— les choses t'échappent. ce n'est pas nouveau, ça ne le sera jamais. certaines choses de la vie quotidienne t'ont toujours échappé. s'asseoir tranquillement, lire un livre ou regarder un film, par exemple. comment font-ils, pour rester calme ? tu en es incapable. toujours à bouger, gesticuler, occuper tes mains. ça aussi, ça t'as échappé. comment eddie à t-il fait pour cacher cette blessure ? es-tu si peu attentif à tes proches ? pas que tu sois le plus attentif, mais quand même. les autres, toujours les autres. ils veillent sur toi. tu n'es qu'un poids, encore et toujours, un enfant à surveiller, la personne à qui il faut faire attention. pourquoi est-ce que tu ne pourrais pas, toi aussi, prendre soin des autres ?
tes écouteurs vissés fermement dans les oreilles, c'est avec cette ferme intention que tu quittes ton studio, la porte claquant derrière toi, et tes pieds foulant le sol de brisbane. tenue qui sort tout droit du fond de tes placards. le premier pantalon, le premier haut qui te passait sous la main. et ce foulard dans tes cheveux parce qu'honnêtement, ils sont indomptables. après tout, tu ne cherches pas la séduction, cette fois. ce n'est pas ton objectif, pas cette fois. ce soir peut-être, en allant travailler. ce soir, pour faire rester un peu plus de monde au bar. ce soir, quand tes yeux seront rehaussés d'un subtil trait d'eye-liner. (ils ne l'avouent pas, mais ils fondent tous pour ça.) mais pour le moment, ce n'est qu'eddie que tu vas voir. cousin que tu ne cherches pas définitivement pas à séduire. ou tout du moins, pas de cette manière. parce qu'au fond de ton sac, se dissimulent ses chocolats favoris, pour tenter de lui remonter le moral. danseur cloué au lit, forcé au repos. et peut-être cette fois-ci comprend-il ta propre incapacité à rester tranquille plus de quelques minutes. maigre comparaison. tes pas sont rapides, mais tu fais bien attention à ne pas marcher sur la ligne qui sépare le trottoir de la route. la frôler serait ... et bien, tu es resté un enfant dans ton esprit. tu grimpes les escaliers deux à deux, te rends jusqu'à cet appartement que tu connais par cœur, du bout des doigts, les yeux fermés. tes doigts pianotent contre ta cuisse, soupir sur les lèvres et ton poing s'abat sur la porte pour signaler ta présence. et comme bien souvent, tu te balances sur tes talons, l'esprit déjà ennuyé de devoir resté immobile en attendant qu'eddie vienne t'ouvrir la porte. sans doute que tu aurais pu le prévenir de ton arrivée.
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Dernière édition par Nicky Yang le Lun 6 Sep 2021 - 10:44, édité 1 fois
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
Une loque, voilà ce qu’il est encore aujourd’hui. Affalé sur son canapé Eddie n’a même pas le courage de bouger ses fesses pour nettoyer la litière de ses chats, ce qu’il aurait déjà dû faire la veille. Ça ne lui ressemble pas de trainer pour ça et ce n’est pas comme s’il avait beaucoup à faire à côté, c’est juste qu’une immense démotivation le gagne, pour absolument tout. Il était un peu plus fringuant hier soir mais il faut dire qu’il était en bonne compagnie pour se changer les idées, Halston ayant passé la soirée et la nuit chez lui. Elle tient son engagement visant à libérer du temps pour eux depuis son opération et son soutien lui est précieux, il n’est même pas sûr qu’elle se rende compte à quel point. Avec elle Eddie ne voit pas tout en noir comme c’est le cas lorsqu’il est seul, et seul il l’est justement depuis qu’elle s’est envolée pour son travail car le temps qu’ils peuvent passer ensemble a ses limites avec le boulot qu’Halston continue d’honorer contrairement à lui qui n’a plus rien à faire de sa peau. Eddie n’a déjà plus trop la notion du temps depuis que toutes ses journées se ressemblent et passent bien trop lentement à son goût, il se surprend même à attendre avec impatience ses premières séances de rééducation histoire de mettre enfin un peu le nez dehors. Car il commence à sérieusement saturer de cet appartement dont il est aujourd’hui prisonnier, c’est ce que tout ça lui aura bien vite révélé. Pendant trois ans vivre ici lui a très bien convenu parce qu’il n’y était presque jamais, à toujours courir entre le théâtre et son studio, mais maintenant qu’il s’y retrouve bloqué la donne a changé. À moins que cet appartement soit juste trop vide, trop calme, et qu’il ne gère pas très bien cette forme de solitude encore inédite pour lui, déjà que rester là à ne rien faire est une torture. Eddie menait une vie à cent à l’heure avant cette opération qui réécrit tout son quotidien, ça ne fait que quelques jours et il a déjà envie de se taper la tête contre les murs. Ce corps qui était durement sollicité tous les jours se retrouve ko technique et sa frustration est immense, il a besoin de sa dose de danse, besoin de s’exprimer à travers elle comme il l’a toujours fait. Il savait que ce serait dur mais peut-être pas aussi vite, le changement étant définitivement trop brutal pour lui avec cette sensation d’être passé de tout à rien sans la moindre transition. Hier encore il vivait de sa passion, pour sa passion. Et aujourd’hui il ne sait plus trop pour quoi il se lève le matin, le constat est celui-là et il est amer.
Il n’attend personne Eddie, et il ne veut voir personne non plus dans l’immédiat. Mais allez dire ça à son cousin qui a décidé de lui rendre visite, et dont il est à peine surpris de découvrir la frimousse en ouvrant sa porte car il peut supposer que c’est lui rien qu’à sa façon de toquer contre celle-ci. « Je me doutais que c’était toi. » sont les premiers mots qu’il lui adresse en se retrouvant face à lui. Ça ne crève pas les yeux mais il n'est pas mécontent de voir Nicky, ce dernier tombe juste assez mal parce qu’il n’est pas d’humeur à recevoir qui que ce soit et n’a pas non plus très envie qu’on le voit comme ça. Mais il ne peut pas lui demander de repasser plus tard et prendre le risque de le blesser de la plus bête des façons, pas alors qu’il a rassemblé l’énergie pour passer le voir. Et puis plus tard il ne sait pas dans quelles dispositions se trouvera le jeune Yang, si c’est un de ces moments où il est à peu près calme autant en profiter même s’il redoute toujours un peu ses brusques changements d’attitude. Il faut toujours prendre de sacrées pincettes avec lui et ça Eddie ne sait pas trop faire, il n’est pas aussi habile avec l’hyperactivité de son cousin que le sont Callie et Mahé. « Tu m’avais encore pas dit que tu passerais mais reste pas là, viens. » Il se décale de la porte, claudiquant, car la question de le faire entrer ou non ne se pose évidemment pas. Eddie n’ira pas vérifier ses messages car il reconnait bien chez Nicky cette tendance à débarquer sans prévenir, c’est d’ailleurs une chose qu’il lui reproche assez souvent car il n’aime pas recevoir une visite qu’il n’attend pas, même quand c’est la sienne. « Fais pas attention à ma dégaine, et au bordel. » Le bazar n’est pas totalement inhabituel mais le fait de ne pas s’être donné la peine de s’habiller déjà plus, sa flemme était grande à ce point-là ce matin mais ce n’est pas dans les yeux de Nicky qu’il s’attend à lire le moindre jugement. « Ça va toi ? » il l’interroge en posant sur lui cet éternel regard confus cherchant à le sonder mais y parvenant difficilement. Eddie n’a en principe pas trop de raison d’être inquiet à le voir comme ça, mais ça c’est avant qu’il remarque ce qui s’apparente à une coupure au niveau de son arcade sourcilière. Alors il soupire tout en laissant lourdement retomber ses bras le long de son corps. « Sérieux Nicky.. qu’est-ce que t’as encore fait ? » Il leur revient toujours dans des états pas croyables et là c’est encore assez subtil, il l’a déjà vu bien plus abîmé que ça. Ça ne lui plait pas à Eddie mais il ne peut pas garder un œil en permanence sur lui non plus, ils sont plusieurs à se relayer pour ça et ce n’est pas ce qui empêche le jeune Yang d’enchaîner les dérives. Dérives dont il ne sait au final pas grand-chose, et dans un sens c’est sans doute mieux. « Et tu caches quoi dans ce sac pour t’y cramponner comme ça ? » Il croit percevoir chez Nicky une certaine hâte de l’ouvrir, et suppose qu’il n’a pas pu s’empêcher de lui apporter quelque chose. Il peut également le voir s’agiter légèrement alors il ne lui proposera pas de s’assoir, préférant le laisser librement se mouvoir dans cet appartement qu’il connait parfaitement même si ce n’est pas demain la veille qu’Eddie le laissera trainer ici sans que lui-même y soit. Il n’aurait pas l’esprit tranquille en le faisant, et il n’est pas plus serein quand il se rappelle qu’on le laisse vivre seul aujourd’hui.
Dernière édition par Eddie Yang le Lun 20 Sep 2021 - 21:08, édité 3 fois
— demander. tu aurais sans doute dû demander à eddie si tu pouvais passer le voir, au lieu de, simplement le faire. mais ça se bouscule dans ton esprit, convention sociale que tu n'as pas encore totalement acquise, malgré les années et les années. tes frères râlent à ce propos, et eddie doit sans aucun doute se retenir de le faire également. eddie, il est gentil, n'est-ce pas ? eddie, il essaye d'être patient, même si ce n'est pas toujours simple. tu aimerais pouvoir l'aider, être moins ... toi-même. la porte s'ouvre finalement, et tu te redresses un peu, ton regard se perdant quelques secondes, avant de finalement se focaliser sur ton cousin. je me doutais que c'était toi. tu te pinces brièvement les lèvres. salut eddie... évidemment. parce qu'il n'y a que toi pour faire ça, n'est-ce pas ? que toi pour déranger tout ton entourage. encore. encore et toujours celui qui bouscule le quotidien de tout le monde, sauf le tiens. j- tu peux repasser. tu te dandines un peu sur tes pieds. tu m'avais encore pas dit que tu passerais mais reste pas là, viens. tu l'observes un bref instant. il se décale pour te laisser rentrer et tu l'observes un bref instant. est-ce que tu devrais repasser ? partir, et le laisser seul ? c'est ce qu'il veut, visiblement, n'est-ce pas ? tu n'en sais rien. merci hyung. tu murmures simplement en entrant finalement dans l'appartement. fais pas attention à ma dégaine, et au bordel. tu te grattes la joue du bout des doigts. tes mains s'agitent, tu te pinces les lèvres un instant. tu t'en fiches bien, toi, du bordel. et de sa dégaine. tu n'es pas franchement bien habillé non plus, en réalité. les premières fringues qui passent sous la main tant l'épuisement est intense. tu ne connais que trop bien. rester dans le même pantalon de survêtement plusieurs jours de suite parce qu'il est impossible de se lever et de faire quoi que ce soit.
ça va toi ? tu relèves la tête, sortant de tes pensées, fronçant un peu les sourcils. ah, oui. eddie. tu n'es pas dans ton petit studio, tu n'es pas seul. tu hoches la tête par réflexe face à ses mots. ouais. tu souffles simplement. ça va, n'est-ce pas ? je crois. tu ris un peu ensuite, haussant les épaules. parce que ton corps est ce qu'il est : abimé de ces dernières nuits en dates. tu fermes les yeux quelques secondes. parce que le regard de ton cousin brûle le long de ta peau. sérieux nicky... qu'est-ce que t'as encore fait ? ce que tu fais ... tu hausses une nouvelle fois les épaules. tu ne te souviens pas toujours de tout, après tout. est-ce que tu es obligé de répondre à cette question ? il est ton aîné. tu dois lui répondre, lui donner une explication qui tienne la route, même si tu te doutes qu'eddie ... et bien, eddie est tel qu'il est. c'est rien ça, hyung. tu réponds en trépignant un peu sur place, tes doigts toujours enroulés autour de la lanière de ton sac. juste une égratignure au boulot. je me suis cogné. et ce n'est pas totalement faux, n'est-ce pas ? tu t'es cogné, un soir, dans la semaine. tu ne sais pas, tu ne sais plus exactement quel soir. tu glisses tes doigts contre ton front. arcade sourcilière bien trop amochée, bien trop souvent. les coups que tu prends, ceux que tu donnes. tu ne mens pas totalement à eddie. tu ne lui diras simplement pas qu'au travail, ta maladresse n'a pas laissée de trace. ça va ? tu demandes. parce que c'est pour ça que tu es venu, n'est-ce pas ? prendre de ses nouvelles. essayer d'être quelqu'un de bien, d'attentionné aussi. prendre soin de tes proches plutôt qu'ils n'essayent de prendre soin de toi. j'aurais dû t'appeler, désolé. tu ajoutes ensuite, observant tout autour de toi, ton regard ne restant pas bien longtemps au même endroit. les livres rangés dans un coin de la pièce, la télévision, les plantes, les détails, la décoration. et tu caches quoi dans ce sac pour t'y cramponner comme ça ? oh, ton sac. tu l'avais presque oublié. tiens, c'est pour toi. tu réponds simplement en sortant le chocolat du sac. parce que ça réconforte, le chocolat, n'est-ce pas ? et eddie, il n'a pas vraiment le moral ces derniers temps, comme il ne peut plus danser. repos forcé pour le danseur que tu as toujours vu se mouvoir sur les planches avec passion. pour ça aussi, tu aurais dû demander son avis. conscience qui s'agite. est-ce que tu as bien fais ? est-ce que tu devrais faire demi-tour et le laisser tranquille ? et qu'est-ce qu'il va dire, eddie ? tu essayes, tu essayes vraiment. mais tu as un mauvais pressentiment.
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
En temps normal il fait déjà difficilement une place à quelqu’un dans cet appartement, alors depuis qu’il y erre tel un zombie estropié il est encore moins simple d’y être convié par l’occupant des lieux. Eddie mérite parfois sa réputation de sauvage, il a accordé bien trop peu de temps à ses proches ces dernières années tant son boulot avait pris de l’importance et cette convalescence lui offre pour le coup l’occasion de se rattraper.. si toutefois il le désire vraiment. Ça ne saute pas aux yeux quand il se retrouve face à Nicky, qu’il ne voit pourtant pas tous les jours et dont il n’est pas toujours capable de dire où il se trouve. Il ne chérit pas assez ces moments en famille Eddie, et il a sûrement aussi un peu baissé les bras avec Nicky pour ne pas être en première ligne dans la gestion de ce trouble qu'il ne comprend pas encore très bien. Il n’est malgré tout pas capable de le renvoyer d’où il vient car si Nicky est avec lui, au moins, il ne peut pas être en train de se mettre en danger quelque part dans cette ville ou en dehors. Il ne l’a simplement pas prévenu de sa venue et c’est vrai que ça le fatigue Eddie qu’on débarque chez lui à l’improviste, surtout si c’est pour le surprendre en pyjama dans un bazar témoignant de son laisser-aller de ces derniers jours. Mais ils n’ont pas le temps de s’attarder sur le désordre régnant dans cet appartement car il y a plus grave, Nicky a encore le visage amoché et ça ne lui échappe pas. Ça fait marrer le plus jeune alors que l’aîné prend au sérieux ce qu’il voit. « Je me demande vraiment ce qui te fait rire. » Les inquiéter, sans arrêt, c’est donc ça qu’il trouve si drôle ? Nicky ne semble pas réaliser le souci qu’ils se font tous pour lui, ce n’est pas un jeu et ça ne leur plait pas de compter le nombre de bleus ou de plaies qu’il peut avoir chaque fois qu’ils le voient. « Tu t’es cogné, oui, d’accord. » soupire-t-il d’une voix dénuée de conviction. Parce qu’il n’y croit pas Eddie à son histoire de boulot, il se dit même qu’un jour Nicky sera à court d’excuses pour justifier ses blessures. Ça ne sert de toute façon plus à rien de lui dire de faire attention à lui, il l’a compris, car ça n’empêchera jamais son cousin de s’exposer à des dangers qu’il ne préfère parfois pas imaginer.
À son tour c’est lui qui se marre parce que lui demander comment il va en ce moment c’est un peu comme redouter la fin d’un film qu’on aurait déjà vu. C’est très prévisible quand on sait ce que cette opération lui a enlevé mais Nicky veut bien faire, il n’en doute pas. « Tout roule tu penses bien, c’est un bonheur d’être enfermé ici et de ne pas pouvoir quitter ces foutues béquilles. » Il en devient sarcastique Eddie, cette question il n’aime déjà pas y répondre quand il va bien alors aujourd’hui elle le pique d’autant plus. Il sait qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même mais ce n’est pas pour autant qu’il accepte cette situation et ses retombées. Alors non, évidemment ça ne va pas et il n’est pas capable de le cacher parce que tout chez lui, et autour de lui, le fait bien ressentir. Eddie pourrait si facilement se laisser couler dans les prochains mois, lui retirer la danse c’est comme lui retirer une moitié de cœur, il a tout simplement besoin de pratiquer pour se sentir vivant. D’un coup il réalise que son marasme le rend aussi tête en l’air alors il rejoint sa cuisine d’un pas boiteux avant de revenir vers Nicky avec une boîte entre les mains. « J’ai zappé mes anticoagulants, il manquerait plus que je chope une phlébite tiens. » Et là-dessus, sans un mot de plus, il avale deux pilules tout en se faisant la réflexion que ça mériterait peut-être un rappel sur son téléphone. Il ne peut pas se permettre de les oublier mais étrangement il les prend avec bien moins de facilité que ces antidouleurs qu’il gobait comme des bonbons quand il dissimulait sa blessure à tout le monde. Ça promet si même pour éviter les complications de son opération Eddie est plein de mauvaise volonté.
Il voit bien que Nicky cache quelque chose dans son sac et ça ne rate pas, il suffit qu’il lui en fasse la remarque pour que celui-ci en sorte un petit cadeau pour lui. Et pas n’importe lequel, non, ce sont ses chocolats préférés que son cousin a apporté même si sur le moment on pourrait se demander si Eddie les aime vraiment, avec la tête qu’il doit tirer. « Du.. chocolat ? » Eddie reconnait bien là les gentilles attentions de son cousin mais comment lui dire que c'est juste la dernière chose à lui offrir en ce moment ? Ce chocolat lui rappelle toutes les privations qu’il va devoir s’imposer pendant sa convalescence et il ne lui en faut pas plus pour voir rouge. « Je ne peux plus danser ni faire le moindre sport, tu te souviens ? Mon corps pourrait morfler avec cette pause et toi tu m’offres du chocolat pour que je m’empâte encore plus vite ? C’est.. » stupide ? Ce n’est pas le mot qu’il a en tête mais il ne finira pas sa phrase. Sans même s’en rendre compte il a haussé le ton et ça lui arrive assez souvent avec Nicky dont il applaudit rarement les initiatives, il faut le dire. Un calme qu’il perd parfois plus facilement avec lui qu’avec d’autres mais qui ne tient à rien aujourd’hui, les chocolats n’y sont finalement pas pour grand-chose. Il n’est pas tendre dans sa réaction alors que ça partait d’une bonne intention, ça Eddie le réalise après quelques secondes en observant son cousin et il finit par culpabiliser d’avoir accueilli son cadeau de cette façon. Il soupire et étire un sourire, tout en ayant encore du mal à se détendre. « Bon, désolé. Je dois faire attention tu comprends ? Mais c’est gentil d’avoir pensé à moi. » Il sait bien que Nicky ne pensait pas à mal, et il récupère donc le chocolat en question qu’il dépose sur le petit comptoir de sa cuisine ouverte à deux pas de là. Il ne risque pas d’y toucher, ce ne serait pas raisonnable mais qui sait, s’il se retrouve à sec au point de devoir se restreindre niveau courses il sera peut-être bien content de le trouver ce chocolat finalement. « Tu.. me racontes quoi depuis la dernière fois qu’on s’est vus sinon ? » Eddie opère un changement de sujet bien commode sur le moment même si cette question il aurait fini par la lui poser, car elle est juste inévitable. Il n’est pas du genre à s’encombrer de futilités dans une discussion en glissant des « quoi de neuf ? » dont la réponse a peu de chance de l’intéresser, mais s’informer sur la vie de Nicky revêt une vraie importance à ses yeux. C’est sa façon de se mettre à jour le concernant ou tout du moins d’essayer. « On doit encore s’attendre à ce que tu t’absentes un mois pour partir à l’aventure avec des potes ou c’est fini, ça ? » Il laisse glisser un regard inquisiteur vers lui qu’il nuance avec un sourire amusé pour ne pas le brusquer, même s’il se pose toujours beaucoup de questions sur cette aventure qu’il leur avait vendue sans jamais entrer dans les détails. Il espère bien que Nicky n’envisage pas de repartir, peu importe où, car ce n’est déjà pas simple de le suivre quand ils sont à peu près capables de le localiser.
Dernière édition par Eddie Yang le Lun 20 Sep 2021 - 21:08, édité 2 fois
— je me demande vraiment ce qui te fait rire. tu te pinces les lèvres un bref instant, tu te contentes d'un vagues haussement d'épaule. est-ce que tu vas bien ? cette question te semble ... dénuée de sens. ta vie est-elle suffisamment stable pour que tu te sentes bien ? tu n'en sais trop rien. est-elle simplement chaotique ? cette deuxième option est bien plus probable. soupir sur les lèvres, tu ne réponds pas à eddie, tu oublies simplement de le faire. parce qu'après tout, tu ne sais pas toi-même ce qui te fait rire. entre tes insomnies, les combats, le boulot, l'alcool et le sexe. tu n'es pas sûr d'aller totalement bien. mais ce n'est pas le pire non plus. ta vie a été bien pire que ce qu'elle n'est actuellement. et puis, cette vie, tu l'aimes bien. enfin, tu crois. elle n'est pas si catastrophique. si ? si, sans doute. un soupir t'échappe brièvement. tu t'es cogné, oui, d'accord. tu plantes tes dents dans le bout de ta langue et tu restes silencieux de longues secondes. bien évidemment, qu'il n'y croit pas. en même temps, c'est trop gros, pour quelqu'un comme toi. bien trop gros. tu es maladroit, mais pas à ce point. oh, si seulement il savait. que penserait-il de ta manière de te divertir ? ta manière de te sentir vivant. eddie, c'est la danse qui lui fait cet effet. et toi, c'est cette adrénaline sale, trouvée au décours de quelques combats illégaux dans le fond d'un bar. bah quoi. tu te contentes de répondre à eddie, négligemment. de toute manière, il n'aime pas cette réponse. mais il n'aimera pas la vérité non plus. alors, à quoi bon ? pourquoi l'inquiéter plus que ça en lui parlant des combats ? ça ne servirait à rien. tu soupires un peu. et puis. il y a cette question que tu renvoies à eddie. comme ça, pour essayer d'être un bon cousin. pour essayer de te focaliser sur lui, d'être quelqu'un de bien. quelqu'un d'attentionné. et pourtant, tu as l'impression que ça ne fonctionne pas. que ça ne fonctionnera jamais. pas avec eddie, pas comme ça. parce que vous êtes trop différents l'un de l'autre, de toute manière. trop différents pour vous entendre sincèrement et sans la danse. sans la danse, et sans la présence de callie pour faire tampon et traduire les mots de l'un, puis de l'autre. tout roule tu penses bien, c'est un bonheur d'être enfermé ici et de ne pas pouvoir quitter ces foutues béquilles. tu te renfermes un peu, le cou renfoncé dans tes épaules, l'air de plus en plus fermé. tu ne sais pas si tu regrettes d'être venu, mais tu as l'impression de tout faire de travers. pourquoi est-ce que c'est si compliqué, les relations humaines ? ça devrait être simple, surtout avec un membre de ta famille. mais ça ne l'est pas, pas du tout. c'est encore pire que tout, en réalité. tu n'aimes pas voir eddie comme ça. tu ... n'aimes pas ce genre de discussions gênantes, à ne pas savoir quoi dire au bon moment, à ne jamais trouver les bons mots. parce que ce n'est pas toi, ça. tu n'as jamais été là pour écouter et pour conseiller. j'ai zappé mes anticoagulants, il manquerait plus que je chope une phlébite tiens. ton regard se pose sur eddie, sur sa silhouette vacillante jusqu'à la cuisine et à la boite entre ses doigts. tu n'aimes pas ça, tu n'as jamais aimé ça. les médicaments, l'hôpital. les trucs comme ça. tu es étrangementsilencieux, cette fois.
et encore une fois, ce que tu fais n'est pas bien. ce n'est pas ce qu'il aurait fallu faire, ce n'est pas ce qu'on attend de toi. attention qui te paraît soudainement stupide. de toute manière, ça l'est, n'est-ce pas ? totalement stupide. idiot, idiot, idiot. parce que tu n'as jamais été bon à rien, encore moins un bon frère ou un bon cousin. juste bon à t'attirer des ennuis et à faire s'inquiéter tes proches à propos de ton état. juste bon à traîner la nuit - du... chocolat ? ton regard perdu se focalise de nouveau sur eddie, tu fronces un peu les sourcils. je ne peux plus danser ni faire le moindre sport, tu te souviens ? mon corps pourrait morfler avec cette pause et toi, tu m'offres du chocolat pour que je m'empâte encore plus vite ? c'est... il ne termine pas sa phrase, mais ça percute ton esprit avec force. une genre de force que tu détestes par-dessus tout. désolé d'être trop con et de pas penser à ça. tu siffles simplement, les épaules tendues. c'est pas parce que t'es convalescent que ça te donne le droit de devenir un sale con. tu ajoutes dans un sifflement, enfonçant tes mains dans les poches de ta veste. j'suis moi-même, c'est un souci, j'essaye d'être attentionné, c'est aussi un soucis. merde, eddie, merde. tu marmonnes en secouant la tête, t'agitant sans même t'en rendre compte, dans l'espace réduit de cet appartement. tu as l'impression d'étouffer entre ces quatre murs. partir sans rien ajouter serait sans doute de trop, n'est-ce pas ? dramaqueen. tellement, tellement idiot de ta part. pourquoi est-ce que tu es incapable de réfléchir avant d'agir ? spirale infernale au fin fond de tes neurones.
idiot, idiot, idiot.
bon, désolé. je dois faire attention tu comprends ? mais c'est gentil d'avoir pensé à moi. tu renifles bruyamment, te pinçant les lèvres de longues secondes. quoi lui répondre ? tu es toujours énervé. et tu lui en veux. toi, tu essayes juste d'être ... normal. tu essayes, de toutes tes forces. mais ce n'est pas assez. ce n'est jamais assez pour eddie. tu t'arrêtes finalement, dans un état à mi chemin entre l'envie de crier et l'envie de t'enfoncer sous la table et ne plus bouger de là. ça s'agite, ta maîtrise s'effrite. c'est juste du putain de chocolat. pourquoi tu t'énerves pour ça. tu marmonnes simplement, plus pour toi-même qu'autre chose. pourquoi tu ne veux pas me comprendre ?tu... me racontes quoi depuis la dernière fois qu'on s'est vus sinon ? tu n'as pas envie. tu n'as plus envie de faire un effort. c'est trop. trop pour ce que tu es capable d'encaisser. tu ne veux plus faire d'effort. plus maintenant. rien. et c'est vrai, au fond. rien d'intéressant. rien que tu ne puisses raconter à eddie. tu soupires un peu, fermes les yeux un instant. pourquoi ce serait à toi de faire des efforts. le boulot, tout ça. tu ajoutes. oh, tu en aurais des choses à raconter. mais eddie n'est certainement pas prêt à les entendre. tu sais, l'autre coup, j'ai mis k.o un gars en moins de dix minutes.est-ce que ça t'intéresse, même ? tu questionnes en levant les yeux au ciel. puisque, visiblement, aujourd'hui, tu ne fais rien comme il faudrait. venir le voir. lui demander comme il va. lui apporter du chocolat. rien. on doit encore s'attendre à ce que tu t'absentes pendant un mois pour partir à l'aventure avec des potes ou c'est fini, ça ? tu renifles une nouvelle fois, te contentes d'un regard noir en réponse à son air inquisiteur. tu n'as plus envie de comprendre l'humour ou la subtilité. tu n'as plus envie de faire des efforts. tu viens pourtant t'enfoncer dans un des fauteuils du salon, ramenant tes jambes contre ton torse et enroulant tes bras autour de tes genoux. depuis quand tu t'en préoccupes. tu marmonnes en le fixant de longues secondes. c'est pas prévu. oh, si seulement il savait, eddie. si seulement il connaissait tout de ta vie. ce que je fais est soudainement moins stupide, hyung ? tu questionnes dans un souffle las cette fois. ou alors c'est parce que ça l'est, que tu te sens obligé de t'y intéresser ? oh, l'amertume semble si compliquée à contenir, soudainement.
(c) SIAL
Dernière édition par Nicky Yang le Mar 5 Oct 2021 - 10:17, édité 1 fois
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
Nicky n’est là que depuis quelques minutes et c’est comme si un dialogue de sourds s’engageait déjà entre les deux cousins. Ils communiquent difficilement ces deux-là, ce n’est pas rare que les questions d’Eddie restent sans réponse mais il a perdu l’habitude d’insister avec Nicky, il n’ose plus braver son silence comme il pouvait le faire autrefois. Ses réactions sont trop imprévisibles, Eddie sait qu’il a toutes les cartes en mains pour causer un drame parce qu’il ne sait pas y faire avec Nicky, trop souvent il a souhaité qu’on lui donne le mode d’emploi pour le comprendre. Il peut sembler détaché parfois alors qu'il s’inquiète comme les autres, même s’il ne peut pas nier avoir du mal à assumer ce cousin dont il ne parle pas facilement, c'est vrai, autour de lui. Le prénom de Nicky sonne d’ailleurs encore comme un tabou quand il est de passage chez ses parents, c’est compliqué de continuer à le voir quand eux l’ont plus ou moins renié et ça les met Callie et lui dans une position qui n’est pas des plus enviables. Il déteste toute cette situation Eddie, se retrouver au milieu à devoir choisir son camp est insupportable car quoi qu’il fasse, il a le sentiment de trahir quelqu’un. Mais Nicky sera toujours le bienvenu chez lui, ça ne changera pas et ses parents n’y pourront rien. Même si ses visites ne tombent pas toujours bien, comme aujourd’hui, et qu’il a une fois de plus la désagréable surprise de constater sur lui des blessures dont il ne peut même pas deviner l'origine. C’est devenu habituel de le voir comme ça mais justement habitué Eddie ne le sera jamais lui, à cette vision de son jeune cousin abîmé que personne ne semble être en mesure de protéger dans ce bas monde. Il ne s’est pas blessé au travail, c'est la seule chose dont il soit sûr et la vérité il n’est sûrement pas près de la connaitre.
Il est plein de bonnes intentions Nicky, il parait sincèrement soucieux de savoir comment se passe sa convalescence mais Eddie ne sait pas faire semblant, ni se rendre agréable quand il a juste envie d’envoyer bouler le monde entier pour une situation qu’il ne doit pourtant qu’à lui-même. Ça bouillonne en lui, toute cette frustration, cette rage d’avoir été stoppé en pleine lancée par une blessure qu’il a laissé empirer parce qu’il préférait croire que rien ne pouvait l’atteindre. Il en veut aux autres d’être si libres quand lui ne l’est plus, ce n’est pas une vie d’être enfermé ici où il se sent doucement décrépir. Nicky veut bien faire mais Nicky pose d’emblée la mauvaise question, comment s’imaginer qu’il puisse aller bien en ce moment ? Eddie estime que sa tenue et l’état de son appartement donnent déjà un net aperçu de son état d’esprit ces jours-ci, l’ennui, la flemme et la mélancolie s’étant clairement fait une place ici avec lui. Il ne fait plus aucun effort ou juste quand Halston est là pour qu’elle n’ait pas trop honte de lui, mais une fois seul il redevient cette sombre épave que plus rien n’intéresse et qui ne veut plus voir personne. Ces récents bouleversements dans sa vie ne font pas ressortir ses meilleurs côtés et il est injuste, comme toujours, avec celui qu’il a le sentiment de ne pas pouvoir comprendre - mais tente-t-il seulement de le faire ? Du chocolat, c’est ce que Nicky a jugé bon de lui apporter car peut-être que dans le temps il aurait su l’apprécier. Ils les adore après tout ces chocolats, ça devrait lui faire plaisir mais au lieu de ça il s’en offusque. Il en attend trop de Nicky en lui demandant de songer à son corps qui pourrait trinquer sans la danse, car du point de vue de son cousin ce ne sont sûrement que ses chocolats préférés, apportés pour lui faire plaisir et rien d’autre. « C’est pas ce que je pense de toi.. » Qu’il est trop con pour ne pas y avoir pensé, non, il se dit juste que Nicky n’a peut-être pas conscience de ce que cette pause pourrait réellement engendrer pour lui. Et peut-être qu’il ne l’a pas volé, le sale con dont il se retrouve affublé ensuite. « Okay. » il se contente de répondre dans un premier temps, retrouvant son calme face à un Nicky visiblement secoué et certainement aussi déçu de sa réaction. « Le sale con n’a dormi que trois heures la nuit dernière, ça n’aide pas. » Il hausse les épaules, ça ne le dédouane pas mais puisqu’on lui reproche d’être sur la défensive, autant préciser que les circonstances sont contre lui. Il ne se cherche pas d’excuse Eddie, il sait bien qu’il n’en a pas. « Pas de cadeau Nicky, tu le sais bien. » soupire-t-il d’une voix morne car ce n’est pas nouveau qu'il n'est pas simple à contenter Eddie. C’est si facile de se heurter à un mur avec lui en voulant bien faire et pourtant Nicky n’y renonce pas, il le dit d’ailleurs lui-même qu’il cherche juste à se montrer attentionné. « Et je t’ai pas dit merci, alors merci. Je sais que tu fais de ton mieux, je les vois bien tes efforts. » Il y a un problème pourtant, et c’est éternellement le même. Leur différence, et le fait qu’ils ne se comprennent tout simplement pas. Nicky ne sait pas gérer Eddie comme Eddie ne sait pas gérer Nicky. « Mais on n’arrive pas à se coordonner toi et moi. Quand t’es dans un bon jour moi je le suis pas, et inversement, c’est souvent comme ça. Désolé de ne pas être forcément de bonne humeur quand tu débarques sans prévenir. » Sa voix sonnerait presque comme un reproche, des fois qu’on n’aurait pas compris que son cousin avait mal choisi son moment pour passer le voir. Prévenir n’y aurait pas changé grand-chose mais il aurait aimé pouvoir se préparer à sa venue, vu qu’elle sollicite chez lui une patience dont il manque cruellement et d'autant plus en ce moment.
Il s’est emporté pour un malheureux chocolat mais il doit redescendre très vite en pression car en face Nicky n’est déjà plus très calme. Sa colère se ressent aussi bien dans son regard que dans ses gestes, quant à ses mots ils retombent sèchement sur Eddie. Ce rien qu’il lui renvoie quand il cherche à savoir où en est sa vie dernièrement veut tout dire, il n’a manifestement pas envie d’en parler à moins que ce ne soit simplement pas à lui. Et ça se comprend, après tout ça. « Toujours barman ? » il tente puisque Nicky vient d’évoquer très brièvement le boulot. Aux dernières nouvelles c’est comme ça qu’il gagne sa croûte mais ça change souvent, alors il ne serait pas étonné d’apprendre qu’il a déjà trouvé autre chose. « Si je te pose la question c’est que la réponse m’intéresse, oui. » Eddie n’a pas pour habitude de poser des questions dans l’unique but de combler une conversation, et ici il s’agit vraiment d’essayer de savoir ce qui constitue la vie de son cousin dont il a l’impression de ne rien connaitre. Ce ne serait pas prévu qu’il reparte à l’aventure loin d’eux mais Nicky se demande en quoi ça peut être son problème, à lui, qu’il puisse encore disparaître un mois entier. « Dis pas n’importe quoi, bien sûr que je me préoccupe de ce que tu fais de ta peau. » Il soupire, pour le coup ce n’est peut-être pas lui le plus injuste des deux là tout de suite. « On s’en préoccupe tous. » Callie, ses frères, lui et puis les parents de Nicky, qui ne doivent pas avoir très envie eux non plus de le voir repartir de sitôt. Il ne sait pas à quel point cette soi-disant aventure était stupide car il n’en connait pas les détails mais ça ne lui a jamais paru très sain, non, comme tout ce que Nicky entreprend il faut bien le dire car il ne les a pas habitués à des actions raisonnables et prudentes jusqu’ici. « Justement je ne sais pas ce que tu fais, tout ce que je vois moi c’est ton corps marqué. Tu crois que c’est rassurant ? » Il sait bien qu’il ne peut pas être constamment sur son dos car ce ne serait pas forcément l’aider mais bon sang, Nicky l’inquiète vraiment parfois. Moins il en sait et plus il s’imagine de choses, le pire étant que ce qu’il se met en tête est peut-être vrai et même minimisé. « Tu vas toujours à tes consultations ? » Ça aussi, il voulait le lui demander alors il n’attend pas plus longtemps pour le faire. Elle est peut-être un peu risquée cette question mais elle est importante, Eddie ayant toujours été du côté de ceux qui pensent que ces consultations sont utiles, tout comme un traitement le serait d'après lui si Nicky n’y était pas fermé.
— la situation déraille. en partie par ta faute. parce que tu es trop bête pour te rendre compte de quoi que ce soit, trop idiot pour voir que la situation ne se prête pas à tes attentions. mais tu veux essayer, tu voulais essayer plus que tout, n'est-ce pas ? tu essayes, mais ce n'est jamais assez. ou alors, jamais trop bien pour eddie. lui si différent de toi, lui qui semble incapable de te comprendre, d'une manière ou d'une autre. et encore une fois, c'est l'amertume et le regret qui se glisse dans tes veines. tu n'aurais pas dû venir. tu n'aurais pas dû faire ça. tu aurais dû appeler. tu aurais dû agir différemment. mais tu ne réfléchis pas à tout ça. tu es incapable de penser à tout ça, toi qui te laisses si facilement porter par le vent. c'est pas ce que je pense de toi. tu arques un sourcil, vexé cette fois-ci. visiblement, si. que tu te contentes de répondre, las cette fois-ci. parce que dans ton esprit, tout se mélange et tout s'entremêle. qu'est-ce que tu aurais dû faire ? comment est-ce que tu aurais dû agir face à eddie ? tu soupires lentement, secoues la tête de gacuhe à droite. okay. le sale con n'a dormi que trois heures la nuit dernière, ça n'aide pas. ton regard vagabonde sur eddie. de haut en bas et de bas en haut. de droit à gauche, bien que ton cousin ne soit pas le plus épais, et encore moins en ce moment. bon dieu, ce nourrit-il correctement ? et si tu n'étais pas une catastrophe dans la vie de tous les jours ... tu secoues lentement la tête de gauche à droite. je croyais que l'insomnie c'était pas une excuse valable pour être imbuvable ? tu siffles, en référence à toutes ces fois ou eddie te l'a soufflé, alors que tu n'avais toi-même pas dormi de la nuit. pas de cadeau nicky, tu le sais bien. tu lèves les yeux au ciel, si loin que ça te fait mal. tu te pinces les lèvres quelques secondes en fermant les yeux. ça bourdonne, ça bourdonne si fort et tu as déjà l'impression d'être incapable d'aller au-delà de cette situation. incapable de sortir de ce cercle vicieux qui s'installe au fond de ton crâne. et je t'ai pas dit merci, alors merci. je sais que tu fais de ton mieux, je les vois bien tes efforts. tu te contentes de renifler, écoutant à peine ce qu'eddie est en train de te dire. tu n'as plus envie, tu n'as plus le courage, tu n'as plus la force pour ce genre de discussion avec ton cousin. pas maintenant, alors que tu voulais tout faire pour lui faire plaisir avant tout. mais on n'arrive pas à se coordonner toi et moi. quand t'es dans un bon jour moi je le suis pas, et inversement, c'est souvent comme ça. désolé de ne pas être forcément de bonne humeur quand tu débarques sans prévenir. et tu restes silencieux. totalement silencieux. tu n'as pas envie de lui répondre, tu n'as pas envie d'alimenter cette discussion. parce qu'après tout, c'est toi le problème dans tout ça, et eddie te l'a bien fais comprendre. soupir sur les lèvres, ton corps qui s'enfonce dans un fauteuil quelconque alors que tu voudrais plutôt partir en courant pour essayer de te défouler.
tu n'arrives plus à faire semblant, tu n'arrives pas à prendre assez sur toi pour dire quoique ce soit qui ne semble pas être craché au visage d'eddie. tu ne peux pas t'empêcher, après tout. c'est comme ça que tu fonctionnes. toujours barman ? qu'il demande, et tu te renfonces un peu plus encore dans ton propre esprit. dans tes propres démons. ouais. que tu te contentes de répondre. parce que de toute manière, ce job ne sera jamais assez bien pour tout le monde. il ne le dit pas, eddie, mais tu es persuadé qu'il se fiche totalement de tout ça, que sa question n'est là que pour combler le silence. et puis de toute manière, ton oncle et ta tante refusent de te voir, alors pourquoi est-ce qu'il ferait des efforts, à présent ? tu n'es là que pour retourner la vie de tout le monde, y mettre le bordel avant de partir. tu n'es bon qu'à ça. si je te pose la question c'est que la réponse m'intéresse, oui. tu te contentes d'un haussement d'épaules. tu es vexé. quoiqu'il puisse dire à présent. vexé de son comportement alors qu'il a totalement le droit de ne pas être d'humeur. mais ça ne lui donne pas le droit de te recevoir de cette manière. tu soupires un peu, secouant la tête de gauche à droite. si tu le dis. tu te contentes de répondre, ton regard s'éloignant d'eddie, ton regard se posant partout et nul part à la fois. incapable de te focaliser sur quoi que ce soit. incapable de rester cohérent. tes pensées qui s'effritent, tes pensées qui s'emballent - comme d'habitude. tes mots sont hachés, bâclés, plein de colères et de toute sorte d'émotions. dis pas n'importe quoi, bien sûr que je me préoccupe de ce que tu fais de ta peau. on s'en préoccupe tous. tu soupires un peu, hausses les épaules. rectification : vous pensez tous que j'suis juste un gamin bizarre qu'on a besoin de surveiller, donc vous le faite tous. tu marmonnes dans ta barbe. tu soupires un peu, secouant la tête de gauche à droite. la rancune est tenace, tu soupires un peu. parce qu'au final, c'est la vérité, non ? ils sont tous là, à vouloir te surveiller. à vouloir faire en sorte de constamment savoir ou tu es, ce que tu fais. ose me dire que t'as totalement confiance en moi, eddie. tu lèves une nouvelle fois les yeux au ciel.
justement je ne sais pas ce que tu fais, tout ce que je vois moi c'est ton corps marqué. tu crois que c'est rassurant ?marqué, t'as pas l'impression d'exagérer ? tu marmonnes. et puis, l'idée qui s'enfonce dans ton esprit. tu fronces un peu les sourcils, tu l'observes de haut en bas. de nous deux, rappelle moi qui s'est fait opérer dernièrement ? tu siffles, te fichant bien, soudainement de ce qu'eddie peut penser de toi. tu ne veux plus te contrôler, tu ne veux plus prendre de pincettes. tu as fais assez d'efforts. tu te pinces les lèvres quelques instants. c'est pas moi qui me blesse au point de passer sur le billard. tu ajoutes en t'enfonçant dans le fauteuil. tu te grattes la joue du bout des doigts. tu secoues la tête de gauche à droite, tu soupires un peu. et sans doute qu'il t'en voudra. mais là, tu t'en fiches. tu t'en fiches totalement, il t'as déjà assez blessé lui aussi, aujourd'hui. tu vas toujours à tes consultations ? et là, encore et toujours. come si tu n'étais pas capable d'aller par toi-même à tes séances, comme s'il fallait sans cesse te le répéter, comme on le fait pour un enfant. ouais. tu réponds avec désinvoltures et un manque cruel de motivation. ouais, j'y vais toujours. tu hausses les épaules. tu ne veux pas lui parler de ça, tu ne veux pas lui parler de tes consultations parce que ça ne le regarde pas, n'est-ce pas ? je ne prendrai pas de médicaments si c'est ce que t'essayes de savoir. tu ajoutes, toujours aussi boudeur. t'as une idée des effets secondaires de ces trucs ? même pas en rêve. tu te contentes de marmonner pour toi-même plus que pour ton cousin, cette fois-ci.
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
Comme d’habitude l’incompréhension règne et Eddie s’y prend comme un manche avec son cousin, auquel il doit certainement laisser penser qu’il n’est pas le bienvenu dans cet appartement. En réalité ce n’est pas sa visite en particulier que le danseur subit, c’est un jour où il n’a envie de voir personne ou que personne ne le voit, plutôt. Il aimerait être capable de gérer sa venue mais il doute d’avoir la patience en lui, et ce chocolat qu’il lui offre en pensant seulement bien faire est la preuve de plus qu'il n'aurait peut-être dû faire tout ce chemin pour lui. Parce qu’Eddie est vraiment dans un sale jour, ce cadeau devrait le toucher mais sa première réaction est plutôt d’en vouloir à son cousin comme si ce dernier était dans sa tête, et pouvait savoir qu’il s’interdit désormais le moindre plaisir chocolaté. Il doit le trouver encore plus barbant maintenant qu’il fait en plus attention à ce qu’il mange même si, sur le moment, Nicky pense surtout de lui qu’il n’est qu’un sale con. Et imbuvable aussi, ce que le fait de peu dormir ne justifierait pas. Eddie a besoin de l’entendre pour réaliser à quel point il peut être infect parfois, ces derniers temps sa frustration dégouline sur tout le monde et ce malgré lui, parce qu’il ne s’est pas réveillé après son opération en se disant qu’il allait en faire baver à ses proches. Il est injuste ça ne change pas, et sûrement pas assez reconnaissant non plus pour ce que les autres font pour lui. « Et la douleur c’est une excuse valable ? » il demande avant de laisser échapper un soupir. La douleur est plus pesante que la fatigue en réalité car son corps est habitué au manque de sommeil, il faut voir le rythme de vie qu’il menait jusque là. Eddie devient si facilement irritable lorsque la douleur s'empare de lui, son chirurgien lui ayant en plus dit de se rabattre sur les antalgiques en tout dernier recours pour préserver son foie. Celle de sa blessure s’en est allée mais pour laisser place à la douleur post-opératoire, bien plus tolérable mais quand même là pour lui rappeler que sa vie a changé. Et c’est finalement ça qui la rend si difficile à supporter alors qu’il a déjà enduré tellement pire, elle ne devrait pas exister selon lui cette douleur. Il pensait être soulagé pour de bon Eddie, il n’a pas signé pour souffrir encore un peu derrière comme si cette opération n’avait pas déjà assez flingué sa vie. Il ne sait plus ce qu’est un genou silencieux, il ne se rappelle même plus la dernière fois qu’il a mené sa vie sans y penser et ça le tue que même en convalescence il n’ait pas un plein répit. « Mon genou se réveille encore souvent, j’ai l’impression que c’est sans fin et ce n’est pas idéal pour dormir quand ça lance en pleine nuit je t’avoue. » Même si c’est normal d’après son chirurgien, que sa cicatrisation sera longue et que son genou peut rester sensible encore des mois. Peut-être qu’il en attendait trop, il s’est quand même rendu au bloc avec une fissure du ménisque frôlant la déchirure alors oui, ç’aurait été bien trop simple qu’il retrouve aussi vite une vie normale sans morfler un minimum. Les complications il y pense bien sûr, certains jours il se demande si tout ça ne cache pas quelque chose mais il est suivi, sa prochaine radio est d’ailleurs prévue pour dans quatre jours. En attendant il râle, beaucoup, et il en veut aux autres comme si la responsabilité n’était pas entièrement la sienne.
Nicky est donc toujours barman, quand il entend ça il ne peut pas s’empêcher de prendre un petit air surpris parce qu’il s’est jusqu’ici essayé à beaucoup de choses sans jamais perdurer dans rien. Son cousin n’est pas comme lui, qui sait depuis qu’il est ado ce qu’il veut faire et qui n’imaginait pas sa vie suivre une autre direction que celle qu’il a empruntée avec la danse. Pour Nicky ça a toujours été beaucoup plus flou et c’est vrai, Eddie n’a pas toujours compris que l’on puisse errer de petit job en petit job sans savoir dans quoi on se voit vraiment. Il a jugé cette absence de stabilité par le passé mais désormais il veut surtout s’assurer que Nicky parvient à gagner sa vie, le moyen n’importe plus autant qu’avant et sa question est d’ailleurs plus un moyen de tenter de dialoguer qu’autre chose. « Ça fait un petit moment maintenant, on peut dire que c’est quelque chose qui te plait cette fois ? » Sa curiosité va peut-être bien lui être renvoyée en pleine figure mais il s’intéresse quand même, lui qui considère savoir trop peu de choses de la vie de son cousin. Et justement Nicky se sent fliqué, leur inquiétude à tous est perçue comme une surveillance qui semble trop lourde pour le jeune Yang. « T’es pas bizarre Nicky, t’es.. » Il cherche ses mots mais sait déjà celui qu'il ne prononcera pas. Nicky souffre d’un trouble identifié depuis plusieurs années mais Eddie ne sait toujours pas comment en parler, un trouble encore très tabou en ce qui le concerne et quand on l’interroge sur son cousin il préfère dire que celui-ci est un garçon intense, effervescent plutôt qu’agité, remuant plutôt qu’hyperactif. Il aimerait l’assumer aussi bien que Callie mais il n’a jamais entièrement accepté l’idée que Nicky avait ce truc en lui. Eddie se sent impuissant, aussi, quand ce trouble envahit à ce point sa vie et qu’il ne peut pas l’aider. Il doit même faire tout le contraire sans le vouloir en réagissant toujours à côté, en devenant presque automatiquement injuste quand il est trop perdu. « Dur à suivre. » C'est fatiguant d'essayer de garder un œil sur lui, à ses yeux Nicky est avant tout une énigme qu’il est incapable de résoudre parce qu’il ne comprend rien à son fonctionnement interne, il ne sait jamais vraiment comment l’approcher et c’est la raison pour laquelle leurs échanges les éprouvent autant l'un et l'autre. « On te surveille parce qu’on tient à toi et parce que parfois tu nous inquiètes, tu crois qu’on fait ça par plaisir ou encore pour t’embêter ? » Ça ne les amuse pas de se torturer l’esprit à se demander sans cesse où il traine encore, et avec qui. Ils ont beau le surveiller comme il dit au final personne n’a le contrôle sur rien, Nicky reste un électron libre qu’il est facile de perdre dans la nature. Quant à savoir si Eddie a totalement confiance en lui il n’est pas question de lui mentir. Le danseur soupire une nouvelle fois, la tournure que prend cette discussion ne lui plait décidément pas. « Non c’est vrai.. et tu sais pourquoi ? Il n’y a pas de confiance sans un minimum de tranquillité, et moi j’ai du mal à être tranquille quand je sais pas dans quoi tu t’embarques. » Il n’aime pas l’imaginer livré à lui-même dehors et il ne tient pas à le voir disparaître de nouveau comme il y a quelques mois, sans savoir quand il reviendra, ni dans quel état.
Il exagèrerait en mentionnant son corps souvent marqué comme si c’était finalement normal que Nicky leur revienne un peu amoché parfois. Si au moins il savait comment il se fait ça, lui aussi s’abîme parfois mais en ce qui le concerne on sait bien que c'est forcément en dansant. Et à ce propos Nicky ne manque pas de lui rappeler que c’est lui l’éclopé de leur duo, en clair l’abruti qui n’a pas été foutu de prendre soin de lui-même. « Tu es content de pouvoir me la sortir, celle-là. » Ça devait le démanger alors qu’il en profite pour tirer sur l’ambulance oui, ce n’est pas plaisant à entendre et pourtant Nicky n’a pas tort dans tout ce qu’il avance, au fond c’est peut-être ça le plus triste. Son regard dévie durement vers lui, le sujet est évidemment sensible car plus que jamais d’actualité. « Oui j’ai fait le con et t’as vu où j’en suis maintenant ? » Il n’y a qu’à le regarder pour le comprendre, Eddie n’est plus que l’ombre de lui-même car physiquement comme moralement cette opération l’a vraiment fait trinquer. La remarque de Nicky le secoue, c’est finalement pire que si quelqu’un lui faisait encore la morale pour son genou parce que ça revient à lui mettre directement le nez dans sa merde. Alors sans prévenir il tape au sol avec sa béquille dans un coup franc, qu’il ne mesure pas vraiment. Tant pis pour ses voisins du dessous Eddie ne maitrise pas sa force aujourd’hui, et en fait là tout de suite il se moque bien d’importuner qui que ce soit car les mots de son cousin résonnent en lui avec encore trop d’amertume. « Je regrette d’avoir laissé cette blessure dégénérer mais toi, t’as vraiment besoin de me le rappeler ? Je risque pas d’oublier à quel point ma vie est devenue merdique hein. » Ça s’entend et ça se voit qu’il déteste son nouveau quotidien Eddie, face à son cousin il n’essaie même pas de sauver les apparences. Il sait que d’autres endurent bien pire mais il ne peut pas être heureux dans une vie se résumant à être claudiquant, enfermé la plupart du temps chez lui, privé de sa passion et en froid avec sa sœur, pour couronner le tout. Il se retrouve aussi plus ou moins au chômage avec un sacré manque à gagner à cause des cours qu’il ne peut plus honorer alors qu'il paie toujours la location de son studio, et sa place au théâtre est aussi incertaine car en cinq mois il peut s’en passer des choses sans lui, des chorégraphes disponibles ce n'est pas ce qui manque dans le milieu. Eddie se doute bien que Charles et les autres ne l’attendront pas pour avancer car la terre ne s’arrête pas de tourner parce qu’il ne peut soudainement plus danser, heureusement que sa vie sentimentale est hautement plus palpitante à côté même si sa relation naissante avec Halston constitue son seul vrai refuge et le rend du coup un peu trop dépendant d’elle. Dans tout ça Nicky continue au moins d’aller à ses séances, c’est l’information rassurante du jour. « Je suis content de l’entendre Nicky. » il formule dans un léger sourire, en espérant qu’il ne lui dit pas ça pour le contenter et que c’est bien la vérité. Le jeune Yang s’imagine que c’est un moyen détourné pour remettre sur la table ce traitement dont il veut pas, et la raison de ce refus est toujours la même : les effets secondaires. Sujet délicat là encore car c’est beaucoup revenu des deux côtés des Yang ces dernières années, le choix de Nicky n’étant pas accepté par tous et Eddie étant plutôt de ceux qui voudraient donner une chance à ce traitement. « Je connais pas ces effets dont tu parles mais des tas de gens comme toi suivent ce traitement, non ? Je suppose que ça doit quand même bien les aider. » Ce qu’il veut dire en s’exprimant maladroitement c’est que ce traitement existe bien pour une raison, s’il est utilisé pour les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité alors il présume que ça change quand même le quotidien de certaines personnes. Personne ne pourra forcer Nicky à suivre un traitement médicamenteux mais personne ne peut non plus affirmer qu’il le supportera forcément mal, la tolérance d’un traitement variant d’une personne à une autre. « Tu ne voudrais même pas essayer ? Voir comment toi t’y réagis car ça doit dépendre des personnes, peut-être qu’à toi ça te réussirait. » Il tente Eddie, il voudrait juste que Nicky mette toutes les chances de son côté mais il se gardera bien d’insister cette fois pour ne pas le braquer encore plus. Lui pense toujours que c’est une piste à envisager sauf que son cousin ne veut pas en entendre parler, et face à ça il a conscience de ne pas pouvoir faire grand-chose. Tout ce qu’il espère c’est que Nicky ne va pas s’énerver car ses questions très orientées seront peut-être de trop dans cet échange qui ne partait déjà pas très bien.
— et la douleur c'est une excuse valable ? tu fronces un peu les sourcils, haussant simplement les épaules. ça, tu ne connais pas. tu ne connais pas cette douleur. pas celle-là, tout du moins. pas celle qu'eddie peut ressentir en ce moment. et, pour une fois. pour une fois dans ta vie, tu as la lucidité d'esprit de ne pas répondre à ton cousin. mon genou se réveille encore souvent, j'ai l'impression que c'est sans fin et ce n'est pas idéal pour dormir quand ça lance en pleine nuit je t'avoue. tu hausses un peu les épaules, soupirant un peu. prends tes anti-douleurs. tu marmonnes, plus pour toi que pour lui. tu soupires un peu. c'est compliqué, comme situation. bien trop compliqué. et tu n'as aucune idée de comment gérer cette situation. tu ne sais pas le faire, toi. tu ne sais pas comment gérer ... une relation humaine, qu'elle quelle soit.
la conversation se détourne rapidement. pour se centrer sur toi. évidemment. les reproches, toujours les mêmes. toujours la même chose, de toute manière. un long soupir s'échappe de tes lèvres. ta vie n'est pas simple, ton esprit est un dédale sans fin. comme si tu n'en était pas conscient. ça fait un petit moment maintenant, on peut dire que c'est quelque chose qui te plait cette fois ? tu soupires un peu. on peut dire ça comme ça, je suppose. tu te contentes de répondre dans un haussement d'épaules. de toute manière, pourquoi est-ce qu'il s'intéresse à ça, eddie ? tout ce qu'il veut, en réalité, c'est te fliquer, comme le reste de la famille. te surveiller, rien de plus. parce qu'à leurs yeux, tu n'es qu'un gamin étrange, le gamin qu'il faut contrôler, qu'on n'assume pas totalement. t'es pas bizarre nicky, t'es ... tu fronces un peu les sourcils. je suis quoi ? malade ? perturbé ? tu siffles simplement dans un soupir. j'ai pas fais exprès d'avoir un tdah. tu réponds sèchement, ne le laissant pas terminer sa phrase. et tu t'en fiches. c'est ce qu'il pense, de toute manière. n'est-ce pas ? comme si c'était de ta faute. comme si tu l'avais fais exprès, juste pour emmerder tout ton monde, constamment. tu aimerais vivre sans. tu aimerais vivre normalement. réussir à faire des études, à trouver un métier qui rend fier tes parents. mais tu es incapable de le faire. incapable d'être l'enfant que tout le monde voudrait que tu sois. dur à suivre. tu arques un sourcil et ton regard brun se pose sur ton cousin. encore un joli mot pour dire que je suis casse-couilles, hyung. une constatation. rien de plus. une constatation, aussi douloureuse soit-elle. tu hausses un peu les épaules, fermes les yeux un bref instant. tu te grattes la joue du bout des doigts et tu souffles lentement pour essayer d'être le plus calme possible. aussi compliqué, soit-il pour toi. ne voit-il pas à quel point tu fais des efforts ?on te surveille parce qu'on tient à toi et parce que parfois, tu nous inquiètes, tu crois qu'on fait ça par plaisir ou encore pour t'embêter ? tu l'observes de haut en bas, ne sachant pas quoi dire, un petit soupir sur les lèvres. il ne te fait pas confiance, c'est tout. et tu le sais parfaitement. tu ne peux t'empêcher de le confronter à cette situation. non c'est vrai... et tu sais pourquoi ? il n'y a pas de confiance sans un minimum de tranquillité, et moi, j'ai du mal à être tranquille quand je ne sais pas dans quoi tu t'embarques. tu renifles silencieusement, secouant la tête de gauche à droite. et tu comptes donc être sur mon dos jusqu'à la fin de ma vie ? par pitié, eddie. tu glisses tes doigts contre ton visage, soupirant un peu. tu vis ta vie, je vis la mienne. tu siffles. oui, tu as disparu pendant 1 mois. mais t'es là, et c'est le plus important.
tu es content de pouvoir me la sortir, celle-là. tu n'as pas pu t'en empêcher. quand il te reproche de rentrer avec des blessures. mais tu as raison, après tout. ce n'est pas toi qui a été hospitalisé, opéré aussi. à cause d'une blessure. tu n'en es jamais arrivé là, toi, au moins. oui j'ai fait le con et t'as vu où j'en suis maintenant ? tu hausses simplement les épaules. ce n'est pas ton problème, ça. c'est lui, qui a décidé de gâcher sa propre vie, d'une certaine manière. tu as gâché la tienne assez de fois déjà. tu sursautes un peu quand sa béquille frappe le sol. et oui, peut-être que tu as dépassé les bornes. je regrette d'avoir laissé cette blessure générer mais toi, t'as vraiment besoin de me le rappeler ? je risque pas d'oublier à quel point ma vie est devenue merdique hein. tu l'observes d'un regard froid. pourquoi est-ce que vos discussions tournent toujours de cette manière ? mal. et toi, t'es vraiment obligé d'agir comme tu le fais avec moi ? comme si t'étais un dieu qui n'a rien à se reprocher et que je n'étais que la sous-merde perturbée qui te sert de cousin. tu te contentes de siffler en glissant tes mains dans ta nuque, secouant un peu la tête de gauche à droite. tu prends sur toi. tu prends tellement sur toi. il y a quelques années encore, tu aurais été incapable de le faire. c'est un bon point, non ? tu te pinces un peu les lèvres, tu te promets de parler de cette discussion avec ta psy. parce qu'elle te touche plus que tu ne le voudrais. bien plus. tu ramènes tes genoux contre ton torse, te refermant un peu plus encore. elle m'aide beaucoup. tu te contentes de répondre quand il parle de tes séances chez la psy. je suis content de l'entendre nicky. tu détestes cette situation, quand tes émotions vont et viennent, quand tu as l'impression que tu vas exploser à chaque instant. ça tourne trop vite dans ton cerveau, tu n'arrives pas à te focaliser, à analyser ce qu'il se passe tout autour de toi. mais tu arrives à savoir que si eddie parle de ta psy, il va parler du traitement que tu refuses de prendre. c'est comme un réflexe, quand vous abordez ce sujet.
je connais pas ces effets ton tu parles mais des tas de gens comme toi suivent ce traitement, non ? je suppose que ça doit même bien les aider. tu te mords l'intérieur de la joue un instant, tu te redresses presque brusquement. tu ne supportes plus de rester assit. tu as besoin de bouger, tu as besoin de dépenser de l'énergie. tu commences à faire les cent pas dans la petite pièce. tu ne voudrais même pas essayer ? voir comme toi t'y réagis, car ça doit dépendre des personnes, peut-être qu'à toi ça te réussirait. tu lèves les yeux au ciel. tu sais pas de quoi tu parles, eddie. tu siffles en secouant la tête de gauche à droite. tu geins un peu, récupérant ton téléphone. tes mouvements deviennent désorganisés et tu manques de trébucher. tu récupères tout de même l'appareil. ma psy actuelle est contre ce genre de traitements, déjà, hein. ça montre à quel point c'est bien de la merde. tu soupires lourdement en essayant de reprendre tes esprits. tu cherches sur ton téléphone, scrollant à travers tes trop nombreuses notes. alors, dans les effets habituels, du genre hein, effets secondaires que tout le monde ressent : maux de crâne, perte d'appétit, sécheresse buccale, nausées, douleurs abdos. puis tout un tas de troubles sociaux, émotionnels, de l'humeur. des troubles cardiaques et de la pression artérielle. sans compte l'accentuation des putain de troubles du sommeil que je me tape déjà. tu plantes ton regard dans celui d'eddie. tu ne veux pas de ce traitement, tu ne veux pas gâcher ta vie un peu plus encore. tu glisses tes doigts dans tes cheveux et tu soupires un peu. puis à ça, tu rajoutes aussi genre, les effets plus graves. genre allergies, confusion, hallucinations psychose, difficultés respiratoires ... et ça peut aller jusqu'aux idées noires et au suicide. tu lâches dans un lourd soupir. ton choix est arrêté depuis de longues années déjà. je ne prendrais pas ce traitement eddie. si tu veux que je le prenne, il faudra m'enfoncer les comprimés au fond de la gorge. tu ajoutes simplement en laissant tomber ton téléphone sur tes affaires, reprenant tes cents pas, incapable de t'en empêcher.
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
Qu’il prenne ses antidouleurs, c’est la réponse que lui sert son cousin quand il ose encore évoquer les conséquences de son opération. Eddie a l’impression de ne pas avoir le droit d’avoir mal ou tout du moins de le faire savoir autour de lui parce qu'il doit sa misère à lui-même, alors il ferait sans doute mieux de souffrir en silence pour n’importuner personne. Cette douleur est là pourtant, Nicky ne veut juste pas en entendre parler et c’est certainement aussi le cas pour les autres. Il savait qu’il aurait mieux fait de garder ça pour lui mais ça joue dans le fait que son humeur soit très changeante ces jours-ci, son cousin l’a toujours perçu comme un sacré rabat-joie mais ce n’était rien à côté de ce que ça doit être maintenant. Sauf qu’il n’a aucune excuse Eddie, il a caché sa blessure à tout le monde pendant des mois parce qu’il se croyait invincible alors aujourd’hui plus personne n’est disposé à le plaindre, il n’avait qu’à faire ce qu’il fallait pour s’éviter tout ça. « Le chirurgien m’a dit de les prendre en dernier recours, ça peut flinguer mon foie. » il se contente de lui répondre d’une voix morne comme s’il récitait un texte, sans trop savoir pourquoi il précise ça alors que Nicky ne doit pas en avoir grand-chose à faire des recommandations de son chirurgien. Il fait attention Eddie parce qu’il a avalé ces machins comme des bonbons pendant des mois lorsqu’il essayait encore de se convaincre que tout allait bien, s’il peut au moins s’épargner d’autres problèmes de santé ce sera déjà ça de gagné. Il va donc serrer les dents et s’en tenir à un comprimé par jour grand maximum même si ça ne doit le soulager que quelques heures, son foie lui dira merci plus tard.
Barman, ce job semble mieux réussir à Nicky que les précédents. C’est ce que son jeune cousin suppose aussi et Eddie est plutôt content de l’entendre, après tout il l’a toujours connu très éphémère dans tout ce qu’il pouvait entreprendre alors ce début de stabilité n'est pas une mauvaise chose. Il se dit que Nicky finira sans doute par s’en lasser comme du reste mais une part de lui espère quand même le voir durer là-dedans, si vraiment ça lui plait assez. Eddie sait bien qu’il n’a pas son mot à dire sur la façon dont son cousin peut gagner sa vie et tant qu’il travaille, de toute manière, il n’est pas trop disposé à s’en mêler. Il a déjà un avis à émettre sur bien assez de choses le concernant, Nicky supportant de moins en moins ce regard qu’il garde constamment sur lui. Son cousin qu’il a tant de mal à comprendre, mais qu’il ne considère pas pour autant malade ou perturbé comme il dit. « Je n’aime pas ces mots. » il souffle en remuant lentement la tête pour chasser aussitôt ces idées. Mettre des mots sur comment il perçoit Nicky n’est pas simple mais il se refuse à le voir comme quelqu’un de malade, il trouve que ça ne lui correspond pas. Eddie soupire lourdement alors que le jeune Yang lui rappelle qu’il ne fait pas exprès de souffrir d’un tdah. « Est-ce que j’ai seulement prétendu le contraire ? » Pour le coup il serait très injuste d’avancer une telle chose car il n’ignore pas que ces choses-là tombent dessus sans prévenir, Nicky n’a pas décidé un beau jour de devenir hyperactif. « Je sais bien que tu n’as rien choisi alors me fais pas dire ce que j’ai pas dit. » Son ton est ferme, il veut bien croire que ce soit dur à gérer pour quelqu’un qui en souffre mais il n’apprécie pas qu’on déforme ainsi ses propos pour le faire passer pour le méchant, encore et toujours. C’est comme en conclure qu’il est casse-couilles à partir du fait qu’il le trouve dur à suivre, c’est à croire que quoi qu’il dise ce sera mal perçu. Il soupire à nouveau et se demande s’il ne ferait pas mieux de se taire pour de bon. Son cousin et lui ne se comprennent pas, chaque fois qu’il ouvre la bouche il a le sentiment de l’irriter malgré lui et il ne sait pas si c’est parce qu’il s’y prend vraiment mal, ou si c’est parce que Nicky prend tout mal. « Tu sais j’aimerais bien être assez serein pour ne plus être sur ton dos, comme tu dis. » Le laisser vivre sa vie sans jamais s’inquiéter de rien, oui, il adorerait Eddie mais en attendant Nicky ne fait pas grand-chose pour le tranquilliser. Quand il revient avec des marques sur le corps ou quand il disparait x temps sans dire où il va, pour Nicky tout ça est normal mais c’est une normalité à laquelle Eddie ne se fera jamais. « Mes parents ne comprennent pas non plus pourquoi je veille autant au grain avec toi mais je ne te laisserai pas tomber comme eux, à moins que ce soit ce que tu préfères.. » Sujet sensible, il le sait bien, mais il tient à lui rappeler que lui n’a pas baissé les bras comme l’ont fait son oncle et sa tante. Il le flique peut-être mais au moins il ne lui tourne pas le dos, non seulement il s’intéresse à lui mais il s’inquiète, aussi. Eddie préfère encore en faire trop que ne rien faire du tout, quand il voit que ses parents ont renié leur neveu et ont réussi à faire tout un tabou de lui.
Il n’y a que la vérité qui blesse, n’est-ce pas. Eddie peut le confirmer aujourd’hui car il n’avait pas besoin qu’on lui redise à quel point il a merdé, et à quel point il mérite tout ce qui lui arrive en ce moment. Cette blessure qu’il a laissé s’aggraver pendant des mois n’est vraiment pas sa plus grande fierté et ça Nicky est censé le savoir, il pense donner assez l’impression de regretter tous ces choix jusqu’ici pour qu’on ne vienne pas appuyer dessus derrière. Parce que tout ça n’est bon qu’à l’enfoncer quand il peine déjà à rester à la surface. Nicky pense encore qu’Eddie se croit cent fois mieux que lui et estime n’avoir rien à se reprocher, mais comment lui dire qu’il vit en réalité avec des tas de remords et la conscience tout sauf tranquille. « Oh Nicky, si tu savais. Je suis loin de me penser irréprochable et surtout en ce moment. » À nouveau il soupire, peut-être qu’il ne voudra pas l’entendre mais non, il n’est pas un pseudo dieu qui considère ne jamais faire d’erreurs. « Je me déteste comme tu n’as pas idée.. » La réalité est celle-là, aujourd’hui. Eddie ne supporte même plus son reflet dans une glace parce qu’il sait bien qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour le fait qu’une partie de sa vie se soit cassé la figure dernièrement. Il se déteste d’avoir été aussi fier et aussi imprudent, il se déteste d’avoir saboté sa propre chance à un âge où il pourrait accomplir de grandes choses. Quel con il a été, pourquoi est-ce qu’il faut toujours qu’il agisse d’abord et réfléchisse après coup ? Quant à Nicky, il ne supporte encore pas les propos qu’il tient. « Et bon sang ne dis pas ce genre de choses ! Une sous-merde perturbée non mais tu t’entends ? Je ne penserai jamais ça de toi. » Jamais. Il peut le croire ou non, ce n’est pas la perception qu’il a de lui. Nicky le fatigue à un point inimaginable parfois et peut aussi sacrément le perdre avec ses réactions mais une sous-merde.. ce terme lui donne mal au bide, tout simplement. Dans tout ça ils tirent quand même un peu de positif avec ces séances que Nicky continue apparemment de suivre, et qui l’aideraient d’ailleurs beaucoup d’après son propre aveu. « Tu dois la revoir prochainement ? » il questionne en cherchant à se reconnecter à cet échange qu’il aurait bien aimé fuir, quelques minutes plus tôt. Eddie tente de se réjouir du fait que ce suivi lui soit bénéfique mais quand Nicky est face à lui il ne voit pas d’amélioration, ce qu’il voit c’est qu’échanger avec lui est toujours aussi compliqué.
Nicky s’agite et comme d’habitude il ne sait pas gérer ça. Alors il le regarde se mouvoir d’un point à un autre de la pièce, à défaut de savoir quoi faire ou quoi lui dire. L’éternel sujet du traitement médicamenteux s’invite dans leur discussion et ce n’est ça pas qui risque de calmer le jeune Yang, toujours aussi fermé à l’idée de prendre la moindre pilule. Eddie ne saurait pas de quoi il parle alors il ouvre grand ses oreilles et il l’écoute, pour une fois. Jusqu’ici il pensait que Nicky ne voulait pas s’encombrer d’un traitement parce que ça l’obligerait à devoir y penser et représenterait trop de contraintes pour lui, mais sa psy elle-même ne l’approuverait pas. Il ne s’en doutait pas, et c’est vrai que d’un coup ça ne le rassure pas trop sur le traitement en question. « D’accord mais.. tu aurais peut-être dû commencer par là du coup, je savais pas que ce traitement était aussi contesté. » Par des professionnels, ce n’est quand même pas rien ou peut-être n’a-t-il pas voulu l’entendre avant aujourd’hui. Alors, sont-ils si terribles ces effets secondaires ? Eddie se pose encore la question mais Nicky lui apporte bien vite un élément de réponse en dégainant son téléphone. « Je.. » Un, deux.. dix.. quinze effets et même plus, la liste s’allonge et il se voit énumérer chacun d’entre eux. « Nicky ?.. j’ai compris Nicky, tu peux t’arrêter. » il souffle sans que son cousin ne se stoppe pour autant, il va au bout de sa liste comme pour s’assurer qu’il se prendra en pleine figure la moindre conséquence que ce traitement pourrait avoir sur lui. « Ça fait un paquet d’effets secondaires.. j’en avais pas conscience. » Il l'aurait peut-être su s’il avait lui-même fait ces recherches mais il n’avait pas considéré ça utile jusqu’ici, à tort visiblement. « C’est censé améliorer ta vie, pas l’empirer alors je comprends mieux pourquoi tu n’en veux pas. Je trouve juste aberrant qu’en 2021 on ne fasse pas de traitements plus tolérables pour.. ce que tu as. » À leur époque c’est donc tout ce qui est proposé aux personnes comme Nicky ? Il ne trouve pas ça normal Eddie, ce n’est pas son domaine mais ça va aussi le pousser à jeter un œil bien plus attentif à chaque notice de médicament à l’avenir. « Mais tu comprends, toi, que je veux avant tout t’aider ? Ce n’est pas pour t’embêter que j’étais en faveur d’un traitement, je voudrais juste que tu vives mieux avec ce trouble. » Il est possible qu’il gaspille sa salive en le lui disant mais il s’efforce quand même de clarifier les choses, si toutefois Nicky est encore disposé à l’écouter. Ce traitement n’était pas censé être une punition, ce n’est pas dans ce but qu’il y était favorable. « Parce que ça fait partie de toi, il a jamais été question de l’effacer mais bien de l’atténuer. » L’apaiser et non le soigner parce que ça c’est impossible, il sait au moins ça de son tdah. Nicky a ça en lui et on ne lui retirera pas.
— tu l'écoutes à peine, eddie. tu te fiches de ses excuses. il a mal ? qu'il prenne les anti-douleurs qui lui sont prescrit. c'est simple, n'est-ce pas ? pourquoi est-ce qu'il rend tout ça bien trop compliqué ? pour ne pas changer, d'ailleurs. tu te pinces les lèvres de longues secondes, les sourcils légèrement froncés face à ton cousin. vous ne vous comprendrez définitivement jamais. le chirurgien m'a dit de les prendre en dernier recours, ça peut flinguer mon foie. et tu ne réponds pas, tu écoutes à peine, pour ne pas changer. sauf que cette fois, c'est volontaire. totalement volontaire de ta part. parce qu'eddie, il te le reproche bien assez : ne pas l'écouter. tu le fais. tu l'écoutes. mais tu oublies. parce que tu fonctionnes de cette manière. et ça, eddie ne semble pas encore le comprendre. tu ne fais pas tout ça pour gâcher sa vie. loin de là. si seulement il était capable de voir tous les efforts que tu fais. mais votre discussion tourne en rond. comme souvent, comme toujours. elle revient au même point, aux mêmes mots, à la même vision qu'il t'impose de toi-même, sans même que tu en sois conscient. sans qu'il n'en soit conscient. je n'aime pas ces mots. tu fronces un peu les sourcils et tu hausses les épaules. alors arrête d'agir comme s'ils étaient vrais. tu te contentes de répondre. tu n'es pas malade. tu es normal, banalement normal. avec un petit trouble en plus qui vient gâcher ta vie et celle de tes proches. tu fermes les yeux quelques instants. est-ce que j'ai seulement prétendu le contraire ? tu ne sais même pas quoi lui répondre. parce que son comportement entier semble te crier tout ça. je sais bien que tu n'as rien choisi alors ne me fais pas dire ce que j'ai pas dit. tu soupires un peu, tu hausses les épaules à ses mots, à peine réceptif à la fermeté de son ton. que pense-t-il ? que parce qu'il parle froidement, tu vas l'écouter un peu plus ? parfois c'est à se demander. tu réponds dans un soupir, pour avoir le dernier mot. petit merdeux, tu n'aimes pas que quelqu'un ait raison par rapport à tes mots. mais tu n'insistes pas non plus. ce petit jeu deviendrait puéril et tu te sais perdant face à eddie. tu as toujours été perdant face à lui. parce que tes parents auraient sans doute préféré avoir un petit dernier comme lui. ambitieux, doué, fier. plutôt que le fils que tu es. un soupir s'échappe de tes lèvres. tu sais j'aimerais bien être assez serein pour ne plus être sur ton dos, comme tu dis. tu ne peux t'empêcher de lever les yeux au ciel de toute tes forces. mes parents ne comprennent pas non plus pourquoi je veille autant au grain avec toi, mais je ne te laisserai pas tomber comme eux, à moins que ce soit ce que tu préfères.. tu l'observes de haut en bas, soudainement fermé. tu n'aimes pas quand il parle de ses parents. tu n'aimes pas parler de ton oncle et de ta tante. ils t'ont totalement rejeté. pour ce trouble duquel tu n'es même pas responsable. qu'est-ce que tu attends pour le faire alors ? tu siffles en fermant les yeux un instant, blessé.
et tu ne retiens pas tes mots. pour te venger ? tu n'en sais trop rien. tu soupires tout bas, lui remettant ses propres emmerdes face à lui. quoi lui dire de plus, après tout ? quoi faire, hormis te défendre ? attaquer, toi aussi. grogner et finir par mordre s'il le faut. oh nicky, si tu savais. je suis loin de me penser irréprochable et surtout en ce moment. je me déteste comme tu n'as pas idée.. tu fronces un peu les sourcils, haussant un peu les épaules. c'est bien. on est deux. tu te contentes de répondre sèchement. deux à vous détester, dans cette famille ou rien ne va. rien, rien du tout, n'est-ce pas ? tu glisses une main contre ton visage dans un soupir. tu te grattes la joue un instant, tu ne sais pas quoi ajouter. parce qu'eddie, il a beau te dire ça, il continue de jouer au grand, il continue d'agir comme s'il savait tout, comme s'il était bien supérieur à toi. comme si tu n'étais rien, et qu'il était parfait. et bon sang ne dis pas ce genre de choses ! une sous-merde perturbée non mais tu t'entends ? je ne penserai jamais ça de toi. tu renifles silencieusement. c'est pourtant comme ça que tu agis. tu te contentes de répondre. à tes yeux tout du moins. mais encore une fois, c'est très certainement au fond de ton crâne. de ta faute. ta manière de voir les choses, qui ne peut être que fausse. tu dois la revoir prochainement ?ta psy. elle t'aide, à accepter. à réfléchir, à t'organiser. mais tu t'en sors mieux quand tu es seul. montrer tes progrès ... c'est compliqué. tu as l'impression que ton entourage ne te comprendra pas. en décembre. tu te contentes de répondre. parce que tu as oublié la date exacte. mais elle est notée dans les rappels de ton téléphone. tu n'as pas envie de chercher. tu n'as plus envie de te battre contre eddie. il ne comprend pas, de toute manière.
tu es pourtant bien obligé de le faire. répondre. encore, encore et toujours. parce qu'il veut avoir raison. mais il ne sait pas de quoi il parle. il n'en a aucune idée, n'est-ce pas ? il veut que tu prennes ces médicaments, mais il ne sait pas de quoi il en retourne. d'accord mais... tu aurais peut-être dû commencer par là du coup, je savais pas que ce traitement était aussi contesté. tu t'arrêtes dans tes cents pas. tu fronces les sourcils de longues secondes. parce que soudainement mon refus devient valable, eddie ? parce qu'elle est contre, j'ai le droit d'être contre ? tu peux pas juste prendre en compte mon avis sans que j'ai besoin de me justifier ? putain, j'ai pas quatre ans, je sais prendre des décisions par moi-même, et pour mon propre confort. tu te contentes de souffler. mais tu es face à eddie. alors tu continues. tu continues encore et encore. tu fronces les sourcils, tu récupères ton téléphone, cette liste sans fin que l'on t'a donnée il y a quelques années. et tu te contentes d'énumérer. de lire. de lui dire. je... tu ne comptes pas t'arrêter. nicky ?.. j'ai compris nicky, tu peux t'arrêter. mais tu ne le fais pas avant la fin. tu soupires un peu, balances ton téléphone sur le fauteuil avec un soupir. quoi faire de plus ? tu te pinces les lèvres un instant. ça fait un paquet d'effets secondaires... j'en avais pas conscience. c'est censé améliorer ta vie, pas l'empirer alors je comprends mieux pourquoi tu n'en veux pas. je trouve juste aberrant qu'en 2021 on ne fasse pas de traitements plus tolérables pour... ce que tu as. tu lèves les yeux aux ciels. encore une fois. parce que tu ne vois pas les choses de cette manière. pas comme ça. tu fermes les yeux de longues secondes et tu serres les poings, tes ongles s'enfonçant dans tes paumes. durement, bien trop durement. mais tu comprends, toi, que je veux avant tout t'aider ? ce n'est pas pour t'embêter que j'étais en faveur d'un traitement, je voudrais juste que tu vives mieux avec ce trouble. tu secoues la tête de gauche à droite, tu prends une lentes inspiration. non. tu veux mieux vivre avec mon trouble. je vis très bien avec, eddie. tu te contentes de répondre avec un petit soupir sur les lèvres. tu glisses tes doigts dans ta nuque et tu soupires un peu. pourquoi est-ce qu'il refuse de comprendre ? tu l'as coupé dans ses mots. tu ne veux pas entendre la fin de sa phrase. parce que ça fait partie de toi, il a jamais été question de l'effacer mais bien de l'atténuer. tu hausses les épaules à ses mots. tu soupires lourdement. pourquoi ça devrait l'atténuer, eddie ? pour que tu vives mieux ? moi je suis très bien comme ça. j'ai un trouble. ouais, et alors ? ça fait partie de moi, même si c'est fort et très présent. mais c'est comme ça. et tu vois, c'est à ça qu'elles servent mes séances chez la psy. à m'aider à l'accepter. à m'aider à vivre avec. tu te contentes de répondre durement. tu te pinces les lèvres quelques instants. c'est l'impression que tu as de la situation : c'est lui qui ne l'accepte pas, ce trouble. toi tu n'as pas le choix. eddie refuse de te laisser totalement vivre. p'être que tu devrais venir la voir. p'être qu'elle au moins elle arrivera à te faire comprendre que y'a rien à soigner, rien à rendre plus tolérable et rien à atténuer. c'est comme ça et il serait temps que tu l'acceptes. tu marmonnes simplement. parce que plus tu essayes de vivre le plus normalement possible, pire sont tes symptômes. c'est essayer d'être ce que je ne suis pas qui aggrave mon trouble. je compte bien l'embraser eddie. vivre comme je suis, que ça te fasse plaisir ou pas. à toi de l'accepter. tu siffles simplement.
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
Il n’était déjà pas bien fringant avant l'arrivée de son cousin et cette discussion avec Nicky le fatigue d’autant plus, car il peut déjà prédire qu’elle ne les mènera nulle part à l’image de toutes les autres. Des échanges comme celui-ci ils en ont eu des tas et ils se terminent toujours mal, la faute à une grande incompréhension entre eux que même la plus profonde mise au point ne semble pas pouvoir régler. Parce qu’ils se parlent, oui, mais ils ne s’écoutent pas vraiment et se comprennent encore moins. Un dialogue de sourds, et sourd peut-être bien qu’Eddie préférerait l’être parfois pour ne pas entendre les répliques acérées de son cousin. Avec Nicky il sait qu’il ne peut pas avoir le dernier mot alors qu’en temps normal, avec d’autres, il l’a pratiquement toujours. Peu importe ce qu’il peut dire il s’attend à ce que le plus jeune des deux Yang réagisse et c’est rarement en bien, comme si le moindre mot sortant de sa bouche avait la déroutante capacité d’irriter Nicky. Même en affirmant qu’il n’aime pas l’idée de le réduire à quelqu’un de perturbé ou de malade c’est l’inverse qui est ressenti. « Alors arrête d'agir comme s'ils étaient vrais. » Il ne sait pas si quelqu’un a déjà affirmé à Nicky ce genre de choses mais si c’est le cas, ce quelqu’un n’était pas lui. Pourtant c’est tout comme à l’entendre, Eddie ne sait vraiment plus quoi faire pour que ses propos cessent de se retourner contre lui. « Quoi que je dise, de toute façon, tu le prends contre toi. » il remarque d’une voix soupirante alors qu’il a pu vérifier de trop nombreuses fois ce qu’il avance. Nicky est toujours sur la défensive quand il s’agit de lui, il est vrai qu'Eddie pèse rarement ses mots mais parfois il se demande si son cousin ne se met pas en tête qu’il le déteste pour rejeter absolument tout ce qu’il dit et lui coller les pires pensées. À moins que ce soit Nicky qui le déteste, sans forcément aller jusque là il semble quand même avoir pas mal de rancœur en lui vis-à-vis de son ainé et aujourd’hui encore les reproches vont bon train, d’un côté comme de l’autre. Eddie a après ça le malheur d’évoquer le rejet de son oncle et de sa tante, il sait que Nicky l’a mal vécu et le vit encore mal mais il souhaite lui montrer que tout le monde ne lui a pas tourné le dos. Il reste là pour lui même s’il s’y prend très mal, mais ça Nicky ne veut pas trop l’entendre. « Qu'est-ce que tu attends pour le faire alors ? » Il est blessé, d’accord, mais il n’a pas le droit de balancer ce genre d’idées à sa figure pour autant. « Sérieusement Nicky ? » il le questionne en vrillant subitement son regard vers lui. Un regard dur et confus à la fois, parce qu’à ce stade il ne sait vraiment plus ce que son jeune cousin attend de lui. Qu’il fasse des efforts de compréhension ou bien qu’il le laisse tout simplement tomber comme une partie du clan Yang. « Je n’ai aucune envie de t’abandonner, tu le sais qu’avec Callie on sera toujours là. » Ça le tue de devoir le dire parce qu’il pense avoir quand même prouvé qu’il n’était pas comme ses parents. Même si lui aussi a du mal avec ce trouble qui lui échappe encore beaucoup il ne pourrait pas se débarrasser de Nicky comme on jetterait un sac d’ordures, il n’y a rien de plus important que la famille à ses yeux et il ne comprend pas comment ses parents ont pu le renier de cette façon. « J’aimerais te promettre qu’un jour tout s’arrangera. » Que Sun-Hi et Kang-Dae finiront par l’accepter comme il l’est, Eddie voudrait y croire même si à la place de Nicky il n’accepterait peut-être pas que l’on revienne vers lui après l’avoir abandonné. Il est le premier à faire une croix sur les gens quand ils prennent leurs distances pour ce qu’il considère être de mauvaises raisons, et ses parents ici ont préféré se débarrasser du « problème » et renoncer à leur neveu. C’était indigne de leur part et le pire dans tout ça c’est que Nicky s’imagine qu’il pourrait prendre le même chemin qu’eux.
Comment pourrait-il se penser irréprochable alors qu’une partie de sa vie s’est cassé la figure à cause d’un excès de fierté de sa part. Pas un jour ne passe sans qu’Eddie ne veuille remonter le temps et changer toutes les décisions qu’il a prises, il se maudit d’avoir continué de mener sa vie à un rythme intenable quand on lui conseillait l’inverse simplement parce qu’il ne voulait pas écouter les cris de détresse de son corps. Passer pour quelqu’un de faible, s’incliner face aux verdicts des médecins et laisser cette blessure gagner contre lui. Il n’a pas souvent reconnu ses torts dans sa vie mais là il l’admet, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour ce qui lui arrive. « C'est bien. On est deux. » Ce qu’il entend le fait soupirer, ils ne risquent pas de battre des records d’estime d’eux-mêmes en ce moment tous les deux. Mais il a du mal à compatir pour Nicky quand ses mots sont si durs, et qu’il considère savoir mieux que lui comment il le perçoit. Il ne doit pas suffisamment lui montrer qu’il tient à lui mais il y a un monde entre ne pas exceller dans l’art d’ouvrir son cœur et le voir comme un moins que rien, ce que son cousin n’est pas du tout à ses yeux. « C'est pourtant comme ça que tu agis. » Soit, il ne s’en rend peut-être même pas compte. Ça lui fait mal d’entendre que Nicky se voit comme ça à travers lui, de savoir qu’il lui fait peut-être ressentir les choses de cette façon alors que son intention n’a jamais été celle-là. Et ça l’agace aussi, de ne pas être foutu de faire passer le bon message et d’entretenir cette éternelle méprise malgré lui. Bon sang, pourquoi doit-il aussi mal s’y prendre à chaque fois. « C’est ainsi que tu le perçois mais je t’assure que ce n’est pas l’image que j’ai de toi. » Eddie se sent parfois diabolisé par le jeune Yang comme il l’a longtemps été dans la compagnie où il travaille, il a l’habitude qu’on lui colle le mauvais rôle parce qu’il ne place pas sa conscience et ses principes au même niveau que d’autres. C’est facile de le voir comme le vilain de l’histoire et avec Nicky il est souvent injuste, il arrive juste à se persuader qu’il l’est pour son bien exactement comme lorsqu’il ne laisse pas sa petite sœur grandir et vivre sa vie. « Mais tu ne me croiras pas, je le sais bien. Tu ne me crois jamais. » il reprend dans un léger soupir. Car Nicky préfère croire qu’il le voit comme une bête curieuse et qu’il a honte de lui - mème si, pour ce dernier point, il n’aurait pas forcément tort car Eddie mentirait s’il disait qu’assumer Nicky, ses humeurs et ses dérives est simple tous les jours. « En décembre. » Son prochain entretien avec la psy est donc fixé et puisqu’il a reconnu un peu plus tôt que ces séances l’aidaient beaucoup Eddie suppose qu’il s’y rendra, et que le temps où il négligeait son suivi est révolu. Il l’espère, tout du moins. « Bien. » conclut-il sobrement. La date précise Nicky l’a forcément inscrite quelque part comme tant d’autres choses qu’il pourrait facilement oublier et Eddie ne tient pas à renforcer l’impression de le surveiller en réclamant celle-ci. Il ne peut pas être derrière lui pour ça aussi en lui servant de rappel alors il doit lui faire confiance quant au fait de ne pas laisser passer ce rendez-vous.
C’était déjà compliqué et ça l’est encore plus avec la prise de position d’Eddie sur le traitement, qui évolue uniquement lorsqu’il apprend que la psy est contre le fait de le prescrire. Avant ça il ne voulait pas entendre combien il pouvait être décrié car Nicky était le seul à le rejeter, et le jeune Yang ne tarde pas à s’offusquer devant ce revirement très soudain de son ainé. « Parce que soudainement mon refus devient valable, Eddie ? Parce qu'elle est contre, j'ai le droit d'être contre ? » Il remue doucement la tête alors que pourtant Nicky n’a pas tort. Il a bien changé de vision sur ce traitement quand il a compris que les professionnels ne l’approuvaient pas car leur parole a un vrai crédit à ses yeux, autrefois il n’avait que faire de l’avis des médecins mais aujourd’hui il les écoute parce que s’il peut redanser dans quelques mois ce sera grâce à eux. Il se fie à cette psy, bien plus qu’il ne se fie au final à Nicky. « Putain, j'ai pas quatre ans, je sais prendre des décisions par moi-même, et pour mon propre confort. » Personne n’aurait pu le forcer à suivre ce traitement dans tous les cas, mais jusqu’ici personne ne comprenait non plus vraiment pourquoi il n’en voulait pas. « Je pensais que.. c’était un caprice. » il avoue à demi-mot tout en fuyant son regard, parce qu’il n’est pas très fier d’avoir pensé que Nicky n’en faisait une nouvelle fois qu’à sa tête et prenait cette décision contre eux avant de la prendre pour lui-même. « La décision te revient et t’est toujours revenue, je ne comprenais juste pas pourquoi tu rejetais aussi fermement ce traitement sans même lui laisser une chance. Mais c’est vrai, sans l’avis d’une professionnelle je ne t’aurais peut-être pas cru. » Parce que ça le rassure qu’une spécialiste s’y oppose aussi, c’est la preuve que ce traitement mérite sa réputation mais la preuve, aussi, qu’il aurait dû écouter Nicky depuis le début. La liste des effets secondaires imputables à ce traitement lui donnerait presque le tournis après ça, il n’imaginait pas qu’il puisse y en avoir autant et il regrette d’avoir demandé à Nicky de considérer cette option. Ça n’a jamais été pour l’embêter, Eddie voulait juste lui faciliter la vie même si apparemment, ça aussi c’est voué à être mal perçu. « Non. Tu veux mieux vivre avec mon trouble. Je vis très bien avec, Eddie. » Oh, il n’aime vraiment pas l’évolution de cette discussion. Il ne veut pas admettre que oui, assumer ce trouble est difficile et qu’il ressent un vrai blocage par rapport à celui-ci. Peut-être bien qu’il a effectivement voulu faciliter sa propre vie dans l’histoire, pour être un peu plus serein et redouter un peu moins les réactions et les agissements de son cousin. « Ah, parce que tu appelles ça une vie toi. » Sa voix retombe lourdement alors qu’à ce stade il n’est plus question de le ménager, si Nicky est aussi dur alors il suppose qu’il peut l’être aussi. Le trouble est là, oui, mais à ses yeux son cousin l’entretient aussi en menant une vie excessive en tous points. « Moi je suis très bien comme ça. J'ai un trouble. ouais, et alors ? Ça fait partie de moi, même si c'est fort et très présent. Mais c'est comme ça. »C’est comme ça et pourtant quelque chose lui dit que ça pourrait être autrement, moins fort et moins présent comme il dit. S’il a évoqué le fait d’atténuer la chose c’est parce qu’il n’en finit pas de craindre les conséquences de ce trouble et les comportements à risque qu’il engendre, c’est en ça qu’Eddie aimerait le freiner parce que certains jours il ne peut pas s’empêcher de penser que Nicky ne vivra pas vieux. « Si tu vis très bien comme ça alors tant mieux Nicky, sincèrement. Mais tu pourrais penser un peu plus à nous, à l’inquiétude que tu nous causes, elle est réelle même si tu considères qu’elle n’a pas lieu d’être. » Cette inquiétude est pourtant fondée à ses yeux, Nicky ne fait rien pour la dissiper et le laisser vivre, c’est aussi le laisser dériver. « Et tu vois, c'est à ça qu'elles servent mes séances chez la psy. À m'aider à l'accepter. À m'aider à vivre avec. » Eddie soupire à nouveau et d’agacement cette fois, plus que de lassitude. « Tu vis avec, d’accord, mais il faut voir de quelle façon. » Il effectue quelques pas dans l’appartement à son tour, aidé de sa béquille, parce que cet échange le rend tout aussi incapable que Nicky de rester en place. « Ce trouble il te rend inconscient et imprudent, je n’ai même pas besoin de savoir ce que tu fais exactement dehors pour me convaincre que c’est n’importe quoi. » Ce n’est pas un secret que Nicky n’a jamais fait les choses comme tout le monde, attiré par les sensations fortes et enclin à repousser ses limites comme s'il voulait se sentir vivant et avoir en même temps l’impression de contrôler son existence contre un trouble qu'à l'inverse, il ne contrôle pas. « Ces marques sur ton corps que tu ramènes à chaque fois, c’est ça qui me fait notamment dire que la vie que tu mènes n’est pas saine du tout. » Oui, c’est bien lui que l’on a opéré récemment et à qui le fait de mener une vie saine ne parle pas beaucoup non plus. Mais il s’agissait de son tout premier séjour à l’hôpital en vingt-cinq années d’existence, quand Nicky y est déjà bien plus habitué. « Et ta psy elle ferait mieux de changer de boulot si elle considère que ce n’est pas un problème tous ces risques que tu prends, à moins que tu lui caches des choses à elle aussi.. » Il se demande notamment si cette psy sait ce que Nicky est parti faire il y a quelques temps de ça, lorsqu’il a disparu un mois entier avec des pseudo potes sans préciser où il allait, et en restant aussi très flou sur ce qui composerait ce mystérieux séjour. « P'être que tu devrais venir la voir. P'être qu'elle au moins elle arrivera à te faire comprendre que y'a rien à soigner, rien à rendre plus tolérable et rien à atténuer. C'est comme ça et il serait temps que tu l'acceptes. » Là, c’est vraiment trop lui en demander et Eddie va le laisser aussitôt entendre. « Je n’accepterai jamais que tu te mettes en danger, désolé. » Le pire étant de ne jamais savoir quels sont ces risques que Nicky prend. Il ne peut faire que des suppositions car son cousin ne s’étend jamais sur ses activités dehors, mais il ne serait pas étonné d’apprendre qu’il se bat, par exemple. Quant au fait de l’accompagner à sa prochaine séance chez la psy il risque d’avoir besoin d’étudier longuement la question. « Je ne sais pas. Je.. j’y réfléchirai. » il expédie avant que Nicky ne poursuive, plus désireux que jamais de vivre sa vie comme il l’entend avec l’intensité que l’on connait. « C'est essayer d'être ce que je ne suis pas qui aggrave mon trouble. Je compte bien l'embraser Eddie. Vivre comme je suis, que ça te fasse plaisir ou pas. À toi de l'accepter. » C’en est trop pour l’ainé Yang qui se sent une fois de plus provoqué. « Tu m’épuises Nicky. » il expulse en venant s’affaler sur son canapé car cette discussion lui aspire toutes ses forces, l’impression de se battre dans le vide étant plus forte que tout. « Peut-être que tu ferais mieux de rentrer chez toi.. » il souffle d’une voix basse comme s’il redoutait sa réaction en le formulant trop fort. Il ne le met pas dehors, il se demande juste si Nicky ferait bien de rester alors que cette discussion dégénère comme toutes les autres. Eddie est sur le point de capituler au lieu d’essayer de le comprendre, une fois de plus, sa fatigue ne l’aidant vraiment pas à trouver en lui la patience. Nicky est trop buté et lui trop fermé, ce n’est encore pas aujourd’hui que les cousins vont trouver un terrain d’entente.
— c'est toujours comme ça. entre eddie et toi. c'est toujours l'incompréhension et le ton qui monte. les reproches dissimulés et vous terminez par vous blesser. vous ne savez pas communiquer, et cette journée le montre une nouvelle fois. tu n'aurais jamais du venir, tu n'aurais jamais du apport ce foutu chocolat. tout est de ta faute. encore une fois. comme toujours, tu gâches tout. tu ne réfléchis pas, tu agis avant de penser et ça te joue des tours. tu ne voulais pas mettre ton cousin en colère. mais maintenant, tu ne peux pas t'empêcher de répliquer. parce que les remarques, pour la plupart, tu ne les acceptes pas. pas quand elles n'ont pas lieu d'être. pas quand eddie est si dur avec toi. quoi que je dise, de toute façon, tu le prends contre toi. tu fronces un peu les sourcils face à ton cousin. est-ce qu'il a raison ? non, pas totalement. parce qu'il est tellement, mais tellement dur, eddie. ses reproches n'ont pas de sens quand la discussion ne va pas dans la direction qu'il veut lui donner. tu te pinces les lèvres de longues secondes, il te parle de ses parents qui t'ont tourné le dos. et ça, il n'était pas obligé de le faire. mais il est comme ça, eddie. il sait blesser, n'est-ce pas ? il sait le faire, bien trop facilement quand il s'agit de te blesser. sérieusement nicky ? tu te contentes de hausser les épaules face à ton cousin. parce que de toute manière, il le fera aussi, n'est-ce pas ? lui aussi terminera par te laisser derrière lui. parce que tu es trop insupportable pour lui. parce qu'il ne voit pas tous les efforts que tu essayes de faire. il ne voit rien, il ne se rend pas compte, eddie. que c'est son comportement qui te rend incontrôlable. l'angoisse qui monte en toi et qui te fait totalement perdre le contrôle. tu n'aimes pas ce genre de situation. j'en sais rien, eddie. tu te contentes de répondre. t'en sais rien, c'est un pressentiment, et tu aimerais réellement te tromper à ce propos. je n'ai aucune envie de t'abandonner, tu le sais qu'avec callie on sera toujours là. tu fronces un peu les sourcils. il est tellement différent de sa sœur, eddie. tu ne comprends pas comment ils peuvent être si ... éloignés l'un de l'autre. callie essaye de te comprendre. callie sait comment agir avec toi, et sa présence t'apaise. là ou celle d'eddie te pousse dans tes retranchements. pourtant, eddie, tu ne t'imagines pas vivre sans lui. c'est la famille. c'est important. plus que tout. j'aimerais te promettre qu'un jour tout s'arrangera. tu secoues la tête de gauche à droite, parce que tu sais que ça n'arrivera pas. tu le sais très bien. ton oncle et ta tante n'accepteront pas de revenir vers toi. ne le fait pas. tu te contentes de répondre aux mots de ton cousin. tu ne veux plus de promesses qui ne seront pas tenues. tu ne le supporteras pas. pas cette fois.
tu es dur. peut-être que tu refuses de voir la situation réelle dans laquelle eddie se trouve. mais eddie, il refuse d'accepter ta propre vie. alors pourquoi est-ce que tu devrais être celui qui fait des efforts ? tu es toujours celui qui fait des efforts. les efforts qu'il ne voit jamais. comme s'il le faisait exprès, comme si vous étiez voués à ne pas vous comprendre et à vous empoisonner l'un l'autre. c'est ainsi que tu le perçois mais je t'assure que ce n'est pas l'imagine que j'ai de toi. tu arques un sourcil face à ton aîné. tu ne sais même pas quoi lui répondre. encore une fois. comme toujours, il a raison. il a forcément raison, non ? et toi, dans tout ça ? et tes sentiments, tes sensations face à tout ça ? elles sont forcément fausses, quand il s'agit d'eddie. tu fermes les yeux de longues secondes, tes poings serrés pour essayer de contrôler tout ce qu'il se passe dans ton esprit. tempête sans fin qui s'empare de tes pensées. tempête déchainée, la houle qui cogne contre les rocs et le vent violent qui te fait vaciller si facilement. tu prends une lente inspiration. mais tu ne me croiras pas, je le sais bien. tu ne me crois jamais. tu rouvres les yeux pour fixer ton cousin. la tempête ne se calme pas et tu sais bien qu'à présent, ta journée va devenir chaotique. peut-être que si tu le montrais un peu plus je réussirais à le croire. tu te contentes de répondre dans un souffle las. parce qu'il te dit tout ça, mais il continue de te traiter comme un enfant, constamment. comme un gamin qu'on doit surveiller avant toute chose. un enfant agaçant qu'il faut tenir à l'oeil à chaque instant. tu secoues un peu la tête de gauche à droite. bien. et tu es presque étonné quand il ne te demande pas la date exacte du rendez-vous, simplement pour s'assurer que tu ne mens pas. ou quelque chose dans le genre. parce que ça lui ressemblerait bien, à eddie, d'agir comme ça. encore une fois, ne jamais te faire confiance.
parce qu'eddie, il ne te croit jamais. il ne te fait jamais confiance. et tu en as encore une fois la preuve en direct live. quand il te parle de ce fichu traitement, quand tu lui siffles que ta psy est sans et que, soudainement, après des années et des années, il change d'avis. parce que c'est une pro, n'est-ce pas ? parce qu'elle a forcément raison. que toi, tu n'es que cet enfant agaçant. toujours le même. celui qu'il ne faut pas écouter, celui qu'eddie est incapable de croire sur parole et à qui il ne fait pas confiance. et ça te blesse. ça te blesse tellement, de le voir agir comme ça, comme si tu étais incapable de prendre tes propres décisions sans que personne ne doive approuver cette décision. tu plantes tes dents dans ta langue. je pensais que... c'était un caprice. tu fronces un peu les sourcils. mais t'es au courant que j'ai 22 ans eddie ? tu lâches en l'observant de haut en bas. est-il au courant que tu es un adulte, capable de savoir ce qui est bon pour lui-même. la décision te revient et t'est toujours revenue, je ne comprenais juste pas pourquoi tu rejetais aussi fermement ce traitement sans même lui laisser une chance. mais c'est vrai, sans l'avis d'une professionnelle je ne t'aurais peut-être pas cru. tu renifles presque à ses mots, tu secoues la tête de gauche à droite. tes doigts glissent dans ta nuque et tu te concentres quelques instants pour ne pas exploser. et après tu me dis que tu ne me considères pas comme un gosse. tu te contentes de siffler sans même le regarder. tu n'as plus envie de le faire. il ne te croira jamais, il n'acceptera jamais tes décisions et c'est un fait. tu n'as même plus envie de te battre contre lui, tu n'as plus envie de faire un quelconque effort. qu'il parte, lui aussi. qu'il parte et qu'il te laisse tomber. ça lui fera un poids en moins dans sa vie si parfaite. parce que tout ça, c'est ta vie, qu'il l'accepte ou non. qu'il soit capable de le comprendre ou pas. c'est la tienne. et tu ne pourras rien changer. tu ne veux rien changer. parce que toi, sans ton hyperactivité et ton soucis d'attention, ce n'est pas toi. et si pendant de longues années, tu t'es détesté d'être comme ça, tu commences enfin à l'assumer et l'accepter. ah parce que tu appelles ça une vie toi. un voile passe devant ton regard. de rage ? de déception ? des larmes ? tu n'en sais rien, ton monde tourne un instant et tout se déchaîne au fond de ton crâne. ça cogne, ça fait mal, pourquoi est-ce que ça fait mal ? c'est comme si tu tombais, sans jamais savoir a quel moment exact l'impact, vas arriver. c'est ma vie, eddie. tu murmures simplement. est-ce qu'il pense qu'elle ne vaut pas la peine ? est-ce qu'il pense que tu ne devrais pas avoir le droit d'en profiter ? pas le droit de, vivre ? tout ça parce que tu as un tdah ? tu ne le pensais pas comme ça, eddie. tu ne pensais pas qu'il serait capable de te sortir ça, comme ça. comme ci ... comme ci ta simple présence sur cette terre était en réalité toute la source du problème. si tu vis très bien comme ça alors tant mieux nicky, sincèrement. mais tu pourrais penser un peu à nous, à l'inquiétude que tu nous causes, elle est réelle même si tu considères qu'elle n'a pas lieu d'être. tu l'écoutes à peine. rectification : tu l'entends à peine. parce que ça s'énerve trop fort et trop vite. parce que l'intérieur de ton crâne est retourné sous le tournant de cette conversation. tu vis avec, d'accord. mais il faut voir de quelle façon. tu déglutis lentement. et toi, de quelle manière, tu vis ? tu demandes simplement, incapable de sortir cette phrase de ta tête. tu appelles ça une vie, toi.
ce trouble il te rend inconscient et imprudent, je n'ai même pas besoin de savoir ce que tu fais exactement dehors pour me convaincre que c'est n'importe quoi. est-ce qu'il sait, eddie ? est-ce qu'il sait à quel point c'est dur pour toi de te cantonner à une vie calme et rangée ? à quel point ton propre corps te demande toujours plus de sensation, toujours plus de chaos ? il n'en a aucune idée. il ne sait pas de quoi il parle. pas du tout. ces marques sur ton corps que tu ramènes à chaque fois, c'est ça qui me fait notamment dire que la vie que tu mènes n'est pas saine du tout. et ta psy elle ferait mieux de changer de boulot si elle considère que ce n'est pas un problème tous ces risques que tu prends, à moins que tu lui caches des choses à elle aussi... tu fermes les yeux, à de doigts de couvrir tes oreilles de tes mains. tu ne veux plus l'écouter, tu ne veux plus l'entendre, tu ne veux pas lui répondre. tu veux qu'il se taise, qu'il arrête, qu'il arrête de parler des choses qu'il ne sait pas, qu'il ne soit plus comme ça. pourquoi, pourquoi est-ce qu'il ne veut pas essayer de te comprendre, pourquoi est-ce qu'il ne veut pas accepter que tu sois né comme ça ? tu appelles ça une vie, toi. on travaille dessus, mais t'as pas idée à quel point c'est difficile, eddie. putain. tu murmures tout pas. et sans doute qu'il devrait venir, non ? peut-être qu'elle, il acceptera de l'écouter. parce qu'elle est une professionnelle, parce que sa parole aura toujours plus de poids que la tienne de toute manière. eddie n'acceptera jamais de t'écouter pour ce que tu es. il n'acceptera jamais de te faire confiance. il n'acceptera jamais que tu sois ... toi-même. je n'accepterai jamais que tu te mettes en danger, désolé. il ne comprend pas, il ne comprend définitivement pas. tu prends une lente inspiration et tu secoues la tête de gauche à droite. tu ne comprends pas. tu murmures. il ne comprend rien. il ne comprend jamais rien. je ne sais pas. je... j'y réfléchirai. tu hausses les épaules. de toute manière, il ne viendra pas. tu le sais bien. tu le connais, eddie. il ne voudra jamais te suivre chez ta psy. c'est comme ça, tu te fais à l'idée. et tout tourne autour de toi. encore et toujours, ça tambourine dans ton crâne, tu n'arrives plus à penser, tu n'arrives plus à réfléchir correctement.
tu m'épuises nicky. tu secoues la tête. pour ne pas changer. tu marmonnes simplement en soupirant un peu. ta voix est basse, parce que tu as déjà l'impression de crier. ça se bouscule dans ton crâne. moi aussi, ça m'épuise, eddie. tu te contentes de souffler. tu prends une inspiration tremblante. tes mains tremblent elle aussi. peut-être que tu ferais mieux de rentrer chez toi. tu déglutis lentement et tu te redresses un peu. tu récupères ton sac sans rien dire, ton regard se posant sur eddie. tu sais quoi. tu murmures en l'observant de haut en bas. quand t'auras pigé que c'est en partie toutes les remarques qu'on me fait constamment. quand t'auras compris que ça me flingue. que ça me retourne. quand tu seras capable d'ouvrir les yeux eddie, quand tu seras ouvert à la discussion sincère à propos de mon comportement, tu reviendras. tu ajoutes. et sache, eddie. que si j'me bourre la gueule ce soir. si j'termine dans les tréfonds de brisbane aujourd'hui, ce sera de ta faute. tu assènes simplement en plongeant ton regard dans le sien. désolé de pas être assez bien pour toi. désolé de pas être comme tu le voudrais, eddie. désolé d'être né avec un putain de trouble de l'attention et une putain d'hyperactivité. tu crois que j'ai demandé tout ça ? tu demandes. et ton regard se voile une nouvelle fois. de larmes. tu vois pas tous les efforts que je fais ? non, évidemment que non. ce sera jamais assez pour toi, de toute manière. tu n'as même pas la force de faire quoi que ce soit. et pourtant, la colère résonne en toi. mais eddie, c'est ton cousin. tu n'arriveras jamais à la laisser éclater face à lui. va te faire foutre. tu ajoutes en l'observant. va te faire foutre. si ma vie ne te plaît, si t'estimes que s'en est pas une et qu'elle a pas lieu d'être, alors dégage juste eddie, dégage de ma vie et arrête de m'enfoncer à chaque fois qu'on se croise. tu siffles simplement. les larmes qui coulent sur tes joues sont silencieuses, et tu te contentes de faire volte-face, de claquer la porte derrière toi. parce que tu ne veux plus l'entendre. tu ne veux plus l'écouter. tu dévales les escaliers en courant, la vision floue et tu t'enfonces bien trop rapidement dans les rues de brisbane, ne sachant même pas ou aller.
Today, too, trippin', I'm trippin' When I look at my reflection in the mirror I feel like I'm lost, stuck in the dark Wandering in the deep fog I'm star lost
Il ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec Nicky, et c’est plutôt un comble. Eddie se sent en permanence dépassé par ses réactions et ne sait tout simplement pas comment l’appréhender, prendre des pincettes n’étant définitivement pas son fort. Et pourtant il est là, encore aujourd’hui il ne lui ferme pas la porte de chez lui alors qu’il n’a pas envie de voir qui que ce soit. De façon générale il reste présent pour son jeune cousin et même s’il est vrai qu'il s'y prend très mal avec lui, il en fait toujours plus que ses parents qui lui ont tourné le dos. Mais ça, il a l’impression que ça ne veut pas dire grand-chose pour Nicky, qu'à ses yeux si son oncle et sa tante ont baissé les bras alors lui aussi le fera, malgré le fait qu’il se tue à lui affirmer le contraire. Il se demande ce que Nicky fait ici si c’est pour douter de lui, ça l’agace même pas mal de devoir répéter l’évidence comme s’il avait déjà menacé de le sortir lui aussi de sa vie. Eddie n’en a jamais eu l’intention et la plus déplaisante des discussions n’y changerait rien, Nicky est de son sang et il n’abandonnerait jamais un membre de sa famille. C’est ce qu’il a de plus précieux, quand bien même porter le nom Yang n’est pas simple tous les jours. Il aimerait que ses parents reviennent un jour vers Nicky même s’il ne sait pas comment les choses pourraient s’arranger. Cette situation n’a rien de simple et c’est aussi un déchirement de le voir mis à l’écart, traité comme le pestiféré qu’il n’est pas et ne sera jamais pour lui. La tolérance n’a jamais étouffé Sun-Hi et Kang-Dae, il l’a bien vu avec ses propres choix et pourtant il ont réussi à le surprendre le jour où ils ont renié leur neveu comme on se débarrasserait d’un encombrant. Parce qu’il ne les croyait pas capables d’aller si loin, et rien que pour ça Eddie met un point d’honneur à ne surtout pas leur ressembler. Lui ne se débarrasse pas des gens, c’est même bien plus souvent l’inverse qui se produit. « Ne le fait pas. » Eddie hoche la tête car c’est entendu, il ne lui fera pas une promesse qu’il n’est pas sûr de pouvoir tenir. Il ne veut pas décevoir Nicky en lui faisant miroiter un apaisement en vain, qui pourrait prendre beaucoup de temps en admettant seulement qu’il soit vraiment possible. C’est vrai qu’il a lui-même du mal à y croire quand il voit à quel point ses parents sont fermés sur tout, comment imaginer qu’ils pourraient subitement accepter Nicky. Il faudrait pour ça éveiller leur conscience et ouvrir leur esprit, ce qu’il n’est pas sûr d’avoir le courage d’entreprendre un jour compte tenu de l’ampleur de la tâche.
Pour résumer cet échange il ne serait presque pas exagéré de dire qu’Eddie est aveugle et que Nicky est sourd. Le premier ne voit pas les efforts du second, et le second s’entête à déformer tout ce que dit le premier. Ils n’avancent pas tous les deux, se parlent sans se comprendre et c’est comme ça à chaque fois. Épuisante encore cette discussion, à l’image des précédentes. Frustrante aussi, d’un côté comme de l’autre parce qu’ils ne tombent juste jamais d’accord. Eddie aimerait faire entendre qu’il n’a pas une image aussi négative de lui que Nicky s’en persuade mais à l’arrivée c’est toujours la même chose qui ressort, toujours la même conclusion que son cousin tire. Il se voit comme un garçon dérangé à travers les yeux de son ainé, mais est-ce donc l’image qu’Eddie lui renvoie ? Il lui dit qu'il se trompe, que sa perception est fausse mais il brasse de l’air, encore et toujours. « Peut-être que si tu le montrais un peu plus je réussirais à le croire. » Ça le fait soupirer Eddie parce qu’à ce stade il ne sait plus ni quoi dire, ni quoi faire. Il est loin de rester les bras croisés face à la dérive de Nicky et c’est peut-être bien ça le problème, puisqu’il a le sentiment que quand il fait quelque chose, il le fait forcément mal. « Écoute, quand je te montre les choses tu dis que je t’étouffe. Désolé, faut croire que je ne sais vraiment pas comment m’y prendre avec toi. » Est-ce ce qu’il n’attend pas de lui qu’il reste passif finalement, c’est ce qu’il se demande. Il pourrait le laisser vivre sans jamais lui demander ce qu’il fait mais Eddie aurait beaucoup trop l’impression de le laisser tomber à son tour, cesser de s’en faire pour lui reviendrait à détourner le regard et non, il ne regardera jamais ailleurs si c’est pour nier les choses et vivre juste un peu plus serein. C’est sa façon à lui de montrer les choses, sa façon de lui prouver qu’il tient à lui. Ce qui le tue c’est qu’il ne peut pas s’inquiéter pour Nicky sans que celui-ci se sente aussitôt considéré comme quelqu’un de perturbé. Il n’a jamais voulu le réduire à ce trouble mais de toute évidence ses mots et ses actes envoient tout l’inverse comme message.
Se fier à l’expertise d’une personne plutôt qu’au ressenti d’une autre, quand on connait Eddie on ne peut pas vraiment être surpris par cette façon de raisonner. Il préfèrerait écouter les critiques d’un danseur expérimenté plutôt que celles de quelqu’un dont ce ne serait pas le métier, et c’est pareil ici avec les méfaits de ce traitement qu’il accepte enfin de considérer parce que la psy de Nicky est contre. Il fait confiance à cette professionnelle qui sait forcément de quoi elle parle, alors que son cousin avait jusque là à ses yeux rejeté ce traitement par principe, juste pour ne pas céder face à ceux qui y étaient favorables. Il est doté d’un formidable esprit de contradiction quand il veut Nicky alors il le croyait tout à fait capable de dire non à un traitement juste pour leur prouver qu’il n’en avait pas besoin. « Mais t'es au courant que j'ai 22 ans Eddie ? » Ça, il ne voit pas bien ce que ça vient faire là. Qu’il ait vingt-deux ou douze ans Nicky reste Nicky, se rebeller il l’a déjà fait et il le fera encore. Eddie pensait vraiment que rejeter ce traitement était une façon de n’en faire une nouvelle fois qu’à sa tête parce qu’il les a habitué à ça, il sait très bien les provoquer quand il veut et lui, en particulier. L’âge ne fait pas la maturité, Nicky n’est peut-être plus un enfant mais quand il pose ses yeux sur lui ce n’est pas pour autant qu’il y voit un adulte. « Et après tu me dis que tu ne me considères pas comme un gosse. » Eddie fait avec lui ce qu’il fait aussi avec Callie de toute façon, il refuse de le laisser grandir. C’est même encore plus dur avec Nicky parce que plus le temps passe, et plus il a l’impression que son cousin va lui filer entre les doigts. Il n’a pas à surveiller ses moindres faits et gestes et il le sait, il n’arrive juste pas à le laisser mener une vie qui le tracasse en permanence et dans laquelle Nicky semble toujours plus s’égarer. Eddie laisse d’ailleurs échapper que ça n’est pas vraiment une vie, des mots d’une dureté sans nom dont il ne mesure pas un instant la portée. Il sait ce qu’il entend par là mais il l’exprime encore si mal, sa maladresse en devient blessante et c’est en croisant le regard de Nicky qu’il croit le comprendre. Est-ce qu’il n’aurait pas dépassé certaines limites, cette fois ? « C’est ma vie, Eddie. » C’est vrai, il est techniquement libre de la vivre comme il l’entend. Eddie n’a pas son mot à dire mais il ne ferait pas honneur à son rôle d’ainé injuste et étouffant s’il ne s’en mêlait pas comme du reste. « Et toi, de quelle manière, tu vis ? » Ses yeux rencontrent ceux du jeune Yang tandis que les traits de son visage se durcissent. Il ne saisit pas pourquoi les projecteurs seraient d’un coup braqués sur lui, le renvoyer à sa propre vie ne fera vraiment pas avancer leurs affaires. « On parle de toi là, pas de moi. » Et donc il ne rendra pas lui-même de comptes, pas alors que Nicky l’a déjà attaqué sur son inconscience l’ayant conduit à l’opération que l’on connait. Eddie n’a jamais prétendu mener la vie parfaite, il n’est pas irréprochable mais s’il devait estimer qui de son cousin ou de lui vivra le plus vieux ses pronostics n’iraient pas franchement en faveur de Nicky. « Il y a tellement de façons de dépenser cette énergie que tu as en trop.. pourquoi comme ça ? » Pourquoi se mettre en danger, accumuler les excès, alors qu’à côté il s’adonne avec talent à la peinture par exemple. Ça le fait réfléchir Eddie, il est tenté de multiplier les séances de danse avec lui car quitte à ce qu’il se défoule, autant que ce soit dans un cadre sain où il ne risquera rien d’autre que les remarques de son ainé tatillon. Bien sûr qu’il ne sait pas de quoi il parle Eddie, mais qu’on lui dise alors pourquoi Nicky a besoin de rendre sa vie aussi ténébreuse. Il n’en connait pas toutes les facettes et c’est aussi un problème, ça le laisse imaginer tout et n’importe quoi à son sujet sans savoir ce qui est réel ou ne l’est pas. Et en même temps il n’est pas certain de vouloir absolument tout savoir, parce qu’il suppose que certaines choses le dérangeront tellement qu’elles ne feront qu’agrandir ce fossé déjà nettement marqué entre son cousin et lui. « Je peux pas croire que toutes les personnes souffrant de tdah mènent une existence aussi chaotique. » il complète d’une voix soupirante. Il essaie de bien choisir ses mots à présent Eddie parce qu’il a compris que les précédents l’avaient heurté, et chaotique représente bien l’idée qu’il se fait de Nicky et de la vie qu’il mène. Une existence en désordre comme certainement ses pensées h24, parce qu’il se doute bien que ça n’est pas simple non plus d’être dans sa tête. Il ne l’envie pas mais n’arrive pas toujours à le plaindre, pas quand leurs discussions sont à l’image d’un combat de boxe et que la moindre de ses paroles se retourne sans cesse contre lui. Quand il veut bien faire ça ne marche pas alors non, il n’a pas toujours envie d’être très compréhensif Eddie. Ça lui demande mine de rien de sacrés efforts à lui aussi et aujourd’hui par exemple c’est lui en demander beaucoup trop, Nicky ne peut définitivement pas débarquer chez lui sans savoir dans quelles dispositions il se trouve et espérer que les choses ne déraperont pas encore. Il le sait pourtant, Eddie n’est pas de ceux que l’on peut passer voir sans prévenir. Avec ou sans chocolats. Comme tout le monde il a ses mauvais jours même s’il a bien compris qu’en ce moment il avait plutôt intérêt à subir son sort en silence.
« On travaille dessus, mais t'as pas idée à quel point c'est difficile, Eddie. Putain. » C’est vrai ça, il n’en sait rien. Il pourrait s’en rendre un peu mieux compte s’il acceptait de venir à au moins une entrevue avec cette psy mais sur le moment cette invitation le laisse perplexe, il n’est pas certain que ça leur sera vraiment bénéfique ou peut-être qu’il n’a juste pas envie de mettre les pieds là-dedans. Qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire à cette psy, quelle place trouverait-il dans ces séances où on parle certainement de lui en mal la plupart du temps. Eddie n’est pas stupide, il se doute bien que son cousin se plaint régulièrement de lui à sa psy et rien que pour ça il doute de faire le déplacement un jour, si c’est pour s’entendre dire qu’il a tous les torts et qu’il devrait changer ci, ou changer ça. Qui sait si ce n’est pas un piège pour le confronter à ses manquements et le faire culpabiliser encore plus, il ne sait pas ce que cette psy sait de lui, de leur situation, et sans garantie que ça ne tournera pas à la leçon de morale générale il refuse pour le moment de participer à tout ça. Parce qu’il a déjà sa dose avec les médecins qu’il voit en ce moment et qui lui reprochent toutes ses décisions depuis sept mois, à juste titre certes, mais se faire taper sur les doigts il a passé l’âge Eddie. « Tu ne comprends pas. » Non, visiblement pas. Trop de choses lui échappent encore, c’est même fou à quel point plus ils échangent tous les deux, et moins Eddie a le sentiment de comprendre son cousin. « J’aimerais, pourtant. » Mais il ne doit pas en être capable, sinon il suppose que ce serait beaucoup plus simple. Il n’a jamais été le meilleur pour comprendre les autres et le prouve une fois de plus. Face à Nicky il se sent démuni comme devant une énigme beaucoup trop vaste qu’il ne saurait pas comment résoudre. Il est largué face à son fonctionnement et ce depuis toujours, il a beau tenter de communiquer c’est un mur perpétuel qui se dresse entre eux et ce mur, il ne pourra pas le faire tomber tout seul.
Eddie ne sait même plus comment entretenir cette discussion vouée à finir comme toutes les autres, laisser entendre que Nicky l’épuise c’est aussi une façon de signifier que sa patience a atteint ses limites pour aujourd’hui. Il faudrait que ça cesse tout ça, ce serait sûrement mieux pour l’un comme pour l’autre. À quoi bon continuer de se faire du mal, et tirer sur la corde en sachant pourtant très bien qu’elle est tout près de rompre. Ils pourraient s’arrêter là, reprendre cette conversation plus tard quand leurs deux esprits seront un peu moins échauffés, car là Eddie a juste l’impression d’attendre l’explosion de plus en plus inévitable de son cousin. « Pour ne pas changer. » Il soupire face à ces mots, ce n’est effectivement pas la première fois qu’il dit que Nicky l’épuise et pourtant aujourd’hui d’autres facteurs entrent en compte. « J’étais déjà épuisé avant que tu arrives. » il nuance quand même car ce ne serait pas juste de sa part de faire reposer sur lui toute la responsabilité de sa fatigue. Cette discussion n’arrange juste rien et l’assomme d’autant plus, il est essoré, vidé de ses forces parce que ces échanges sont toujours un gaspillage d’énergie incroyable pour tous les deux. « Moi aussi, ça m'épuise, Eddie. » Au moins ils se comprennent pour ça, c’est peut-être bien la première fois depuis le début de cet échange que les cousins s’accordent sur un point. « Eddie. Tu sais quoi. » Il relève la tête et l’observe, se demandant bien ce que Nicky peut encore trouver à dire après tout ça. « Quand t'auras pigé que c'est en partie toutes les remarques qu'on me fait constamment. Quand t'auras compris que ça me flingue. Que ça me retourne. Quand tu seras capable d'ouvrir les yeux Eddie, quand tu seras ouvert à la discussion sincère à propos de mon comportement, tu reviendras. » Oh, il y a des choses à ne pas lui dire quand il vient de passer de longues minutes à tenter de dialoguer avec lui. C’est objectivement ce qu’il a fait et il refuse qu’on lui retire ça, compte tenu du temps qu’il a encore perdu aujourd’hui et qu’il aurait pu investir ailleurs. « Parce que je n’ai pas essayé de te parler aujourd’hui ? Depuis tout à l’heure, je ne fais pas que ça ? » Prendre de ses nouvelles depuis la dernière fois qu’ils se sont vus, se renseigner sur ses séances avec la psy, l’interroger sur son travail, sur ces nouvelles marques sur son corps, remettre le sujet du traitement sur le tapis même si ça n’aura servi à rien. Il a fait tout ça rien qu’aujourd’hui Eddie et malgré tout Nicky considère qu’il est contre le fait d’échanger sérieusement quand il est question de lui. Son comportement ils en ont parlé aussi, même si Eddie a fait preuve de beaucoup de maladresse et de trop peu de subtilité. « Bon sang, si je n’étais pas ouvert à la discussion je ne serais pas encore là à parler dans le vide. » Parce que son impression est vraiment celle-là. À nouveau il pourrait dire que quoi qu’il fasse ou dise Nicky le perçoit de travers et c’est à se demander qui est le plus incompris, au final, dans l’histoire. « Et sache, Eddie. Que si j'me bourre la gueule ce soir. Si j'termine dans les tréfonds de Brisbane aujourd'hui, ce sera de ta faute. » Voilà. C’est à ce moment très précis qu’il sait que sa patience va le quitter pour de bon parce que c’est ahurissant ce qu’il entend encore. Le faire culpabiliser, histoire qu’il se sente bien minable s’il doit arriver quoi que ce soit à Nicky ce soir. Pour qu’il s’en veuille toute sa vie après ? Bientôt il sera aussi tenu responsable de tous les risques que Nicky choisit de prendre dehors et cette idée lui arrache un énième soupir. « Bien Nicky, continue. » Qu’il ne s’arrête pas surtout, ce serait trop dommage qu’il n’aille pas au bout de ses pensées. « Désolé de pas être assez bien pour toi. Désolé de pas être comme tu le voudrais, Eddie. Désolé d'être né avec un putain de trouble de l'attention et une putain d'hyperactivité. Tu crois que j'ai demandé tout ça ? » Est-ce qu’il va se tuer à lui répéter qu’il sait très bien qu’il n’a pas demandé à naitre avec ce trouble ? Non. Il en a sa claque de lui dire toujours la même chose et que ça ne rentre pas. C’est déjà ce qu’il lui a dit tout à l’heure, ce n’est de la faute de personne si ça lui est tombé dessus mais ça n’est pas non plus une excuse pour faire n’importe quoi de sa vie. « La façon dont tu vis avec, tu la choisis en revanche. » Il a besoin de le dire parce que c’est insupportable de l’entendre se décharger sur son trouble pour justifier toutes les conneries qu’il fait. Il reste persuadé que Nicky ne fait rien pour vivre au mieux avec ça, que sa psy pourrait faire plus et lui proposer d’autres solutions qu’un simple suivi. Le faire rencontrer d’autres personnes atteintes comme lui par exemple, quelqu’un y a-t-il au moins déjà pensé ? Eddie pense que ce serait une bonne chose à mettre en place pour le confronter au vécu de personnes pouvant vraiment le comprendre, même s’il n’est pas certain que Nicky accepterait de se prêter à l’expérience. « Tu vois pas tous les efforts que je fais ? Non, évidemment que non. Ce sera jamais assez pour toi, de toute manière. » Il y a un moment de flottement après ça, durant lequel Eddie se demande comment faire comprendre à Nicky qu’il voudrait rester seul sans que celui-ci le prenne pas et se sente foutu à la porte. Un bref moment que la voix du jeune Yang vient brutalement briser. « Va te faire foutre. » Eddie écarquille les yeux et le regarde, d’un air désabusé. « Pardon ? » il demande calmement comme s’il voulait s’assurer d’avoir bien entendu alors qu'il sait que Nicky l’a vraiment dit. « Va te faire foutre. Si ma vie ne te plaît, si t'estimes que s'en est pas une et qu'elle a pas lieu d'être, alors dégage juste Eddie, dégage de ma vie et arrête de m'enfoncer à chaque fois qu'on se croise. » Il pleure Nicky, face à un Eddie incapable d’articuler quoi que ce soit. Et pour cause, à cet instant, ce sont les mots de Callie qui résonnent à nouveau en lui. Tu brises tous ceux que tu aimes. Tristement vrai, encore aujourd’hui. « Nic- » Il a à peine le temps de réaliser ce qui se joue que Nicky est déjà parti, la porte claquée derrière lui dans un fracas qui le fait sursauter. Eddie reste plusieurs longues secondes assis à ressasser la brusque fin de cet échange, puis d’un bond il se lève et court jusqu’à son balcon d’où il peut voir son cousin vagabonder au loin avant de disparaitre, sans savoir où cette errance le mènera cette fois. Il n’a qu’une pensée à ce moment-là Eddie, celle d’espérer qu’il ne lui arrive rien car dans un état pareil il a toujours très peur des rencontres qu’il peut faire, ou des décisions qu’il peut prendre. Sois prudent, s'il te plait.