| Breath, trust, let go and see what happens || Loan |
| | (#)Mer 11 Aoû 2021 - 16:52 | |
| La détresse respiratoire est quelque chose d'horrible. Quiconque ayant déjà vécu une telle chose, sait combien la suffocation est douloureuse et s'apparente à une mort lente qui nous paraît inévitable. On est là, tranquillement assit dans le bus, lorsqu'on sent une compression sur sa cage thoracique. La respiration devient très rapidement plus laborieuse, l'air ne semble pas vouloir entrer jusque dans nos poumons. Comme si ceux-ci étaient paralysé et ne savaient plus que leur fonction première était de nous maintenir en vie. On essaie de rien laisser paraître car on est entouré par de nombreux gens qui nous sont inconnus et on a peur de leur regard et leur jugement, jusqu'à ce que la panique ne prenne le dessus et qu'on ne contrôle plus rien. On tente de se frayer un chemin vers la sortie la plus proche, pensant que l'air libre nous aiderait à reprendre le contrôle sur notre respiration, mais rien n'y fait. On trébuche, on se retrouve à genou parce que nos jambes ne nous tiennent plus tant nous sommes concentré sur nos poumons défaillant. On entends les cris des gens, des mains et des tons qui se veulent rassurant, on lutte contre l'horreur et l'impression de mourir, jusqu'à ce qu'on n'entende des voix plus proche et qu'on se retrouve avec un masque accroché au visage. Il ne faut pas plus de quelques secondes en plus pour sentir le flux de l'oxygène qui entre par notre nez et notre bouche, régulant enfin notre respiration.
Voilà tout ce dont je me rappelle, la suite étant bien trop floue pour que mon cerveau puisse avoir assimilé des informations. Ça fait maintenant bien quatre jours que je suis ici, dans cette chambre d'hôpital, et même si mon frère m'a expliqué un peu ce qui s'est passé et surtout pourquoi je ne suis pas près de sortir de là, je n'ai toujours aucune idée comment j'ai pu me retrouver dans cette situation. Les médecins ont beau être formels et sûr à cent pour cent que la défaillance ponctuelle de mes poumon est un des symptômes d'une nouvelle poussée de la sclérose en plaque, je n'arrive pas à me rappeler s'il n'y avait pas des signes avant coureur. Mais peu importe, de toute façon je suis là, dans ce lit, sans être en mesure de bouger sans ressentir des douleurs intenses un peu partout dans mes muscles. Et pire encore, ça fait trois jours que je suis incapable de me verticaliser sans ressentir d'horribles vertiges, allant parfois jusqu'à l'évanouissement et souvent jusqu'aux vomissements. Je n'ai donc pas d'autre choix que de rester allonger et bouger le moins possible. Mais le manque de mouvement ne fait qu'accentuer les douleurs articulaires et musculaires et lorsqu'en plus s'invite l'engourdissement de mon bras et ma jambe droite, je dois avouer que je me suis dit que les gens du bus auraient mieux fait de me laisser crever plutôt que d’appeler les secours. Mais j'ai bien évidemment éviter de le dire à qui que ce soit sous peine d'avoir l'étiquette du dépressif qui inquiète sa famille.
Aujourd'hui, au quatrième jours après mon admission à l'hôpital, je suis allongé sur le lit, les jambes légèrement surélevées après avoir tourné de l’œil lors d'un énième essaie de me mettre debout. Tout le monde est adorable et a bien essayé de me remonter le moral en me disant que c'est normal, que ça va revenir petit à petit et que je ne dois surtout pas désespérer, je n'ai envie d'écouter personne et me suis murer dans un silence qui ne me ressemble pas mais dans lequel je suis bien décidé de rester. @Loan Severide |
| | | | (#)Dim 12 Sep 2021 - 21:49 | |
| Comme chaque jour depuis maintenant une semaine, ma journée se veut d’être organisée à la minute près. Tout est calculé de sorte à ce que je n’ai pas le temps d’avoir ne serait-ce que quelques secondes pour me retrouver seul avec mes pensées. Je m’assure de toujours rentrer après Clément pour ne pas me retrouver seul à la maison, pour ne pas avoir le temps de ruminer, pour n’avoir le temps de rien si ce n’est courir encore et toujours. Papa est désormais en maison de rééducation et je suis toujours autant incapable de le laisser seul plus d’une journée, j’ai ce besoin constant d’aller le voir, de prendre des nouvelles de ses progrès, de le voir me sourire et m’assurer encore et encore que mon père est toujours là. Parfois, il demande après Martin et la maison et je tente d’éviter de donner une quelconque réponse. Je ne sais pas. Je ne veux pas vraiment savoir. Martin ne cesse de m’écrire, mais je ne sais comment lui pardonner l’explosion qui a eu lieu chez moi, il y a quelques jours de cela. C’était le coup de trop quand il a bien trop souvent été critique de mon couple avec Clément. C’est tout ce que je ne voulais pas entendre, c’était leur petite guerre quand j’avais cruellement besoin d’eux deux. Parfois me prends l’envie de couper mon téléphone pour ne plus voir les messages, pour avoir le temps de faire le tri, pour me laisser un moment afin de penser à tout cela. Je n’ai jamais été aussi perdu quant à mon amitié avec Martin lorsque je voudrais le laisser loin derrière, autant que je voudrais le garder toujours aussi proche. Clément se montre présent, mais j’évite de lui parler de tout cela. Je cours dans tous les sens, c’est bien la seule chose que je sois capable de faire.
Il me fallait revenir à l’hôpital pour une histoire de papiers et de dossier. Parcourir les couloirs devenus trop familiers n’avait rien de plaisant et perdu dans mes pensées me voilà à devoir traverser le bâtiment dans le sens inverse. À me perdre dans les méandres des couloirs, je finis par ne plus vraiment retrouver mon chemin et préfère demander la direction aux infirmières. Ces dernières, étant en train de faire, la relève, je patiente légèrement en retrait. Je ne voulais pas laisser mes oreilles traînées, mais un nom est sorti du lot. « A la 125, vous ferez attention, Monsieur Murphy a encore tenter de se relever seul, il a fait un malaise. » Cela aurait pu être n’importe quel Monsieur Murphy, mais lorsque l’une d’entre elle demande s’il s’agit bien du patient atteint de sclérose en plaques, j’abandonne mon idée de demande de renseignement et file vers la chambre 125 au bout du couloir. Je refuse d’y croire jusqu’à ce que mes yeux se posent sur lui. Je devrais être au courant, je suis toujours au courant lorsqu’il finit à l’hôpital. Cela ne peut pas être Martin.
C’est pourtant bel et bien Martin que je trouve allonger sur le lit, blanc comme un linge. Plus fragile que jamais. Elle avait dit qu’il était là depuis combien de temps déjà ? Qu’est-ce qu’il fait là, même ? « Martin… » Mon cœur se serre alors que j’ose faire un pas en avant. Je ne sais quoi dire lorsque son regard se relève pour croiser le mien. Planter là, j’observe mon meilleur ami qui ne va pas bien. Vraiment pas bien du tout. Et la culpabilité me heurte de plein fouet. « Qu'est-ce qui se passe? » |
| | | | (#)Lun 13 Sep 2021 - 20:08 | |
| Allongé sur le lit, le regard fixé sur le plafond, je reprend peu à peu mes esprits, chassant doucement le brouillard qui enveloppe mon cerveau depuis plusieurs heures déjà. Jamais je ne me suis senti aussi démuni. Pas même lorsque la maladie s'est invité chez moi. Bien que la première poussé m'ait laissé dans un état assez déplorable, l'état dans lequel je me trouve aujourd'hui est autrement plus lamentable. Je me sens faible, autant de corps que d'esprit, maudissant le fait que je sois incapable de savoir quand je vais réussir à retrouver mon indépendance. C'est sans doute ça, le pire dans toute cette histoire, que je sois dans l'incapacité de dire si un jour mon état va s'améliorer et surtout quand. La première fois, les progrès étaient assez rapide et même si je galérais au début pour bouger correctement, mon équilibre n'a jamais été impacté. Cette fois-ci, c'est totalement différent. Alors, certes, il y a ce problème de douleurs électrique dans mes membres ainsi que mon bras gauche qui est totalement endormi, le fait de ne pas tenir debout est bien plus atroce que tout. J'avoue qu'en étant allongé là, je maudis ce corps et cette maladie que j'avais, pourtant, si bien acceptée. Celle qui fait parti de ma vie et avec laquelle je n'ai pas le choix que de faire un chemin.
La porte qui s'ouvre, pourtant, me coupe dans mes pensées et me fait revenir sur terre. Si j'étais persuadé que ce soit une infirmière qui venait pour s'enquérir de mon état de santé, c'est un choc qui traverse mes muscles et qui noues mes entrailles lorsque je reconnais la voix de Loan. Tournant la tête vers la porte, mon regard se pose sur le jeune homme qui m'observe avec toute l'inquiétude du monde alors qu'il me demande ce qui se passe.
« A ton avis ?» demandais-je sèchement, sur un ton bien plus froid que je ne l'aurais imaginé «De toute manière, qu'est-ce que ça peut bien te foutre de comment je vais hein » pinçant les lèvres, je détourne le regard et, soupirant, le pose à nouveau sur le plafond. J'aimerais tant lui dire à quel point il me manque, mais je suis bien incapable d'exprimer une quelconque joie et de lui dire combien je suis heureux qu'il soit là, qu'il est la personne qu'il me faut aujourd'hui. N'a-t-il pas toujours été à mes côtés ? N'a-t-il pas toujours été le pilier sur lequel je pouvais m'appuyer autant que je voulais ? C'est ce qui me manque. Cartes, Ian est plus présent que jamais, mais il ne remplace pas Loan qui a toujours été là pour moi, peu importe les aléas de nos vies, peu importe que nous ne nous sommes pas vu pendant de nombreuse années, il a toujours été celui sur lequel je pouvais me reposer et l'épaule sur laquelle je pouvais pleurer.
« J'ai été admis il y a quatre jours» [i]mais tu l'aurais peut-être su si tu avais daigné répondre à mes appels[/] «pour détresse respiratoire » expliquais-je, bien trop sobrement, d'une voix rauque « Rosy est à nouveau apparue, avec un peu plus de violence que les dernières fois» il sait que c'est ainsi que j'appelle ma sclérose et que j'ai eu besoin de lui donner un nom pour l'accepter. Car si déjà nous devons faire un bout de chemin ensemble, autant la considérer non pas comme une inconnue mais comme une amie. |
| | | | (#)Mer 22 Sep 2021 - 23:02 | |
|
Lorsque ma main abaisse la poignée de cette chambre d’hôpital, j’osais encore croire que j’allais tomber sur un Monsieur Murphy d’un âge avancé qui ne ressemblerait en rien à celui qui fait partie de ma vie depuis des années. Je voulais espérer que le cercle vicieux allait enfin s’arrêter… C’est tout le contraire qui m’accueille sous l’image consternante de douleur, d’un Martin allongé dans son lit d’hôpital, le teint blâme et l’œil quelque peu hagard. La réalité me heurte de plein fouet quand il y a quelques semaines encore, c’est mon père que je retrouvais dans cette position. Mon cœur fait une embardée, reprise dans l’engrenage de l’angoisse à la réalisation que mon ignorance autour de sa présence dans ce lieu ne pouvait rien signifier de bon. Il a forcément supplié les médecins de ne pas m’appeler, préférant conserver sa fierté, voulant à tout prix me masquer la réalité de sa maladie. Je ne sais plus vraiment où me situer quand notre dernière conversation avait tourné au cauchemar et que le silence qui en avait suivi avait définitivement marquer au fer rouge notre relation.
C’est malgré tout l’inquiétude qui prend le dessus, une envie de le protéger et de tout faire pour ne pas le laisser sombrer. Quoiqu’il arrive, quoiqu’il puisse en dire, Martin reste mon meilleur ami. Malgré la dispute de la dernière fois, malgré nos mots qui ont parfois pu dépasser notre pensée. C’est ce que je pense en tout cas, malgré l’accueil glacial qu’il me réserve. Il est en colère le brun, il a des choses à dire quand il aboie sur moi dans une arrogance qui le caractérise parfois si bien. « Dis pas ça… » dis-je en soufflant alors que j’ose à peine m’approcher du pied de son lit. Il me paraît si distant, tellement intouchable. J’ai le cœur qui s’emballe, les mains qui deviennent moites, à l’idée que mon entêtement est pu l’amener dans cette chambre.
Lorsqu’il admet être là depuis quatre jours puisque sa maladie, qu’il prénomme maladroitement Rosy, à décider de faire son retour. « J’ai pas été prévenu… » que je marmonne presque pour moi, me notant déjà d’aller gueuler sur le premier médecin de garde. C’est Ian qui en fera les frais quand je finirais par le trouver dans les couloirs. « Martin… Je suis toujours là. » Toujours. La promesse restait gravé, malgré les disputes et les désaccords. « Je serais venu tout de suite si j’avais su. » Sans même jamais hésité.
|
| | | | (#)Jeu 23 Sep 2021 - 9:25 | |
| En voyant Loan débarquer dans ma chambre, je sais qu'il est cette personne qui me manque pour retrouver la force pour me battre et ne pas sombrer. Car mon plus vieil ami me connaît, mes faiblesses et moi, mais il saura aussi me mettre face à ma force et mes qualités. Je le sais, tout cela et dans le fond je suis persuadé que la venue de mon meilleur n'est pas anodine, et pourtant je n'arrive pas à l'accueillir comme il se doit. Je suis incapable de montrer ne serait-ce qu'une once de joie à l'idée de l'avoir à nouveau à mes côtés et lorsque je m'adresse à lui c'est un ton bien trop sec et froid. Il ne le mérite que je lui parle ainsi mais j'ai été bien trop malmené par son éternel silence depuis la dernière soirée que nous avons passé ensemble. C'était entièrement de ma faute, mais n'ais-je pas fait le premier pas, moi ? Je lui ai laissé du temps, je ne l'ai pas non plus assaillit de messages en tout genre...et pourtant il restait injoignable.
Si mon cerveau hurle à mes cordes vocales d'exprimer mon envie de virer Loan de ma chambre, c'est pourtant les sentiments, le cœur et la conscience qui prennent le dessus, alors que je lui explique pourquoi je suis ici. La seule chose que mon meilleur ami parvient à dire c'est qu'il n'a pas été prévenu. «En même temps, tu as ignoré tous mes appels et tous mes messages » expliquais-je sur un ton bien plus doux mais dans lequel on peu aisément détecter une certaine animosité «Tu m'as clairement fait comprendre que tu ne voulais plus me parler donc je me suis dit que tu ne voulais pas non plus être prévenu » haussais-je les épaules alors que mon regard reste fuyant, incapable de se poser pour plus d'une ou deux secondes sur Loan.
Toutefois, il m'assure à nouveau qu'il sera toujours là et qu'il serait venu directement s'il avait su. A ces paroles, ma gorge se noue et je ferme les yeux. Je suis pourtant incapable de cacher l'émotion qui me submerge lorsque Loan ose enfin faire un pas vers mon lit. «Je suis désolé » soufflais-je « Pour ce que j'ai fais et ce que j'ai dis et je ...» ma voix se brise alors que je déglutis pour refouler les larmes qui menacent de couler « Je sais que j'ai merdé et que je suis aller beaucoup trop loin, mais...» je fini enfin par poser mon regard sur mon meilleur ami «est-ce que tu crois que tu pourras me pardonner un jour ? » |
| | | | (#)Mar 12 Oct 2021 - 19:52 | |
| Rien ne semble faire sens tant j’ai du mal à assembler les différentes pièces du puzzle. Il ne devrait pas se trouver là. La maladie, je la connaissais, je savais qu’elle pourrait le rattraper à tout moment. Jamais je n’avais envisagé qu’il puisse traverser une telle épreuve en étant complètement seul. En même temps, jamais je n’aurais pu prévoir que l’on se disputerait ainsi. Ce n’était pas quelque chose de nouveau, les conflits entre nous. On a toujours su naviguer à contre-courant de nos idées arrêté pour se retrouver sur un juste milieu qui finissait tant bien que mal par fonctionner. Jamais je n’avais délibérément fait le choix de l’ignorer comme ce fut le cas ces dernières semaines. Il avait dépassé les limites ou bien ma patience n’avait plus le même seuil de tolérance. Je ne serais trop dire ce qui avait bien pu foirer, mais voilà que Martin cherche à me le reprocher. Tout est balancé à demi-mot et je pourrais m’en offusquer, mais ce serait tout de même culotter de ma part quand tout ce qu’il énonce n’est que la stricte vérité. Je ne voulais pas lui parler et je venais à en payer le prix fort. « J’avais besoin de temps. » que je souffle lentement sans trop épiloguer. Ce n’est peut-être pas le moment de se lancer dans une telle conversation, il me paraît bien trop épuisé pour pouvoir endurer tout cela.
C’était sans compter sur le côté bien trop entêté de mon meilleur ami. Il a des choses à dire et je ne veux pas le retenir, peut-être qu’il est temps pour nous de déposer les cartes sur la table. Le silence avait probablement déjà trop duré. Il s’excuse dans un souffle et je me mords la lèvre pour ne pas laisser les émotions me submerger. C’est bien trop rare d’entendre Martin revenir sur ce qu’il a pu crier sur les toits. Il avoue ses torts et le voir aussi sincère me pousse à m’avancer vers lui pour lentement venir poser ma main sur son bras. Je ravale mes larmes, souffle un bon coup et tente de trouver les bonnes paroles. En rien, je n’ai envie de lancer une nouvelle dispute. Bien au contraire. « Dans le fond, je le savais depuis le début, que tu ne l’aimes pas. » C’est difficile de l’admettre, ce n’est pas simple de vivre avec l’idée que les deux personnes plus importantes dans ma vie ne peuvent se retrouver dans la même pièce. « Et je peux le concevoir… Je crois. » Je ne suis pas réellement sûr de moi dans le fond. Est-ce que ce sera une situation durable ? Est-ce qu’ils vont me forcer à choisir dans un moment difficile ? « Tu es vraiment allé trop loin en levant la main sur lui. » Ce geste, je ne l’oublie pas. Il reste graver dans un coin de ma tête comme un bleu permanent. « Je peux pas te rayer de ma vie juste pour ça, parce que tu restes mon meilleur ami Martin. » Le seul et l’unique, celui qui m’accompagne depuis tellement d’années. « Je te pardonne. » que je souffle en douceur, amenant les mots avec un sourire, tandis que mes doigts s’ancrent sur sa peau. « Mais plus jamais tu fais une chose pareille… » |
| | | | (#)Mar 19 Oct 2021 - 11:08 | |
| Il avait besoin de temps. Pour quoi ? Pour savoir s'il allait définitivement me rayer de sa vie ? Ou pour décider de revenir malgré tout ? Plus le temps passait, plus notre amitié prenait un coup et plus j'étais persuadé que rien ne pourra plus jamais la reconstruire. Et je sais que j'aurais mis un temps fou pour faire le deuil de cette précieuse amitié, encore plus parce que je suis à l'origine de sa destruction. Je ne pense pas que Loan se rende réellement compte à quel point je m'en veux et combien je me rend malade à cause de ce que j'ai fait, je ne suis même sûr de pouvoir mettre des mots sur comment je me sens. Et voir mon meilleur ami débarquer dans ma chambre rouvre cette blessure que je me suis infligé moi-même.
Il s'étonne de ne pas avoir été prévenu, je lui avoue m'être persuadé que son silence éternel voulait tout dire. Et pourtant il est là, inquiet comme toujours, à tenter de trouver les mots exact. C'est sans doute ce qui me pousse à finir par briser les remparts que je m'étais construits et à le supplier, presque, de me laisser retourner dans sa vie, lui faisant bien comprendre que j'ai bien conscience de mes erreurs et que je les regrettes amèrement. Et voilà qu'il fini par réduire totalement la distance qu'il avait instauré entre nous, dans le sens propre comme dans le sens figuré. C'est comme si, en s'avançant vers moi et en posant sa main sur mon bras, il acceptait de m'avoir à nouveau auprès de lui et j'avoue avoir de plus en plus de mal à retenir mes larmes lorsqu'il reprend la parole.
Mon cœur se sert quand je l'entend avouer qu'il savait, sans le fond, que je n'aimais pas Clément et qu'il peut sans doute s'en accommoder. Mes intestins se tordent douloureusement lorsqu'il me parle du coup que j'ai porté sur son copain mais que malgré tout il ne pouvait pas m'éjecter de sa vie, tant que je lui promet de ne plus recommencer. « Plus jamais» assurais-je en posant mon regard sur Loan, essayant de lui montrer le plus de sincérité possible. « Et c'est pas que je l'aime pas Clément, c'est juste que ...» que je suis jaloux de ton bonheur ? « Rien n'a changé entre nous et pourtant j'ai l'impression que tout à changer depuis que vous êtes ensemble» finissais-je par dire, alors que mon regard se pose à nouveau sur la main de Loan qui est toujours posée sur mon bras «Tu le sais que je ne souhaite que ton bonheur et que je suis vraiment et sincèrement heureux pour toi, mais j'ai parfois cette impression totalement irrationnelle de me faire remplacer» je prend une profonde inspiration et soupire doucement en secouant la tête «C'est totalement idiot parce que finalement t'arrive super bien à gérer de ce côté là et jamais tu ne m'as mit de côté mais dans le fond je crois que j'ai vraiment peur qu'un jour tu décides que ta relation est plus importante que notre amitié » je déglutis et pince les lèvres «Je ne suis pas entrain de te demander de faire un choix, qu'on soit d'accord, je crois que j'ai juste besoin que tu m'assures que jamais tu ne me mettras de côté» je relève mon regard sur le jeune homme sans pouvoir retenir mes larmes «Eirean est repartie en Irlande avec Eliott... » soufflais-je dans une voix qui se brise finalement par les sanglots.
|
| | | | (#)Dim 24 Oct 2021 - 21:48 | |
| Il n’est pas simple d’admettre à haute voix que j’avais compris tout ce que Martin me cachait depuis le départ. J’avais vu les grimaces qu’il avait parfois lorsque Clément était là, j’avais entendu toutes les remarques soigneusement – ou non – dissimulé dans son discours depuis que j’ai emménagé avec le jeune homme. Je ne dis pas comprendre, mais j’admets avoir vu sans rien changer. Son avis a toujours de l’importance pour moi, mais tout ce qu’il semble reprocher à Clément me paraît tellement injustifié que je n’ai jamais voulu lancer la conversation. Je crois que je savais, par avance, que tout cela allait mal se terminer, parce que je n’allais pas être d’accord avec lui. Des histoires d’amour chaotique, j’en ai connu tout un tas et si au départ, je craignais que mon histoire avec Clément vire encore au cauchemar, il faut avouer que l’on a pris un chemin bien différent depuis plusieurs mois désormais. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais je sais qu’il est celui que j’aime et celui avec qui j’ai envie de continuer à avancer, que cela plaise à Martin ou non.
Quand il commence à m’expliquer les raisons de son comportement, je dois avouer que je m’en trouve encore plus étourdis. Sans que je ne l’aie vu venir, Martin me fait part d’une jalousie que je n’aurais jamais pu soupçonner. Rien ne semble avoir un angle amoureux, mais juste une perception de différence à son point de vue. Je voudrais l’interrompre, mais je préfère lui laisser l’occasion de vider son sac une bonne fois pour toutes. Je suis véritablement surpris de l’entendre parler ainsi, d'évoquer des possibilités qui ne m’ont jamais traversé l’esprit. J’ai conscience d’avoir passé énormément de temps en compagnie de Clément, mais jamais je n’aurais pu imaginer que cela avait affecté Martin de la sorte. « Martin… T’es mon meilleur ami depuis que j’ai quatre ans. » Cette simple phrase devrait lui faire réaliser que ce n’est pas un garçon qui allait pouvoir nous séparer aussi facilement. J’aime Clément de tout mon cœur et je sais que lui aussi à ses réticences envers Martin, mais si un jour, il venait à me demander de ne plus voir mon ami, notre relation s’arrêterais net. Je n’ai même pas besoin d’y réfléchir. Cependant, je veux lui expliquer les choses. « Je sais que je passe beaucoup de temps avec lui, mais… Il me rend heureux Martin, vraiment… » Comme jamais personne ne l’avait fait auparavant. « J’ai l’impression d’avoir enfin trouvé un homme qui ne se moque pas de moi. » Et il sait lui qu’avant Clément la liste de connard était plutôt longue, il est celui qui m’a fait ouvrir les yeux sur la plupart d’entre eux. « Mais ça ne change absolument rien à notre amitié. » que j’affirme avec force avant d’ajouter : « T’es mon frère, tu l’entends ça ? On met jamais la famille de côté chez les Severide. » Il le sait mieux que tout le monde, mais j’entends qu’il a eu besoin d’être rassuré.
Et lorsque ses sanglots deviennent trop gros, lorsqu’il murmure ce qui semble lui peser depuis si longtemps, je comprends enfin ce qui ne va pas avec Martin. Sans hésiter, je viens le prendre dans mes bras alors qu’il laisse couler les larmes. « Et tu t’es dit que frapper un petit gabarit allait te faire sentir mieux ? » Elle est débile ma réplique, mais j’essaie malgré tout de lui tirer un rire, quand je suis bien incapable de trouver les mots qui pourront pleinement le rassurer. Eireen a toujours été un électron libre, c’est bien pour cela qu’il était tombé amoureux d’elle. Cette conne, elle va m’entendre, c’est certain. « Je suis désolé, Martin. » Qu’elle soit partie comme cela, de ne pas avoir été là. Alors, je le serre un peu plus contre moi. « Je partirais pas, je te le promets. » |
| | | | (#)Mer 27 Oct 2021 - 12:43 | |
| Ce que je dis à Loan est bien plus dur que ce que je pensais et pourtant c'est quelque chose que je suis obligé de lui expliquer. Clairement, je ne déteste pas la personne qu'est Clément, je déteste la façon que j'ai de gérer- ou plutôt de ne PAS gérer - la situation dans laquelle nous sommes tous les trois. Mes mots sont bancals mais c'est bel et bien ce que j'essaie de lui faire comprendre. Finalement, en parlant, le seul mot qui me vient à l'esprit c'est 'jalousie' et c'est bel le cas. C'est la jalousie qui fait que j'ai été trop loin. La jalousie et la peur de ne plus être assez pour Loan, que celui-ci risque de me virer de sa vie remplacer dès qu'il en a en l'occasion.
Et pourtant, ce n'est absolument pas le cas. C'est ce que mon meilleur ami me rappelle que nous sommes dans la vie de l'autre depuis que nous avons quatre ans et que ce n'est pas cette relation qui le rend pleinement heureux qui va y changer quoique ce soit. Je soupire quelque peu lorsqu'il m'assure avoir trouver en Clément l'homme qui ne se fout pas de lui et je me sens con d'avoir douter de la force de notre amitié «Je sais » assurais-je en hochant doucement la tête. «ça se voit que t'es heureux avec lui » je lui adresse un petit sourire, avant de laisser échapper un soupire de soulagement lorsque Loan me rappel que nous sommes frère et que la famille n'est et ne sera jamais mise de côté chez les Severide «chez les Goldschmidt aussi » soufflais-je, usant pour la première fois depuis longtemps de mon nom de famille d'origine.
Car Murphy est le nom que j'ai choisi lorsque je suis arrivé en Irlande. Et au final, je me rend compte qu'il est bien trop associé à des souvenirs peu reluisant, d'avantage encore depuis le retour d'Eirean et Eliott dans leur pays d'origine. Ce départ est encore bien trop récent pour que j'ai eu le temps de le digérer et la vague d'émotion me submerge brusquement, brisant les berges que j'avais irrigué autour de mon esprit et laissant échapper les larmes que je tentais tant bien que mal de retenir. Trois semaines sont passées depuis que la jeune femme est partie et c'est la première fois que je pleurs le départ de mon ex et mon fils. Je n'entend pas la remarque de Loan et ne prend en compte que le fait qu'il vienne me prendre dans ses bras en me promettant que lui ne partira jamais. «C'est horrible comment il me manque putain » réussissais-je à articuler entre deux sanglots «Je m'étais tellement habitué à sa présence et j'avais commencé à assumer mon rôle de père. J'étais près à l'assumer jusqu'à la fin, je me faisais une joie immense de le voir grandir et... » ma voix se brise alors que les pleurs ne redouble de force et que je m'accroche à Loan comme je m'accrocherais à une bouée de sauvetage dans une mer déchaînée « je ne peux rien faire et ça fait tellement mal » je ferme les yeux, mes larmes inondant mon visage et le t-shirt de mon meilleur ami «c'est tellement injuste putain. J'aurais dû crever dans ce bus ... » et c'est la première fois que je prononce à haute voix ce que je pense tout bas depuis plusieurs semaines déjà : à quoi bon continuer à vivre si c'est pour vivre dans cette éternelle souffrance ? |
| | | | (#)Ven 10 Déc 2021 - 22:22 | |
| Je pensais avoir tout imaginé autour de la dispute entre Martin et Clément, j’en étais venu à la conclusion que ce n’était qu’une chose complètement stupide. Jamais l’idée que tout cela puisse être de la jalousie ne m’avait frôlé l’esprit. Pour être honnête, je me sens quelque peu con, face à l’aveu de Martin. Il a toujours été mon meilleur ami, d’aussi loin que je m’en souvienne, qu’importe les personnes qui ont bien pu s’ajouter dans ma vie par la suite, il a toujours eu une place bien particulière. Il a su être ce frère que je n’ai jamais eu, celui que j’ai longtemps demandé au Père Noël chaque année. Jamais je n’aurais pu envisager l’idée même que l’arrivée de Clément dans ma vie, le déstabilise à ce point-là. C’est nouveau, ce n’est pas commun, mais c’est empli d’une honnêteté que je ne voudrais lui retirer. « Ma relation avec lui ne viendra jamais entacher la nôtre. » que je lui promets à nouveau tandis que mes doigts viennent serrer les siens encore un peu plus fort.
Il finit par s’écrouler pour une tout autre raison, dès l’instant où l’on évoque son ex petite-amie et surtout leur fils. J’apprends que la jeune femme à décider de retourner dans son pays natal et que Martin n’avait aucune possibilité de la faire changer d’avis. Je voudrais avoir le temps d’être en colère contre Eireen, mais j’ai tout juste le temps de réceptionner Martin qui se met à pleurer comme je ne l’avais jamais vu auparavant. Ces sanglots m’arrachent le cœur tandis que je le serre avec force contre moi. Ne sachant comment le réconforter autrement, je lui laisse tout le temps du monde pour verser ses larmes sans jamais lui donner l’occasion de se dégager de notre étreinte. Ce qui m’affole, ce sont les propos qu’il tient entre ses larmes, tout sonne si définitif que mon sang se glace à l’idée même que Martin veuille en finir. « Qui a dit que tu ne le reverrais jamais ? » Il me faudra quelques minutes avant de prononcer ces quelques mots, mais je n’ai jamais été aussi déterminé. Eireen ne pouvait pas aisément s’incruster à nouveau dans sa vie en lui présentant son fils pour mieux lui enlever à tout jamais par la suite. S’il faut, j’irai la retrouver à l’autre bout du monde pour lui faire entendre ça. « Il est loin, mais tu pourrais aller le voir de temps en temps. » Je sais combien il est impossible pour lui de monter dans un avion, mais ce n’est pas le débat pour l’instant. « Eireen est venu te trouver pour te le présenter, je ne vais pas prétendre savoir ce qui l’a poussé à repartir, mais elle voulait que tu le connaisses, Martin. » Elle n’aurait jamais entamé cette démarche de retrouvailles autrement. « Il vous faut peut-être du temps pour trouver un équilibre, mais je suis sûr que vous allez trouver. » Je tente d’influer un peu d’espoir entre ses larmes, venant essuyer ses joues sans jamais me défaire de mon sourire. « S’il faut, j’irai chercher Eliott moi-même pour qu’il passe un peu de vacances avec toi. » que je lui assure à nouveau sans jamais me dégonfler. « Et je suis là pour toi, d’accord ? Qu’importent nos embrouilles, je serais toujours là. » Même si c’est en retard, même si c’est pour le retrouver allonger dans un lit d’hôpital, pour lui, je serais là. |
| | | | (#)Mer 12 Jan 2022 - 18:45 | |
| Je pense que si je n'étais pas dans cette position infériorité face à Loan, je n'aurais sans doute jamais laisser tomber autant mes barrières et je n'aurais jamais fait l'aveu que je viens de lui faire. J'aurais gardé ma jalousie et mes craintes pour moi et Loan serait reparti sans se douter une seule seconde du mal qui me ronge depuis des mois et que je n'arrive pas à accepter. Vouloir son bonheur et être terriblement jaloux de ce bonheur est une situation bien trop contradictoire pour qu'elle soit viable. Et pourtant c'est bel et bien le cas et lorsque je lui parle aussi ouvertement des mes ressentis, je fini par me rendre compte que nous aurions du avoir cette conversation depuis bien plus longtemps déjà. Loan m'assure avec toute la sincérité du monde que jamais sa relation avec Clément ne viendra entacher la notre et même si je n'en suis pas persuadé maintenant, j'hoche la tête pour lui signifier que j'ai compris.
Ça aurait pu s'arrêter là. Notre conversation aurait pu prendre fin maintenant, mais les barrières que j'ai laissées tombées font aussi sortir les souvenirs concernant le retour d'Eirean et Elliot en Irlande. Et c'est là, dans les bras de mon meilleur ami que je craque. Aux larmes de désespoirs se mélangent aussi la douleur qui est autant physique que morale à l'idée de ne plus jamais être capable de me lever de ce lit ou de revoir mon fils. C'est comme si on m'arrachait le cœur et même les douces paroles pleine de positivité de mon meilleur ami ne parviennent pas à me réconforter. Il me parle du fait que la jeune Irlandaise ait fait tout le chemin pour me présenter mon fils, ce qui signifie quand même qu'elle me veut dans sa vie. Mais comment puis-je être dans la vie d'Elliot si nous habitons à l'opposé sur le globe lui et moi ? Mes sanglots finissent par se calmer un peu lorsqu'il m'assure, encore une fois, qu'il sera toujours là pour moi peu importe les situations d'embrouilles dans lesquelles nous nous trouvons. «Merci » parvenais-je enfin à souffler contre l'épaule de mon meilleur ami.
L'étreinte dure encore quelques instants de plus pendant lesquelles je me dis que clairement je ne mérite pas tout l'amour fraternel que cet homme me porte, avant que je ne finisse par me détacher de lui. Dans un soupire je recule ma tête contre l'oreiller et ferme les yeux, attendant que la pièce ne cesse de tourner. Puis je reporte mon attention sur Loan et lui souris faiblement «Tu veux bien rester encore un peu ? » demandais-je, incertain. Et pourtant la réponse de mon meilleur ami est évidente : oui, il restera encore, aussi longtemps que je le souhaite. Je ne sais pas combien de temps se passe, toujours est-il que je fini par m'endormir.Et c'est doute à ce moment là que Loan s'en va après avoir promis, encore une fois, qu'il reviendra dès le lendemain. |
| | | | | | | | Breath, trust, let go and see what happens || Loan |
|
| |