colocataire, c’est bien l’une des rares personnes à pouvoir s’en vanter. « Tu peux lui donner ça de ma part et lui dire que je suis passée la voir ? » Mes doigts s’accrochent autour du sac qu’elle me tend, et un coup d'œil rapide à l’intérieur me confirme ce que l’odeur de sucre m’a aidée à deviner. « Elle sera ravie. » Et, plutôt que d’ajouter un ”c’est de la part de qui ?”, je me présente en espérant que cela l’invitera à en faire de même.

« Moi c’est Penny. » Oh mais je sais qui tu es chérie. L’actrice a été la poule aux œufs d’or de bon nombre de mes confrères l’année passée, et si sa prétendue romance avec Craine n’intéresse plus grand monde je ne doute pas de l’attrait du public pour les aventures de la jolie blonde. « Echantée. » Un sourire charmeur dévoile mes dents et, avant qu’elle n’ait l’occasion de me filer entre les doigts, je m’efface pour la laisser passer. Pas si vite princesse. « Oh je ne voudrais pas te déranger. » - « Dis toi que c’est pour la bonne cause. Ton cadeau risque de pas survivre jusqu’à ce qu’elle rentre si tu me laisse seule avec ça. » Elle entre. Victoire. Je referme la porte avant qu’elle ne change d’avis avant de l’inviter à s’asseoir. « Fais comme chez toi. Le café, c’était pour toi ou pour elle ? Tu veux quelque chose à boire ? » Voilà que je me transforme en la parfaite maîtresse de maison. Bien décidée à connaître le lien qui unit l’actrice à ma meilleure amie, je lui laisse à peine le temps de souffler. « Elle a fait un stage sur un tournage sur lequel je travaillais il y a deux ans. » Deux ans. Le calcul est vite fait dans ma tête et je fronce les sourcils, l’espace d’un instant : Shiloh ne s’est pas vantée d’avoir travaillé sur le tournage de ce projet avorté. « Deux ans ? A Sydney du coup ? » Je me demande si elle l’a connue avec Lawrence, ou par son biais. Je me demande si, elle aussi, elle fait partie de tous ceux qui auraient pu voir, qui auraient pu protéger la jeune femme et qui n’ont rien fait. « Tu l’as rencontrée comment toi ? » - « Quand elle faisait à peu-près cette taille-là. » Je place ma main, paume vers le plancher, à un mètre vingt du sol environ. « Ou plutôt quand je faisais cette taille là. On se connait pratiquement depuis toujours. » Et on aurait pu vivre ensemble bien plus tôt, bien plus longtemps si la blonde n’était pas sortie avec un parfait connard pendant un peu plus d’un an. « Mais on s’était perdues de vue quand elle était à Sydney... » Sans trop en dire, je cherche à savoir si la blonde sait quoi que ce soit concernant la relation abusive de Shiloh. « Mais elle est revenue maintenant. Et toi aussi, tu habites à Brisbane ? » Finalement, je prends mon plus bel air pensif et surpris. « On se connaît non ? J’ai l’impression de t’avoir déjà vue quelque part. » Le plan est en marche.

Les retrouvailles avec Shiloh étaient encore récentes et si tu n’entretenais pas une relation longue durée avec la jeune couturière, l’appréciation que tu avais pour elle était sincère et depuis que tu étais tombée sur les photos d’elle dans une position délicate, tu voulais t’assurer qu’elle allait bien. De tomber sur sa colocataire n’était pas le plan d’origine, mais tu allais t’adapter, à défaut de repartir sans jamais poser les yeux sur la jeune Atkins. « Elle aurait été capable de te dire que oui et d’oublier, de toute façon. Elle est plutôt tête en l’air. » Tu ris doucement parce que ce n’est pas quelque chose que tu connais de Shiloh. La vérité, c’est que tu ne l’as connais pas très bien, tu n’as pas eu la chance de la côtoyer autant que tu l’aurais voulu quand vous étiez toutes les deux sur le tournage de The Trail’s End, en partie parce qu’elle a disparu du jour au lendemain sans jamais plus répondre au moindre de tes textos, chose que tu comprends mieux aujourd’hui. « Elle sera ravie. » qu’elle t’annonce avec un sourire et si l’idée de filer sans dire un mot de plus te passe par la tête, elle se présente et tu en fais de même, sans que jamais elle ne vienne mentionner qu’elle sait qui tu es ou qu’elle t’a vu quelque part, ce qui est un changement qui te fait du bien, du moins pour l’instant. « Enchantée. » « Moi de même. » Tu ne vois qu’une jeune femme aux bonnes manières qui cherche à te rendre confortable tout en t’offrant l’occasion d’attendre ton amie, rien ne laisse penser qu’elle pourrait avoir de mauvaises intentions à ton égard et c’est sans doute un peu naïvement de ta part que tu rentres dans l’appartement, ton regard se perdant sur le décor, sur la télé encore ouverte sur laquelle s’affiche une partie de Mario Kart mise sur pause.

« Dis toi que c’est pour la bonne cause. Ton cadeau risque de pas survivre jusqu’à ce qu’elle rentre si tu me laisse seule avec ça. » Tu ne peux t’empêcher de rire légèrement, t’es exactement pareille lorsqu’il s’agit de pâtisseries, ou de quoique ce soit de sucré en réalité. « Il devrait y en avoir assez pour deux. » Et même plus encore, mais c’est ta manière de lui dire qu’elle n’a pas à ce gêner pour ouvrir le sac et se servir. « Fais comme chez toi. Le café, c’était pour toi ou pour elle? Tu veux quelque chose à boire. » « Le café était pour moi, mais merci c’est gentil. » Elle joue l’hôte exemplaire et tu ne peux qu’être touchée par les petites attentions qu’elle t’offre alors que tu déranges clairement les plans de sa soirée. Elle te demande comment tu connais Shiloh, ce qui est tout à fait légitime comme demande. Tu évites d’entrer dans les détails du tournage toutefois, le film étant encore un sujet qui fait augmenter ta fréquence cardiaque et ton niveau de stress en quelques secondes seulement. « Deux ans? A Sydney du coup? » « C’est ça oui. On s’était mutuellement pigées pour un Secret Santa. Elle m’avait fait une jolie robe. » que tu lui racontes, l’image de la robe fleurie encore très claire dans ton esprit. Robe qui traîne encore quelque part dans ta garde-robe, même s’il y a un moment déjà que tu ne l’as pas enfilé. Tu lui renvoies la question, curieuse à ton tour de savoir si elles sont des amies proches ou simplement des colocataires qui se sont trouvées par la force des choses. « Quand elle faisait à peu-près cette taille-là. » Tu souris alors que la main de Megan se rapproche du sol. « Ou plutôt quand je faisais cette taille là. On se connaît depuis pratiquement toujours. » Tu hoches la tête, tu imagines déjà qu’elles sont plutôt proches, surtout puisqu’elles vivent ensemble maintenant. Tu te demandes si c’est le cas depuis son retour de Sydney, mais tu ne poses pas la question. Tu ne voudrais pas non plus avoir l’air indiscrète devant la blonde qui s’assoit à côté de toi sur le canapé.

« Mais on s’était perdues de vue quand elle était à Sydney... » « Nous aussi, enfin, après son stage qu’elle a jamais terminé. » que tu avoues à ton tour, sans toutefois mentionné les confidences qu’elle a pu te faire, bien que tu te doutes que Megan soit au courant. Les photos ont beaucoup circulé et tu te doutes que les gens faisant partie de son cercle proche aient été les premières à les recevoir. « Mais elle est revenue maintenant. Et toi aussi, tu habites à Brisbane? » « Oui, depuis presque dix ans maintenant. Je suis originaire d’une petite ville pas loin de Melbourne, mais j’ai un loft ici et j’avais aussi un appartement à Sydney jusqu’à tout récemment, pour le travail. » Tu ne sais pas trop pourquoi tu lui offres ta biographie comme ça, mais elle est sympathique et tu ne cherches qu’à lui faire la conversation en attendant le retour de Shiloh. C’est bien plus agréable que de rester assises en silence, et plus polie surtout. « Tu viens du coin toi? » que tu lui demandes à ton tour, cherchant toujours à occuper les minutes sans même savoir dans combien de temps ton amie allait rentrer chez elle. « On se connaît non? J’ai l’impression de t’avoir déjà vu quelque part. » Tu l’as regarde plus longuement, mais tu es presque certaine de ne jamais l’avoir croisé auparavant. Ce n’est pas une grande surprise qu’elle te reconnaisse toutefois. On repassera pour l’anonymat ce soir. « Tu m’as peut-être déjà vu à la télévision ou dans un film. Je suis actrice. » que tu finis par admettre, éternel sourire sur les lèvres alors que tu viens prendre une gorgée de ton café. « Ça fait un moment que je ne suis pas apparue dans quelque chose de récent, mais j’ai une mini-série qui va débarquer sur Netflix dans quelques mois, peut-être que tu as vu la bande-annonce. » que tu suggères. Même si tu n’as pas eu beaucoup de projets dans les deux dernières années, tu demeures une tête montante du public australien de part tes nombreuses apparitions depuis ton plus jeune âge.

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Megan Monroe & @Penny Stringer

« Moi de même. » Bla bla bla, c’est bien mignon toutes ces politesse mais à se faire des courbettes, on perd à mon sens beaucoup trop de temps qui pourrait être utilisé de façon bien plus productive. Comme, obtenir des informations qui se vendront à prix d’or, par exemple. Certains me qualifieraient peut-être de vénale et retorse, et ils auraient tout à fait raison, dans le cas présent. Si je suis capable d’entretenir de vraies amitiés désintéressées, comme avec Shiloh ou Jo, par exemple, la blonde qui me fait face ne fera certainement pas partie du lot. Elle a beaucoup trop l’allure d’une jolie poule aux œufs d’or pour ça, désolée blondie. Allez blondie, on rentre dans l’appartement et plus vite que ça, je n’ai pas des heures à perdre en mondanité.

A l’intérieur de l’appartement, ma partie laissée en pause ne revêt plus la moindre importance à mes yeux, pas plus que le roman de fantasy abandonné sur l’accoudoir du canapé. Non, toute mon attention va à l’actrice que j’approche comme un chaton abandonné que je cherchais à apprivoiser. « Il devrait y en avoir assez pour deux. » Je lui renvoie mon plus grand sourire, avant de piocher dans le sac plastique et d’en ressortir le premier Donut qui me tombe sous la main, pour plus de crédibilité, évidemment. Les mensonges les plus efficaces contiennent tous une part de vérité et il est indéniable que je ne sais résister à l’appel du sucre, lorsqu’il se présente. « Le café était pour moi, mais merci c’est gentil. » - « Y’a pas de quoi. » De mon côté, je glisse une capsule dans la machine à café pour accompagner la blonde. Je mords une première fois dans la pâtisserie, avant de hocher la tête, un air approbateur sur le visage. « C’est délicieux. Il faudra que tu me dises où tu les achète. » Pour la sciences, encore une fois. « Installe-toi, je t’en prie. » D’une main, je désigne le canapé et, après m’être saisie de ma boisson chaude, je la rejoins, j’éteins l’alimentation de la télévision, et je m’installe sur un fauteuil pour lui faire face. Alors comme ça la douce Shiloh a des connaissances dans le monde des célébrités ? Intéressant.

« C’est ça oui. On s’était mutuellement pigées pour un Secret Santa. Elle m’avait fait une jolie robe. » - « On parle bien de la même personne en tout cas, c’est certain. » J’ai eu le droit à mon lot de vêtements confectionnés par la petite blonde, moi aussi. « Elle a vraiment beaucoup de talent, elle en a toujours eu, d’ailleurs. » Ce n’est pas pour rien que c’est à elle que je fais confiance, pour la robe que j’enfilerai le jour de mon mariage. L’événement en lui-même a beau être une mascarade, il compte quand même de façon étrange à mes yeux, et je veux que la cérémonie soit une réussite. Demander à la blonde de me confectionner ma robe, c’est donc un immense gage de confiance. « Nous aussi, enfin, après son stage qu’elle a jamais terminé. » Je fronce les sourcils. « Il y a deux ans tu dis ? » Pour l’instant, je ne m’attarde pas sur le tournage en question : elle l’ignore certainement, mais j'ai rapidement fait le calcul pour comprendre qu’il s’agissait de celui qui a fait couler énormément d’encre. Shiloh étant rentrée à Brisbane il y a moins d’un an, j’en déduis qu’elle a rapidement tout abandonné pour Lawrence et, là, j’ai envie de vomir. « Elle était partie sans rien dire ? Sans donner d’explication ? » Il est nettement plus facile d’interroger Penny à ce sujet que Shiloh, puisque je la sais plus sensible et je vois là l’occasion de tirer certaines zones d’ombres au clair. Je ne m’avance pas, ne sachant pas ce que l’actrice sait de la précédente relation de notre amie commune.

« Oui, depuis presque dix ans maintenant. Je suis originaire d’une petite ville pas loin de Melbourne, mais j’ai un loft ici et j’avais aussi un appartement à Sydney jusqu’à tout récemment, pour le travail. » Tout ça à moins de trente ans. J’ai beau n’avoir aucun respect pour les starlettes dans son genre, je suis obligée d’admettre qu’elle a bien mené sa barque. Je me sers de ça pour feindre un air admiratif. « Et bien, impressionnant. » J’accompagne ma remarque d’un léger sourire, lui laissant le choix de réagir ou pas, d’expliquer ou pas d’où lui viennent ses moyens financiers. De toute façon, j’ai bien l’intention d’amener sur le tapis le sujet de sa célébrité, qu’elle le veuille ou pas. « Tu viens du coin ? » - « Tout à fait. » Je ne l’ai même jamais quitté. « J’ai grandi à Beenleigh, à peine au sud d’ici. » Ce sera là la seule info véridique qu’elle obtiendra concernant mon passé. Les allers-retours en famille d'accueil, ma mère et sa négligence, je garde tout ça pour moi. « Ça vaut certainement pas Melbourne et Sydney, mais je suis attachée à la ville. » Ou, en tout cas, je n’ai jamais envisagé la perspective de bouger. Être mariée à l’héritier d’une fortune confortable changera peut-être la donne, seul l’avenir nous le dira, mais une part de moi reste enchaîné à la région, parce que c’est le seul endroit où je peux rendre visite à ce qui me sert de mère. « Tu m’as peut-être déjà vue à la télévision ou dans un film. Je suis actrice. » On y vient. Et là, c’est à mon tour d’être une actrice et de feindre la surprise. « Ça fait un moment que je ne suis pas apparue dans quelque chose de récent, mais j’ai une mini-série qui va débarquer sur Netflix dans quelques mois, peut-être que tu as vu la bande annonce. » - « Penny hein ? Comme dans Penny Stringer ? » Je n’ai pas grandi dans la campagne et il reste cohérent de la reconnaître rapidement. « Grandir en côtoyant Shiloh, c’est avoir le droit à son lot de sitcoms. » Je lui adresse un sourire rassurant et chaleureux. « Je suis étonnée qu’elle ne se soit pas vantée de te connaître. Ou d’avoir bossé sur le tournage en question, du coup. » - A moins d’avoir vécu dans une grotte, difficile d’être passé à côté du scandale lié à The trail’s end, que je fasse le rapprochement ne lui semblera pas suspect. « Rassure-toi, je te poserai pas de question. Tu dois en avoir plus qu’assez de rabâcher cette histoire. » Comme j’en ai ma claque d’en entendre parler. C’est du neuf que le public veut se mettre sous la dent.

« Y’a pas de quoi. » Tu l’observes alors qu’elle se prépare un café à son tour et ton regard ensuite sur les différents détails de l’appartement que les deux jeunes femmes partagent, sur les petites touches qui te rappellent Shiloh et puis sur les détails qui sont sûrement propre à Megan. Sa main plonge dans le sac de pâtisseries que tu as ramené et elle prend une bouchée du premier donut qui lui tombe sous la main. « C’est délicieux. Il faudra que tu me dises ou tu les achètes. » « C’est une petite pâtisserie juste à côté de chez moi, sur Water Street à Spring Hill. » que tu lui offres avec un sourire. « Je ne jure que par les pâtisseries là-bas et le café est excellent. » que tu précises tout en prenant une gorgée de ton breuvage. Si tu ne pouvais te permettre une alimentation à base de donuts et de cafés – à ton plus grand malheur – tu peinais à te refuser des desserts sucrées une ou deux fois par semaine. « Installe-toi, je t’en prie. » Tu prends place sur le canapé et elle ne tarde pas à te rejoindre avec son propre café. Elle ferme la télévision, sa partie de Mario Kart désormais disparue et tu retournes ton attention vers elle alors qu’elle te pose quelques questions sur ta relation avec sa colocataire.

« On parle bien de la même personne en tout cas, c’est certain. » Un léger rire t’échappe. Tu n’as aucun mal à imaginer que Shiloh puisse offrir des vêtements personnalisés à ses proches et tu es certaine que tu peux retrouver certains morceaux made by Shiloh dans la garde-robe de Megan. « Elle a vraiment beaucoup de talent, elle en a toujours eu, d’ailleurs. » Tu souris doucement, attendrie par l’estime que Megan porte pour la jeune couturière. « Je suis d’accord. Je suis certaine qu’elle ira loin avec ses créations. » Elle t’avait mentionné travailler chez un designer pour qui elle avait aussi fait l’un de ses stages et tu espérais sincèrement que ce n’était que le début pour elle. Elle méritait de rêver et de voir grand, surtout après tout ce qu’elle avait vécu dernièrement. Tu fais mention du stage avorté de Shiloh et de l’absence de contact entre vous pendant presque deux ans, ce qui semble attisée la curiosité de Megan. « Il y a deux ans tu dis? » Tu hoches la tête en te pinçant légèrement les lèvres. « Elle était partie sans rien dire? Sans donner d’explication? » Tu fais signe que oui de la tête à nouveau et vient déposer ton café sur la table basse devant toi. « Un moment on parlait d’aller voir le Sydney Harbour Bridge avec son copain, et puis la prochaine chose que je sais c’est qu’elle a abandonné son stage au beau milieu du tournage. » Tu glisses subtilement le fait que tu connais l’existence de Lawrence, sans jamais mentionné les détails et les secrets qu’elle a récemment partagé avec toi, bien que tu ne doutes pas que Megan doit être au courant de cette partie difficile de l’histoire de sa colocataire. « J’ai essayé de la joindre pendant quelques semaines après ça, mais elle n’avait jamais retourné aucun de mes textos. Jusqu’à récemment du moins. » D’où ta présence ici aujourd’hui. Vous aviez eu la chance de renouer et tu voulais lui faire savoir que tu n’avais pas l’intention de disparaître à nouveau, que tu serais présente pour elle si elle le souhaitait.

« Et bien, impressionnant. »
« J’ai été chanceuse. »

C’est plus que de la chance et tu en es consciente, mais tu n’es pas le genre à mettre de l’avant tes accomplissements, même quand ces derniers parlent d’eux-même. Tu demeurais persuadée qu’une partie de ton succès part du fait que tu as su trouvé les bons rôles aux bons moments, même si tu avais travaillé ardemment pour te rendre ou tu étais aujourd’hui. L’état de ta carrière n’était pas exactement ce que tu espérais il y a deux ans de ça, mais considérant tout ce que tu avais vécu, tu restes persuadée que ça aurait pu être pire, bien pire. « Tout à fait. J’ai grandi à Beenleigh, à peine au sud d’ici. » Tu hoches la tête, attentive. Tu ne connais pas exactement l’endroit dont elle fait mention. « Ça vaut certainement pas Melbourne ou Sydney, mais je suis attachée à la ville. » « Si tu veux mon avis, Sydney et Melbourne n’ont rien à envier à Brisbane. » que tu la rassures avec un sourire. Toi aussi, au fil des années, tu t’étais attachée à Brisbane et tu peinais à t’imaginer vivre ailleurs qu’ici à temps plein. Tu pensais avoir la chance d’avoir une conversation complète sans mentionner ton métier directement ou le fait que tu es une personnalité connue, mais voilà que Megan semble te reconnaître et tu sens ton anonymat qui se dissipe peu à peu. « Penny hein? Comme dans Penny Stringer? » « C’est ça, oui. » Tu souris toujours, même si tu entends dans la manière qu’elle prononce ton nom qu’elle a certainement lu des choses à ton sujet dans les derniers mois. « Grandir en côtoyant Shiloh, c’est avoir le droit à son lot de sitcoms. » Tu échappes un léger rire alors qu’elle te laisse comprendre qu’elle a vu ne serait-ce que certains épisodes de Neighbourhood. « J’espère que ce n’était pas trop pénible à regarder. » que tu lances à la blague, fière de ce que tu as pu faire au sein de ce show même si tu en conviens que ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde. « Je suis étonnée qu’elle ne se soit pas vantée de te connaître. Ou d’avoir bossé sur le tournage en question. » Tu sens ton ventre se tordre de nervosité alors qu’elle mentionne le tournage en appuyant bien sur ces mots, ultime preuve que oui, elle a entendu des choses, probablement toutes fausses ou alors une version tordue d’une vérité que tu n’as pas osé avouer. « Peut-être qu’elle était gênée puisqu’elle n’avait pas terminé le stage. » que tu suggères, contente que la blonde absente soit encore au coeur de la discussion, même si tu sens que ça ne durera pas longtemps. « Rassure-toi, je te poserai pas de question. Tu dois en avoir plus qu’assez de rabâcher cette histoire. » « T’as pas idée. » que tu souffles avec un léger rire nerveux. « La dernière chose que tu veux quand tu traverses quelque chose de difficile, c’est de le revivre constamment et avec l’attention des médias, des photos de paparazzi prisent hors contexte et des pseudos journalistes qui s’amusent à réécrire l’histoire constamment, c’est difficile de ne pas avoir l’impression de revivre le trauma encore et encore. » C’est seulement quand tu arrêtes finalement de parler que tu réalises la transparence dont tu viens de faire preuve avec la jeune femme et c’est un autre rire gêné qui file entre tes lippes. « Faut pas croire tout ce qu’on lit dans les magazines est ce que je veux dire en gros. » que tu rajoutes alors que tu viens à ton tour prendre l’un des donuts dans le sac avant d’en prendre une bouchée. Un peu de sucré pour faire passer le malaise, une solution presque efficace.  

throwing caution to the wind
Megan Monroe & @Penny Stringer

« C’est une petite pâtisserie juste à côté de chez moi, sur Water Street à Spring Hill. Je ne jure que par les pâtisseries là-bas et le café est excellent. » Je note l’information quoi qu’il en soit mais, dans les faits, les donuts pourraient venir d’une pâtisserie étoilée ou située sur la lune que ça ne me ferait pas perdre de vue le vrai objectif de cette invitation à entrer. Elle n’est pas motivée par de bonnes intentions, par la volonté que la blonde se sente à l’aise dans l’appartement et pour pouvoir rendre visite à notre amie commune. Mon unique objectif, je ne le cache pas, c’est uniquement d’être délicieuse au point de m’attirer la sympathie de l’actrice. La sympathie, c’est toujours utile dans mon cœur de métier. La sympathie, ça pousse les gens à s’épancher et à venir pleurer sur votre épaule. « Je suis d’accord. Je suis certaine qu’elle ira loin avec ses créations. » - « Elle t’a dit qu’elle avait retrouvé du boulot dans une maison de haute couture ? » Je suis sincèrement heureuse pour elle, je n’ai pas besoin de feindre, sur ce point là.

Alors que la discussion dérive vers Sydney, je ne peux m’empêcher de me poser des questions et de jalousie l’actrice : a-t-elle connu Shiloh lorsqu’elle s’était totalement fermée à moi ? Lorsqu’elle m’a écartée et tenue à l’écart de ce qui lui arrivait ? Fait-elle partie de toutes ces connaissances qui auraient pu intervenir, qui aurait dû se rendre compte que quelque chose n’allait pas entre mon amie et son enflure de petite amie ? « Un moment on parlait d’aller voir le Sydney Harbour Bridge avec son copain, et puis la prochaine chose que je sais c’est qu’elle a abandonné son stage au beau milieu du tournage. » Ma mâchoire se contracte à la mention du petit ami en question.. Ainsi, non content de la priver d’une opportunité en or, il l’a dépouillée de toute vie sociale, même à Sydney. Il l’a coupée de tout le monde, pas que de ceux qui lui étaient chers, et ma haine à son égard monte encore d’un cran. « Je vois. » Je n'ai pas l’intention de partager quoi que ce soit à ce sujet avec elle : c’est elle qui est là pour qu’on lui tire les vers du nez, pas l’inverse.

Si je ne jouais pas un rôle, celui de l’ingénue qui peine à remettre un prénom sur son visage, celui de celle qui tente de s’attirer son amitié, je lui demanderais si elle savait que le ”petit ami” en question était le meilleur amie de Chloe Cohen, cette starlette avec laquelle elle s’est affichée. Si je ne jouais pas un rôle, je lui demanderais si cela lui semble normal, de ne pas avoir cherché à creuser, de ne pas avoir cherché à savoir si la couturière allait bien. A la place, je ravale mon venin avec un sourire hypocrite sur les lèvres. « J’ai essayé de la joindre pendant quelques semaines après ça, mais elle n’avait jamais retourné aucun de mes textos. Jusqu’à récemment du moins. » - « Elle va mieux depuis qu’elle est revenue. Depuis qu’elle est rentrée. » Publication de ses photos volées sur internet mise à part, évidemment, la blonde les a certainement déjà vues. « Elle répondait à personne de toute façon. Faut pas que tu le prennes pour toi. » Je rajouterais bien un ”il ne faut pas t’en vouloir” si j’étais sûre d’être capable de le faire sans que mon amertume devienne une évidence et vienne foutre en l’air tous mes efforts de paraître sympathique et avenante.

« C’est ça, oui. » Je ris avec elle, le sujet de son soap opéra était bien moins mineux pour moi que celui de ma colocataire. Si j’ai effectivement vu quelques épisodes du show, il n’a pas retenu mon attention, comme la plupart des séries du genre. Penny Stringer, je la connais plus au travers des scandales et autres articles la concernant dans la presse. Elle défraye moins la chronique à présent, certainement parce qu’elle se tient tranquille (et ne travaille plus sur grand chose ayant la moindre envergure). « J’espère que ce n’était pas trop pénible à regarder. » - « Oh t’en fais pas. Elle m’a fait regarder tous les épisodes de Gossip Girl, à l’époque. Je suis pas branchée séries, mais je préférais quand même mille fois Neighbourhood à certains autres trucs qu’elle m’infligeait. » Je fais mine de rire à nouveau, avant de mordre dans ma pâtisserie. « Me soumets pas à un interrogatoire par contre, je t’en supplie. Je serais obligée d’admettre qu’une fois sur deux je faisais semblant de suivre la télé. » Je n’utilise peut-être pas la meilleure des stratégies : une starlette prétentieuse se vexerait de ne pas être portée aux nues. Mais tant pis, je prends le risque. Surtout que, ces derniers temps, elle doit préférer passer inaperçue à n’importe quelle foule en délire l’interrogeant au sujet de sa romance avec Craine ou de l’affaire Byers. « T’as pas idée. » Oh si chérie. C’est toi qui n’a pas idée de ce que je sais à ce sujet. D’à quel point je suis responsable de ce genre de choses, surtout, à cause des photos que je prends et vends sans la moindre hésitation à la presse. « La dernière chose que tu veux quand tu traverses quelque chose de difficile, c’est de le revivre constamment et avec l’attention des médias, des photos de paparazzi prises hors contexte et des pseudos journalistes qui s’amusent à réécrire l’histoire constamment, c’est difficile de ne pas avoir l’impression de revivre le trauma encore et encore. » Est-ce là que je suis supposée être désolée pour elle ? M'apitoyer sur le sort de la pauvre jeune fille qui a réussi et possède des points de chute dans tout le pays ? Qui voyage gratuitement dans le monde entier pour des tournages, des festivals, ou simplement sur un coup de tête ? Watch me. Je lui sers ma plus convaincante grimace, soit-disant touchée par son récit. « Faut pas croire tout ce qu’on lit dans les magazines est ce que je veux dire en gros. » - « T’as pas à t’en faire pour ça. » Je hausse les épaules, l’air de ne pas y toucher. « Je suis photographe de mode. Je bosse sur des shootings toute la journée, les assistantes et les modèles passent toutes leurs pauses à bitcher à propos de ce genre d’histoire, j’ai ma dose. » Pour un bon mensonge, il faut toujours une part de vérité. J’ai bossé sur des shootings, autrefois. « J’ai compris depuis longtemps qu’elles sont toutes jalouses des celles qui réussissent, qui sortent du lot. Elles sont prête à inventer n’importe quoi et rechignent pas à déformer la vérité. » Le pire, c’est que j’en suis sincèrement persuadée, mais que je m’en fiches, si ça peut m’aider à gagner en notoriété et à empocher un joli chèque.

« Elle t’a dit qu’elle avait retrouvé du boulot dans une maison de haute couture? » Tu hoches la tête positivement. « Oui, elle l’a mentionné la dernière fois. Je suis vraiment contente pour elle. » que tu avoues à Megan, parce que tu l’es vraiment. Shiloh mérite que les choses se replacent doucement pour elle. Elle mérite du bon, elle mérite du doux. Elle mérite de mettre toute cette histoire de photos et cette relation malsaine et abusive derrière elle. Tu veux être là pour elle, pour l’aider à traverser les différentes épreuves qui se mettront sans doute sur son chemin parce que ça prend du temps, de guérir de ce genre de choses. Ça prend du temps, de la patience et beaucoup de gentillesse envers soi-même, tu le sais trop bien pour être passée au travers de quelque chose similaire mais ô combien différent à la fois. Mais même lorsque le sujet est subtilement approché quand tu fais un commentaire sur l’ex petit-ami de Shiloh, Megan ne s’épanche pas sur le sujet, ce qui est sans doute pour le mieux. Tu ne crois pas que ce soit votre place de discuter de secrets qui ne sont pas les vôtres, d’épreuves qui ne vous appartiennent pas. Tu ne pouvais qu’espérer que chacune à votre manière, vous alliez être là pour la jeune couturière. Tu relates toutefois à la blonde que tu as essuyé quelques tentatives en vain de rentrer en contact avec Shiloh au début de 2020. Tu t’étais inquiétée d’abord, et puis tu en étais venue à la conclusion que la Atkins ne souhaitait tout simplement plus prendre contact avec toi, bien loin de t’imaginer que la vérité était bien plus sombre. « Elle va mieux depuis qu’elle est revenue. Depuis qu’elle est rentrée. » Ça te rassure de l’entendre de la bouche de quelqu’un qui la connaît forcément beaucoup mieux que toi. « Elle répondait à personne de toute façon. Faut pas que tu le prennes pour toi. » Tu hoches doucement la tête. T’es consciente que tu ne pouvais pas savoir, mais une partie de toi aurait quand même voulu faire plus, faire mieux. « Elle est chanceuse de t’avoir. Je sais que c’est pas tout le monde qui pardonne facilement des longs silences comme ça. » Et tu ne doutais pas que ça devait avoir mis leur amitié à rude épreuve, bien que de ce que tu en comprenais, les deux jeunes femmes étaient toujours aussi proches l’une de l’autre.

Megan te reconnaît finalement et mentionne même avoir été amené à regarder la série pour laquelle tu es populaire aujourd’hui, sous l’influence de sa colocataire ce qui te fait rire. Tu imagines bien la petite blonde avoir un grand pouvoir de persuasion lorsqu’elle veut quelque chose. « Oh t’en fais pas. Elle m’a fait regarder tous les épisodes de Gossip Girl, à l’époque. Je suis pas branchée séries, mais je préférais quand même mille fois Neighbourhood à certains autres trucs qu’elle m’infligeait. » « Je vais prendre ça pour un compliment. » que tu répliques dans un rire, imaginant parfaitement quel genre de répertoire Shiloh peut avoir imposer à Megan. « Me soumets pas à un interrogatoire par contre, je t’en supplie. Je serais obligée d’admettre qu’une fois sur deux, je faisais semblant de suivre la télé. » Une fois de plus, un rire vient remplir le salon alors que tu secoues la tête, amusée par la franchise de la jeune femme. Tu n’es pas le genre à t’insulter des opinions des autres, même sur ton travail. Tu sais que les goûts en question de télévision et de films sont relatifs et tu ne le prends pas personnellement que son intérêt n’ait pas été piqué. « T’inquiète, depuis le temps j’ai oublié la moitié des storylines et j’ai joué dans le truc. » Il y avait certaines choses qui étaient plus difficiles à oublier de cette époque toutefois, comme la relation qui te liait encore à Micah aujourd’hui, bien qu’il y eût longtemps que vous n’aviez pas fait la manchette tous les deux. Non, les histoires qui intéressaient la presse australienne encore aujourd’hui à ton sujet avaient tous un lien avec le tournage avorté de The Trail’s End dont Megan a entendu parler, même si elle a la gentillesse de ne pas te questionner à ce sujet, chose que tu apprécies fortement. Elle te plaît bien, Megan. Elle est facile d’approche et tu as l’impression de connecter aisément avec elle.

« T’as pas à t’en faire pour ça. » Tu lui offres un nouveau sourire, reconnaissante de sa compréhension. « Je suis photographe de mode. Je bosse sur des shootings toute la journée, les assistantes et les modèles passent toutes leurs pauses à propos de ce genre d’histoire, j’ai ma dose. » « Oh, tu dois entendre toutes sortes de choses avec une telle compagnie. » que tu lâches avec un rire, mi-amusée et mi-sarcastique. Si la plupart du temps les gens qui se trouvaient sur les covers de magazines n’aimaient pas voir leurs vies privées étalées, les gens qui gravitaient autour d’eux, comme les maquilleurs et les coiffeurs et même les photographes parfois se plaisaient trop souvent à relater toutes sortes de faits divers. Tu étais contente d’apprendre que Megan ne faisait pas partie de ce groupe-là. « J’ai compris depuis longtemps qu’elles sont toutes jalouses de celles qui réussissent, qui sortent du lot. Elles sont prêtes à inventer n’importe quoi et rechignent pas à déformer la vérité. » « On parle bien du même monde. » que tu approuves en hochant la tête, avant de prendre une nouvelle bouchée de ton donut. « J’ai jamais compris l’obsession de suivre les débâcles amoureux des vedettes. Qu’est-ce que ça change de connaître les détails de ma vie amoureuse? » que tu demandes rhétoriquement en riant. « Surtout que tout ce qu’on peut lire à ce sujet dans les journaux est tout ce qu’il y a de plus faux. » que tu confies à la jeune femme. Si certaines rumeurs t’associent encore à Rory, plusieurs mois plus tard, la vérité sur ton statut amoureux est à des années lumières de ça. « Tu travailles sur quoi dernièrement? Peut-être que j’ai déjà vu certaines de tes photos. » que tu lui demandes finalement, curieuse de voir ce qu’elle sait faire avec une caméra.

throwing caution to the wind
Megan Monroe & @Penny Stringer

« Oui, elle l’a mentionné la dernière fois. Je suis vraiment contente pour elle. » Ce n’est pas le genre de sujet qui fera débat si bien que je me contente de hocher la tête. Shiloh est talentueuse, Shiloh mérite toutes les opportunités qui s'offrent à elle mais, je ne peux la pousser et l’aider à prendre confiance en elle, je ne peux le faire à sa place et j’espère qu’elle y parviendra. Elle le mérite, ni moi ni l’actrice ne semblons en douter. « Elle est chanceuse de t’avoir. Je sais que c’est pas tout le monde qui pardonne facilement des longs silences comme ça. » La Megan pleine d’assurance que je veux vendre au monde répondrait que c’est une évidence que Shiloh est heureuse de m’avoir. La Megan que je suis réellement, elle, ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire mi-gêné mi indéchiffrable. « Elle s’est voulait déjà bien assez pour que je lui fasses des reproches. » Et surtout, elle a frappé à ma porte au beau milieu de la soirée et avec le visage tuméfié : il était hors de question que je ne l'accueille pas à bras ouverts. Cette partie-là de l’histoire, il est évident que je ne la confierai à personne : je ne suis pas une amie parfaite, mais en ce qui concerne Shiloh je suis digne de confiance.

« Je vais prendre ça pour un compliment. » - « Tu peux. Les romances et tout ce qui va avec, c’est simplement pas ma tasse de thé. » Mais Shiloh est capable d’avaler des heures et des heures de comédies romantiques du genre en un seul week-end, alors j’ai fait avec. Je m’en fous trop au fond pour qu’elle ne gagne pas systématiquement le contrôle de la télécommande. « T’inquiète, depuis le temps j’ai oublié la moitié des storylines et j’ai joué dans le truc. » Je laisse échapper un rire faussement amusé. Le plan est en marche : la conversation a quitté le sujet Shiloh pour tourner à présent autour de l’actrice. Il s’agit d’une première rencontre et je ne forcerai pas, elle aura le droit à juste ce qu’il faut de Megan charmante et ”épaule sur laquelle pleurer.”

« Oh, tu dois entendre toutes sortes de choses avec une telle compagnie. » - « Tu seras surprise. Ou pas, du coup. » Elle doit être assez rodée, à présent. Moi, je crois que je n’aurais jamais pu m’habituer aux niaiseries de ces filles là, si j’étais réellement restée dans le milieu des plateaux. « On parle bien du même monde. » Je grimace, avant de terminer d’une bouchée ce qu’il reste de ma pâtisserie. Elle a qu’à faire autre chose de sa vie si elle ne supporte pas ce milieu : quelle hypocrite. « J’ai jamais compris l’obsession de suivre les débâcles amoureux des vedettes. Qu’est-ce que ça change de connaître les détails de ma vie amoureuse ? » - « Je pense que les gens qui s’intéressent aux scandales et lisent ces conneries ont juste besoin de vivre par procuration. Et il se trouve que t’as une vie plus intéressante que la moyenne alors... » Je hausse les épaules, un sourire presque désolé sur les lèvres. Je crois que je joue bien mon rôle quand, dans les faits, je ne lui envie absolument pas sa célébrité. Je suis bien mieux derrière que devant l’objectif. « Surtout que tout ce qu’on peut lire à ce sujet dans les journaux est tout ce qu’il y a de plus faux. » - « T’as pas besoin de me convaincre de ça, vraiment. Et quand bien même, ce sont tes affaires. » Le rôle de la fille chill et cool du me va parfaitement, et si je ne m’attendais pas à ce qu’elle me pose à son tour des questions, j’ai assez manoeuvré et menti pour me faire passer pour quelqu’un d’autre dans ma vie pour ne pas ciller. « Tu travailles sur quoi dernièrement? Peut-être que j’ai déjà vu certaines de tes photos. » Voilà ce qui arrive quand on ment à quelqu’un du milieu en prétendant travailler dans le dit millieu. « Ça manque vraiment d’intérêt je te jure. A moins que t’aies un penchant pour les planches à pain en maillot de bain et perchées sur des talons de treize centimètre. » Je me lève pour me resservir un café tout en continuant sur un ton parfaitement neutre. « J’ai pas trop bossé ces derniers mois en fait. Je me marie à la fin du printemps et ça demande pas mal de boulot de tout organiser. J’ai préféré mettre les plateaux de côté et me concentrer sur les photos que je fais plus pour le plaisir. » Celles qui nourrissent mon âme. Celles plus artistiques qui remplissent mon portfolio sans que je n’ose jamais tenter de les faire exposer. « Je préfère montrer celles-là à choisir. » Ce serait vrai même si les autres existaient réellement. « Et ça me rassure de voir que Shiloh a des gens sur qui compter. Avec le mariage, je suis plus aussi disponible que je voudrais l’être et elle se retrouvera bientôt toute seule dans l’appart. »

« Elle s’en voulait déjà bien assez pour que je lui fasse des reproches. » Tu affiches une mine compréhensive. Elle t’avait aussi semblé pleine de regrets quand tu l’avais vu, la Atkins, et tu ne pouvais qu’espérer qu’elle puisse reprendre le plein contrôle de sa vie et de ses relations brisées dans les dernières années. Tu n’avais pas la prétention de pouvoir dire que tu savais exactement ce qu’elle avait vécu, vos histoires et vos traumatismes étaient bien différents l’un de l’autre, mais tu savais qu’une présence stable et réconfortante pouvait faire toute la différence et tu espérais que Shiloh pouvait trouver ça auprès de sa colocataire. Tu aimes entendre les anecdotes qui relient les deux jeunes femmes et tu ne peux être qu’amusée de savoir que cette émission dans laquelle tu as joué pendant six ans est un morceau de leur amitié, d’une certaine façon. « Tu peux. Les romances et tout ce qui va avec, c’est simplement pas ma tasse de thé. » « Tu préfères quoi comme genre d’émissions ou de films? » que tu lui demandes, curieuse de connaître ses préférences cinématographiques. Tu aurais presque l’impression que tu es en train de lui faire passer une entrevue, mais ça te fait du bien d’être celle qui pose les questions plutôt que celle qui doit répondre à pleins de trucs parfois bien trop personnels.

T’es surprise, mais aussi soulagée d’apprendre que Megan évolue partiellement dans le même milieu que toi, sauf qu’elle se trouve derrière la caméra et toi devant, des rôles qui se rejoignent, mais qui vivent des expériences complètement différentes. « Tu seras surprise. Ou pas, du coup. » Tu échappes un léger rire tout en secouant la tête. Si une partie de toi est curieuse d’en savoir un peu plus sur le genre d’histoires qu’elle peut entendre au quotidien, tu sais trop bien comment ce genre de commérages peuvent endommager des carrières et des réputations alors tu préfères t’en tenir aussi loin que possible. « Je pense que les gens qui s’intéressent aux scandales et lisent ces conneries ont juste besoin de vivre par procuration. Et il se trouve que t’as une vie plus intéressante que la moyenne alors… » Un autre rire s’échappe de tes lèvres, plus nerveux cette fois. Tu n’es pas certaine que tu qualifierais ta vie plus intéressante que la moyenne, c’est seulement que les journalistes s’amusent à faire de grandes nouvelles des toutes petites choses. « Pas vraiment. Je trouve que j’ai une vie assez ordinaire pour être honnête avec toi. » Faut dire que tu as grandi privilégier, que tes parents ont toujours eu beaucoup d’argent et que tu n’as jamais manqué de rien. Alors ta vie de vedette, elle ressemble beaucoup à la vie que tu avais avant, si on oublie les paillettes et les soirées que tu préfères évitées en ce moment de toute façon. Tu veux te faire croire que t’es comme n’importe quelle autre fille sur le bord de la trentaine, mais quelque chose te dit que ce n’est pas comme ça que Megan le voit. « T’as pas besoin de me convaincre de ça, vraiment. Et quand bien même, ce sont tes affaires. » Tu lui offres un sourire reconnaissant. « J’ai tellement l’habitude de devoir me justifier sur tout, c’est devenu une seconde nature. » que tu lui admets, soulagée qu’elle ne semble pas pleine de préjugés et de jugements à ton égard au vu de ce qu’elle a peut-être lu ou entendu à ton sujet.

Tu l’interroges sur ses projets actuels en tant que photographe, curieuse de savoir si tu aurais pu voir quelques-unes de ces photos dans les magazines ou ailleurs. « Ça manque vraiment d’intérêt je te jure. À moins que t’aies un penchant pour les planches à pain en maillot de bain et perchées sur des talons de treize centimètres. » L’image décrite par Megan t’arrache un rire. C’est vrai que parfois, tu te demandes ce qui se passe dans l’esprit de ceux qui viennent avec les idées des différents shoots qui peuvent être vus un peu partout. Elle se lève et tu la suis du regard alors qu’elle se sert une nouvelle tasse de café. « J’ai pas trop bossé ces derniers mois en fait. Je me marie à la fin du printemps et ça demande pas mal de boulot de tout organiser. J’ai préféré mettre les plateaux de côté et de me concentrer sur les photos que je fais plus pour le plaisir. » « Oh, félicitations pour tes fiançailles. » que tu lui offres, sincère quoique surprise. Elle te paraît particulièrement jeune pour se marier, mais vraiment, qui es-tu pour juger ce qu’elle décide de faire avec sa vie? « Ça se passe bien, les préparations? » T’as vraiment aucune idée de ce que ça implique, mais tu demandes quand même, ne serait-ce que pour faire la conversation. « Je préfère montrer celles-là à choisir. » « Tu fais quoi comme photos pour le plaisir? J’aimerai beaucoup voir, enfin, si tu es à l’aise de partager. » que tu t’empresses d’ajouter, n’ayant pas nécessairement envie de la gêner avec ta curiosité. « Et ça me rassure de voir que Shiloh a des gens sur qui compter. Avec le mariage, je suis plus aussi disponible que je voudrais l’être et elle se retrouvera bientôt toute seule à l’appart. » « Je suis certaine qu’elle doit être excitée pour toi. » Tu ne serais même pas surprise que la blonde lui ait proposé de faire sa robe pour le grand jour. « Je ne travaille pas beaucoup en ce moment, je lui ai dit qu’elle pouvait toujours compter sur moi si elle avait besoin. » Tu espérais avoir la chance de rattraper le temps perdu et il semblerait que la Atkins ait besoin d’une amie, c’était une situation gagnante pour tout le monde clairement. « Tu sais dans quel coin vous allez déménager avec ton fiancé? »

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Megan Monroe & @Penny Stringer

« Tu préfères quoi comme genre d’émissions ou de films ? » Je suis vraiment pas là pour parler cinéma et, si je garde un sourire radieux sur le visage, je n’en pense pas moins. J’ai l’impression d’être à ce genre d'événements mondains auxquels nous nous rendons toutes les deux pour des raisons bien différentes et auxquels je m’ennuie profondément. Je suis une pro du small talk, là n’est pas le problème, mais je n’ai jamais totalement réussi à apprécier ça : c’est à mon sens bien trop superficiel voire parfois hypocrite (quoi que pour ce dernier vice, je plaide coupable). « Honnêtement ? » Je plisse le front et fait mine de réfléchir, d’hésiter peut-être. « Je suis pas une grande cinéphile. Je dis jamais non à une projection d’un Christopher Nolan mais quand y’a pas Shiloh, tu risques plus de me trouver le nez dans un bouquin que devant la télé. » Bon, aujourd’hui n’est pas le bon exemple et, avec un léger rire, je désigne le téléviseur. « Oui bon, sauf si je joue à la console. » Puisque sous mes airs de jeune femme apprêtée, j’assume mon petit côté nerd. « Shiloh est pas une grande fan mais, mon appartement, mes règles. » Je lui adresse un sourire malicieux avant de me replacer dans mon fauteuil.

« Pas vraiment. Je trouve que j’ai une vie assez ordinaire pour être honnête avec toi. » Je fronce les sourcils sans avoir à me forcer cette fois. Est-ce là de la fausse modestie ? S’imagine-t-elle que son train de vie est représentatif de celui de madame tout le monde ? L’envie ne m’en manque pas, mais je m’efforce de répondre sans condescendance, avec une certaine dose de bienveillance et un grand sourire. Il marche toujours plutôt bien, mon sourire. « Je peux t’assurer que pour la plupart des gens, avoir trois appartements et voyager à travers le monde pour des tournages, des festivals ou des galas, c’est pas ordinaire. » Est-elle si naïve ? Si c’est le cas, je ne risque pas de m’en plaindre : j’en fais mon affaire. « Et tu dois t’excuser à personne parce que tu mènes cette vie-là. Tu peux juste pas empêcher les idiots de t’envier et d’en faire leur sujet de conversation préféré. » Je lui adresse un clin d’oeil que j’espère rassurant, tout comme le reste de mon discours. « J’ai tellement l’habitude de devoir me justifier sur tout, c’est devenu une seconde nature. » Mon sourire se fait compréhensif, presque désolé alors que je me lève pour me remplir une seconde tasse de café.

Si j’amène le sujet des fiançailles sur le tapis, c’est uniquement parce qu’elle me prend au dépourvu en m’interrogeant sur mes derniers travaux. Il s’agit là de la meilleure excuse que je peux trouver en quelques secondes, et pas d’une envie irrépressible de parler de mes ”fiançailles” à tout bout de champ. En temps normal, je n’aurais déjà pas été ce genre de fille, alors étant donné les circonstances… « Oh, félicitations pour tes fiançailles. » - « Merci. » J’affiche l’air de la jeune femme comblée puisque c’est certainement ce qu’elle attend de moi. « Ça se passe bien, les préparations ? » - « La famille de mon fiancé est un peu particulière, et leurs exigences le sont pas moins… Du coup, c’est du sport ! Mais ils réussiront pas à me gâcher ça. » Donnez-moi un Oscar pour cette prestation, je le mérite certainement plus qu’Olivia Colman en 2019. « Je suis aidée par une wedding planner aux frais de ma belle famille, alors je vais pas me plaindre. Elle m’aide vraiment beaucoup. » Organiser un mariage quand tout a été décidé à votre place, c’est beaucoup plus facile : il faut voir le bon côté des choses.

« Tu fais quoi comme photos pour le plaisir? J’aimerai beaucoup voir, enfin, si tu es à l’aise de partager. » - Comme à chaque fois que quelqu’un s’intéresse à mes photos - les miennes, celles qui me passionnent plus que les clichés volés à des gens comme elle - je m’anime. Mes yeux brillent toujours, mais je n’ai plus besoin de forcer la chose. « Y’a deux choses qui me passionnent. Les portraits et les photos volées de la vie de tous les jours. Les visages et leurs expressions naturelles en fait. » Pour appuyer mes propos, je prends même la peine de développer. « Le sourire sur le visage d’un gamin qui achète une glace. Les rides aux coins des yeux des personnes âgées, la fatigue sur le visage de ceux qui sortent du boulot pour prendre le métro et revivre exactement la même journée le lendemain matin. Ce genre de choses. Je les publie nulle part, mais j’ai un book quelque part dans l’appart, si ça t’intéresse. » Un book que je n’ai jamais exposé en dehors de la sphère privée, puisque j’ai bien trop peur de m’entendre dire que j’ai rêvé mon talent et que je ne suis rien de plus qu’une amatrice.

« Je suis certaine qu’elle doit être excitée pour toi. » - « Elle l’est. C’est juste soudain pour elle, elle savait même pas que je voyais quelqu’un, je voulais qu’elle se concentre sur elle. » Dans le cas présent, la détresse de ma colocataire a surtout été la bonne excuse pour justifier l’apparition soudaine d’un fiancé dans mon quotidien. « Avec le recul c’était peut-être pas la meilleure chose à faire de garder le secret. Mais je savais pas qu’on se fiancerait si vite, à ma décharge. » J’éclate de rire, avant de ramener mes cheveux en arrière et de pincer les lèvres, comme si je rougissais. « Je ne travaille pas beaucoup en ce moment, je lui ai dit qu’elle pouvait toujours compter sur moi si elle avait besoin. » Je hoche la tête, reconnaissante. « Faut lui faire violence pour la sortir, mais je te jure qu’elle a besoin de ça. » Elle en a toujours eu besoin de toute façon, d’un peu d’affection façon tough love, la blonde. « Je vais pas disparaître, mais ça me rassure de savoir qu’elle sera pas seule. J’étais à ça de commencer moi même les recherches pour lui trouver une autre colocataire pour pas qu’elle passe toutes ses soirées ici à revisionner encore une fois les six saisons de Gossip Girl. » Je n’ai pas encore abandonné l’idée, en fait. « Tu sais dans quel coin vous allez déménager avec ton fiancé ? » Un sujet en entraînant un autre, elle revient sur le sujet Damon et si j’étais au début mal à l’aise à l’idée de passer mon temps à faire semblant, je commence à être rodée, c’est devenu une habitude pour moi. « On a commencé à regarder les annonces, mais pour l’instant, le seul critère c’est d’être le plus loin possible de chez son père. » Je suppose que la douce Penny est loin d’imaginer que des êtres comme Saül Williams foulent le sol australien.

« Honnêtement? » Tu hoches la tête. Tu n’as pas envie qu’elle te dise ce qu’elle pense que tu veux entendre. Tu t’en fiches bien de savoir qu’elle aime les films d’horreurs, ou les dramas, ou qu’elle n’aime pas les films du tout. Tu n’es pas ici pour la juger, tu essayes seulement de faire un peu la conversation en attendant que Shiloh rentre du travail. « Je suis pas une grande cinéphile. Je dis jamais non à une projection d’un Christopher Nolan mais quand y’a pas Shiloh, tu risques plutôt de me trouver le nez dans un bouquin que devant la télé. » Tu approuves d’un mouvement de la tête, ayant toi aussi un faible pour la lecture. Tu attrapes d’ailleurs ton sac à main et en sort le dernier roman de Stephen King, Billy Summers que tu tends à Megan. « Tu l’as lu? Je suis complètement accrochée. » que tu lui avoues avec un rire. Tu avais beau gagner ta vie en jouant à l’écran, tu étais une avide des mots et des histoires, particulièrement tout ce qui était très psychologique avec un brin de suspense, grande fan du King évidemment. « Oui bon, sauf si je joue à la console. Shiloh est pas une grande fan mais, mon appartement, mes règles. » « On est d’accord que Mario Kart est l’un des meilleurs jeux qui soit, oui? » Tu n’es pas une grande fan de console toi-même, tu n’en possèdes pas d’ailleurs, mais tu as toujours adoré tous les différents jeux de Mario et tes parents possèdent encore une console que tu ressors parfois lorsque tu te sens nostalgique.

« Je peux t’assurer que pour la plupart des gens, avoir trois appartements et voyager à travers le monde pour des tournages, des festivals ou des galas, c’est pas ordinaire. » Tu ne peux t’empêcher de baisser les yeux et de secouer la tête. C’est sûr que dit comme ça, ça remet les choses en perspective, des choses que tu prends comme étant acquises qui sont en fait des privilèges qui viennent avec l’argent et la renommée qui te suis depuis de nombreuses années maintenant. « Et tu dois t’excuser à personne parce que tu mènes cette vie-là. Tu peux juste pas empêcher les idiots de t’envier et d’en faire leur sujet de conversation préféré. » Tu échappes un léger rire. Tu apprécies qu’elle prenne le temps de te rassurer alors qu’en vérité, c’est toi qui n’avais pas vraiment fait attention à la manière dont tu as formulé les choses. « C’est pas toujours facile de faire la part des choses, mais je sais que la plupart du temps, ceux qui prennent des photos de moments privés ou écrivent toutes sortes de rumeurs à mon sujet ne me connaissent pas du tout et que je dois pas le prendre personnel. » C’est facile de le dire comme ça, dans la vie de tous les jours, c’est un peu plus difficile de l’appliquer. Surtout depuis l’agression et toute l’encre qui a coulé autour du film annulé, mais c’est un travail que tu continues de faire et que tu penses gérer de mieux en mieux.

« La famille de mon fiancé est un peu particulière, et leurs exigences le sont pas moins… Du coup, c’est du sport! Mais ils réussiront pas à me gâcher ça. » « Ça doit être votre journée à toi et ton fiancé d’abord et avant tout. » que tu acquiesces avec un sourire, bien que tu n’aies pas la moindre idée de ce que la blonde peut bien vouloir dire en qualifiant sa future belle-famille comme étant particulière. « Je suis aidée par une wedding planner aux frais de ma belle famille, alors je vais pas me plaindre. Elle m’aide vraiment beaucoup. » « Tu imagines quel genre de mariage? » Tu ne peux t’empêcher de poser des questions et tu réalises que tu en demandes peut-être un peu trop considérant que tu ne la connais que depuis quelques minutes à peine. « Désolée, t’as totalement le droit de pas me répondre. J’aime beaucoup les mariages, mais j’ai personne dans mon entourage qui est près de se marier et comme c’est pas mon cas non plus… » que tu lâches avec un léger rire. Tu rêvais de te marier un jour, si tu trouvais la bonne personne. Est-ce qu’Isaac pouvait être cette personne? Il était encore beaucoup trop tôt pour le dire.

Tu l’interroges ensuite sur ses photos (ouais, t’es clairement en train de leur faire passer une entrevue, la pauvre) mais tu sais que tu viens de toucher un sujet qui la passionne quand tu vois son regard s’illuminer. « Y’a deux choses qui me passionnent. Les portraits et les photos volées de la vie de tous les jours. Les visages et leurs expressions naturelles en fait. » Tu hoches la tête doucement, attentive à ce qu’elle te raconte avec passion. « Le sourire sur le visage d’un gamin qui achète une glace. Les rides aux coins des yeux des personnes âgées, la fatigue sur le visage de ceux qui sortent du boulot pour prendre le métro et revivre exactement la même journée le lendemain matin. Ce genre de choses. Je les publie nulle part, mais j’ai un book quelque part dans l’appart, si ça t’intéresse. » « Oui, vraiment. » que tu t’empresses de dire. Elle a décrit ses photos avec une telle passion et une telle précision que tu ne doutes pas un instant être impressionnée par les clichés. « Pourquoi tu ne les postes nulle part? Tu préfères garder ça comme hobby? » que tu lui demandes curieuse. Il y avait une différence claire entre la manière dont elle parlait des photos de modèles qu’elle prenait sans aucun doute pour payer ses factures et celles qu’elle prenait avec passion, celle qu’elle gardait caché quelque part dans un book à l’abri des regards. Ne gagnerait-elle pas plus à faire quelque chose qui la passionne vraiment dans la vie de tous les jours?

Tu repars la discussion sur son fiancé et sur Shiloh. « Elle l’est. C’est juste soudain pour elle, elle savait même pas que je voyais quelqu’un, je voulais qu’elle se concentre sur elle. » Une expression de surprise se place sur tes traits. Tu pouvais comprendre les motivations derrière le silence de Megan, tout comme tu te doutais que ça avait dû être une vraie surprise pour Shiloh d’apprendre que son amie voyait quelqu’un et que c’était drôlement sérieux du même coup. « Avec le recul, c’était peut-être pas la meilleure chose à faire de garder le secret. Mais je savais pas qu’on se fiancerait si vite, à ma décharge. » « Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble? » Penny, arrête de poser des questions seigneur. Tu prends une autre gorgée de ton café, pensant à ce que tu pourrais faire pour t’assurer d’être présente pour la Atkins dans les semaines et dans les mois à venir. Certes, tu avais encore certains déplacements à l’horaire, mais peut-être que tu pourrais lui demander de t’accompagner pour l’un d’entre eux ou même lui demander de te faire une robe toute spéciale pour une soirée. Tu es presque certaine que l’idée lui plairait. « Faut lui faire violence pour la sortir, mais je te jure qu’elle a besoin de ça. Je vais pas disparaître, mais ça me rassure de savoir qu’elle sera pas seule. J’étais à ça de commencer moi-même les recherches pour lui trouver une colocataire pour pas qu’elle passe toutes ses soirées ici à revisionner encore une fois les six saisons de Gossip Girl. » « Ou au moins qu’elle le fasse avec un peu de compagnie, ça pourrait être un de tes critères pour la future coloc. » que tu suggères dans un rire. Tu voyais bien à quel bien Megan tenait à Shiloh et tu voulais aider autant que tu le pouvais, vu les circonstances. « On a commencé à regarder les annonces, mais pour l’instant le seul critère c’est d’être le plus loin possible de son père? » « À ce point-là huh? » que tu rajoutes dans un rire, bien que tu ne puisses t’empêcher de faire une légère grimace. « J’espère que vous trouverez quelque chose qui vous plaît rapidement alors. »

throwing caution to the wind
Megan Monroe & @Penny Stringer

« Tu l’as lu? Je suis complètement accrochée. » La jeune femme sort un livre de son sac à main et, si je connais la couverture pour avoir aperçu le roman à plus d’une reprise en vitrine de différents libraires, il ne fait pas encore partie de ma bilbiothèque. J’attrape l’ouvrage pour le retourner et en lire le résumé avant attention. « Non, pas encore. » Je le retourne pour observer la couverture à nouveau avant de le tendre à la blonde. « Tu l’as terminé ? Si oui, me dit rien. » Je lui rends son livre avant d’esquisser un sourire. « Et donc tu as le temps de lire autre chose que la montagne de scripts qu’on t’envoie ? » Je glisse ma remarque avec humour en me demandant silencieusement si sa carrière redémarrera un jour, puisqu’elle semble être relativement au point mort depuis le scandale qui pourtant date d’il y a presque deux ans. « On est d’accord que Mario Kart est l’un des meilleurs jeux qui soit, oui ? » - « C’est plutôt okay, oui. » Mon sourire s’agrandit et, finalement, je secoue la tête, comme prise en flagrant délit. « Ok, je l’avoue, j’y joue un peu trop souvent, faudrait que je me soigne. » Mais qui envisagerait de rater le plus gros tournoi, celui du dimanche après-midi ?

« C’est pas toujours facile de faire la part des choses, mais je sais que la plupart du temps, ceux qui prennent des photos de moments privés ou écrivent toutes sortes de rumeurs à mon sujet ne me connaissent pas du tout et que je dois pas le prendre personnel. » Elle parle et je l’écoute à peine : je me fiche bien de ses états d’âme, je n’ai pas besoin de l’entendre se plaindre à longueur de journée parce qu’elle est une star du petit écran et que c’est difficile. Ouin Ouin, je m’appelle Penny Stringer et ma vie est compliquée. Le sourire est difficile à maintenir sur mon visage mais je tiens bon : si je veux être capable de passer ma vie à prétendre que mon mariage est un mariage d’amour, je dois être capable de passer une heure en la compagnie de quelqu’un comme elle sans que cela ne représente un challenge. Pour appuyer ses propos, je hausse les épaules et rétorque. « Tu sais, pour les gens à l’origine de ce genre d’articles et de photos, c’est que du business, c’est pas contre toi. » Le problème, ce sont ceux qui lisent et se passionnent pour le quotidien de filles aussi fades qu’elle. Mais qui suis-je pour nager à contre courant et ne pas profiter de la loi de l’offre et la demande. « Tout finit par passer de toute façon. Il faut juste serrer les dents jusqu’au scandale suivant. » Personne ne fait la une de la presse à scandale tous les mois, et certainement pas quelqu’un comme elle qui semble motivée à tout faire pour rester dans le rang.

« Ça doit être votre journée à toi et ton fiancé d’abord et avant tout. » Je m’étranglerais de rire si je ne m’étais pas déjà trop retrouvée dans ce genre de configuration, celle ou quelqu’un qui ne se doute de rien cherche à me donner des conseils. La Megan que j’interprète trouverait certainement ça bienveillant, alors j’esquisse un sourire chaleureux. « Je suppose que c’est plus difficile de leur faire comprendre ça puisqu’ils mettent la main à la poche. » Les Williams pensent que l’argent leur donne du pouvoir et ça s’applique aussi au mariage de leur fils. Puisqu’ils payent, il doivent être capable de tout contrôler et de tout choisir, même la mariée. « Tu imagines quel genre de mariage ? Désolée, t’as totalement le droit de pas me répondre. J’aime beaucoup les mariages, mais j’ai personne dans mon entourage qui est près de se marier et comme c’est pas mon cas non plus… » - « T’en fais pas. Ça ne me dérange pas d’en parler. » Puisqu’il s’agit d’une histoire montée de toute pièce. « Pour être honnête je pensais pas me marier si jeune et j’ai jamais été très romantique avant Damon. J’avais jamais réfléchi à quoi je voudrais que cette journée ressemble… Si ce n’est à moi. » Je marque une pause et j’esquisse un petit sourire, remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille. « A nous, mon fiancé et moi. Du coup, on se bat surtout pour qu’il y ait de nous dans la cérémonie. Mais je suis sûre que cette journée sera parfaite quoi qu’il en soit. » Puisque j’y gagnerai le droit de passer le restant de mes jours avec l’homme de ma vie, celui que j’aime plus que tout au monde... C’est ce genre de chose que la blonde veut certainement entendre, et c’est ce que moi je sous-entends en baissant la tête, les joues rosies et un sourire gêné.

« Oui, vraiment. Pourquoi tu ne les postes nulle part? Tu préfères garder ça comme hobby ? » Je suis un peu plus frileuse lorsqu’il s’agit de lui montrer mes photos. Il ne s’agit plus d’une histoire inventée de toute pièce. Il s’agit de moi, de mes aspirations et de mes désirs inavoués et je suis mal à l’aise à l’idée de les lui montrer : je me sens mise à nue rien qu’à l’idée. Sauf que j’ai proposé et, qu’à présent, je ne peux plus faire marche arrière. « Attends, je reviens. » Je me redresse, disparais dans ma chambre l’espace de quelques minutes avant de me réinstaller à côté d’elle sur le canapé, cette fois. Timidement et sans que cela ne soit surjoué, je lui tends l’album qui contient un tirage de mes clichés favoris. « Si c’est mauvais, pas de commentaire. » Je fais la grimace et plisse les lèvres. « Je cherche pas à les faire exposer parce que tant qu’elles sont là dedans, ça n’appartient qu’à moi. » Et surtout, personne ne peux me dire que c’est mauvais. C’est ce que je dirais, si je m’autorisais à être vulnérable en sa présence, mais ce n’est pas le cas, loin de là.

« Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? » Elle a l’air gênée de revenir sur le sujet de mon mariage et je la rassure d’un sourire. Au moins, en ce qui concerne mes fiançailles, je maîtrise mon script et je suis beaucoup plus à l’aise. « Ça fera bientôt sept mois. On s’est rencontrés juste après le nouvel an. » Je suis presque sûre d’avoir l’air comblée. « Je sais que c’est tôt et que ça va vite mais… On est sûrs, et on a pas envie d’attendre. » Plus je répète l’histoire, plus elle semble convaincante, et mon jeu d’actrice avec. Ce serait plus difficile, si je n’appréciais pas Damon, au fond. Et ça le serait plus encore s’il avait quoi que ce soit à voir avec sa famille. « Ou au moins qu’elle le fasse avec un peu de compagnie, ça pourrait être un de tes critères pour la future coloc. » - « Exactement. » Je lui adresse un clin d'œil, avant de laisser échapper un rire. « Tu vis avec quelqu’un toi ? » Maintenant que je me suis livrée, c’est son tour non ? Et n’est-ce pas le but, d’obtenir des informations de sa part ? « Quelqu’un de spécial peut-être ? Je sais que t’as dis que t’étais pas sur le point de te marier mais... » Mais a-t-elle quelqu’un dans sa vie ? Micah obtiendra-t-il ce qu’il veut ou finira-t-il sur le banc de touche, ma photo volée avec ? Les questions concernant mon futur appartement m’intéressent bien moins, à présent.

Megan semble curieuse par le livre que tu sors de ton sac et ça te fait drôlement plaisir. Il n’y a pas assez de gens qui prennent encore le temps de lire des livres dans ton entourage et souvent, on croit par mégarde que parce que tu fais de la télé que tu n’aimes pas la lecture, ce qui est complètement faux. « Non, pas encore. Tu l’as terminé? Si oui, me dit rien. » Tu échappes un petit rire, clairement satisfaite d’avoir piqué sa curiosité alors qu’elle lit l’arrière de la couverture. « Pas encore, mais presque. Je peux te le prêter une fois que je l’aurais terminé, si tu veux. » S’il y avait beaucoup de gens qui n’aimaient pas prêter leurs livres, tu n’étais pas de ceux-là. Tu avais la confiance qui venait un peu trop facilement, même avec des gens que tu ne connaissais pas, ou très peu. « Seulement si tu promets de ne pas plier les coins de page! » que tu précises toutefois avec un rire, parce que c’est bien là une habitude que tu trouves dérangeante chez certains lecteurs. Qui abîme ses livres de la sorte, sérieusement? « Et donc tu as le temps de lire autre chose que la montagne de scripts qu’on t’envoie? » Un autre rire file d’entre tes lèvres, un peu moins sincère cette fois-ci alors que la blonde a sans le savoir touché un point bien sensible. « Disons qu’en ce moment, je ne cherche pas vraiment à me lancer dans un autre projet. » Les prochains mois allaient être consacrés à la promo de la série Netflix, et tu prendrais une décision ensuite. Selon ce qui allait se passer après ta plainte, évidemment. « C’est plutôt okay, oui. » Tu fronces les sourcils, tu n’as pas halluciné quand tu as vu le jeu sur pause en arrivant. « Ok, je l’avoue, j’y joue un peu trop souvent, faudrait que je me soigne. » Tu ris avec elle, même si ce n’est pas ton cas, tu peux facilement comprendre l’intérêt.

« Tu sais, pour les gens à l’origine de ce genre d’articles et de photos, c’est que du business, c’est pas contre toi. » Tu hausses les épaules. Tu sais parfaitement qu’elle a raison, mais parfois les photos volées sont tellement personnelles, ou les informations complètement déformées que c’est difficile de ne pas se sentir personnellement attaqué, surtout quand ça a des impacts directs sur le reste de ta vie. « Tout finit par passé de toute façon. Il faut juste serrer les dents jusqu’au prochain scandale. » « T’as raison. » que tu attestes finalement en lâchant un soupir. « Je comprends pas juste pas l’intérêt de ceux qui font ce genre de travail j’imagine. Enfin, je me dis que ça doit être payant, j’en sais rien. J’essaye juste de me tenir aussi loin que possible. » Tu avais quand même été assez chanceuse à ce niveau-là par le passé, avant The Trail’s End, l’agression et tout ce qui en a découlé. Tu étais parvenue à garder ta vie privée dans la sphère de l’inconnu, tes idylles et romances n’ayant que très peu fait jaser par le passé, chose qui évidemment avait désormais bien changé, l’intérêt pour ta vie amoureuse encore bien trop grand dans les médias à ton goût.

« Je suppose que c’est plus difficile de leur faire comprendre ça puisqu’ils mettent la main à la poche. » Tu hausses les épaules, malheureusement, l’argent avait beaucoup trop de pouvoir sur bien des situations, même au milieu de certaines ou ça ne devrait pas être le cas, comme le mariage à venir de Megan et de son fiancé dont tu ne connaissais toujours pas le nom, étonnant vu toutes les questions que tu ne cessais de poser à son sujet ou indirectement. « T’en fais pas. Ça me dérange pas d’en parler. » Tu échappes un petit soupir de soulagement, tu te serais sans doute sentie mal si elle t’avait dit qu’elle n’était pas à l’aise d’en discuter alors que tu ne cesses de ramener le sujet depuis plusieurs minutes déjà. « Pour être honnête, je pensais pas me marier si jeune et j’ai jamais été très romantique avant Damon. J’avais jamais réfléchi à quoi je voudrais que cette journée ressemble… Si ce n’est à moi. » Tu hoches la tête, attentive à ce que Megan t’explique. « À nous, mon fiancé et moi. Du coup, on se bat surtout pour qu’il y ait de nous dans la cérémonie. Mais je suis sûre que cette journée sera parfaite quoi qu’il en soit. » « Je vous le souhaite en tout cas. Je demanderai à Shiloh de me montrer des photos après ton grand jour. » que tu lui annonces, pouvant déjà t’imaginer Megan dans une longue robe blanche. Ouais, t’as un faible pour les mariages, et alors? « Tu as commencé à magasiner ta robe? » Elle a dit que ça ne lui dérangeait pas d’en parler, alors peut-être que tu en profites un peu trop.

« Attends, je reviens. » Tu hoches de la tête alors qu’elle disparaît pendant quelques secondes dans ce que tu devines être sa chambre, et elle revient avec un album qu’elle tend dans ta direction. « Si c’est mauvais, pas de commentaire. » Tu échappes un petit rire, tu es certaine d’avance que ce ne sera pas mauvais. Tu ouvres l’album et c’est exactement comme elle te l’avait décrit. Des moments du quotidien pris sur le vif, accentué des petites touches de véritables et de doux qui se trouvent encore ici et là, quand on prend le temps de le remarquer. Elle le voit Megan, et elle le voit bien. Du moins, c’est ton avis. « Je cherche pas à les faire exposer parce que tant qu’elles sont là-dedans, ça n’appartient qu’à moi. » « Je pense qu’elles valent la peine d’être vues. » Tu continues de feuilleter les pages, impressionnée par les détails de certaines, les effets d’autres.  « Mais je comprends que c’est quelque chose que tu préfères garder pour toi. C’est dommage, tu as du talent. Tu pourrais faire bien plus prestigieux que de prendre des planches de surfs sur des talons haut en photos. » que tu avoues avec un léger rire, reprenant ses propres termes. « Non pas qu’il y a du mal à ça, mais je peine à croire que tu t’épanouis dans ce genre de métier quand je vois ça. » que tu rajoutes en pointant les multiples clichés qui remplissent l’album que tu continues de découvrir avec attention.

« Ça fera bientôt sept mois. On s’est rencontrés juste après le nouvel an. » « Oh wow, je vois ce que tu voulais dire par rapide. » Sept mois et déjà fiancés? À son âge? Tu ne voulais pas porter de jugements hâtifs ou quoique ce soit, mais tu ne pouvais t’empêcher de trouver ça plutôt surprenant, surtout que votre génération était bien plus du genre à prendre son temps, à dater ici et là plutôt que de prendre un engagement comme celui-là avant même d’avoir atteint la mi-vingtaine. « Je sais que c’est tôt et que ça va vite mais… On est sûrs, et on a pas envie d’attendre. » C’est comme si elle avait lu dans tes pensées, mais tu déduis plutôt qu’elle a déjà dû entendre à de nombreuses reprises le même discours que tu viens de te faire mentalement. « Il y a que vous pour savoir après tout. » que tu te contentes de rajouter d’une voix douce. Aurais-tu pris la même décision à son âge? Certainement pas. Tu étais bien plus du genre à fuir toute forme d’engagement à cette époque et c’est d’ailleurs ta relation avec Micah qui en avait payé le prix. Aujourd’hui toutefois, il fallait admettre que ta relation avec Isaac avançait à vitesse grand V et que tu ne semblais pas pressée de ralentir, au contraire. « Tu vis avec quelqu’un toi? » Tu secoues la tête, avant de reprendre. « Enfin, j’ai un coloc, mais c’est pas comme ça. C’était juste un arrangement temporaire, pour faire plaisir à une amie. » C’est toujours aussi étrange d’essayer d’expliquer comment tu t’es retrouvée à faire une colocation avec Yelahiah, colocation presque inexistante toutefois vu que tu n’étais presque jamais chez toi avant de rencontrer Isaac et que c’est mille fois pire depuis. « Quelqu’un de spécial peut-être? Je sais que t’as dit que t’étais pas sur le point de te marier mais… » Tu ne peux t’empêcher d’échapper un rire. Si normalement, tu éviterais de t’épancher sur ta vie amoureuse avec une inconnue, tu fais confiance à Megan. Surtout qu’elle vient pratiquement de te partager sa propre histoire d’amour avec Damon, c’est seulement équitable que tu lui offres quelques infos en retour. « Il y a peut-être bien quelqu’un de spécial, oui. » que tu avoues alors qu’un large sourire se place sur tes lèvres. « C’est vraiment tout récent par contre, je sais pas trop ce que ça va donner, mais je suis confiante. » Tu voulais y croire et vu tout ce qui était déjà mis en branle en si peu de temps, ça te réconfortait dans cette impression qu’Isaac voulait les mêmes choses que toi. « C’est pas quelqu’un du domaine du cinéma ou de la télévision toutefois, donc ça m’étonnerait beaucoup que tu le connaisses. » que tu confies dans un rire.