In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
En grignotant mon sandwich, je regarde les flocons cotonneux qui virevoltent à l’extérieur. Même s’ils sont légers comme des plumes, ils finissent invariablement par se poser sur le sol et épaissir l’épais tapis blanc qui recouvre le sol. J’ai déjà vu de la neige à Dublin. Il y a quelques années, une tempête avait même paralysé la ville pendant quelques jours. Pourtant, ça n’a rien à voir avec l’hiver ici. Depuis notre arrivée, il est tombé chaque jour quelques centimètres de neige. Je ne me lasse pas d’observer le paysage. J’aime m’asseoir sur le rebord coussiné de la grande baie vitrée du salon et embrasser du regard les arbres touffus, la blancheur vierge, les oiseaux bruns ou colorés qui dénotent dans ce décor tout en teintes de gris. Surtout, j’essaie d’immortaliser à jamais dans mon esprit la silhouette des montagnes imposantes à l’horizon qui semblent veiller sur nous comme des gardiennes silencieuses. J’envie Jaimie de vivre ici et de pouvoir profiter de ce décor enchanteur à tous les jours. Ce que je ne lui envie pas, en revanche, c’est son horaire de ministre. Si, au début, j’étais contente d’avoir reçu la permission d’Auntie… de Mrs. Winters – ma tante n’avait pas particulièrement aimé que je lui rappelle notre lien de parenté et s’était contentée de me corriger froidement sous le regard mortifié de ma mère qui avait insisté pendant tout le voyage sur l’importance d’accorder du respect à nos hôtes – la permission de suivre Jaimie dans ses études du matin, j’ai rapidement déchanté. Non pas que la matière me paraisse particulièrement difficile vu les cinq années qui nous séparent (encore qu’elle soit bien avancée pour son âge), mais ces cours occupent la moitié de nos journées alors que nous devrions pouvoir savourer nos vacances. J’ai toujours trouvé que mes parents étaient exigeants envers moi, mais à comparer avec ce que ceux de Jaimie lui font subir, ce n’est vraiment rien. Je dois peut-être assister… eh bien, religieusement à la messe dominicale, mais au moins j’ai le droit de prendre congé de temps en temps.
M’arrachant à la blancheur du paysage qui commence à me brûler les rétines, je balaie du revers d’une main délicate les miettes tombées sur mon pull. Je m’assure de les recueillir dans mon assiette, peu encline à l’idée de les envoyer sur le tapis. J’ai peut-être l’imagination trop fertile, mais personne ne me convaincra qu’il n’y a pas de donjon caché dans ce manoir sombre et que ma tante ne se ferait pas un malin plaisir de m’y enfermer jusqu’à la fin de notre séjour à la première offense. Assise en face de moi, les jambes arquées devant elle, Jaimie est plongée dans la lecture d’un roman trop avancé pour son âge. Le silence confortable me pousse à récupérer ma propre copie abandonnée de Jane Eyre et je replonge pour une quatrième fois dans les malheureuses aventures de la petite orpheline. Cependant, elles ne réussissent pas à me captiver comme elles le font d’habitude. J’ai dû mal à me concentrer. En constatant que je lis et relis le même paragraphe depuis trop longtemps sans en avoir compris le moindre mot, je jette l’éponge. En poussant un long soupir, je repose soigneusement ma copie à côté de moi et enroule mes bras autour de mes jambes. Pour ne pas alourdir mes bagages, j’ai décidé de laisser dans ma chambre à Dublin mes cahiers et mes fusains. Je regrette ma décision. J’aurais adoré croquer sur le vif les paysages féériques. Peut-être même me risquer à retracer de mémoire les traits harmonieux d’Aodhan et tirer parti du foyer dans lequel crépitent presque toujours des flammes orangées pour me débarrasser en toute sécurité de mes ébauches et ainsi protéger mon gros bonheur secret. Je m’ennuie de lui. Même si j’avais hâte à ce voyage, je savais que j’allais souffrir de ne pas le voir pendant presque trois semaines. À nouveau, je soupire. Les yeux verts de ma cousine jaillissent par-dessus son bouquin. Elle m’observe d’un air ni tout à fait amusé ni tout à fait agacé. Visiblement, elle n’a pas de mal à se concentrer, elle, et je la dérange. Je ne me laisse pas décourager pour autant. « J’en ai marre de lire. On ne fait que ça depuis ce matin. » Étrangement, alors que chez moi je peux me perdre pendant des heures dans mes romans sans m’ennuyer une seconde, ici je me lasse plus facilement. Je crois que c’est parce qu’il y a Jaimie. Je n’ai pas l’habitude d’avoir la compagnie d’une personne de mon âge ou presque avec qui je m’entends bien et j’ai l’intention d’en profiter autant que possible. « J’ai envie de dessiner. Non, de chanter! Ou peut-être de danser… » Une énergie exubérante circule dans mes veines, me donne envie de faire… quelque chose. N’importe quoi, sauf rester assise sur ce rebord de fenêtre tout l’après-midi. Une idée me traverse l’esprit et je me redresse, soudainement pleine d’enthousiasme. « Tu crois qu’on pourra décorer le sapin du petit salon ce soir ? » J’ai dû me retenir de sauter de joie en voyant qu’un troisième conifère parfumé était apparu dans la maison pendant la nuit. En découvrant, surtout, ses branches épineuses encore nues. J’avais aussitôt supplié ma mère d’intercéder auprès de sa sœur pour nous permettre à ma cousine et moi de le décorer. Même si nous n’avons pas encore reçu sa réponse, j’espère toujours qu’elle sera positive et je rêve déjà d’accrocher les boules dorées et les guirlandes scintillantes parmi les épines vertes.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
Les après-midis d’hiver ont toujours été mes préférés. J’aime me pelotonner sur l’immense canapé en velours sombre après l’étude matinale et bouquiner jusqu’à ce que le soleil se couche au loin derrière la crête des montagnes. J’aime profiter des biscuits et du chocolat chaud préparés par la gouvernante pour accompagner mes lectures et regarder les reflets rosés du soleil envelopper la forêt de conifères enneigés avant qu’ils ne disparaissent sous le voile velouté d’une nuit criblée d’étoiles. J’aime m’imprégner de l’immensité de ce pays rude et encore sauvage que je commence tout juste à apprivoiser. Alors quand la nostalgie de la terre que j’ai dû abandonner menace mon cœur d’un peu trop prêt, je me hisse à la fenêtre et regarde la neige tomber. J’observe la vallée, le lac et les sentiers menant à la nature intouchée où je rêve de me perdre pour mieux me retrouver, comme Buck dans l’appel de la forêt. Mais cet hiver, ma petite routine est toute perturbée.
La joie qui m’a aussitôt envahie quand j’ai appris que ma cousine et sa famille passeraient trois semaines chez nous pour les fêtes s’est tristement étiolée à son arrivée. Oh, je l’ai toujours adorée. Grande, belle, douce et intelligente, Laoise est tout ce que je voudrais déjà être. J’aime l’observer à la dérobée, suivre avec soin ses centres d’intérêt et m’y essayer avec témérité pour prétendre ne serait-ce qu’un instant que je ne suis plus une gamine. Sauf que cette année, tout jusqu’à l’odeur de ses vêtements me rappelle constamment un ailleurs que je n’ai plus le droit de retrouver. C’est dans son accent chantant et si familier que je n’ai plus le droit d’utiliser pour mieux m’intégrer à notre nouvelle nation, les lieux qu’elle me décrit et que j’aimais tant arpenter, l’uniforme réglementaire qu’on aimait tant détester mais qui en vient à me manquer. Et je lui en veux d’avoir encore accès à ce lieu dans lequel je n’ai plus le droit d’exister, cette bulle d’insouciance et de vie où j’ai laissé tant d’aventures et d’amitiés.
Mais ce n’est pas sa faute à elle et je le sais bien au fond. Même que je suis plutôt contente d’avoir quelqu’un avec qui partager mon quotidien, tout compte fait. Car depuis qu’elle est arrivée et s’est proposé de suivre mes leçons matinales, Laoise m’a offert quelque chose que j’avais presque oublié : la camaraderie et la complicité. Un petit souffle de vie qui fait mon bonheur durant ces longues heures studieuses… et complique paradoxalement mes instants de tranquillité. Comme en cet instant, alors que je peine à m’immerger dans mon chapitre des Raisins De La Colère tant je ne peux m’empêcher de constater qu’elle ne fait que soupirer et papillonner à mes côtés. Mon regard quitte les petits caractères imprimés pour aller se poser sur ma cousine. Ses grands yeux verts pétillant d’une lueur qui ne me dit rien qui vaille, elle semble relativement satisfaite d’avoir attiré mon attention. « J’en ai marre de lire. On ne fait que ça depuis ce matin. » Elle lance comme si c’était un problème. J’ai bien envie de lui répliquer qu’on est plutôt chanceuses de ne pas devoir faire des équations mais je m’abstiens. Pour ne pas paraître ringarde, peut-être, ou par curiosité. Car je sens qu’elle est sur le point de me proposer une idée que je n’aurai pas envie de refuser.
« J’ai envie de dessiner. » Ah. Mes lèvres se tordent de déception. Car je n’ai rien d’une artiste, et sa passion pour le dessin et bien le domaine où je n’ai jamais osé la suivre. Ma moue dépitée se change toutefois en sourire alors qu’elle poursuit avec une exubérance dont je n’ai plus l’habitude. « Non, de chanter! Ou peut-être de danser… » Cette fois, je laisse échapper un petit éclat de rire. J’ignore quel étrange courant la traverse mais il m’amuse. Pire, il semble contagieux, car je sens désormais une drôle d’énergie bourdonner dans mes veines et crépiter à l’extrémité de mes doigts. J’ai presque envie de l’imiter quand elle se lève d’un bond. Mais je reste sagement assise sur le divan, mon livre entamé posé sur mes cuisses, un pouce entre les pages m’implorant de reprendre ma lecture. « Tu crois qu’on pourra décorer le sapin du petit salon ce soir ? » Le grand sapin est installé depuis une semaine déjà, ma mère tenant à ce que nos invités puissent s’extasier sur sa beauté et admirer les décorations alourdissant ses branches dès leur arrivée. Les autres sont arrivés quelques jours plus tard, prêts à égayer les salons moins fréquentés. Comme celui qui se dresse à côté de la cheminée et que Laoise lorgne depuis qu’on s’est installées. « C’est Ms Maple qui fait ça tous les ans. » Je réplique par automatisme. La déception que je vois dans le regard de ma cousine me pousse toutefois à ajouter : « Mais elle est gentille, si on lui demande elle nous laissera peut-être l’aide ! » Distraitement, mes doigts coincent la ficelle entre les pages du bouquin que je n’ai plus envie de lire.
Un bruit de pas dans le couloir me pousse au silence et à l’immobilité. Les lèvres pincées, j’échange un coup d’œil joueur avec ma cousine et retient mon souffle tandis qu’ils semblent hésiter, avant de finalement s’éloigner. Je devrais reprendre ma lecture, attendre sagement l’heure du goûter et noter dans mon carnet mes analyses afin de pouvoir présenter quelque chose à mon professeur demain matin. Je devrais, ouai. Mais je n’en ai pas envie. Car la présence de Laoise réveille quelque chose qui hiberne en moi depuis bien trop longtemps. Un petit souffle rebelle encore fébrile qui ne demande qu’à être libéré. Du reste, j’ai relativement confiance en ma capacité à improviser une étude sur un chapitre passé qui fera oublier à Mr Forsythe ma maigre avancée. Le cœur battant, je repose mon livre sur la table en regardant la nature à l’extérieur et laisse son appel sauvage me transporter. « Et si on allait jouer dans la neige ? » Nos regards se croisent et ni de une, ni de deux, nous nous faufilons hors de la pièce en pouffant, un doigt glissé devant nos lèvres pour inciter l’autre à la discrétion alors même que notre fourberie empire notre hilarité.
Au cœur du manoir, notre escapade devient un jeu d'aventures. Planquées derrière les grandes colonnes boisées et le mobilier, nous évitons le personnel de maison trop préoccupé par les fêtes à organiser pour nous remarquer. En quelques minutes, nous avons atteint la penderie où nos affaires d’extérieur sont accrochées. Le rire aux lèvres, nous chipons nos manteaux et nos mitaines, enroulons une écharpe autour de notre cou et enfonçons un bonnet sur nos oreilles avant de filer par la porte réservée aux domestiques. « Vite, faut pas s’faire repérer ! » Je couine pour une touche de drame avant de courir dans la poudreuse pour me retrancher derrière un renflement cotonneux. Je sais bien que je ne risque pas grand-chose en défiant les plans écris pour moi. Après tout, ma mère s’est probablement déjà désintéressée du petit emploi du temps qu’elle a préparé avec mes professeurs et je ne serais pas surprise qu’elle ignore si je suis censée lire ou m’aérer. En fait, nous n’aurions de véritables problèmes que si nous allions nous aventurer par-delà le lac, loin du regard des adultes qui pourraient vouloir nous surveiller depuis les grandes portes fenêtres. Alors forcément, c’est précisément là que j’ai envie d’aller. « La dernière arrivée à la forêt est une poule mouillée ! » Je lance en m’élançant sur le terrain vague, les joues rosées et les yeux pétillants de vie. Le cœur animé du même élan qui me portait lorsque je dévalais les collines boueuses derrière notre petite maison de Dublin en compagnie de Kyllian et Dean sous le regard calme d’Aodhan qui nous observait distraitement depuis la cabane où il préférait se percher.
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
La voix trop posée pour son âge de ma cousine a tôt fait de tempérer mon enthousiasme. « C’est Ms Maple qui fait ça tous les ans. » Je plisse le nez, déçue. Triste un peu aussi pour Jaimie qui, de toute évidence, ne connaît pas la joie toute simple de décorer un sapin en famille. Et puis je songe à sa mère, plus froide que l’iceberg qui a causé le naufrage du Titanic, et à son mari, plus sympathique mais atteint d’un syndrome de la disparition aigüe dès que le téléphone sonne, et je me dis qu’après tout, il vaut peut-être mieux que ça soit la domestique qui s’occupe des sapins. Après tout, elle s’occupe aussi de Jaimie. Je dois avoir mal camouflé ma déception car Jaimie s’empresse d’essayer de l’atténuer. « Mais elle est gentille, si on lui demande elle nous laissera peut-être l’aider ! » Il n’en faut pas plus pour me redonner espoir. Il est vrai que Ms Maple est gentille. C’est elle qui, au retour de la messe, m’a déniché parmi les garde-robes fournies du manoir en me voyant frissonner dans mon manteau en feutre trop léger pour le froid canadien. Et puis la façon dont Jaimie referme soigneusement son bouquin le fait penser qu’elle va peut-être l’abandonner pour de bon au profit d’une activité qui me permettra de mieux dépenser mon énergie.
Le bruit sourd de pas maladroits semblant s’approcher du salon dans lequel nous nous terrons interrompt mes réflexions. Figée sur place comme une bête aux aguets, Jaimie attend en silence. Je l’imite par réflexe sans trop savoir ce qu’on essaie d’éviter. Un instant, je crois qu’elle est sur le point de reprendre sagement sa lecture et que je n’aurai d’autre choix que de me replonger moi aussi dans Jane Eyre, mais dès que les pas se sont éloignés, elle abandonne son bouquin sur la table. « Et si on allait jouer dans la neige ? » Enfin, je perçois dans le regard qu’elle tourne vers moi un peu de l’espièglerie enfantine qui y brillait autrefois. Séduite par son idée, je m’empresse d’acquiescer d’un hochement de tête accentué par mes bouclettes sauvages qui s’agitent dans tous les sens.
Telles deux espionnes dans un roman d’Ian Fleming, nous nous glissons dans l’ombre des grandes pièces trop sombres, invisibles aux yeux des employés qui ont visiblement assez de tâches à faire sans avoir à s’intéresser à deux gamines qui rasent les murs. Au tournant d’un couloir, je manque de heurter de plein fouet Jaimie, qui s’était brusquement arrêtée le temps de s’assurer que la voie est libre. Enfin, c’est la liberté du petit hall des domestiques, où sont entreposés nos vêtements d’hiver. J’enfile mon épais manteau et mes bottes, imite Jaimie qui a déjà noué son foulard autour de son cou et enfonce la tuque assortie sur ma tête en tentant d’y regrouper soigneusement mes mèches rebelles pour bien couvrir mes oreilles.
La lourde porte de bois est heureusement bien huilée et elle ne laisse échapper aucune plainte grinçante pour prévenir les autres occupants de la maison que nous sommes sorties. Après quelques pas à peine, je m’arrête, sidérée par le froid qui me glace les joues et la blancheur aveuglante du tapis de neige qui s’étend à perte de vue devant nous, entrecoupé par la surface lisse du lac gelé qui reflète les rayons de soleil comme un miroir lumineux. « Vite, il faut pas se faire repérer ! » Portée par l’écho, la voix de Jaimie se réverbère autour de moi. Je retrouve mes esprits et lui emboîte le pas, fascinée par l’effort impressionnant que je dois déployer pour courir dans la neige épaisse. Je rattrape facilement ma cousine, mais je suis à peine arrivée à sa hauteur qu’elle redouble de vitesse en me défiant : « La dernière arrivée est une poule mouillée ! » Elle bondit déjà en avant. Je la suis en restant deux ou trois pas derrière elle, trop heureuse de sentir l’air pur et cristallin gonfler mes poumons à chaque inspiration pour me soucier de la compétition. Le vent froid me cingle le visage et je dérape maladroitement en grimpant la colline qui mène à la forêt, mais je retrouve mon équilibre avant de m’étaler de tout mon long sur le sol duveteux.
Jaimie a gagné. Lorsque je la rejoins, elle s’est arrêtée dans une petite clairière. Un sourire aux lèvres et un rire au fond de la poitrine qui ne demande qu’à jaillir de mes lèvres, je ne peux m’empêcher de lever le nez pour observer les arbres qui s’élèvent si hauts qu’ils semblent vouloir effleurer le ciel pour recueillir un peu de son bleu sur leurs cimes. L’odeur des conifères plein les narines, j’inspire profondément. « C’est magnifique… » que je souffle en tournant lentement sur moi-même. Une boule de neige vient s’exploser contre mon manteau, suivie du ricanement enjoué de ma cousine. Déterminée à ne pas être la seule cible, je me penche aussitôt pour recueillir à mon tour une poignée de neige. Trop poudreuse, elle colle à mes mitaines plutôt que de se transformer en une boule parfaite comme je l’espérais et, au final, c’est un nuage que je catapulte en direction de Jaimie. Seuls quelques flocons se rendent jusqu’à elle, soufflés par la brise. Je ne me laisse pas décourager pour autant. J’évite de justesse un deuxième tir en me penchant, récupère autant de neige que mes mains peuvent en contenir et la comprime de toute mes forces. Cette fois, c’est une boule bien formée qui s’écrase contre le bras de Jaimie. « Ha ! Un point pour moi… » Ma victoire est de courte durée. Presque aussitôt, un troisième amas de neige m’atteint en plein visage. Le froid mordant me surprend et je crachote maladroitement en secouant la tête pour tenter de chasser les flocons qui se sont immiscés dans ma bouche, mes narines et mes yeux.
Lorsque j’ouvre enfin les paupières, Jaimie est debout devant moi, l’air inquiet sous ses joues rouges. C’est plus fort que moi, j’éclate de rire, amusée par sa tête d’enterrement. « Ça serait plus impressionnant si tu avais vraiment voulu viser ma tête ! » Je lui tire la langue sans le moindre remords jusqu’à ce que la silhouette d’un énorme sapin aux branches lourdes et basses attire mon attention. « Oh j’ai une idée, viens ! » Je l’attrape par la main et l’entraîne avec moi plus profondément dans la forêt, vers ce géant silencieux qui m’appelle. « Je parie que la vue est superbe d’en haut… » Les sourcils froncés de concentration, je me glisse sous une branche pour m’approcher du tronc. Comme je l’espérais, l’arbre est encore plus imposant de si près et si fourni qu’il sera facile à escalader malgré nos bottes et nos manteaux encombrants. Je me hisse sur une première branche, puis saute sur une deuxième. Lentement mais sûrement, je continue à grimper jusqu’à ce que les branches, qui deviennent de plus en plus étroites, ne me le permettent plus. Je me perche alors sur la dernière grosse branche, une jambe pendue de chaque côté pour pouvoir m’accrocher à l’écorce rugueuse. Quelques secondes plus tard, Jaimie vient me rejoindre et s’installe en face de moi. Émerveillée, j’observes les environs. La blancheur immaculée qui recouvre les arbres sombres. Au loin, les montagnes qu’on entraperçoit à travers la forêt. Les nuages de vapeur qui s’échappent de nos bouches à chaque expiration. « J’avais raison… On se croirait seules au monde ici. » Avec un froncement de sourcil, je songe que cette impression serait encore plus vive si j’étais assise en solitaire sur cette branche. Un instant, je scrute le visage de Jaimie. Je ne sais trop ce qui me pousse à le faire, une ombre sur ses traits, peut-être, mais je ne peux m’empêcher de lui demander : « Ça te fait quoi de vivre ici ? » Je ne parle pas seulement du décor féérique qu’elle a la chance de voir à tous les jours, mais aussi du fait que ses parents l’ont forcée à laisser tout ce qu’elle connaissait derrière. Du fait qu’on ne s’est plus trop parlé depuis qu’elle a quitté l’Irlande non plus, à cause de la distance. On s’écrit parfois des lettres, mais ce n’est pas comme à l’époque où on se voyait plusieurs fois par année.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
J’ai les poumons en feu quand j’atteins la lisière de la forêt. Ça fait un contraste agréable avec mes joues glacées. Sous les arbres, tout est plus calme et mystérieux, les sons comme étouffés par la neige qui s’effondre par moments pour s’écraser sur le sol dans un crissement mat et étrangement réconfortant. Le cœur battant, je réponds à cet appel du monde sauvage et m’enfonce parmi les conifères avec l’impression de rentrer à la maison. Car ma place est ici, parmi les animaux farouches et l’immensité silencieuse de la nature. J’aime me dire que je suis une fille de la montagne et des forêts. Ça me donne l’impression d’avoir un truc que les autres n’ont pas, un secret délicieux qui ne pourra jamais m’être retiré. Ignorant le froid, je retire un gant et appuie ma paume contre l’écorce rugueuse d’un grand arbre. Je ne m’y abrite qu’une seconde avant de déboucher dans la clairière pour présenter mon visage au ciel blanchâtre. Les yeux brillants, je me retourne pour voir où est Laoise, esquisse une petite moue en voyant qu’elle ne court plus. J’ai gagné, mais je ne le mérite pas. J’aurais préféré qu’elle me batte à plates coutures et savoir combien me donner la prochaine fois, mais son sourire joyeux me donne rapidement envie de lui pardonner. « C’est beau hein ? » Que je lance avec une pointe de fierté. « C’est magnifique… » Je hoche la tête, satisfaite, la laisse tourner en regardant la cime des arbres alors que mes yeux à moi glissent vers leur racines, recouvertes d’un manteau immaculé bien trop tentant. Un sourire chafouin au coin des lèvres je me penche discrètement, rassemble un peu de neige entre mes paumes et la presse tranquillement jusqu’à obtenir une jolie boule bien compacte que j’envoie aussitôt en direction de ma cousine. La stupeur qui s’affiche sur ses traits m’arrache un rire ravi qui ne fait que s’accentuer alors qu’elle se change en un air de défi. Sa main plonge dans la neige à ses pieds, envoie dans ma direction une pluie enneigée douce et légère comme une brise d’hiver. J’éclate de rire me penche aussitôt pour contre attaquer, prends moins le temps de former ma bouler qui se désintègre sur son épaule sans même la gêner. Il faut dire qu’elle est concentrée, trop occupée à presser entre ses mains son prochain projectile. Qu’à cela ne tienne, je ne perds pas de temps et prépare le mien. On se redresse presque en même temps et on se défie à peine du regard avant de lancer nos boules. Celle de Laoise m’atteint la première et explose sur mon bras. « Ha ! Un point pour moi… » Elle n’a toutefois pas le temps de savourer cette victoire que ma riposte l’atteint en plein visage. « Flûte ! » Une main plaquée sur ma bouche, je franchis les quelques mètres qui nous séparaient et m’approche de ma cousine. J’ai la gorge serrée et le cœur qui bat trop vite. « Ça va ? » Je lance en l’observant pour tenter de voir si je l’ai blessée. Je ne sais pas trop si je m’attendais à ce qu’elle pleure ou s’énerve mais je suis certainement surprise de la voir éclater de rire. « Ça serait plus impressionnant si tu avais vraiment voulu viser ma tête ! » Elle réplique sans perdre une seconde, tirage de langue à la clef. Je secoue la tête, laisse échapper un ricanement nerveux. J’aimerais trouver une réplique cinglante pour me défendre, mais elle ne m’en laisse pas l’occasion car son attention s’est déjà barrée dans une autre direction. « Oh j’ai une idée, viens ! » Elle prend ma main et je me laisse guider, curieuse de découvrir ce qu’elle a en tête, toujours prête à la suivre dans une nouvelle aventure, surtout une qui m’entraînerai plus loin encore des sentiers battus.
« Je parie que la vue est superbe d’en haut… » On s’est arrêtée aux pieds d’un immense sapin qu’elle regarde d’un œil envieux. « On saura pas tant qu’on aura pas tenté. » C’est un truc que mon père dit souvent ça, et comme ça fait enrager ma mère, qui a plutôt tendance à tout prévoir et planifier, j’aime bien l’utiliser. L’adage semble lui plaire, car ma cousine s’attaque directement à la montée. Quoi qu’elle l’aurait peut-être fait dans tous les cas. Toujours est-il que je ne compte pas me laisser dépasser. Je la défierais bien une fois de plus à coups de la la dernière arrivée en haut est une poule mouillée mais je dois me rendre à l’évidence : je n’ai aucun moyen de la doubler. Alors je me concentre sur les sensations grisantes que me procurent cette ascension. J’aime sentir l’odeur de la sève et la morsure du vent, j’aime la façon dont mon esprit se vide pour laisser mon corps se concentrer, et puis ce sentiment de victoire joyeux quand je dépasse la cime des arbres environnants. Les sourcils froncés de concentration, je rejoins Laoise sur la branche qu’elle a choisie et m’installe confortablement à ses côtés. « Wow. » Je ne peux m’empêcher de lâcher, soufflée par la beauté impressionnante de la vallée forestière qui s’étend à nos pieds. « J’avais raison… On se croirait seules au monde ici. » A la voir comme ça en haut de cet arbre que je n’aurais pas forcément pensé à escalader, je n’ai aucun mal à croire que Laoise est aussi un peu une fille de la forêt. Alors je hoche vivement la tête, heureuse de partager un petit bout de mon secret. Heureuse pour une fois de ne pas être toute seule à le porter au milieu de cette immensité. « Ça te fait quoi de vivre ici ? » Sa question me surprend tellement que mon premier réflexe est de hausser les épaules, comme je le fais chaque fois qu’on me demande si mon pays natal me manque et si celui que j’ai rejoint à l’autre bout du monde me semble déjà être le mien. « Bof, ça m’fait trop rien. » J’esquive pour ne pas creuser ce qui fait mal, ne pas laisser les autres voir que je ne suis pas aussi solide que je le croyais, qu’il y a une petite fêlure au fond de moi qui s’agrandit et que je préfère ignorer. « J’adore les plaines et la forêt, c’est trop beau en hiver et puis tu devrais voir tous les animaux que j’peux trouver en été ! » Je lance avec enthousiasme, les doigts plantés dans ma branche comme je me raccroche à tout ce qui me semble familier pour ne pas sombrer. « Mais y’a pas grand monde autour. » J’ajoute avec un petit rire. L’immense propriété de mes parents est aux portes de la ville, un choix stratégique qui permet à mon père d’en sortir plus aisément pour ses voyages professionnels. Quant à ma mère, disons qu’elle apprécie le fait de ne plus avoir à converser avec ses voisins de palier. « Alors parfois, la bande des collines me manque un peu. » Je finis par ajouter d’une voix neutre, les yeux rivés sur mes pieds qui s’agitent mollement au-dessus du vide. J’ai déjà parlé à Laoise du groupe de copains avec qui je jouais dans les dunes. Il y a le fonceur, l’intello, le courageux, le peureux, et puis moi, la justicière – forcément. Quand je suis partie, ils ont tous promis que j’aurais toujours ma place dans la bande. Au début, on s’écrivait. Et puis leurs réponses se sont faites plus rares jusqu’à devenir inexistantes. La dernière carte que j’ai reçue de Kyllian date de Noël dernier. Et ça fait mal, mais je crois bien qu’il m’a oubliée. Alors moi aussi j’ai arrêté de leur en envoyer. « Enfin, c’était stupide de toutes les façons. » J’ajoute avec un froncement de sourcils déterminé, martèle ces mots sur mon cœur en me disant que je finirai bien par y croire. « C’est un truc de gamins. » J’ajoute avec un sourire complice, persuadée qu’elle me comprendra, elle, parce qu’elle n’est plus une gamine justement. Sauf que j’ignore de quoi parlent les gens qui ne sont plus des gamins, sans être des vieux cons comme nos parents. Alors je prends un instant pour réfléchir à tout ce qu’elle a pu me dire depuis qu’elle est arrivée, dans l’espoir de trouver un indice qui pourrait m’aider à choisir adéquatement notre prochain sujet de discussion. Je ne trouve pas, j’abandonne, alors je lance le premier truc qui me passe par la tête. « Dis, tu pensais à quoi tout à l’heure ? » A la façon dont elle me regarde de ses yeux ronds, je comprends que j’ai intérêt à apporter quelques précisions pour obtenir une réponse à ma question. « Quand on lisait, t’arrêtais pas de regarder par la fenêtre en souriant. »
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The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
L’air un peu boudeur, Jaimie hausse les épaules. Je ne crois pas une seconde à sa nonchalance, mais je ne la contredis pas, même quand elle me répond sur le même ton indifférent. « Bof, ça m’fait trop rien. » Elle a beaucoup grandi depuis la dernière fois où je l’ai vue, je ne la connais peut-être plus aussi bien qu’avant, mais je sais encore reconnaître quand elle se replie vers l’intérieur comme si elle rentrait dans une forteresse pour cacher ce qu’elle pense et ressent vraiment. « J’adore les plaines et la forêt, c’est trop beau en hiver et puis tu devrais voir tous les animaux que j’peux trouver en été! » Je ne doute pas un instant qu’elle aime véritablement explorer la nature qui l’entoure. Pourtant, ça me fait comme un pincement au cœur désagréable de l’imaginer courir parmi les herbes hautes sans avoir d’autres confidents que les grenouilles et les écureuils. La forêt est peut-être l’échappatoire parfaite à sa famille oppressante, mais ce n’est pas comme avoir des amis à qui parler. Comme pour faire écho à mes pensées, elle souffle : « Mais y’a pas grand-monde autour. » Par réflexe, j’observe les arbres qui s’étendent à parte de vue autour de nous. Dire qu’il n’a pas grand-monde, c’est l’euphémisme du siècle. En fait, il n’y a personne. Je me fais peut-être des idées, mais j’ai l’impression que le petit rire que Jaimie laisse échapper pour ponctuer sa remarque sonne faux. Peut-être parce que je sais qu’à sa place, j’aurais du mal. Je n’ai rien contre l’idée de m’occuper en solitaire, c’est vrai, mais c’est aussi que je ne suis jamais vraiment toute seule. La nuance est importante. « Alors parfois, la bande des collines me manque un peu. » Encore ce ton parfaitement neutre, comme si elle parlait de la météo. Pourtant, l’éclat de tristesse qui brille dans son regard fixé à l’écorce rugueuse de la branche ne ment pas, même si elle le recouvre aussitôt d’une couche de détermination froide. « Enfin c’était stupide de toutes les façons. » Les lèvres pincées, je l’observe d’un œil circonspect. Pour une rare fois, je lui trouve une ressemblance avec sa mère. Je parierais que ce n’est pas un hasard. Ça ressemble aux conseils qu’elle offre d’un ton glacial à sa fille les rares fois où elle daigne lui accorder sa royale attention. Je ne serais pas du tout surprise d’apprendre que c’est elle qui lui a mis ces mots dans la bouche. Ou alors c’est que leur connexion lui manque vraiment, assez pour qu’elle tente de réécrire le souvenir de leurs aventures pour avoir moins mal. « C’est un truc de gamins. » Les dents serrées, je me retiens de l’attraper par les épaules. J’aurais envie de la secouer, de lui rappeler qu’elle est une gamine et qu’elle n’a pas besoin d’être mature et raisonnable et sage comme un adulte. Les mains crispées autour de la branche, je me contente d’un soupir discret qui se noie rapidement dans le sifflement de la brise. « C’est normal qu’ils te manquent, » que je lui souffle quand même, comme si j’espérais contrecarrer l’influence néfaste des adultes qui s’amusent à la faire grandir trop vite. Malheureusement, ma remarque est elle aussi emportée par la brise, étranglée par le silence qui grandit entre nous.
Comme Jaimie, je balance mes jambes dans le vide, fascinée par la sensation de liberté que je ressens en voyant le sol si loin de mes pieds. Je devrais sûrement ressentir une petite pointe d’angoisse à l’idée que seule cette branche épaisse nous sépare de l’amoncellement de neige dans lequel nous nous écraserions au moindre faux mouvement, mais je n’y arrive pas. « Dis, tu pensais à quoi tout à l’heure ? » D’un coup, mon regard revient se poser brusquement sur ma cousine, comme si elle avait tiré sur un élastique pour le ramener à elle. Parce qu’évidemment, je me souviens parfaitement du sujet principal qui a occupé mes pensées toute la matinée et je n’avais pas prévu d’en parler à qui que ce soit. Se méprenant sans doute sur la raison derrière mon air de lapin coincé dans les phrases d’une voiture, elle précise : « Quand on lisait, t’arrêtais pas de regarder par la fenêtre en souriant. » Elle a raison, évidemment. Incapable de me concentrer sur ma lecture, je ne cessais de me laisser distraire par les paysages enneigés et l’ambiance romantique ranimait forcément le souvenir de la dernière fois où j’ai vu Aodhan avant les vacances de Noël et notre départ. D’abord, j’ai le réflexe de balayer la question. Les dents enfoncées dans ma lèvre inférieure, je la chasse du revers d’une main nonchalante. « Oh… je sais plus trop, rien d’important. Je crois. » Sauf que c’est loin d’être mon mensonge le plus convaincant et ma cousine est bien évidemment beaucoup trop intelligente pour ne pas remarquer l’inflexion pleine d’hésitation qui enrobe mes paroles. Sa petite moue déterminée habituelle se teinte de défi et j’ai l’impression qu’elle n’attend que l’occasion idéale pour creuser. Nerveusement, je pince les lèvres. « Ok, c’est pas tout à fait vrai… » que je conviens finalement. Étrangement, j’ai envie de confier mon gros secret à Jaimie. Jusqu’à maintenant, il n’y a que mon amie Niamh qui le connaît parce qu’elle m’aide à le garder… eh bien, secret, justement. Mais je n’ai personne à qui en parler vraiment et Jaimie, avec sa maturité évidente malgré son jeune âge, me semble tout à coup la candidate parfaite, surtout que je sais que je peux lui faire confiance. Je laisse donc un sourire timide s’étirer sur mes lèvres. « Je pensais à Aodhan. C’est mon ami, on va à l’école ensemble. » Notre horaire étant pratiquement identique, c’est dans la salle de classe qu’on s’est rencontrés. J’ai été séduite par son esprit combatif et son envie de débattre de tout et de tien avec tout le monde, même les professeurs les plus récalcitrants. Par ses grands yeux bleus, ses traits harmonieux, ses taches de rousseur et sa tignasse toujours décoiffée aussi, mais on dirait que ça me semble moins honorable de le reconnaître. Je n’hésite qu’une seconde avant de céder au regard curieux de Jaimie, qui semble me demander mais encore ? « C’est mon amoureux aussi… » Je l’ai murmuré tout bas, si bas que je ne serais pas étonnée d’apprendre que ma cousine n’a presque entendu. C’est comme si j’avais peur d’attirer les foudres de Dieu sur notre relation en parlant trop fort… ou, pire, que l’écho ne porte ma révélation jusqu’au manoir et aux oreilles de mes parents. Saisie d’un stress inconfortable tout à coup, je pose une main sur le bras de Jaimie, croise son regard et tente d’insuffler dans le mien tout le sérieux de la situation. « Mais tu ne peux pas le dire à qui que ce soit, c’est un secret ! Mes parents ne le savent pas. » D’abord parce que je mourrais évidemment de honte s’ils devaient apprendre à quelles activités parascolaires Aodhan et moi aimons nous adonner pendant nos séances d’étude clandestines. Ensuite, parce que juste de savoir que j’ai un copain leur donnerait envie de m’enfermer à double tour dans ma chambre. Enfin, parce que j’ai commis le pire affront possible dans notre famille : non contente de la déshonorer par mes actions en m’abandonnant entre les bras d’un garçon qui n’est pas mon mari, je suis aussi tombée amoureuse d’un protestant. Bien évidemment, je me garde de préciser tout ça à Jaimie. Elle a beau être mature pour son âge, elle n’a que dix ans. Sans compter qu’à mon avis, ce n’est pas le genre de sujets couverts par son tuteur ou sa gouvernante. Je me concentre donc sur la question qu’elle m’avait posée à l’origine. « Je pensais à lui parce que j’ai hâte de le retrouver. » J’ai les joues rouges tout à coup, je les sens qui me brûlent, et ça n’a rien à voir avec le froid…
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
C’est normal qu’ils te manquent. Je n’ai pas réagi aux mots de Laoise. Je crois que sur le moment je les ai même laissé ricocher contre la glace fragile qui entoure mon cœur pour ne pas les laisser s’y insinuer. Mais alors que le silence nous enrobe, ils me reviennent naturellement. Perturbants. Parce que j’ai toujours associé la faiblesse aux sentiments. Rassurants. Parce que je ne peux nier que nos jeux me manquent, et j’ai du mal à ignorer la tristesse qui se loge dans ma gorge quand je les imagine s’amuser sans moi, mon souvenir se troublant peu à peu dans leur mémoire. C’est plus facile de me dire que ça ne compte pas vraiment. Que je m’en fiche complètement. Que je n’ai besoin de rien ni de personne. Rien à part peut-être la nature qui m’entoure et m’offre dans son immensité sa compagnie discrète et la plus parfaite solitude. Mais je n’ai pas envie d’y penser. Pas quand Laoise se tient si près de moi et qu’on partage ce perchoir qu’elle a trouvé. Pas quand je peux m’amuser à fouiner derrière ses grands yeux verts pour tenter de découvrir ce qu’ils voyaient en se perdant sur l’étendue crémeuse recouvrant la prairie et la forêt. « Oh… je sais plus trop, rien d’important. Je crois. » Elle balaie l’air d’une main discrète, le regard bien trop vif pour la nonchalance qu’elle adopte. « Oh, allez ! » J’insiste en glissant mes moufles sous mes cuisses pour tenter de contrer un peu le froid de la branche qui tente de s’infiltrer à travers le tissu épais de mon pantalon pour mordre ma chair. « Ok, c’est pas tout à fait vrai… » Elle me dévisage avec un air mi embêté, mi complice. Et moi je jubile, parce que son hésitation met ma curiosité en éveil, et ma question à moitié innocente vient de se transformer en une quête de vérité bien trop excitante, comme un genre de chasse au trésor. Ses sourcils sombres délicatement froncés, elle semble soupeser ses options. Je la dévisage avec une sagesse teintée d’impatience, sent mon cœur s’emballer quand une lueur nouvelle s’allume dans ses yeux et dessine un sourire sur ses lèvres. « Je pensais à Aodhan. C’est mon ami, on va à l’école ensemble. » Mon sourire répond au sien, parce que je crois savoir où vont ces confidences. Et je crois surtout que cet ami lui plait bien, si je me fie à ses joues rosies et la façon dont elle cherchait son visage dans la neige plus tôt ce matin. « C’est mon amoureux aussi… » Attends, quoi ? Elle l’a murmuré si bas, je suis convaincue de mal avoir entendu et pourtant… à la façon dont elle évite mon regard, à la façon dont ses dents tirent les petits peaux sur ses lèvres transies de froid, je sais que j’ai bien compris. Je ne m’attendais pas à ça. J’entends les filles parler des garçons autour de moi, je les entends rêver et s’imaginer une relation. Des trucs lointains qui les font pouffer mais qu’elles ne pourchassent jamais. Mais Laoise oui. Quelques années nous séparent, c’est vrai, n’empêche que je suis franchement impressionnée, et un peu intimidée. Je ne sais pas si je devrais rigoler et la taquiner, me pencher vers elle et lui demander plein de détails, ou bien attendre qu’elle m’en dise davantage.
Je ne sais pas et ça m’embête, mais je n’ai pas le temps de m’en soucier outre mesure car elle pose une main pressante sur mon bras et cherche mon regard, les yeux tout pleins d’un sérieux teinté de… peur. « Mais tu ne peux pas le dire à qui que ce soit, c’est un secret ! Mes parents ne le savent pas. » J’entends ses craintes, elles résonnent dans chacun de ses mots. La gorge un peu nouée, je secoue la tête. « T’inquiète, je dirai rien. » Ça, je n’ai aucun mal à l’affirmer. Je suis douée pour garder les secrets. Les miens, et ceux des autres. Du reste, je la comprends, je n’aurais pas envie que mes parents l’apprennent si j’en pinçais pour un gars de mon école. Pire, si c’était mon amoureux. Mais derrière l’inquiétude de Laoise, il y a autre chose. Et puis je me souviens quelques bribes de conversations à table, le discours très pieux de ses parents, et la réflexion qu’avait sortie mon père un soir alors qu’on revenait d’un souper dans la famille de ma cousine. « S’ils sont comme ça maintenant, ils vont la mettre sous cloche quand elle sera adolescente. » C’était après que les parents de Laoise se soient inquiétés que j’ai des amis garçons que je retrouvais tous les soirs, puis affolés que mes parents semblaient n’en avoir rien à cirer. On n’a pas eu la même éducation elle et moi. Ses parents sont stricts là où les miens sont laxistes, et inversement. Pourtant, dans le sang, j’ai l’impression qu’on se ressemble plus qu’il n’y parait. Et ça me plait. « Je pensais à lui parce que j’ai hâte de le retrouver. » Elle rougit en disant ça, prend un air timide et doux que je ne lui ai jamais vu, un air qui lui va bien et qui me fait rigoler. « Si j’avais un amoureux, je pense que moi aussi j’aurais envie de le retrouver. » Je souffle derrière mes moufles, heureuse de ce secret qui nous lie et qu’on ne partage qu’avec l’arbre qui nous soutient et les rongeurs qu’il abrite certainement dans son tronc. « Il te manque beaucoup ? » J'en profite pour lui demander, comme pour mieux comprendre toutes les émotions qui se tapissent sous ses mots et dans son coeur. « J’ai un ami qui s’appelle Aodhan. » Je lui confie sans y réfléchir en reportant mon regard vers l’horizon. « Enfin j’avais. Tu l’aurais bien aimé. » Ce n’est pas une coïncidence si originale. En Irlande tout le monde porte le même nom, quand ce n’est pas le même nom de famille. C’est toujours à l’origine de blagues dont personne ne semble se lasser, et la sources de quiproquos aux conséquences parfois dramatiques mais le plus souvent cocasses. « J’me demande c’que ça fait d’avoir un amoureux. » Les paroles m’échappent avant que j’ai le temps de les doser. Avant que je ne me rappelle que j’essayais d’avoir l’air mature et de savoir ce que je faisais. Mais je sais admettre quand je suis totalement dépassée. Et en cet instant, ma curiosité vient passablement empiéter sur le rôle que je me plaisais à jouer. « Comment t’as su, que t’étais amoureuse de lui ? Et comment t’as su qu’il l’était lui aussi ? » Je lui demande alors, déterminée à percer ces mystères qui m’éludent encore… et qui continueraient de me dépasser pour encore un bon nombre d’années. « Il t’a déjà offert des fleurs et écrit des poèmes ? » Les questions m’échappent aussi rapidement que ma curiosité se creuse. Parce que j’ai beau entendre les filles de ma classe rêver de l’amour, et j’ai beau lire des romans qui abordent le sujet, j’ai du mal à m’imaginer, concrètement, ce que font un gars et une fille qui s’aiment. Ce qu’ils font de différent. Enfin… je ne suis pas totalement naïve non plus, j’ai quelques idées. Mais les gestes m’intriguent bien moins que les démonstrations d’affection et les pensées.
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Le sérieux avec lequel Jaimie a accepté de garder mon secret me rassure, tandis que la lueur de curiosité espiègle qui s’est allumée dans son regard me ravit. « Si j’avais un amoureux, je pense que moi aussi j’aurais envie de le retrouver, » me souffle-t-elle comme une confidence. « Il te manque beaucoup ? » Je fais signe que oui parce que c’est vrai. Il me manque énormément. On a rarement l’habitude de se voir si peu. Normalement, on arrive à passer du temps ensemble quelques fois par semaine. J’aurais envie de lui raconter en détail mon voyage. Je sais qu’il adorerait que je lui décrive les paysages époustouflants, qu’il les trouverait aussi inspirants que moi. Qu’il aimerait entendre le récit des aventures dans lesquelles je me lance avec ma cousine. Je note tout dans mon journal – à défaut de pouvoir raconter mes amours, comme je suis presque certaine que ma mère jette un coup d’œil à mes écrits de temps en temps pour savoir ce qui se passe dans mon jardin secret – pour pouvoir lui dire tout ce qui s’est passé à mon retour, mais ce n’est pas pareil. Souvent, je me prends à espérer qu’il soit ici avec moi, qu’il puisse partager en direct ces moments magiques au lieu de les vivre par procuration, et alors je rêve au jour béni où je serai enfin adulte et mariée à Aodhan, pour qu’on n’ait plus besoin de vivre notre amour en cachette. Ça me semble si loin encore, pourtant, et parfois je m’inquiète de ce que je deviendrai s’il ne m’épouse pas. Après tout, si je n’ai pas hésité à me donner à lui, c’est parce que je voyais nos avenirs s’écrire ensemble et j’ignore ce que je ferais si ce n’était pas le cas.
La voix de Jaimie m’arrache à mes pensées avant qu’elles ne prennent un tournant trop angoissant. « J’ai un ami qui s’appelle Aodhan. » Elle a l’air toute songeuse tout à coup, et son regard se charge de tristesse quand elle ajoute : « Enfin j’avais. Tu l’aurais bien aimé. » Solennellement, je hoche la tête, certaine que je l’aurais effectivement aimé si elle me l’avait présenté. Je ne doute pas un instant qu’il devait avoir un petit quelque chose d’extraordinaire pour avoir réussi à gagner et à garder l’amitié un peu farouche de ma cousine. Même si je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne doit pas être aussi intelligent que je le pense s’il a cessé d’écrire à Jaimie. Peut-être que je suis naïve, mais je trouve que quelque chose d’aussi bête que la distance ne devrait pas avoir raison d’une amitié véritable. « J’me demande c’que ça fait d’avoir un amoureux. » Il y a dans son ton une curiosité enfantine qui me donne envie de sourire, mais je sais qu’aux yeux de Jaimie la fière qui essaie tant d’avoir l’air grande, ce serait un affront terrible. J’aborde donc son questionnement avec tout le sérieux dont je suis capable. « Comment t’as su, que t’étais amoureuse de lui ? Et comment t’as su qu’il l’était lui aussi ? » Je pense à nos jeux de regards dans les couloirs. Il me plaisait depuis longtemps sans que j’ose trop l’approcher. C’est lui qui avait fait les premiers pas. Je revois son petit air frondeur et plein de défi chaque fois qu’il me contredisait en classe, juste pour le plaisir de me voir m’échauffer et de plonger dans un débat qui faisait tourner en bourrique les professeurs. Sa tête un peu débraillée, aussi, le jour où il s’est arrêté à mon casier pour me proposer d’aller manger une glace après l’école. Mon regard avait dit oui très fort alors même que ma bouche lui rappelait que je n’étais pas le genre de fille à traîner seule avec un garçon. Sauf que je l’avais quand même suivi tout au fond de la cour d’école le lendemain et que je ne l’avais pas repoussé quand il s’était penché pour m’embrasser. « Il t’a déjà offert des fleurs et écrit des poèmes ? » La question me surprend, me tire du souvenir délicieux de ses lèvres pleines pressées contre les miennes et de mon cœur qui battait si fort dans ma poitrine que j’en avais les jambes molles et la tête toute étourdie, comme si elle était devenue un ballon gonflé à l’hélium et prêt à s’envoler.
Troublée, je m’éclaircis la gorge. « J’aime pas trop les fleurs, et puis c’est pas tellement discret, donc non. Mais il m’a écrit des poèmes. » Parce qu’il a l’âme d’un poète, mon bel Aodhan. C’est un rêveur qui a toujours la tête dans les nuages et qui déteste redescendre. Alors je le laisse me tirer vers le haut, m’inviter parmi ses rêveries et ses mots jolis, même si j’aimerais parfois qu’il garde les deux pieds sur terre avec moi. Surtout quand j’essaie de lui parler de nous et de notre avenir. « Je ne sais pas trop comment j’ai su que j’étais amoureuse de lui… » Je fonce les sourcils en cherchant les mots qui expliqueraient le mieux le mélange d’émotions qui pétille dans ma poitrine chaque fois que je pense à Aodhan. « Je le trouvais très beau. Il a des yeux tellement bleus si tu savais… et puis son sourire, il est irrésistible. Et il a de belles épaules aussi et des taches de rousseur partout. » Partout, ouais. Je laisse échapper un petit rire gêné, embarrassée par le souvenir de son corps que je connais un peu trop bien et, surtout, à l’idée que ma cousine comprenne que je ne parlais pas seulement de son visage. J’espère qu’elle est encore à l’âge innocent où on ne sait encore rien des ébats auxquels aiment s’adonner les adultes. En même temps, je ne me fais pas trop d’illusions. À son âge, j’en savais déjà pas mal, grâce aux renseignements que j’avais glanés dans mes lectures trop avancées. Et puis, elle grandit dans un environnement bien moins oppressant que le mien, où les idées qui vont à l’encontre du catholicisme un peu fondamentaliste et bien rétrograde de mes parents sont encouragées plutôt que violemment rejetées. « Chaque fois qu’il me parlait, j’avais le cœur qui battait très fort et les mains moites. Et puis j’adorais être avec lui et quand on n’était pas ensemble, j’arrêtais pas de penser à lui. » Ça, ça n’a pas changé. Il occupe toujours aussi souvent mes pensées. « Alors un jour il m’a invitée, et j’ai compris qu’il m’aimait bien aussi. Surtout quand il m’a embrassée. » La dernière chose que je veux, c’est que la conversation ne dévie vers le genre d’activité auxquelles on aime bien s’adonner ensemble. Or, je connais assez la curiosité insatiable de Jaimie pour savoir que c’est ce qui risque d’arriver. Je tente donc de ramener la conversation vers elle. « T’as déjà eu envie d’embrasser quelqu’un ? » Je ne sais vraiment pas à quelle réponse m’attendre. À son âge, elle croit peut-être encore que les garçons sont des créatures étranges et un peu dégoûtantes. Ou alors elle a commencé à découvrir qu’en fait, ils sont des humains étrangement attirants. Je n’écarte pas non plus la possibilité que ça soit pas les garçons qui l’intéressent, même si mes parents auraient sûrement une ou deux choses à dire sur la question. « Ton Aodhan à toi, peut-être ? » que je hasarde en haussant les sourcils, l’air taquine.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
Les yeux de Laoise reviennent se poser sur moi. Songeurs, comme si elle flottait loin dans ses pensées et que ma question la tirait de sa douce errance. « J’aime pas trop les fleurs, et puis c’est pas tellement discret, donc non. Mais il m’a écrit des poèmes. » Je ravale ma déception me dit qu’il aurait quand même pu lui offrir une rose ou ne serait-ce qu’un pétale. Mais bon si elle n’aime pas les fleurs… Philosophe, j’en conclue qu’un poème est certainement plus personnel, plus romantique, alors je finis par acquiescer avec une moue approbatrice. « Je ne sais pas trop comment j’ai su que j’étais amoureuse de lui… Je le trouvais très beau. Il a des yeux tellement bleus si tu savais… et puis son sourire, il est irrésistible. Et il a de belles épaules aussi et des taches de rousseur partout. » Elle termine sa description sur un petit rire et je l’imite sans trop savoir pouvoir en calant mes mains sous mes cuisses pour les soulager de la morsure fraiche de l’écorce. Parce qu’elle ne peut pas parler de ça, pas vrai ? Le regard porté vers l’horizon, je pince les lèvres et essaie plutôt de me le représenter. Un beau garçon aux yeux bleus, couvert de tâches de rousseurs, au sourire irrésistible. L’image de Kylian se dessine instinctivement dans mon esprit, aussitôt suivie du pincement qui m’étreint le cœur chaque fois que je pense à lui. Les sourcils froncés, je le chasse farouchement, refuse d’admettre que son silence me heurte, que notre éloignement plante dans mon cœur une bien triste vérité : les gens viennent et partent, alors autant rester seule, parce que moi, je ne m’abandonnerai jamais. Mais je ne suis pas seule. Pas aujourd’hui du moins, et la voix de Laoise ne tarde pas à me le rappeler. « Chaque fois qu’il me parlait, j’avais le cœur qui battait très fort et les mains moites. Et puis j’adorais être avec lui et quand on n’était pas ensemble, j’arrêtais pas de penser à lui. » Je me prends à sourire, parce que je trouve ça follement romantique, parce que je suis un peu gênée. Je n’ai pas l’habitude d’entendre parler de sentiments. Du moins pas en dehors des pages dans lesquelles je me plonge pendant des heures. Et en cet instant, ma cousine me fait penser à une de ces héroïnes au destin fascinant et parfois tragique et au cœur éperdument épris. « Alors un jour il m’a invitée, et j’ai compris qu’il m’aimait bien aussi. Surtout quand il m’a embrassée. » Sauf que cette histoire d’amour, Laoise la vit, sa confession vient me le prouver. Je la dévisage, la bouche entrouverte comme pour tenter d’articuler un son. Mais je suis trop sidérée pour trouver les mots appropriés. Parce qu’embrasser quelqu’un, c’est quelque chose. Beaucoup de contes se terminent ainsi, sur un baiser et toutes les promesses d’avenir qu’il contient. Je m’en satisfais, même si je ne peux m’empêcher d’être toujours un peu frustrée et de me demander et après ?
« T’as déjà eu envie d’embrasser quelqu’un ? » La question me désarçonne. J’ouvre de grands yeux, partagée entre l’envie de laisser échapper un non ! bien senti et celle de me faire passer pour plu mature que je ne le suis, hausser les épaules avec une nonchalance qui dirait peut-être ouai, comme tout le monde pas vrai ? « Ton Aodhan à toi, peut-être ? » Ses yeux se plissent et se chargent d’une lueur mutine tandis que son insinuation me ramène brutalement à la réalité. « Ew non ! » Je lâche alors par réflexe, sans même avoir le temps de réfléchir. Mince, j’ai l’air sacrément gamine et beaucoup moins cool que je l’espérais. Je me reprends rapidement, me redresse comme pour me faire un peu plus grande tandis que j’entreprends de lui expliquer : « Je veux dire… l’Aodhan que je connais est beaucoup plus vieux que moi. C’était un ami, c’est tout. » Je hausse les épaules cette fois, tente de ne pas plisser le nez alors que je m’imagine l’embrasser. Il est beau, c’est vrai, et depuis l’instant où mon regard s’est posé sur lui, assis tout seul sur nos collines, il m’a intriguée. Discret, réservé, il ne manquait pourtant pas de charisme et ne s’est pas laissé intimider quand la bande lui a demandé de dégager. Il faut dire que les collines, c’était notre territoire, et comme on n’avait pas grand-chose, ça nous semblait beaucoup, trop important pour être partagé. Surtout avec un gars bizarre assis en plein milieu avec une pile de bouquins. Il a dit qu’il ne dérangeait personne, mais que nous, on faisait beaucoup trop de bruit à piailler. Ça n’a pas plût à Kylian, mais moi ça m’a amusée. Parce qu’il avait un certain courage derrière ses airs d’intello, et parce que j’aimais bien le livre qu’il lisait. « Si t’es sur la colline tu joues, c’est obligé. » J’avais alors avancé en croisant les bras, le menton relevé comme pour le défier. Il a soupiré, ce qui m’a profondément déçue. Mais l’instant d’après il refermait son livre et nous étudiait. « D’accord. Vous jouez aux aventuriers c’est ça ? Je serai le bibliothécaire qui vous donne des informations pour vos excursions. » J’avais souri, Kylian aussi, et le reste de la bande s’était exclamé que c’était une bonne idée. Ainsi a commencé notre amitié. On se roulait sur les collines en criant et on rampait parfois vers lui avec une blessure imaginaire, une plante inconnue, une morsure douteuse. Il relevait les yeux de son livre, fronçait les sourcils avec sérieux et nous inventait un traitement ou une menace qui ne faisaient que rendre nos jeux plus passionnants. Je l’aimais bien, Aodhan. Mais je n’ai jamais eu envie de l’embrasser, non. « J’ai déjà embrassé quelqu’un d’autre par contre. » Je lui confie alors avec un petit air d’importance. « Bon c’était pas pour de vrai, c’était pour jouer. » Le sourire intéressé qu’elle m’adresse me redonne un peu confiance dans l’intérêt de mon histoire et m’encourage à la continuer. « Mon fiancé s’en allait dans une expédition dangereuse et me disait d’être brave et on devait se faire nos adieux et faire semblant de s’embrasser sauf que nos lèvres elles se sont vraiment touchées. » Je me souviens du petit moment de recul qu’on a eu tous les deux, de ses grands yeux étonnés accrochant les miens. De l’instant de flottement suivi des hululement irritants du reste de la bande, et de la façon dont on s’était écartés en riant et en jurant, se frottant la bouche de nos manches pour faire comme si c’était dégoûtant. Je me souviens aussi de son souffle sur mon visage, et de l’odeur de sa peau. Je me souviens que c’était doux, et que j’étais bien moins horrifiée par cet accident que je ne l’avais laissé entendre. « C’était rigolo et c’était stupide en plus, parce qu’après je décidais de partir avec lui en me cachant dans un tonneau sur le bateau ! » Je précise avec un petit rire satisfait, ravie des scénarios dans lesquels on aimait tous se plonger. J’ai essayé de jouer toute seule quand je suis arrivée ici. Mais ce n’était plus pareil. Alors je lis, je découvre tout ce que je peux sur la nature, les montagnes et le grand nord. Et parfois, je me faufile hors de la demeure de mes parents et me glisse jusqu’à la forêt. Je n’ai plus besoin de faire semblant de vivre des péripéties. Je ne suis plus une enfant qui s’imagine des dangers sur la pente douce de ses collines. Je plonge entre les sapins et les rochers escarpés et là-bas, je vais la chercher. L’aventure, la vraie.
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
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Le nez plissé de dégoût, ma cousine laisse échapper un « Ew non ! » bien senti qui m’arrache un petit rire. Les jambes ballotant dans le vide, je la regarde essayer de récupérer sa dignité en surmontant cet éclat de sincérité manifestement imprévu. « Je veux dire… l’Aodhan que je connais est beaucoup plus vieux que moi. C’était un ami, c’est tout. » Je pourrais lui dire que l’amitié se transforme parfois en autre chose. C’est ce qui nous est arrivé à « mon » Aodhan et moi. Pourtant, je m’abstiens de le faire. Elle n’est encore qu’une gamine après tout, même si elle essaie très fort de jouer les adultes. Autant lui laisser le temps de découvrir ce genre de choses par elle-même. L’air songeur, elle observe le paysage au loin, les dents enfoncées dans sa lèvre. Envahie par la curiosité, je me retourne discrètement pour voir ce qui peut bien avoir attiré son attention par-delà la ligne des sapins. Il n’y a rien pourtant, que le ciel bleu qui commence déjà à se teinter des lueurs dorées qui annoncent la fin de cette journée presque aussi courte que celle du solstice d’hiver. C’est donc ses pensées qui l’absorbent ainsi. Pensées dont elle finit par émerger avec une anecdote qu’elle me partage fièrement : « J’ai déjà embrassé quelqu’un d’autre par contre. » Je hausse les sourcils, impressionnées malgré moi. Je n’étais vraiment pas aussi aventurière à son âge, si ce n’est dans mes lectures un peu trop avancées pour mon âge. « Ah oui ? » que je lui demande, un petit sourire au coin des lèvres.
Elle se redresse sur sa branche, darde sur moi un regard enjoué que ses joues rougies par le froid mettent en valeur. Avec les mèches éparses qui s’échappent de son bonnet et virevoltent dans la brise, elle semble parfaitement adaptée au climat polaire dans lequel nous nous trouvons. « Mon fiancé s’en allait dans une expédition dangereuse et me disait d’être brave et on devait se faire nos adieux et faire semblant de s’embrasser sauf que lèvres elles se sont vraiment touchées. » Une fois de plus, ça me frappe : au fond, elle est encore une enfant. Ça me réchauffe un peu de l’intérieur de l’entendre parler comme une gamine de son âge. Ça me donne vaguement espoir que les dommages que lui infligent sa famille seront moins importants que je ne le crains chaque fois que je me retrouve dans l’ambiance encore plus glaciale que l’hiver canadien des repas. Je me demande si j’aurai la même chance avec ma propre famille ou pas. « C’était rigolo et c’était stupide en plus, parce qu’après je décidais de partir avec lui en me cachant dans un tonneau sur le bateau ! » Elle rigole et je me joins à elle, amusée par ses aventures. En reprenant mon souffle, je me laisse surprendre par une idée un peu folle. Un sourire taquin au coin des lèvres, je me penche légèrement vers ma cousine. « Qu’est-ce que tu dirais qu’on joue nous aussi ? » Parce que si elle s’amuse à faire semblant d’être grande, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire semblant d’être encore une enfant moi aussi. Et puis, j’aime bien l’idée qu’on se laisse aller à notre imagination ensemble, juste pour le plaisir de nous raconter une histoire et de plonger dans la vie autrement plus palpitante que la nôtre de nos personnages. Jaimie me regarde d’un air un peu incertain, mais je vois bien qu’elle semble tentée par l’idée. Alors sans attendre sa réponse, je me lance. Ma main posée en visière au-dessus de mes yeux pour bloquer l’éclat du soleil qui rebondit sur les vagues d’un océan indomptable, je pointe mon index vers une clairière qu’on entraperçoit entre les branches des arbres. « Capitaine, je crois que j’aperçois l’île au trésor là-bas ! Elle est gardée par de dangereuses sirènes croqueuses de femmes. Il faudra les éviter dans notre chaloupe si on veut pouvoir mettre le pied sur la plage ! » Les sourcils froncés d’une inquiétude aussi factice que réelle, j’ajoute : « Il faudra faire vite, le soleil descend déjà à l’horizon ! »
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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
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Nos rires s’élèvent, légers comme des flocons. Un sourire aux lèvres, je regarde ma cousine et ça me frappe : je suis heureuse qu’elle soit venue, heureuse de l’avoir invitée dans ma forêt, en compagnie des arbres. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me sens pas seule. Et devant ce royaume de blancheur, je pourrais presque oublier quelques instants mes vertes collines. « Qu’est-ce que tu dirais qu’on joue nous aussi ? » Les sourcils froncés, je l’observe sans comprendre. Elle a un drôle de sourire. Le genre qui dit qu’elle a quelque chose en tête. J’ignore à quoi jouent les grandes comme elle. Je sais juste que je veux que ma cousine m’en croie capable. Alors j'opine du chef, l’air sérieux, concentrée sur le moindre de ses gestes pour comprendre, apprendre, et m’adapter le plus rapidement et le plus discrètement possible. C’est alors qu’elle colle sa main sur son front et se lance d’une voix forte : « Capitaine, je crois que j’aperçois l’île au trésor là-bas ! » Je m’attendais à tout sauf à ça. Ma cousine veut-elle vraiment jouer aux pirates ? Je fouille ses traits, cherche dans ses yeux une lueur de malice qui indiquerait une plaisanterie ou une moquerie, mais je n’en trouve pas. En fait, ses traits sont empreints de sérieux, le même que je pouvais lire sur le visage de Dean, Aodhan ou Kyllian. Celui que le mien devait refléter aussi. Pourtant, j’hésite à la suivre dans ce délire, par crainte, peut-être, de paraître vraiment trop gamine. « Elle est gardée par de dangereuses sirènes croqueuses de femmes. Il faudra les éviter dans notre chaloupe si on veut pouvoir mettre le pied sur la plage ! » Sauf qu’elle me lance une bille et je ne peux pas m’empêcher de l’attraper. Des sirènes croqueuses de femmes ? Intrigant, original… inspirant. « Il faudra faire vite, le soleil descend déjà à l’horizon ! » La scène qu’elle dépeint jaillit dans mon esprit. Les eaux déchaînées, le navire grinçant, le vent dans les voiles. Son personnage m’apparaît, droite et fière, une fille des océans et de la mère. Le capitaine, c’est peut-être quelqu’un de sa famille, ou même son père ! Ce n’est pas moi en tout cas, je préfère chercher l’aventure à même le sol que sur les flots.
Mon personnage se dessine à son tour. Toujours le même, ou bien une version qui s’en rapproche. Je suis montée clandestinement sur le bateau, suivant l’aventure là où elle voulait bien me porter. Cette fois, c’est en suivant les traces de ma cousine, et sa famille de pirates. J’ai promis de cirer le sol et de faire la cuisine pour l’équipage, mais je me fiche de l’or comme de leur expédition. Je suis là pour une mission secrète… un collier aux puissants pouvoirs que portait une de mes ancêtres et que je dois retrouver et dérober avant qu’il ne tombe entre de mauvaises mains. « On devrait peut-être attendre la nuit tombée… se servir de la chaloupe pour faire une diversion. » Je plisse les yeux, baisse la voix pour que nous ne soyons pas entendues par nos compagnons. « Ces sirènes s’en prennent juste aux femmes, tu dis ? Moi je dis qu’on laisse les hommes sur le bateau. » Les plans, ça me connait. Quel que soit le jeu, il faut toujours que j’ai une stratégie. Et gare à celui ou celle qui tente de la saboter sous mon nez. C’est comme ça qu’un jour le fils du boucher a fini ligoté à un arbre avec une corde à sauter (il faisait semblant de pas comprendre et ça m’énervait). « Ils feront la fête et chanteront tellement fort que ça attirera les sirènes… et pendant ce temps toi et moi on s'enfuit sur une planche dans le noir. » On échange un regard complice, on fait mine de plaisanter avec les autres, de trinquer une bière imaginaire et de chanter bien fort des airs de pirate jusqu'à la nuit tombée. Et puis discrètement on se replie jusqu’au tronc qui, après avoir représenté le mat, devient soudain la proue du bateau. « Bon, faut descendre et faut pas tomber dans l’eau. » On se laisse glisser de branche en branche sans se soucier de la hauteur. Les gants solidement ancrés à l’écorce, on fait mine de tanguer. « Attention à la vague ! » On crie, on rigole, on pouffe en pointant du doigt le bateau au loin et les sirènes qui rodent autour. Soudain, mes deux pieds touchent le sol et s’enfoncent dans la poudreuse. « Vite, faut pas qu’on se fasse repérer ! » J’attrape son bras et l’entraîne derrière un buisson. D’un coup, ça me paraît plus marrant de se dire qu’on était pas censées s’enfuir, que l’équipage pourrait nous repérer, qu’on doit se cacher. « T’as la carte ? Sinon on pourra pas trouver le trésor, ni savoir où sont les dangers... »
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In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
Il n’en faut pas plus pour que ma proposition enflamme l’imagination de ma cousine. Son regard s’illumine de l’intérieur, comme si elle voyait des images fantastiques défiler devant ses yeux. Rien ne me fait plus plaisir que de la voir se pencher vers moi, une moue sérieuse aux lèvres. Je l’imite, m’incline à mon tour vers elle, les sourcils froncés, en jetant un coup d’œil autour de nous comme pour m’assurer que personne ne nous surveille. « On devrait peut-être attendre la nuit tombée… se servir de la chaloupe pour faire une diversion. Ces sirènes s’en prennent juste aux femmes, tu dis ? Moi je dis qu’on laisse les hommes sur le bateau. » J’acquiesce d’un hochement de tête convaincu. Franchement, elle n’a pas tort. J’aime bien les membres de l’équipage, j’ai grandi avec eux depuis que je suis toute petite, mais j’ai bien constaté moi aussi que ce qu’ils ont en force brute, ils ne l’ont pas en intelligence. Si nous devions les traîner avec nous, je crains fort qu’ils ne nous fassent démasquer avant l’heure. Or, maintenant que l’aventure s’ouvre à moi et, avec elle, l’occasion de prouver à mon père le capitaine, qui ne voit en moi qu’une fille un peu sotte qui ne sera jamais faite pour la vie de pirate, que je saurais être meilleure que le plus terrifiant de ses bras droits, il est hors de question que je la laisse me filer entre les doigts. Heureusement, ma nouvelle acolyte a de la suite dans les idées : « Ils feront la fête et chanteront tellement fort que ça attirera les sirènes… et pendant ce temps toi et moi on s’enfuit sur une planche dans le noir. » Je lui souris, complice et heureuse de pouvoir compter sur son appui. J’attrape l’une des chopes de bière que l’on me tend, la boit à petites gorgées. Mieux vaut le liquide amer que le rhum trop fort que Jambe-de-Bois a négocié en échange de quelques vieux fusils à Tortuga et qui m’embrumerait certainement le cerveau. Autour de nous, le chaos organisé qui règne habituellement sur le pont se transforme en mêlée générale. Je danse en rigolant avec Jaimie, me penche pour échapper au verre qui vole vers moi et va s’éclater sur le mur, pile à l’endroit où se trouvait ma tête. Le projectile a été catapulté par un des pirates qui s’éloigne en rigolant grassement.
Dès que les derniers rayons du soleil se mettent à frôler l’horizon, mon acolyte donne le signal du départ. « Bon, faut descendre et faut pas tomber dans l’eau. » Un frisson me remonte l’échine à l’idée de ce qui nous attendrait entre les flots. La froideur de l’eau qui, si au Nord, reste perpétuellement glacée. Les requis affamés de chair fraîche qui rôdent dans les environs aussi. Pire encore, ces sirènes qui ne rêvent que d’enfoncer leurs doigts griffus dans nos mollets pour nous mener à notre perte en nous entraînant au fond de l’océan. Heureusement, j’ai l’habitude d’escalader le mât et de me laisser glisser le long de la coque. Enfin, nous posons les pieds dans la neige, devenue pour l’occasion la surface houleuse de la mer. « Vite, faut pas qu’on se fasse repérer ! » La petite main de Jaimie s’enroule autour de mon poignet. Elle m’entraîne hors de la clairière, à l’abri derrière les buissons effeuillés par l’hiver. Je la suis, pliée en deux pour échapper à la surveillance de nos ennemis. Je m’agenouille à côté d’elle. La neige imbibe aussitôt le tissu de mon pantalon et me glace la peau. « T’as la carte ? Sinon on pourra pas trouver le trésor, ni savoir où sont les dangers… » Je hausse les sourcils, l’air faussement épouvanté. « Je l’ai jetée au feu, pour que personne ne puisse la trouver et nous suivre… » Jaimie fronce les sourcils, visiblement mécontente. Je m’empresse de laisser un sourire complice s’étirer sur mes lèvres pour la rassurer. « Mais pas avant d’en avoir mis une copie dans un endroit où personne ne pourra la trouver. » De l’index, je pointe ma tête pour lui indiquer que j’ai pris la peine de la mémoriser soigneusement. Je regarde autour de moi, repère un bâton échoué sur le sol, pauvre petite branche desséchée arrachée à son arbre par la dernière tempête. Dans la neige, j’esquisse le croquis de l’île, trace un X à l’endroit où nous nous trouvons et un deuxième sur la maison où sont censés être cachés les trésors, à l’autre bout de l’île. « Il faut partir par là, » dis-je en pointant de ma branche dans la direction d’où nous sommes venues tout à l’heure. « Tout au bout de la route se trouve le château de la Reine des Glaces. » Je ne peux m’empêcher de songer que le titre irait à merveilles à la mère de Jaimie. Jamais je n’ai vu deux sœurs si différentes que ma mère, si chaleureuse, et ma tante, qu’on aurait dit taillée à même un iceberg. « Si on réussit à s’y introduire sans se faire surprendre par les gardes, la légende raconte qu’on pourra y trouver des richesses incroyables. » Comme une tasse de chocolat chaud, de préférence avec tout un tas de guimauves qui flottent dessus (en supposant que la cuisinière ait le droit de fournir une telle dose de sucre à la progéniture de son employeur), question de me réchauffer. C’est que je commence à être transie dans mes vêtements trempés par nos jeux. Surtout, il ne reste plus du soleil que quelques pauvres rayons dorés qui allongent les ombres des arbres sur le sol autour de nous. Il vaudrait certainement mieux que nous soyons rentrées avant la nuit tombée, mais je crois que le jeu est encore le meilleur moyen de convaincre ma petite rebelle de cousine de retrouver les confins étouffants du manoir. « Je saurai nous guider, mais comment infiltrerons-nous le château ? » C’est une question du jeu sans en être une. Étant donné qu’on n’était probablement pas censées aller courir comme des sauvages dans la forêt, quelque chose me dit qu’il vaudrait sûrement mieux éviter de se faire surprendre en rentrant.
Dernière édition par Laoise McLoughlin le Ven 10 Mar 2023 - 1:50, édité 1 fois
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
La surprise se peint sur les traits de Laoise alors que j’évoque la carte qui doit nous mener au trésor. « Je l’ai jetée au feu, pour que personne ne puisse la trouver et nous suivre… » Un pli se creuse entre mes sourcils et je suis sur le point de la prier de revoir sa version de l’histoire quand elle ajoute, l’air espiègle: « Mais pas avant d’en avoir mis une copie dans un endroit où personne ne pourra la trouver. » Je l’interroge du regard tandis qu’elle désigne son crâne comme le ferait une héroïne de film. Voilà qui me plait davantage. Les yeux plissés de complicité, j’esquisse un sourire et dégage mon visage de ma tignasse que je coince derrière mes oreilles avec un succès mitigé. « Ok alors allons-y, y’a pas de temps à perdre ! » Je l’encourage, la voix aussi sérieuse que mon regard pétille d’excitation. Sans perdre une seconde, Laoise s’empare d’une petite branche de bois mort et trace les lignes de notre aventure dans la neige immaculée à nos pieds. L’étendue blanche se fait sable dans ma tête, et je peux presque sentir sa chaleur brûlante sur la plante de nos pieds. « Il faut partir par là. » Elle finit par décréter, indiquant la direction du manoir que nous venons de quitter. Mes yeux glissent de la branchette à son visage tandis qu’une pointe de déception se creuse dans mes tripes. Je n’ai pas envie de rentrer, me retrouver à nouveau enfermée derrière ces murs trop hauts, à regarder le monde depuis le grand écran de glace que forment les fenêtres. Je voudrais m’enfoncer dans la forêt sans me retourner, me lier d’amitié avec un renard, ou une louve, avancer vers l’aventure et peut-être retrouver au bout du chemin l’herbe verte de l’Irlande, les dunes bordant notre repère et le rire de ceux qui étaient mes amis. « Tout au bout de la route se trouve le château de la Reine des Glaces. » La reine des glaces… ce surnom va tellement bien à ma mère que je ne peux retenir le petit ricanement qui m’échappe par mégarde. J’éprouve à son égard des sentiments aussi complexes que mitigés. L’admiration se mêle à la crainte, le respect à la tristesse de ne pas parvenir à l’attendrir, la colère face à toutes ces règles qu’elle m’impose étrangement tissée à la fierté qui me remplit quand je décèle dans ses yeux un rare éclat de fierté lorsque je parviens à dépasser ses attentes. « Si on réussit à s’y introduire sans se faire surprendre par les gardes, la légende raconte qu’on pourra y trouver des richesses incroyables. » Je suis peut-être une gamine, mais je n’ai plus deux ans et je vois venir de loin ma cousine. Elle sent comme moi que la nuit est sur le point de tomber et sait que nous ne sommes pas censées nous aventurer plus loin dans la forêt. Et plutôt que de me raisonner, elle tente d’adoucir notre retour à la réalité en lui donnant un air de mission périlleuse. Alors je la vois venir, ouai… n’empêche que quelque part je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe d’enthousiasme à l’idée des difficultés bien réelles qui nous attendent pour pénétrer dans la maison sans nous faire repérer. « Bon, okay. » Je concède donc de bonne grâce avec un soupir à fendre l’âme, pour lui montrer que si ça ne tenait qu’à moi, on aurait filé dans la direction opposée. « Je saurai nous guider, mais comment infiltrerons-nous le château ? » Un éclat de malice traverse mon regard tandis que plusieurs options se dessinent dans mon esprit, de la plus sage à la plus périlleuse. « C’est une question qu’on se posera quand on l’aura atteint. » Je décide pompeusement, ravie de pouvoir recracher mot pour mot cette phrase que j’ai dû lire quelque part et trouver stylée. « Vite ! Faut pas se faire repérer ! » Sans attendre, je m’élance, abandonnant mes états d’âme derrière moi alors que je me plaque derrière les troncs et les buissons, m’étale dramatiquement dans la neige pour me dérober à la vue d’un adversaire imaginaire. Nos rires étouffés nous accompagnent jusqu’à ce qu’on atteigne la terrasse du manoir, contre laquelle on se plaque pour éviter le regard des sentinelles. « Suis-moi, je connais un passage. » On rase les murs, on s’y croit vraiment. « J’ai été prisonnière ici et je me souviens du chemin que j’ai utilisé pour m’échapper. » Ça me semble plutôt crédible, comme histoire, pour expliquer que je connais tous les recoins de la demeure qu’on s’applique à contourner. Enfin, on déboule sur le flanc à côté d’un petit muret ventilé d’où s’échappe la délicieuse odeur des cuisines. Mon ventre gargouille, renforce un peu ma motivation à trouver un moyen de rentrer sans se faire repérer. A quelques mètres au-dessus de nous, une fenêtre étroite que j’ai déjà empruntée dans l'autre sens. Située dans l’aile ouest du bâtiment, elle n’est quasiment jamais utilisée, aussi j’ai pris soin d’accrocher une corde à sauter à la rambarde, précisément dans le but de pouvoir y grimper. « On a pas d’autre choix, va falloir escalader... » Je lance d’un air sombre, comme si cette seule idée ne me donnait pas plutôt envie de jubiler. Je me cache bien de la prévenir qu’il existe d’autres options bien moins casse gueule. S’il n’y a pas de risque, quel intérêt ? Sans attendre son approbation, je me hisse sur le petit muret, marche en équilibre jusqu’à son extrémité, tend un pied assuré vers la branche d’arbre qui m’invite sur le côté, agite les bras dans le vide pour éviter de tomber. Une fois aplatie contre le tronc rugueux, j’entreprends de grimper de quelques branches jusqu’à pouvoir attraper la corde à sauter et m’en sert pour me hisser sur le rebord de la fenêtre. Je me laisse tomber dans le couloir, les bras endoloris, le cœur battant, le souffle court… et l'âme ravie. j’ai réussi ! C’est la première fois que je tente le trajet dans ce sens-là et je ne suis pas peu fière de moi. Un Grand sourire fendant mon visage, je me penche par la fenêtre pour regarder Laoise qui est encore en bas. « Allez, c'est à toi ! » Une main tendue, je l’encourage à grimper à son tour le long de la falaise, se mesurer au précipice qui s’ouvre sans aucun doute sous nos pieds jusqu’à me rejoindre dans l’enceinte du château maudit de la reine de glace.
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
Jaimie n’a pas l’air très contente de devoir rentrer mais, comme je l’espérais, elle accepte de se laisser porter par le jeu et de le faire sans rechigner. « C’est une question qu’on se posera quand on l’aura atteint, » décrète-t-elle, un peu hautaine, le nez pointé vers le ciel. Son air solennel est si adorable que je dois me mordre l’intérieur des joues pour me retenir de sourire. Car si l’affection brûlante qui se déverse dans ma poitrine pour elle est profondément sincère, je sais qu’elle en serait irritée si je la laissais trop paraître. Alors je hoche la tête avec tout le sérieux dont je suis capable pour lui montrer que je remets mon sort entre ses mains. « Vite ! Faut pas se faire repérer ! » Je lui emboîte le pas, zigzague avec elle entre les arbres qui bordent le chemin qui mène vers le manoir pour éviter les ennemis imaginaires qui se dessinent dans les ombres de la forêt. J’en oublie la neige qui mouille mes vêtements et le froid qui traverse mon manteau. Ne restent plus que nos rires qui se mélangent et le plaisir de jouer et d’imaginer comme je ne l’avais pas fait depuis longtemps. En longeant le pourtour de la clairière dans laquelle le château a été érigé, nous réussissons à nous en approcher sans nous faire surprendre. Pleine d’aplomb, ma cousine m’invite à la suivre d’un geste ample de la main. « Suis-moi, je connais un passage, » qu’elle m’explique tandis qu’on suit la ligne droite du mur. Les aspérités des briques s’accrochent à la toile de mon manteau. « J’ai été prisonnière ici et je me souviens du chemin que j’ai utilisé pour m’en échapper. » Tout à coup, j’ai l’impression que la réalité se mêle à la fiction. Après tout, pas besoin d’avoir trop d’imagination pour voir la ressemblance entre une cage dorée et ce manoir luxueux duquel ma cousine n’a que trop rarement le droit de sortir pour être un enfant.
Portées par le vent, des effluves de nourriture nous enveloppent et semblent s’enrouler autour de nous à mesure qu’on se rapproche de notre but. Le parfum d’une volaille à rôtir au four se détache en particulier du bouquet d’odeurs alléchantes et me met l’eau à la bouche. J’esquisse un sourire en songeant que ça sera certainement plus au goût de mon père que le rôti d’ours que mon oncle et ma tante nous avaient servi la veille au soir. J’avais dû me pincer très fort sous la table pour m’empêcher d’éclater de rire en voyant son teint verdir à vue d’œil quand nos hôtes avaient annoncé fièrement ce qu’on venait de mettre dans nos assiettes. Quant à moi, heureusement que je cultivais depuis notre arrivée un appétit d’oiseau qui m’avait permis de survivre avec quelques bouchées seulement. Mais pour l’heure, pas question de manger. Une dernière épreuve nous attend encore avant de retrouver la chaleur du manoir. « On a pas le choix, va falloir escalader. » Dubitative, je lève les yeux et le nez vers la corde qui pendouille d’une fenêtre plutôt étroite. J’ai du mal à croire que c’est vraiment le seul chemin. Après tout, on pourrait certainement rentrer par là où on était sorties tout à l’heure. Mais voilà déjà Jaimie qui se met à grimper sur le muret. Puis, pleine d’assurance, elle escalade l’arbre jusqu’à pouvoir s’accrocher à la corde. Le cœur battant, je retiens mon souffle en l’observant se hisser jusqu’à la fenêtre, dans laquelle elle se laisse glisser avec une grâce surprenante. Heureusement, la corde tient bon. Je ne sais pas trop comment j’aurais pu expliquer à ma tante comment sa fille s’est cassé le bras (ou pire) en escaladant la façade du manoir sans me faire foudroyer sur place par son regard glacial… ou me faire trucider par ma propre mère.
Penchée par la fenêtre, Jaimie m’interpelle. « Allez, c’est à toi ! » Honnêtement, je ne suis pas terriblement à l’aise à l’idée de grimper. J’ai beau être plus âgée, je sais depuis longtemps que je n’ai pas l’âme d’une aventurière aussi intrépide que ma cousine. Sauf que j’ai quand même ma fierté et, du reste, je ne crois pas que je réussirais à rentrer sans me faire surprendre si elle n’est pas là pour me guider dans le dédale des couloirs. Alors j’inspire un grand coup et monte à mon tour sur le muret. Les bras en croix pour m’aider à garder l’équilibre sur la surface inégale et enneigée, je parcours la courte distance jusqu’à la branche d’arbre, à laquelle je m’accroche avec un soupir de soulagement. Je réussis sans trop de mal à grimper jusqu’à la corde, aidée par les centimètres supplémentaires que me confèrent mon statut d’aînée. Bientôt, mes mains engourdies par le froid s’enroulent autour de la corde. Prudente, je teste la solidité avant de m’y accrocher de tout mon poids, consciente d’être plus lourde que ma cousine. Pour moi aussi elle tient bon et je m’autorise une brève pensée impressionnée devant les capacités d’ingénieure de Jaimie avant de sauter dans le vide. Heureusement, il n’y a quelques centimètres entre mes doigts et le rebord de la fenêtre, et je réussis sans trop de mal à me hisser. Malheureusement, je suis plus grande que ma cousine, et avec mon gros manteau d’hiver, je n’ai pas beaucoup de jeu. Pendant une longue seconde, je crois que je vais rester coincée dans la fenêtre étroite, puis je réussis à me propulser à l’intérieur d’une poussée contre le mur de briques. Je m’étale sur le sol avec un bruit sourd sous le rire étouffé de ma cousine qui a visiblement apprécié le spectacle. « La prochaine fois, j’aimerais mieux qu’on passe par la porte ! » que je lui murmure en me relevant et en m’époussetant comme un personnage de film qui se remettrait d’une mésaventure. À l’intérieur, il est encore plus facile de raser les murs et nous réussissons à retrouver nos chambres sans rencontrer la moindre mauvaise surprise sur notre chemin. Je m’arrête devant la porte de la mienne et me tourne vers ma cousine. « Je vais me changer et après on ira chercher Ms Maple, pas vrai ? » que je lui demande, les yeux brillants d’espoir à l’idée qu’on puisse la convaincre de nous laisser l’aider à décorer le sapin du petit salon, comme Jaimie l’avait suggéré tout à l’heure.
Jameson Winters
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ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
Les mains agrippées au cadre bordant la fenêtre, je me hisse sur la pointe des pieds pour suivre l’évolution de ma cousine. Le nez plissé de détermination, elle grimpe sur le muret et progresse vers l’arbre à petit pas prudents. Je jubile, ravie comme à chaque fois que je parviens à la convaincre de me suivre dans une aventure aussi intrépide qu’interdite. Un faucon passe dans le ciel au-dessus de nos tête, et son cri perçant attire mon attention. Avec ses grandes ailes et son air sévère, il met carrément à l’ambiance ! Un sourire aux lèvres, je le regarder s’élever plus haut que la cime des arbres et lui envie sa liberté. Un courant d’air vient geler mes joues et pendant un instant, j’arrive presque à me faire croire que c’est parce que je m’envole à ses côtés moi aussi. Par-delà les montagnes et les océans loin de tous ces enseignements qui m’ennuient si profondément. Un grincement me ramène au présent. Les lèvres pincées d’amusement, je regarde Laoise tester dubitativement la cordelette avant de s’y suspendre et je m’écarte pour la laisser passer. Agile comme un chat, elle attrape le rebord de la fenêtre et s’y propulse. Je m’attends presque à la voir jaillir dans le couloir avec un genre de galipette hyper stylée comme on voit dans les films d’action. Mais au lieu de ça, ma cousine… reste coincée dans l’encadrement. Oh, ça ne dure pas longtemps. Quelques secondes tout au plus, le temps qu’elle utilise le mur pour se propulser. Assez, cependant, pour qu'une flopée de hoquets hilares naissent dans ma poitrine. Je les étouffe tant bien que mal dans mes moufles, le regard brillant d’une complicité amusée. « La prochaine fois, j’aimerais mieux qu’on passe par la porte ! » Elle me lance, in character. Je m’autorise un petit ricanement amusé et lui répond sur le même ton : « Quel intérêt, quand on peut les prendre à revers ? » Les joues rouges de notre aventure hivernale, nous longeons l’escalier de service et retrouvons le couloir dégagé menant aux chambres à coucher. « Je vais me changer et après on ira chercher Ms Maple, pas vrai ? » Laoise a les yeux qui pétillent, et je dois dire que j’ai hâte de décorer avec elle les sapins pour Noël. « Ouai, en plus elle aura fait du chocolat chaud, je crois ! » C’est souvent ce qu’elle me prépare en hiver pour le goûter. Même que j’ai le droit d’y tremper quelques marshmallows du moment que mes parents ne regardent pas…
Nos portes s’ouvrent et se referment en même temps. Dans ma chambre, c’est le calme. De toutes les pièces de la maison, c’est indéniablement ma préférée, surtout parce que je m’en suis fait une petite cabane remplie de secrets. Bon, le grand lit et la vue dégagée sur la montagne et la forêt aident un peu, aussi. Ça, je n’ai pas trop de mal à réaliser que c’est mieux que ce que j’avais à Dublin. mais au moins là-bas je pouvais garder les mêmes fringues pour dîner. Avec un soupir à fendre l’âme, je me débarrasse de mon pantalon trempé et du gros pull en laine que j’ai porté toute la journée. Sur mon lit, une petite robe distinguée est sortie, choisie par la gouvernante pour respecter le dress code que mes parents imposent en soirée. Les sourcils froncés par la concentration, j’essaie de ne pas filer mes collants, avant d’enfiler le vêtement de velours vert. Au moins, c’est festif : je serai assortie au sapin ! Face au miroir, je m’empare de la brosse et donne quelques coups vengeurs dans ma tignasse qui ondule et se rebelle, refuse de rentrer dans le chignon que je tente de lui imposer. Une fois à peu près satisfaite, je passe frapper (tambouriner pour être plus exacte) à la porte de ma cousine, qui prend un peu trop de temps pour se changer à mon goût. Je me garde toutefois de lui en faire la remarque quand elle m’ouvre enfin et me contente de l’entraîner d’un pas enthousiaste vers le petit salon où Ms Maples nous attend. Le couloir et le hall d’entrée brillent des lumières qu’elle a déjà installées. « Ms Maples, vous n’avez pas commencé le sapin sans nous, hein ? » Je demande d’un ton vaguement accusateur en débarquant dans la pièce, ne manquant pas de la faire sursauter. Elle marmonne un truc à l’intention de son doux Jesus, rassemble ses jupons et descend du petit tabouret sur lequel elle était perchée. « Je n’aurais pas osé Miss Winters. » J’aurais préféré qu’elle m’appelle Jaimie, mais elle n’a pas le droit. Le clin d’œil complice et le sourire creusant une fossette dans ses joues rebondies compense toutefois amplement cette froideur.
« Grands Dieux, mais vous êtes gelées ! Heureusement que je vous ai fait un chocolat. Tenez. » Sans plus attendre, elle nous colle une tasse à chacune et nous pousse sans ménagement vers la cheminée. « Allez donc vous réchauffer un peu toutes les deux ! » On se lance des regards en biais, en ricane sous cape, elle lève les yeux au ciel, grommelle qu’on finira par la rendre folle… et elle n’a certainement pas tort. Car même si elle n’en dit rien, je sais bien que Ms Maples remarque les traces de boue sur mes vêtements, les égratignures sur ma peau, le vent glacial sur mes joues. Mais elle ne dit rien, jugeant probablement que c’est le rôle de l’éducatrice de m’empêcher de filer du mauvais coton. Le cœur léger, je trempe mes lèvres dans le chocolat chaud, croque un marshmallow bien caché, agite mes orteils devant la cheminée. Dans mon dos, un tourne disque grésille et des comptines de Noël s’élèvent, accompagnées par le chant distrait de la gouvernante. Incapable de résister plus longtemps, on se lève et la rejoint aux pieds du sapin. Occupée avec les guirlandes, elle nous rend responsable des boules et des rubans, avec la consigne stricte d’espacer les couleurs et les formes pour un résultat plus satisfaisant. On opine et on disparaît de l’autre côté du conifère avec un carton plein. Dehors, le soleil se couche et la nuit noire confère une atmosphère plus féériques encore aux lumières qui scintillent sous nos yeux. On chante, on danse, on s’amuse à décorer cet arbre de fête, tant et si bien que l’espace d’une soirée, j’en oublie mon mal du pays. J'ai trop à voir et à ressentir. La musique d’ambiance, nos rires joyeux, la saveur onctueuse du chocolat, les douces remontrances de Ms Maples, le sourire de Laoise et la façon dont le verre des décoration se reflète sur son visage et dans ses yeux, verts comme les miens… voilà des souvenirs qui me resteront longtemps. Je le sais, parce que je les imprime, comme j’ai imprimé l’Irlande et tout ce que je refuse d’oublier, tout ce qui remplit mon imaginaire et me réchauffe le coeur en ces longues soirées d'hiver.
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The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
In the meadow we can build a snowman and pretend that he's a circus clown. We'll have lots of fun with Mister Snowman. Yes, until the storm knocks him down. And later on, we'll conspire as we dream by the fire to face unafraid, the plans that we've made when we were walking in a winter wonderland.
« Ouai, en plus elle aura fait du chocolat chaud, je crois ! » L’idée d’une boisson chaude et sucrée me plaît énormément, car je suis transie. Et puis, ça me semble être la meilleure façon de terminer notre aventure, comme si nous allions enfin tenir entre nos mains le trésor que nous cherchions. Sans plus attendre, j’entre dans ma chambre. La décoration un peu froide malgré toutes les boiseries m’accueille. Heureusement que la beauté du paysage compense pour le côté impersonnel. Cette fois, cependant, je ne m’attarde pas à observer les pics vertigineux des Rocheuses qui s’étendent par-delà la fenêtre. Je me déshabille plutôt, étends soigneusement mes vêtements trempés de neige fondue sur le dossier d’une chaise pour les faire sécher. Je les glisserai plus tard avec le reste de mes vêtements sales. Puis je me précipite vers la salle de bain qui, avec la vue sur la nature, est l’autre chose qui rachète l’ambiance guindée de la pièce. C’est qu’il y a quelque chose de glorieusement luxueux à profiter de sa propre salle de bain. À la maison, nous n’en avons qu’une seule, que je partage évidemment avec mes parents. Ça ne m’avait jamais dérangée avant, mais maintenant que j’ai goûté à cette petite vie de princesse, je sens que je vais regretter cette parcelle de vie privée lorsque nous serons de retour en Irlande.
Je n’ai pas le temps de prendre la longue douche chaude qui me fait envie, mais je m’accorde tout de même quelques minutes pour me débarbouiller et retirer les brindilles et les aiguilles de sapin qui se sont logées dans ma chevelure en broussaille. De mon mieux, je tente de rassembler mes mèches en une tresse acceptable pour la soirée. Ce n’est pas parfait, j’ai déjà eu l’air plus soignée, mais tant pis. Jaimie non plus ne sera sûrement pas complètement tirée à quatre épingles. Avec un soupir, je me glisse dans ma robe bleu marine. Elle est jolie, même que je l’aime beaucoup. Seulement, elle n’est pas vraiment assez chic pour le code vestimentaire imposé par nos hôtes. Au moins, je n’ai plus commis l’erreur de venir m’installer à table en jean depuis le premier soir. Je ressens encore comme mes joues me brûlaient tandis que ma tante m’observait de la tête aux pieds. Oh, elle n’avait rien dit et pourtant son jugement émanait si fort de sa personne qu’elle aurait tout aussi bien pu me le crier à la tête. Je me serais présentée à sa table en guénilles qu’elle n’aurait pas eu l’air plus dégoûtée. Le pire, c’était de voir l’air embarrassé de mes parents, qui n’avaient visiblement pas été informés du fait que dans ce manoir sombre, il vaut mieux s’habiller comme si on sortait dans un restaurant cinq étoiles à tous les soirs. Depuis, le choc est passé, mais ça ne rend pas les repas plus agréables. C’est de loin le moment de la journée que j’aime le moins, j’ai toujours l’impression d’être à deux doigts de commettre un faux pas impardonnable. Je suis en train de finir de boutonner ma robe lorsque des coups retentissent à ma porte. C’est sûrement Jaimie, il n’y a qu’elle dans cette maison qui oserait s’acharner contre le bois comme si elle voulait le défoncer. Alors j’enfile en vitesse mes chaussures et je traverse la pièce en quelque pas pour la rejoindre.
Elle attend à peine que j’ai refermé la porte derrière moi pour s’élancer dans le dédale de couloirs. Le tapis rouge moelleux qui protège les lattes de bois du plancher étouffe agréablement le bruit de nos pas, comme la neige le faisait quand nous courrions dehors. Avec Jaimie qui nous guide, nous rejoignons rapidement le petit salon. Dans la cheminée ronfle un feu généreux dont les flammes diffusent des ombres dansantes sur les murs. Devant le sapin, Ms Maple est debout sur un petit tabouret, le bras tendu pour accrocher une guirlande sur l’une des branches. Je grimace en la voyant sursauter lorsque la voix de ma cousine retentit dans la pièce, mais elle se rattrape heureusement sans véritablement perdre l’équilibre. En grommelant, elle descend de son perchoir et s’approche de nous. Ses murmures se transforment rapidement en une douce remontrance tandis qu’elle nous refile à chacune une tasse de chocolat et nous envoie nous assoir à côté du feu. Je l’aime bien, Ms Maple. Même si, étiquette oblige, elle m’appelle Miss McLoughlin, un nom que je trouve affreusement pompeux et qui ne me ressemble pas du tout. Mais elle est douce et un peu ronde, avec un grand sourire maternel et une énergie calme et apaisante.
Je l’écoute sans me faire prier, heureuse de sentir la chaleur des flammes chasser le froid qui me mord encore la peau. Le chocolat est délicieux, juste assez crémeux et sucré, avec quelques guimauves fondues qui flottent à la surface et un effluve délicat de vanille qui me fait plaisir. Les yeux fermés, je savoure la boisson réconfortante en écoutant les cantiques de Noël qui emplissent la pièce et auxquels se mélange de temps à autre la voix étonnamment juste de Ms Maple. Lorsqu’il ne reste plus la moindre goutte de chocolat dans nos tasses, nous rejoignons la gouvernante pour mettre la main à la tâche. L’air sérieux, elle nous explique sa vision et l’importance de mélanger les formes et les couleurs des boules pour garantir un résultat uniforme et agréable à l’œil. Nous acquiesçons solennellement avant de plonger comme des gamines surexcitées dans les boules en verre colorées. Il y a quelque chose de profondément beau dans ces moments de bonheur tout simple auxquels nous goûtons, si bien qu’une vague d’amour et de reconnaissance enfle en moi, moelleuse comme un nuage. Je la laisse prendre toute la place avec l’impression agréable de flotter. Notre besogne enfin terminée, nous faisons quelques pas pour observer le résultat. Le sapin est magnifique, illuminé de partout et décoré de couleurs chatoyantes. Je ne peux résister à l’envie d’enrouler un bras autour des épaules de ma cousine pour la serrer de mon flanc. Et, preuve ultime que la magie de Noël finit toujours par opérer, elle me rend mon étreinte sans ronchonner. Je souris.