Un pacte avec le diable (Channing)

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Mi-septembre 2021

Sept jours auparavant, Mary Walker avait envoyé sa fille en centre de désintoxication. Pendant sept jours, Lexie avait disparu de la circulation. Pendant sept jours, elle n’avait vu personne, à part des médecins et des psychologues. Pendant sept jours, elle avait vécu l’enfer : insomnies, anxiété, irritabilité, dépression, pensées suicidaires … Elle avait touché le fond, et pourtant, elle creusait encore. Elle avait fini par perdre la notion du temps, ses quelques minutes de sommeil, par-ci par-là, agitées par des cauchemars horribles. Elle était finalement entrée dans cette phase magique, appelée « craving », durant laquelle le désir de consommer de la cocaïne était plus fort que tout, occupant toutes ses pensées.
La brunette avait toujours eu une consommation « contrôlée » : elle avait une famille, quelques amis, un job, qui passaient avant la cocaïne. Ses journées, ses pensées, n’étaient pas tournées vers la drogue, mais vers d’autres buts. Elle pouvait refuser une dose quand on lui en présentait en soirée. Et elle ne consommait pas au quotidien.
Elle s’était ainsi toujours imaginée que, le jour où elle devrait arrêter, le chemin serait difficile, mais pas insurmontable. Elle ne se serait cependant pas attendue à passer des jours et des jours au plus bas. Elle ne dormait presque plus. Elle doutait de tout, et d’elle en particulier. Elle avait déjà fait cinquante fois le tour de la pièce pour trouver un moyen d’en finir. Et quand elle ne pensait pas à abréger ses souffrances, elle ne pensait qu’à la drogue, rien qu’à la drogue.

Puis, au bout du huitième jour, Mary avait débarqué, la bouche en cœur. Une expression de dégoût s’était peinte sur son visage lorsqu’elle avait regardé sa fille. Elle lui avait alors proposé un marché : pas une idée sortie de nulle part, non, simplement la raison qui avait motivé l’envoi de sa fille en centre de désintox. Mary était une femme réfléchie, et ses actions avaient toujours un but. Avec cette cure, la dépendance, elle avait un moyen de pression.
La matriarche Walker avait fait signer un contrat à Lexie en vertu duquel elle s’engageait à faire tout son possible pour séduire Carlisle Bishop et à l’épouser le plus vite possible. Les affaires, c’était tout ce qui comptait pour Mary Walker. Ça, et son image de marque. Peu importait les sentiments de sa fille et de l’héritier Bishop.

Quelques heures plus tard, Lexie était recroquevillée sous une couverture sur le canapé du salon dans la villa des Walker. Elle était pâle et tremblait sans cesse. Sa mère lui avait donné une toute petite dose de cocaïne, assez pour qu’elle reprenne pied, pas assez pour qu’elle oublie l’enfer de ces derniers jours. Lexie en voulait plus, beaucoup plus. Mais Mary en avait décidé autrement : pendant quelques jours, la brunette vivrait chez elle, le temps de ne plus avoir peint sur le visage cet air de junkie, le temps de se réaccommoder à une consommation « contrôlée ».

Lorsque la porte claqua, la jeune femme fit un bond de trois mètres. Son regard perdu croisa ensuite celui de son frère, qui la dévisageait avec surprise, et ce que Lexie pensait être de l’inquiétude. Elle remonta un peu plus la couverture sur elle et commença à se ronger les ongles. La conversation qui allait suivre risquait d’être difficile.
Mary Walker déposa un baiser sur la joue de son fils et s’assit à côté de Lexie, une proximité que la jeune femme tolérait mal.

« Bonjour Channing. Tu es venu voir ta sœur ? »

Elle sourit à son fils en posant sa main sur l’épaule de Lexie, alors que la brunette se raidissait à vue d’œil.

« J’ai décidé de la sortir du centre. C’était beeeaucoup trop difficile, un endroit qui n’était pas adapté à ta sœur. Et puis, si elle y était restée plus longtemps, elle aurait risqué de perdre son « job » de journaliste, la pauvre. »

Les yeux de la brunette criaient au mensonge, mais elle ne dit rien. Le marché avec Mary était clair : elle pouvait sortir du centre, reconsommer de la drogue, et conserver son emploi, si elle séduisait Carlisle. Un mot de sa mère, et elle serait virée et ferait une nouvelle cure, cette fois-ci plus longue.

« Tu n’aurais pas dû venir, tu t’es sans doute inquiété pour rien. Ta sœur va parfaitement bien, n’est-ce pas ma chérie ? »

Lexie déglutit et leva un regard apeuré vers Chan. Elle ressentait toujours les effets du manque, et notamment l’anxiété. Elle avait besoin d’une autre dose, et vite.

« Je vais … parfaitement bien. »

Mary sourit et reporta son attention sur Channing.

« Ho, et pour l’entreprise, ne t’inquiète plus. Je pense qu’on pourra bientôt signer le partenariat avec les Bishop. »

un pacte avec le diable

@Lexie Walker & Channing

Une semaine entière sans nouvelles d'elle. Sans pouvoir la joindre, la voir ou lui parler. Il y a quelques jours, Channing a commencé à s'interroger alors que sa petite soeur ne répondait plus à ses textes. Les deux ont toujours été proches, assez pour s'écrire régulièrement et se voir au moins une fois ou deux par semaine. Mais ces derniers jours, la brunette s'est évaporée sans laisser de trace. La dernière fois qu'il lui a parlé, elle allait plutôt bien et ils avaient mangé ensemble chez lui avant qu'elle ne reparte à Spring Hill. Ils s'étaient promis de se revoir en milieu de semaine, mais Lexie n'avait plus répondu à ses messages depuis. L'héritier avait d'abord pensé qu'elle lui faisait une blague, qu'elle se jouait de lui ou qu'elle était un peu trop occupée au boulot. Mais après avoir fini sur son répondeur quelques dizaines de fois et avoir été toqué chez elle uniquement pour tomber sur une porte close, il avait compris que quelque chose clochait. Alors il s'était rendu à ABC, avait débarqué dans le bureau de Elizabeth avec ses cheveux en vrac en lui demandant si elle était ici ou si elle savait quelque chose. Sa meilleure amie n'avait malheureusement rien su lui dire, lui précisant simplement qu'elle avait quitté les locaux en début de semaine pour un motif assez flou. Channing avait alors imaginé le pire et passer quelques coups de fil aux hôpitaux de la région, aux gendarmeries... même à la morgue. Il avait téléphoné à la morgue en tremblant, assis sur son canapé en retenant son souffle, terrifié à l'idée que la voix lasse à l'autre bout du fil lui annonce avoir retrouvé une brune morte d'une overdose il y a peu. Mais rien ni personne ne semblait avoir la moindre trace de sa petite soeur, et Channing décida de contacter la dernière personne de sa liste. Mary, leur mère. Celle dont la voix au travers du combiné le fit tressaillir lorsqu'elle lui annonça, l'air le plus naturel au monde, qu'elle avait placé Lexie en centre de désintox.

La semaine avait ensuite été interminable pour l'héritier. Il avait surveillé son téléphone en permanence au bureau, l'esprit ailleurs, ayant du mal à se plonger dans le travail, avant de finalement sauter dans sa voiture en recevant un message de Mary le prévenant que Lexie était à la demeure familiale. Sa sportive se gara un quart d'heure plus tard dans la cour de la villa et le brun quitta l'habitacle d'un air pressé, enjambant les marches du perron en quelques secondes. Il ne prit pas la peine de toquer, entrant avant de refermer la porte derrière lui et de se diriger au salon en desserrant son nœud de cravate. Il va avoir besoin d'air pour ce qui va suivre. Il entre dans le salon et ses yeux se posent automatiquement sur la brunette blottie sous un plaid dans le sofa, leurs regards se croisant alors que la matriarche s'approche de son fils. « Bonjour Channing. Tu es venu voir ta sœur ? » L'inquiétude électrise son corps, le soulagement aussi d'une certaine façon, et il met un certain temps à répondre à Mary qui embrasse sa joue avant d'aller s'asseoir près de la plus jeune de la fratrie. « Bonjour mère. » souffle t'il alors que peu à peu son regard se fait plus doux à l'attention de Lexie. Il veut s'excuser, s'excuser de ne pas avoir été là pour empêcher Mary de l'envoyer là-bas, s'excuser de ne pas avoir été là pour elle quand elle avait le plus besoin de lu. Il veut la prendre dans ses bras sans même savoir si elle tolérerait ce contact, alors il reste un moment debout au beau milieu de la pièce à vivre en regardant leur mère poser sa main sur son épaule. « J’ai décidé de la sortir du centre. C’était beeeaucoup trop difficile, un endroit qui n’était pas adapté à ta sœur. Et puis, si elle y était restée plus longtemps, elle aurait risqué de perdre son « job » de journaliste, la pauvre. » Il déglutit aux mots de sa maternelle, posant finalement les yeux sur elle en hochant mollement tête. Il a bien vu le regard de la demoiselle qui appelle à l'aide, mais c'est sur Mary qu'il se reporte pour limiter les dégâts. Bien sûr qu'il sait que ce n'est pas aussi facile que cela, que quelque chose cloche dans l'ambiance étrange qui flotte autour d'eux, mais il ne sait pas encore quoi. « Tu n’aurais pas dû venir, tu t’es sans doute inquiété pour rien. Ta sœur va parfaitement bien, n’est-ce pas ma chérie ? » Elle se reporte sur elle et Channing en fait de même, ses sourcils s'affaissant tristement en notant la peur du regard de sa petite soeur. Que Mary aille au diable pour ça. « Je vais … parfaitement bien. » Bien sûr qu'elle ne va certainement pas prétendre le contraire. Le grand brun la regarde en silence, l'air sincèrement désolé, avant que Mary ne reprenne la parole de son éternel air satisfait et détaché. « Ho, et pour l’entreprise, ne t’inquiète plus. Je pense qu’on pourra bientôt signer le partenariat avec les Bishop. » Ses sourcils se froncent et il se reporte sur la matriarche, assez spontané. « Qu'est-ce que les Bishop ont à voir avec ça ? » demande t'il, pas certain de comprendre. Ou peut-être ne préfère t'il ne pas comprendre. Il enlève sa veste, la déposant sur un dossier de chaise et vient s'asseoir près de la brune en laissant juste assez d'espace pour ne pas l'oppresser. Elle est mal, et la présence de Mary doit assez l'étouffer comme ça. « et l'entreprise se porte de mieux en mieux, elle remonte la pente. Je ne suis pas inquiet. Avec ou sans l'aide des Bishop, elle est sur la bonne voie. » assure t'il, regardant à nouveau Mary à la dérobée avant que ses yeux ne se reportent sur Lexie. Le téléphone de la matriarche se met à sonner, et s'il réfléchissait déjà à une idée pour éloigner leur mère il ne va visiblement pas en avoir besoin.

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@Channing Walker - Lexie Walker

Une semaine en centre de désintox. Une semaine en enfer. Une semaine horrible qu’elle devait à sa mère. Le pire, c’est que Lexie la méritait sans doute, cette cure. Qu’elle en avait très certainement besoin, malgré le fait qu’elle affirmait encore et toujours le contraire. Elle méritait certainement un coup de pied dans le derrière, des mesures radicales, pour s’en sortir enfin. Et Mary Walker aurait été à deux doigts de gagner le prix de la mère de l’année, si elle avait envoyé sa fille en cure pour Lexie, dans l’intérêt de la brunette, pour la sauver. Mais elle avait pris cette décision pour elle, pour l’entreprise, pour son image. Et lorsqu’elle avait senti que sa fille était au plus bas, elle l’avait sorti du centre pour la convaincre d’œuvrer dans son sens, lui donnant même à nouveau de la cocaïne. Finalement, pour le titre de mère de l’année, on repassera …

La porte de l’entrée claque et Lexie sursaute avant d’être rassurée de voir son frère pénétrer dans le salon. Il n’accorde pas un seul regard à leur mère, focalisé sur la brunette qui finit par détourner les yeux et remonter un peu plus la couverture sur elle. Comme si un simple plaid pouvait la protéger du regard perçant de son frère, de ses prunelles inquisitrices qui semblent lire en elle comme dans un livre ouvert.
Lexie joue le jeu de sa mère, répète ce qu’elle veut entendre, même si ses yeux bleus ont du mal à mentir et dévoilent son angoisse, causée à la fois par le manque et par la situation particulière.
Finalement, c’est lorsque Mary évoque la famille Bishop que Chan semble sortir de sa transe.

« Qu’est-ce que les Bishop ont à voir avec ça ? Et l’entreprise se porte de mieux en mieux, elle remonte la pente. Je ne suis pas inquiet. Avec ou sans l’aide des Bishop, elle est sur la bonne voie. »

Mary lui adresse un sourire condescendant, posant sa main sur la joue de Channing pour la tapoter.

« Mais oui mon chéri, je suis certaine que tu fais un travail remarquable … »

Cette manie qu’elle a de l’infantiliser et de tourner chaque compliment en reproche est un don incroyable. Malgré son état, Lexie ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel.

« … mais grâce à ta sœur, qui va finir par épouser le fils Bishop, nous assurons nos arrières. Il faut voir ça comme un placement à long terme, c’est tout. »

Elle hausse les épaules, convaincue par ses propos : sa fille est un produit qu’elle utilise à son avantage, c’est tout. Il n’y a rien de personnel, ce sont juste les affaires, et Mary n’a jamais eu la fibre maternelle. Son téléphone sonne, l’invitant ainsi à quitter la pièce pour prendre la communication.
Lexie fixe un instant une peluche sur le plaid, jouant distraitement avec du bout des doigts, avant de reporter son attention sur son frère.

« T’étais où ? »

Sa voix est faible, presque un murmure. Elle ne sonne pas comme un reproche, plus comme une supplication. Un constat que son frère n’était pas là pour la protéger. Elle regrette presque les mots qu’elle a prononcé, à peine ont-ils franchi ses lèvres. Mais c’est pour l’instant la seule pensée qu’elle arrive à formuler. La seule chose qu’il doit comprendre, pour accepter la situation. Il a beau vouloir lui promettre de toujours être là, il n’y arrivera pas. Mary est plus forte, et elle a gagné. Et elle gagnera encore, toujours.

un pacte avec le diable

@Lexie Walker & Channing

La vue de sa petite soeur, celle à qui il tient plus que tout, dans un tel état lui brise le coeur. Il a promis à la brunette de la protéger envers et contre tous, et voilà que Mary la place en centre sans qu'il ne se rende compte de rien. Sans qu'il ne puisse l'en empêcher, sans qu'il ne puisse adresser un dernier mot ou un regard à Lexie. Sa gorge est serrée, l'air y circulant péniblement tant il se sent mal. Elle remonte son plaid sur elle et il n'arrive pas à détourner le regard, la regardant triturer cette peluche alors qu'aucun mot ne parvient à franchir la barrière de ses lèvres. Il se sent coupable, comme à son habitude, et endosse sur ses épaules le poids des responsabilités de cette situation. Mary le ramène à la réalité en mentionnant la famille Bishop et Channing fronce les sourcils en se reportant sur elle. Qu'est-ce que ce nom vient faire ici ? Il aimerait avoir mal entendu, il aimerait se tromper dans son raisonnement mais il a conscience, avant même que Mary ne le confirme à sa façon, qu'il a raison. Que tout cela n'est encore qu'une question d'intérêt, que la matriarche cache quelque chose derrière son sourire malsain et il s'efforce de ne pas s'emporter lorsqu'elle pose sa main sur sa joue. « Mais oui mon chéri, je suis certaine que tu fais un travail remarquable … » Il a trente cinq ans. Il a trente cinq ans et Mary le regarde comme s'il en avait dix, comme s'il était un gamin en détresse alors qu'il n'en a jamais été un. Il n'a jamais été un enfant hurlant à l'aide, ses pleurs ont toujours été silencieux, il a toujours su se débrouiller seul et ce au prix de bien des sacrifices psychologiques. Mais il considère y être parvenu, et ce sans la moindre aide venant d'elle. Sa mère n'a aucun mérite à s'accorder face à sa réussite, et le fait qu'elle le prétende en lui caressant la joue et en faisant mine de le dorloter, de tenir à lui, lui donne envie de vomir. « … mais grâce à ta sœur, qui va finir par épouser le fils Bishop, nous assurons nos arrières. Il faut voir ça comme un placement à long terme, c’est tout. » Il se dégage du contact de sa main, électrisé par ce qu'il entend. Il va vomir. Comment peut-elle oser ? Comment peut-elle dire cela sans ressentir la moindre émotion ? Channing et Lexie ne sont-ils que des meubles à ses yeux ? Il la regarde sans comprendre, sans comprendre la femme qu'elle est et pourtant en comprenant très nettement ce qu'elle fait. L'héritier est tellement décontenancé par son manque d'humanité qu'il ne répond rien, soulagé qu'elle s'éloigne en prenant la communication que son portable reçoit. Channing reste cloué sur place quelques secondes supplémentaires, le regard dans le vide à l'endroit où se tenait Mary, avant qu'il ne se reporte sur sa petite soeur en l'entendant. « T’étais où ? » Il plonge son regard dans le sien un instant, ses épaules s'affaissant avant qu'il ne baisse les yeux. Il déglutit péniblement en songeant au chagrin, à la douleur et au terrible sentiment d'abandon qu'à dû ressentir Lexie durant cet enfer. « Je.. » commence t'il, avant de comprendre qu'il ne sait pas par quoi commencer exactement. « Je t'ai cherchée, Lex. J'ai quadrillé Brisbane, j'ai imaginé les pires scénarios, j'ai appelé les commissariats, la morgue... Je t'ai cherchée. Partout. » Il reporte son regard dans le sien, triste sans chercher à le cacher. Il s'en veut, veut rectifier la situation, mais ne sait pas du tout comment faire. Comment pourrait-il l'aider à se sentir mieux quand il est ne parvient pas même à imaginer ce qu'elle a dû vivre dans ce centre ces derniers jours ? Sans son soutien, sans personne ? « Je m'en veux tellement... j'ai rien vu venir, j'ai pas été là pour toi, j'ose à penser imaginer comment tu dois te sentir. » il marque une courte pause, avant de reprendre. « Dis moi quoi faire pour t'aider. Je ferais n'importe quoi, Lexie. et ne t'inquiète pas pour les Bishop, Mary peut aller se faire foutre. » souffle t'il sans même prendre la peine de baisser le ton, sachant que Mary ne l'entendra pas. et même si cela venait à être le cas, qu'elle aille au diable.

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@Channing Walker - Lexie Walker

Depuis quelques jours, et aujourd’hui n’y fait pas exception, Lexie n’est plus que l’ombre d’elle-même. En temps normal, en entendant les mots franchir les lèvres botoxées de Mary, elle aurait réagi au quart de tour. Habituellement, elle aurait été effrontée, et Chan aurait tempéré les choses entre les deux femmes de la famille Walker. Mais cette période n’est pas une période habituelle. Lexie a trop souffert en quelques jours, et la voici éteinte, presque ailleurs. Alors elle assiste, impuissante, imperturbable, à l’échange entre Chan et Mary. Puis, quand cette dernière quitte la pièce pour répondre à un appel, elle laisse le silence s’installer un moment avant de demander à son frère où il était alors qu’elle avait besoin de lui. Ses mots sonnent comme un reproche, mais elle les pense plus comme un constant : celui que sa mère gagnera toujours.

« Je … Je t’ai cherchée, Lex. J’ai quadrillé Brisbane, j’ai imaginé les pires scénarios, j’ai appelé les commissariats, la morgue … Je t’ai cherchée. Partout. Je m’en veux tellement … j’ai rien vu venir, j’ai pas été là pour toi, j’ose à penser imaginer comment tu dois te sentir. »

Lexie secoue la tête en fronçant les sourcils. Elle ne veut pas que son frère souffre et se sente coupable. Il n’a rien fait de mal, ne pas pouvait pas prévoir les actes de Mary. Elle tapote doucement le canapé à côté d’elle pour l’inviter à s’asseoir et lui tend la main. Décidément, Lexie n’est pas comme d’habitude. Elle qui fuit en principe le contact cherche aujourd’hui à l’établir avec son frère, pour le rassurer, lui faire comprendre qu’il n’y a rien à pardonner.

« T’as pas à t’en vouloir, c’était impossible à prévoir. »

Elle hésite un instant, enlace ses doigts autour de ceux de son frère, pendant que son autre main trace un chemin invisible sur celle de son frère.

« J’ai juste besoin … que tu comprennes qu’on ne peut pas gagner. Tu ne pourras pas toujours être là, pas pour me protéger d’elle. »

La brunette ne s’attend pas à ce qu’il cède aussi facilement, pourtant. Elle le connaît par cœur. Elle connaît sa détermination, sa force de caractère, les sacrifices qu’il ferait pour elle.

« Dis moi quoi faire pour t’aider. Je ferais n’importe quoi, Lexie. Et ne t’inquiète pas pour les Bishop, Mary peut aller se faire foutre. »

Un petit sourire apparaît quelques secondes sur le visage de la jeune femme, mais il n’atteint pas ses yeux. Elle a trop souffert ces derniers temps pour retrouver la légèreté qui la caractérise. C’est trop tôt, bien trop tôt. Alors elle se contente de secouer la tête et de parler d’une voix calme et posée. Contrairement à son frère, elle s’est résignée et a accepté son sort lorsqu’elle a accepté le marché avec Mary.

« Arrête de te sacrifier pour tout le monde, Chan … Vis un peu pour toi. Pas pour Mary, pas pour l’entreprise, pas pour moi. »

Elle plonge son regard triste dans celui de son frère, mais n’a aucune envie de pleurer. Elle est triste, c’est tout, d’avoir compris que son futur était maintenant écrit, et qu’il était loin de ressembler à ce à quoi elle s’attendait.

« J’ai accepté de séduire Carlisle pour l’épouser. Et ça ira. »

Elle hoche la tête, comme pour se convaincre elle-même, se confirmer qu’elle a fait le bon choix.

« Je doute de pouvoir trouver un homme plus gentil et prévenant que lui. Je pourrai vivre mille vies que je ne le mériterai pas. »

Et elle le pensait, même si elle n’avait jamais pensé à se caser. Le fils Bishop était bien meilleur qu’elle, et elle s’apprêtait à le condamner à une vie de mensonges à ses côtés, si elle faisait bien son job.

un pacte avec le diable

@Lexie Walker & Channing

Les rôles semblent s'inverser aujourd'hui et le constat est tout sauf rassurant. La fougue de caractère de Lexie a complètement disparu, et il a l'impression de se tenir face à son fantôme tant la brunette, au sang d'ordinaire si chaud, est calme et silencieuse. Vaincue. Mary quitte la pièce et Channing marche nerveusement, peiné mais surtout à bout de patience face au comportement de la matriarche. Il est rare de le voir s'agacer, et pourtant la pression monte. Il s'énerve, seul, alors que la plus jeune des Walker se contente d'être impassible, le regard éteint flottant dans le vide alors qu'elle constate à voix haute son absence. Elle allait mal, avait eu besoin de lui et il n'avait été nul part où être trouvé. C'était impardonnable aux yeux du brun, de sa faute et il souhaitait à présent tout mettre en oeuvre pour venir en aide à sa petite protégée. Mais sa réaction est loin d'être celle attendue, et ce calme anormal émanant de sa personne ne fait que l'inquiéter davantage. « T’as pas à t’en vouloir, c’était impossible à prévoir. » Cela, peu lui importe. Il n'a pas été là, son absence est la seule chose qu'il voit et aucune importance si les évènements étaient imprévisibles. Mary l'a toujours été, depuis plus de trente ans maintenant, et il devrait avoir l'habitude. Lexie tapote la place vide à ses côtés et il se fige un peu, allant de surprises en surprises. L'heure est grave pour que la benjamine vienne à réclamer son contact. Toutefois, il s'avance et s'assoit à ses côtés, cherchant son regard tandis qu'elle lui tend la main. Elle l'inquiète plus qu'elle ne le rassure en se comportant de la sorte. « J'aurais dû y parvenir malgré tout. » « J’ai juste besoin … que tu comprennes qu’on ne peut pas gagner. Tu ne pourras pas toujours être là, pas pour me protéger d’elle. » Ses yeux s'arrondissent alors qu'il laisse sa main à la merci de la demoiselle. Il a du mal à croire ce qu'il entend. « Lexie, je t'arrête. » la stoppe t'il, ferme et concerné. « Je ne vais jamais baisser les bras pour te protéger. Tu m'entends ? » Il le lui demande, car il a l'impression qu'elle n'est pas tout à fait là. Car il a l'impression de l'avoir retrouvée, mais pas vraiment. Ses doigts se serrent doucement autour des siens, son autre main venant se superposer à la sienne. « Arrête de te sacrifier pour tout le monde, Chan … Vis un peu pour toi. Pas pour Mary, pas pour l’entreprise, pas pour moi. » Si le bout de son dialogue où il précise que Mary peut aller se faire foutre parvient à faire sourire un tantinet la brune, c'est toutefois loin de le satisfaire. Pas plus que les paroles qu'elle lui adresse, lui reprochant de se sacrifier. « Eh. » Il plonge son regard dans le sien, l'y piégeant. « Je ne sais pas ce que Mary a mis dans ton thé, mais il faut que tu te reprennes petite soeur. » souffle t'il, le ton inquiet mais tendre. La Lexie qu'il connaît ne baisserait certainement pas les bras aussi facilement. « J’ai accepté de séduire Carlisle pour l’épouser. Et ça ira. » À ça, un rire nerveux s'échappe de ses lèvres. « Je doute de pouvoir trouver un homme plus gentil et prévenant que lui. Je pourrai vivre mille vies que je ne le mériterai pas. » Son regard noisette s'envenime un peu, se mettant à briller d'une conviction que ni Mary ni même Lexie ne pourra lui ôter. « Tu n'épouseras pas Carlisle. Peu importe si c'est ce que Mary veut et si c'est ce que tu te persuades d'être le bon choix, crois moi quand je te dis que tu ne diras pas oui à un mariage arrangé. » Channing se lève, gardant sa main dans la sienne. « Maintenant on sort d'ici et on va prendre l'air, parce-que tu vas me donner mal au crâne avec ce ramassis de conneries. et ma petite soeur me manque, j'ai envie de la retrouver. »

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