ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
@ANGUS SUTTON & MAISIE MORIARTY ⊹⊹⊹ you better run boy, run, but be afraid. cry boy, cry, don't play the game, gravity holds me down.
(FLASHBACK). Je regarde l’heure qui défile sur l’horloge murale alors que cette foutue queue n’avance pas. Je n’ai jamais été patiente et aujourd’hui, celle-ci est mise à rude épreuve, mes quatre colis que je tiens péniblement dans mes bras et l’heure qui me rapproche toujours plus du moment où il faudra vraiment que je parte pour chercher Lee à l’école. Je ne peux pas prendre le risque d’être en retard, ni par rapport à mon frère, ni par rapport à mon business ; ces commandes doivent être envoyées aujourd’hui sans plus tarder si je veux continuer à fidéliser ma clientèle en respectant les délais que nous avons fixés d’un commun accord. Je sais que mettre au même niveau mes culottes sales et mon petit frère est très largement discutable, pour autant ce sont bien les premières qui m’aident à payer les loisirs du second, d’où leur importance. À aucun moment je n’ai pensé que cette manière de me réapproprier mon corps serait susceptible de devenir un vrai métier ; et je vous entends déjà me rire au nez à l’idée qu’il s’agisse d’un « vrai » métier. Mais bien qu’il soit discutable, il a le mérite d’être honnête : je suis consentante autant que mes clients et même si je me retrouve parfois à devoir outrepasse les limites de la bienséance (et les miennes par la même occasion), je ne regrette rien. L’apport financier n’est pas encore extraordinaire, mais il me permet d’assurer une certaine sécurité à Llewyn autant qu’une certaine confiance en moi qu’il est bien difficile d’expliquer. C’est la raison pour laquelle je m’abstiens de me vanter à qui veut l’entendre que je vends mes sous-vêtements et que, le plus dégueulasse ils sont, le plus gros je gagne, parce que je passerai sûrement pour une folle peu respectable alors qu’à contrario, je pense que cela fait de moi quelqu’un de très responsable d’avoir pris les choses en main (en fesses ?) pour arranger mes affaires autant que celles de Lee. Et puis... il y a quelque chose de sacrément plaisant à provoquer la société de cette façon, même si cela reste un grand secret ; le plus dérangeant étant probablement que mon frère aîné soit l’un des seuls au courant de ce business. Mais qu’importe, ça m’amuse plus que ça me dégoûte, ça me donne un sentiment de pouvoir qui n’est pas malsain et puis, l’argent n’a jamais été aussi facile, alors pourquoi me poser des questions sur le côté dégueulasse, malsain, bizarre, ou tout autre adjectif péjoratif de la chose ?
Alors ma bonne humeur à l’idée d’avoir une belle semaine de vente n’a pas intérêt à être mise à mal par la vitesse d’escargot des employés de cette filiale. Ils prennent un temps fou à servir les gens et je m’agace. Chacun son job, soit, mais chacun doit aussi le faire en étant efficace, ce dont je me permets de douter alors que mon regard passe d’un sas à l’autre et que je constate qu’aucun ne semble bien réactif. Depuis quand les gens ont le temps dans une ville comme Brisbane ? Tout devrait être chronométré et rapide ; nous ne sommes pas dans une ville paumée en campagne où la guichetière à le temps de demander si Rex a réussi à évacuer ses cailloux. L’heure défile et moi, je n’avance pas, m’obligeant finalement à m’écarter très légèrement dans la foule, justifiant « un instant » aux gens derrière moi pour qu’ils ne soient pas tentés de me griller la priorité. Mes colis posés sur un banc à côté de la file, je sors rapidement mon téléphone pour envoyer un memeà Llewyn lui informant de mon retard, parce qu’il sait comment je fonctionne et qu’une image vaut mille mots, autant que j’ai envie de le faire rire pour qu’il oublie de m’en tenir rigueur. Lorsque je glisse le téléphone dans ma poche, que je m’apprête à saisir mes colis pour reprendre ma place, c’est finalement ma voix qui s’élève quand je constate que la queue n’a peut-être pas beaucoup avancé, mais elle a changé et ma place n’est plus. « Sutton ! » J’interpelle le coupable (évidemment, qui d’autre que lui ?), m’en fichant bien du niveau sonore de ma voix alors que mon bras attrape son poignet – la seule chose à ma portée chez lui, puisqu’il faut évidemment que l’imbécile fasse à peu près huit têtes de plus que moi. C’est un réflexe autant que l’action qui vise à le réprimander tandis qu’une fois arrêté, face à moi, je le lâche (ou il me convainc de le faire), mes bras qui viennent se croiser sur ma poitrine et mon regard noir qui le juge. « Les règles s’appliquent à tout le monde, t’attends ton tour. » Je sais que l’entrecôte tend à se sentir plus important que le reste de la population, mais ce n’est certainement pas une raison pour s’accorder des privilèges auxquels il n’a pas le droit. À la rigueur, il serait le Prince Harry que son méfait sera pardonné, mais jusqu’à preuve du contraire, il n’est personne et certainement pas quelqu’un d’un minimum important. Je saisis mes colis à bout de bras avant de me remettre dans la file, devant lui, à la place qui est la mienne. « C’est pas parce que tu fais 2 mètres qu’il faut oublier de redescendre sur terre de temps à autre. » Je siffle entre mes dents, agacée, bien que la raison de mon énervement soit désormais liée à ce visage que je ne veux pas voir même dans mes pires cauchemars que cette file qui, décidément, ne semble pas avancer.
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Dernière édition par Maisie Moriarty le Jeu 17 Aoû 2023 - 4:36, édité 1 fois
La journée a été longue entre les demandes incessantes de Saül et le lancement des préparatifs du Black Friday autant dire que je n’ai pas eu un instant pour jeter un coup d’œil à ma montre. Il est maintenant bien trop tard pour que je puisse aller chercher Samuel à l’école tout en faisant un détour par la poste pour envoyer les dernières commandes. « Coucou Bonnie, c’est Angus. Dis-moi, est-ce que tu pourrais aller chercher Sam à l’école et rester avec lui une heure ou deux s’il te plait ? C’est la merde au boulot et je dois encore passer par la poste pour envoyer les commandes de freelance. » Je lâche le bouton d’enregistrement du message vocal et patiente un moment, le regard posé sur l’écran jusqu’à ce qu’un vu apparaisse en dessous de la bulle verte. Il ne lui faut pas longtemps à Bonnie pour me répondre, c’est sans doute l’une des nombreuses qualités que j’apprécie le plus chez cette fille.
Bonnie Pas de soucis Angus, j’y serai. Il faudra qu'on discute des vacances qui approchent à grands pas. À plus tard, bisous
Je me rattraperai, comme je le fais toujours lorsqu’un imprévu pointe le bout de son nez ce qui n’enlèvera rien à la culpabilité que je peux ressentir et qui me bouffe à chaque fois que je manque à mes devoirs de grand frère. Je quitte la tour de verre, les bras chargés de mes pochettes d’expéditions et file tout droit vers le bureau de poste le plus proche. La queue que je peux déjà apercevoir à travers la façade vitrée du bâtiment me donne envie de remonter dans mon véhicule pour faire machine arrière. Depuis quand c’est devenu à la mode de se rendre à la poste ? La moyenne d’âge des gens que je peux y croiser n’a jamais été en dessous de la soixantaine bien dépassée ce qui a toujours le don de m’agacer. Parce que les vieux sont lents, qu’ils n’ont plus de raison d’être pressés tout simplement. Je crois aussi que c’est leur seule sortie hebdomadaire avec le primeur du coin alors ils en profitent pour taper la causette à qui voudra bien leur tenir la main comme la caissière du supermarché ou celle qui se trouve derrière le guichet du bureau de poste dans lequel je viens tout juste d’entrer par exemple. J’attrape un ticket et m’incruste derrière une brune dont le dos n’a rien de celui d’une septuagénaire. Plus les minutes passent et plus ma patience se rapproche dangereusement de la rupture de stock. Je passe le temps comme je le peux en répondant à quelques mails jusqu’à ce que le tamagotchi de Sam fasse un drôle de bruit. Je le sors pour y découvrir un petit Arlo mort de faim et plus que déshydrater. En plus d’être un frère bidon, je me retrouve à être un éleveur de dinosaure pixelisé en carton. Je soupire tentant de sauver le fidèle compagnon de mon frangin d’une mort prématurée. « un instant » La fille de devant se décale sur le côté m’offrant sa place dans la rangée. Qui va à la chasse perd sa place et y’a pas de pêche qui tienne avec moi. Elle n’avait qu’à réfléchir à deux fois avant de sortir de la file pour pianoter quelque chose sur son téléphone portable. « Sutton ! » J’arque un sourcil lorsque j’entends mon nom résonner dans la pièce, mon regard se porte sur l’inconnue qui vient de relever la tête pour révéler ce visage qui a bien changé au cours des dernières années. Maisie Moriarty, la petite sœur du mec qui m’a fait perdre mon premier job étudiant. Ses doigts viennent attraper mon poignet tandis qu’un sourire moqueur se dessine sur le bout de mes lèvres comme si sa petite carrure pouvait bloquer le moindre de mes faits et gestes. « Pas touche, la mouche. » que je lui lance alors que je délivre ma main de celle de la jeune fille. J’aurais dû mettre du répulsif, si y’a bien un truc que je déteste dans cette ville, c’est les Moriarty même si fut un temps, son frangin était celui avec qui j'aimais passer le plus clair de mon temps. « Les règles s’appliquent à tout le monde, t’attends ton tour. » Elle a changé, Maisie. Je la regarde n’ayant que faire de ses sermons. Si elle semble tout aussi petite que lorsque je l’ai connu y’a un truc de différent dans son tempérament. « T’as quitté la file non ? Donc soit tu demandes aux gens s’ils veulent bien te laisser passer devant eux, soit tu retournes à la case départ. » Je lui montre l’arrière de la file de mon pouce. Elle est bonne celle-là, son raisonnement est tout ce qu'il y a de plus foireux. C'est trop facile, dans ce là j'ai plus qu'à faire comme elle. Je vais venir le matin, m’absenter un instant et revenir en fin de journée pour me remettre en tête de queue parce que c'est le règlement. « C’est pas parce que tu fais 2 mètres qu’il faut oublier de redescendre sur terre de temps à autre. » Sa phrase m’arrache un soupir, c’est qu’elle empeste la jalousie. C’est pas avec ses 1m70 qu’elle risque de décrocher les étoiles, ça c’est sûr. Je me pince les lèvres posant mon coude sur le dessus de sa tête. « Écoute, t’es gentille mais t’as pas l’air d’être une lumière alors j’vais te donner un conseil. Cesse un peu ton caprice et dépêche-toi de rejoindre la fin de la file parce que plus tu perdras ton temps à bavarder en ma compagnie, plus les gens arriveront et donc la distance entre toi et le guichet sera d’autant plus grande. Est-ce que ça fait sens ? » J’ôte mon avant-bras du dessus de son crâne pour venir tapoter son front de mon index, avec un peu de chance le message est passé même si ça ne m’étonnerait pas qu’elle ait les synapses mal connectées. C’est du made in Moriarty tout craché. « Et puis d’abord qu’est-ce que tu peux bien cacher dans ces colis ? » Je fronce les sourcils jetant un coup d’œil aux boites en cartons toujours posées sur le banc derrière elle. Si mes souvenirs sont bons, elle doit avoir la vingtaine tout au plus et la poste ne fait pas réellement partie des endroits qu’on côtoie souvent à son âge. Sa génération a baigné dans la technologie, aujourd’hui les textos ont remplacés les courriers et les seuls colis qu’on reçoit sont ceux qu’on a commandés sur le net. « Des habits bien trop grands pour toi ? Ou les derniers objets volés par ton frangin peut-être ? » que je me moque. Deux vieilles se retournent pour nous dévisager, probablement offusquées par les propos que je viens de tenir à propos de son ainé.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
J’essaie d’être optimiste, je vous jure que j’essaie. J’essaie de relativiser en me disant que la file va forcément avancer à un moment ou à un autre ; qu’au pire des cas, je suis dans celle-ci et qu’il y a des gens derrière moi qui auront bien plus de retard que moi (s’ils sont pressés, ce dont je doute pour être honnête). Je me dis que même si je suis agacée contre les employés, ils ne font que leur boulot (même à une extrême lenteur) ce qui implique que mon tour viendra forcément. Il y a plein de petites choses qui sont passées en revue dans mon esprit pour m’aider à ne pas m’énerver face à la lenteur de la file. Il n’y a pas mort d’homme, Lee est assez grand pour se gérer seul si nécessaire, je doute néanmoins que l’école s’en fiche de voir un gamin seul dans la cours et que quelqu’un restera avec lui, dans le pire des cas la personne accusée de négligence sera ma mère, ... il y a un nombre incalculable d’idées qui défilent dans ma tête et qui visent à diminuer mon rythme cardiaque qui s’emballe sous le stress de voir l’heure défiler. Mais parmi toutes les solutions, aucune ne me permet d’accepter le fait que celui qui vient de griller ma place au moment où j’ai eu le malheur de chercher à poser mes colis pour prévenir Lee soit Angus Sutton, le diable personnifié. Non, c’est même trop gentil de ma part, le diable a de la personnalité et du charisme, deux choses qui manquent cruellement au Sutton. Il porte bien son prénom, il a le regard aussi vide qu’une vache et l’intelligence, j’en parle même pas. Je ne suis même pas dure avec lui, c’est une réalité, sinon il aurait compris que m’éloigner de la file une seconde pour libérer mes mains n’est pas une invitation à me piquer ma place. Les gens civilisés ne l’auraient pas fait ; mais après tout, qu’est-ce que j’attends de ce type ? Il joue au petit snob alors qu’il n’est rien à l’échelle du monde, ce qu’il a tendance à oublier et que je m’assure de lui rappeler à la moindre occasion. C’est con, pourtant, parce que je n’avais rien contre lui, au contraire. Je le trouvais même plutôt cool, Angus, quand il traînait avec mon frère. Un peu impressionnant, surtout intimidante et assez fascinant. Il n’est plus rien de tout ça depuis qu’il a décidé (ou j’ai décidé, je ne sais plus vraiment) de le ranger dans la mauvaise case à cause de son historique avec Kyle. Je sais que mon frère est le roi des mauvaises décisions, mais ça n’implique pas que j’en sois une partisane et Angus n’a aucune raison de me prendre en grippe si ce n’est une rancœur mal digérée (il devrait péter un coup, après tout, les vaches savent bien faire ça, non ?).
J’attrape son poignet pour lui faire comprendre de mon agacement et l’obliger à me regarder, sans quoi il ferait sûrement mine de s’amuser de ma petite taille en regardant par-dessus le sommet de mon crâne au lieu de planter ses yeux dans les miens, colériques. C’est d’autant plus stupide que je suis plutôt grande comme fille, c’est juste lui qui est disproportionné et qui aime en faire un avantage. Le seul avantage que ça donne, c’est que je suis à bonne hauteur pour lui attraper les bijoux de famille s’il continue sur ce ton. « Pas touche, la mouche. » Je soupire avant de râler sans me soucier des oreilles qui pourraient nous entendre. « Désolée, c’est dans nos habitudes de traîner autour des bovins. » J’ajouterais bien « qui puent », mais même face à cet abruti, je sais rester respectueuse (non, ma phrase ne me contredit pas, voyons) et je m’évite toute critique sur son physique, seulement des constats. Le constat est qu’il ne pue pas, me voilà bien empruntée pour frapper. « T’as quitté la file non ? Donc soit tu demandes aux gens s’ils veulent bien te laisser passer devant eux, soit tu retournes à la case départ. » Mais bien sûr. L’abruti se transforme en connard. « Parce que tu vas évidemment accepter de me laisser passer devant toi. » Évidemment que non, la politesse et autres règles de société semblent être inconnues pour Angus, c’est une certitude que j’ai acquise au fil de nos conversations. Un instant, je suis tentée de le supplier, de lui dire que j’ai quelque chose de très important à faire (c’est vrai), que ma vie en dépend (c’est faux), puis je me rétracte en songeant au fait que jamais, jamais, je ne m’inclinerai devant Sutton, même s’il était le seul remède à ma mort imminente. « Sérieusement, t’as cinq ans ? J’ai quitté la file dix secondes, c’est pas comme si j’étais partie me boire un café. » Il abuse. Il abuse vraiment ; il abuse dès le moment où il est dans mon champ de vision, mais ça, c’est une autre histoire. « Personne râle à part toi, je te signale. » Preuve en est que tout le monde accepterait de me laisser passer, sauf lui. Puis, de toute façon, je ne lui demande pas son avis. Je sens une pression sur mon crâne et je relève les yeux, colériques, avant de déposer mes prunelles sur lui. Il a de la chance que ce soit mon business dans ces colis, sinon je n’aurais pas hésité à les lui balancer dans la figure, en ouvrir un et lui faire bouffer ma culotte sale au milieu de la file. « Écoute, t’es gentille mais t’as pas l’air d’être une lumière alors j’vais te donner un conseil. Cesse un peu ton caprice et dépêche-toi de rejoindre la fin de la file parce que plus tu perdras ton temps à bavarder en ma compagnie, plus les gens arriveront et donc la distance entre toi et le guichet sera d’autant plus grande. Est-ce que ça fait sens ? » Son index vient tapoter mon front, j’en profite pour m’en saisir avant qu’il ne le retire et lui le plier doucement pour lui faire comprendre mon désaccord, même si je n’irai pas jusqu’à lui le briser. L’envie ne manque pas, mais les frais médicaux qui seront à ma charge me dissuadent (car évidemment que Sutton demandera une chambre avec vue sur le parc et quatre repas par jour pour diminuer le traumatisme d’avoir un doigt en moins, mettant à mal ses séances quotidiennes de masturbation, quel drame). « C’est toi qui parle tout seul depuis tout à l’heure. » Et non moi qui bavarde avec lui, il est essentiel de le préciser. « Je sais que t’aimes t’entendre parler, mais si tu manques de compagnie, le quartier des putes c’est à Fortitude. Vas-y après 23h, je suis sûre que tu trouveras quelqu’un qui t’écoutera, mon pauvre chou. » Je relâche son index et j’essuie ma main contre ma robe, il ne faudrait pas que je sois contaminée par sa bêtise (c’est sûrement déjà fait, vu à la vitesse où ça se propage), alors que je me dirige vers la chaise pour reprendre mes colis et me replacer devant lui, à ma place (j’ai dit que j’en avais rien à foutre de son avis ? Eh bah je le répète). « Et puis d’abord qu’est-ce que tu peux bien cacher dans ces colis ? » Je le fusille toujours du regard, c’est un geste naturel quand il est face à moi. « Tu fais partie des douanes, maintenant ? Je croyais que t’aspirais à mieux. » Et certainement pas à traîner avec les cas sociaux que nous sommes, nous, les Moriarty, n’est-ce pas, Sutton ? « Des habits bien trop grands pour toi ? Ou les derniers objets volés par ton frangin peut-être ? » Cette fois, c’en est trop. Il n’a pas à se moquer de mon physique ; il n’a surtout pas à se moquer des déboires de mon frère. Kyle est quelqu’un de bien, quoi que ses mauvaises idées et décisions puissent en dire. Je suis désolée qu’Angus en ait fait les frais, mais je ne suis pas responsable des actions de mon frère et il serait temps que ça s’inscrive dans sa boîte crânienne, à croire que celui qui n’est pas une lumière n’est pas celui qui a été désigné plus tôt. « Le reste de ta dignité, des fois que tu la chercherais pour la racheter. » Même si elle est en piteux état et qu’il y a un sérieux problème à tout ça. « Mais je doute que ce soit possible. » Quelqu’un qui s’abaisse à insulter la famille d’un autre (c’est ce que je ressens) n’a aucune dignité et tous les efforts du monde ne pourront rien changer. « Mon frère a volé pour me payer à manger et des vêtements, il en avait marre que je doive faire les poubelles et que je ressemble à une clocharde même si c’est ce que je suis. » Je connais très bien l’avis d’Angus sur moi, sur mes frères. Je tourne la tête et m’adresse aux deux vieilles qui se sont rapprochées pour écouter la discussion, qui se sont mises du côté d’Angus aussitôt le terme « volés » prononcé. S’il veut nous donner en spectacle, il n’y a pas de raison que je n’essaie pas de les rallier à mon cas, aussi mensonger soit-il, pour qu’elles soient désormais offusquées par le manque de compréhension de l’autre idiot. Ma voix doucement brisée et mes yeux volontairement mouillés comme dernier signe de l’humiliation que je veux lui offrir, je me retourne pour avancer d’un pas dans la file et ne plus lui prêter attention.
Je tente de me remémorer la dernière fois que mes yeux se sont posés sur Maisie Moriarty alors qu’elle se trouve devant moi, ses doigts encerclant mon poignet. Il me semble que ça fait un paquet d’années, bien trop pour que je puisse les compter. Nous n’avons jamais réellement trainé ensemble, elle et moi. Maisie faisait partie de ses rencontres fortuites qu’il m’arrivait de faire lorsque je trainais encore avec son frère ainé, c’était la petite protégée, celle avec qui je prenais plaisir à discuter en attendant Kyle sur le perron menant à leur porte d’entrée. Elle devait avoir treize-ans à l’époque et pour cet âge, je la trouvais déjà bien plus mature que la plupart des petites sœurs de mes autres potes. C’est fou de se dire que pas plus tard que ce qui semble être hier, les Moriarty étaient, pour moi, les personnes les plus cools de cette ville. Et puis les choses ont changé, c’est sûrement ça devenir adulte, tirer un trait sur certaines relations du passé. « Désolée, c’est dans nos habitudes de traîner autour des bovins. » Je libère ma main de son emprise sans grande difficulté levant mon majeur en y ajoutant un sourire digne de ce nom. C’est déroutant de voir à quel point elle a pu changer, mais ce qui l’est encore plus, c’est le nouveau ton que peuvent avoir nos conversations comme si nous nous étions toujours détesté. J’essaye de lui expliquer les fondements même du code de conduite que l’on signe inconsciemment lorsqu’on s’insère dans une file d’attente ce qu’elle n’a pas l’air de piger. « Parce que tu vas évidemment accepter de me laisser passer devant toi. » Je lâche un rire, ce n’est pas du tout ce que j’ai voulu sous-entendre puisque la réponse est claire et qu’il est hors de question qu’elle vienne se placer devant moi. Non, je faisais référence à la bonté des gens se trouvant derrière moi puisqu'avec un peu de chance elle n’aura perdu qu’une place, celle que je viens de lui voler. « Sérieusement, t’as cinq ans ? J’ai quitté la file dix secondes, c’est pas comme si j’étais partie me boire un café. » - « C’est toujours dix secondes de trop. » J’hausse les épaules, un faux sourire compatissant sur le bout de mes lèvres charnues. Je lui fais signe de déguerpir après m’être retourné pour me rendre compte que la fin de la file se trouve à présent en dehors du bureau de poste. « Personne râle à part toi, je te signale. » Dit celle qui est en train de me pondre un vieux caprice pour une place qu’elle a laissée en plan de façon totalement volontaire. Si les vieux aiment attendre, ce n’est pas mon problème. J’ai un petit frère à aller chercher, un repas à préparer, des dossiers sur lesquels je dois encore bosser et une mère que je dois réveiller. J’ai pas le temps pour ses conneries et si c’était pas Maisie qui se tenait devant moi, ça ferait bien longtemps que je l’aurais envoyer chier une bonne fois pour toute. Mais c’est bien elle qui se trouve ici et y’a une infime partie de moi qui me pousse à être plus courtois que d’ordinaire en guise du bon vieux temps et de la fille qu’elle était mais qu’elle ne semble plus être. Je pose mon coude sur son crâne ne pouvant m’empêcher de plonger mes yeux dans les siens, elle a l’air en colère Moriarty et ça a le don de m'amuser. Ma mimique se transforme rapidement en grimace lorsqu’elle attrape mon doigt pour le tordre, je m’abaisse légèrement comme si ce geste pouvait m’aider à avoir moins mal. « C’est toi qui parle tout seul depuis tout à l’heure. » - « Lâche mon doigt. » que je peste, c’est plus un avertissement qu’un ordre. Les gens nous regardent sans broncher, je peux entendre quelques plaintes parmi les chuchotements de vieilles mégères. « Maisie. » Je lui lance un regard noir passant mon index et mon pouce sur le derrière de sa cuisse pour lui pincer une infime partie de sa peau lactée. « Je sais que t’aimes t’entendre parler, mais si tu manques de compagnie, le quartier des putes c’est à Fortitude. Vas-y après 23h, je suis sûre que tu trouveras quelqu’un qui t’écoutera, mon pauvre chou. » Elle finit par lâcher mon index tandis que j’exerce une dernière pression sur le derrière de sa jambe avant de me redresser. Je n’avais jamais entendu de grands-mères s’offusquer à l’unisson jusqu’à maintenant. Pourtant c’est souvent ce qui arrive lorsqu’on respire le même air qu’un Moriarty un peu trop longtemps, c’est un des nombreux effets secondaires qu’aucun traitement ne pourra jamais contrer. « Je serais curieux de voir à quoi ressemble ton curriculum vitae car t’as l’air de sacrément t’y connaitre. Y’a pas de sous métier, tu sais. C’est juste que j’trouve ça bizarre, j’ai toujours pensé que la fille de mes souvenirs désirait plus qu’un simple bout de trottoir. » Elle s’éloigne une nouvelle fois pour aller récupérer ses colis avant de revenir se positionner devant moi balayant ainsi tout ce que j’ai pu lui dire à propos du code de conduite. « Tu fais partie des douanes, maintenant ? Je croyais que t’aspirais à mieux. » qu’elle me répond quand j’ai le malheur de la questionner sur le contenu des boites en carton qu’elle tient fermement entre ses mains. « C’est déjà mieux qu’un job sur fortitude. Pauvre chou, c’est le surnom que tu donnes aux mecs qui s’arrêtent pour t’accoster ? » Elle m’a cherché et je ne fais que lui rendre la monnaie de sa pièce, la traitant comme mon égale à défaut de prendre des pincettes sous prétexte que ce soit une fille et qu’elle soit plus jeune que moi. Je fais un pas sur le côté pour sortir de la file, un pas en avant et puis un autre pas sur le côté pour m’insérer à nouveau devant elle et reprendre la place qui me revient de droit. « Le reste de ta dignité, des fois que tu la chercherais pour la racheter. » Elle me fait rire, Maisie, même quand la situation n’a rien de drôle. « Mais je doute que ce soit possible. » Je me retourne pour la regarder car le ton de sa voix a changé. Elle semble sérieuse cette fois-ci, bien plus que toutes les fois où elle a pu me tacler. « Mon frère a volé pour me payer à manger et des vêtements, il en avait marre que je doive faire les poubelles et que je ressemble à une clocharde même si c’est ce que je suis. » C’est les sourcils froncés que je l’observe, elle est les deux mamies qui se rapprochent de sa silhouette pour la prendre dans ses bras. « Ça va aller mon enfant, vous êtes magnifique. » Je lève les yeux au ciel jusqu’à ce que sa copine septuagénaire vienne me donner un coup de sac à main. « Et vous, mon garçon, ce n’est pas une façon de parler aux femmes. Vous devriez avoir honte ! »Je retiens un grognement et m’apprête à riposter mais mes yeux se posent à nouveau sur Maisie dont le regard est à présent voilé par ce qui ressemble à des larmes. « Je- attends quoi ? » C’est bien la première fois que je la vois dans cet état et je m’attendais à tout sauf à ça. J’ai toujours su que Kyle ne roulait pas sur l’or, c’est aussi un point commun que nous avions et qui n’a fait que resserrer les liens de notre amitié. Je vois pas dans quel monde il ne m’en aurait pas parlé, c’est pas comme si ses petites effractions étaient un secret pour moi ou que nous n’étions pas assez proches pour qu’il puisse me confier des choses au sujet de sa situation financière. Je me rejoue sa phrase en boucle ainsi que le son de sa voix brisée. « Excusez-vous jeune homme et laissez-la passer, bon sang ! La galanterie, c’est plus ce que c’était. » Je n’ai que faire du ton moralisateur de la grand-mère, mes yeux ne quittent pas le visage de la brune et pour une fois je me retrouve à court de mots. Elle s’avance pour me passer devant et je ne fais rien pendant un moment si ce n’est fixer ses cheveux en bataille. « Ton frère n’avait qu’à pas jouer au con, peut-être qu’il aurait fini par garder son boulot et moi aussi par la même occasion. » Les mots s’emmêlent donnant un résultat qui est loin de ce que je m’apprêtais à lui confier. Non, elle ne ressemble pas à une clocharde et oui, je suis désolé d’avoir poussé le bouchon assez loin pour la mettre dans cet état sauf que ma bouche ne dit rien de tout ça. « T’as trouvé quoi de beau dans les poubelles ? J’me suis toujours demandé ce qu’on pouvait y dénicher. » Là encore, c’est pas vraiment ce que je voulais dire. Je sais pas pourquoi il m’est si difficile de m’excuser, ni pourquoi je n’arrive jamais à m'arrêter. Une mauvaise habitude qui me pousse à toujours vouloir tester les autres quitte à dépasser les limites du raisonnable tel le dernier des connards. « Monsieur, je vous prie de sortir s’il vous plait. » - « Qui, moi ? » que je demande à l'employé qui vient de quitter le comptoir derrière lequel il bossait pour venir à ma rencontre. « Donc je récapitule, je perds mon job de serveur à cause de son frère et maintenant c’est du bureau de poste que je me fais virer parce qu’elle a admis avoir dû fouiller dans des putains de poubelles ? » J’ôte mon bras de la poigne du salarié et sors de la file d’attente en lâchant quelques jurons. « J’espère que ce que t’as dit était vrai dans le cas contraire, tu peux être fière de toi. » que je lâche à Maisie avant de claquer la porte du bâtiment m’asseyant sur le banc qui se trouve devant pour reprendre mes esprits.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
Je ne suis pas du genre tactile avec mes ennemis, mais face à Angus, je crois que je pourrais faire une exception malgré tout le dégoût qu’il m’inspire. Je n’ai aucune envie d’avoir à le toucher, mais la certitude de le mettre mal à l’aise pourrait me convaincre de lui lécher la joue si ça peut le mettre hors de lui – et bien plus encore. Néanmoins, je ne peux empêcher mes vieux réflexes et dès que ma main se libère de son poignet, c’est sur ma robe que je l’essuie, comme s’il était porteur d’une grave maladie susceptible de me contaminer. C’est le cas, en réalité, ça s’appelle la connerie et je n’y peux rien, voilà qu’en face de lui j’en oublie toute bribe de maturité et l’âge n’est même pas une excuse. J’essaie d’être un modèle pour Lee au quotidien, mais puisqu’il n’est pas là, c’est comme si j’avais l’autorisation de régresser et de me comporter comme la pire des imbéciles. Non, pardon, Angus est clairement à la première place, je n’ai jamais vu aussi idiot et immature, à me faire une crise devant tout le monde simplement parce qu’il ne possède pas le moindre signe de politesse et de savoir-vivre. Oui, techniquement, je suis sortie de la file et cela justifierait de perdre ma place, mais nous sommes en 2021, qui se fie uniquement aux règles au détriment du bon sens ? Angus Sutton est le seul ici présent, je n’ai pas vraiment besoin de sonder les autres clients pour savoir qu’ils n’auraient vu aucune objection à ce que je pose mes colis une seconde pour envoyer un message, bien au contraire, je suis sûre qu’entre papy Roland et mamy Bernadette ils m’auraient même proposer de les tenir pour moi. Je n’attendais pas autant de gentillesse de la part de l’entrecôte, c’est sûr, mais certainement pas une crise qui lui donne l’impression d’être un gamin de cinq ans faisant sa crise au supermarché parce que maman a oublié de lui acheter son kinder. Si c’est que ça, je vais moi-même en acheter un pour l’enfoncer dans sa gorge et le faire taire, ça nous fera des vacances. Abruti, va. J’essaie de souligner l’immaturité de son attitude, mais sa réponse ne manque pas de me faire lever les yeux au ciel – encore. « C’est toujours dix secondes de trop. » « T’es aussi à cheval sur le temps quand t’es avec une meuf ? » Ou un mec, qu’est-ce que j’en sais et de toute façon, c’est pas comme si ça m’intéressait.
C’est pas comme s’il y avait grand-chose pouvant sortir de la bouche d’Angus Sutton qui m’intéresse, de toute façon. C’est toujours la même rengaine, blabla Caliméro pas content blabla ma vie est fichue parce que tu m’es passé devant blabla regardez-moi comme je suis con (bon, il n’a pas conscience de ce dernier message qu’il envoie). C’est lui qui parle tout seul, c’est lui qui s’excite comme un vieux aigri et à la rigueur, s’il pouvait faire l’arrêt cardiaque qui va avec ce rôle, ça m’arrangerait. Il prend ses aises, le filet de bœuf et son index qui vient se poser contre mon front ne reste pas longtemps à sa place avant que je n’intervienne. « Lâche mon doigt. » J’écarquille les yeux, l’air de lui demander s’il est sérieux – c’est lui qui a commencé, après tout, nananère. Je suis ridicule, comprenez que je dois me mettre à son niveau et qu’il a mis la barre haute, cet idiot. « Maisie. » « Angus. » Mon sourire se fait plus provoquant avant de disparaître quand il me pince l’arrière de la cuisse. « Hé ! » Je m’exclame, outrée. « C’est du harcèlement sexuel ! » Je râle, parce qu’il n’a pas à toucher ma cuisse sans mon autorisation et d’idiot, il vient de passer à connard (même si j’avoue que c’était bien trouvé pour me faire lâcher son doigt – et on pourrait croire que c’est le début d’une mauvaise blague). C’est tout qui est mauvais, y compris mes arguments et mes piques qui volent bas, mais il faut bien ça pour être à sa hauteur (et je ne parle pas de sa taille). Il parle beaucoup, Sutton, il parle trop et quelqu’un doit lui le souligner. Je ne suis pas sa psy, je ne suis pas sa pute, qu’il trouve une autre oreille. « Arrête ça, espèce de pervers. » Je m’offusque encore un peu, un peu plus fort aussi, alors qu’il vient retrouver l’arrière de ma jambe. Je respecte le fait qu’il soit fétichiste, hein, chacun ses délires, mais normalement il doit payer pour ça. « Je serais curieux de voir à quoi ressemble ton curriculum vitae car t’as l’air de sacrément t’y connaitre. Y’a pas de sous métier, tu sais. C’est juste que j’trouve ça bizarre, j’ai toujours pensé que la fille de mes souvenirs désirait plus qu’un simple bout de trottoir. » Je suis toujours plus agacée alors que je me remercie de ne pas avoir souligné à voix haute qu’il doit payer pour ça, dans quel cas je perdrais toute crédibilité à cet instant. Ce dont j’ai envie, surtout, c’est de lui coller mon poing dans sa tronche de connard alors qu’il vient de me traiter de prostituée – il y a une différence entre sous-entendre qu’il en a besoin et souligner explicitement que j’en suis une. « Qu’est-ce que tu connais de la fille dans tes souvenirs, pour commencer ? » J’interroge faussement innocente, avant de poursuivre. « Mais tu devrais me remercier. Je vais pouvoir te rencarder avec mes copines pour que les dix secondes ne soient pas un problème, ça te changera. » Vraiment, je m’apprête à lui changer la vie et le médaillon de bœuf continue de jouer au Caliméro. « C’est déjà mieux qu’un job sur fortitude. Pauvre chou, c’est le surnom que tu donnes aux mecs qui s’arrêtent pour t’accoster ? » « C’est celui que je donne à ton père quand il vient me voir. » Je précise, mon sourire toujours plus élargi et provoquant – il voit toutes mes dents, désormais. Il me repasse devant et je fulmine bien que je le laisse faire. Je réponds à ses provocations jusqu’à ce que ce ne soit plus un jeu lorsqu’il mentionne mon frère qui n’a rien à faire dans la conversation. Ou plutôt, il vient très exactement de lancer un jeu malsain duquel je ne vais pas le laisser sortir vainqueur ; c’est mon domaine et certainement pas le sien. Il prend à parti nos deux spectatrices et puisqu’il veut jouer au plus malin, autant qu’il se confronte à un adversaire à la hauteur. J’ai passé mon adolescence à mentir, à manipuler les autres pour les faire aller dans la direction où je voulais, à pleurer, sourire, rire sur commande. Je me suis promis de ne jamais retomber dans mes vieux travers malgré le soulagement que je ressens et le plaisir malsain que je m’abaisse à ce genre d’attitude, mais face à Angus, je mets de côté toutes mes bonnes résolutions pour laisser parler mes mauvaises intentions : il ne mérite que cela. Mes yeux s’humidifient et ma voix se brise avec une facilité déconcertante, deux ans de stabilité n’ont pas su avoir raison de mes mauvaises habitudes. « Ça va aller mon enfant, vous êtes magnifique. » J’en viens à essuyer les larmes qui perlent sur mes joues, réprimant un sourire lorsqu’il se fait frapper à coup de sac à main et le dissimulant en me mouchant bruyamment dans la manche de mon gilet. « Et vous, mon garçon, ce n’est pas une façon de parler aux femmes. Vous devriez avoir honte ! » « C’est... pas grave. » Je murmure, bonne princesse, entre deux sanglots, me mordant l’intérieur de la joue pour que mes larmes reprennent. « Je- attends quoi ? » Mes yeux humides se relèvent sur lui alors que je ne lâche pas son regard. Regarde ce que tu as fait, Angus, regarde dans quel état tu m’as mise. « Excusez-vous jeune homme et laissez-la passer, bon sang ! La galanterie, c’est plus ce que c’était. » Un instant, j’espère effectivement qu’il s’excuse ne serait-ce que pour avoir la satisfaction de piétiner sa fierté à la première occasion, mais ce qu’il m’offre est encore plus beau. « Ton frère n’avait qu’à pas jouer au con, peut-être qu’il aurait fini par garder son boulot et moi aussi par la même occasion. » La surprise sur mon visage a tout à voir avec le fait qu’il s’enfonce et ne permet que d’accentuer mon rôle de victime de cette humiliation, avant que je ne me reprenne – et reprenne mes sanglots par la même occasion. « T’as trouvé quoi de beau dans les poubelles ? J’me suis toujours demandé ce qu’on pouvait y dénicher. » De mieux en mieux, c’est du pain béni et si je n’avais pas aussi peur d’attraper la peste, je pourrais presque me réfugier dans ses bras pour le remercier d’être un imbécile pareil qui joue dans mon équipe sans s’en rendre compte. « T’es un monstre ! » Que je parviens à hurler entre deux sanglots, l’intérieur de ma bouche en sang pour suivre le rythme de mes larmes qui traduisent de ma crise de nerfs imminente. « Monsieur, je vous prie de sortir s’il vous plait. » - « Qui, moi ? » « Me...merci. » Je murmure avec un sourire triste, mes paquets désormais dans les mains de la tortionnaire au sac à main, tandis que son amie m’a tendu un mouchoir que je mouille autant avec mes fausses larmes que ma morve. Bien sûr, je continue à me moucher bruyamment pour que l’attention qu’on me porte ne diminue pas et continue de se retourner contre Angus. Je fais même mine de me calmer un instant, un sourire reconnaissant sur les lèvres avant d’avoir un dernier hoquet au fond de la gorge, signe que je ne suis pas tout à fait remise, vraiment, sortez-moi cet ingrat d’ici. « Donc je récapitule, je perds mon job de serveur à cause de son frère et maintenant c’est du bureau de poste que je me fais virer parce qu’elle a admis avoir dû fouiller dans des putains de poubelles ? » Oh, mais c’est qu’il me fait des cadeaux sans que j’en demande, un nouvel hoquet brise mon calme. « J’espère que ce que t’as dit était vrai dans le cas contraire, tu peux être fière de toi. » Cette fois-ci je m’enfonce dans les bras de la mamie au mouchoir, qui m’accueille avec plaisir. Ma tête nichée dans son cou, j’attrape les mailles de son gilet avec mes mains fragiles pour m’accrocher à elle et traduire de tout l’état de faiblesse dans lequel m’a précipité Angus – c’est doux, c’est du cashmere ? « Merci... merci beaucoup, je... désolée. » Ma main passe sur mes yeux encore humides bien qu’aucune larme ne roule plus et je prends mes distances avec la vieille dame. « Désolée, je-j’ai honte. » J’émets même un petit rire nerveux qui semble naturel. « Ma chérie, c’est lui qui devrait avoir honte. » Je secoue la tête par la négative, dans une volonté de me montrer ô combien bienveillante, d’accentuer les fautes d’un Angus ô combien diabolique alors qu’intérieurement, je me délecte du spectacle.
Je reprends mes colis, remercie encore une bonne dizaine de fois les personnes autour de moi alors que je passe en priorité au guichet, continue mes gratifications avant de quitter l’office, les mains (presque) libres, le pas léger et le sourire aux lèvres quand mes yeux croisent la silhouette d’Angus. Je tournoie avec la désinvolture allant de pair avec le statut de gagnante quand j’arrive à son niveau. « Tu me diras ce que tu trouves dans les poubelles, vu que tu vas sûrement devoir aller les fouiller toi-aussi vu comme tu te grilles tout seul. » Je reprends une moue un peu sérieuse pour l’empêcher de penser que mon récit était exclusivement un mensonge et par plaisir de le voir se triturer les méninges quant à savoir quelle crédibilité il doit m’accorder. Ma tête se baisse même sur mes pieds qui se collent l’un à l’autre, ma silhouette désormais statique et les épaules repliées. Quand je relève la tête, ce n’est que pour essuyer du bout des doigts le sang qui perle sur mes lèvres, que j’essuie aussi d’un coup de langue. Je n’ai pas saigné ainsi de la bouche depuis mon adolescence, ce qu’il ne faut pas faire pour écraser Sutton, c’est désespérant. « T’as un office de poste à une dizaine de kilomètres, si j’étais toi je partirais tout de suite. » Je souligne, un air bienveillant sur le visage avant de finalement secouer la pochette de timbres que j’ai achetée avant de quitter les lieux. « Ou peut-être que tu peux en appeler à ma grande générosité. » Sous conditions, bien sûr, que je n’expose pas pour le moment, préférant prendre la température, consciente que Sutton sera sûrement outré d’avoir à me demander de l’aide, mais consciente aussi que, si c’est important, il devra prendre sur lui. Oh, et qu’est-ce que j’aimerais voir ça.
« T’es aussi à cheval sur le temps quand t’es avec une meuf ? » Elle est drôle Maisie, je mime un ah-ah avec mes lèvres avant d’enchérir, parce qu’il m’est impossible de faire autrement face elle. « Non, seulement avec toi. » que je lui lance non sans un rictus. Le proverbe qui dit que plus c’est long, plus c’est bon ne marche pas avec la brune, je dirais même que plus c’est court, moins c’est lourd. Elle attrape mon doigt et je tente de garder fier allure alors que mon corps se courbe sous ses méfaits. Je l’avise une fois avant d’utiliser son prénom en guise d'ultime menace. « Angus. » Elle me provoque, de par son geste, de par son sourire et son petit être tout entier et moi, je fulmine tandis je viens attraper une parcelle de sa peau lactée. « Hé ! » qu’elle s’exclame, mes doigts pinçant un peu plus le derrière de sa cuisse. « C’est du harcèlement sexuel ! » Je m’esclaffe d'un rire qui se veut enfantin. « T’es sérieuse ? » Je rêve, c’est elle qui a commencé à me maltraiter et c’est moi l’harceleur. Je ne détache pas mes doigts de sa peau pour autant, qu’elle gueule au harcèlement si ça lui chante. C’est mon index qui vient de se faire agresser et non l’inverse, est-ce qu’elle lui a demandé son consentement avant de le bousiller ? Je ne crois pas. « Arrête ça, espèce de pervers. » Je lève les yeux au ciel alors qu’elle hausse la voix pour se faire entendre. C’est du coin de l’œil que je scrute les septuagénaires qui commencent à s’offusquer de mon comportement pour le moins inapproprié. En même temps y’a qu’à voir notre position pour comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche chez nous. Je suis presque sûr qu’on a l’air de deux gamins en pleine partie de twister, moi, recroquevillé dans une position qui se veut la moins algique possible et elle, trop petite, qui tente de maitriser mon index ainsi que mes deux doigts qui l’agrippent tel un crabe. « Qu’est-ce que tu connais de la fille dans tes souvenirs, pour commencer ? » Ce que je connais de la fille de mon passé n'est de plus que l’idée que je m’en faisais. « Je pensais qu’elle avait de l’ambition, c’est tout. Elle m’avait l’air plus mature que la plupart des filles de son âge, je croyaus qu’elle irait loin, plus loin que fortitude valley. » Et je suis sérieux, pour une fois. Maisie, quant à elle, continue à débiter des conneries. « J’suis pas intéressé et je t’ai déjà dit que les dix secondes t’étaient dédiés. » Et parce qu’elle n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, je décide d’en faire autant et de continuer dans ma lancée. Cette histoire de trottoir est trop facile, une perche de dix mètres de long qu’elle me tend et que j'attrape sans hésiter. Je sais pas si ce qu'elle raconte est vrai, mais y'a une infime partie de moi qui espère secrètement qu’elle me mène en bateau. Cette même partie qui aurait presque envie d'aller faire un tour dans son quartier privilégié pour m'assurer que ce ne soit pas le cas. En attendant ça me donne l’occasion de me foutre ouvertement de sa gueule, un cadeau du ciel que je m’empresse de déballer sous son nez. « C’est celui que je donne à ton père quand il vient me voir. » - «La ferme.» Ça sort tout seul, comme à chaque fois que quelqu’un fait référence à mon paternel sauf que d’habitude je tente toujours de me montrer nonchalant, de faire comme si ça ne m'atteignait pas car je sais à quel point l’être humain peut être sadique et qu’il aime se jouer des faiblesses de ses compères dès lors que le talon d’Achille est à découvert. Je m’avance dans la file, passant devant la jeune fille sans prendre le temps de m’y attarder plus longtemps. C’était sans compter sur Maisie qui revient à la charge, une nouvelle fois. J’essaye de l’ignorer, de me concentrer sur la queue qui diminue doucement, mais sûrement jusqu’à ce que le ton de sa voix change et qu’elle commence à parler de son frère et de la raison l’ayant poussé à commettre des délits dans le passé. « Ça va aller mon enfant, vous êtes magnifique. » J’observe la grand-mère en espérant qu’on lui ait enlevé son permis de conduire après son passage chez l’opticien. Moriarty essuie une larme tandis que je lève les bras pour contrer les coups de sac à main de la mamie. « Et vous, mon garçon, ce n’est pas une façon de parler aux femmes. Vous devriez avoir honte ! » Je devrais et je mentirais si je disais que je me sentais pas le cul merdeux, surtout quand je la vois dans cet état, mais la fierté est bien plus grande alors je fais ce que je sais faire de mieux dans des situations comme celles-ci : me comporter comme un idiot. « Vous voyez pas qu’elle joue la comédie ? » - « C’est... pas grave. » Sa voix est chevrotante, le bruit d'un vieux diesel qui peine à démarrer. Je détourne le regard pour ne plus avoir à poser mes yeux sur ses joues mouillées par des larmes qui ne semblent pourtant pas être surjouées.« Excusez-vous jeune homme et laissez-la passer, bon sang ! La galanterie, c’est plus ce que c’était. » Je ne bouge pas, Maisie n'est plus une gamine et elle n'est pas toute blanche dans cette histoire. La mamie ne me lâche pas du regard et je peux voir dans ses yeux qu’elle s'attende à ce que je dise que je suis désolé, qu’elle peut passer et que ça ne se reproduira plus jamais. C’est raté, je préfère remettre la faute sur son frère ainé. « T’es un monstre ! » Qu’elle me balance, la morve au nez. Ses dires ne m’atteignent pas, si je suis un monstre, elle est le diable incarné. J’étire mes lèvres en un sourire alors que j’extirpe le mouchoir usagé de la poche avant du vieux costard d'un septuagénaire. « Vous en voulez de la galanterie ? En voici. » Je lui balance le tissu au visage avant qu’une main ne vienne attraper mon bras. « Monsieur, je vous prie de sortir s’il vous plait. » Je joue des coudes pour me détacher de toute emprise et tourne la tête pour reluquer le type qui vient de me toucher. « Me...merci. » Je la regarde attraper le mouchoir de sa nouvelle amie comme si mon cadeau pouvait se refuser. « Vous voyez, vous voyez ce qu’elle en fait de ma galanterie ? » que je peste alors que le monsieur m’agrippe une nouvelle fois le bras pour me tirer vers la sortie. « Lâchez-moi ! » Je tourne la tête une dernière fois avant d’être forcé de quitter le bureau de poste.
Je peux dire au revoir à mes cinq étoiles, les retards d’envoi, ça ne pardonne pas. Je reste un moment assis sur le banc, mes paquets sur les genoux alors que je tente de trouver un autre endroit où poster mes colis sans avoir à rentrer à une heure trop tardive. [color:6c72=#tomato]« Tu me diras ce que tu trouves dans les poubelles, vu que tu vas sûrement devoir aller les fouiller toi-aussi vu comme tu te grilles tout seul. » - « Et si tu rentrais chez toi ? » Je ne lève pas le nez, bien trop occupé à rattraper la merde dans laquelle je me retrouve par sa faute. « T’as un office de poste à une dizaine de kilomètres, si j’étais toi je partirais tout de suite. » Je soupire, agacé par sa présence alors que je range mon téléphone dans la poche de ma veste pour relever les yeux vers elle. Ses lèvres sont tachées de sang, j’ouvre la bouche avant de me raviser. C’est pas mon problème, j’ai juste envie de la voir changer de trottoir et s’éloigner pour ne plus jamais avoir à la recroiser. « Ou peut-être que tu peux en appeler à ma grande générosité. » Elle secoue un paquet de timbres devant mes yeux, c’est qu’elle est plus grande que moi lorsque je suis assis. « Comme si t’allais me les donner sans rien attendre en retour, laisse-moi rire. » que je dis en me levant avant d'attraper mes paquets et de commencer à marcher en direction de ma caisse.
Bonnie Tu rentres quand ? Samuel commence à s’impatienter.
Je lâche un juron, y'a que pour Sam que je suis prêt à ravaler ma fierté. Je reste un moment au point mort, à regarder le message de Bonnie avant de faire demi-tour en trainant des pieds. « Qu’est-ce que tu veux ? » Je baisse les yeux pour la regarder alors qu’elle m’arrive tout juste à l'épaule. « J’compte pas m’excuser. » que j’ajoute, parce que je la vois venir et qu’il est hors de question que je me rabaisse un peu plus pour un paquet de timbres que j’aurais pu avoir si elle n’avait pas fait tout un fromage pour une vérité que j’ai eu le malheur de lui jeter en pleine face. « Mais j’peux toujours te raccompagner chez toi. » Si tant est qu’elle ait un chez elle. « Ou passer sur ton lieu de travail pour faire croire à tes copines qu’il t’arrive d’avoir un client par moment. Dix secondes, pas une de plus. » Je souris, croisant les bras sur ma poitrine en attendant qu’elle me dicte les conditions qui la pousserait à faire preuve d’un élan de générosité à mon égard.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
« Non, seulement avec toi. » Je plisse les yeux, affiche une moue boudeuse et un « awwwwwww » aigu et insupportable s’échappe d’entre mes lèvres quand je joins mes mains ensemble sur ma poitrine, faussement touchée. « Je suis une privilégiée, c’est trop mignon ! » J’accentue encore un peu plus ma voix nasillarde et mon regard attendri (jamais), alors que mes mains se délient pour que l’une d’entre elle s’approche de son visage et caresse furtivement sa joue. Un instant, très rapidement, parce qu’il est hors de question que je reste en contact plus longtemps avec le Sutton et parce que je sais qu’il se reculera, mais je veux prendre l’avantage et l’empêcher d’éviter mon contact trop longtemps, juste pour le plaisir de l’emmerder. J’essuie ma main contre ma hanche, un peu trop longtemps par rapport à la furtivité du contact et j’en viens même à chercher un gel hydro alcoolique à portée ; introuvable, alors qu’un instant je souhaite qu’une pandémie mondiale s’abatte sur nous pour que je puisse toujours avoir de quoi me désinfecter après mes rencontres avec l’entrecôte. Ce serait d’autant plus utile que le prochain contact qu’il me force (rien que ça) à initier dure plus longtemps, ma main qui enveloppe son doigt pour le lui tordre gentiment (pas du tout). Sa main passe bientôt à l’arrière de ma cuisse et un gloussement, mélange de douleur et de surprise, s’échappe d’entre mes lèvres avant que je ne reprenne rapidement mes esprits pour crier au loup (c’est justifié, après tout). « T’es sérieuse ? » Oh, Angus, t’as donc rien compris ? Je suis toujours sérieuse avec lui, d’autant plus quand il s’agit de l’humilier. Mes sourcils se haussent, ma tête légèrement abaissée et mon regard dans le sien, pour lui faire comprendre qu’il vient de se tirer une balle dans le pied avec sa question. « Ne me touche pas, arrête ! » Je m’exclame un peu plus fort, pour commencer à attirer l’attention (si ce n’était pas déjà fait), alors qu’il m’aide en refusant de lâcher ma peau (mais c’est qu’il commence à faire mal, le bougre et j’aimerais autant qu’il me rende ma liberté avant que je chope la lèpre ou toute autre maladie dont il est porteur – un paquet, donc). Et si, lorsqu’il me traite indirectement de prostituée, j’ai des milliers d’insultes qui me viennent à la minute, lorsqu’il détaille sa pensée, je suis à court de mots et ça m’en coûte de le reconnaître. « Je pensais qu’elle avait de l’ambition, c’est tout. Elle m’avait l’air plus mature que la plupart des filles de son âge, je croyais qu’elle irait loin, plus loin que fortitude valley. » Je ne sais pas à quoi il joue et je ne veux pas le savoir, alors que je suis incapable d’identifier la moquerie dans ses paroles, ce qu’il recherche par cette attaque (c’en est forcément une). Je suis sûre qu’il essaie de m’énerver plus qu’il ne l’a déjà fait, qu’il est au courant que mes réelles ambitions ont été tuées par la maladie et cette pensée me met hors de moi. Je ne sais pas comment il le sait, mais il le sait et il en profite, j’en suis persuadée – Angus ne peut rien dire de bon, surtout pas un compliment un tant soit peu déguisé. « J’suis pas intéressé et je t’ai déjà dit que les dix secondes t’étaient dédiés. » « Précoce. » C’est tout ce que je retrouve à dire quand j’essaie de reprendre contenance, quand ses mots tournent dans ma tête parce que je suis persuadée que l’attaque est bien plus violente que ce que je pressens et que je suis incapable de piquer avec le même mordant que lui. Je ne connais plus rien de sa vie, dans le fond et je ne peux donc pas accentuer ses potentiels échecs simplement par esprit de vengeance. Il a pris l’avantage et ça me rend dingue, ça me rend dingue qu’il ait réussi à me réduire au silence en quelques mots. Ça me rend dingue aussi qu’il puisse le deviner et se pavaner dans cette victoire que je lui accorde malgré moi, alors j’use de la méthode la plus vieille comme le monde pour énerver quelqu’un : j’invite les parents dans la conversation. « La ferme. » La fermeté de son ordre me fait comprendre que de la même manière que je n’aime pas qu’on touche à mon frère, il n’aime pas qu’on touche à son père. J’ai l’envie de continuer, simplement pour lui montrer qu’il a commencé, qu’il doit assumer, que ses propos ont des conséquences, mais je n’ai pas envie qu’au-delà des mots, les conséquences deviennent physiques pour ma part. Je ne sais pas de quoi Angus est capable, dans le fond et du haut de ses presque deux mètres, il pourrait me réduire en poussières. J’ai pour habitude de pousser les gens hors de leurs limites et pour une fois, je crois que j’ai appris la leçon de tous les excès que j’ai provoqués et dont j’ai ensuite été la victime. Je décide de me taire sans pour autant lui donner la victoire, alors que mon sourire en coin, provocant et amusé, le nargue, à défaut de mes mots.
C’est mon attitude qui prend le relai quand je me mords l’intérieur de la joue pour provoquer des larmes et lui faire comprendre que le sujet Seth se doit d’être laissé derrière nous. Je sais qu’ils étaient amis, je sais que les choses ont dégénéré entre eux, mais j’ignore beaucoup de choses de la vie de Seth et la plupart de ses mauvaises décisions, aussi. Je suis désolée (pas vraiment) si Angus en a fait les frais, mais jusqu’à preuve du contraire je ne fais pas payer sa famille des agacements qu’il me provoque. J’ai aucun problème à mouiller mon gilet de ma morve, d’autant plus que cela me permet de masquer mon visage pour ne pas qu’on observe mon rictus sur les lèvres quand mes yeux, eux, peuvent encore apprécier toute la scène qui se joue entre Angus et mes nouvelles alliées, les grands-mères du quartier. « Vous voyez pas qu’elle joue la comédie ? » C’est dur. C’est extrêmement dur de ne pas exploser de rire alors qu’il fait tout pour me faciliter la tâche. Cet homme est incroyable et c’est peut-être la seule fois où je me permettrai de le penser. Il est incroyable dans sa manière de m’aider malgré lui. « Vous en voulez de la galanterie ? En voici. » Il est merveilleux quand il me balance un vieux mouchoir de sa poche pour le lancer à mon égard, objet que je n’essaie évidemment pas de rattraper (je suis sûre qu’il y a une hépatite quelque part sur ce tissu), mon regard qui l’observe tomber au sol pour accentuer un peu plus le choc d’un tel geste auprès de nos spectateurs, mes alliés. « Vous voyez, vous voyez ce qu’elle en fait de ma galanterie ? » Je retire tout ce que j’ai pu dire sur Angus Sutton, cet homme mérite tous les prix. Les prix qui récompensent les individus les plus cons, il va sans dire.
Désormais libérée de mon petit jeu, je ressors du bureau de poste la mine loin d’être à mon avantage, la bouche en sang, le mascara qui coule, mais je ne fais pas grand-chose pour changer ça, car je pense toujours à tout. Je pense aux petites vieilles qui ne tarderont pas à sortir et qui s’étonneront si mon visage est libéré de toutes larmes et traces de maquillage, alors je garde l’allure d’un épouvantail jusqu’à ce que je ne sois plus dans le coin ; jusqu’à ce qu’il me soit impossible de continuer à humilier Angus. « Et si tu rentrais chez toi ? » « Bah c’est-à-dire que la benne à ordures ne passe me récupérer que dans deux heures. » Je rétorque en soupirant, lèvres pincées et épaules qui se soulèvent pour accentuer ma moquerie. Je fais pourtant acte de bonté – quelle bonté, d’ailleurs – en lui suggérant de se bouger le cul pour trouver un autre bureau s’il veut envoyer ses colis (et les suivants, puisqu’il est sûrement blacklisté de cet endroit, désormais, oopsie). Je lui tends même la main, acte de grande générosité qui va décidément de pair avec la pauvre Maisie bienveillante de l’office de poste qui ne veut pas en vouloir à son bourreau. Comprenez, je dois tenir le rôle jusqu’au bout. « Comme si t’allais me les donner sans rien attendre en retour, laisse-moi rire. » « Comme si tu le ferais si les rôles étaient inversés. » Bien sûr qu’il me demanderait quelque chose en retour, alors il ne peut pas m’en vouloir de faire de même. Je sais comment il fonctionne avec le temps, et lui aussi. C’est un avantage autant qu’un problème. Et même lorsqu’il s’éloigne, je reste sagement debout, mains croisés devant moi et timbres sous le bras, attendant qu’il se ravise. Peut-être qu’il continuera sa route, mais dans l’hypothèse où il reviendrait vers moi, je veux qu’il sache que je le vois faire demi-tour, que je l’observe revenir vers moi la queue entre les jambes et lorsque c’est effectivement le cas, je savoure le spectacle avec un large sourire provocateur qui en dit bien plus que tout ce que je pourrais exprimer. « Qu’est-ce que tu veux ? » « Hmmmmm... » Je fais mine de réfléchir, autant pour faire perdurer le suspense que parce que je n’ai en réalité pas la moindre idée. « J’compte pas m’excuser. » « C’est un problème, ça. » Dommage, l’idée d’un Angus à genoux (oui, je l’aurai fait s’agenouiller) me présentant des excuses est séduisante. « Mais j’peux toujours te raccompagner chez toi. » « J’ai une voiture. » Essaie encore. « Ou passer sur ton lieu de travail pour faire croire à tes copines qu’il t’arrive d’avoir un client par moment. Dix secondes, pas une de plus. » « Je travaille pas en pleine journée. » Allons, Angus, encore un effort. Mais il se tait, il me jauge et moi, à cet instant, je manque cruellement de créativité. « Je vais pas te dire ce que je veux. » Je finis par souligner, avec un haussement d’épaules et un sourire amusé. « Pas maintenant en tout cas. » Mon manque d’imagination est à déplorer, mais ma débrouillardise n’est plus à prouver alors que la perspective de lui teaser un service qu’il devra me rendre sans en connaître l’existence est soudainement bien plus intéressante. J’aime l’idée de le torturer en l’obligeant à se rendre disponible pour moi au moment où je l’aurai décidé, sans qu’il ne puisse vraiment avoir son mot à dire, qu’il soit contraint de m’obéir peu importe la demande en question, qu’il soit à solde, surtout. « Mais le jour où ce sera le cas, t’auras plutôt intérêt à te souvenir que tu m’es redevable et à tenir ta promesse. » Il n’a rien promis, mais s’il veut ses timbres, il a tout intérêt à le faire. Il n’aura rien sans que j’aie l’assurance qu’il soit disposé à tenir sa parole, ce dont il a l’obligation au moment où je lui tends la main pour sceller ce pacte dont je suis à l’origine, mes timbres qui s’agitent devant ses yeux de ma seconde main libre.
Un bruit mielleux sort de sa bouche, le genre de son qu’on entend dans les salles de cinéma lorsqu’une scène d’amour pointe le bout de son nez sauf que celui-ci est exagéré, qu’il a le don de sonner faux et si le sarcasme pouvait s’auto tuner, je suis certain que c’est comme ça qu’il sonnerait. « Je suis une privilégiée, c’est trop mignon ! » Je n’ai pas le temps de verbaliser l’ironie de mes propos précédents qu’elle passe ses doigts sur ma joue. Furtivement, certes, mais assez longtemps pour prendre le risque de me refiler de l’urticaire. Je grimace et lève la main pour attraper son poignet qui se dérobe sous mes doigts. « C’était quoi ça ?! » que je lui lance alors que je m’active pour essuyer ma joue avec la paume de ma main. Et là, je revois ces publicités pour les solutions hydro alcooliques, celles qui ont eu la bonne idée de personnifier des petits virus à tout bout de champs et j’imagine alors des millions de petites bactéries avec des yeux qui se promènent sur mon visage, rien de mieux pour me donner envie de me laver. C’est lorsqu’elle libère mon index que je me décide à venir attaquer sa cuisse et ce avec la main contaminée par sa propre flore bactérienne, retour à l’envoyeur. Elle gueule au harcèlement et j’ai beau ne rien laisser paraître, y’a une infime, très infime partie de moi qui se demande si c’est le cas. Est-ce que je suis un mec comme ça ? Un de ceux qui profitent des nombreux privilèges liés à un simple service trois pièces pour rabaisser et humilier le sexe opposé – sans compter tous ces autres verbes du premier groupe qui n’ont rien d’élogieux-. Je me mets à la place des gens qui nous entourent et je me dis qu’il ne me serait pas difficile de penser que tel est bien le cas. Et en plus d’en avoir les paroles, j’ai le physique qui va avec : une carrure imposante, 1m98 de hauteur qui ne font qu’accroitre l’image du type qui devrait redescendre de son petit nuage. Il m'arrive souvent d’en jouer, je prends même plaisir à alimenter de vieux stéréotypes que les personnes peuvent avoir à mon égard. Alors non, en général je ne fais pas partie de ces gens si ce n’est avec Maisie car peut-être et je dis bien peut-être qu’il m’arrive d’être humiliant à la limite de l’inacceptable et plus j’y pense, moins je me souviens de celui qui a commencé en premier. Tout ce que je sais c’est qu’elle me donne le change et que je le lui rends bien. « Ne me touche pas, arrête ! » Elle gueule plus fort encore et mes mauvaises habitudes ne mettent pas longtemps à revenir au galop. Je lâche quelques sous-entendus qui donneraient envie à la pire des féministes de me jeter au bûcher jusqu’à ce qu’elle me demande de lui parler de la Maisie d’avant, du moins de l’image que je m’en faisais et qu’elle a rapidement fini par souiller – presque aussi vite que le passage de sa main poisseuse sur ma joue -. Elle m’observe, comme si elle était à la recherche d’une mimique qui trahirait la sincérité de mes propos. Dommage pour elle, cette fois-ci j'ai bien peur d'être on ne peut plus sérieux et c’est probablement une première depuis qu’on s’est recroisé. « Précoce. » Mes yeux viennent faire un aller-retour entre le sol et le plafond du bureau de poste. Un plafond que je commence à connaitre sur le bout des doigts à force de rouler des yeux à la moindre de ses paroles. Maisie fait semblant de ne pas comprendre le sens de ma phrase, qu’elle détourne à son avantage, une qualité qu’elle prend son pied à démontrer. Y’a peu de sujets qui me font voir rouge si ce n’est celui qu’elle vient d’énoncer. Sans le savoir, elle a mis le doigt sur l’unique point faible, la faille, le bouton qui dès lors qu’on appuie dessus me fait switcher d’un petit –grand- con à un parfait connard. C’est pourquoi je lui ordonne de la fermer et à ma grande surprise, Maisie ne cherche pas à creuser, elle sourit certes, mais sa bouche est scellée.
Et quand je pense que nous en avons terminés, elle se met à pleurer, littéralement. Ses yeux sont embrumés par des perles de larmes qui glissent le long de son visage. Y’a pas que ses yeux qui pleurent d’ailleurs, son nez aussi se transforme en fontaine à tel point que je suis presque tenté de faire un voeu et de me retourner pour lui jeter une pièce. Au lieu de quoi, je me contente d’emprunter un vieux mouchoir usagé pour le lui lancer. Un chiffon, que dis-je, une offrande qu’elle ne prend pas la peine d’accepter ce qui me donne l’opportunité de me placer en tant que victime. Un rôle que l’un des employés se permet de foutre en l’air en m’attrapant par le bras pour me tirer vers la sortie mettant fin à ma comédie.
Dans toutes pièces qui se respectent, il ne peut y avoir de premier acte sans en avoir un second. Maisie finit par me rejoindre alors que j’essaye de tirer le rideau sur cette fâcheuse rencontre. « Bah c’est-à-dire que la benne à ordures ne passe me récupérer que dans deux heures. » Elle profite de la situation, me nargue avec son foutu paquet de timbres. Je gonfle les joues et lâche mon plus beau soupir empli de lassitude. « Tu devrais te rapprocher de la poubelle, faudrait pas rater la benne. » Que je lui dis en pointant du doigt ce qui fait office d’arrêt de bus pour les déchets dans son genre. J’envoie bouler sa marchandise en lui tournant le dos, persuadé que l’offre ne vaudra pas la demande qui se cache derrière un acte bien plus foireux que généreux. « Comme si tu le ferais si les rôles étaient inversés. » Elle marque un point, je serais du genre à me réjouir et à vouloir lui sous-tirer des bénéfices non négligeables. Je commence à m’éloigner, mais mon esprit se met à faire des calculs pour mesurer la perte que pourrait engendrer le retard d’expédition de mes colis. Des soustractions sur un compte en banque qui est à la limite de sombrer dans le négatif. Il ne m'en faut pas plus pour me retourner et faire marche arrière en laissant tomber quelques morceaux de mon égo dans le caniveau. « Hmmmmm... » Moriarty fait durer le suspense alors que je me plante devant elle, les bras croisés, prêt à piocher quelques astuces de marketing pour contrer la moindre de ses propositions. Je la devance même en posant mon véto sur de quelconques excuses. « C’est un problème, ça. » Le sien en l’occurrence, c’est pas comme si son carnet de timbres était le dernier sur le marché. Si j’ai cédé, c’est seulement parce que son geste représente la facilité et qu’il est aussi synonyme de gain de temps. Je tente néanmoins d’éponger sa déception contre une course gratuite dans mon magnifique carrosse. « J’ai une voiture. » « Une benne à ordures tu veux dire ? Les voitures sont pour les gens civilisés. » Et non pour les déchets. Le temps passe ce qui me pousse à faire une deuxième proposition et pas des moindres. L’accompagné sur son lieu de travail, un élan de générosité qui pourrait booster sa côte de popularité. « Je travaille pas en pleine journée. » « Et tu fais quoi de tes journées si ce n’est envoyer des colis suspects ? » Je parie sur la tournée des poubelles quoique je l’imagine bien en train de passer son temps sur le canapé à anesthésier son cerveau à coup d’épisodes de télé-réalité. « Je vais pas te dire ce que je veux. » C’est pas trop tôt. J’arque un sourcil, ne pouvant contenir ma curiosité plus longtemps. « Pas maintenant en tout cas. » « Au revoir, Maisie. » Je tourne lui tourne une nouvelle fois le dos, elle se trompe si elle pense que j’ai encore du temps à lui accorder. Chaque minute passée à ses côtés est une réelle torture, je préfèrerais encore distribuer des flyers dans un de ces vieux déguisements qui sentent la sueur plutôt que de lui donner l’impression d’être accroché à ses lèvres pour quelques autocollants. [color:5be8=tomato6]« Mais le jour où ce sera le cas, t’auras plutôt intérêt à te souvenir que tu m’es redevable et à tenir ta promesse. » Je me retourne, attrape le carnet qu’elle tient entre ses doigts et tapote le sommet de son crâne avec. « Tout ce foin pour pouvoir me revoir. » Je souris à pleines dents tandis que je range le carnet dans la poche arrière de mon pantalon. « Pour ça faudrait encore que tu puisses me retrouver, mais ok. » Je viens tirer sur la manche de ma chemise avant de lier ma main à la sienne. J’accepte ce deal tout en sachant que nos chemins ne se recroiseront peut-être jamais. Finalement, c’est moi le gagnant dans cette histoire. Je me retrouve avec des timbres gracieusement offerts en échange d’une promesse que je n’aurais sûrement jamais à tenir.