J’ai réussi à convaincre Caleb de faire une séance avec moi. Ceci dit, pour ma défense, c’est lui qui a demandé mon avis et mes conseils pour sa tenue de mariage. Non seulement en tant que sœur mais en plus en tant que témoin attitrée et officielle, je me dois de prendre ses demandes très à cœur. J’espère qu’il ne va pas me faire le coup de l’abandon en plein milieu pour soit-disant un problème au restaurant ou avec les jumelles car je blâmerai les personnes qui ne peuvent pas se tenir une après-midi sans la surveillance de mon responsable de frère. Considérant que j’ai maintenant un travail aux horaires dites “normales”, je peux donc dire avec fierté à mon aîné que je suis disponible n’importe quel week-end qu’il souhaite - de préférence un samedi, ce qui ne coincide pas avec son rôle de chef mais il faut savoir la priorité : son job ou son mariage. Et je suis satisfaite, pour une fois, qu’il ait choisi son mariage. Non seulement cela me donne l’occasion de faire de nouveau les magasins mais aussi parce qu'au-delà de ma relation avec Tim, il y a autre chose qu’il ne sait pas. Une information que je souhaite lui partager, pour une fois, et qui explique cet état de grâce dans lequel je semble être baignée depuis deux mois. Ce n’est qu’un job mais ça a de la valeur pour moi. C’est un métier plus respectable, plus sécuritaire, plus correct. J’ai attendu que ma période d’essai se finisse, j’ai voulu voir si j’allais vraiment avoir ma place au sein de la Fondation avant de le crier sur tous les toits. Mais je suis fière parce que pour une fois, je peux dire que je me lève pour aider à une cause bien plus noble que celle que je servais avant qui n’était en rien une cause.
Je ne vois pas que je n’observe que le “en dira-t-on” plus que mon propre ressenti. Pourtant, je ne peux pas me tromper ; mon ressenti ne peut pas être pire en étant assistante que quand je fus stripper. Cela ne va pas ensemble, ce n’est pas cohérent. Quand j’ai signé mon contrat, j’ai tout de suite vu le sourire de mes parents à travers les papiers, les tapes dans le dos d’une de mes sœurs, l’étreinte de mon frère. Leur approbation pèse autant que celle de mes abonnés, que je continue à chérir en parallèle. Ce qui est un autre problème, par ailleurs, mais un souci dont je ne me préoccupe pas pour l’instant. Même si cela concerne mon argent qui fond toujours (trop) rapidement. Aujourd’hui, je suis toute souriante alors que j’attends mon frère devant son restaurant alors qu’il est tout juste dix heures trente. J’ai concédé car c’est au Queen Street Mall que j’ai décrété faire sa séance d’habillage, qui se trouve dans le même quartier et non loin de l’Interlude. Cela ne m’a pas étonné car Caleb doit vouloir veiller à ce que tout soit en place pour le repas du midi - mais s’il ne sort pas dans les cinq minutes à venir, je vais le chercher moi-même.
Cinq minutes (plus ou moins) après, j’entre dans le restaurant et c’est le visage souriant d’Eddy qui se lève vers moi. Il est gentil, Eddy. Parfois un peu trop, mais je me dis que c’est naturel chez lui. Il vient d’une île, je ne me rappelle plus laquelle, mais son teint hâlé et son sourire lumineux parlent pour lui en premier lieu. “Primrose, quel plaisir! Caleb nous a dit que tu nous le kidnappais pour la journée alors j’imagine que tu es là pour lui et non pour moi ?” Mon sourire se crispe légèrement alors que mes doigts jouent nerveusement entre eux. “C’est exact, désolé, Eddy.” C’est le genre d’attentions qui me font monter le feu aux joues sans que j’y puisse y faire quoique ce soit. “Est-ce qu’il serait dans les environs ?” Est-ce que tu pourrais aller le chercher ? Parce qu’Eddy et les pas qui grattent entre nous ne me rassurent jamais beaucoup. Il n’est pas méchant mais j’en ai croisé, des hommes aux allures inoffensives qui se transforment en animaux une fois la lune levée. “Je vais voir et je te le ramène.” Il part sur un clin d'œil, je détourne la tête en feignant m’intéresser à la décoration alors que le serveur n’est même plus dans les environs.
Un réveil qui sonne bien trop tôt à mon goût et qui se mêle en harmonie parfaite avec les pleurs de Lena qui semble ne pas vouloir dormir un peu plus. Je soupire plusieurs fois, je bouge dans le lit après avoir éteint mon réveil. Je traîne deux ou trois minutes au lit mais les pleurs de Lena ne cessent pas alors avant de me lever j’embrasse ma fiancée dans le cou en lui murmurant de ne pas se lever. Moi dans tous les cas, je dois me lever pour me préparer à aller au travail alors qu’elle puisse profiter de dormir encore un peu. Alors je finis par me lever et je pars en direction de la chambre de mes filles. Lucy semble encore dormir mais je prends Lena dans mes bras et rejoins la cuisine avec elle. Je l’embrasse, je la berce et elle se calme doucement. Elle voulait certainement un peu d’attention de notre part comme souvent, j’en profite pour lui prépare un biberon tout en l’écoutant me parler. Quelques vrais mots dans sa phrase comme par exemple « papa » ou « miam », sa façon à elle de me dire qu’elle a faim. Mon café coule pendant que je prépare son biberon et une fois celui-ci terminé je vérifie la température avant de le lui donner. Elle le prend dans ses deux petites mains, le serre très fort et l’amène jusqu’à sa bouche. Je l’installe dans sa chaise haute pour finir de préparer mon petit déjeuner, je me fais cuire des œufs et du bacon et quand j’amène tout ça dans la salle à manger je vois Lucy pointer du doigt le sol en me faisant comprendre avoir fait tomber son bavoir. En fait, elle a sûrement tiré dessus pour le jeter elle-même par terre, la connaissant c’est l’explication la plus logique. Je remets son bavoir autour de son cou et m’installe à côté d’elle pour manger moi aussi. Mais elle ne semble pas vouloir boire son biberon dans le calme puisqu’elle s’amuse à le claquer contre la petite table de sa chaise haute. Je râle un peu mais je finis par la prendre sur mes genoux, elle se calme un peu, quelques minutes. Elle termine son biberon et me fait vite comprendre vouloir descendre de mes genoux. Je ne lutte pas et la pose par terre et elle ne perd pas une minute pour rejoindre à quatre pattes Nala et Dobby pour partir jouer avec eux. Elle utilise toujours les meubles pour l’aider à se lever et c’est tout en l’observant que je termine mon petit-déjeuner. Avant de partir sous la douche je l’installe dans son parc, elle n’en est pas vraiment contente mais Alex est encore au lit et Lena est bien trop active pour que je puisse la laisser sans surveillance. Une fois lavé je ressors de la douche et pars récupérer ma fille pour l’emmener avec moi dans notre chambre. Alex commence à se réveiller et je l’embrasse sur la joue. « Je peux laisser Lena avec toi ? Désolé bébé, il faut que j’y aille. Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. À tout à l’heure, je t’aime. » Lena crie et commence à râler quand elle me voit partir, elle tend les bras vers moi alors je l’embrasse elle aussi, et je lui dis à elle aussi que je l’aime et elle me fait un signe de main accompagné d’un « bye papa » tellement adorable.
C’est souvent Lena la première réveillée mais aujourd’hui elle semble en bien trop bonne forme et je sais qu’elle risque de faire courir Alex partout. Moi je passe un petit moment au restaurant, j’aide à la mise en place et vérifie que tout est parfait pour le début du service de ce midi. Comme tous les jours, en somme. Sauf qu’aujourd’hui je ne travaille pas vraiment c’est une toute autre mission qui m’attend : la trouvaille de mon costume. Après quelques premières séances d’essayages aucun n’a réussi à trouver grâce à mes yeux et j’espère qu’aujourd’hui ce sera différent. Je suis en cuisine quand Eddy, un des serveurs vient me chercher. “Caleb, Primrose est là.” Je crois qu’il a un faible pour ma sœur, d’ailleurs. En soit, ce n’est pas un mauvais garçon mais je ne sais pas si ses sentiments sont réciproques. J’hoche la tête et après un dernier coup d’œil partout je leur rappelle de m’appeler s’il y a le moindre problème – et au fond je sais qu’il n’y en aura certainement pas – et je quitte la cuisine pour rejoindre ma sœur en salle. « Désolé, c’est bon. Je suis là. » Ce sont les premiers mots que j’adresse à l’attention de ma sœur. Désolé parce que je n’étais pas censé passer au restaurant aujourd’hui mais je me suis tout de même senti obligé d’y passer avant cette séance de shopping qui s’annonce déjà bien trop compliquée. « Merci d’être passée. » Je lui donne une étreinte rapide en guise de salutations. « Tu veux boire quelque chose avant de partir ou on y va directement ? » Pour le coup, aujourd’hui, ce n’est pas moi qui vais avoir le contrôle sur la journée mais plutôt ma sœur. C’est à elle que j’ai demandé de l’aide et donc je la laisse tout gérer les yeux fermés. J’ai confiance en elle.
Mes yeux sont absents quand ils parcourent la décoration du restaurant. Je me perds dans mes pensées alors que mon attention totalement abstraite me fait naviguer d’un pas hasardeux entre les tables. Heureusement qu’il n’y a encore personne car je dois avoir l’air d’une vraie sotte. Mon téléphone est entre mes mains, attendant un signe d’attention de la part d’un père débordé par deux enfants qui découvrent les joies de naviguer où bon leur semble. Je sais qu’un message de Tim suffira à me donner un sourire magistral, mais la perspective de cette séance dans les magasins me comble tout autant, dans une certaine mesure. Les progrès que j’essaie de faire depuis que j’ai changé d’emploi sont en cours et je suis persuadée que ma bonne foi suffira amplement à poursuivre sur cette voie. Comme si ce nouveau travail est une nouvelle peau de mon existence ; c’est assez enfantin et sûrement naïf de voir cela comme une renaissance de ma personne. Mais l’important est d’y croire et j’y crois suffisamment pour au moins m’en donner une bonne conscience. Et puis, il faut bien avouer que je n’ai jamais été aussi bien qu’en ce moment. Certains diront que je me voile la face, comme je sais si bien le faire, mais c’est justement peut-être parce que je ferme les yeux sur mes problèmes que je finis par ne plus y penser. C’est une technique comme une autre et je veux savourer mes victoires, pour le moment. Même si elles ne sont que des écrans de fumée - personne ne peut voir l’avenir, de toute façon, alors je me réconforte comme je peux après avoir connu des mois compliqués.
« Désolé, c’est bon. Je suis là. » Mes yeux dérivent en reprenant conscience avec la réalité alors que je tourne la tête vers mon frère qui apparaît - Eddy derrière lui en octroyant un léger sourire accompagné d’un signe de la main qui veut sûrement dire “i got you”, ce qui ne me fait que sourire en grimaçant légèrement. Par bonheur, le serveur retourne s’occuper de ses affaires et je peux enfin sourire sincèrement à Caleb. « Merci d’être passée. » J’hausse un sourcil. “Comme si j’avais eu le choix.” Il m’enlace furtivement et je redresse mon sac sur mon épaule tout en jetant un nouveau coup d’oeil sur mon cellulaire dont l’écran reste dénué de notifications - pas celle que j’aimerai en tout cas - avant de le ranger en sécurité dans la poche de ma veste. « Tu veux boire quelque chose avant de partir ou on y va directement ? » Mon air se fait taquin tout en secouant la tête. “Tu peux prendre une bouteille d’eau si tu veux mais on ne boira quelque chose qu’en guise de célébration après avoir trouvé ton costume.” Parce que je compte bien mener mon objectif du jour à sa victoire certaine. “Comme je suis une sœur extra, je suis déjà allée faire du repérage le week-end dernier.” Connaissant son amour pour les magasins, il m’en sera reconnaissant de prendre conscience que non, nous n’allons pas faire toutes les boutiques de la ville - à part celles que je n’aurai pas vu. “Avec un peu de chance, tu trouveras ton bonheur du premier coup et ça ne durera qu’à peine une heure. Si t’y mets du tien, tu pourrais presque être de retour avant la fin du service.” Mon ton est malicieux au possible, gigotant la carotte sous le nez de mon frère avec un petit sourire de coin. “Allez, le futur marié, allons tester les cabines d’essayage!” que je finis par dire en ouvrant la porte de son restaurant pour l’inciter à en sortir.
Dernière édition par Primrose Anderson le Sam 30 Oct 2021 - 13:39, édité 1 fois
Après quelques premières séances d’essayage j’ose espérer qu’aujourd’hui sera la bonne. Je me marie dans deux mois et aucun costume n’a réussi à trouver grâce à mes yeux mais aujourd’hui j’espère que les choses seront différentes. Ce soir j’espère pouvoir rentrer, embrasser ma future femme et lui dire avoir trouvé mon costume de mariage. Elle sera certainement tout aussi soulagée que moi d’entendre ça mais avant, il me reste encore sûrement de bien trop longues heures de shopping et d’essayage avant de choisir la tenue dans laquelle je vais me marier. “Comme si j’avais eu le choix.” Un léger sourire et une étreinte rapide pour la saluer et j’attends de voir Eddy disparaitre de la circulation avant de glisser quelques mots à ma sœur. « Je crois qu’il t’aime bien. » Il, Eddy, le serveur qui l’a accueilli et qui semble avoir toujours un petit sourire collé sur les lèvres quand il voit ma sœur. « Un peu trop, même. » Un peu beaucoup trop si vous voulez mon avis. Mais Primrose n’a plus quinze ans, elle est grande maintenant et il est temps pour moi d’accepter de la voir grandir. Étant de cinq ans son cadet j’ai toujours eu le réflexe de la protéger des dommages collatéraux de l’amour. Parce que l’amour ça peut faire presque aussi mal que ça ne fait du bien. Mais quand on trouve la bonne personne l’amour c’est de loin le plus beau sentiment qui puisse exister sur Terre. Bien qu’il peut être tout aussi dévastateur et je pense être assez bien placé pour le savoir. “Tu peux prendre une bouteille d’eau si tu veux mais on ne boira quelque chose qu’en guise de célébration après avoir trouvé ton costume.” Une bouteille d’eau, d’accord, j’acquiesce et disparais quelques secondes pour en prendre une. “Comme je suis une sœur extra, je suis déjà allée faire du repérage le week-end dernier.” Une sœur extra oui mais également un témoin parfait pour mon mariage et elle me le prouve toujours un petit peu plus à chaque fois que le grand jour est au centre de nos discussions. « Merci pour tout ce que tu fais. » Pour tous les efforts que tu fais. Tout le monde sait qu’entre ma sœur et ma fiancée ce n’est pas la grande histoire d’amour mais pourtant Primrose prend sur elle et elle semble presque oublier que celle qui va rejoindre notre famille dans quelques semaines n’est pas une femme qu’elle porte dans son cœur. “Avec un peu de chance, tu trouveras ton bonheur du premier coup et ça ne durera qu’à peine une heure. Si t’y mets du tien, tu pourrais presque être de retour avant la fin du service.” Je jette un coup d’œil à ma montre et s’il me semble compliqué que je puisse être de retour avant la fin du service, je sais également que les chances que je trouve le costume parfait du premier coup sont extrêmement faibles. « T’es beaucoup trop optimiste, tu sais que j’ai rarement autant de chance. » Elle peut-être un poil trop optimiste et moi légèrement pessimiste ? Oui, certainement. Sûrement, même. “Allez, le futur marié, allons tester les cabines d’essayage!” Un sourire s’étire sur mes lèvres et je ne dis plus rien. Je sors et je me prépare psychologiquement à passer de bien trop longues heures dans les magasins.
Une vingtaine de minutes plus tard nous arrivons au Queen Street Mall et c’est sans plus attendre que nous nous dirigeons à l’étage dans le coin des boutiques de luxe. Les magasins dans lesquels nous trouverons des costumes, tous à mes yeux, bien trop chers. « Ça va ? » Je lui demande quand je repense à la déception qu’elle semblait ressentir tout à l’heure quand elle regardait son téléphone. Comme si elle attendait désespérément des nouvelles de quelqu’un. « Il faudra aussi qu’on trouve ta robe. Tu as déjà fait des repérages je suis sûr. » Si elle ne l’a d’ailleurs déjà pas achetée, ce qui ne m’étonnerait pas non plus d’ailleurs. Je porte mon attention sur des costumes trois pièces, comme précisé il y a quelques semaines. Je ne sais pas exactement ce que je veux mais au moins je sais ce que je ne veux pas et reprendre un costume similaire à celui que j’avais pour mon mariage avec Victoria, il en est hors de question. « Tu penses que lequel pourrait bien m’aller ? » Après tout si elle a fait des repérages elle a peut-être déjà pensé à certains costumes à essayer, non ?
« Je crois qu’il t’aime bien. » Je grimace parce que je l’avais remarqué mais j’aurai bien aimé que Caleb le souligne pas. Cela me met mal à l’aise, d’autant que c’est un employé de mon frère - et même si Eddy n’est pas désagréable à regarder, je ne viens pas au restaurant de mon aîné pour recevoir du rentre-dedans dissimulé. Et puis, de toute façon, je suis déjà prise. Ce détail a son importance face à mon apparent dégoût que je camoufle dans un sourire incertain. « Un peu trop, même. » Si Caleb veut jouer le grand frère protecteur, pour une fois, je ne pourrai que l’encourager. Lui pourra trouver les mots pour faire comprendre à Eddy d’arrêter ses sourires et ses regards - au-delà du fait que c’est mon frère, Caleb est son employeur, la pression est double. Je lâche un léger rire nerveux. “Tim serait ravi.” que je chuchote à voix basse pour moi même. Et ça aussi, je le lâche sans crier gare. Merde. Je ferme ma bouche, espérant l’avoir dit assez bas pour que mon frère n’ait rien entendu. Jouer l’innocente et les candides, me racler la gorge et passer ma langue sur mes lèvres, je dois me ressaisir. Je ne peux pas lâcher une telle chose comme cela, pas alors que cela fait des mois que je réussis à me taire. Je suis douée pour les secrets, les camouflages et les apparences.
« Merci pour tout ce que tu fais. » Parfaite transition, je souris sincèrement à Caleb. Je suis contente qu’il apprécie mes efforts, voir qu’ils ne sont pas vains. S’il savait que je ne me bats pas que sur un front - à savoir Alex - mais sur deux - compter Heather - il serait sûrement encore plus touché. Mais je ne risque pas de lui dire ; me vanter n’est pas dans mes gènes et je ne suis pas suicidaire pour dévoiler à quel point j’ai trahi une de ses amies les plus proches. Non seulement je risque le regard désapprobateur de Caleb, un jugement silencieux et des remarques sous forme de soupirs, mais en plus, si Heather apprend que j’ai balancé quoique ce soit, elle viendra obligatoirement me faire la peau. Je sais que j’ai caressé plusieurs fois l’idée séduisante de voir ma vie s’arrêter quand j’étais au fond du gouffre mais ce n’est pas le cas aujourd’hui ; au contraire, je n’ai jamais eu autant l’impression d’avoir ma vie bien en main. « T’es beaucoup trop optimiste, tu sais que j’ai rarement autant de chance. » Je souris encore plus fort en haussant les épaules. “L’important est d’y croire.”
Et c’est avec cet optimiste que je veux croire pour deux que nous arrivons au centre commercial. Je trépigne comme une enfant car je sais que je vais pouvoir entrer dans des magasins de luxe, caresser des tissus nobles et éparpiller mon regard sur mille et une pièces que je ne pourrai qu’avoir dans mes rêves - il faut que je sois raisonnable, je me suis promise de ne rien m’acheter ou juste un petit truc de rien du tout tant que ça rentre dans le budget. « Ça va ? » Je relève mes yeux après avoir regardé mon téléphone pour voir mon frère qui me regarde. “Oui oui, ça va. Et toi ?” Je range de nouveau mon cellulaire avant d’accrocher mes doigts à la lanière de mon sac. “J’ai l’impression que t’es un peu ailleurs. Stressé ?” Après tout, le grand jour approche et il n’a toujours pas son costume, ce qui me panique un peu pour lui mais je me cache bien de le lui montrer. « Il faudra aussi qu’on trouve ta robe. Tu as déjà fait des repérages je suis sûr. » Là, mon sourire ne peut tromper personne ; “tu me connais bien.” Voilà des mois et des mois que je me perds dans des robes, des étoffes, des brillances, des couleurs. J’ai bien des idées, j’en ai prise en photos, je les ai repérées dans les environs, mais je n’arrive pas à me décider. “J’en ai repéré plusieurs mais je te demanderai sûrement ton avis pour trancher. Parce que je n’y arrive pas.” et cela non plus t’étonnera personne. Mais au moins, je serai plus rassurée d’avoir l’opinion de mon frère, même s’il n’y connait rien. Je demanderai l’avis d’Amaya, au cas où. « Tu penses que lequel pourrait bien m’aller ? » Dans un rayon que nous parcourons, je caresse quelques exemplaires que j’ai pu avoir déjà vus avec un léger sourire. “Je pense qu’il faudrait opter pour du gris clair. Ou du beige. Mais je pense que le gris pourrait mieux t’aller.” Je sors un costume qui n’a rien de gris ou de beige. “Ou sinon, du marron. On pourrait faire une tenue typiquement anglaise, avec ta barbe, ça pourrait être élégant.” Alex pourrait apprécier le petit rappel de ses origines. Mais je suis sûre que Caleb va vouloir rester traditionnel. De toute façon, avec un costume à trois pièces, il sera déjà terriblement classe - je trouve ces costumes d’une élégance folle. “Oh, au faites, j’ai changé de boulot.” que je dis comme ça, l’air de rien, les yeux toujours ancrés sur les cintres que je bouge avant de pousser un léger cri de victoire. “Ah! Gris, simple, élégant, classique. Gris clair seulement parce que le sombre, c’est horriblement triste pour un mariage.” que je montre à l’attention de Caleb avec un large sourire.
Dernière édition par Primrose Anderson le Sam 30 Oct 2021 - 13:40, édité 1 fois
Elle a l’air ailleurs, Prim, perdue dans ses pensées ou peut-être que c’est surtout moi qui le suis ? La seconde option est sûrement la plus plausible. Le mariage avance à grands pas et j’ai l’impression qu’il nous reste encore tout un tas de choses à faire pour que tout soit prêt. Et puis il y a les disputes avec Alex. Ou plutôt cette dispute en particulier, il y a quelques jours qui semble être celle de trop. J’ai mes torts, je le sais et je m’en suis rapidement rendu compte sauf que comme d’habitude, elle a été trop loin, Alex. Elle en a fait trop et elle a fini par devenir cette femme irrespectueuse et égoïste que je déteste. Peut-être que je devrais arrêter de lui dire tout ce que je ressens, parce qu’à chaque fois que je le fais elle ne m’écoute pas et la conversation se transforme en dispute. Oui, je vais sûrement arrêter de mettre des mots sur mes ressentis et continuer à faire ce que je fais la plupart du temps : garder tout ça pour moi. “Oui oui, ça va. Et toi ? J’ai l’impression que t’es un peu ailleurs. Stressé ?” J’hausse les épaules tout en portant mon attention sur les costumes en face de moi. Je touche les tissus du bout des doigts, ma sœur attend une réponse je le sais, mais pourtant je ne sais pas quoi lui répondre. Non ça ne va pas, je me suis disputé avec la femme pour laquelle je suis dans ce magasin aujourd’hui. C’est ridicule mais pourtant vrai. « On s’est disputés il y a quelques jours. » Je lui réponds enfin dans un soupir. « Enfin c’est rien, c’est pas grave. Juste Alex qui fait sa Alex, c’est tout. » Si Primrose ne connait pas très bien ma fiancée je suis pourtant conscient qu’elle ne risque pas comprendre ce que cette phrase signifie réellement. « Mais ça va. » Si on oublie cette dispute, ça va oui. Mais l’oublier semble vraiment impossible alors la vraie réponse à sa question. Raison pour laquelle je semble être ailleurs, selon ses dires.
Je suis exigeant et aucun des costumes que j’ai pu essayer avec ma sœur jusqu’aujourd’hui ne me plaît réellement. Je me suis certes disputé avec ma fiancée mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas lui plaire le jour de notre mariage, au contraire. Mais si aujourd’hui est une journée consacrée aux essayages de mon costume je compte bien en profiter pour permettre à ma sœur de trouver sa tenue parfaite pour elle aussi. “tu me connais bien. J’en ai repéré plusieurs mais je te demanderai sûrement ton avis pour trancher. Parce que je n’y arrive pas.” J’hoche une fois la tête. « Avec plaisir. D’ailleurs, j’ai envie de t’offrir ta robe. » Une information lancée comme ça, comme si ce n’était absolument pas important. Offrir à ma sœur la robe qu’elle compte porter le jour de mon mariage me tient vraiment à cœur, mais pour le moment c’est pour moi que nous faisons du shopping. “Je pense qu’il faudrait opter pour du gris clair. Ou du beige. Mais je pense que le gris pourrait mieux t’aller. Ou sinon, du marron. On pourrait faire une tenue typiquement anglaise, avec ta barbe, ça pourrait être élégant.” J’analyse toutes les options qu’elle m’offre ; du gris clair, du beige mais aussi du marron apparemment puisque c’est un costume de cette couleur-là qu’elle me montre et en le regardant de plus prêt je ne peux empêcher une grimace. Et alors que je me redresse dans l’idée de lui donner mon avis sur tout ce qu’elle vient de me dire ; “Oh, au faites, j’ai changé de boulot.” Elle a changé de travail. Elle a changé de travail ? Je me redresse doucement, il me faut quelques secondes pour réaliser ce qu’elle vient de m’annoncer mais maintenant Prim pousse un petit cri qui me fait presque sursauter. “Ah! Gris, simple, élégant, classique. Gris clair seulement parce que le sombre, c’est horriblement triste pour un mariage.” Je ne l’écoute même pas et j’accorde à peine quelques seconds de mon attention au nouveau costume gris qui semble la mettre dans tous ses états. « T’as changé de travail ? » Je répète, je lui demande aussi pour être sûr d’avoir bien compris ce qu’elle vient de me dire. J’ai encore besoin de quelques secondes pour gérer l’information. « C’est super ! » Je suis enthousiaste même s’il m’a fallu quelques longues secondes pour réaliser et réagir. « Tu ne travailles plus ?... » Dans un club de striptease ? Dis-moi que tu n’as pas changé pour aller dans un autre club mais que tu as vraiment changé de travail ? Parce que j’ai changé de boulot ça veut tout dire et rien dire, pas vrai ? Je prends le cintre qui tient le costume gris que ma sœur ma tend, ce qui veut dire qu’il me plait mais je n’arrête pas mes recherches pour autant. Je fouille, je regarde, j’observe et c’est un costume noir que je montre à ma sœur attendant son approbation.
« On s’est disputés il y a quelques jours. » oh oh. J’aurai préféré l’entendre dire qu’il est stressé. Parce qu’une dispute, ce n’est jamais bon signe - même si c’est avéré que c’est important pour la symbiose d’un couple. Mais je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter légèrement, même si dans le fond ce n’est pas une surprise non plus. « Enfin c’est rien, c’est pas grave. Juste Alex qui fait sa Alex, c’est tout. » Juste Alex qui fait sa Alex. Ce qui veut à la fois tout et rien dire en même temps. Caleb joue de ma curiosité sans m’en dire davantage et je pince mes lèvres, songeuse. « Mais ça va. » je serai tentée de lui demander plus d’explications mais nous savons tous les deux que non seulement je n’y connais rien en relation de couple - enfin, je commence tout juste mais ça, Caleb n’est pas censé le savoir - mais aussi parce que je n’aurai pas un point de vue forcément objectif. Je sais que mon allégance ira toujours pour mon frère, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, que ce soit juste ou non. “Si ce n’est rien de grave, ça va passer, alors.” le mariage ne va pas être ruiné par une dispute - ce n’est pas comme si c’est la première fois qu’ils se disputent de toute façon. Ils sont habitués. Je ne vais pas faire mon intruse dans leur vie de couple.
J’espère seulement que les conséquences maussades de leur embrouille ne vont pas foutre en l’air la tâche du jour, à savoir apprêter le futur marié pour sa fiancée avec qui il semble être présentement en froid. Il n’y a rien de pire que de faire un shopping de cette importance là avec le marié qui n’a pas la tête à cela. Je ne veux pas perdre mon temps et je ne veux pas que celui de Caleb le soit aussi - ou pire, qu’il en soit dégoûté. C’est un moment privilégié entre nous, en plus, et je ne me rappelle même pas à quand remonte la dernière fois où on s’est retrouvé que tous les deux pour partager une telle excitation. « Avec plaisir. D’ailleurs, j’ai envie de t’offrir ta robe. » hein ? “Pardon ?” Je suis surprise et choquée sans trop savoir pourquoi ; peut-être parce que ce n’est qu’une robe mais je ne vais pas regarder le prix, comme d’habitude, et que Caleb pourrait me juger sur mes choix et mes goûts et mon style de vie, comme à chaque fois qu’il y a de l’argent impliqué. “T’es pas obligé. Je… J’ai de quoi pour.” j’ai mis de côté pour l’occasion. Un peu, c’est déjà mieux que rien. Je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille en souriant maladroitement ; je m’en veux de ne pas être reconnaissante en premier lieu, mais Caleb ne me doit rien et il sait qu’il n’a pas besoin de faire ça. Pourquoi il ne peut pas te venir à l’idée que ça lui fait plaisir, Anderson ? Que s’il a envie de l’offrir, c’est parce qu’il t’aime, parce que t’es sa sœur, t’es de sa famille et tu sais qu’il est généreux et altruiste. Toutes ces raisons n’étouffent pas cette crainte que mon frère puisse penser que je ne suis pas apte à vivre par mes propres moyens - après tout, il a bien été forcé de m’offrir un toit pendant des mois pour ne pas que je me retrouve à la rue.
Mais j’ai repris ma vie en main. « T’as changé de travail ? » je n’ai même pas remarqué que Caleb s’est arrêté, qu’il s’est stoppé dans son geste pour me regarder. Je lève mes yeux vers lui, fière de ma trouvaille, et les yeux bruns de mon aîné pétillant d’une lueur nouvelle. Serait-ce de la fierté aussi ? « C’est super ! » et peut-être même de la joie ? Je souris sincèrement en hochant la tête rapidement. « Tu ne travailles plus ?... » il vient regarder le costume de plus près et il semble approuver parce qu’il le prend avec lui. “Non, Caleb, je ne suis plus stripteaseuse. Ce n’est pas un mot tabou, tu sais.” même si je sais que ma famille, tout comme les amis qui le savent, n’ont jamais pu appréhender et comprendre pourquoi je me déshabillais tous les soirs. Ce n’est pas une honte, c’est un choix, et j’ai fait le choix de subir ça pendant des années dans un confort certain que ça m’apportait - si on oublie les mauvaises aventures. Mais j’y ai rencontré Tim, par exemple, et je ne pourrai qu’être reconnaissante pour ça. Caleb me montre un costume noir et je fronce légèrement des sourcils. “Ca fait un peu trop enterrement.” Il y a noir et noir ; le noir enterrement et le noir mariage. Celui là est trop foncé et il ne me plait pas. “Tu comptes mettre une couleur ?” je vois un des vendeurs qui nous regarde du coin de l’oeil, prêt à intervenir si nécessaire. Il faut dire que tout est si bien rangé, plié, lissé, je n’aimerai pas que des doigts quelconque viennent tout déballer juste par curiosité sans savoir remettre à sa place. “Je suis assistante d’un directeur, maintenant. J’ai des horaires de boulot normaux, j’ai des week-ends normaux et ce n’est plus de la musique que je supporte toute la journée mais un téléphone et un ordinateur.” autrement dit, des choses banales pour le commun des mortels mais qui me sont totalement inédites.
Dernière édition par Primrose Anderson le Sam 30 Oct 2021 - 13:40, édité 1 fois
Elles ne sont pas rares les disputes avec Alex. Nos personnalités et nos caractères sont tellement opposés l’un de l’autre qu’il nous est presque impossible de trouver un terrain d’entente rapidement sur certains points. S’il y a bien un sujet sur lequel on semble être quasiment tout le temps en raccord c’est l’éducation de nos enfants et heureusement puisqu’il s’agit sûrement de l’une des choses les plus importantes dans un couple mais surtout, dans la vie de famille. Le seul hic c’est que la dernière fois que j’ai été en colère contre elle ou déçu si longtemps date du moment où elle m’a appris avoir accouché d’un petit garçon il y a bientôt dix ans. Et cette annonce, elle me l’a faite il y a deux ans. “Si ce n’est rien de grave, ça va passer, alors.” J’hausse les épaules me donnant ainsi un air peu convaincu alors j’hoche par la suite la tête, oui, ça devrait passer. Ce qui reste bon signe à mon sens c’est que malgré la dispute et les sentiments négatifs que je peux ressentir à l’égard de ma fiancée, j’ai toujours envie de l’épouser et de faire cette journée la plus belle de notre vie. Ou du moins la seconde, juste après la naissance de nos princesses.
Faire du shopping n’est jamais une partie de plaisir pour moi. Essayer des vêtements pour constamment me rendre compte que rien ne me va et que je ne serais de toute façon clairement jamais à la hauteur de ma future femme en même temps, ça n’a rien de bien agréable. Mais pouvoir partager ce moment et ce choix avec ma sœur me touche beaucoup. C’est sûrement ma façon à moi de lui dire et de lui faire comprendre à quel point elle est importante pour moi et à quel point je l’aime. Parce que même si je ne l’ai peut-être jamais dit à ma sœur, je l’aime beaucoup oui et son avis compte énormément pour moi. Une autre façon que j’ai trouvé de lui montrer l’affection que j’ai pour elle ? Lui proposer de lui offrir sa robe pour mon mariage. “Pardon ?” On sent la surprise dans sa voix et je ne peux que le comprendre puisque c’est la première fois que je lui parler de lui payer sa robe. “T’es pas obligé. Je… J’ai de quoi pour.” Sa réponse me fait sourire doucement et si je comprends totalement sa gêne ou sa réticence à l’idée de se faire offrir sa tenue je me permettrai d’insister s’il le faut. « Je le sais, enfin j’en doute pas vraiment. Mais ça me ferait plaisir. » Voilà, comme ça c’est dit. Faire un cadeau à sa sœur c’est complètement normal, non ? Surtout si c’est pour mon mariage, ça me fait d’autant plus plaisir. Et même si je ne le crie pas sur tous les toits j’en ai largement les moyens ; je suis patron d’un restaurant gastronomique reconnu à Brisbane qui affiche complet presque à chacun des services alors oui je peux aisément me permettre de payer une belle robe à ma sœur sans que ça fasse un gros trou dans mon compte en banque. Donc je compte bien le faire. “Non, Caleb, je ne suis plus stripteaseuse. Ce n’est pas un mot tabou, tu sais.” Si j’étais ce genre de personne je pourrais prendre Prim dans mes bras pour lui dire et lui montrer ô combien je suis heureux et fier d’elle. Fier qu’elle ait enfin ouvert les yeux sur sa capacité à faire mieux que stripteaseuse et d’ailleurs quand elle prononce ce mot je ne peux pas m’empêcher de grimacer légèrement. « C’est une bonne chose que tu aies changé de métier. » Même si qu’on se le dise, j’ai toujours eu un peu de mal à voir son premier emploi comme un réel travail. Elle peut faire tellement mieux. Elle mérite tellement plus que le regard de vieux obsédés en manque de sexe venus se rincer l’œil sur le corps de jeunes femmes. On échange sur son changement de vie sans pour autant oublier l’objectif principal de cette virée shopping : mon costume. “Ca fait un peu trop enterrement.” Je l’imite en fronçant légèrement les sourcils et mon regard jongle entre le costume noir que je tiens par le cintre et le regard de ma sœur. « C’est du noir quoi… » Ce sont des mots presque murmurés, d’ailleurs. “Tu comptes mettre une couleur ?” Cette fois c’est ben vers le visage de ma sœur que je relève les yeux. « Je sais pas, je me dis que si je prends un costume noir je peux peut-être y mettre une touche de couleur. Du rouge pour rappeler le thème, histoire que ça fasse pas trop enterrement. » Un petit sourire en coin je reprends volontairement ses mots mais je repose le costume qui n’a pas eu son approbation. Après tout c’est elle qui gère aujourd’hui et pour moi qui aime avoir le contrôle sur tout c’est une véritable preuve d’amour. “Je suis assistante d’un directeur, maintenant. J’ai des horaires de boulot normaux, j’ai des week-ends normaux et ce n’est plus de la musique que je supporte toute la journée mais un téléphone et un ordinateur.” Elle me dit tout ça d’un air presque assurée, ce qui me fait sourire. « Tu travailles où ? Ça te plaît ? Tu as commencé il y a combien de temps ? » Et je suis fier de toi, Primrose.
Je ne m’attends pas à ce que Caleb développe le pourquoi ou le comment de leur dispute, chose que je ne peux que comprendre et respecter, même si cela attriste ma curiosité profonde. Peut-être qu’une partie de moi espère cumuler des informations sur Alex afin d’étoffer un dossier que je ne pourrai que ressortir au moment de rappeler à Caleb qu’elle n’est pas faite pour lui, qu’il mérite quelqu’un de plus doux, de plus compréhensif, de plus gentil. Mais entre la naissance de leurs filles et le mariage à venir, ce n’est pas aujourd’hui que je les sortirai. Et puis, au fond, ce ne sont pas mes affaires, encore une fois. Je me suis assez prise la tête par le passé à cause d’Alex, que ce soit avec la concernée ou/et avec mon frère, je ne veux pas recommencer. Nous sommes dans une nouvelle ère, celle où j’aide les futurs mariés, y compris Alex, par mes nombreuses casquettes. Et même si je reste dubitative, je veux que ce jour soit aussi réussi et un aussi beau présage pour les années à venir de leur famille. Parce que la famille, c’est sacré et même si cela signifie que Caleb s’éloigne un peu plus de nous, je sais que je pourrai toujours compter sur lui quoiqu’il arrive. Que ce soit par les liens du sang ou ceux du mariage, les sentiments restent les mêmes tant qu’ils sont forts et aimants. Et malgré leurs prises de tête, leurs disputes, leurs jours sans, je n’ai jamais douté une seconde que les deux ne s’aimaient pas.
« Je le sais, enfin j’en doute pas vraiment. Mais ça me ferait plaisir. » je me mords la joue de l’intérieur ; je suis gênée mais je suis aussi flattée. Heureuse et ravie seraient les mots les plus adaptés. “N’importe laquelle ?” je demande, malicieusement, mais sachant pertinemment que je n’abuserai pas des finances de mon frère qui sont bien plus prestigieuses que les miennes. Il faut dire que Caleb a un travail plus honorable et respectueux, et qui rapporte aussi. “Si ça fait plaisir au futur marié, qui je suis pour m’y opposer.” je ne serai pas sotte au point de m’insurger, bien au contraire, je suis même un peu soulagée. Même si j’ai les moyens parce que j’apprends à économiser - un peu - je sais que je vais avoir les yeux plus gros que le compte en banque. Si Caleb me l’offre, j’ai plus de chance d’être raisonnable - il va falloir que j’évite le regard désapprobateur de mon aîné, ne souhaitant pas ternir les préparatifs.
« C’est une bonne chose que tu aies changé de métier. » “Le contraire m'aurait surprise.” dit ma voix lourde d’un amusement non dissimulé. Je suis contente de l’avoir surpris par cette bonne nouvelle. Je ne me suis pas précipitée pour le lui dire, tout simplement parce que je voulais attendre d’être certaine de garder ma place à la Fondation. Maintenant que cela fait deux mois, je juge que ma position est assez affirmée et confortable pour que je puisse l’annoncer fièrement à mes proches. « C’est du noir quoi… » je l’entends grommeler dans sa barbe de papa ours et ça me fait sourire encore plus fort ; c’est bien pour cela que je suis là. Pour déceler la teinte parfaite pour un mariage. « Je sais pas, je me dis que si je prends un costume noir je peux peut-être y mettre une touche de couleur. Du rouge pour rappeler le thème, histoire que ça fasse pas trop enterrement. » c’est qu’il me fait de l’ironie joueur, mon grand frère. Voilà bien longtemps que nous n’avions pas partagé un tel moment et surtout avec une telle légèreté. “C’est pas faux. Soit la veste du dessous coloré et, ou une rose rouge, vu le thème choisi. Je me demande s’il existe des boutons de manchette colorés. Ça doit pouvoir se trouver, je suppose.” Tout est dans les détails. Je pourrai presque abuser à ce qu’il les fasse graver, comme les initiales de son prénom et celui de sa future femme. C’est la romantique en moi qui réfléchit ; je trouverai cela particulièrement adorable.
« Tu travailles où ? Ça te plaît ? Tu as commencé il y a combien de temps ? » alors que je continue mon exploration, je suis en même temps surprise du bombardement de mon frère. Mais cela ne m’étonne pas outre mesure, sachant que Caleb s’est toujours intéressé à nos vies - en tout cas, tant que nous n’évoquions pas le club de striptease. “A la Fondation. C’est une association qui vient en aide aux personnes en détresse. Surtout des jeunes.” cela change du club. Le travail fait là-bas est admirable. Je ne peux pas dire que le mien sert dans ce sens vu que je suis dans l’administration mais je me sens mieux de pouvoir apporter ma pierre à l’édifice. Pour une fois, je fais quelque chose de bien et je le fais bien. “J’ai commencé fin juin environ. Disons que ça me change. Bizarremment, l’ambiance du club me paraissait moins hostile que celle des bureaux.” peut-être que le fait qu’ils me regardent comme si j’avais obtenu le St Graal d’un seul coup en sortant de nulle part y était pour quelque chose. “Enfin, les gens y sont sympas mais… Je débarque sans diplôme et bim, je suis directement assistante du président. Je suis convaincue que certains pensent que je… J’ai… Enfin, tu vois.” la promotion canapé alors qu’il n’y a aucune promotion vu que j’ai été débauchée. Certes, j’ai connu mon boss actuel en couchant avec lui mais ça, personne n’est obligé de le savoir. Y compris Caleb. “Mais c’est intéressant. Je prends mes marques doucement mais sûrement. Et je dois avouer qu’avoir des horaires normaux n’est pas désagréable non plus.” il y a en somme juste le salaire qui parfois peut se montrer insuffisant, moi qui avait l’habitude de gagner en une soirée ce que je gagne là en un mois. Ce qui viendra sûrement à être contraignant un moment ou un autre.
“Rouge ou bordeau ? Parce qu’il y a un constume bordeau, là.” j’ose lui montrer une tenue mais non seulement je ne suis pas sûre que ça lui aille mais surtout, est-ce que Caleb oserait porter ça ?
Dernière édition par Primrose Anderson le Sam 30 Oct 2021 - 13:40, édité 1 fois
“N’importe laquelle ?” J’acquiesce d’un hochement de tête. Oui, j’ai envie de lui offrir la robe qu’elle portera à mon mariage, quel que soit son prix. Parce que ça me fait plaisir et c’est par ce genre d’attention que je montre à ma sœur que je l’aime et qu’elle compte pour moi. Ce sont des mots difficiles à prononcer et hormis les deux femmes que j’ai aimées, dans ma vie, je ne les ai jamais dits à personne d’autre. “Si ça fait plaisir au futur marié, qui je suis pour m’y opposer.” Elle accepte, ce qui me fait sourire. « Tu as déjà une idée de ce que tu aimerais ? » Bien sûr qu’elle doit avoir une idée. Elle sait ce qu’elle veut, Prim, et je suis sûr qu’elle a déjà dû faire de nombreux magasins et parcouru un nombre de site incroyable pour trouver la robe parfaite.
Prim lâche la bombe, elle a changé de métier, elle n’est plus payée pour se déshabiller et permettre aux hommes en manque de sexe de se rincer l’œil et cette nouvelle me ravie au plus haut point. Elle a toujours mérité mieux, Prim. Elle a des capacités même si je sais qu’elle e doute très certainement. Primrose a toujours été bien trop difficile avec elle-même. “Le contraire m'aurait surprise.” C’est dans un léger rire que j’accueille sa réflexion. Je n’ai jamais approuvé ce travail qu’elle faisait encore il n’y a pas si longtemps que ça et je n’ai jamais cherché à le lui cacher. “C’est pas faux. Soit la veste du dessous coloré et, ou une rose rouge, vu le thème choisi. Je me demande s’il existe des boutons de manchette colorés. Ça doit pouvoir se trouver, je suppose.” Je prends tout ça pour un oui mais je me suis engagé auprès de ma sœur à trouver une touche de couleur alors c’est avec beaucoup d’attention que j’écoute ses suggestions. « Tu crois que ça rendrait bien avec un veston rouge ? » Rouge foncé bien sûr, il est hors de question que je porte quelque chose de trop voyant ou trop extravagant. Je sais déjà que tous les regards seront posés sur nous – enfin surtout sur Alex, ne nous mentons pas – et pour quelqu’un qui n’aime pas être le centre de l’attention comme moi, c’est réellement angoissant. « J’aime bien l’idée d’avoir une rose rouge sur moi. » Je lui avoue. Ça fait doux, tendre et romantique, ça me ressemble et je pense même que ce petit détail pourrait plaire à ma future femme. “A la Fondation. C’est une association qui vient en aide aux personnes en détresse. Surtout des jeunes.” Je l’écoute tout en continuant ma recherche de la pièce qui rendra un des deux costumes déjà sélectionné parfait. “J’ai commencé fin juin environ. Disons que ça me change. Bizarremment, l’ambiance du club me paraissait moins hostile que celle des bureaux. Enfin, les gens y sont sympas mais… Je débarque sans diplôme et bim, je suis directement assistante du président. Je suis convaincue que certains pensent que je… J’ai… Enfin, tu vois.” Je ne peux empêcher une grimace, oui je vois et c’est bien pour ça que je ne rebondis pas là-dessus. « Assistante du directeur ? C’est la classe, ça. » Je suppose, en tout cas dit comme ça, ça semble être un poste assez important. « Et le travail consiste en quoi exactement ? » Je m’y intéresse vraiment, je lui pose des questions et je ne m’arrête pas là. « Qu’est-ce qui t’a donné envie de changer ton ancien travail ? » Définitivement incapable de prononcer striptease, je tourne autour du pot. « Papa et maman doivent être ravis. » Oh que oui, parce qu’on ne peut pas dire qu’ils étaient ravis de savoir que leur première fille travaillait dans le milieu de la nuit. “Rouge ou bordeau ? Parce qu’il y a un constume bordeau, là.” Je me retourne pour regarder ledit costume que Prim me propose. Je le regarde un instant, il est beau, il est classe, mais « J’aurais l’air ridicule là-dedans… » Comme dans presque tous les autres costumes, d’ailleurs. C’est ça d’épouser une femme bien plus sexy, plus belle, plus attirante que soi-même, quelque soit la tenue que je retiens je ne pourrais jamais lui arriver à la cheville. C’est une certitude. J’aurais toujours l’air ridicule à ses côtés. « Tu crois que si on prend le veston du costume bordeaux ça pourrait aller avec celui-là ? » Je secoue le costume noir que je tiens entre mes mains pour l’aider à visualiser et après sa réponse, il sera temps de commencer les essayages.
« Tu as déjà une idée de ce que tu aimerais ? » je lui fais un léger sourire de coin tout en levant mes prunelles vers lui. “D’après toi ?” j’avais déjà une liste pour le mariage avec Victoria, j’ai une liste encore plus énorme pour celui-ci. Je sais juste que je veux une robe longue pour camoufler mes jambes, bien trop maigres et osseuses à mon goût, mais un joli décoleté discret. Je n’ai pas beaucoup de formes mais je réussis toujours à trouver ce qui peut m’aller malgré tout. J’ai déjà une sélection et comme je le disais plus tôt, j’allais avoir besoin de mon frère (et sûrement de mes sœurs) pour m’aider à trancher. S’il y a bien un truc que je ne veux pas me foirer, c’est bien ça ; la robe et le gâteau. Deux domaines dans lesquels je me plais à croire que je suis douée.
« Tu crois que ça rendrait bien avec un veston rouge ? » “Il n’y a qu’un moyen de le savoir : essayer.”
Je suis malicieuse en disant cela ; il va bien falloir que Caleb passe par la cabine d’essayage. Ce n’est pas tant de savoir si ça rendrait bien, mais surtout savoir si ça rendrait bien sur lui. Je ne suis pas une spécialiste dans ce domaine, en ce qui concerne les hommes et les costumes en tout cas. Je ne peux qu’appréhender et tenter d’aider du mieux que je peux en associer certaines choses que je pense peuvent s’harmoniser d’une façon ou d’une autre. « J’aime bien l’idée d’avoir une rose rouge sur moi. » j’hoche la tête. Vu le thème de la soirée, de toute façon, il ne serait qu’essentiel d’avoir une rose rouge sur lui. C’est à la fois romantique et passionné. Et ça pourra rajouter de la couleur si jamais nous ne trouvons pas notre bonheur.
« Assistante du directeur ? C’est la classe, ça. » c’est vrai que dit comme ça, ça fait pompeux. Si Caleb savait comment j’ai eu cette proposition, sûrement qu’il désenchanterait un peu. Mais je me contente de sourire parce que je reste fière malgré tout - et je n’ai pas à avoir honte d’avoir accepté un poste que l’on m’a proposé en toute amitié. « Et le travail consiste en quoi exactement ? » “Les trucs typiques de bureau : décrocher le téléphone, organiser un agenda, prendre des rdv, faire le courrier, répondre à des mails en majorité. Seulement, comme je suis rattachée directement au fondateur, ça peut être vite très… prenant.” stressant serait le mot adéquat ; ce n’est pas pour rien que j’ai traîné la patte pour accepter. Cela me semblait trop, beaucoup, insurmontable pour moi. « Qu’est-ce qui t’a donné envie de changer ton ancien travail ? » Tim mais je ne pouvais décemment pas lui dire ça. Je mords ma lèvre alors que je regarde, je continue à chercher, plus pour ne pas qu’il croise mes yeux qu’autre chose. “On m’a offert une opportunité et je me suis dit que le moment était venu de prendre mon courage à deux mains.” ce qui n’est pas faux. J’ai des horaires normaux, tous mes week-ends, je rentre dans les clous de la société propre et honnête. « Papa et maman doivent être ravis. » et papa et maman sont ravis. “Ils le sont.” je réponds avec une certaine lassitude car je sais que ma famille n’a jamais approuvé mes choix mais est-ce nécessaire de le souligner ? “Mais je l’ai fait pour moi avant tout.” qu’on soit d’accord là-dessus ; j’aime ma famille mais j’ai pensé à moi. Parce qu’ils ne sont pas au courant de ma relation amoureuse qui m’a fait pousser des ailes dans le bon sens, j’aspire à une vie meilleure - et ce travail me permet de pouvoir profiter de Tim bien plus souvent qu’auparavant. Je ne regarde pas encore pour l’instant l’aspect financier - celui-là même qui finira sûrement par me poser problème un moment ou un autre.
« J’aurais l’air ridicule là-dedans… » j’hausse les sourcils en gigotant le costume. « Tu crois que si on prend le veston du costume bordeaux ça pourrait aller avec celui-là ? » je fais une moue pensive avant de secouer la tête par la positivité. "Ça ne coûte rien d’essayer. On est là pour ça, après tout.” je souris légèrement avant de m’approcher en penchant la tête. “T’auras pas l’air ridicule. Je suis là pour veiller au grain. Tu seras parfait, okay ?” je connais les doutes de Caleb pour les partager. L’insécurité envers soi-même est quelque chose que je connais malgré ce que l’on pourrait croire quand on me voit faire autant de shopping et m’étaler sur les réseaux sociaux.
“D’après toi ?” Bien sûr qu’elle sait déjà ce qu’elle veut. Ma question était stupide et je m’en rends compte peut-être un peu tard. Elle est comme ça, Prim, elle sait ce qu’elle veut et quand il est question de mode ou de vêtements je sais que je peux lui faire entièrement confiance. C’est pour ça que j’ai fait appel à elle, d’ailleurs. Au moins je sais qu’elle me dira ce qu’elle pense de mes idées et je lui fais confiance pour être honnête sur les futurs essayages de la journée. Je n’ai pas besoin de lui répondre et le léger sourire qui s’étire sur mes lèvres parle pour moi. “Il n’y a qu’un moyen de le savoir : essayer.” Je ne suis pas franchement convaincu mais je suis mon instinct et il me dit d’écouter ma sœur, c’est pour ça que je lui ai demandé de m’accompagner aujourd’hui de toute façon.
L’idée de changer un peu de sujet et de questionner Primrose sur son nouveau travail me semble très bonne et ce n’est pas simplement de la curiosité mais j’ai vraiment envie d’en savoir plus sur son job qu’elle a commencé il y a quelques semaines. On ne peut pas dire que j’ai toujours été très soutenant envers elle dans le passé, mais est-ce que l’on peut réellement m’en vouloir quand on sait ce qu’elle faisait il y a encore quelques mois pour gagner sa vie ? Je pense que n’importe quel homme ne supporterait pas l’idée de savoir que sa petite sœur se déshabille pour gagner sa vie et me dire que tout ça appartient maintenant au passé me fait extrêmement plaisir. Et me soulage, aussi. “Les trucs typiques de bureau : décrocher le téléphone, organiser un agenda, prendre des rdv, faire le courrier, répondre à des mails en majorité. Seulement, comme je suis rattachée directement au fondateur, ça peut être vite très… prenant.” Le travail de bureau, je ne connais pas vraiment ça, moi et je dois dire que ça ne me vend pas du rêve. Mais ce n’est pas le sujet de toute façon et ma sœur et ce qu’elle ressent sont clairement une priorité pour moi. « Mais tu t’y plais, non ? C’est le principal. » Que ce soit prenant, ou non, tant qu’elle prend du plaisir à se lever tous les matins pour se rendre au travail c’est le plus important. Moi j’ai toujours aimé mon job, et encore plus depuis que j’ai réalisé mon rêve en étant à la tête de mon propre restaurant. “On m’a offert une opportunité et je me suis dit que le moment était venu de prendre mon courage à deux mains.” Si elle savait à quel point je suis heureux qu’elle air pris son courage à deux mains. Je lui souris doucement alors que j’évoque nos parents tout en regardant d’un peu plus près un costume. “Ils le sont. Mais je l’ai fait pour moi avant tout.” Et ça, c’est une excellente chose si vous voulez mon avis. Je me tourne vers ma sœur quelques secondes pour la regarder et c’est à mon tour de prendre mon courage à deux mains pour lui répondre quelques mots pourtant simples, mais je suis pudique sur mes sentiments et ce genre de chose, je ne le dis pas souvent à ma sœur. « Tu peux être fière de toi. Moi je le suis. » Voilà, quand je vous disais que ce sont des mots pourtant d’une simplicité incroyable mais, qui veulent dire beaucoup à mes yeux.
"Ça ne coûte rien d’essayer. On est là pour ça, après tout. T’auras pas l’air ridicule. Je suis là pour veiller au grain. Tu seras parfait, okay ?” J’hausse les épaules, peu convaincu mais je ne tente même pas le costume bordeaux proposé par ma sœur et je préfère largement rester plus sobre et ce sont le costume gris et le noir avec un veston bordeaux que je sélectionne et emmène avec moi jusqu’aux cabines d’essayages. « Je compte sur toi pour être honnête, si ça ne me va pas, n’hésite pas à me le dire. » Et les chances qu’un costume ne m’aille pas sont tout de même vraiment très probables. Je referme le rideau et regarde à tour de rôle les deux costumes choisis. Je soupire et finis enfin par le décider et c’est le costume gris que je décide d’essayer en premier. La taille est parfaite mais pourtant quand je me regarde dans le miroir je peux faire une liste de toutes les choses qui ne me vont pas mais elles ne sont pas directement liées au costume et c’est moi tout simplement. Mon visage, mon nez, mes oreilles que je trouve bien trop grandes, et ma taille aussi. Je me trouve bien trop petit, comme toujours et j’espère sincèrement qu’Alex ne portera pas de talons pour me rappeler toujours un peu plus ô combien je suis petit et à peine plus grand qu’elle. Après quelques minutes, j’ouvre le rideau pour me retrouver face à ma sœur. « Alors ? » Je lui laisse quelques secondes de réflexion et d’observation aussi et je reprends la parole. « Je ne suis pas hyper convaincu, ça met en valeur tous mes défauts. » Et il y en a beaucoup, d'ailleurs.
« Mais tu t’y plais, non ? C’est le principal. » je ne peux pas dire que ce soit le boulot de mes rêves non plus et que j’ai encore du mal à suivre le rythme par moment mais j’hoche la tête malgré tout. “Oui, ça change.” ça change, quel genre de réponses c’est, ça ? Je donne l’impression d’être ingrate et insatisfaite alors que c’est tout le contraire. Je perçois cette opportunité comme une chance de voir ma vie prendre une meilleure direction, même si je préfère fermer les yeux sur le reste. La vie professionnelle ne suffit pas pour mener une vie saine mais au moins, je peux avoir des horaires réguliers, normaux et je n’ai pas ma peau à dénuder devant des inconnus qui peuvent parfois prendre leurs fantasmes pour des réalités. Si je vais au travail avec la boule au ventre, ce n’est que parce que je dois sociabiliser et répondre au téléphone, ce qui change vraiment. « Tu peux être fière de toi. Moi je le suis. » je lève mes yeux sur Caleb, presque surprise avant de sourire légèrement, toute émue de l’entendre dire ça. C’est bien la première fois que mon frère me dit ça - on ne peut pas dire que j’ai fait quoique ce soit dans le passé pour mériter son aval, il faut dire. “Merci, Caleb.” que je dis sincèrement et presque cérémonieusement parce qu’il me ressemble et je sais que ce n’est pas forcément évident pour lui de dire ça. Mais il l’a quand même fait et ça me fait chaud au coeur, tout comme j’ai l’impression que j’ai atteint le graal ultime. Certains diront que je vois mon existence beaucoup trop à travers les yeux de ma famille ; ils n’auraient pas tort. Mais avoir leur approbation est important pour moi, surtout après des années à provoquer la délusion et à donner la sensation d’être le véritable chat noir de la famille. Si je peux gratter quelques points à succès auprès de ma fratrie et de mes parents, je ne peux qu’en être comblée. Mais est-ce que ça suffira ?
« Je compte sur toi pour être honnête, si ça ne me va pas, n’hésite pas à me le dire. » je le suis jusqu’aux cabines en levant les yeux au ciel. “Evidemment.” il peut compter sur moi, Caleb. Il sait que je n’ai jamais ma langue dans ma poche concernant la mode. Et surtout, je ne veux pas qu’il soit moche pour son mariage. Ça serait fâcheux. J’attends de l’autre côté du rideau et j’en profite pour jeter un coup d’oeil à mon téléphone. Tim m’a répondu et j’ai un léger sourire aux lèvres alors que nous planifions de nous voir le soir même. J’ai déjà affreusement hâte de le rejoindre. Dommage que je ne puisse pas en parler à Caleb, vraiment. « Alors ? » je range mon téléphone (et mon sourire niais) dans ma poche tout en relevant mes yeux pour voir mon frère. « Je ne suis pas hyper convaincu, ça met en valeur tous mes défauts. » je plisse le nez. “C’est du gris, Caleb, rien ne peut aller mal avec du gris.” même si je dois bien avouer que “la coupe n’est pas flatteuse, cependant. Ca doit être le problème.” Et voilà que mon oeil averti et mon attention sont tous centrés sur mon frère et son apparence. Finalement, il n’aura sûrement pas le temps de retrouver ses fourneaux avant la fin du service. Tant pis, c’est un mal pour un bien, non ?