« Très peur même. » aux grands maux les grands moyens et je me plais à croire que je suis assez imaginative pour pouvoir contrer n’importe quel mal que cette planète peut porter. A commencer par des types qui pensent que leurs queues est un atout de séduction majeure, comme si ça méritait d’être un Panthéon des queues quelque part ; à ce que je sache, ça n’existe pas, alors pourquoi ils persistent ? Pourquoi mettre en avant des virilités qui feront plus fuir qu’accrocher - car ça ne sera pas la taille de l’engin qui rebutera mais l’audace même de se prendre ce genre de clichés dans la rétine sans n’avoir rien demandé à personne. C’est clairement une attaque personnelle et ô combien que je pense pouvoir m’amuser follement sur ces applications maintenant que j’y pense. Je n’aurai pas pensé que Penny aurait été de ceux sur cette application, une actrice de surcroît, une image déjà quelque peu erronnée, la confiance qu’elle a eu à se foutre dessus me dépasse quelque peu. Est-ce que je pourrai convaince Heather de faire de même ? Je n’en suis pas aussi sûre. Mais en tout cas, moi, je me garde ça dans un coin de ma tête pour les jours pluvieux où il n’y a rien à faire - et il paraît que mon compagnon bosse, et il bosse beaucoup le bougre donc il faut bien que je trouve de quoi m’occuper.

« Attends. » on a assez attendu, là, non ? Non, nous sommes stupides, nous sommes machiavéliques, nous sommes fourbes, on va s’incruster là où il ne faut pas et- hey, on fait juste preuve de sociabilité en allant à la rencontre de mon futur collègue avec lequel je ne travaillerai sûrement jamais car il est intervenant avec un titre pompeux et moi, je me contente de la carte d’Australie pour souffler le chaud et le froid. C’est déjà beaucoup, à mon sens. « Un peu de courage liquide. » et hop, coupes vides deviennent coupes pleines et je souris à la blonde qui m’accompagne, ravie de son ordre des idées et priorités. “Bonne idée.” que j’affirme à voix haute. « Je meurs de faim. » d’autant qu’elle joue le jeu - et à vrai dire, je préfère carrément qu’on aille grignoter un morceau ou dix car avec le poids de champagne que nous sifflons joyeusement dans la plus grande innocence au milieu de nos pas de danse, c’est quand même plus prudent. Je ne veux pas encore rouler jusqu’à Fortitude et lancer un sos à Jordan pour qu’il vienne me récupérer dans un état pitoyable. Nous sommes adultes, okay, on peut tenir notre alcool et faire ce qu’il faut pour ne pas nous foutre la gueule à l’envers. Sinon, il va falloir que je fasse signer une décharge auprès de Penny pour me dédouaner de toute responsabilité de son état mais avec une clause stipulant qu’elle est dans l’obligation d’au moins me tenir les cheveux si je finis la tête dans les toilettes. Mais la paperasse et moi, nous ne sommes pas très potes alors je passe vite à autre chose alors que je siffle mon verre.

Juste devant l’inconnu à dix pommes de plus que nous, au regard intense, au sourire naturellement charmeur et la Birdie d’une autre existence aurait sûrement tenter de croquer la pomme malgré les mèches de cheveux grises et la bague au doigt - mais la Birdie de maintenant reste sage, même si je ne peux pas dénier que la carte de la séduction légère et innocente est toujours ma préférée pour tirer les vers du nez d’autrui. Il paraît que ça fonctionne parfaitement quand on a le teint et le sourire enfantin comme moi. « Ils ont vingt-trois ans, pour ce qui est de l’aspect séduction, je préfère ne pas me prononcer. » je mords ma lèvre, forçant légèrement un rire qui s’évacue de mes poumons alors qu’en vrai, j’ai juste envie de jeter un coup d'œil à Penny et de rentrer dans le vif du sujet directement. Il peut être un oncle, un parent éloigné, ou n’importe quoi, à vrai dire ? « Vous ne seriez pas parent avec Jordan Fisher le producteur de musique par hasard? » oh fucking sake. Je tourne ma tête trop rapidement vers elle, j’ai un léger vertige - ça, c’est un signe qu’il faut que j’y aille tranquille sur les coupes qui défilent au milieu des invités, bandes de tentateurs perfides - les yeux s’ouvrant en grand alors que j’admire et je juge son culot indécent. Ce n’était pas prévu mais c’est bien connu ; les plans ne sont pas faits pour être respectés, où serait le fun dans ça ? « Oh, eh bien un fils plus vieux aussi donc. »

How to meet your partner’s father, step one. J’ai l’air cruche, on doit avoir l’air cruche toutes les deux à le regarder avec surprise. On ne s’aide pas mutuellement car non seulement je reste muette mais Penny aussi, qui tourne même son regard vers moi alors que le mien est cloué sur celui du monsieur. Le père de mon partenaire. Sullivan Fisher. “Vous oubliez souvent combien de fils vous avez ?” ma question est un poil brutal et rempli de jugements, surtout pour une inconnue qui ne connaît rien de sa vie - et non, effectivement, je ne connais rien car Jordan ne m’a rien dit. Mais ce type, j’ai déjà envie de le frapper pour être aussi détaché et presque fuyard tout d’un coup face à nos petits gabarits. Evidemment que mes ondes sont négatives tout d’un coup. “Excusez-moi, mesdemoiselles, mais j’ai plus important à faire dans l’immédiat que de bavarder. Si vous voulez bien m’excuser.” non, je l’excuse pas et qu’importe le nombre de fois qu’il le dit alors que j’observe son dos s’éloigner, ça ne changera en rien mon jugement. “Tu crois qu’on peut lui envoyer des piques d’ici ? Dix points sur le dos, vingt pour les jambes, trente dans les fesses et cinquante dans la tête.” les petites piques qui n’ont rien d’écologique mais qui ornent les plateaux divers et variés, je ne leur accorde aucune intention alors que je suis complètement soufflée. “Merde alors. C’était son père. Jordan m’a jamais parlé de son père. Je savais même pas qu’il était en ville.” je passe ma main sur mon front, complètement choquée par cette nouvelle information - si mon partenaire ne m’en a jamais parlé, c’est qu’il a forcément un problème avec. Ou au moins, que l’indifférence était là. “Quel genre de père oublie son fils ?” que je demande à Penny, à l’air, au monde, sauf aux principaux concernés - je n’ai pas ce courage. “En tout cas, je m’attendais pas à ce que tu lui rentres directement dans le lard. C’était très appréciable.” je glisse néanmoins en souriant légèrement. “Par contre, on est d’accord qu’il a l’air d’un connard, non ?” okay, j’exagère peut-être un peu mais je suis totalement biaisée et subjective, là, il faut me pardonner et comprendre mon point de vue.

Le plan de base, ce n’était pas que tu le confrontes directement en lui demandant s’il avait un lien de parenté avec Jordan. Vous deviez emmener le sujet tranquillement, mais quand il avait dit avoir des fils plus jeunes, tu avais assumé qu’il n’était pas son père, peut-être un parent plus ou moins distant, rien de plus. Tu n’étais clairement pas préparée à l’éventualité que non seulement, il est bel et bien le père de ton ami, mais qu’en plus il semblait avoir oublié son existence jusqu’à ce que tu le mentionnes?! Tu ne comprends pas comment s’est possible, mais une chose que tu comprends parfaitement toutefois, c’est que vous venez de vous mettre les pieds dans les plats et pas qu’un peu, avec Birdie. Dans une situation qui est bien trop complexe pour être comprise avec si peu d’informations et beaucoup trop d’alcool qui coulent dans vos veines. Tu restes figée après la réponse de Sullivan, ton regard qui se perd dans celui de ton acolyte de la soirée et elle aussi, semble bouche-bée. Faut que quelqu’un dise quelque chose et vite, le malaise semble s’intensifier après chaque seconde de silence, mais tu es coincée et tu n’as pas la moindre idée de ce que tu es censée dire. C’est finalement Birdie qui arrive à ouvrir la bouche la première, même si tu n’es pas certaine que ce qu’elle dit aide vraiment à faire disparaître le malaise. « Vous oubliez souvent combien de fils vous avez? » C’est une question tout à fait légitime vu le commentaire de l’homme, mais tu n’as pas l’impression que cela va vous valoir une quelconque réponse de sa part. Et comme de fait, tu as misé juste quand dans les secondes qui suivent, il est déjà prêt à se faufiler sans réponse à la moindre des interrogations qui s’accumulent dans vos esprits. « Excusez-moi, mesdemoiselles, mais j’ai plus important à faire dans l’immédiat que de bavarder. Si vous voulez bien m’excuser. » Tu te demandes bien ce qu’il peut avoir de plus important à faire dans une soirée comme celle-là, même si tu sais pertinemment que la réponse est rien du tout et qu’il a simplement dit ça comme une excuse pour ne pas avoir à répondre à la question de Birdie. Tu ne connais pas l’histoire familiale de Jordan, mais tu sais une chose désormais : ça a l’air terriblement compliqué.

« Tu crois qu’on peut lui envoyer des piques d’ici? Dix points sur le dos, vingt pour les jambes, trente dans les fesses et cinquante dans la tête. » « Ça lui fera réellement quelque chose de plus important à faire si on réussit. » que tu renchéris, attrapant l’un des piques à ton tour, t’imaginant déjà le viser derrière son crâne sur lequel ses cheveux blonds sont parfaitement lissés. Tu secoues la tête, tu ne réalises toujours pas ce qui vient de se passer. Faut dire que tout le champagne bu n’aide pas tes neurones à fonctionner normalement, et ce n’est certainement pas une bonne idée que tu prennes une nouvelle gorgée de ta coupe, mais c’est ce que tu fais quand même. « Merde alors. C’était son père. Jordan m’a jamais parlé de son père. Je savais même pas qu’il était en ville. » « D’après moi, ils doivent pas avoir une très belle relation. » Si relation ils ont évidemment, parce que c’est loin d’être l’impression que ça donne, vite comme ça. « Quel genre de père oublie son fils? » Tu secoues la tête tout en haussant les épaules. Tu n’en as pas la moindre idée. « Le genre absent? » Ça te semble être la réponse la plus logique. Un père qui ne joue pas son rôle dans la vie de son enfant peut-il vraiment aller jusqu’à oublier sa progéniture? Ça ne semble pas être un low life qui fait des enfants à gauche et à droite pourtant. Oh mais les apparences peuvent parfois être trompeuses, tu le sais bien ça. Tu es troublée, tu ne sais vraiment pas quoi en penser et tu ne peux t’empêcher de ressentir un pincement au cœur quand tu penses à Jordan. Il ne voudrait certainement pas que vous vous fassiez autant de scénario sur son paternel, et pourtant, tu es bien incapable de t’en empêcher désormais. « En tout cas, je m’attendais pas à ce que tu lui rentres directement dans le lard. C’était très appréciable. » Tu échappes un rire qui se place quelque part entre l’amusement et la nervosité. « J’ai temporairement oublié le plan. » que tu lui avoues avant d’échapper un soupir. Tu te retournes à nouveau vers le buffet et attrapes un autre amuse-bouche, laissant le pique glisser entre tes doigts, l’envie de le lancer dans la direction de Sullivan Fisher toujours aussi puissante. « Par contre, on est d’accord qu’il a l’air d’un connard, non? » Tu hoches la tête en approbation. Tu ne sais pas si c’est le bon mot pour le décrire, mais ça fera certainement l’affaire pour ce soir. « Tu comptes dire à Jordan ce qui s’est passé? » que tu lui demandes ensuite, ne sachant pas trop si tu préférerais qu’elle te réponde à la positive ou à la négative. Peu importe ce qu’elle décide toutefois, tu suivras son lead. C’est elle sa partenaire et si elle préfère faire comme si elle ne savait pas, tu prétendras toi aussi. « Je pensais vraiment pas que ça se passerait comme ça. » C’est ce qu’on appelle un plot twist efficace, sans aucun doute.

« Ça lui fera réellement quelque chose de plus important à faire si on réussit. » Birdie pouffe de rire sans savoir comment elle réussit à le faire alors qu’elle vient d’avoir le père de son partenaire qui était jusqu’à présent inexistant sous ses yeux, en chair et en os ; mais il faut croire que la répartie de l’actrice réussit à la détendre quelque peu - ou alors ce sont les verres ingurgités, ce qui ne serait pas une surprise non plus. Est-ce que c’est mature de commencer à voir quel mouvement de poignet il faut faire pour atteindre telle ou telle partie ? Non, clairement non mais depuis quand la maturité fait partie du vocabulaire de Birdie Cadburry - quand c’est pour les autres, en tout cas, pas quand c’est pour elle. Ô ironie quand tu nous tiens. Cependant, malgré le bref éclat de rire, elle reste choquée par cette annonce. Cette vision. Elle aurait dû le toucher pour être sûre mais Penny l’a vu aussi alors ça ne peut pas être une illusion optique. La voilà dans un joli drap (non). Elle ne sait rien de l’histoire du paternel. Elle connait tout sur la femme morte de son partenaire mais rien, nada, sur son histoire de famille. Et à en juger par ce qu’il vient de se dérouler, ce n’est pas rose (quelle ironie, de nouveau, quand on sait que Jordan adore le rose).

« D’après moi, ils doivent pas avoir une très belle relation. » le pique finit par être mordillé entre les dents de la lionne Cadburry - est-ce qu’elle est en train de s’imaginer en train de grignoter sa moelle jusqu’à découvrir les tréfonds de cette histoire dont elle n’a nullement connaissance ? Peut-être. “Visiblement. Tes parents ont tendance à oublier qu’ils t’ont, toi ? Parce que même les miens qui voyagent tout le temps, ils pensent toujours à nous.” les géniteurs Cadburn sont toujours quelque part sur le globe mais ils pensent toujours à envoyer un petit quelque chose, qu’importe où ils sont. Elle n’a pas la sensation que ce grand idiot soit de la même trempe et par principe, elle décrète naturellement qu’elle ne l’aime pas. Même sans savoir le pourquoi du comment - mais elle se positionne du côté de Jordan sans y réfléchir deux fois car c’est lui qui vient d’être sali de la sorte par le donneur de spermatozoïde. Comment un être aussi dédaigneux ait pu donner une adorable créature comme Jordan ? « Le genre absent? » les sourcils se soulèvent, peu convaincue. “C’est même plus de l’abstéisme, là… C’est comme s’il ne veut pas voir son existence. C’est encore pire.” il aurait été mieux que ce fut un père qui ait abandonné son gamin à la naissance plutôt que d’être aussi passive à son évocation. Même si l’image est compliquée à voir car sa famille n’est pas du tout dans la même lignée optique - mais cela a plus de sens sur pourquoi les Mendez sont plus considérés comme sa famille que… sa famille.

« J’ai temporairement oublié le plan. » léger sourire de coin alors qu’elle relâche le pique dans sa main pour prendre une nouvelle coupe - la dernière, promis. « Tu comptes dire à Jordan ce qui s’est passé? » elle utilise le pique pour gratouiller son front - et éviter de se le foutre dans l’oeil, aussi, ça serait bien. “Je pense pas. Sachant que jamais n’a été évoqué sa famille, encore moins son père… Et vu le personnage que ça semble être, je peux comprendre pourquoi. Je ne veux pas lui faire vivre de mauvais souvenirs mais…” mais ? “Mais j’ai envie d’en savoir plus aussi. Ne serait-ce que pour mieux comprendre Jordan.” car maintenant qu’elle a vu le spécimen paternel, elle est persuadée qu’y a quelque chose de profond qui s’y cache. “J’ai juste peur qu’iel tombe nez-à-nez sur lui, sachant qu’il vient parfois me chercher aux studios. Arg, c’est compliqué, je sais pas quoi faire, c’est tout nouveau pour moi, je veux pas tout foutre en l’air.” voilà pourquoi elle ne se mettait pas en relation en premier lieu ; les parents, c’est angoissant au possible. Mais craindre de foutre en l’air une relation est encore pire. « Je pensais vraiment pas que ça se passerait comme ça. » un ricanement se propage hors de ses lèvres. “Tu m’étonnes. On était parties pour du champagne et des petits-fours, voilà qu’on se retrouve en plein drame familial… Sans les personnes concernées ni savoir de quoi il en retourne. J’aime pas quand on attise ma curiosité.” puis elle lève son verre à ses yeux. “Ceci dit, si je bois mon poids en champagne, je peux peut-être oublier tout ça, non ?” non, elle ne va pas boire son poids en champagne mais l’idée reste séduisante ; elle aurait aimé ne rien savoir, au final.

Cette soirée prend une tournure que tu n’aurais jamais pu t’imaginer et tu te demandes vraiment si vous avez pris la bonne décision en interrogeant ainsi Sullivan Fisher. Certes, vous avez obtenu les réponses que vous cherchiez, mais maintenant, vous vous retrouvez avec une vérité qui est tout ce qu’il y a de plus compliqué et aucune idée de ce que vous êtes censées en faire. Tu as l’estomac noué, mais tu t’efforces quand même de prendre une bouchée et puis une autre de l’hors d’œuvre que tu as choisi dans le buffet offert, ne serait-ce que pour remplir ton estomac d’autre chose que du champagne sur lequel tu abuses un peu beaucoup depuis que tu es arrivée. « Visiblement. Tes parents ont tendance à oublier qu’ils t’ont, toi? Parce que même les miens qui voyagent tout le temps, ils pensent toujours à nous. » Tu secoues la tête à la tête. Bien sûr que non, tes parents n’ont pas l’habitude de t’oublier, bien au contraire. Faut dire qu’ils peuvent te voir sur leur écran quand ils le veulent, et puis tu réalises que c’est un peu la même chose pour Birdie, même si c’est différent. De toute façon, même sans ça, tes parents sont du genre présents, bienveillants, à la limite de l’étouffant parfois, malgré le fait que ton frère ait toujours pris plus de place que toi vu sa différence. « Je pense que mes parents m’ont oublié une fois, au centre d’achat quand j’avais treize ans, mais c’est parce que mon frère a fait une crise et que j’étais partie toute seule dans un autre magasin. » Bon, ce n’est pas trop ce qu’elle te demandait, mais l’anecdote te vient en tête et tu te dis que peut-être que ça va la faire rire et faire descendre légèrement la tension que vous ressentez encore toutes les deux quand vos regards se perdent derrière la tête de l’homme d’affaires. « C’est même plus de l’absentéisme, là… C’est comme s’il ne veut pas voir son existence. C’est encore pire. » Dis de cette façon, ça sonne terrible en effet. Vous ne connaissez pas l’histoire ni les circonstances derrière, mais tu peines à croire que la background story puisse être à l’avantage du géniteur de Jordan. « J’peux pas m’empêcher de me demander maintenant si sa mère est présente dans sa vie ou si c’est comme lui. » Il y a une grimace qui s’affiche sur ton visage quand tu prononces le mot lui et tu te sens terriblement mal pour ton ami, imaginant déjà des tonnes de scénarios digne de films tous plus dramatiques les uns des autres.

« Je pense pas. Sachant que jamais n’a été évoqué sa famille, encore moins son père… Et vu le personnage que ça semble être, je peux comprendre pourquoi. Je ne veux pas lui faire vivre de mauvais souvenirs mais… Mais j’ai envie d’en savoir plus aussi. Ne serait-ce que pour mieux comprendre Jordan. » Tu hoches doucement la tête. Tu peux parfaitement comprendre l’envie. Isaac non plus, n’est pas le plus bavard lorsqu’il s’agit de sa famille, même si tu en connais assez pour savoir que ses parents font tout de même partie de sa vie, ne serait-ce qu’à distance, ce qui ne semble pas être le cas de Jordan. « Si tu décides d’aborder le sujet, vaille à être plus subtile que nous ce soir. » Parce que vous ne l’avez pas été une miette, malgré vos bonnes intentions. Tu as l’estomac tout à l’envers et tu ne sais pas si c’est le champagne, les bouchées, l’émotion ou un affreux mélange des trois. « J’ai juste peur qu’iel tombe nez-à-nez sur lui, sachant qu’il vient parfois me chercher aux studios. Arg, c’est compliqué, je sais pas quoi faire, c’est tout nouveau pour moi, je veux pas tout foutre en l’air. » Tu hausses les épaules. Tu aimerais tant avoir un bon conseil à lui offrir sur la situation, mais la vérité c’est que toi non plus, tu n’as pas la moindre idée de ce que tu ferais si tu étais dans la situation de Birdie. « Ce serait louche tu crois si tu mentionnes qu’il y a un nouveau consultant qui a le même nom de famille que lui? Juste en mode petite anecdote rigolote qui n’a absolument rien de drôle au fond. » Plus tu parles, plus tu réalises en fait que ton idée c’est de la merde et qu’elle ne devrait pas faire ça. Tu secoues la tête. « Je suis désolée, je sais pas quoi te dire. » Tu es aussi estomaquée qu’elle et tu n’es pas encore familière avec les bonnes procédures quand vient le temps d’apprendre des nouvelles potentiellement déstabilisantes à son partenaire. Ça viendra, sûrement, mais pas avant Birdie décidément. « Tu m’étonnes. On était parties pour du champagne et des petits-fours, voilà qu’on se retrouve en plein drame familial… Sans les personnes concernées ni savoir de quoi il en retourne. J’aime pas quand on attise ma curiosité. » Tu échappes un petit rire. Tu es pareille à ce niveau-là. Tu le sais que ça va t’obséder cette histoire-là, même si ça te touche bien moins directement que la blonde. « Ceci dit, si je bois mon poids en champagne, je peux peut-être oublier tout ça, non? » Oh boy. « Ça dépend, est-ce que t’es censée voir Jordan après cette soirée? » que tu lui demandes, mi-sérieuse, mi-amusée. « Parce que si t’es le même genre de saoule que moi, tu risques de dire tout ce qui te passe par la tête si tu continues de boire comme ça. » Par expérience, tu sais que sous l’influence de l’alcool, t’es la pire pour garder des secrets. Mais peut-être que c’est juste toi aussi. « T’es obligée de rester toute la soirée d’ailleurs? Parce que je sais pas toi, mais je considère qu’on a assez donné pour aujourd’hui. » Tu as envie de rentrer, mais la dernière chose que tu veux, c’est de laisser la Cadburry toute seule après ce qui vient de se passer.

« Je pense que mes parents m’ont oublié une fois, au centre d’achat quand j’avais treize ans, mais c’est parce que mon frère a fait une crise et que j’étais partie toute seule dans un autre magasin. » une anecdote qui fait doucement rire, détendant un peu les nerfs cumulés sur tes épaules et tes omoplates. Tu ne devrais pas être aussi détendue mais c’est l’appréhension de la suite qui t’incombe sans que tu y prennes attention. Comme si une charge sur toi venait de te tomber sur la tête alors que tu n’as rien demandé de tout ça. Tu n’es pas avec Jordan depuis longtemps alors rencontrer son père n’a jamais fait partie des projets immédiats. Ni même futurs sachant que jamais ton partenaire ne l’a évoqué ni même parlé de lui. Si jusqu’à présent, tu n’as jamais cherché à savoir, voilà que cette rencontre inopinée change tout. D’autant qu’il n’a pas l’air d’être le père de l’année et que tu restes choquée que Sullivan Fisher eut l’air d’avoir volontairement oublié l’existence d’un de ses fils. Tu es ébahie et même si l’anecdote de Penny te fait sourire, tes yeux ancrés sur la forme du patriarche-dont-on-ne-doit-pas-parler qui s’affine de plus en plus au loin sont dubitatifs. Une information que tu n’aurais pas songé avoir sur les épaules, d’autant que la situation familiale de Jordan, pour le peu que tu en as entendu parler, n’a jamais été très joyeuse. Son existence entière n’a pas été un long fleuve tranquille et tu as envie de le protéger de ça. Amoureuse de lui, tu veux son bien et son bonheur ; mais cette histoire t’interroge aussi inéluctablement. « J’peux pas m’empêcher de me demander maintenant si sa mère est présente dans sa vie ou si c’est comme lui. » tes prunelles bleutées se téléportent sur la forme de l’actrice, bien plus agréable à regarder que le néant qui se propage au loin. “Ni l’un ni l’autre. Sa mère est décédée.” ça, tu le sais. Jordan te l’a dit. T’en as peut-être trop dit mais qu’importe ; Penny te semble être quelqu’un de confiance qui a l’air de porter à coeur les intérêts de Jordan autant que toi. Elle n’irait pas courir pour le bichonner de sa perte et elle saura faire preuve de discrétion. Plus que les photos qui défilent d’elle dans les magazines, en tout cas, tu l’espères. “Quand tu vois le type, je peux comprendre pourquoi.” même si ça n’a sûrement rien avoir et heureusement que ton partenaire n’a pas les oreilles qui traînent dans le coin. Tu te serais mangée une soufflante.

« Si tu décides d’aborder le sujet, vaille à être plus subtile que nous ce soir. » tu émets un léger son de protestation. “C’est toi qui n’as pas été subtile! J’allais pour le plan mais t’es arrivée comme… Comme a wrecking ball.” que tu finis par t’exclamer en étant fière d’avoir trouvé le terme adéquat. Même si ça te fout la chanson dans la tête, ce qui n’est pas un problème car tu l’aimes beaucoup de toute façon. “En plus habillée. Dommage.” que tu rajoutes avec un léger sourire de coin - ça, c’est la partie la plus triste de ce soir. Mais tu as toujours une vue imprenable sur les jambes de Penny, cela suffit à te combler. Il y a des chances que si tu ne vas pas parler de Sullivan à Jordan, tu vas forcément t’extasier sur ses jambes. Il ne t’en faut pas beaucoup, il faut bien le dire. « Ce serait louche tu crois si tu mentionnes qu’il y a un nouveau consultant qui a le même nom de famille que lui? Juste en mode petite anecdote rigolote qui n’a absolument rien de drôle au fond. » tu te grattes la tête d’un air embêté car la subtilité n’est pas non plus ton fort. Ton instinct te dit simplement de fermer ta tronche et d’attendre un meilleur moment. Vous n’êtes qu’au début de votre relation officiellement, il n’y a rien qui presse - encore moins sa fin. Tu ne souhaite vraiment rien gâcher. Et même si le plan de Penny n’est pas stupide en soi, tu n’es pas si bonne comédienne que ça. Contrairement à elle, il va s’en dire. « Je suis désolée, je sais pas quoi te dire. » petit sourire de nouveau avant de lui rentrer ton épaule dans le sien. “Tu aides, c’est déjà beaucoup. Je verrai si l’occasion se présente. Il n’y a rien qui presse.” tu l’espère, en tout cas. Cela est une preuve de ta volonté à vouloir faire prolonger cette relation si nouvelle et inédite et inattendue.

Exactement comme ta descente d’alcool que tu jauges pour mieux pouvoir oublier cette histoire. Pour quelques heures. « Ça dépend, est-ce que t’es censée voir Jordan après cette soirée? » tu hausses les épaules. Tu n’en sais rien. Vous êtes à Spring Hill, ton appartement est plus proche que la maison de Jordan, il y a des chances que tu ne fasses pas la moitié de la ville pour aller le rejoindre. « Parce que si t’es le même genre de saoule que moi, tu risques de dire tout ce qui te passe par la tête si tu continues de boire comme ça. » tu pinces tes lèvres pour t’empêcher de glousser. Elle n’a pas tort et tu serais un peu du même genre. “Quelle voix de sagesse tu fais. L’expérience, je suppose ?” oh oui, l’expérience, tu en as aussi de ce côté-là, mais tu préfères fermer les yeux dessus car tu ne fais pas tant d’excès que ça. Comme si c'était normal de vouloir boire son poids en alcool. Mais entre dire et faire, il y a un monde. Et tu n’es pas vraiment sérieuse, n’est-ce pas ? « T’es obligée de rester toute la soirée d’ailleurs? Parce que je sais pas toi, mais je considère qu’on a assez donné pour aujourd’hui. » te voilà en train de balayer de nouveau la foule du regard tout en secouant la tête. “Je propose qu’on vole une bouteille de champagne et qu’on aille se faire une petite after quelque part avec moins de gens en noir et de regards condescendants… Et sans aucun Sullivan Fisher dans notre périmètre. J’ignore de quoi on serait capable, sinon.” tu finis néanmoins la coupe que tu tiens entre les mains avant de piquer quelques petits fours que tu avales à la suite comme une petite malpolie dont tu n’es pas désolée d’être - il en faut pour faire baisser tranquillement le taux d’éthanol. Tes yeux sont déjà partis à la recherche de la potentielle cave à champagne… Ou une cuisine, c’est bien aussi, une cuisine.

« Ni l’un ni l’autre. Sa mère est décédée. » Tu ne t’y attendais pas à celle-là et le silence qui s’en suit confirme que tu ne sais absolument pas quoi répondre à ça. Comment tu es censée réagir face à ça de toute façon? D’un côté, on a un père qui oublie carrément l’existence de son fils aîné et de l’autre, on a une mère décédée depuis qui sait combien de temps? Tu secoues la tête. Tu as l’impression que tu es complètement en train de plomber l’ambiance d’une soirée qui n’avait rien d’un succès déjà à la base. C’est de pire en pire et tu t’en veux un peu d’avoir mise Birdie dans une situation aussi inconfortable, même si tu sais qu’elle était aussi curieuse que toi au sujet de Sullivan Fisher. Jamais vous n’auriez pu deviner que vous alliez faire de telles découvertes ce soir après tout. « Quand tu vois le type, tu peux comprendre pourquoi. » Tu hoches doucement la tête. Ça te fait quand même de la peine pour Jordan tout ça. Tu ne sais pas trop si t’aurais su tout ça un jour, si ça n’avait pas été des coïncidences de cette soirée. Il te paraît tout de même assez discret et mystérieux sur sa vie privée Jordan et malgré ta curiosité maladive, tu considères que tu sais quand ne pas pousser pour obtenir des informations sur quelqu’un, même si ça part toujours d’une bonne intention. Tu fais ton possible pour faire passer la nouvelle à coup de gorgées de champagne et d’hors d’œuvre au goût plus qu’ordinaire, mais vraiment, ton esprit est loin de se trouver sur cette soirée des plus ennuyantes, et tu es presque certaine que c’est la même chose pour Birdie.

« C’est toi qui n’as pas été subtile! J’allais pour le plan mais t’es arrivée comme… Comme a wrecking ball. » qu’elle s’exclame la blonde et tu pouffes devant l’image qu’elle a choisi pour décrire le tout. C’est vrai que tu as complètement déraillé du plan d’origine et que tu es allée droit au but, peut-être juste de manière un peu moins dramatique que Miley Cyrus qui liche une massue, mais bon, détail. « En plus habillée. Dommage. » Elle te fait vraiment rire, avec ses avances très peu subtiles, mais qui au moins ont l’art de rendre la situation étrangement moins lourde. « Si je m’ose à une robe moins conventionnelle et plus révélatrice pour mon prochain évènement, je te promets de t’envoyer une photo. » que tu lances sur un ton plein d’humour. « Fais juste promettre de ne pas montrer à Jordan. » que tu plaisantes un peu plus, même si vraiment, l’idée que Jordan puisse te regarder comme ça te met étrangement mal à l’aise. Peut-être parce que votre lien a toujours bien plus frôlé quelque chose de semblable au fraternel. Ça doit être ça, oui. Tu chasses l’idée de ta tête rapidement toutefois, parce que tu veux vraiment venir en aide à Birdie face au dilemme qui s’est formée devant elle ce soir, mais tu crains bien de ne pas avoir de solution miracle, ni même de trouver les bons mots pour lui porter secours. « Tu aides, c’est déjà beaucoup. Je verrai si l’occasion se présente. Il n’y a rien qui presse. » Tu hoches la tête en signe d’approbation. La nouvelle reste la même aujourd’hui, dans deux mois ou dans plus longtemps encore. Ça ne semble pas dater d’hier non plus et Jordan doit avoir ses raisons pour ne pas s’étendre sur la question. Tu espères seulement que ça ne viendra pas créer un quelconque malaise entre eux, tu t’en voudrais d’être en quelque sorte à l’origine d’un fossé dans le nouveau couple. Mais Birdie semble dire que non, et c’est sur ça que tu te concentres. C’était que de mauvaises circonstances du hasard, tout compte fait.

« Quelle voix de sagesse tu fais. L’expérience, je suppose? » « Tu supposes bien. » Oh que tu es difficile à suivre souvent, quand tu es sous l’influence de l’alcool. Tu t’es calmée toutefois depuis quelques temps. Depuis que Chloe est partie, en fait. Tu avais surtout l’habitude d’abuser avec elle. Elle te manque quand même, la blonde. Ça fait un moment que tu ne lui as pas parlé d’ailleurs, tu espères qu’elle va bien. Ça te prend quelques instants à revenir dans l’instant présent et c’est une preuve supplémentaire que tu as peut-être bien abusée un peu ce soir déjà. Tu veux partir, faire autre chose, voir d’autres monde, n’importe quoi mais ne pas avoir à rester ici et Birdie semble être dans le même état d’esprit que toi, pour ton plus grand bonheur. « Je propose qu’on vole une bouteille de champagne et qu’on aille se faire une petite after quelque part avec moins de gens en noir et de regards condescendants… Et sans aucun Sullivan Fisher dans notre périmètre. J’ignore de quoi on serait capable, sinon. » « C’est un excellent plan. » Tu tournes la tête une dernière fois en direction de Sullivan Fisher qui s’adonnait justement à regarder dans votre direction. Tu peines à retenir une grimace quand tes yeux croisent les siens, et puis tu décides de reporter toute ton attention sur la miss météo. « Tu t’occupes du champagne, je m’occupe de nous faire venir un Uber? » Si vous êtes pour abuser des bonnes choses, autant le faire dans des circonstances plus agréables que cette soirée à la con.