Everything I Didn't Say -- @Tessa Mulligan & @Freddy Mulligan  

Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon pantalon et j’ai une petite pensée pour Byron, espérant qu’il s’agisse d’un message de sa part. Après quatre mois sans aucune nouvelle, nous nous sommes finalement revus dimanche dernier au Death Before Decaf. Malgré le stress et ma timidité, nos retrouvailles se sont bien déroulées et j’ai vraiment envie de passer davantage de temps avec lui pour en apprendre plus à son sujet. Qui plus est, nous avons pu aborder le sujet de mon anniversaire et je me sens beaucoup mieux depuis que je sais qu’il ne m’en veut pas de lui avoir vomi dessus le lendemain matin. Dire que pendant un moment j’ai songé à annuler notre rencontre. Heureusement que Tessa était là pour me donner un peu de courage et me pousser à me rendre au café comme prévu. Qui sait, peut-être que je serais passé à côté de quelque chose si ce n’était pas de ma sœur jumelle pour m’encourager comme elle le fait si souvent quand j’ai juste envie de reculer. Parlant de Tessa, le SMS que je viens de recevoir est de sa part. Je me dépêche d’essuyer mes mains sur mon pantalon pour ensuite déverrouiller mon téléphone.

| Hey guys’. Ca me ferait plaisir de vous avoir tous les deux à la maison cet après-midi. Y a pas de piège, j’ai juste besoin de vous voir tous les deux... On se dit 3.00pm ? J'vous aime ! - Tess   |

Je réponds toujours présent lorsque Tessa me propose qu’on passe du temps ensemble mais je dois avouer que je suis un peu moins excité à l’idée de passer la soirée avec ma sœur lorsque je sais que notre frère sera là. Freddy et moi ne nous sommes vus qu’une fois depuis son retour à Brisbane et on ne peut pas dire que notre relation soit très cordiale en ce moment. Alors j’hésite, songeant sérieusement à refuser son invitation mais je me sentirais trop mal alors qu’elle est toujours là pour moi quand j’en ai besoin.

| Je vais voir avec Garry si je peux finir plus tôt pour avoir le temps de prendre ma douche. Je te tiens au courant si jamais ça ne fonctionne pas. À tantôt! |

Je range mon téléphone dans ma poche arrière en soupirant et je me dépêche de terminer de démanteler la pièce sur laquelle je travaillais en recevant son SMS pour ensuite aller voir Garry et lui demander si je peux finir un peu plus tôt considérant que c’est vendredi aujourd’hui. Il ronchonne mais il finit par accepter quand je lui fais remarquer que je fais beaucoup d’heures supplémentaires ces derniers temps et que ça me ferait le plus grand bien de me reposer. Depuis le temps que je travaille à la casse automobile, j’ai maintenant l’habitude de toujours me garder des vêtements de rechange dans l’auto au cas où on m’inviterait à aller quelque part après le travail. Ça m’évite de devoir faire la route jusqu’à Redcliffe et de revenir ensuite en ville. Mais avant d’aller chez Tessa, j’arrête prendre ma douche chez nos parents. Je préfère la prendre là-bas que chez ma sœur, histoire d’éviter de me faire poser des questions si Freddy et Tessa trouvent que ça me prend un peu trop de temps. Je n’ai pas du tout envie de leur expliquer que si je suis lent à m’habiller, c’est parce que je me suis blessé à la cuisse au début du mois et que c’est Andy qui s’est occupé de moi. Dès que je suis prêt, je reprends la route en direction de chez ma sœur, arrivant quelques minutes après l’heure à laquelle elle nous a conviés. « Entre, j’suis sur la terrasse. » répond-elle lorsque je toque à la porte. J’entre sans plus attendre et je m’approche prudemment de la terrasse. Lorsque je constate que je suis le premier arrivé, la tension dans mes épaules se relâche. « Désolé je suis un peu en retard, je suis allé prendre ma douche et me changer avant de venir ici. » Mon attention est alors attirée par le nez froid d’Hemingway sur ma main. « Hey toi! » Je m’agenouille pour le flatter tout en relevant la tête pour regarder Tessa. « Freddy n’est pas encore arrivé? » Je connais déjà la réponse mais peut-être lui a-t-il écrit pour lui dire dans combien de temps il allait être là. Disons que je ne suis pas trop pressé qu’il arrive, ça ferait même mon affaire s’il avait un empêchement…

C’est le téléphone qui vibre sur ma table de chevet qui m’arrache une grimace alors que je me réveille difficilement et douloureusement avec une légère gueule de bois. On est au beau milieu de l’après-midi et je suis sorti jusqu’à pas d’heures la veille, ma conquête du soir partie il y a quelques heures alors que je me suis recouché. J’attrape mon téléphone pour y voir le message de ma sœur sur une conversation à trois bien trop peu alimentée ces derniers mois.

| Hey guys’. Ca me ferait plaisir de vous avoir tous les deux à la maison cet après-midi. Y a pas de piège, j’ai juste besoin de vous voir tous les deux... On se dit 3.00pm ? J'vous aime ! - Tess    |

Le message me fait me redresser légèrement dans mon lit. Elle n’a rien dit de particulier et pourtant, la curiosité s’insinue dans mon esprit en même temps qu’une légère inquiétude. Elle a quelque chose à nous dire sinon elle ne nous aurait pas fait venir dans la même pièce. Ou alors c’est une énième tentative pour me rabibocher avec Lincoln. « Je ramène le goûter ! » j’écris simplement peu de temps après le message de mon frère.  Dans un même temps j’ouvre notre conversation privée pour envoyer un deuxième message à Tessa «  Si c’est un mauvais coup pour me laisser seul avec Boucle D’or, je te ferais plus jamais de fondant au chocolat. » Hors de question de réitérer cette conversation à la plage même si considérant elle aurait pu être bien pire que ça.

Le lendemain, je me gare devant la maison au même moment où je vois Lincoln ouvrir la porte et entrer, sortant de ma voiture en remettant mes lunettes de soleil, j’emboite le pas de ce dernier, entrant silencieusement dans la villa et n’entendant que la dernière phrase : « Freddy n’est pas encore arrivé? » Je devine sans aucun souci qu’il n’a aucune envie de me voir et c’est assez pour que je débarque sur la terasse comme un acteur au début du spectacle.

« Pas de bol je suis là, tu pensais que j’allais pas venir ? » je lui adresse mon plus beau sourire avant de venir déposer un baiser sur la joue de ma petite sœur « Salut Tess. »  puis de venir adresser des papouilles à Hemingway. « C’est qui le plus beau ? C’est toiiiii. » Ma sœur comme l'animal auront eu plus de marques d’affection que mon frère et il fut un temps j’aurais sûrement ébouriffé ses cheveux pour l’emmerder et ça aurait été ma façon de lui montrer que j’étais content de le voir. Pas aujourd’hui. A croire que ces derniers mois ont fini de mettre une distance entre nous en nous poussant chacun dans ses retranchements. Si je me suis excusé pour l’avoir frappé la dernière fois, ça n’est pas suffisant pour effacer la distance créée entre nous. Je dépose le plat sur la table, enlevant le couvercle, dévoilant un fondant au chocolat. Ce qui doit bien être une des seules choses que je sais cuisiner pour l’avoir fait encore et encore depuis qu’on est gamins. Je me souviens d’un temps où on le partageait à trois sous une tente de draps en riant aux éclats. Un temps plus simple. « Tadam ! » je regarde ma sœur avec un sourire, plutôt fier de moi et si j’étais honnête, peut être que cela pourrait être considéré comme une offre de paix, mais pour cela il aurait fallu que je regarde Lincoln que je prends soin d’ignorer. Je m’installe confortablement sur une chaise de la terrasse, sortant machinalement mon paquet de cigarette pour en allumer une avant de me concentrer sur l’éléphant dans la pièce. La raison de notre présence ici. « Tu vas bien Tess ? » je souffle avec douceur, jetant enfin un regard à mon frère pour savoir s’il en sait plus que moi.

Spoiler:

Everything I Didn't Say -- @Tessa Mulligan & @Freddy Mulligan  

| J’espère que tu pourras te libérer. Même si c’est un peu plus tard dites-moi ce qui vous arrange... J’suis disponible toute la journée de toute façon, je ne travaille pas aujourd’hui. | Je soupire en voyant le deuxième SMS de Tessa, elle semble un peu trop déterminée à mon goût que Freddy et moi nous retrouvions dans la même pièce. Je n’ai pas encore oublié cette soirée que nous devions passer ensemble, à laquelle elle était aux abonnés absents parce que ce n’était qu’un piège pour nous forcer à avoir une discussion que je n’avais pas du tout envie d’avoir. Si Tessa croyait vraiment que les choses allaient se régler à l’issu de cette soirée, c’était très mal nous connaître. |« Je ramène le goûter ! »| Rien que voir son nom s’afficher dans la discussion suffit à me faire grimacer. Si à une époque j’espérais qu’il me remarque et qu’il m’aime comme il aimait Tessa, aujourd’hui je préfèrerais ne pas le revoir. Je suis fatigué de nos prises de tête et il faut bien se rendre à l’évidence que les choses ne changeront jamais entre nous à l’âge que nous sommes rendus. Je ne suis plus en âge de croire aux contes de fées. Je range donc mon téléphone dans ma poche une seconde fois, préférant garder une porte de sortie en ne promettant pas que je serai là. Je me dépêche tout de même de terminer ma tâche pour aller voir mon patron qui accepte de me laisser partir plus tôt.

À mon grand soulagement, j’arrive le premier et je peux donc en profiter un peu pour parler à Tessa sans la présence de notre frère, ce qui me permet de me détendre un peu, pas assez longtemps à mon goût. « Tu aurais très bien pu te changer ici, tu sais que tu me déranges jamais ! » Je hausse une épaule avec nonchalance avant de croiser mes bras contre mon torse. « Je devais ramener quelque chose à maman, j’en ai profité pour prendre ma douche là-bas en même temps. » réponds-je en détournant le regard dans l’espoir qu’elle ne puisse donc pas voir dans mes yeux qu’il ne s’agit là que d’un mensonge. Rapidement, je change de sujet en la questionnant sur l’absence de Freddy. S’il pouvait avoir eu un empêchement, ça ferait bien mon affaire. « Pas de bol je suis là, tu pensais que j’allais pas venir ? » Je l’espérais, pensé-je très fort en levant les yeux au ciel. « Ça n’aurait pas été très différent des derniers mois. » Pourquoi il n’est pas resté à Sydney, d’ailleurs? Moins je le vois, mieux je me porte. « J’suis contente que vous soyez là tous les deux... Ca f’sait longtemps qu’on n’avait pas fait ça. » Pour Tessa, je fais des efforts et je me force à sourire tout en la serrant contre moi. « Moi aussi je suis content de te voir. » lui chuchoté-je à l’oreille. Et non, Freddy ne se mérite pas ce commentaire. Il y a faire des efforts et faire des efforts, il ne faut pas exagérer quand même. « C’est qui le plus beau ? C’est toiiiii. » Freddy caresse Hemingway après avoir salué ma soeur, bien déterminé à faire comme si je ne suis pas là apparemment. Et je préfère largement ça à ce qu’on s’engueule, mais mon cœur se serre lorsque mon regard se pose sur le fondant au chocolat qu’il a apporté. « Tadam ! » Je me pince les lèvres en détournant la tête, mais plusieurs souvenirs de notre enfance s’éveillent lorsque les effluves de chocolat parviennent à mes narines. « Ce gâteau à l’air délicieux ! Il n’est même pas légèrement brûlé sur le dessus ! » Je me contente de les observer en silence tandis que je me sens de trop une fois de plus. Fidèle à moi-même, je tente de m’effacer plutôt que de prendre ma place, m’assoyant sur une chaise un peu plus loin pour flatter Hemingway.

« Tu vas bien Tess ? » demande Freddy en me regardant. Dès l’instant où nos regards se croisent, le mien se dérobe pour s’arrêter sur notre sœur. « Hm oui ça va oui... la fatigue de la semaine, mais ça va. J’vous ramène un truc à boire. » Je fronce les sourcils en observant attentivement Tessa partir en direction de la cuisine. Si je n’avais rien remarqué d’étrange avant que Freddy vienne nous rejoindre, je sens soudainement que quelque chose cloche et ça ne me rassure pas du tout. « Il y a quelque chose qui cloche. » dis-je à Freddy sans même le regarder. C’est le regard rempli d’inquiétude que j’attends sagement le retour de notre sœur, mes pensées se bousculant à un rythme effréné. Lorsqu’elle revient enfin sur la terrasse, je prends mon breuvage en la remerciant, cherchant son regard avec le mien. « J’ai quelque chose d’important à vous dire... c’est pour ça que j’voulais vous voir tous les deux. » Le cœur battant la chamade, je pose mon verre sur la petite table à côté de moi en déglutissant difficilement. « Qu’est-ce qu’il y a Tessa? Tu m’inquiètes là. » dis-je d’une voix douce en appuyant mes coudes sur mes genoux. « Je... j’suis malade... J’ai un problème au cœur. » Ma tête a un mouvement de recul tandis que je me redresse légèrement pour appuyer mon dos sur le dossier de ma chaise. « Qu… quoi? » J’ai bien entendu, pourtant, ça me semble impossible. Tessa est jeune et il n’y a pas de maladies cardiaques connues dans la famille à ma connaissance. Tout de suite je m’imagine le pire et j’ai l’impression que mon monde est en train de s’écrouler. Je prends conscience que, d’un jour à l’autre, je pourrais la perdre et je ne sais pas comment je ferais pour continuer à avancer sans elle alors qu’elle a toujours été là depuis le début. C’est trop, rien que d’y penser j’ai l’impression d’étouffer. Je me lève en tirant sur le col de mon chandail, me tournant de dos à eux en posant mes mains sur la rambarde. « Qu’est-ce… qu’est-ce qu’il a ton… ton cœur? » demandé-je la gorgée nouée.

| « S’il te plaît ne soit pas trop infecte avec lui. Et je t’interdis de me faire du chantage au chocolat ! T’as promis de ramener le goûter alors pas d’connerie... On plaisante pas avec ces choses là ! |

Le message me fait sourire autant qu’il me fait lever les yeux au ciel. A croire que je suis éternellement le pire des connards quand il s’agit de mon frère. Elle n’a peut-être pas tort mais qu’importe. Cette après midi est à propos d’elle et pas à propos de lui et je ferais bonne figure, un gâteau au chocolat entre les mains.

J’arrive peu de temps après Lincoln. « Ça n’aurait pas été très différent des derniers mois. » Un rictus étire mes lèvres, sans que je ne réponde rien, lançant un regard à Tessa qui sous-entend clairement que c’est lui qui commence et pas moi. Il faut dire que je n’ai jamais été de très bonne foi.

« J’suis contente que vous soyez là tous les deux... Ca f’sait longtemps qu’on n’avait pas fait ça. » Tessa est bien la seule de nous trois à être contente qu’on soit réunis dans la même pièce, mais pour elle je souris doucement. « C’est vrai. » Après avoir embrassé ma sœur, caressé le chien et ignoré royalement Link, je dépose enfin ce fondant sur la table, pas peu fier. « Ce gâteau à l’air délicieux ! Il n’est même pas légèrement brûlé sur le dessus ! » Un grand sourire sincère étire mes lèvres, qui rappelle sans doute bien trop d’après-midi de notre enfance. Mon sourire s’efface un peu cependant dès le moment où je vois Lincoln s’installer plus loin. Comme toujours il reste silencieux, s’effaçant, et comme toujours ça m’agace profondément, à croire que dès que je suis dans une pièce il n’a qu’une envie de se barrer. Ca ne devrait pas me surprendre, considérant ce qu’il m’a dit en janvier et pourtant malgré tout l’impression qu’il me déteste reste ancrée dans ma peau. Je me force à me concentrer sur Tessa et la raison de notre présence ici, lui demandant si elle va bien.

La question efface son sourire, c’est immédiat, les couleurs disparaissent et instantanément je me redresse sur mon siège, le regard alerte. Quelque chose ne va pas, c’est évident. « Hm oui ça va oui... la fatigue de la semaine, mais ça va. J’vous ramène un truc à boire. » Cette fois c’est Link que je regarde, haussant un sourcil, l’air de dire qu’elle se fout de notre gueule. Déjà elle s’échappe, fuyant vers la cuisine. « Il y a quelque chose qui cloche. » « Imagine elle nous annonce qu’elle est enceinte. » Je marmonne, en y croyant pas une seule seconde. C’est la pire chose que je sois capable d’imaginer, comme s’il était inenvisageable à mes yeux que ça soit quoique ce soit de grave. Lorsqu’elle revient sur le terrasse, je suis des yeux la jeune femme, observant chacun de ses gestes, la remerciant pour le soda, même si je me retiens bien de demander quelque chose de plus fort. Au vu de la tournure de cette discussion j’ai le sentiment que je vais en avoir besoin.

« J’ai quelque chose d’important à vous dire... c’est pour ça que j’voulais vous voir tous les deux. » C’est pour contrôler l’angoisse qui commence lentement à s’insinuer dans mon corps que je me mets à couper le gâteau, mon regard quittant le moelleux pour Tessa entre chaque coup de couteau, alors que je me suis mis à me mordre la langue sans même m’en rendre compte. « Qu’est-ce qu’il y a Tessa? Tu m’inquiètes là. » Pour une fois nous sommes bien d’accord. Je retiens ma respiration sans même m’en rendre compte comme si j’attendais que la nouvelle tombe, quel qu’elle soit.

« Je... j’suis malade... J’ai un problème au cœur. » Je repose le couteau, me levant sans même m’en rendre compte pour m’appuyer sur la balustrade de la terrasse, sans croiser le regard de Tessa ou de Lincoln, comme pour stopper l’angoisse qui s’est glissée dans mon cœur. « Qu..quoi ? » mon frère demande, comme si l’information n’était pas vraiment passée et moi je suis bien incapable de parler quand je pense aux centaines de possibilités possibles. Un problème au cœur. Les possibilités sont multiples et pourtant mes pauvres connaissances en médecine m’incitent à penser que c’est grave. J’ai besoin de m’occuper les mains, je n’ai toujours pas osé croiser le regard de Tessa, même présent j’arrive à fuir. J’allume une cigarette, une main légèrement tremblante au même moment où mon frère se lève pour nous tourner le dos et je devine sans problème l’angoisse qu’il ressent. « Qu’est-ce… qu’est-ce qu’il a ton… ton cœur? » A ça je relève enfin la tête, plantant mon regard sans expression dans celui de ma sœur, tout sourire malicieux effacé. « C’est grave ? » j’ajoute d’un ton sans intonation comme si j’étais déjà loin, replié au fond de moi-même. « Tu le sais depuis combien de temps ? » Quand est ce qu’elle l’a appris ? Aurions-nous dû remarquer des signes ? Tant de questions qui restent sans réponses pour le moment.


@Lincoln Mulligan @Tessa Mulligan

Everything I Didn't Say -- @Tessa Mulligan & @Freddy Mulligan  

Sans même qu’elle ne le dise, je sens au plus profond de mon être qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez Tessa et à peine a-t-elle le temps de retourner à l’intérieur que je me mets à spéculer, essayant de me rappeler de son attitude lors de nos dernières rencontres. Si elle a toujours voulu que Freddy et moi enterrions la hache de guerre, elle ne nous a jamais mis de pression pour qu’on se voit, du moins pas autant que depuis le retour en ville de notre frère. En même pas un mois, Tessa nous a tendu un piège pour nous obliger à nous parler, Freddy et moi, et il y a quelques jours à peine, elle m’a proposé qu’on fasse quelque chose tous les trois alors qu’elle sait à quel point je ne me sens pas à l’aise lorsque notre aîné est présent. Soudainement, toute cette « insistance » fait plein de sens et n’aide en rien mon angoisse qui me taraude. « Imagine elle nous annonce qu’elle est enceinte. » J’ai le sentiment que c’est plus grave que ça et, quelque part, j’espère presque que Freddy a raison. Il faut dire que ce ne serait probablement pas la pire nouvelle qu’elle pourrait nous donner et je suis persuadé que Tessa ferait une mère merveilleuse. « De qui, Andrew? » À bien y penser, j’espère que ce ne soit pas ça parce que je ne crois pas que nos parents seraient très ravis d’apprendre que l’un de leurs meilleurs amis a fréquenté leur fille. Je préfère ne pas imaginer toutes les répercussions que ça pourrait avoir si ça venait à se savoir, Tessa ne l’aurait pas facile et je ne suis pas certain que j’arriverais à la protéger des foudres de nos parents.
 
Mon pressentiment s’avérait juste et j’accueille difficilement la nouvelle lorsqu’enfin Tessa nous explique qu’elle a des problèmes de santé. Je suis sous le choc et je me mets à penser à de nombreux scénarios possibles, tous plus sombres les uns que les autres, parce que forcément je me dis qu’un problème au cœur ne peut pas être bénin. Je m’éloigne un peu d’eux en espérant calmer mon angoisse et reprendre le contrôle de mes émotions avant qu’elles ne m’étouffent trop parce que je sais que Tessa en a déjà plein les épaules. Alors pour elle je m’agrippe à la rambarde et je lutte pour ne pas m’effondrer malgré les larmes qui roulent silencieusement sur mes joues. « C’est grave ? Tu le sais depuis combien de temps ? » Freddy ose poser cette question dont la réponse me terrorise. « Depuis... presque deux mois... Au début... J’voulais pas l’entendre alors j’ai fait comme si de rien... et puis après j’savais pas comment vous le dire. J’suis désolée... Tellement désolée les garçons. » Deux mois? Mais comment j’ai pu ne pas remarquer que quelque chose n’allait pas chez elle depuis si longtemps alors que nous avons cette connexion si spéciale depuis notre tendre enfance? Est-ce que j’ai été préoccupé par mes problèmes au point de ne pas porter attention à ma sœur jumelle? Un gémissement de douleur m’échappe tandis que je passe une main dans mes boucles en constatant à quel point j’ai été un frère pitoyable ces derniers temps. J’aurais dû remarquer qu’elle n’allait pas bien, j’aurais dû être là pour elle comme elle l’est toujours pour moi. « J’ai rien… remarquer. J’au… j’aurais dû re… remarquer. » balbutié-je en m’essuyant les joues, les mains tremblantes, réussissant difficilement à gérer ce trop-plein d’émotions. « J’ai une cardiopathie valvulaire. » Et qu’est-ce que ça mange en hiver? « En gros.. J’ai une valve qui ne fonctionne pas très bien ce qui fatigue mon coeur un peu plus vite. C’est pas très grave en soit. C’est à surveiller d’après le cardiologue. Ca peut très bien ne pas évoluer et rester comme ça pendant des années... ou alors s’aggraver et j’aurai besoin d’une opération pour réparer ça. » Les explications de Tessa me rassurent un peu même si je ne comprends pas pourquoi elle nous a caché sa maladie pendant deux mois si ce n’est pas si grave. « Les médecins disent que mon arrêt en janvier pendant l’opération, ça a accentué le problème et donc permis de le détecter. Et aussi que j’ai sûrement eu des signes que je prenais pour du stress et du surmenage. » Je renifle un bon coup en essuyant mon visage avec le bas de mon t-shirt, me retournant ensuite pour leur faire face, le regard interrogatif. « Ils ne vont rien faire pour le moment? » demandé-je en fronçant les sourcils avant de sourire légèrement. « Si ce n’est pas grave, ça veut dire que tu ne vas pas mourir? » Je pince mes lèvres pour retenir mes émotions tandis que j’approche de Tessa pour la prendre dans mes bras, appuyant ma tête sur son épaule. Et lorsque mon regard croise celui de Freddy, je tends un bras dans sa direction pour l'inviter à se joindre à nous.

« Depuis... presque deux mois...  Au début... J’voulais pas l’entendre alors j’ai fait comme si de rien... et puis après j’savais pas comment vous le dire. J’suis désolée... Tellement désolée les garçons. »  Deux mois. Les mots provoquent immédiatement un changement sur mon visage. Mes traits se ferment, toute émotion disparaissant au même moment où inconsciemment je remonte les barrières autour de moi. Car elle ne me l’a pas dit. Deux mois, dont un mois où j’ai été absent, fuyant à Sydney comme à mon habitude, laissant mes problèmes derrière moi. Tessa ne me l’a pas dit tout simplement parce que je n’ai pas été là pour elle, je ne l’ai pas soutenu en janvier et à présent elle ne me fait plus confiance. C’est tout ce que je comprends alors que je regarde ma petite sœur. « Deux mois. Pourquoi tu n’as rien dit…» je souffle comme pour prendre conscience des semaines qui ont passé où elle nous a caché cette information.  C’est le hoquet de douleur de mon frère qui me fait le regarder, qui me fait comprendre qu’à lui non plus elle n’a rien dit quand ils avaient toujours été inséparables. « J’ai rien… remarquer. J’au… j’aurais dû re… remarquer. »  Je reste silencieux, nos réactions diamétralement opposées. Car quand il exprime toute ses émotions à cœur ouvert, je me ferme pour mieux protéger mon cœur.  Ma gorge se serre et si voir mon frère pleurer éveille un instinct de protection qui me pousserait presque à le serrer dans mes bras, je reste figé sur place, les bras croisés, le regard sur Tessa en attendant la suite.

« J’ai une cardiopathie valvulaire.  En gros.. J’ai une valve qui ne fonctionne pas très bien ce qui fatigue mon coeur un peu plus vite. C’est pas très grave en soit. C’est à surveiller d’après le cardiologue. Ca peut très bien ne pas évoluer et rester comme ça pendant des années... ou alors s’aggraver et j’aurai besoin d’une opération pour réparer ça. » Le terme médical me fait peur, mais les mots de ma sœur me rassurent. Cela n’a pas l’air si grave, cela n’est pas mortel et si elle doit le surveiller, cela ne semble pas être une maladie insurmontable et en le comprenant mes épaules se détendent un peu.

«  Les médecins disent que mon arrêt en janvier pendant l’opération, ça a accentué le problème et donc permis de le détecter. Et aussi que j’ai sûrement eu des signes que je prenais pour du stress et du surmenage. » La mention de l’opération me crispe de nouveau, mon regard la fuyant à mesure que toute la culpabilité revient au galop. J’aurais dû être là. J’aurais dû être là. La litanie ne cesse d’être répétée dans mon esprit encore choqué de la nouvelle. J’aimerais retourner des mois en arrière, effacer ces mois de décembre et de janvier, ne jamais être partir, reprendre toutes les paroles et tous les gestes que j’ai eu. Retrouver leur confiance. Je recule inévitablement me détournant un instant pour que personne ne voit l’humidité qui noie mon regard et que je chasse en clignant des yeux.  C’est la voix de mon frère, un peu moins tremblante qui me fait me tourner de nouveau vers eux. « Ils ne vont rien faire pour le moment?   Si ce n’est pas grave, ça veut dire que tu ne vas pas mourir? »  Elle ne va pas mourir. Ce n’est pas grave. Juste une maladie qu’elle aura à vie et qu’il faudra surveillé. Juste une maladie que je n’ai pas remarquée quand j’aurais dû être là.  Je n’arrive pas à avoir le même soulagement que Lincoln. Je l’observe la serrer contre lui, une pointe de jalousie naissant dans mon cœur au même moment quand je me sens exclu de ce lien qu’ils ont toujours eu et que je n’aurais sans doute jamais. Et pourtant, lorsque mon regard croise celui de Lincoln, il tend un bras vers moi et la surprise peut se lire dans mes yeux, tant je n’attends plus rien de mon frère. Il est clair que j’hésite en le regardant, comme si je ne me sentais pas totalement à ma place dans ce rôle et pourtant je finis par traverser la distance qui me sépare des jumeaux pour les serrer dans mes bras avec force, me raccrochant à eux comme je l’ai toujours fait, ma famille, malgré mon comportement trop souvent égoïste, toujours au centre de mon affection. Je viens déposer un baiser dans les cheveux de Tessa. « Ca va aller Tessy, Ca ira. » je promets quand je ne devrais sans doute pas, mais peut-être est-ce une façon aussi de me rassurer, ma main ne lâchant pas le dos de mon frère.


@Lincoln Mulligan  @Tessa Mulligan  

Everything I Didn't Say -- @Tessa Mulligan & @Freddy Mulligan

« Deux mois. Pourquoi tu n’as rien dit…» Je me pose la même question que Freddy mais je n’ai pas osé lui demander. Je sais que je ne suis pas bien placé pour lui faire des reproches sur le temps que ça lui a pris pour nous mettre au courant étant donné que j’ai habité dans mon véhicule pendant près de deux mois et que je n’ai pas demandé d’aide à mes proches parce que j’avais honte et que je voulais m’en sortir tout seul. Sauf qu’il n’y a pas de honte à avoir pour sa condition, elle n’aurait rien pu faire pour que ça n’arrive pas. Peut-être avait-elle besoin d’un peu de temps pour encaisser la nouvelle, ça n’avait pas dû être évident pour elle d’apprendre la nouvelle, j’aurais juste aimé pouvoir être là pour elle comme elle l’est toujours pour moi lorsque j’en ai besoin. « Tu n’as pas à t’en vouloir. J’ai rien montré, je ne voulais pas vous inquiéter... Vous aviez d’autres choses à penser. » Comme à son habitude, Tess tente de me consoler alors que c’est moi qui devrais être là pour l’épauler dans cette dure épreuve. « J’aurais dû le sentir! » Tessa et moi sommes ensemble depuis le tout début et, en temps normal, nous n’avons pas besoin de nous parler pour savoir que l’autre vit un moment difficile. Je m’en veux d’avoir été distant avec elle ces derniers mois et je suis convaincu que ça doit être une des raisons pour lesquelles je n’ai pas senti que quelque chose clochait chez elle. Maintenant que je suis au courant de sa condition, pas question que je la laisse tranquille une seconde. Je vais veiller au grain.

Elle nous explique enfin en quoi consiste sa maladie et ses paroles sont encourageantes. La tension dans mes épaules se relâche lorsque je comprends que je ne la perdrai pas. « Je vais pas mourir Link. Je vous promets que je vais prendre soin de moi. Lever le pied et ne manquer aucun rendez-vous. » Je hoche vivement la tête en m’essuyant le nez du revers de la main. « On va aller te porter à tes rendez-vous s’il le faut. » dis-je en lançant un regard vers mon frère, convaincu qu’il acceptera sans même le consulter parce qu’il veut lui aussi ce qu’il y a de mieux pour notre sœur. « Et pour le moment, j’ai juste un traitement à prendre et me ménager pour éviter de trop le fatiguer. » Maintenant rassuré, je m’approche de ma sœur pour l’étreindre tout en invitant notre frère à se joindre à nous. Lorsque je vois l’hésitation dans son regard, je remue légèrement le bout de mes doigts pour l’encourager à venir, ce qu’il finit par faire et la main qu’il pose dans mon dos me met du baume au cœur. « Ca va aller Tessy, Ca ira. » « Évidement que ça va aller ! » Ma gorge se noue en sentant l’émotion dans la voix de ma sœur et je ne peux réprimer quelques larmes à mon tour tandis que je resserre mes bras autour de leur taille. « Et puis... qu’est-ce que vous feriez sans moi ? » Je me contente de rire légèrement en guise de réponse, ne croyant pas très utile de préciser que je me laisserais probablement dépérir s’il venait à lui arriver quelque chose parce que je serais tout simplement incapable de continuer d’avancer sans elle, sans mon pilier. « Je vous aime tellement tous les deux ! Merci d’être là. » « Tu sais qu’on sera toujours là quand tu en as besoin. » Je lui souris affectueusement avant de me séparer d’eux pour essuyer le coin de mes yeux en reniflant. « Je prendrais bien du fondant au chocolat moi. Pas toi? » demandé-je à l’attention de ma sœur, convaincu que le dessert ramené par notre frère réussira à nous réconforter un peu.

« Tu n’as pas à t’en vouloir. J’ai rien montré, je ne voulais pas vous inquiéter... Vous aviez d’autres choses à penser. » Je n’ai pas été là, préférant fuir à Sydney plutôt que d’affronter mes problèmes ici. Peut être que si j’avais été là elle m’en aurait parlé. Peut-être que j’aurais pu l’aider, être un soutient. Je ne l’aurais sans doute pas remarqué, bien trop préoccupé par moi-même plutôt que par les autres, mais elle me l’aurait peut-être dit si j’avais fait preuve de plus de plus de présence, si j’avais été là pour elle comme j’aurais dû l’être. Le constat est violent, ma sœur ne m’a pas fait assez confiance pour m’en parler. Si je comprends qu’elle a cherché à nous protéger à sa manière,  qu’elle n’en a pas non plus parler à Lincoln alors qu’ils ont toujours été très proches, je n’arrive pas complètement à effacer la culpabilité.

Elle nous explique sa condition et je reste silencieux, le regard rivé sur le visage de la jeune femme. « Je vais pas mourir Link. Je vous promets que je vais prendre soin de moi. Lever le pied et ne manquer aucun rendez-vous. » « On va aller te porter à tes rendez-vous s’il le faut. »  J’hoche la tête en accord avec les dires de mon frère, bien décidé à ce que Tessa prenne sa santé au sérieux. « Et pour le moment, j’ai juste un traitement à prendre et me ménager pour éviter de trop le fatiguer. »  Cela me rassure et mes épaules se détendent alors que je soupire de soulagement. Si j’ai quelques secondes d’hésitation je finis par rejoindre ma famille dans cette étreinte qui semble apaiser tout le monde. « Évidement que ça va aller ! »   Les larmes qui roulent sur ses joues, finissent par m’achever et se sont mes yeux qui se remplissent de larmes à leur tour alors que je déglutis difficilement la serrant un peu plus fort. « Et puis... qu’est-ce que vous feriez sans moi ? »  Je ne peux m’empêcher de rire, d’un rire noyé par l’émotion. « Je vous aime tellement tous les deux ! Merci d’être là. » « Tu sais qu’on sera toujours là quand tu en as besoin. »  Je ne dis rien me contentant d’hocher la tâte, déposant un baiser sur le front de ma sœur. « Je prendrais bien du fondant au chocolat moi. Pas toi? » Il est temps d’arrêter les larmes et de passer à des choses plus heureuses et je finis pas me détacher de leur étreinte. « Tu veux dire le meilleure gâteau de la terre entière ? »




@Lincoln Mulligan  @Tessa Mulligan