Ca fait quinze minutes que May a les yeux rivés sur ce test. Quinze minutes qu’elle se sent terriblement seule et qu’elle n’attend qu’une chose : que Norman passe le pas de la porte de leur appartement pour lui sauter dessus. Elle a senti son souffler se couper. Elle ne lui a pas dit qu’elle avait un retard de règle, elle ne lui a pas dit qu’elle avait fait un saut à la pharmacie pour acheter ce test, elle ne lui a rien dit, parce que ce n’était pas la première fois que ça arrivait et qu’à chaque fois, il n’y avait rien. Mais cette fois : le test affichait un résultat positif. Deux barres. Elle avait relu la notice à cinq reprises pour s’assurer pleinement qu’elle n’avait pas compris de travers la signification. Mais rien n’était plus clair, d’après le bâton en plastique qu’elle tenait dans les mains, May Andrews était enceinte.
Le bruit d’une clé qui se glisse dans la porte, elle se lève, paniquée, les mains moites et aussi complètement excitée. Elle a l’impression que cette porte met dix ans à s’ouvrir, c’est long, c’est interminable et finalement, Norman apparaît, avec sa sacoche d’étudiant sous le bras. Rien de tout ça n’était prévu, rien n’était dans leur plan, c’était pas ça le plan et pourtant. Le voyant rentrer des cours alors que son professeur à elle était absent, elle n’était même pas censée être là avant lui aujourd’hui et tout se chamboulait. « Je suis enceinte. » pas de préavis. Pas d’énigme, pas de devinette, rien. « Regarde. » elle lui tend le teste, sous les yeux et la notice dans l’autre main. « Vérifie par toi-même. » elle ne lui-même pas le temps d’assimiler sa première phrase, même pas le temps de capter pourquoi elle est déjà là, avant lui. « J’croyais que c’était un retard normal, à cause du stress, comme toujours. Et puis, comme on est allé faire un saut à l’élastique, en général, les sensations fortes, l’adrénaline, ça fout toujours le bordel. Alors, j’ai pas paniqué plus que ça. Mais là, ca commençait à être long. » et là, c’est la panique totale. « Tu dis quoi ? » faut qu’il réagisse là. Faut qu’il dise un truc. Faut qu’il la rassure. Faut pas qu’il la quitte, hein. Norman, dis un truc.


@Norman Bing

Tu passes à peine la porte de l'appartement que May te saute déjà dessus. Hen ? Qu'est-ce qu'elle fait ici de toute manière ? « Je suis enceinte. » « Pardon ? » que tu demandes convaincu d'avoir tout entendu de travers. Vous êtes allé à ce spectacle où la musique était beaucoup trop forte l'autre jour. Le fait que tu sois devenue sourd et que tu comprennes tout de travers est une option envisageable quand ta copine t'annonce être enceinte. Toutes les options sont envisageables dans un moment comme celui-ci. « Regarde. » Elle a ce bâton dans ces mains. Putain, c'est un peu trop vrai. Tu fronces un peu les sourcils en posant ton sac au sol pour prendre le bâton et le feuillet d'instruction. « Vérifie par toi-même. » Deux barres. Quoi deux barres ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Il roule à deux cent milles à l'heure ton cerveau. Si rapidement que tu as l'impression de ne plus savoir lire. Tu piges rien à ce que tu as entre les mains. Tu ne veux pas comprendre plutôt. « J’croyais que c’était un retard normal, à cause du stress, comme toujours. Et puis, comme on est allé faire un saut à l’élastique, en général, les sensations fortes, l’adrénaline, ça fout toujours le bordel. Alors, j’ai pas paniqué plus que ça. Mais là, ca commençait à être long. » Elle parle, elle parle, elle parle. Tu n'écoutes qu'à moitié les yeux toujours vissé sur ce petit bâton qui changera votre vie à tout jamais.

« Tu dis quoi ? » qu'elle demande, qu'elle insiste pour avoir une réaction de ta part. Tu lèves enfin les yeux vers elle. Tu remets le bâton entre ses mains. Ça va, tu l'as assez vue. C'est pas que tu veux pas d'enfant, mais tu n'en veux pas maintenant, non. C'est pas ça l'ordre des choses. On étudie, on se trouve un job, on achète une maison et après tout ça on fait des bébés. Là, c'est commencé par la fin. « J'comprends pas… » comment ça pu arriver Même pas foutu de finir une phrase. Pour un coup de pelle en pleine face, c'en est tout un. Vous êtes prudent, non ? Visiblement pas, non. Tu passes ta main dans ton visage comme si ça pouvait t'aider à y voir plus clair. Tu passes au salon, te laisse tomber dans le canapé, souffle un coup. Tu voudrais être content. Tu aurais voulu l'être quand elle te l'aurait annoncer… plus tard, pas maintenant. Elle est sûrement sous le choc elle aussi, non ? Elle doit pas vouloir ça tout de suite elle aussi ? « Comment tu te sens ? » que tu lui demandes par la suite. Probablement la première phrase sensée que tu dis depuis que t'es rentrée. Tu viens attraper sa main pour la tirer vers toi, qu'elle vienne prendre place à tes côtés. Tu poses un baiser sur son front, puis replace une mèche derrière son oreille. Comment elle se sent dans tout ça, c'est ça qui t'importe réellement.

elle avait sauté sur Norman comme un loup aurait sauté sur sa proie des qu’elle aurait baissé sa garde, sans prévenir, sans se manifester avant. La nouvelle était pour le moins surprenante, inatendue puisque ce n’était pas au programme. Pas faute de faire attention, May avalait des hormones en pilule depuis que c’était devenu on ne peut plus sérieux avec Norman. Ils avaient rapidement délaissé les bon vieux préservatifs pour quelques chose qu’ils avaient tous les deux semblé être bien plus fiable pour la contraception. Mais il y a jamais de protection maximale, jamais de cent pour cent. Lisez les notices, y a toujours un risque et si ça concernait une femme sur cent, May faisait parti de l’échantillon ce jour là. Elle qui pensait que ça ne lui arriverait pas, jamais, elle était du genre chanceuse en temps normal, elle était du genre à toujours passer entre les gouttes, mais pas cette fois.
Elle le laisse avec le test entre les mains, parce qu’il vaut mieux deux avis qu’un seul, histoire de voir si elle était pas totalement bête, si elle savait pas lire ce genre d’information mais tout était bien clair. Et Norman en prenait conscience petit a petit aussi. Son visage déconfit, il remet l’objet du mal entre les mains de la blonde, comme un artefact maléfique dont il fallait se débarrasser. Elle n’en voulait pas plus que lui. « j’comprends pas » may le suit du regard, le cœur serré et flippé de le voir filer. Ils sont jeunes, ils sont en appart ensemble mais ils ont encore la vie devant eux, encore dans deux semaines ils avaient prévu d’aller partir pour un aller faire du canioning a quelques heures de Brisbane. Quid de l’activité pour femme enceinte ? Déjà ça c’était le bordel. Alors le reste… « comment tu te sens ? » Qu’il fini par demander, l’attirant vers lui. La blonde se laisse tomber sur les jambes de son petit ami où elle a besoin d’y chercher du réconfort. Elle hausse les épaules. « je sais pas. Je réalise pas. J’ai pas l’impression d’être différente et qu’il se passe un truc en moi. » un truc, c’est plus un truc là, c’est la vie qui prend forme la dedans. « faut que je fasse une prise de sang, pour être sûre. » la, elle saura si ce bâton dit vrai ou pas. « on fait quoi ? » May, elle avait tendance a laisser son avenir entre les main du destin, de croire que ce qui arrive doit arriver et qu’i faut pas agir en contradiction. Et pourtant, l’idée d’avorter lui avait traversé l’esprit aussitôt qu’elle avait vu ces deux barres. Mais la, rien était plus sur. Pourquoi ? Pourquoi pas ? « Redis moi que c’est pour la vie. » rassure la Norman, dis lui que tu lui en veux pas. Elle culpabilise déjà. « j’suis desolée… » parce que forcément c’était sa faute a elle.

Tu viens prendre la main de May pour l'attirer vers toi. Elle se laisse tomber contre ta jambe. L'une de tes mains se glisse dans le bas de son dos alors que l'autre prend place contre sa cuisse. Tu redresses la tête pour mieux la regarder. C'est sûrement juste une mauvaise plaisanterie, pas vrai ? « je sais pas. Je réalise pas. J’ai pas l’impression d’être différente et qu’il se passe un truc en moi. » C'est encore trop tôt probablement. Les nausées et la fatigue ne vont sûrement pas tarder à faire leur apparition. Enfin, tu sais pas trop, c'est pas tous les jours que tu fréquentes une femme enceinte, encore moins du début à la fin de sa grossesse. « faut que je fasse une prise de sang, pour être sûre. » Tu acquiesces d'un signe de tête. Oui, une prise de sang, un rendez-vous chez le doc'. Après tout, peut-être que vous avez mal compris, peut-être que ce bâton est défectueux. Ouais, c'est sûrement ça. Vous êtes prudent. C'est impossible qu'elle soit enceinte. « on fait quoi ? » Par cette simple question, tu as l'impression que toute la décision repose sur tes épaules. T'es pas totalement sûr d'apprécier la pression qu'elle te donne. C'est la vie d'un être humain qui est en jeu, c'est quand même pas rien. C'est pas une décision à prendre à la légère, encore moins à prendre sur un coup de tête  « Hum, on peut commencer par voir un médecin, et après… » Et après quoi ? Putain t'en sais rien. C'est la première fois pour toi aussi. Et tu oses espérer que c'est la dernière fois qu'une telle surprise arrive dans ta vie. Tu ne veux pas forcément que ce soit la dernière fois que May te fasse ce genre d'annonce, juste si la prochaine fois c'est prévu, ce serait mieux. « Après, j'sais pas. » Une étape à la fois. La prise de sang d'abord. La décision ensuite.

« Redis moi que c’est pour la vie. » Elle a la mine triste May. Elle ne semble pas bien du tout. Ses paroles ont tout de même pour effet de laisser un sourire en coin se glisser sur ton visage. Comment peut-elle encore en douter ? Ah les femmes et leurs besoins constants d'être rassurées. Pour la vie, c'est un grand mot ça, mais ce n'est surement pas le temps de lui dire que personne ne peut vraiment savoir de quoi sera fait demain. Tu espères que ce l'est. « Tu sais bien que j'suis fou de toi. » Éperdument amoureux depuis la première fois où tu as posé ton regard sur elle. La dernière nouvelle tombée n'y change rien. « j’suis desolée… » Elle s'excuse, alors qu'elle n'a pas du tout à le faire. Tu sais bien que ce n'est qu'un fâcheux accident. Elle n'a pas fait ça pour te piéger ou quoique ce soit. Ce n'est pas sa faute. Ou plutôt, c'est autant la tienne que la sienne. Ça fait partie des risques à prendre quand on a des relations avec une autre personne. Fallait pratiquer l'abstinence dans le cas contraire. « Le soit pas. On va trouver une solution, ensemble. D'accord ? » que tu lui dis en prenant son visage dans tes mains pour la forcer à te regarder dans les yeux. Tu lui souris pour tenter de dédramatiser la situation. Puis, tu l'embrasses pour conclure le marché. Ensemble, peu importe la décision.

« Tu veux des enfants ? » que tu lui demandes par la suite. C'est quand même une discussion que vous n'avez jamais réellement eu sérieusement. Vous n'en étiez pas là dans votre relation. C'est quand même la première à se poser aujourd'hui. Toi, tu en veux, oui. Tu es même convaincu de vouloir d'elle comme la mère de tes enfants. Maintenant ? Plus tard ?

« Hum, on peut commencer par voir un médecin, et après… » elle hochait la tête , machinalement. Dès le lendemain, May appellera son médecin pour lui demander des conseils, pour savoir quoi faire, pour avoir une ordonnance ou n’importe quoi pour faire cette prise de sang et savoir si oui ou non, ce test disait vrai. « Après, j'sais pas. » elle non plus, après, elle sait pas. Une gynécologue ? Une sage-femme ? Qui ? Où ? Le médecin saura sans doute la guider… les guider. « tu viendras avec moi ? » elle veut pas être seule, elle veut pas avoir à affronter le regard de son médecin, elle flippe qu’il la juge, qu’il fasse des remarques déplacée, alors elle se dit qu’en étant avec Norman, sans doute qu’il oserait pas.
« Tu sais bien que j'suis fou de toi. » c’est un petit sourire rassuré qui s’affiche sur le visage de la blonde. Elle sait, il le dit souvent, lui fait comprendre tout l’temps. Sous les yeux de Norman, May se sent Reine. Mais là, elle était confuse, un peu paumée, flippée que ce soit trop pour lui. Combien de couple se séparent parce qu’il arrive un événement qui était pas prévu ? Elle en connait May, elle connait cette nana à la fac dont le mec l’avait plaqué parce qu’elle était tombé enceinte, et lui aussi, il lui disait surement qu’il était fou d’elle. On est jamais sûre de rien. Elle s’excuse, coupable. « Le soit pas. On va trouver une solution, ensemble. D'accord ? » forcée de le regarder dans les yeux, le regard de Norman se trouvait être doux, protecteur. Il avait aucune mauvaise accusation dans ses pupilles. Les lèvres posées sur les siennes réchauffent le cœur de la jeune Andrews. « D’accord. » elle souffle contre ses lippes et l’embrasse à son tour, marché conclu.
« Tu veux des enfants ? » c’est vrai que la conversation n’avait jamais été soulevée. Que l’occasion s’était pas présentée parce qu’ils étaient bien tous les deux, qu’ils aimaient profiter de cette vie à deux, que c’était pas le moment sans doute, que c’était naturel d’attendre. Là, c’était prématuré. « J’veux une famille. » les enfants, pourquoi pas un chien, ou même un chat, May adore les animaux. Elle a toujours grandit avec une voire deux bêtes à quatre pattes chez les Andrews. Ici, ils n’en avaient pas, pas la place sans doute, et leur installation commune n’était aussi assez récente mais elle en voudrait, tôt ou tard. « j’y ai déjà pensé. J’en ai déjà rêvé. » un rêve secret qu’elle n’avait pas partagé, mais elle revoyait encore des images de cette nuit où sa famille prenait vie dans son imagination. « Et t’étais le père parfait. » la figure paternel, le mari idéal aussi, mais ça aussi, le mariage, c’était pas une question qui s’était posé. « dans mon rêve, c’était un petit garçon, tout blond. » qu’elle dit, en regardant les ton foncés de la tignasse de son petit ami. « Et tes yeux bleus. Un petit ange... » elle regarda un instant son ventre. « est-ce qu’on est prêt pour ça ? » est-ce que quelqu’un était vraiment prêt, pour ça ?

Elle boit tes paroles comme si tu avais la réponse à tout, comme si tu pouvais tout régler d'un claquement de doigt. La vérité reste que tu es autant dans le néant qu'elle. Ce n'est pas tous les jours qu'on met une fille enceinte - encore heureux. « tu viendras avec moi ? » C'est un doux sourire qui prend place dans ton visage. Comme si tu allais la laisser affronter ça toute seule. C'est peut-être elle qui porte désormais cette petite surprise inattendue. Elle ne l'a pas mis là dedans toute seule. « Bien sûr. » Tu avais probablement autant besoin qu'elle d'entendre les mots sortir de la bouche du médecin. Tu avais besoin aussi qu'on vous explique les choix qui s'offraient à vous - il n'en avait pas des tonnes, tu en es bien conscient. Peu importe sa décision à elle, tu seras là pour la supporter, l'épauler. Parce que vous êtes une équipe, parce que tu l'aimes comme un fou et que tu es aussi capable d'assurer les conséquences de tes actes. « D’accord. » C'est un baiser qui scelle cette promesse. Ensemble, quoi qu'il arrive, peu importe votre décision.

Tu tâtes déjà un peu le terrain, aborde un sujet que tu n'aurais jamais pensé aborder aussitôt dans votre relation. Pas aussi sérieusement du moins. « J’veux une famille. » Bon, c'est déjà ça. Toi aussi tu en veux une famille. Tu veux des enfants. Deux peut-être, t'en sais rien. C'est plus vivant, une maison remplie d'enfants. « j’y ai déjà pensé. J’en ai déjà rêvé. » « Ah ouais ? » C'est soudainement un sourire amusé qui prend toute la place. C'est bien un truc de filles ça, de rêver au futur, de penser aux noms qu'on veut donner à ses futurs enfants et toutes ces conneries. C'en est presque adorable au vu de la situation dans laquelle vous vous trouvez. « Et t’étais le père parfait. » Évidemment. Vous serez de bons parents. Tu n'en doutes pas une seule seconde. Est-ce que vous en serez de bon du haut de vos vingt années ? Ça, tu ne peux pas le dire. Vous manquez tous deux clairement d'expérience de vie. Vous n'avez même pas d'emploi stable pour subvenir aux besoins de ce bébé. « dans mon rêve, c’était un petit garçon, tout blond. Et tes yeux bleus. Un petit ange... » Ta main vient doucement se poser sur son ventre, alors que ton regard s'y baisse quelques secondes avant de retrouver celui de May. « est-ce qu’on est prêt pour ça ? » Tu souffles un peu. Non, sûrement pas. Vous êtes encore des enfants vous-même. « On apprendra j'suppose. » Prêt, pas prêt, c'est là. Vous n'aurez pas vraiment le choix d'être prêt. « On aura de l'aide. On ne sera pas tout seul non plus. » Autant tes parents que ceux de May vous aideront dans cette aventure, tu en es certain. Ce sera probablement un choc pour eux aussi, mais ils ne vous laisseront pas tomber. C'est pas comme si vous avez fait exprès non plus. « Ça va bien s'passer. Peu importe notre décision. » que tu ajoutes sans trop savoir si c'est elle ou toi que t'essaies de convaincre.

May contait son rêve et s’y voyait presque déjà, finalement. Se plonger dans une réalité alternative, un enfant dans les bras, petit garçons aux cheveux d’or et aux yeux saphir. Dans son rêve, tout était parfait, tout était en ordre. Norman et May n’avaient même pas l’ombre d’une cerne sous les yeux, pas la moindre trace de fatigue sur le visage. Aucun crainte ne se lisait dans leur regard, tout coulait de source et tout serait si simple. Une belle aventure, une pierre de plus à apporter à leur petite maison. Une famille parfaite, indestructible, de quoi donner envie à May, de quoi lui donner confiance. Confiance en elle, en Norman, en eux. Mais là, elle restait tétanisée à l’idée que tout cela devienne la réalité. Pour le moment, rien n’était confirmé. La main posée sur le ventre de May, Norman se montre toujours un peu plus rassurant et délicat.
« On apprendra j'suppose. » à croire que Norman lui-même était plus proche d’envisager de fonder cette famille que de se diriger vers l’interruption volontaire de grossesse. Une décision, quelle qu’elle soit, qui se prendra à deux, de toutes façons. « On aura de l'aide. On ne sera pas tout seul non plus. » Il devait surement entendre par là qu’ils auront le soutien de leurs proches, les parents de May ne cessaient de parler d’un petit enfant à leur fille, bien que pour elle, sa relation avec Norman n’en était pas à ce point. Forcément, qu’ils seraient présents pour eux, pour May, qu’ils seraient là pour leur apporter conseils, bienveillance, forcément. « Ça va bien s'passer. Peu importe notre décision. » Même si on dirait bien que la décision était presque déjà prise, il faudrait bien se poser clairement la question, quand ils seront sûrs, quand May aura fait cette prise de sang et qu’elle lira noir sur blanc qu’elle est bien enceinte. « J’y vais demain !» elle est décidée, pressée, incapable d’attendre plus longtemps. « J’irai pas en cours, de toutes façons, c’est pas si important. » et c’est là qu’elle attend qu’il lui dise qu’il est prêt à sécher ses cours aussi, Norman. L’assidue, celui qui ne manque jamais une heure, celui qui ne sait plus à quand remonte sa dernière heure buissonnière. Surement quand il était un petit adolescent con et immature, mais là, il prenait bien trop au sérieux ses études pour manquer quoi que ce soit. Mais cette fois, c’était différent. « Et il va falloir annuler le saut à l’élastique à la fin du mois. » Si d'habitude, elle aurait dit cette phrase sous le ton de la déception, ce n'était absolument pas le cas cette fois, peut être même tout le contraire, d'un ton enjoué, bien qu'un peu flippé quand même. Est-ce qu’elle s’y voyait déjà ? Sans doute un peu trop oui. C’est comme si pour elle, c’était déjà acté.

« J’y vais demain !» Elle semble soudainement décidée, excitée même. D'un sens, ça te soulage. Il vaut mieux être certain de cette information le plus rapidement possible. Dans le cas où May ne souhaite pas poursuivre cette grossesse, il y a quand même une date limite pour prendre cette décision. Donc, ouais, il ne faut pas tarder à confirmer qu'il y a bien un bébé qui est en train de se former dans son ventre. « J’irai pas en cours, de toutes façons, c’est pas si important. » Pour elle, s'en doute pas. Même si elle manquerait une journée dans son programme, ce n'est pas la fin du monde. Toi, par contre, ce sont des cours chargés et importants. Tu peux pas te permettre d'en manquer beaucoup sans risquer un échec. Tu as déjà travaillé si fort pour te rendre jusque là. « Tu peux essayer de le prendre en après-midi ? J'ai un examen important le matin. » Un examen où tu auras sans doute bien du mal à te concentrer. Tu avais prévu de réviser toute la soirée, mais tu n'es plus si certain que tu y arriveras. Mais bon, ça va, tu es prêt. Tu maîtrises bien la matière. Pourquoi est-ce que tu es soudainement angoissé ?

« Et il va falloir annuler le saut à l’élastique à la fin du mois. » Ah. Ça commence déjà. C'est que ça fait vraiment longtemps que c'est prévu et que tu as hâte d'y aller. T'as pas forcément envie d'annuler. Vraiment pas même. May ne semble même pas déçue de ce qu'elle avance à voix haute. Elle semble même contente. Elle ne devrait pas se faire trop d'attente. Et si le test était défectueux ? Ce ne serait pas si surprenant. Après tout, vous êtes prudent. Assez pour qu'une telle erreur n'arrive pas. « On peut attendre d'être sûre avant d'annuler quoi que ce soit. » que tu lui réponds en te grattant derrière la tête, légèrement, très légèrement, gêné par tes arrières pensées. Tu te retiens d'ajouter que c'est pas parce que elle, elle ne peut plus que tu dois forcément ne pas y aller toi aussi. C'est pas vrai que ce bébé même pas né va déjà t'empêcher de faire ce que tu veux. Tu pourrais sans doute faire un effort pour l'accompagner pendant ces minuscules neuf mois. Mh, tu pourrais… « On sera fixé demain. Essaie de ne pas te faire trop d'attente, d'accord ? » Tu as déjà l'impression que peu importe qu'elle soit ou non enceinte, il y aura une pointe de déception autant de ta part que de la sienne. Il ne faut pas trop s'emballer avant d'être certain du résultat. La nuit sera affreusement longue. L'avant midi le sera encore plus. Demain, vous pourrez prendre des décisions pour de vrai. Pour l'instant, vous nagez toujours dans l'incertitude. Ça ne sert à rien de vous torturer l'esprit d'ici là.

« Tu peux essayer de le prendre en après-midi ? J'ai un examen important le matin. » Elle sait pas si ça a une importance, matin ou après midi, May. Elle a bien envie de dire oui, mais sans le doute, elle appellera quand même pour s’assurer qu’il y a pas une heure où c’est plus efficace, plus sure. « Si j’peux, oui. » enfin, elle, elle est sûre qu’elle pourra se libérer, mais matin ou après-midi, ça dépend pas d’elle. « Et si, c’est que le matin… j’irai toute seule. » elle était bien moins emballée par cette option là, mais si Norman avait un examen important, bien sûre que c’était aussi normal qu’il s’y rende. May savait combien ses études étaient importantes pour lui, comparé à elle qui s’était réfugiée dans une filiale qui finalement, ne la branchait pas tant que ça. La comptabilité n’était pas son domaine de prédilection et puis, elle n’avait rien qu’elle ne pouvait pas se permettre de manquer. « de toutes façons, tu vas encore tout déchirer. » parce qu’elle voyait toujours en lui le meilleur. Norman était parfait, il réussissait toujours tout. Il se donnait les moyens, le temps, il faisait des efforts et elle le voyait réviser régulièrement, avec sérieux. Elle respectait son engagement et quelques part, elle jalousait aussi qu’il ait trouvé sa voie, comparée à elle. Mais elle le soutenait toujours pour avancer et pour se donner à fond.
« On peut attendre d'être sûre avant d'annuler quoi que ce soit. » elle hocha la tête « oui, oui, bien sûre… » elle n’avait pas l’intention d’annuler cette sortie avant de n’être certaine qu’il y avait bien un bébé qui se développerait dans son corps. Mais, elle s’imaginait déjà ne pas pouvoir participer au saut. « Mais d’ailleurs, même si moi j’peux pas… on pourra quand même y aller ensemble… et j’serai là pour te voir sauter. » le soutenir avant le grand saut. L’adrénaline qu’ils cherchaient, toujours plus haut, toujours plus fort, si May avait le courage de toujours pousser ses limites, c’est avant tout parce que Norman l’encourageait à chaque fois et la rassurait en même temps. Elle aimait se dire que c’était pareil dans l’autre sens. « On sera fixé demain. Essaie de ne pas te faire trop d'attente, d'accord ? » peut être qu’en l’espace de quelques minutes, elle avait fini par s’emballer un peu trop vite, la jeune blonde. « t’as raison. » toujours avec précaution, Norman était la raison dans ce couple, toujours à ramener à la réalité. Elle vient poser son front contre celui du brun, plongeant son regard dans le sien avant de fermer les yeux un court instant. « j’ai de la chance… » elle ouvrit à nouveau les yeux. «… De t’avoir. » qu’elle termine avant de venir embrasser son petit ami. « le nouvel épisode d’Angel va être diffusé ce soir… tu veux réviser pour ton examen ou on regarde ensemble ? » elle demande, en se redressant. elle se doutait bien qu’il avait pas prévu de regarder cette série pour sa soirée, qu’il avait autre chose en tête, mais c’était une façon détournée de lui demander d’au moins passer cette soirée avec elle, parce qu’elle savait que la nuit allait être longue… très longue.

« Si j’peux, oui. Et si, c’est que le matin… j’irai toute seule. » « Quoi ? Non. On prendra le lendemain sinon. » Vous n'êtes quand même pas à une journée près de devoir savoir. C'est pas une journée qui va vraiment changer quelque chose, même si le plutôt sera le mieux. Tu préfères quand même attendre une journée de plus que de la laisser affronter ce rendez-vous médical toute seule. Tu veux être là en cas de bonnes ou de mauvaises nouvelles - sans savoir qu'elle était la bonne et la maison. Tu veux être là pour pouvoir encaisser la nouvelle à deux. Ensemble, c'est toujours mieux que seul. « de toutes façons, tu vas encore tout déchirer. » Tu doutes un peu de ses paroles, mais tu lui souris quand même doucement. En temps normal, oui, sûrement, mais les derniers événements risquent de te préoccuper l'esprit. Peut-être que tu devrais pas y aller, reprendre l'examen une autre journée. Tu as une bonne raison, non ? D'ailleurs, May commence déjà à s'emballer, commence déjà à réfléchir sur le programme de leur prochaines semaines. Elle parle déjà d'annuler leur saut. Elle s'emballe trop. Pourquoi tu as l'impression qu'elle va être déçue ? « oui, oui, bien sûre… » Elle est plus ou moins convaincante dans ses paroles, mais elle semble soudainement réfléchir. « Mais d’ailleurs, même si moi j’peux pas… on pourra quand même y aller ensemble… et j’serai là pour te voir sauter. » Ah. Finalement, tes paroles détournées ont eu l'effet escompté. Même si tu te sentais un peu con d'avoir de telles pensées, ça ne semble pas être un problème pour elle. Ah moins, qu'elle cache bien son jeu. « J'adorerais ça. » que tu conclus en posant un baiser sur son front.

« t’as raison. » Doucement, May vient poser son front contre le tien alors que l'une de tes mains vient se glisser au travers de ses mèches dorées. « j’ai de la chance…De t’avoir. » Tu souris juste avant qu'elle vienne te voler un baiser contre tes lèvres. « On a de la chance. » Tu te considères autant chanceux de l'avoir dans ta vie. Vous vous complétiez à la perfection. C'est pas donné à tout le monde de rencontrer le grand amour aussi jeune, parce que t'es convaincu de vouloir passer ta vie avec elle. Elle n'est pas parfaite May, mais elle est parfaite pour toi. C'est toi qui a de la chance qu'elle ait accepté de sortir avec toi la première fois. « le nouvel épisode d’Angel va être diffusé ce soir… tu veux réviser pour ton examen ou on regarde ensemble ? » Tu n'es pas vraiment convaincu que ta révision de ce soir sera vraiment utile, mais tu vas quand même le faire juste par principe. « J'devrais pouvoir faire les deux. » Tu peux bien prendre une heure de ta soirée pour regarder ça avec elle. De toute façon plus ta soirée est occupée, mieux c'est.

Parce que non, tu as à peine fermé l'oeil cette nuit. Et quelque chose te dit que c'est pareil pour la blonde à tes côtés. D'ici quelques heures, votre vie de jeune couple prendra une toute autre direction, passant directement par la case bébé. Ça ne fait rien. Vous êtes assez solide pour ça. Pas vrai ?