Le Deal du moment : -20%
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
Voir le deal
239 €

 (lily&nono #2) walk to oblivion

Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyVen 13 Aoû 2021 - 4:16

Ce n’est souvent que trop tard qu’on se rend compte qu’une personne nous manque, qu’on ne prend pas assez de ses nouvelles, qu’on a perdu le contact. On en prend conscience quand la chose devient irréversible, alors que le passé ne peut toujours pas être réécrit et que c’est sûrement la plus grande abomination du XXIe siècle. Certains événements ramènent ce genre de pensées sur le devant de la scène (la mort d’un mari, entre autres) et, au lieu d’être de simples idées vaguement énoncées dans un élan de perfection qui ne mènera jamais nulle part, elles finissent par miraculeusement devenir des actions. Norah lui manque. Elle n’a pas entendu parler de ses enfants depuis bien trop longtemps et ne sait même pas comment se passent ses journées, ni même à quel point elle a su, ou non, retrouver une vie normale depuis son accident. Cela fait déjà un an, non ? Le temps s’écoule différement, elle ne sait plus. Peu importe. Cela ne change rien à ses idées et à son besoin d’être une meilleure amie, plus présente. D’aucuns diraient qu’elle fait tout ceci alors que c’est elle qui aurait besoin de présence et d’aide, mais elle saurait rapidement les faire taire : allez vous faitre foutre, tous autant que vous êtes. Lily a toujours mené sa vie d’une main de maître, et elle a un don certain pour planquer cadavres et autres problèmes sous le tapis. Ils ne s’accordent pas au décor.

Sans même rentrer dans les salles, l’australienne profite de l’animation de la rue. Elle vit sans jamais s’arrêter, sans jamais dormir, sans jamais ralentir. Les personnes se retrouvent entre amis, en famille ; ils sont heureux, joyeux, festifs. Ils partagent des verres, des analyses théâtrales interminables, des danses aussi endiablées qu’improvisées. Ils vivent, et si elle aurait roulé des yeux face à une telle scène encore un mois plus tôt. Aujourd’hui, elle l’apprécie à sa juste valeur et sait en sourire sans même chercher à les juger par leur apparence, leurs réactions, et tout ce qu’elle peut tenter de détruire de leur vie et leurs connaissances en se prenant pour Sherlock. Les choses changent de façon insoupçonnée, parfois - souvent. La jeune femme attend patiemment son amie, la faute à une ponctualité se résumant à toujours arriver en avance à ses rendez-vous. Ainsi, elle a toujours la possibilité de se préparer, quand bien même elle sait par avance qu’elle n’en aura jamais besoin avec Norah tant elles n’ont jamais eu de mal à s’entendre sur tous les sujets de discussion qui soient. La jeune femme est d’une simplicité rafrâichissante que Lily a toujours su apprécier au fil des années écoulées.

Son sourire s'agrandit dès lors qu'elle observe sa silhouette au loin, reconnaissable entre toutes. « Tu es resplendissante. » Elle confesse simplement, honnête, lui offrant une brève accolade en guise de salutations. « Tu as pu te débrouiller avec les petits ? J'aurais dû te le proposer plus tôt, je suis désolée. » Cette idée d'aller boire un verre est venue soudainement de nulle part que déjà elle ne savait plus faire autrement que de le proposer à Norah. L'éclair a été soudain, nécessaire, mais elle n'en aurait jamais tenu rigueur à son amie de déjà être trop occupée avec sa famille. Elle ne lui réiterera pas la proposition de baby sitting mais l'idée y est, et la jeune mère sait à quel point cela ne dérangerait pas son amie. « Je suis dans les cartons de déménagement en ce moment mais dès que tout sera en ordre je vous inviterai chez moi, ça sera plus simple. » Norah n'aura pas à les faire garder et Lily, elle, sera heureuse de retrouver leurs frimousses juvéniles et de leur faire toute une ribambelle de plats décorés pour leur donner goût aux légumes. « Tu me fais un résumé ? J'ai raté quelques épisodes mais je vais prendre des notes, c'est promis. » Un résumé de sa vie professionnelle, personnelle, familiale. Peu importe, Lily s'intéresse à tout et elle sera heureuse d'accueillir toute mise à jour de sa part, dans la mesure de ce qu'elle souhaite partager. Elle en profite pour s'asseoir à une table, refusant d'avoir une telle discussion au beau milieu de la rue.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyMer 1 Sep 2021 - 9:09

WALK TO OBLIVION
Ca fera un an, bientôt. Que Norah avait été percutée par une voiture dont le conducteur était toujours en fuite. Plus d'un membre de sa famille et proche voulait à tout prix mettre la main sur lui, que justice soit rendue. Au lieu de se concentrer là-dessus, Norah s'était focalisée sur sa guérison. Pas seulement celle du corps, mais aussi celle de l'esprit. Et quel chemin avait-elle parcouru depuis ! De ses os fracassés, elle avait enfin retrouvé une forme physique qui lui convenait à elle; c'est-à-dire qu'elle faisait du footing ou de la nage de façon régulière. Et de son âme meurtri, on retrouvait enfin un peu la Norah que l'on avait connu avant la mort brutale de son mari. Elle avait l'impression de revivre, d'avoir pleinement repris son quotidien en main. La belle brune avait l'impression de profiter encore plus des moments partagés avec ses enfants, de s'accorder davantage de temps pour soi, de voir tout sous un jour meilleur. Les séquelles demeuraient toujours cela dit, mais rien qui ne pouvait l'empêcher de continuer. Aidan, pris d'un chagrin suite à une mauvaise journée à l'école,  se montrait particulièrement affectueux. Assis sur les genoux de Norah, sa tempe reposé contre le haut de son torse, son sanglot se calmait grâce au calme de sa mère et ses caresses répétitives sur ses cheveux roux. Des petits auraient été méchants avec lui. Aidan a beau être hyperactif, il n'avait rien de méchant, ni d'agressif. Et il ne cherchait certainement pas les embrouilles. Il avait déjà quelque peu évoqué que l'on s'était moqué de sa couleur de cheveux quelques mois plus tôt; ce harcèlement avait-il déjà pris de l'ampleur ? Norah pouvait se montrer très protectrice, surtout pour ce genre d'injustice. Elle n'allait certainement pas se gêner à rencontrer les parents et l'enfant qu'Aidan histoire de s'expliquer un peu. De son côté, Julie, sa fille, en faisait déjà une affaire personnelle. Elle restait non loin, avec son livre, lançant toujours un regard bienveillant sur son petit frère de temps à autre. Depuis qu'elle avait eu Julie, Norah tenait à s'assurer que les enfants n'aient pas à craindre de se confier à elle. Au contraire, elle tenait à les mettre en confiance. Elle n'était pas excessive de nature, mais son calme éternel et son ouverture d'esprit avaient été toujours d'une grande aide. Alors oui, parfois les enfants n'étaient pas fiers de ce qu'ils avaient à dire, mais au moins, ils le disaient. Comme Julie qui ramenait de temps en temps une mauvaise note : la pré-adolescente se montrait très sévère envers elle-même, et en avait même honte, mais au moins ell en'avait pas le touper de le cacher à sa mère. Julie savait qu'elle l'apprendrait un jour ou l'autre. Et il n'était absolument pas dans la nature de Norah de réprimander ses enfants sur la simple base des notes. Au contraire, elle préférait consacrer du temps avec eux pour voir où ils avaient bûché, et de retravailler avec eux jusqu'à ce qu'ils aient compris.

L'invitation de Lily était inattendue. Elle avait su pour Matt. Bien que le courant était très rapidement bien passé entre elles, Norah n'avait pas eu l'indiscrétion de se montrer trop invasive après les événements. Elle s'était rendue aux funérailles, elle lui avait envoyé une carte de condoléances, quelques messages ici et là. Avoir de ses nouvelles et proposer de se voir en ville était plus que bienvenue, elle avait immédiatement accepté. "C'est Percy qui va venir passer du temps avec vous. Il a insisté." précisait-elle après avoir déposé un baiser sur le front de son garçon. "Trop cool ! Ca fait longtemps qu'on l'a pas vu." s'en réjouit Julie. "Et il m'a dit qu'il va vous emmener faire du bowling." Elle savait que ce genre de nouvelles allait faire retrouver le sourire à Aidan; et elle avait eu raison. De ses pouces, elle séchait ses larmes et le laissait partir pour enfiler ses chaussure. Norah lui apprenait encore à faire ses lacets, un exercice qui demandait une certaine agilité. Aidan prenait encore du temps et avait encore besoin d'un coup de main, mais il était bien déterminé à se débrouiller tout seul. Percy, l'un des grands frères de Norah, finit par arriver. Elle avait de la chance d'avoir des proches toujours volontaires pour garder de temps à autre les petits qu'il s'agisse d'une soirée ou de les chercher à l'école. Norah avait toujours une nounou, surtout pour Aidan, mais elle tenait aussi à ce qu'ils profitent de leur famille. "T'es beau comme tout." lui dit-elle après l'avoir salué en le prenant dans ses bras. Elle croisait son regard bleu plus timide. Percy devenait toujours gêné quand on le complimentait, mais Norah était sincère et elle tenait à booster sa confiance en lui. Elle lui donnait quelques consignes pendant qu'elle enfilait à son tour des chaussures. Elle embrassait ses enfants et filait ensuite retrouver son amie.

Grey street était toujours particulièrement animé, à n'importe quelle heure de la journée. Pas le genre de coin qu'elle a l'habitude d'aller. Repérer Lily dans la foule n'avait pas été chose des plus faciles, mais son visage s'illuminait tout autant que le sien lorsqu'elles se virent. D'apparence, elle allait d'aller relativement bien. Norah était la mieux placée pour savoir combien certaines personnes étaient particulièrement douées pour dissimuler leur véritable état d'esprit. "A qui le dis-tu." lui répondit-elle avec tout autant de sincérité. "Ne t'en fais pas pour eux. J'ai une famille qui répond au quart de tour lorsqu'il s'agit de passer du temps avec eux." la rassurait-elle. Norah adorait le lien qu'avait ses enfants avec leur famille. Ils étaient extrêmement soudés. "Je n'allais pas manquer ça." Un sourire discret étirait ses lèvres. Les deux amies s'installèrent à une table, à attendre qu'un serveur ne vienne prendre commande. "Tu déménages dans quel coin ?" lui demanda-t-elle alors, afin d'avoir déjà sa nouvelle adresse. "Et je retiens l'invitation. Mais prends quand même le temps dont tu as besoin. Je serai toujours là, dans le coin." lui assura-t-elle d'un ton calme. Lily se précipita ensuite à prendre des nouvelles de l'infirmière, tenant à avoir une mise à jour complète de sa vie des derniers mois. Norah haussa brièvement les sourcils tout en s'asseyant.  "Te faire un résumé ?" Norah s'accordait quelques secondes de réflexion. "Dès que j'ai commencé à être un peu plus autonome dans mon quotidien, j'ai pu recommencer à... vivre." C'était simple, pourtant. Pas que Norah regrettait ces dernières années, mais ellel avait conscience qu'elle était sûrement passée à côté de beaucoup de choses. "J'arrive enfin à courir sur des distances décentes, j'ai eu... mon permis moto." Et elle allait bientôt s'acheter un deux-roues, elle avait particulièrement hâte. "J'ai levé le pied niveau heures supplémentaires et les collègues s'assurent que je me ménage un petit peu." On la bichonnait, en somme. D'abord un peu trop, Norah avait fait quelques commentaires, et finalement ils avaient tous trouvé un juste milieu. Cependant, certains de ses amis attendaient un volte-face brutal d'un éventuel syndrome post-traumatique. "Quelques douleurs qui surviennent de temps en temps, mais rien d'insupportable." admit-elle alors. Parfois un peu ses cotes, parfois son dos, parfois son poignet lui rappelait qu'il y avait là une entorse il y a quelques mois. Norah restait prudente, bien que ces douleurs de fatigue étaient parfois plus frustrantes qu'autre chose. "Ce serait plutôt à moi de demander un peu de tes nouvelles." Elle ne faisait pas mention de la perte de son mari en tant que tel, plutôt de tout ce qui en découlait. Un déménagement, un changement de travail... Norah n'en avait que quelques brides et ne serait pas contre avoir un peu plus d'informations sur la façon dont son amie gérait son quotidien. "D'ailleurs, si t'as besoin d'aide pour les cartons, ou le déménagement, je devrais pouvoir me libérer du temps si tu as besoin d'un coup de main. Les enfants vont tous les deux à l'école maintenant, mes jours de repos en semaine sont plutôt calmes en ce moment." Elle s'accordait ce temps là pour elle. Elle se devait de les consacrer aussi à ses proches.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptySam 4 Sep 2021 - 15:13

"Ne t'en fais pas pour eux. J'ai une famille qui répond au quart de tour lorsqu'il s'agit de passer du temps avec eux." Et pour être honnête, elle l’envie pour ça. Ce n’est pas qu’elle est heureuse de savoir son amie entourée, non (enfin oui, mais pas que), c’est surtout qu’elle aurait aimé à son tour savoir ce à quoi une vie ressemble lorsqu’on peut compter sur sa famille envers et contre tout. L’être le plus proche d’elle génétiquement parlant ne sait que s’appliquer à merveille à gâcher sa vie, Lily doute qu’elle aurait pleinement confiance de le laisser en compagnie de sa progéniture. Ceci dit, n’ayant toujours pas d’enfant, ce n’est pas un problème qu’elle peut se poser, et elle se contente donc de répondre d’un sourire. Que Norah ait pu se libérer suite à son invitation tardive est l’essentielle, et tant mieux si cela rend un de ses frères heureux de jouer au parfait tonton pour la soirée. Rapidement, les deux brunes s’installent autour d’une table pour ne pas rester plantées telles des piquets au milieu de la rue. "Tu déménages dans quel coin ?" Ne cherchant pas à cacher son embarras, Lily affiche aussitôt une moue quelque peu gênée. “Bayside ? Ou un autre quartier de Logan City ? J’en sais trop rien, à vrai dire. Je veux partir de cette maison mais je ne sais toujours pas quel appartement choisir.” Lily veut fuir ses démons et ne pas être un poids pour Ezra chez qui elle vit encore, le temps pour lui comme pour elle d’accepter la nouvelle et de passer à autre chose. Ce n’est qu’une situation temporaire, elle a bien insisté là-dessus et ne compte pas revenir sur ses paroles. Force est de constater que les cartons se font pourtant plus rapidement que la recherche d’appartement avance et elle a tendance à se montrer défaitiste, pour la première fois de sa vie. Une part d’elle refuse de déjà laisser le Beauregard seul, comme s’il était un enfant sur lequel elle devait constamment veiller. Pourtant, la simple assurance de son amie qu’elle répondra toujours présente à une invitation suffit à la faire sourire de nouveau et à cacher de nouveau sous le tapis tous ses soucis. Elle ne l’a pas invitée à se voir pour avoir de tels sujets de conversation, de toute façon.

Ainsi, c’est plutôt de la vie de Norah dont elle cherche à parler. Loin d’être animée par une curiosité morbide, Lily essaye de rattraper le temps perdu à sa façon et de s’assurer que l’infirmière se trouve toujours sur cette même pente montante depuis la dernière fois qu’elle lui a parlé. Elle admire sa force et sa conviction, c’est un fait. Peu d’hommes et de femmes auraient pu se remettre aussi rapidement d’un tel accident et de toutes ses conséquences. "Dès que j'ai commencé à être un peu plus autonome dans mon quotidien, j'ai pu recommencer à... vivre." L’assistante hoche la tête, ne pouvant que comprendre ses mots. Loin d’avoir vécue une telle épreuve, elle a pourtant l’audace de pouvoir s’imaginer toute la cascade de sentiments et d’émotions qui ont pu être les siens. Après tout, Lily a toujours tenu à subsister par elle-même et ne jamais avoir à compter sur personne, elle ne sait pas comment elle aurait pu supporter un tel besoin d’aide au quotidien et pour les gestes les plus simples. "J'arrive enfin à courir sur des distances décentes, j'ai eu... mon permis moto." Le rire de Lily est nerveux, teinté de souvenirs douloureux dont elle sait que Norah n’a pourtant pas connaissance, raison pour laquelle elle ne pense pas un seul instant à l’en tenir responsable. “J’ai toujours su que tu avais un instinct de casse-cou.” Cette lueur au fond des yeux. La remarque de la Keegan n’est pas à double sens, elle le jure, et elle est sincèrement heureuse que son amie ne se terre pas dans des peurs paralysantes. Elle recommence à vivre, elle l’a dit elle-même, alors autant qu’elle le fasse à fond. Le reste des explications, elle les écoute avec attention, ne cessant jamais de hocher de la positive pour lui prouver que c’est bien le cas : moins d’heures supplémentaires, des douleurs supportables. En somme, Norah va mieux, et c’est la meilleure nouvelle qu’elle ait pu entendre ces dernières semaines. “Elles s’apaisent avec le temps ?” Les douleurs, celles qu’elle juge supportables mais qui ont pourtant l'indécence de continuer à exister. Elles n’ont sûrement rien de comparables à ce qu’elle a pu supporter lors de ses premiers jours et premières semaines d’hospitalisation mais des douleurs, peu importe leur intensité, seront toujours handicapantes.

"Ce serait plutôt à moi de demander un peu de tes nouvelles." Lily se tort sur sa chaise, poupée de chiffon qui pose sa tête sur son épaule par gêne. Sans vouloir éviter la question, le fait est qu’elle ne sait toujours pas comment y répondre malgré les semaines écoulées. Elle ne jouera pas un jeu sur la mort de son mari et ne prétendra pas aller parfaitement bien, pourtant elle sait pertinemment que face à elle quiconque serait gêné qu’elle lui raconte à quel point ses nuits sont emplies de cauchemars et que le moindre stupide objet, le moindre coin de rue lui rappelle son mari décédé. Pire encore, personne ne souhaite savoir qu’on commence à s’intéresser à son cas, dans la police, à cette jeune femme qui ne paye pas de mine mais semble être une véritable veuve noire et à ses deux pauvres ex (petit ami et mari) décédés par ‘accident’. Ses pensées la perdent, Norah comble un vide qu’elle ne s’était même pas rendue compte avoir imposé. "D'ailleurs, si t'as besoin d'aide pour les cartons, ou le déménagement, je devrais pouvoir me libérer du temps si tu as besoin d'un coup de main. Les enfants vont tous les deux à l'école maintenant, mes jours de repos en semaine sont plutôt calmes en ce moment." L’idée l’amuse, simplement parce que tout le monde déteste les déménagements. Nouvelle preuve que Norah est décidément bien différente du reste du monde. “Je vais emménager avec un ami d’enfance, je compte lui faire passer tous les petits cartons qui pèseront une tonne, il mérite bien ça.” Pour avoir été un con pendant trente cinq ans et pour continuer d’en être un aujourd’hui encore. Alfie mérite bien pire, mais rien qui ne soit socialement acceptable de prononcer à voix haute, surtout alors que le ton de Lily est imprégné d’une fausse ironie et d’un véritable sourire. “Mais ton aide sera la bienvenue, bien sûr.” Elle n’est personne pour refuser une paire de mains supplémentaires le jour venu, peu importe quand est-ce qu’il sera réellement. Depuis quand est-ce qu’Alfie peut décemment être qualifié de ‘ami d’enfance’, de toute façon ? “Alfie. Je vais emménager avec Alfie. Tu le connais, je suis bête.” Elle se rattrape soudainement, se souvenant du lien qui l’unit à la jeune femme. Bien que flou à ses yeux, elle sait au moins qu’il existe et que Norah sait à quoi ressemble ce fameux ‘ami d’enfance’. Le répéter rend la chose plus stupide encore. Il n’a rien d’un ami. "Ça va, je crois. Je m’occupe, j’ai plein de choses à faire.” Alors, enfin, elle répond à la question de son ancienne collègue, n’ayant pourtant pas pris le temps d’y penser davantage. Elle occupe ses journées entre Ezra et Alfie, surprotégeant le premier, jouant de la patience du second, preuve que la vie n’est qu’un éternel recommencement puisque tout a un air de déjà vu. “Merci d’être venue à l’enterrement. Et pour tout le reste.” La carte, les quelques messages. Autant de choses qui ne coûtent rien mais qui ont fait plus de bien à Lily qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. “J’arrive toujours pas à expliquer aux chats que leur maître ne reviendra pas, je comprends pas pourquoi c’est aussi difficile.” Et elle comprend encore moins comment Norah, elle, a pu annoncer la nouvelle à de véritables enfants capable de pensées, paroles et sentiments. Ce n’est pas une question qu’elle lui posera, quand bien même elle reste plutôt évidente et sous-jacente. “Le plus dur c’est de supporter le regard des autres je pense. Tu sais, toute leur empathie, leurs yeux tristes, leurs lèvres pincées.” Ce n’est même pas le deuil, la partie la plus difficile, mais bien le fait qu’on lui impose un regard contre lequel elle s’est battue toute sa vie durant. Et contre ça, elle ne peut rien. Elle aura beau se montrer droite et forte, on se contente de dire qu’elle fait semblant. Et ce sera vrai, bien sûr, mais qu’ils aillent cordialement tous se faire voir. “Je crois que j’ai envie de prendre tous mes jours de congés et d’aller ailleurs. Voyager, là où je ne connaîtrai rien ni personne. Ça sonne très crise de la quarantaine mais je refuse d’y penser.” Elle ponctue son annonce d’un léger rire, n’en pensant pourtant pas moins - autant pour le voyage que pour la crise à venir. Norah a son permis moto, Lily veut voyager pour la première fois de sa vie. Chacune vit les choses à sa façon. “Tu m’amèneras à l’aéroport sur ta moto, ça fait très Thelma et Louise.” Non, rien à voir avec le film, mais elle ne peut s’empêcher la force que dégage le duo et de croire qu'elle s'en rapproche moindrement.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyLun 6 Sep 2021 - 15:55

WALK TO OBLIVION
"Pas que je veuille prêcher pour ma paroisse, mais si sur un malentendu tu finis à Logan City, ce sera plus simple pour s'organiser des goûters." fit-elle remarquer avec un air faussement innocent et une pointe de plaisanterie. Bayside était un quartier sympathique aussi, c'était là-bas que Frank et Norah avaient construit leur maison de famille. Elle avait pris un certain temps avant de se décider à déménager. A force de voir l'ombre de Frank dans chaque recoin de la maison. "Mais Bayside est plutôt chouette aussi." précisait-elle, ne voulant en rien influencer son choix définitif. Elle n'allait pas lui imposer Logan City juste pour son bon plaisir. Il fallait que Lily aille où son coeur lui disait d'aller. L'infirmière était plutôt bien placée combien il était difficile de refaçonner sa vie après la perte brutale d'un être cher. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait lui faire la leçon ou lui dire c'est comme ça qu'il faut faire pour s'en sortir. Norah savait désormais qu'elle était le pire exemple qui soit en termes de gestion du deuil, à prétendre que tout allait bien et que de toute façon, elle n'avait pas d'autres choix que de tenir le cap, ne serait-ce que pour ses enfants. Lily allait gérer son processus de la façon dont elle le voulait, dont elle l'entendait. Et surtout, elle allait prendre le temps dont elle avait besoin. "Casse-cou, non." rectifia-t-elle avec un sourire lorsqu'elles discutèrent de l'acquisition récente de son permis moto. "Aventureuse, oui." La différence était mince, mais là. "Aidan est casse-cou et aventureux." Bien qu'il avait enfin gagné un peu en adresse, Aidan n'avait pas froid aux yeux et continuait à foncer tête baissée lorsqu'il s'agissait d'aller se défouler. "Encore heureux qu'il supporte la vue du sang, sinon je serai pas sortie de l'auberge, avec lui." plaisantait-elle. Au contraire, il était plutôt solide, presque intrépide. Certains mecs pleuraient quand ils se coupaient avec une enveloppe, d'autres savaient quand même encaisser un petit peu plus. "C'était un projet qui était en pause depuis longtemps." reprit-elle avec plus de sérieux. "Trop longtemps." Comme quoi, même en étant plus proche des quarante ans que des trente, il était possible de réaliser des projets laissés de côté pour diverses raisons. Norah avait l'impression d'entamer une nouvelle étape de sa vie. Il ne lui manquait plus que la bécane pour pouvoir partir enfin en vadrouille, mais elle touchait ce rêve-là du bout des doigts. Elle n'avait jamais été aussi proche de l'atteindre. Lily, ensuite, s'inquiétait de ses douleurs latentes, refaisant surface de temps à autre. Norah haussait vaguement les épaules. "Un peu, oui. Mais ça va, ça vient, c'est assez variable finalement. Et surtout, ça n'a rien à voir avec les douleurs à mon réveil." Ou celles du jour où Anwar, sans avoir à prononcer le moindre mot, était venu informer du meurtre de Frank.  A côté, ses minuscules courbatures, ce n'était rien du tout. "A moins que ce ne soit déjà de l'arthrose, qui sait. L'âge, tout ça." Bien sûr qu'elle exagérait, bien sûr qu'elle n'en pensait pas un traître mot.

Il suffisait que la brune tourne la conversation avec que celle-ci ne se centre sur Lily pour que cette dernière fasse tomber tout rempart. Du moins, ça crevait les yeux pour Norah.  A moins que sa propre expérience ne lui permettait d'intercepter certains signes. Ses yeux clairs l'observaient attentivement, silencieusement. Elle ne voulait pas lui imposer quoi que ce soit. "Sans rancune, c'est ça ?" commentait-elle avec un sourire lorsque Lily précisait qu'elle comptait faire porter les cartons les plus lourds par la personne avec qui elle allait emménager. "Tiens-moi au courant." Par rapport au déménagement. Norah trouverait un moyen de se libérer pour lui filer un coup de main. Norah haussa ses sourcils lorsque son amie mentionnait le fameux futur colocataire. Ah oui, c'est vrai, Alfie. "Ravie de savoir qu'il est toujours en vie." commenta-t-elle d'un ton neutre. La dernière fois qu'elle l'avait vue, c'était lors de sa visite à l'hôpital, où il n'était probablement venu que pour avoir réponse à ses questions. Depuis, silence radio. Des deux côtés, à dire vrai. A l'issue de leur discussion, Norah était plus ou moins persuadée qu'il ne voulait plus entendre parler d'elle. Et pour preuve, il ne donnait aucune de ses nouvelles. Et pas qu'il s'était isolé du monde, puisqu'il laissait Lily emménager avec elle. L'essentiel, c'était qu'il allait bien. Norah n'allait rien forcer pour prétendre à une amitié qui n'était peut-être pas aussi solide qu'elle aurait pu imaginer. En pensant à lui, Norah eut un bref moment d'absence, avant de revenir à la discussion qu'elle avait avec son amie. Enfin, elle abordait le sujet le plus difficile à verbaliser. Surtout quand c'était aussi récent. "Il faut que la vie continue, c'est ça ?" demanda-t-elle seulement pour sonder si Lily suivait également cette façon de penser là. Norah avait fait pareil. Elle échangea avec elle un sourire sincère. "Ca m'a semblée normal." De montrer qu'elle était là. A dire vrai, Norah ne lui en aurait même pas voulu si la belle brune n'avait pas remarqué sa présence aux funérailles, ou qu'elle ait préféré ignorer ses messages et ses courriers. Elle ignorait comment elle gérait son deuil. "Parce que ça rend les choses encore plus réelles." De l'annoncer aux autres. Aux proches, aux amis, aux animaux domestiques. Qu'importe l'individu concerné, le dire à voix haute, c'était le rendre un peu plus réel à chaque fois que c'était prononcé à haute voix. "Je comprends. Je sais ce que c'est." Les regards. Quels qu'ils soient. "Ils ne se rendent même pas compte à quel point c'est pesant. A quel point ça n'aide pas." Même des années plus tard, Norah les remarquait encore, ces regards là. "Et les gens qui ont ces regards là, ils se sentent impuissants. C'est dur à accepter, tu sais, de rien pouvoir faire." Un fait qu'en tant qu'infirmières, elles y avaient déjà été confrontées plus d'une fois. Que lorsque l'on avait fait tout notre possible pour un patient, mais que celui-ci ne se rétablissait pas. Un sentiment d'impuissance envahit tout soignant l'ayant pris en charge. Ca finissait par passer, éventuellement. "Qu'est-ce qui t'en empêche, de partir ?" lui demanda-t-elle alors. "Je veux dire, si tu le peux, si c'est ce que tu veux faire, si t'as la conviction que c'est ce dont tu as besoin, tu devrais le faire." Elle haussait les épaules, d'un évident. "S'éloigner du quotidien pour mieux se retrouver, un truc du genre. Doit bien y avoir un proverbe chinois ou indien qui doit tourner autour de ça." dit-elle avec légèreté. "Y'en a bien qui disent que le deuil, c'est comme un voyage, un processus qui se fait par étape, avec un passage par différents états d'esprit. Peut-être que toi t'as juste besoin de rendre le truc... très concret. Et je trouve que c'est plutôt une bonne idée." En d'autres circonstances, Norah aurait probablement fait quelque chose de similaire. "Et je retiens, pour t'embarquer à l'aéroport. Je serai ravie de contribuer un chouille à tes péripéties et tes envies d'évasion. Et puis, l'étiquette Thelma et Louise me convient très bien. " renchérit-elle avec amusement. "Si tu partais là, maintenant, tout de suite, quelle serait ta destination ?" Elle était curieuse, Norah. "Ou peut-être que t'en as plusieurs." Un petit tour du monde, peut-être ?
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyMer 8 Sep 2021 - 14:44

Elle veut aller à Bayside, il veut aller à Logan City. Ils couperont donc la poire en deux et iront à Logan City, parce qu’elle ne peut pas risquer qu’il se détourne déjà de l’idée de la colocation. La remarque de Norah la fait sourire : tous les indices portent à croire qu’elles pourront effectivement s’organiser des goûters sans mal et vadrouiller d’une maison à une autre en quête de vanille, pépites de chocolat et pâte à sucre. A cette simple idée, Lily a de nouveau l’impression d’être une adolescente déménageant près d’une amie : en somme, c’est le paradis sur Terre. S’il y a déjà fort à parier que la brune ne s’approchera pas de la moto de son amie, elle peut au moins sourire à cette idée (à défaut de sincèrement la trouver bonne) et cacher tous ses doutes derrière cette façade. Pour elle, aventureux et casse-cou ne sont que des synonymes qu’elle tient à garder aussi loin que possible de sa personnalité mais ce n’est pas pour autant qu’elle risquerait de dire à Norah ce qu’elle en pense. L’infirmière est réfléchie, elle ne sera pas de ceux qui ne respectent pas les limites de vitesse - et c’est sûrement la plus grande peur de Lily à propos de ces véhicules à deux roues. Qui plus est, elle en vient même à penser que ses douleurs pourraient être reléguées au second plan face à l’adrénaline de la moto, et le bien être de son amie passe avant tout le reste. Elle hoche la tête, acquiesce, se veut rassurante. D’autres tiendront sans aucun doute le rôle de rabat-joie mais pas elle ; pas aujourd’hui.

Se retrouvant soudainement au milieu d’une histoire à laquelle elle ne connait rien, Lily se retient de tout commentaire sur la relation entre Norah et Alfie. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’ils se connaissent et se sont assez supportés au point de ne pas s’entre-tuer. Et ça lui est suffisant, parce qu’elle ne veut pas qui que ce soit pense qu’elle en a réellement quelque chose à faire d’Alfie Maslow (alors que tout est bien différent pour son amie Norah). "Ravie de savoir qu'il est toujours en vie." Il a dû l’énerver, c’est sans doute ce qu’il sait faire de mieux en ce monde. La brune n’aura pas les détails de cette histoire ; elle ne cherchera pas à y accéder, surtout pas alors que Norah semble soudainement effacée lorsqu’il est question de l’anthropologue. Non, décidément, elle ne veut rien savoir, surtout pas alors qu’il y a tout à penser qu’elle n’aimerait pas la réponse qu’on lui apporterait. Paradoxalement, parler de la mort de son mari semble bien plus logique, bien moins douloureux : elle en prend l’habitude, il faut croire. "Il faut que la vie continue, c'est ça ?" Exactement. Deux arguments reviennent en boucle : ‘la vie continue’ et ‘il n’aurait pas voulu ça’. Tout ce qu’elle pourrait ajouter, Norah le sait déjà et l’a déjà vécu. “C’est dans des moments comme celui-ci qu’on veut aller de l’avant plus que tout au monde. Mais tout le monde nous rappelle toujours le passé.” ‘je suis désolé’, ‘toutes mes condoléances’, ‘comment tu vas depuis… ?’ autant de questions posées avec les meilleurs intentions du monde mais qui ne parviennent en rien à arranger la situation, bien au contraire. Avoir une, deux, trois présences à ses côtés est bien suffisant, elle voudrait pouvoir dire à tous les autres de regarder droit devant eux et de continuer à avancer, c’est ce qu’il y a toujours de mieux à faire. Tout ça, Norah le sait, quand bien même elle les pardonne, sachant à son tour qu’ils ne savent pas comment réagir et pensent faire au mieux. Lily le sait aussi, mais elle a encore du mal à le leur pardonner. “Ce n’est pas pesant de continuer à porter son nom ?Après toutes ces années. Norah n’est jamais passée à autre chose alors que Lily ne rêve déjà que de ça, s’étant réfugiée dans les bras d’Alfie à la seconde où elle a appris la mort de son mari - quand bien même ils ne sont pas allés bien loin et qu’elle s’en est aussitôt voulue.

"Qu'est-ce qui t'en empêche, de partir ?" - “Le courage.” Lily qui admet ses faiblesses est une véritable nouveauté à laquelle elle ajoute un rire bref, gêné. La brune porte ses lèvres au cocktail commandé rapidement et arrivé tout aussi vite, à son grand soulagement. “Je ne pense pas pouvoir répondre positivement à tous ces ‘si’.” Cette fois-ci, elle l’admet avec bien moins de honte. Elle le peut, oui, sans doute, mais elle n’est pas certaine de vouloir le faire, encore moins que c’est ce dont elle a besoin. Il existe bien des réponses à la tristesse, et elle ne veut pas ressembler à Joseph et Alfie qui y répondent toujours par la fuite, le plus vite et le plus loin possible. Ce n’est pas après le leur avoir reproché durant toute une vie qu’elle peut suivre à son tour le même chemin. “On devrait trouver ça dans les biscuits chinois, je pense.” ‘S’éloigner du quotidien pour mieux se retrouver’. Si Lily reprend les mots de son amie avec autant de légèreté, ce n’est pas pour autant qu’elle serait soudainement prête à suivre ses précieux conseils. Une petite voix dans son esprit lui dit pourtant qu’elle le devrait, parce que Norah a toujours eu des mots justes, peu importe le sujet. “Si l’idée se concrétise, tu seras la première au courant.” Elle sera Thelma ou elle sera Louise, peu importe, mais elle pourra l’amener à l’aéroport sur sa plus belle moto rien que pour marquer le coup et la rupture avec son passé ennuyant et ennuyeux. "Si tu partais là, maintenant, tout de suite, quelle serait ta destination ?" - “Ma meilleure amie est italienne. J’ai envie de voir de mes propres yeux tout ce qu’elle a pu me raconter sur son pays.” Les volcans, les édifices de marbre, les plages, la nourriture, l’accent chantant, la conduite impossible, … Serena lui a raconté tant de choses, toutes si merveilleuses. "Ou peut-être que t'en as plusieurs." - “Oh, une choise à la fois je pense, non ?” La question est rhétorique, empreinte d’un rire certain. Lily n’a jamais quitté ne serait-ce Brisbane, alors elle court après un seul rêve à la fois et c’est déjà bien assez à ses yeux. “A moins que ce soit le moment où tu viennes me dire que je devrais aller à Chicago, Berlin, Cuba,... ? Quoique, je connais déjà Cuba. Tokyo, peut-être ?” Les paroles pourraient être considérées comme moqueuses mais elles ne le sont pas le moins du monde, Lily étant réellement intéressée par ce que Norah pourrait lui répondre et des endroits qu’elle aurait visité (même Sydney, elle serait prête à écouter tous ses conseils et récits). “J’admire ceux qui partent à l’aventure mais je continue de me dire qu’on est bien lotis, ici.” Pourquoi aller ailleurs alors que le ‘ici’ est si confortable ?
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyLun 13 Sep 2021 - 18:34

WALK TO OBLIVION
Le frère aîné de Norah ne voyait vraiment pas d'un bon oeil ce fameux permis moto. Il s'inquiétait Marcus, ça elle le comprenait. De son côté, cet accident avait été un véritable électrochoc, un réveil un peu trop brutal d'une période où elle se décrirait comme étant léthargique. Tout le monde ne voyait pas les deux-roues d'un très bon oeil. Norah ne comptait pas risquer sa vie inutilement et bien qu'elle n'avait pas froid aux yeux, elle jouait toujours la carte de la prudence; encore plus depuis qu'elle avait accouché de son premier enfant et davantage depuis la mort de Frank. Depuis l'annonce de ce projet qu'elle avait laissé en arrière-plan depuis de très nombreuses années, elle avait rencontré plus d'un regard réprobateur, mais elle n'en avait cure. La plupart d'entre eux ignorait pourquoi elle y tenait tant, à cette moto. Lily se gardait également de tout commentaire. Mais pas que pour ce sujet là, mais pour Alfie aussi. Norah n'avait plus de ses nouvelles depuis un bon moment déjà et elle en avait donc conclu qu'il avait tiré un trait sur leur amitié. Elle en était un peu triste, mais certainement pas amère. Ainsi allait la vie, pour elle. Des hauts, des bas, des amitiés retrouvées et d'autres qui se perdaient. S'il n'en voulait plus, elle n'allait certainement pas le forcer à quoi que ce soit. Elle haussa les épaules à cette pensée et retrouva son sourire, comme si de rien n'était. "De mon côté, les regards tristes et compatissants des autres, oui ça me saoulait. Mais il n'y avait pas que ça." racontait-elle. "J'ai pris un temps fou à me rendre compte que la première personne qui me mettait des bâtons dans les roues, c'était moi." Elle sondait Lily du regard. "Et ces regards-là, même s'ils sont assez pesants à la longue, j'ai fini par comprendre que... Ils ne savent pas quoi faire d'autres. Peut-être que leur seul désir, c'est de t'aider, mais que peut-on faire quand un ami, un proche, vient de perdre sa moitié ?" Rien. Absolument rien. “Quand toi tu dois gérer ton deuil, eux doivent, je suppose, aussi passer par une sorte de processus pour comprendre que leur attitude n’aide pas.” C’était parfois un déclic, pas grand chose. Mais dans ce genre de situations, les détails prenaient une toute autre importance, car les émotions étaient à vif et l’on devenait trop réceptif à certaines données. "Qu'est-ce que j'aurais bien pu faire si je ne pouvais pas te parler de ma propre expérience ? Moi-même, j'en n'ai pas la moindre idée." Après quelques secondes de réflexion, elle reprit. "Je t'aurais demandé si je pouvais faire quelque chose pour toi, si tu avais préféré être seule ou que je reste avec toi." Et elle se serait adaptée selon la réponse qu'elle lui aurait donnée. "Je pense qu'il est bien plus difficile pour eux de prétendre que nous." Ce nous, étant les veuves. "Et si ça t'agace tant que ça, dis-le leur. Que c'est pas en te prenant en pitié que tu continueras d'avancer. Je l'avais fait. Surtout aux collègues, en fait. Les autres, ça a été." Oui, parce que Norah n'avait pas vraiment la réputation de mâcher ses mots et de ne pas dire le fond de sa pensée. Même lorsqu'elle était en plein deuil. Si elle voulait qu'on la laisse tranquille, on leur disait, si elle en avait marre qu'on lui demandait comment elle allait, on lui faisait remarquer. La question que Lily lui posa ensuite la surprit. Dans la mesure où personne d'autre ne l'avait interrogé à ce sujet. "Absolument pas." répondit-elle avec douceur. "Je me suis jamais posée la question. C'est le nom que porte mes enfants et..." Norah s'accorda quelques secondes pour trouver les mots les plus adaptés à décrire sa vision des choses. "Quelque part, je reste son épouse. Même si ce n'est qu'une infime partie de moi, même s'il n'est plus là. Ca ne m'empêche d'aimer pas quelqu'un d'autre un jour, je suppose, mais cette personne là devra se faire à l'idée qu'une partie de moi sera toujours un peu avec Frank." répondit-elle avec un sourire sincère. Pas question de trouver un remplaçant ou un sujet de substitution. Si un tel homme se présenterait un jour dans sa vie, elle l'aimerait autrement, mais tout autant. Ca, c'était une certitude.


S'échapper un peu du quotidien en partant voyager était une idée qui semblait beaucoup séduire Lily. Cependant, elle ne semblait pas prête à s'y lancer. "Tu en as du courage, Lily. Ca, je peux te le garantir." lui rétorqua-t-elle immédiatement, d'un ton doux. "Seulement, peut-être que maintenant, ce n'est pas le bon moment pour toi. Peut-être que ça te prendra plus tard." Dans une semaine, un mois, un an. L'idée avait peut-être besoin de mûrir un petit peu avant qu'elle ne se décide ou qu'elle ne réalise que ce voyage-là n'était pas nécessaire. Ce n'était pas un refus définitif. Lily lui assura qu'elle comptait bien mettre son amie au courant le jour J. "J'espère bien." dit-elle en lui souriant. Les gens qui partaient du jour au lendemain sans prévenir, elle commençait à en avoir sa claque. Une méthode un peu trop usée à son goût par ses proches et pour laquelle elle se montrerait bien moins tolérante les prochaines fois. "Alors commence par l'Italie. Ne serait-ce que deux semaines de vacances là-bas." suggérait-elle. "Suffisamment long et suffisamment loin pour décrocher un peu." Rien que ça, ça pourrait lui faire du bien. "J'ai pas tant visiter que ça, mais la destination dont je garde de précieux souvenirs, c'est l'Afrique du Sud." lui répondit-elle, un brin nostalgique. "Voyage de noces." Frank et Norah avaient fait des économies pour se faire sacrément plaisir durant ce voyage. “Les paysages sont vraiment sublimes là-bas.” Ils se laissaient aisément charmer par la beauté de la nature. “Nous avions prévu à l’époque de partir en Nouvelle-Zélande, quand Aidan aurait grandi.” Mais ça ne s’était pas fait. “J’espère pouvoir le faire avec les enfants bientôt.” Un gros budget, mais elle savait qu’ils en prendraient tous plein les yeux. En projet pour l’année suivante, peut-être, ou celle d’après. “Rien ne t’empêche de te faire une to do list des destinations que tu voudrais faire. Si c’est pas pour cette année, ce sera pour une prochaine fois.” Lily pouvait se fixer des objectifs comme elle l’entendait. Elle semblait bien apprécier le confort de la maison et d’un paysage plus que familier. “C’est vrai que Brisbane a tout pour elle.” approuva-t-elle. “Certains sont juste plus nomades que d’autres.” Alfie, par exemple, était incapable de rester en place. Elle haussa les épaules. “A toi de voir ce que tu penses être le mieux pour toi.” Il n’y avait personne d’autre qui pouvait le lui dicter. Du moins, Norah n’avait pas la prétention de dire qu’elle savait mieux qu’elle ce qui était meilleur. “Si tu veux partir, changer d’air sans être trop loin, il y a Gold Coast, aussi.” lui proposa-t-elle, après une pensée soudaine. “Mais… tout ça, c’est à toi de voir. Personne ne saura mieux que toi-même ce qui sera le mieux pour tout le processus. Tu as du temps, prends-le et n’essaie pas de griller les étapes.” Norah ne les avait pas sautées, elle ne les avait tout simplement pas franchi. Tout lui est revenu de plein fouet l’année précédente. “Et personne te reprochera d’avoir des envies soudaines.” Comme voyager. “Sauf si tu mets ta vie en danger. Si c’est le cas, t’entendras parler de moi. Et ça va barder.” lui dit-elle en lui faisant un clin d'œil complice. Pourtant, ses paroles étaient on ne peut plus sérieuses.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyLun 20 Sep 2021 - 12:40

Norah est une amie de bons conseils, c’est un fait, et quand bien même cela ne fait que parfois exacerber leurs différences, Lily continue de sincèrement l’apprécier. Elle est une femme courageuse, mère de deux parfaits enfants et qui mène tout de front. Elle apprécie son franc parler autant que la vulnérabilité qu’elle accepte parfois de montrer, le tout pour ne jamais se démonter face à qui que ce soit - bon nombre de patients se sont fait avoir par ses yeux d’ange avant de se faire remettre à leur place. “Je ne leur demande rien et je ne leur demanderai jamais rien, c’est ça qui me gêne. Matt était du genre à devenir ami avec le premier venu mais ce n’est pas mon cas, et maintenant ils pensent tous pouvoir m’aider d’une façon ou d’une autre alors que ce n’est pas le cas.” La langue de la brune se délie finalement avec rapidité, elle pose des mots difficiles sur une situation qui l’est tout autant. Elle est à l’opposé de tout ce qu’a toujours été Matt et si cette différence était le ciment de leur couple, elle ne regardait qu’eux et certainement pas la horde d’inconnus croyant bon de débarquer au DBD, leurs bouches remplies d’excuses. Jusqu’à preuve du contraire, cela n’a toujours pas le pouvoir de ramener les morts à la vie et tout s’avère donc inutile et véritable perte de temps. S’ils ne savent pas comment réagir alors qu’ils restent en retrait : Lily n’a besoin ni de leur pitié, ni de leurs conseils. Elle les accepte déjà difficilement venant de ses proches, alors il n’y a même pas besoin d’essayer si cela vient d’inconnus. La brune reste de marbre lorsque son amie retourne le problème, lui demandant ce qu’elle aurait pu faire si elle n’avait pas déjà été veuve. Il n’y a aucune réponse à cela qui soit en mesure de soutenir la cause de Lily, elle préfère donc encore garder le silence. "Je pense qu'il est bien plus difficile pour eux de prétendre que nous." Après avoir passé toute une vie à faire semblant et n’ayant toujours pas terminé, la jeune veuve ne peut qu’être d’accord avec Norah. Tout est plus difficile pour eux parce qu’ils s’obstinent à vouloir ressentir la même peine que les veuves ; ce qui ne mène jamais nulle part. "Et si ça t'agace tant que ça, dis-le leur. Que c'est pas en te prenant en pitié que tu continueras d'avancer. Je l'avais fait. Surtout aux collègues, en fait. Les autres, ça a été." - “Je suis encore patiente pour la mémoire de Matt mais ça ne durera pas une éternité.” Parce que Matt leur aurait tout pardonné, Matt leur aurait offert un verre et dix autres, Matt aurait rigolé avec eux. Mais puisqu’il n’y a plus de Matt, elle est le dernier pont entre son souvenir et cette foule d’inconnus aux bonnes intentions. Alors elle prend sur elle, Lily, armée de son plus beau sourire de circonstances et de toute la patience qu’elle tient encore en réserve, préférant finalement changer peu à peu de sujet de discussion pour connaître l’avis de Norah au sujet du patronyme de son mari, gardé depuis toutes ces années. Ses raisons sont louables et le sourire animant les lèvres de l’australienne est bien sincère cette fois-ci. Elle aussi, aurait aimé avoir l’argument de l’enfant à appuyer. Ce n’est évidemment pas le cas, et pour sa part elle ne portera pas un nom qui renvoie à une fratrie qu’elle n’apprécie pas et des parents qu’elle comprend tout aussi peu. Matt était le seul McGrath de sa vie et lui parti, plus rien ne la retient à ce nom.

Un jour, conformément aux conseils de Norah, elle commencera par l’Italie. Un jour, seulement, et il y a fort à parier que ce ne sera pas demain. Au fond, Lily sait qu’elle n’ira pas seule ; ce qu’elle ignore cependant, c’est la forme exacte du visage qui prendra place à ses côtés. L’avenir n’a jamais été aussi incertain qu’en cet instant et c’est aussi la raison pour laquelle elle est bien heureuse d’entendre les récits de voyage de Norah et de ne plus avoir à se concentrer sur les siens qui n’arriveront peut-être jamais. En effet, elle n’a pas de mal à la croire au sujet de la beauté des paysages en Afrique du Sud. “Vous avez fait des safaris ?” Au fond, la question qu’elle aurait voulu poser en premier lieu aurait consisté à demander à Norah s’il n’y a pas de vaccins spécifiques à faire pour ce pays - parce qu’elle est certaine que c’est le cas, justement. “J’espère pouvoir le faire avec les enfants bientôt.” - “Ils adoreront.” En Nouvelle Zélande, au moins, pas de moustique mortel ni de plus grosses bêtes qui le sont tout autant. Et Lily pense réellement ce qu’elle dit : ses enfants auront des étoiles plein les yeux et seront incapables d’oublier ce voyage. “Je suis du genre à avoir un plan de vie sur dix ans et celui-ci a été quelque peu modifié dernièrement, alors nous verrons bien au moment voulu. Qui sait, c’est peut-être avec toi que je partirai.” Utilisant le ton de l’humour bien plus qu’autre chose, Lily ne rejette pourtant pas l’idée. Si elle a le pressentiment qu’elle partira avec un homme, elle serait pourtant heureuse de partager ces souvenirs avec Norah aussi, pour ce que ça vaut - bien qu’elle lui souhaite avant toutes choses de faire découvrir la Nouvelle Zélande à ses enfants.

“Et personne te reprochera d’avoir des envies soudaines.” Comme celle ayant consisté à vouloir passer dans le lit d’Alfie après avoir su pour la mort de son mari, ou bien l’exemple est un peu trop spécifique pour la situation ? “Sauf si tu mets ta vie en danger. Si c’est le cas, t’entendras parler de moi. Et ça va barder.” Cette fois-ci, le rire vient aussitôt, franc et doux. Lily lève les mains au ciel, signifiant ainsi son abandon de toute forme de mise en danger - trop tard et le coupable porte encore une fois le prénom démodé d’Alfred. “Garde ces méchants yeux pour les patients récalcitrants.” Lily ne sera jamais un poids pour son amie, c’est une promesse qu’elle lui fait là. “Je vais paraître tellement brutale à demander ça mais… tu n’as jamais eu envie de te trouver quelqu’un ? En toutes ces années, je veux dire, ne me dis pas que personne ne t’a tapé dans l’oeil.” Et vice-versa. Norah étant une belle femme cultivée, elle pourrait avoir bien des hommes à ses pieds.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyMer 6 Oct 2021 - 17:07

WALK TO OBLIVION
"Donc ce sont plutôt des potes de Matt qui viennent vers toi ? Je veux dire, des personnes que tu ne connais pas vraiment ?" en conclut Norah selon les dires de son amie. Si c'était le cas, elle devait se sentir sacrément envahie et entourée d'inconnus. Des étrangers qui pensaient savoir ce qu'il y avait de mieux pour elle. A sa place, Norah aurait été sacrément saoulée et elle leur aurait fait entendre. Mais Lily et elle fonctionnaient différemment. "Et tu n'arrives pas à leur dire, que tu n'as pas besoin ?" Plus facile à dire qu'à faire, c'était sûr. Norah était satisfaite que la jeune femme parvienne enfin à trouver les mots, à verbaliser des faits qu'elle n'aurait peut-être pas osé dire à qui que ce soit d'autre. Parce que l'on y prêtait pas attention, parce qu'on ne la titillait pas, parce que leur intérêt n'était peut-être pas aussi sincère qu'elle. Lily laissait enfin tomber quelques filtres et surtout la muraille qu'elle avait forgée suite à la perte brutale de son mari. C'était là le principal objectif que Norah avait. Elle ne voulait pas qu'elle se sente seule et isolée dans ses sentiments. "Lily, t'as pas à te montrer patiente pour qui que ce soit." lui rétorqua-t-elle avec un peu plus de fermeté. "C'est eux qui doivent être patients avec toi. T'as pas à te plier à leur volonté si ça te heurte plus qu'autre chose, sous prétexte qu'ils ont envie de faire les choses bien, ou quoi qu'est-ce." Norah avait été la première à sacrifier sa propre santé mentale afin de privilégier le bien-être et le bonheur de ses enfants. Elle ne voulait pas voir Lily commettre la même erreur, et finir par se plonger dans un deuil pathologique qui pouvait prendre des années à se résoudre. "Tu penses pas que Matt aurait voulu que tu penses à toi d'abord ? Que tu fasses les choses qui te font sentir bien, ou mieux ?" Elle la regardait d'un air soucieux et compatissant. "Pour la mémoire de Matt, justement, tu dois penser à toi. Je suis pas pratiquante pour un sou, je sais pas s'il y a un paradis et un enfer, mais où qu'il soit maintenant, je pense qu'il aurait voulu que tu prennes soin de toi." Elle lui souriait, finalement. "Si tu veux pas le faire pour lui, fais-le pour moi." dit-elle, mi-sérieuse, mi-plaisantin. Depuis, Lily rêvait de voyages. Elle avait même tout une liste de destinations à travers le monde qu'elle rêverait de voir un jour de ses propres yeux. Elle écoutait volontiers les récits de Norah, qui avait toujours aimé globe-trotter aussi. Ses évasions avaient été bien maigres ces dernières années, mais elle comptait bien se rattraper dès qu'elle le pourrait. "Même pas." répondit-elle au sujet des safaris. "On alternait visites, journées rando et baignades. On ne s'est pas ennuyés." Dès qu'elle parlait de Frank, ou de son voyage de noces, ses yeux bleus pétillaient un peu plus. Elle aimait s'en rappeler, se souvenir des sensations de ces jours-là. "Même si elle a été modifiée, ta vie, tu as toujours une foule de cartes en mains pour viser de nouveaux objectifs." Si c'était ainsi qu'elle aimait diriger sa vie, alors elle trouverait de nouveaux moyens pour planifier ses dix prochaines années. Norah avait comme fils conducteurs son mari et sa famille. Elle avait perdu le premier et cela l'avait chamboulée. Mais en dehors de cela, ils vivaient au jour le jour, selon les opportunités, les tensions, les idées de projets... Jamais Norah ne viserait aussi loin que Lily, dans le temps. "Mais si une épopée avec une pré-ado et un gamin hyperactif te branche, tu seras la bienvenue." lui assura-t-elle avec un léger rire. "Et c'est certainement pas tombé dans l'oreille d'une sourde." Elle se devait de le préciser, pas que Lily joue la surprise le jour où Norah remettrait le sujet sur le tapis. Norah ferait attention à son amie, c'était certain. Mais pas au point d'être une maman poule, ni de devenir une présence plus étouffante qu'autre chose. Néanmoins, elle veillerait, elle serait attentive à des signes potentiels qu'elle ne connaissait que trop bien. "Ils deviendront méchants si toi aussi tu te montres récalcitrantes." plaisanta-t-elle. "Et je sais convaincre. J'aurais du faire commerciale." Elle riait, trouvant l'idée saugrenue. Norah n'était pas imbue d'elle-même non plus, loin de là. "Enfin, si tu veux un terme moins vendeur, je suis têtue." relativisait-elle. Lily relançait un sujet que Norah n'avait pas vraiment attendu – pourtant voilà plusieurs minutes qu'elles parlaient de veuvage. Brutale n'était pas le moment juste car Norah n'allait pas non plus tomber de sa chaise suite à cette question. "C'est pas une histoire de vouloir." lui répondit-elle. "J'y suis pas fermée. Pendant longtemps c'était inenvisageable parce que... Frank." Elle l'avait aimé de tout son coeur, de toute son âme. Le genre de sentiments qui ne s'éteignait pas en même temps que son âme-soeur. "Après je me suis dit qu'il doit pas y en avoir des beaucoup, des loustics prêts à s'engager dans une vie de couple d'une infirmière veuve et mère de deux enfants. C'est pas vendeur, comme tableau." Elle souriait. Elle ne se faisait pas d'illusion. Les horaires décalés, la responsabilité en ayant deux petits, le bagage du mari brutalement décédé... C'était un pot pourri qu'il fallait savoir accepter et maîtriser. Que sa prochaine moitié (s'il existait) accepte qu'une petite partie de Norah aimera toujours Frank, mais qu'elle lui donnerait tout autant d'affection et un amour différent. Pas moindre, juste différent. "Et c'était clairement pas ma priorité pendant des années, et maintenant je me dis... pourquoi pas." dit-elle en haussant les épaules. "Ne compte pas sur moi pour m'inscrire sur des sites de rencontre." Julie en avait déjà eu l'idée, Norah lui avait très rapidement fait comprendre qu'il ne vaudrait mieux pas la mettre en application. "Mais il y avait bien eu quelqu'un pour qui... j'avais eu un crush. Très passager, très inadapté aussi." racontait-elle en haussant les sourcils. Pourquoi lui parlait-elle de ça ? Ca faisait près d'un an que ça s'était passé et elle n'avait jusque là abordé le sujet avec personne d'autre. Cela n'expliquait pas qu'elle pousse un peu la confidence avec Lily. "Pendant une période où j'étais pas forcément au meilleur de ma forme." Un vrai combo pour faire n'importe quoi et commettre des erreurs irréparables par la suite. "J'en n'étais pas non plus à me voir faire ma vie avec lui – mon Dieu, non." Mais Alfie avait un truc, ce je ne sais quoi. Elle aimait le décrire comme étant très attachiant. "Ca n'aurait jamais fonctionné de toute manière." Ca, c'était aussi une certitude. "Ceci étant dit, je suis pas non plus un vieux croûton, il doit en rester quelques uns de fiable ici et là. Mais c'est clairement pas une priorité." Pas de speed dating, pas de soirées en ville imposées pour rencontrer de nouvelles personnes. Elle se disait que ça viendra quand ça voudra bien.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyJeu 7 Oct 2021 - 13:20

La tête de Lily ne sait plus que bouger de droite à gauche face aux questions de Norah ayant tendance à la dépeindre en victime de toute cette histoire. Elle sait dire non, elle sait imposer son avis, elle sait parler. Là n’est pas le problème. Mais ce n’est pas pour sa propre personne qu’elle stand : tout ce qu’elle fait, elle le fait en la mémoire de son mari, raison pour laquelle elle a tendance à calquer ses actes et paroles sur celles qui auraient été les siennes. Et c’est un euphémisme que de dire que les mariés étaient différents. Ils étaient aux antipodes l’un de l’autre. “Je leur montrerai la porte le jour où ils auront épuisé ma patience, je te le promets.” Sourire au bout des lèvres, elle se veut rassurante, ne doutant pas un seul instant qu’elle sera capable d’un tel geste. Un jour, c’est ce qui finira inévitablement par arriver, elle le sait déjà. Ce sont les autres, qui ne le savent pas. Avec un peu de chance, le temps faisant son œuvre, les condoléances deviendront moins nombreuses et moins insistantes aussi. Matt, lui, aurait voulu qu’on mettre du colorant et des paillettes dans ses cendres, c’est tout ce à quoi elle s’autorise de penser, tentant de s’habituer au fait qu’il ne soit plus là et qu’elle doive faire avec et cesser de se demander comment il aurait réagi ou ce qu’il aurait pu dire.

Elle l’écoute avec attention énoncer ses récits de voyage, sincèrement intéressée par le pays qu’elle lui fait découvrir au milieu de sa vie de famille bien remplie. Norah a eu beaucoup de chance avant de connaître le malheur et tout ce qu’espère son amie, c’est qu’elle a pu en profiter autant que possible, à l’époque. “L’invitation ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde non plus.” Un jour, Lily sera sincèrement heureuse de passer quelques vacances avec Norah, une pré-ado et un gamin hyperactif. La destination n’a pas même besoin d’être précisée qu’elle accepte déjà l’idée, sachant avoir bien assez de points commun avec l’infirmière pour qu’elles n’aient pas de mal à tomber d’accord. Cette dernière n’a pas besoin d’insister, l’idée a déjà tout pour être tentante en elle-même : un jour, ils prendront l’air tous ensemble. Le voyage ne se fera certainement pas demain mais elle est persuadée qu’un jour, tout ceci sera une bonne chose pour le quatuor de fortune. Pourtant, au milieu de ses questions à propos de safaris et autres curiosités, Lily ne peut s’empêcher de repenser à l’Australie et, surtout, au futur qui l’attend ici. A la possibilité, ou non, qu’elle fasse sa vie auprès d’un autre. Non pas qu’elle y pense déjà en cet instant, mais la possibilité de ne finalement jamais fonder la famille dont elle rêve tant a tout pour l’effrayer plus que de raison. Ainsi, les mots de Norah sont aussi précieux que son expérience et la vision des choses qu’elle en a, en garde. Son objectivité, ses doutes, ses craintes. Lily emmagasine toutes les informations silencieusement, hochant ponctuellement de la tête pour lui signifier qu’elle écoute toujours bel et bien : elle est simplement devenue muette. "Mais il y avait bien eu quelqu'un pour qui... j'avais eu un crush. Très passager, très inadapté aussi." Elle en parle presque comme une adolescente : un crush. Le vocabulaire choisi fait sourire la brune, sincèrement touchée par la façon peu assurée qu’elle a d’avancer de tels mots, comme si elle n’acceptait toujours pas elle-même d’avoir des sentiments pour un autre homme que son mari. Sa curiosité n’en est que double, pourtant, malgré le fait qu’elle parle de cette histoire avec une sorte de pincement au coeur et quelques semblants de remords. “Tu n’es pas obligée de t’imaginer faire ta vie auprès d’un homme dès l’instant où tu penses ressentir quelque chose pour lui. Et je suis d’avis de croire que tu ne peux pas savoir si les choses auraient fonctionnées ou non si rien ne s’est concrétisé.” C’est le genre de Lily, ça, de s’imaginer se marier et fonder une famille avec quiconque les choses deviennent à peine plus sérieuses - quoique certes, il n’y a pas eu beaucoup d’hommes avec qui les choses sont devenues plus sérieuses. Cependant, elle n’applique pas ses propres règles à son amie, sachant qu’elles voient la vie bien différemment : Norah a déjà sa famille, de toute façon. “Pourquoi, d’ailleurs ? L’un de vous deux a décidé d’arrêter ?” Arrêter de flirter, arrêter de se tourner autour, arrêter de peu importe, Lily ne précise pas la fin de sa phrase parce qu’elle ne sait pas que terme choisir autant que parce qu’elle sait que Norah comprendra ce qu’elle sous entend de toute façon. Le seul mot qui importe encore reste ‘pourquoi ?’. Elle en parle encore avec un certain sourire malgré le ton amer, et toute cette histoire semble bien curieuse aux yeux de l’assistante de direction. “Je ne me fais pas de soucis pour toi, tu sais.” Elle est belle et intelligente et les enfants ne font pas fuir tous les hommes : Norah sera de nouveau heureuse auprès d’un homme, le moment venu.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyMer 27 Oct 2021 - 6:11

WALK TO OBLIVION
Mais quelle mouche avait piqué Norah pour qu'elle se décide à parler de son crush passager à Lily, elle qui était proche d'Alfie ? Plus idiot que ça, on meurt. Mais maintenant qu'elle était lancée, elle n'allait pas aller à reculons; ça serait d'autant plus suspect. Lily voulait se montrer optimiste et c'en était presque amusant parce qu'elle ignorait de qui elle parlait vraiment. Tiendrait-elle le même discours si elle savait qui était le principal concerné ? La soignante en doutait fortement. "Je n'envisageais même pas de faire ma vie avec." lui répondit-elle avec assurance. Elle n'avait absolument aucun doute là-dessus. "Je sais que tu doutes de ma certitude, mais c'est une chose que je peux te garantir. Ca n'aurait pas fonctionné, ni ici ni dans aucun autre univers alternatif." Alfie et elle n'avaient vraiment pas la même conception de la vie, et encore moins de la notion de couple. Et même si l'on aimait croire que les opposés s'attiraient, cette règle ne s'appliquait que pour leur amitié, et rien de plus. "Arrêté ? Rien n'avait commencé." répondit-elle calmement. "Il y avait pas de drague, même pas un flirt. J'appréciais simplement sa compagnie, ses discussions avec lui et cette pensée m'a fait de l'ombre de temps à autre jusqu'à se manifester un peu plus ce jour-là." Elle préférait rester relativement vague, Norah. Bien qu'à ses yeux, ce qu'elle lui racontait comptait déjà énormément de détails. Pour une personne qui était franche et n'aimait d'habitude tourner autour du pot, pour ce sujet-là, elle préférait pour le moment garder secrète l'identité de cet homme. "Et moins d'une heure après cette manifestation inopinée, j'étais inconsciente dans une ambulance juste après qu'une voiture était décidé de foncer sur moi en grillant un feu rouge au niveau d'un carrefour." Il y avait plus délicat, comme électrochoc. "Y'a pas mieux, comme moyen de remettre les pendules à l'heure." relativisait-elle avec un certain détachement. Norah n'aimait pas se plaindre, ni de s'attarder sur les événements traumatiques de sa vie. Elle n'avait pas particulièrement aimé de la perte brutale de son mari, elle n'allait pas non plus sortir les violons suite à son accident de voiture. Le statut de victime ou de veuve la contrariait beaucoup. Certains ne la résumaient plus qu'à ça, alors qu'elle portait bien plus de casquettes : celle de mère, d'infirmière, et avant tout, de femme. "C'était un ami, Lily." Elle employait volontairement le passé car elle n'était pas certaine qu'elle partage encore un quelconque lien avec lui. Le peu de nouvelles qu'elle avait confirmait ses suppositions. "Rien de plus, rien de moins." Elle tenait à Alfie. Le fait qu'il pensait si différemment du commun des mortels était plaisant, elle avait adoré tous leurs échanges. Il avait eu une personne à qui tenir tête et inversement. Elle ne s'était pas laissée avoir par ses nombreux subterfuges. "Vois plutôt ce crush comme une erreur de parcours. Ca me semble bien plus approprié." La brune haussait les épaules : ainsi allaient les choses. Des amitiés se faisaient et se défaisaient. Elle n'était pas du genre à courir derrière les gens si eux-mêmes ne montraient un minimum de volonté de leur part. Les efforts devaient venir des deux côtés. Son sourire était plus franc quand Lily lui assurait qu'elle ne se faisait pas de soucis pour elle. "C'est gentil de ne pas t'en inquiéter." lui répondit-elle avec sincérité. "Ca viendra quand ça voudra bien. Et même ça, ça demanderait une certaine organisation." Elle laissait échapper un rire. "Et même si l'envie de me maquer est loin de me déplaire, je ne veux pas me jeter sur le premier venu. J'aime ma vie telle qu'elle est et je ne veux plus perdre mon temps à attendre quelque chose ou quelqu'un au point de ne pas profiter de ce que j'ai déjà." Ses enfants, sa famille, en somme. "Pas que je les oubliais. Au contraire, je faisais absolument tout pour les petits. C'était pour eux que je faisais des heures supplémentaires, toute l'allocation de veuvage, je l'ai mis de côté pour pouvoir payer leurs études. Parce que je veux pour eux ce qu'il y a de meilleur. Ca partait d'une bonne intention. Et au final, alors que je les ai priorisé autant que possible, je n'ai pas la sensation d'avoir pleinement profité d'eux." Alors si par-dessus le marché un homme était venu dans sa vie à ce moment-là, Norah aurait probablement perdu les pédales. "Je ne voudrais pas que tu fasses la même erreur que moi. Même si tu n'as pas d'enfants, tu peux très bien te focaliser sur quelque chose en te disant que c'est la bonne chose à faire et qu'au final, tu loupes trop de trucs." Norah ne comptait pas la laisser prendre cette pente dangereuse là. Lorsqu'elle remarquerait certains signaux, elle ne se gênerait pas pour intervenir.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyMer 27 Oct 2021 - 10:01

La réponse de Norah a au moins le mérite d’être tranchée et si Lily ne peut s’empêcher de la trouver quelque peu violente, la jeune femme parlant rapidement - et ayant apparemment beaucoup d’arguments contre - et étant plutôt éloignée de la douceur habituelle qu’elle dégage. Peu importe, elle serait bien la dernière à pouvoir et vouloir lui en tenir rigueur. Lily se contente d’accepter ses mots tels qu’ils sont, n’ayant pas son mot à dire dans une histoire pour laquelle elle ne connaît rien, pas même le second acteur principal. Elle est plutôt bien placée pour savoir que son propre cœur peut parfois faire défaut et décider de s’amouracher des mauvaises personnes, de celles qui sont aussi intéressantes qu’elles pourraient s’avérer être destructrices. C’est ce qu’Alfie représente à ses yeux, et c’est aussi ce qu’elle se serait appliquée à dire en des mots bien plus vindicatifs si jamais son nom avait été annoncé. Son amie s’applique de son côté à lui expliquer à quel point ce flirt n’a jamais été rien de plus, qu’elle n’a pas envisagé davantage, et que cela n’ira même jamais plus loin non plus. Et Lily la croit, sans aucun doute, la pensant bien assez sage pour savoir ce qui est bon ou non pour elle. Qui est bon ou non pour elle. "Et moins d'une heure après cette manifestation inopinée, j'étais inconsciente dans une ambulance juste après qu'une voiture était décidé de foncer sur moi en grillant un feu rouge au niveau d'un carrefour." Cet argument finit de la convaincre des choses. Si le destin lui-même s’en mêle, alors cela veut sûrement signifier que leur couple n’avait pas lieu d’être. Le souvenir de cet accident laisse naître un sourire triste sur le visage de Lily, éternellement empathique face à la violence d’une telle chose. Y’a pas mieux pour remettre les pendules à l’heure, c’est certain, Norah a bien raison. “Tu l’as revu, depuis ?” La question n’a pas vocation à mener nulle part, ce n’est là qu’une question ponctuelle de la jeune veuve qui s’en fait pour son amie. "C'était un ami, Lily." L’utilisation du passé lui donne déjà un indice, la laissant pencher pour l’idée selon laquelle ils ne se sont plus revus depuis bien longtemps. Juste un flirt, plus même un ami : définitivement pas l’amour de sa vie comme Lily avait déjà commencé à l’imaginer, alors.

Ne pouvant qu’être d’accord avec les derniers mots de la brune, elle vient doucement attraper ses mains entre les siennes, un sourire rassurant affiché sur son visage. “Tu sauras qu’il est le bon quand tu te retrouveras face à cette personne.” Mais là, elle ne lui apprend rien. Norah a déjà connu un grand amour, au point de prendre son nom et de faire des enfants avec lui. Si ce flirt ne faisait pas le poids face à son mari alors ce n’est pas grave, Lily ne doute pas un seul instant que son amie saura aller de l’avant et ouvrir son coeur à un homme le méritant, le moment venu. “En grandissant, ils comprendront à quel point tu as été une bonne mère pour eux.” Ils ne savent pas la chance qu’ils ont, à leur âge, mais un jour tous ses efforts payeront et elle gagnera leurs remerciements sincères - une fois l’âge des éternelles crises d'adolescence passé. Elle a élevé deux merveilleux enfants, aussi bons et avisés qu’elle, et elle s’en rendra compte à son tour d’ici quelques années. Tous ses sacrifices en valaient la peine. "Je ne voudrais pas que tu fasses la même erreur que moi. Même si tu n'as pas d'enfants, tu peux très bien te focaliser sur quelque chose en te disant que c'est la bonne chose à faire et qu'au final, tu loupes trop de trucs." Lily a un sourire compatissant et même si elle a beau hocher la tête, elle sait par avance qu’elle n’écoutera pas le moins du monde son conseil. Ce qu’elle veut par-dessus tout, c’est fonder une famille, et elle en paiera le prix nécessaire, peu importe la forme qu’il prend. Officiellement, elle retombera rapidement amoureuse et aura la chance d’enfanter un parfait chérubin. “J’ai trop de choses à penser pour me focaliser sur une seule, si ça peut te rassurer.” Et techniquement, cela n’a rien d’un mensonge, les journées de la brune étant plus occupées que jamais. Bientôt, pourtant, les choses commenceront peu à peu à se calmer et elle aura le temps de penser davantage aux moyens à sa disposition pour devenir mère. “Mais merci pour ce conseil. Je sais que c’est souvent difficile de prendre du recul.” Surtout sur des faits ne remontant finalement pas à bien longtemps. Norah est la personne qu’elle aurait aimé être, si elle avait eu une enfance normale la laissant se focaliser sur les choses communes de la vie humaine. “On peut prendre dix ou quinze verres de vin maintenant qu’on a joué aux adultes, pas vrai ?” Elles s’enfoncent un peu trop dans la vie privée de l’une l’autre aux yeux de Lily et il est grand temps de désamorcer une bombe en devenir et de profiter de la soirée sans se soucier du reste. Après tout, elles ont encore toute la vie devant elles.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptySam 19 Fév 2022 - 9:13

WALK TO OBLIVION
Le romantisme dans le caractère d'une personne se manifestait de façon si différente qu'il était évident que chacun l'envisage de façon différente. Pour donner un ordre d'idée, celui de Norah devait se trouver sur Pluton tandis que celui de son amie était sur Mercure; en somme : deux salles, deux ambiances. Là où Lily  voyait une étincelle, Norah y voyait une histoire sans lendemain. Le respect de Norah passait par sa franchise, parfois abrupte, il fallait le reconnaître. Cela était d'autant plus vraie quand il s'agissait de ses amis. Y aller par quatre chemins, chercher à arrondir les angles... Tout ça, ce n'était pas Norah. "Juste une fois." lui répondit-elle en levant les yeux vers elle. "J'aurais presque cru qu'il s'était fait du soucis pour moi." Cela avait été probablement le cas. Mais Alfie était ce qu'il était et Norah avait fini par comprendre qu'il ne faisait rien sans intérêt; même si cela se résumait tout simplement à satisfaire sa curiosité. Depuis, elle n'avait plus de nouvelles et il fallait reconnaître qu'elle n'avait pas non plus fait d'efforts pour le recontacter. Pas que la confrontation et les moments pouvant être potentiellement étranges, mais elle avait fini par se dire qu'il avaient des points de vue tellement différents sur le monde qui les entourait que leur amitié n'était pas suffisamment compatible pour perdurer. Certaines amitiés étaient faites pour durer, d'autres pas. Rien de très nouveau. Le côté fleur bleue de Lily revint tout de même au grand galop, optimiste au possible à l'idée que Norah puisse trouver sa moitié. C'en était si attendrissant que la brune esquissa un fin sourire. "Promis, tu seras l'une des premières informées s'il y a anguille sous roche." lui assura-t-elle avec un léger rire. Elle ne pouvait pas lui garantir qu'elle sera la première étant donné qu'elle se tournait plus facilement vers ses frères (malgré les tensions régnantes entre deux depuis quelques temps). "Merci beaucoup." Pour le compliment, celui d'être une bonne mère. Norah jamais la prétention de dire que sa façon d'éduquer et d'aimer ses enfants était la meilleure qui soit. Mais cela fonctionnait. Elle gardait en tête une phrase que l'une de ses grands-mères disait de temps en temps et qui la faisait toujours beaucoup. "Je n'interviendrai que si vous envisagez de devenir terroriste." Pas que Nono ne s'inspirait pas que cette citation là, mais c'était une bonne base qu'elle avait étoffé avec sa vision des choses, combinée avec celle de Frank à l'époque. Il était un excellent père, lui qui avait à l'origine tellement peur de rôle. Dès que Julie était née, une bonne partie de ses appréhensions s'étaient envolée, remplacée par un amour qu'il n'aurait pas pensé ressentir pour un si petit être. "C'est quoi, toutes ces choses auxquelles tu dois penser ?" lui demanda-t-elle d'un air intéressé. Qu'est-ce qui pouvait bien l'occuper autant que cela ? "Tu pourras compter sur moi pour te le rappeler si je remarque que quelque chose cloche." Et Norah était observatrice. Il lui arrivait d'arriver à des conclusions un peu hâtives, mais pas toujours fausses pour autant. "Le plus difficile, c'est de trouver le juste milieu. Entre prendre le recul et ne pas paraître trop détachée non plus. Là aussi, les gens s'inquiètent. Et c'est vraiment agaçant avec ça." Déjà depuis la mort de Frank, certaines personnes prenaient Norah avec des pincettes et ils veillaient un peu trop sur elle (à raison), mais cela avait le don de l'agacer. Finalement, ces gens là avaient eu raison de s'en soucier, vue la phase dépressive qu'elle avait du traverser. Et depuis l'accident, on s'inquiétait parce qu'elle en parlait avec trop d'aisance quand on abordait le sujet. Cependant, elle n'aimait s'éterniser là-dessus. A ses yeux, c'était arrivé, elle s'en était remise, il fallait passer à autre chose désormais. Les sourcils de Norah se levèrent quand elle entendit son amie être partante pour une consommation certaine d'alcool. "Prends dix ou quinze verres si ça peut te faire plaisir. Moi, je pense qu'après ça, je vais opter pour un verre de whiskey." Car elle aimait bien en déguster un, de temps en temps. Elle sollicita d'ailleurs un serveur qui passait par là pour prendre commande, même si elle n'avait pas encore tout à fait fini son premier verre. Elle l'aurait terminé d'ici à ce qu'il arrive avec la suite. "Après en avoir fini avec les cartons de déménagement, et supposant que tu prennes tous tes jours de congés, et que tu partes plus ou moins en voyage..." commençait-elle. "Tu feras quoi, ensuite ?" Elle s'intéressait aux perspectives d'avenir de son amie. Elle était jeune et avait tout pour elle, il n'y avait pas de raison pour qu'elle ne rebondisse pas. Seulement Norah voulait savoir avec quel élan elle allait faire ce grand bond, et surtout, quelle direction elle comptait prendre. "A moins que ce ne soit encore une discussion trop adulte à ton goût ?" plaisantait-elle avant dela gorgée finale de sa boisson.  
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion EmptyVen 4 Mar 2022 - 18:01

L’homme en question n’étant finalement peut-être qu’une personne dont elle a apprécié la présence pour un temps seulement, Lily concède de passer à autre chose sans plus de zèle, clôturant elle-même la discussion avec un simple et doux sourire au coin des lèvres. Mettre mal à l’aise son amie serait bien la dernière chose qu’elle voudrait, c’est évident, et elle n’est sans doute pas la mieux placée pour donner des conseils conjugaux, surtout alors qu’elle est veuve depuis peu - elle avait peut-être trouvé l’homme qui la rendait heureuse mais, tout comme Norah en son temps, on le lui a repris. "Promis, tu seras l'une des premières informées s'il y a anguille sous roche." Et à ce moment là, de façon plus que prévisible, la jeune veuve reprendra son interrogatoire de plus belle encore, simplement pour s’assurer que la personne pour laquelle Norah pourrait en pincer mériterait l’attention d’une femme comme elle. Après tout, c’est bien ce à quoi servent les amis, non ?

"C'est quoi, toutes ces choses auxquelles tu dois penser ?"Oh non, tu sais... Juste les petites choses du quotidien.” Les papiers en tout genre, son besoin de déménager, les condoléances à accepter d’un sourire fort, l’image à garder intacte tout en laissant autrui apercevoir une fissure causée par la perte de son mari. Tu sais, sont les deux mots qu’elle esquisse pour ne pas avoir à entrer dans les détails et lui donner une description trop précise des rouages tordus de son esprit, donnant la priorité à l’image qu’elle peut renvoyer à autrui plutôt qu’à quoi que ce soit d’autre. Peu importe à quel point elle estime effectivement Norah, cela ne signifie pas non plus qu’elle peut absolument tout lui dire. "Le plus difficile, c'est de trouver le juste milieu. Entre prendre le recul et ne pas paraître trop détachée non plus. Là aussi, les gens s'inquiètent. Et c'est vraiment agaçant avec ça." Plus d’accord que jamais avec les mots de son amie, elle finit par hocher vivement la tête. Elles abordent le problème différemment, mais Lily a elle aussi bien du mal à jongler entre le besoin d’accepter de montrer à autrui sa tristesse autant que celui de continuer à montrer qu’elle rese forte et inébranlable, peu importe à quel point la vie semble s’acharner sur elle. La vie, mais surtout la mort en réalité. “Avec le temps, tout ira mieux.” Les gens oublient, l’eau coule sous les ponts. Dans un certain temps, elle aurait refait sa vie, pansé les plaies de son cœur, et un petit marmot pourra l’appeler maman. Seulement, personne ne précise dans combien de temps tout ceci finira par arriver.

"Après en avoir fini avec les cartons de déménagement, et supposant que tu prennes tous tes jours de congés, et que tu partes plus ou moins en voyage… Tu feras quoi, ensuite ?" La question suppose bien trop de conditionnels pour qu’elle soit totalement viable, mais elle laisse un petit sourire sur le visage de la veuve. Déjà, elle sait qu’elle ne prendra pas de jours de congés, ni même qu’elle voyagera. Seule, cela ne rime à rien. Trop chauvine, elle préfère rester dans le pays qu’elle a toujours connu, celui là même qui la rassure autant que la terrifie. Autant de choses qu’elle ne peut décemment pas partager avec Norah, en somme. "A moins que ce ne soit encore une discussion trop adulte à ton goût ?" Oh, elle meurt d’envie de lui répondre par un simple ‘oui’ avant de passer à autre chose, mais Lily se prête finalement au jeu et lève à son tour son verre pour trinquer une ultime fois avec la brun, signe que leur discussion d’adultes touche irrémédiablement à sa fin. “Je vais aller de l’avant, tout simplement, et peu importe ce que ça veut précisément dire.” Elle joue l’ignorante alors que dans son esprit, le plan est déjà calibré: elle va être mère, se marier, devenir la directrice de l’Association Beauregard, être reconnue et appréciée pour son travail et non pour la perte prématurée de son mari. Sans doute pas dans cet ordre, sans doute pas non plus après un claquement de doigts, mais c’est ce qui finira par arriver, et le tintement de leurs deux verres scelle la promesse qu’elle tient ce soir à Norah, les yeux dans les yeux.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

(lily&nono #2) walk to oblivion Empty
Message(#)(lily&nono #2) walk to oblivion Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

(lily&nono #2) walk to oblivion