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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyLun 6 Sep 2021 - 15:27

Elle avait longuement hésité sur la façon de s’habiller - principalement parce que rien n’était clair, que son côté cartésien aurait vraisemblablement privilégié un sweat et un pantalon confortable tandis que la partie un peu plus fleur bleue de sa personne voulait mettre le paquet dans l'objectif d'impressionner, sinon de plaire ; elle voulait croire qu’une tenue un peu plus évoluée pourrait plaire à Maxine. Grace avait proposé qu'elles se revoient dans le feu de l'action et elles s'étaient quittées sans en reparler depuis ; à ce moment-là, la clarification semblait beaucoup moins cruciale que ce soir. Il faut dire que, d’habitude, c’était suffisamment implicitement clair pour qu’elle se passe de confirmation orale.
Mais voilà : cette fois la brune était contrainte d’y aller à l’aveugle, son premier rencard depuis bien longtemps se marquant d’un gros point d’interrogation. Jusque-là, elle se sentait presque rouillée, quasiment incapable ; comme si le simple fait de passer une soirée avec quelqu’un qu’elle appréciait et qui lui plaisait relevait de l’impossible. Elle avait passé tant de temps à se refermer sentimentalement, à privilégier les coups d’un soir et le détachement parfait que repartir dans la tendance inverse lui semblait équivaloir à sortir à poil.
Elle avait soufflé un bon coup et opté pour la tenue la plus classe qu’elle ait pu trouver, délaissant enfin les survêtements qu’elle ne connaissait que trop depuis qu’elle vivait de nouveau en Australie et chez son frère, perdant du même coup une demi-heure sur son avance - et elle s’était mise en route, le bras droit encore plus crispé qu’à son habitude, à l’image de son visage qui ne savait plus où foutre autant de stress sur une si petite surface. Même ses jambes peinaient à avancer, anormalement crispées sous l’effet de l’anxiété - elle était à ça d’envoyer un message à la jeune femme, rien que pour lui demander excuse hein mais c’est un rencard ou pas ? parce que j’asphyxie, lol. Au lieu de quoi elle presse le pas, glisse la cigarette habituelle entre ses lèvres et se hâte jusqu’à la porte du bar à haches du quartier. Forcément, la blonde l’attend ; forcément, elle aurait pu être en pyjama que Grace aurait senti son coeur se serrer malgré tout, entre appréhension et timidité anormalement exacerbée. La Canadienne lève le bras et l’agite, manquant de lâcher la clope qu’elle tient toujours et qu’elle écrase prestement dans le cendrier le plus proche avant d’étreindre Maxine, toujours un cran trop tactile, toujours incorrigible. “Salut ! T’as attendu”, qu’elle lâche pour tout bonjour en serrant prestement la jeune femme contre elle, l’oeil affolé. “Désolée, j’me suis perdue dans mon stress. Ca fait un moment que j’ai pas fait ça.” Ca ? Sortir de chez elle ? Aller en date ? Elle ne pense pas indispensable de préciser sa pensée. “On entre ?” Le sourire reprend le dessus, toujours un peu contrit : “La honte, mon dieu. C’est toi la nouvelle et c’est moi qui débarque en retard.

@Maxine Wright :l:
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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyLun 6 Sep 2021 - 21:57

Sans exactement comprendre comment, mes pensées s'étaient mises à former des spirales qui menaient toute à Daniel, mon ex petit-ami. Quand je me regardais dans le miroir, j'entendais sa voix qui murmurait que j'avais l'air ridicule dans cette petite tenue que j'avais choisi avec beaucoup trop d'attention. Depuis quand est-ce qu'on se questionnait autant avant d'aller rejoindre une connaissance, me soufflait la voix de Daniel, comme un petit parasite dans un coin de mon cerveau. Il me disait que je me montais la tête, que j'étais stupide, illogique... Et peut-être qu'il avait raison. Grace m'avait proposé de se retrouver, spontanément, sûrement parce qu'elle avait envie de passer plus de temps avec moi, être mon amie, n'est-ce pas ? Elle était canadienne, et là-bas, ils étaient tous très sociable et gentil, non ? Je tentais de me convaincre, sans être complètement satisfaite de ma propre réponse. Qu'est-ce que je voulais, au fond ?!

Pour canaliser mes pensées, je m'étais affalée sur mon lit en me faisant les ongles, appliquant un vernis pastel différent sur chaque doigt. J'agitais ensuite mes mains, faisant briller du rose, du jaune, du vert, du bleu, dans un petit arc-en-ciel sous la lumière tamisée de ma petite chambre. Je soufflai distraitement sur le bout de mes ongles avant de regarder pour la cinquantième fois sur mon téléphone comment me rendre au bar à haches. Quelle drôle d'idées, de me faire une petite manucure juste avant d'aller littéralement lancer des haches. Mais qui a dit qu'on ne pouvait pas être un peu barbare et mignonne en même temps ? Même ma tenue témoignait de ma volonté d'être aussi badass qu'adorable - j'avais mon short en cuir et mes Doc Martens, mais également un petit top rose au col en forme de cœur, qui dégageait bien ma poitrine, contre laquelle brillait une petite chaîne dorée.

Je pressai le pas dans la rue, anxieuse d'être en retard - c'était pour cela que mon cœur devait battre si fort dans ma poitrine, ma maudite politesse anglaise, rien de plus. Sûrement rien de plus.

J'eus l'impression d'attendre des heures, tant j'étais nerveuse, chaque fois qu'une silhouette approchait, je sentais ma respiration se couper. Je voulais simplement que Grace arrive et me libère de mes idées parasites, que je ne m'entende plus penser, que je.... - ah, je sursautai, oh son sourire était si communicatif et sa présence m'engloutit tout entière avant même qu'elle ne me prenne dans ses bras.


"Salut ! T’as attendu. Désolée, j’me suis perdue dans mon stress. Ca fait un moment que j’ai pas fait ça."

Fait quoi ? Lancer des haches ? Sortir avec une nouvelle connaissance ? Ou... Euh... Non, non. Je secouai la tête. Il fallait que j'arrête de me faire des films. Je n'avais même pas envie de me faire ces films-là. Pas vrai ?!... Mais pourquoi est-ce que Grace était stressée ?!

"Ah bon, tu ne vas pas lancer des haches tous les jours ? Moi c'est ma routine du matin, après mon café," plaisantai-je, me raccrochant à mon humour comme dernière carapace. "Ne t'inquiète pas, je n'ai pas attendu longtemps, et puis, ça valait clairement la peine !"

... Mais qu'est-ce que je racontais ?!

"On entre ? La honte, mon dieu. C’est toi la nouvelle et c’est moi qui débarque en retard."
"Mais non, je t'assure, ça arrive. Maintenant que tu es là, je compte sur toi pour m'apprendre à me décapiter le prochain relou qui m'accoste dans la rue. C'est bien à ça que ça sert, le lancer de haches, non ?"

On se faufila jusqu'à une sorte de couloir au bout duquel se trouvait une cible, et l'une des gérantes du lieu nous rappela quelques mesures de sécurité - j'hochai la tête, l'écoutant distraitement, bien trop occupée à regarder du coin de l'œil Grace tout en faisant semblant que je ne la regardais pas non plus. J'avais les mains moites.

"Bon, allons-y", dis-je avec entrain pour masquer mon angoisse mêlé d'une excitation étrange. "Je crois que le lancer de hache est un sport qui vient du Canada, non ? Tu vas avoir une longueur d'avance, c'est pas juste ! En plus, je parie que c'est là que tu amènes toutes tes" - je bafouillai tout à coup, avalant la fin de ma pensée - "que tu amènes tout les gens avec qui tu veux être amie."

@Grace Nashkawa  cotton candy lemonade (max&grace) 873483867
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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyMar 7 Sep 2021 - 12:32

Ça valait clairement la peine. N'eut-elle pas été tant en retard, et aussi affolée par ledit retard, elle aurait sûrement tiqué, peut-être même rebondi sur la remarque – or elle l'entend à peine dans son élan, déblatère sagement les excuses qu'elle répète depuis tout à l'heure dans sa tête et suit la jeune femme jusqu'à l'intérieur de la salle. Docile, elle observe la décoration, s'imprègne du bruit des haches lancées et des grognements qui accompagnent le geste ; se laisse embaumer par l'odeur de liège des cibles. C'est plus facile de se concentrer sur tout, sauf Maxine, Maxine qui sent toujours bon, qui est rudement bien habillée et qui la guette, aussi, du coin de l'œil. Grace sent un sourire étirer la commissure de ses lèvres, à peine attentive aux consignes de sécurité de mise.
C'est Maxine qui reprend la parole alors que Grace intercepte son regard, haussant les sourcils en un air univoque : il était l'heure de manier ces armes dangereuses sans aucune supervision ! Excellente idée de premier date. À la remarque de Maxine, la brune lui jette un coup d'oeil en coin, regard taquin et à peine moqueur – « toutes mes amies, hm ? » Difficile de le ravaler, son sourire, mais elle pince ses lèvres pour l'effacer rien qu'un peu. « Ouais, c'est un test que j'ai mis en place pour rentrer dans le cercle très privé de mes proches. Tu sais pas défoncer un arbre à 5 mètres de distance, tu entres pas. » Nouveau haussement de sourcils, parce qu'elle ne compte pas arrêter de l'embêter de sitôt : « La barre est haute, t'as intérêt à gérer. » Clin d'oeil plus assuré – ses questions semblent uniformément avoir trouvé leurs réponses et elle, elle se repaît de la situation, de son propre malaise parti et de celui de Maxine qui est presque palpable. « J'ai jamais joué à ce jeu, figure-toi, j'pensais même plutôt que c'était...j'sais pas, suédois, ou finlandais, un truc de barbare qui coupe du bois tous les matins pour se mettre en forme, tu vois. » Elle touche l'arme posée sur un étui devant elles du bout de l'index, comme pour en apprécier la matière, le poids, la dangerosité. « Et d'ailleurs, j'étais persuadée qu'on pouvait lancer à une main. Autant dire que j'pars avec un handicap. » Oh, le mauvais jeu de mots. Grace lève sa main droite avec peine et lève le pouce avec difficulté pour appuyer le propos. « À toi l'honneur, du coup, parce que si ça se trouve, c'est toi qui ramène toutes tes conquêtes ici, et je me fais entuber depuis le début. » Elle place une main légère dans le bas du dos de la blonde, comme pour la pousser vers la hache et lui intimer de commencer. Elle, elle prend le temps de se reculer, de jauger ses distances de sécurité et de rentrer un peu la tête dans ses épaules, au cas où Maxine aurait le manque d'adresse (ou le mauvais goût) de lui couper le scalp. « T'es jolie comme ça », qu'elle observe, comme si c'était important de le noter avant de commencer ; « T'as pas peur de complètement flinguer ta manucure ou tes fringues ? »

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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyMar 7 Sep 2021 - 21:08

"Toutes mes amies, hm ?"

Je détournai le regard, un peu gênée, regrettant d'avoir parlé dans la précipitation. Décidemment, il n'était pas question de simplement jeter des haches, mais aussi quelques piques taquines. Oh, oh, pensai-je, avec un petit poids dans la poitrine, je sentais que la situation allait très rapidement m'échapper, et Grace redressait ses épaules, tout à coup plus en confiance.

"Ouais, c'est un test que j'ai mis en place pour rentrer dans le cercle très privé de mes proches. Tu sais pas défoncer un arbre à 5 mètres de distance, tu entres pas. La barre est haute, t'as intérêt à gérer."
"Si j'avais su, je me serais entraînée," répliquai-je d'un ton amusé, prétendant ne pas avoir vu le clin d'œil de Grace, ou plutôt, ne pas avoir senti les dix étages duquel semblait avoir chuté mon cœur.

"J'ai jamais joué à ce jeu, figure-toi, j'pensais même plutôt que c'était...j'sais pas, suédois, ou finlandais, un truc de barbare qui coupe du bois tous les matins pour se mettre en forme, tu vois"

Je la regardai toucher la hache du bout des doigts, et un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale.

"Et d'ailleurs, j'étais persuadée qu'on pouvait lancer à une main. Autant dire que j'pars avec un handicap." Ma politesse anglaise m'envahie à nouveau, et je me demande comment rebondir - Grace semble plaisanter du sujet et être à l'aise, mais veut-elle vraiment en parler ? Et puis, qu'est-ce qu'il y a vraiment à dire ? C'est malpoli de poser des questions, pas vrai ? Mon cerveau s'embrouillait, mais Grace coupa le flot de mes pensées avec une remarque qui me fit monter le rouge aux joues."À toi l'honneur, du coup, parce que si ça se trouve, c'est toi qui ramène toutes tes conquêtes ici, et je me fais entuber depuis le début."

Alerte, alerte, alerte, crie mon cerveau. Oh mon dieu, elle m'a touché le bas du dos. Ok, ok, ok, ok. Euh. Ok. Non mais c'est juste un geste amical. Familier. Sympa. Mais pourquoi elle me parle de mes conquêtes. Oh, oh. Oooooh. Je tentai de reprendre contenance avec peine.

"Je n'arrête pas de les décapiter par accident, c'est vrai," tentai-je en riant, comme si j'étais à l'aise avec toute cette conversation.

Je prends la hache, la soupèse, et plisse les yeux vers la cible. Hm, ça avait l'air bien plus simple quand on lui avait expliqué...

"T'es jolie comme ça. T'as pas peur de complètement flinguer ta manucure ou tes fringues ?"

... Peut-être que Grace était simplement très gentille, pas vrai ?

"Non, j'ai plutôt peur de me faire déconcentrée par tes compliments, tu triches !" Je secouai la tête. "J'crois avoir déjà vu des gens lancer à une main, je suis sûre qu'on peut essayer." Je n'avais pas envie que Grace se sente à part à cause de son handicap. Je fis bouger la hache dans ma main, m'habituant à son poids et sa forme. J'inspirai, et lançai la hache de toutes mes forces, à une seule main, et elle rebondit contre la cible au lieu de s'y planter, tombant sur le sol dans un grand bruit de métal. J'éclatai de rire. "Mesdames et messieurs, merci d'applaudir la championne olympique," dis-je en faisant une petite révérence vers Grace.

Je m'empressai d'aller chercher la hache, et revint vers Grace pour lui tendre avec un sourire. Je m'écartai un peu.

"Celle qui arrive à planter le moins de hache doit payer un verre à l'autre, deal ?"

Peut-être que je cherchai une excuse pour que ce moment s'éternise - pourtant, il venait tout juste de commencer, j'étais terriblement mal à l'aise, mais quelque chose brûlait mon estomac et me donnait envie de rester.

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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyMer 8 Sep 2021 - 17:43

Elle sent la jeune femme se tendre et pour être parfaitement honnête, elle n'a aucune idée de comment interpréter ce fait. Rejet total ? Malaise qu'elle couvre sous une politesse débordante ? Tentation qu'elle ignore comment définir ? Grace ne s'est pas vraiment attardée sur le sujet de la sexualité pendant leur première entrevue ; de mémoire, elle a probablement mentionné aimer les filles mais n'a pas attendu de retour de Maxine sur ce point-là. Ça expliquerait le point auquel celle-ci se tend lorsque Grace pose la main sur le bas de son dos, le rire exagéré qu'elle laisse échapper, ses gestes mal à l'aise lorsqu'elle attrape la hache. C'est peut-être davantage de la curiosité, qui pousse la brune à poursuivre, guetter ses réactions : "Non, j'ai plutôt peur de me faire déconcentrée par tes compliments, tu triches !" Un large sourire fend son visage alors qu'elle ajoute : « C'est tout à fait l'intention. » Elle se tait, pourtant, alors que Maxine se focalise sur son lancer, et toutes les deux regardent la trajectoire de la hache avant qu'elle ne rebondisse et se fiche mollement sur le tapis rembourré. Ça la fait rire, la garce ; elle répond à Maxine d'une moue impressionnée, désignant du menton la cible : « Y a machination contre toi, là. J'suis presque sûre qu'il y a un aimant inversé dans la cible. » Le rictus en coin reste bien en place alors qu'elle ajoute précipitamment : « Mais joli lancer, ça confirmerait presque ma théorie que t'en es pas à ton premier essai. » C'est à elle de ramasser la hache et de s'en munir, soupesant l'objet d'une main pour en appréhender la lourdeur. Elle n'a clairement pas assez de force dans le bras pour faire un joli lancer ; seulement assez pour lancer, tout court, et ça lui semble déjà plutôt pas mal. « Tu comptes me décapiter accidentellement aussi, ou pas ? Que je sache si je pars maintenant ou si j'attends un peu... » Elle se retourne vers la jeune femme, s'humecte les lèvres et hausse un sourcil, considérant la proposition : « Si on fait toutes les deux zéro, on risque de mettre un moment à s'en sortir », observe-t-elle et, d’un même coup, elle lance la hache sur la cible. C’est le manche qui atterrit en premier, rebondit dans un bonk sourd et tombe sur le sol dans un bruit tout aussi étouffé. Le constat est cuisant. « Je te propose l'inverse : la première qui plante une hache paie sa tournée. » Elle hoche la tête pour elle-même, comme pour appuyer la logique de l’exercice. « Et ainsi de suite », qu’elle ajoute d’un air malicieux : il n’y a jamais trop d’alcool. La jeune femme ramasse les deux haches et les replace sur le présentoir, laissant Maxine passer devant elle pour continuer. « Alors, Brisbane a réussi à te plaire jusque-là ? »

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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyJeu 9 Sep 2021 - 21:06



"Tu comptes me décapiter accidentellement aussi, ou pas ? Que je sache si je pars maintenant ou si j'attends un peu.."

Je fais mine de réfléchir, comme si je considérais réellement l'option, avant d'éclater de rire. En réalité, peut-être que Grace n'avait pas tout à fait tort, je ressentais des choses fulgurantes et étrangement accidentelles, comme si elles sortaient de mon contrôle, et pourtant cela me paraissait familier. Je mordillai l'intérieur de ma joue, essayant de noyer les vagues de questions qui venaient s'échouer contre moi avec beaucoup trop de force. La langue de Grace passa une demi-seconde sur sa lèvre inférieur, et je fis semblant de ne pas remarquer à nouveau, ni son geste, ni les courants électriques dans le bas de mon ventre.

"Si on fait toutes les deux zéro, on risque de mettre un moment à s'en sortir."

Elle ne croit pas si bien dire, puisqu'un instant plus tard, Grace envoie la hache contre la cible, elle rebondit, et retombe dans un grand fracas sur le sol. J'éclatai de rire.

"Je te propose l'inverse : la première qui plante une hache paie sa tournée. Et ainsi de suite."
"Tu devrais faire attention à parier autant d'alcool avec quelqu'un qui est barmaid trois soirs par semaine," répliquai-je avec un sourire malicieux.

Je pris à nouveau la hache, essayant de me concentrer un peu plus cette fois-ci. Il fallait que je ne pense à rien, ou plutôt, que je ne pense surtout pas à toutes les émotions en train d'éclore en moi. Pourquoi étais-je surprise, je savais bien que les filles me plaisaient aussi, non ? Pourtant tout semblait différent, peut-être trop fort - j'étais sûrement en train d'idéaliser toute la situation, après tout je ne ressentais pas ça avec les garçons, je ne me montais pas la tête ainsi, il ne fallait pas. Je passai une main nerveuse dans mes cheveux décolorés.

"Alors, Brisbane a réussi à te plaire jusque-là ?"

Je me tournai vers Grace avec un petit sourire.

"C'est très différent de Londres, mais je crois que je pourrais m'habituer à lancer des haches en compagnie de jolies filles..."

Je me reconcentrai sur la cible, prétendant être à l'aise avec ce que je venais de dire. Je lançai la hache, et elle se planta sur le côté gauche, la lame à peine dans la cible. Elle sembla trembler, et tomba à nouveau sur le sol, emportée par son propre poids. Je laissai échapper un juron.

"Noooon mais attends j'y étais presque !!! Bon. Je ne sais pas si ça vaut techniquement un verre, mais j'ai quand même envie de t'en offrir un. Tu me laisses choisir ? Déformation professionnelle de barmaid," me justifai-je avec un petit sourire.

J'abandonnai Grace quelques instants, me hâtant vers le bar. Je me commandai un gin tonic avec de la liqueur de sureau, et scannai les bouteilles du bar pour me décider quoi prendre à Grace. Pas question de faire une cocktail basique, j'allais bien emmerder le barman avec ma recette maison. Une fois décidée, et les verres payés, je revins vers elle et lui tendit un verre.

"Tiens, j'appelle ça un concombre de feu. C'est très frais... Avec un petit twist."

Son verre contenait de la limonade, du citron vert, du sirop de concombre, du rhum, du basilic, et du tabasco vert qui venait relever le tout. Parfait pour les soirées australiennes.

"Et toi alors, qu'est-ce qui t'a fait bouger du Canada jusqu'ici ? Tu es là depuis longtemps ?"


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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyVen 10 Sep 2021 - 20:11

Le rencard n'est pas un franc succès : les haches refusent de se planter près de la cible – et même loin, d'ailleurs – et le côté crâneur et compétitif de Grace n'est pas très d'accord. Elle ne se formalise pas de son échec, pourtant ; si Maxine lui offre un verre au bout, elle est prête à perdre autant qu'il faut. « Pourquoi, tu bois durant ces trois soirs par semaine ? Je suis pas sûre que ce soit très légal, ça », qu'elle s'amuse, et elle se rend compte qu'elle n'a même pas demandé à Maxine où était le bar où elle travaillait ; de quoi se tromper et lui proposer d'y aller juste après. « Parole de quelqu'un qui est du bon côté du comptoir trois fois par semaine », ajoute-t-elle et elle s'étire le bras, effectuant des cercles avec son épaule droite, comme pour la déverrouiller ; comme si elle risquait miraculeusement de se remettre en état de marche. Au tour de Maxine, qu'elle laisse lancer sans trop la scruter, soudain occupée par l'idée de retrouver l'usage de ses deux bras. « Quoi, y a pas de jolies filles à Londres ? Ou c'est le lancer de haches qui fait défaut ? » Elle n'a pas beaucoup de souvenirs de Londres, Grace ; outre la semaine qu'elle y a passé avec ses parents et sa sœur quand elle avait treize ans, elle a boudé le pays à toutes les occasions pour lui préférer l'Écosse et la côte Nord européenne.
« Presque ! À un mètre près ! » qu'elle s'esclaffe alors que la hache retombe mollement, sans envie aucune de leur faire plaisir. Maxine, elle, n'a pas l'air découragée pour autant et Grace sourit d'un air entre la gêne et l'engouement lorsqu'elle lui propose un verre : « J'te fais confiance », qu'elle lâche. « Mais je paie le prochain verre. » Parce qu'il y en aura au moins un autre, elle en est presque certaine maintenant. La mixture que lui ramène la blonde lui met l'eau à la bouche, sans qu'elle ne comprenne trop pourquoi – l'idée d'un concombre trempé dans l'alcool la raidit tout de suite davantage – « Tu fais de la mixologie ? Va falloir que je t'amène avec moi à toutes mes soirées. » Elles trinquent, Grace subodore que boire avant de manipuler des objets tranchants n'est pas forcément une riche idée, et elle murmure un « merci » avant de laisser le liquide atteindre ses lèvres. Elle qui s'attendait à un goût prédominant du légume le retrouve à peine – il ajoute un élément sans qu'elle ne sache trop le décrire, s'isole pourtant derrière ce qu'elle devine être du citron vert et se marie sans problème avec un goût plus relevé qu'elle n'identifie pas. « À toutes mes soirées, Maxine, je déconne même pas », qu'elle ponctue encore pour faire montre de son appréciation envers la boisson.
Et elles repartent, Grace revigorée par le cocktail et un peu trop enhardie pour son propre bien lorsqu'elle tente de faire tourner la hache entre ses doigts et manque de la lâcher sur son pied dans un petit cri de surprise. Elle adopte la position du chasseur, se campe sur ses jambes, immobilise son poignet et vise la cible entre deux doigts, comme pour prendre une photo. « Depuis que j'ai quinze ans, en fait. Mes parents ont emménagé pour tenter de sauver leur mariage. Ils ont divorcé un an après », qu'elle lâche, tout en continuant sa concentration de samouraï de bas étage. « J'ai d'excellents souvenirs d'Edmonton, mais j'ai pas particulièrement envie de retourner m'y installer. Je sais pas...on était pas proches de la communauté là-bas. C'est pas vraiment ma culture. Tu vois ? » Elle avait beau se perdre en discours sur le besoin de sauvegarde de la culture mi'kmaq, elle ne la connaissait pas assez pour s'en sentir partie intégrante. Ses six mois passés au Nord du Canada avaient rattrapé des lacunes, mais elle le savait : elle avait grandi étrangère à eux et elle le serait toujours un peu, quoi qu'elle en dise. « Enfin, si, ça l'est. Mais on a passé plus de temps à la rejeter qu'à s'y intégrer, donc c'est difficile de me considérer comme des leurs. » Elle lance la hache et la plante dix centimètres en dessous du cœur de la cible. « OH ! » qu'elle lâche, victorieuse, lançant les deux bras en l'air comme un viril guerrier. « T'as vu ? T'as vu ? » Elle n'en revient pas elle-même, n'ose pas retirer sa hache alors qu'elle trottine victorieusement jusqu'au niveau de Maxine, reprend son verre et célèbre avec une grande gorgée. « Viens, laisse faire la pro, j'te montre », qu'elle lance, grandie par toute sa confiance nouvellement acquise. Elle se place juste derrière Maxine, la laisse prendre sa hache et se plante juste contre son dos. Une main se pose sur l'épaule droite – « relâche ce bras, si tu t'en sers pas », puis descend le long de la gauche : « Bloque ton poignet une fois que t'as choisi ta position. » Peut-être Maxine n'est-elle même pas gauchère, et à ce moment précis, elle s'en fout ; elle apprécie le contact, sa main qui se verrouille autour de l'autre lorsqu'elle demande « à trois on lance ? », le bas de son ventre qui se tord sous leur proximité.  Nécessairement, elles envoient la hache dans le décor, à deux mètres devant elle ; Grace rit, tente d'alléger la tension, lâche un « bah merde, j'aurais peut-être dû passer un certificat avant de faire la meuf. T'as qu'à prendre le prochain coup, je t'ai un peu ruiné celui-ci... »

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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyLun 13 Sep 2021 - 22:31

"Quoi, y a pas de jolies filles à Londres ? Ou c'est le lancer de haches qui fait défaut ?"

Je sentis encore le rouge me monter aux joues, et je cherchais une pirouette pour rebondir. Mais qu'est-ce qui me prenait, à ainsi changer de cap toutes les minutes qui passaient, incapable de m'empêcher de complimenter Grace avant de tout à coup prendre peur et prétendre que tout ceci n'était qu'amicale. Et si ce n'était pas amicale ?... Je sentis ma gorge se serrer. Je ne savais pas pourquoi cette perspective me faisait si peur - je savais bien, pourtant, je... J'avais embrassé des filles, à des soirées au lycée, pour rire, c'était agréable, ce n'était pas très sérieux, puis j'étais restée avec Daniel si longtemps que je n'avais pas eu le temps d'explorer grand chose.

Que répondre à Grace ? Que je n'avais jamais osé regarder les jolies filles de Londres comme je la regardais elle, parce que je ne me l'autorisais jamais, parce que quelque chose se tramait en moi et me faisait peur.

Heureusement, l'excuse de lui payer un verre me permit de détourner un peu le sujet, de reprendre contenance : les cocktails, ça je maîtrise, c'est familier, c'est contrôlable.

"Tu fais de la mixologie ? Va falloir que je t'amène avec moi à toutes mes soirées."

Je souris et rougis, confiante tout à coup - je savais que le cocktail va lui plaire, sans trop savoir pourquoi. Quelque chose d'instinctif, peut-être comme cette envie de passer ma main dans les cheveux de Grace, que je retins et enfermai au fond de mon estomac.

"À toutes mes soirées, Maxine, je déconne même pas."

J'éclatai de rire.

"Méfie-toi, je pourrais prendre ce que tu dis au pied de la lettre..."

C'est au tour de Grace de relancer la hache, et je l'observai : elle se tenait droite, son menton légèrement relevé, ses sourcils à peine froncés, elle se concentrait, son corps tendu, et pourtant toujours un petit sourire sur le bout des lèvres, celui de la personne qui pense avoir déjà gagné quelque chose.

"Depuis que j'ai quinze ans, en fait. Mes parents ont emménagé pour tenter de sauver leur mariage. Ils ont divorcé un an après. J'ai d'excellents souvenirs d'Edmonton, mais j'ai pas particulièrement envie de retourner m'y installer. Je sais pas...on était pas proches de la communauté là-bas. C'est pas vraiment ma culture. Tu vois ? Enfin, si, ça l'est. Mais on a passé plus de temps à la rejeter qu'à s'y intégrer, donc c'est difficile de me considérer comme des leurs."

J'étais tellement préoccupée par ce qu'elle racontait que j'en oubliai presque de la regarder lancer - et pourtant, quel tir ! Je poussai un cri victorieux et l'applaudis avec excitation.

"OH ! T'as vu ? T'as vu ? Viens, laisse faire la pro, j'te montre."

Tout alla si vite que je n'eus même pas le temps de protester, Grace était derrière moi, et tout se mit à tourner, j'entendais à peine ce qu'elle me disait dans l'oreille. Et c'est de pire en pire, sa main glissa le long de mon bras, jusqu'à la mien, elle me proposait de lancer ensemble, j'hochai légèrement la tête sans même être sûre d'avoir compris quoi que ce soit. Bien sûr, la hache se planta complètement à côté, et tout à coup le bruit sourd me sortit de ma torpeur, je m'écartai légèrement, les yeux un peu papillonnant.

"Bah merde, j'aurais peut-être dû passer un certificat avant de faire la meuf. T'as qu'à prendre le prochain coup, je t'ai un peu ruiné celui-ci..."

Oh mon dieu, pensai-je silencieusement. Je n'arrivai pas à articuler mes pensées.

"Hm, non, je crois que je n'étais pas très concentrée non plus," expliquai-je. Je secouai la tête, et parti récupérer les haches. Je me replaçai devant la cible, réfléchissant.

"Je vois ce que tu veux dire, pour la culture... Ma mère est anglo-japonaise, et elle a toujours essayé de se conformer à la société anglaise, et je crois qu'elle m'a un peu transmis ça... Même si j'ai été plusieurs fois voir ma famille au Japon, c'est... Différent. Et ça m'énerve parce que je pense que j'aurais bien aimé être plus exposée à tout ça en grandissant, mais comme toutes les ados, je n'avais pas envie d'être différente, je suppose."

Mais j'étais différente, pas vrai ?

Je lançai la hache, qui se planta sur le côté gauche de la cible, mais resta cette fois-ci en place. Je tapai dans mes mains, toute contente. Je pouvais sentir, pourtant, que quelque chose avait changé dans l'air, et c'était moi le problème, moi qui prenait peur et qui me refermait petit à petit. Pourtant, j'appréciais la compagnie de Grace, vraiment, l'effet de sa main sur la mienne avait été... Très agréable. Trop, peut-être.

"Voyons si tu peux refaire ton exploit de tout à l'heure, pour payer la seconde tournée peut-être..." Dis-je avec un petit air entendu, comme pour lui montrer que j'avais envie de rester.

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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyJeu 16 Sep 2021 - 9:59

La hache se plante, enfin ; pas loin du centre de la cible, même, et de fait Grace est trop occupée à célébrer pour détecter quelconque malaise. Elle n'est pas douée pour ces choses-là, la Canadienne, ça demande trop de perceptivité et de capacité à sortir sa tête de son propre cul et avec un peu d'alcool dans le sang et l'esprit de compétition en éveil, c'est plus compliqué encore que d'habitude. Le fond est là : elle n'a aucune idée de si c'est un rencard mais elle part du principe que oui, jusqu'à preuve irréfutable et explicitement donnée du contraire. Or la voix tremblante et l'attitude nouvellement peu sûre d'elle-même de Maxine ne le sont visiblement pas assez pour elle. "Je vois ce que tu veux dire, pour la culture..." Elle se reconnaît dans ce que lui raconte Maxine, qui lui dévoile un peu plus d'elle-même à travers sa culture – elle hoche la tête, écoute patiemment et, une fois réflexion faite, reprend à voix plus basse, comme par peur de la déconcentrer : « Ouais. L'intégration avant la célébration de ta culture, quoi. » Elle soupçonnait que tous les parents de la génération des leurs étaient un peu comme ça, lorsqu'on en venait à la différence de cultures : trop besoin d'effacer les dissemblances pour ne pas se les voir reprochés, trop envie de faciliter encore plus le processus d'intégration et d'éducation pour leurs enfants qui pouvaient faire figure de page blanche, sans barrière de la langue, dans une société un tant soit peu plus acceptante qu'alors. « Je pense pas que ce soit que les ados. Ma mère a jamais trop accepté ses origines, elle s'est toujours tenue soigneusement à l'écart de la communauté et quand on est arrivés en Australie, elle a commencé à simplement de décrire comme Canadienne. Elle est presque heureuse de n'avoir aucun lien à sa communauté en étant ici. » En le disant, elle se rend compte qu'elle lui en veut – peut-être, au fond, parce qu'elle aussi, a intériorisé ce rejet, qu'en qualité de technicienne de fouilles à l'époque elle avait activement contribué à la destruction de peuples exactement comme le sien, et qu'aujourd'hui, malgré toute sa bonne volonté, malgré toute sa curiosité, elle était condamnée à être éternellement figure d'outsider auprès des siens. Pas assez Portugaise pour son père, pas assez noire ni Mi'kmaq pour sa mère. Jamais assez rien. « La bonne nouvelle c'est que maintenant on a tout le temps du monde pour s'en rapprocher, non ? » Elle revêt un sourire, à nouveau, du genre éternelle optimiste qu'elle eût été un jour et avec laquelle elle avait complètement perdu contact. Fut un temps où elle y aurait cru – aujourd'hui, c'est bizarrement bien plus compliqué à ses yeux.
Maxine la distrait en lançant sa hache qui, cette fois, se plante – et elle de se réjouir à son tour, applaudissant comme elle peut : « Mais quelle pro, mais quelle pro !! » Elle omet bien de préciser qu'elle a fait mieux et qu'elle est donc en tête, la garce. « Écoute, les miracles n'arrivent qu'une fois. Si tu comptes sur ça pour ton prochain cocktail... » Sourire narquois alors qu'elle saisit sa hache, maintenant plus assurée dans ses gestes – sûrement trop. Pour preuve : la hache manque de partir en arrière, et rebondit au lieu de ça sur la grille à gauche qui les sépare de la piste de lancer voisine. « Pardon pardon ! » qu'elle lance à leurs voisins, levant sa main gauche en guise d'excuse, puis elle se tourne vers Maxine, visiblement embarrassée : « Tuer quelqu'un, ça vaut combien de verres ? » Elle s'écarte de la piste façon danger public bien conscient d'en être un et attendant les flics pour être mise hors d'état de nuire. « Du coup, je vais faire comme toi et te proposer un verre juste parce que j'ai envie. » Elle s'adosse au mur derrière elle, appuie l'arrière de sa tête, ajoute avec une hésitation palpable : « Mais ailleurs, peut-être. Après ça. J'connais un bar sympa pas loin. » Comme si elle-même n'était pas sûre de pouvoir partir du postulat que Maxine voudrait poursuivre la soirée avec elle. Comment l'en blâmer ? Elle ajoute, un peu précipitamment : « Si t'es ok. » L'exubérante et confiante Grace se retrouve ratatinée dans un coin, à attendre le verdict ; Maxine la rend timide, peu sûre d'elle, presque enfantine, parce qu'elle n'a aucune idée de comment la lire, ou interpréter ses envies et expressions. Grace ne sait pas faire ; elle ne connaît ni ne comprend les double niveaux de lecture, trop habituée à être cash, entière, parfois même prosaïque. « En fait, Maxine », qu'elle reprend, parce que rester dans le superficiel et le sous-entendu ne lui sied pas, « Je sais pas trop si c'est un date ou pas. Et je sais pas quoi m'autoriser avec toi. » Grands yeux sombres détaillent ceux de sa voisine : Grace joue carte sur table, toujours, incapable de faire autre chose. Infoutue de se faire confiance.

@Maxine Wright :l:
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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyDim 3 Oct 2021 - 14:38

J'écoutais Grace me parler du rapport de sa mère à la culture, et j'hochai la tête d'un air entendu, soulagée d'entendre quelqu'un mettre des mots si justes sur ce que j'avais vécu. A Londres pourtant, le multiculturalisme était très présent, mais j'avais grandi en étant socialisée comme une pure petite anglaise, refusant de sortir du lot, trop blanche pour être métisse, et pourtant un peu trop métisse pour être totalement blanche. Je voyais bien dans le regard des gens qu'il y avait quelque chose de légèrement différent chez moi, et j'avais toujours du mal à mettre le doigt dessus, puisque je n'avais simplement pas les mots pour le décrire. Je repensais aussi au courant électrique dans le bas de mon ventre quand Grace m'avait touchée - ça aussi, pendant longtemps, je n'avais pas eu les mots. Et s'il n'existait pas de mots, je pouvais prétendre que cette réalité n'existait pas non plus.

Grace, elle, semblait connaître les bons mots, elle occupait l'espace avec charisme, confiante en ce qu'elle était, ce qu'elle dégageait. Elle riait franchement, paraissait pleine d'entrain et d'énergie ; tout se communiquait à moi avec une fraîcheur délicieuse, et pourtant, toujours, irrémédiablement, quelque chose me freinait. Comme si c'était trop - trop fort, trop important, trop différent, trop terrifiant.

"Tuer quelqu'un, ça vaut combien de verres ? Du coup, je vais faire comme toi et te proposer un verre juste parce que j'ai envie. Mais ailleurs, peut-être. Après ça. J'connais un bar sympa pas loin. Si t'es ok.

Une nouvelle fois, j'eus du mal à mettre des mots sur tout ce qui bouillonnait en moi. Stupidement, j'eus presque envie de me mettre à pleurer, tant je me sentais agitée et fébrile. Il me suffisait pourtant de répondre oui, de dire que j'avais envie d'y aller, de - mais Grace me coupa dans mon élan, et ajouta :

"En fait, Maxine... Je sais pas trop si c'est un date ou pas. Et je sais pas quoi m'autoriser avec toi."

Elle était honnête, elle. Elle n'avait pas peur; elle ne changeait pas d'avis comme une girouette. Elle avait raison, en plus, bien sûr que c'était un date demi-date, parce que j'envoyais des signes contradictoires. Mais mise devant le fait accompli, la première réaction qui me prit fût la panique pure.

"Ah, euh, non," répondis-je précipitamment. "Enfin, je veux dire, je ne cherche pas vraiment à, euh, faire des dates en ce moment. Désolée si je n'avais pas été très claire, je ne suis pas trop habituée à, euh, tout ça, mais..."

Mais quoi ? Je mordis l'intérieur de ma joue. Et voilà. Je n'osais pas. Je n'assumais pas. J'avais tellement envie de pleurer, et la voix de mon ex résonnait en fond dans mon cerveau, me traitant d'incapable. C'était toujours la forme que prenait mes pensées intrusives : la voix de Daniel, froide et piquante, son ton moqueur.

"Mais ça me fait plaisir de rencontrer de nouvelles personnes ici, et d'aller boire des coups, tout ça. Et je passe une très bonne soirée avec toi. Désolée," bredouillai-je. Peut-être que Grace allait couper court à la soirée, j'aurais compris - j'étais fatiguante, j'étais lâche.


@Grace Nashkawa :l:
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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyMer 6 Oct 2021 - 17:48

Elle parle de ses hésitations comme si c’était la suite normale de la soirée et dans tout autre contexte, ça l’aurait sûrement été - elle n’aime pas parler, Grace, préfère imaginer naïvement que tout est explicite ou compréhensible de loin, et mettre des mots sur ses émotions ou doutes, ce n’est pas son fort, mais eut-elle été réellement intéressée par la personne face à elle, elle aurait forcément finir par aplatir les choses. Trop de déceptions, ou de flou qui s’achevait sur des malentendus, sûrement. Avec Maxine, pourtant, elle ose à peine, pose sa question du bout des lèvres, s’excuserait presque de déranger. Peut-être sent-elle son malaise, indirectement, finalement. Toujours est-il qu’elle se résout à en demander davantage, à sortir des non-dits et de la confusion. Et, forcément, Maxine réagit à l’opposé de ce que Grace s’était imaginé. « Ah », répond-elle donc, car rien d’autre ne vient et elle s’en veut, de réagir ainsi, parce qu’elle s’était mentalement promis de bien prendre la réponse quelle qu’elle soit. « Merde. » Ca sort avec un petit sourire en coin et embarrassé, cette fois : l’orgueil frappe, la Canadienne se sent profondément stupide d’avoir cru à quelque chose, d’avoir laissé sa naïveté sans limite la prendre de court une nouvelle fois. Ses lèvres s’entrouvrent comme si elle s’apprêtait à parler, puis se referment pour signifier qu’elle décide contre. Pour reprendre contenance, elle se saisit de la hache, la lance en automate, ne se réjouit même pas que celle-ci se plante à côté de la cible sans en tomber. Maxine ajoute une autre excuse, force la brune à sortir de son mutisme cryptique pour lui répondre convenablement : « T’inquiète, pas de lézard. J’aurais dû demander avant, c’est ma faute. » Et cette fois, Grace la gratifie d’un sourire qu’elle espère rassurant, un peu forcé, jusqu’à ce qu’elle sorte la tête du trou et retrouve toute sa sincérité. « Et promis, j’ai pas dit ça pour te déconcentrer et gâcher ton lancer », qu’elle plaisante en cédant le passage à la jeune femme, se signant dans le fond de la salle. Leur heure et demi de lancer va toucher à sa fin, elle le sait ; et Grace a presque hâte qu’on vienne les interrompre pour éviter le malaise, pour le fuir le plus vite possible au lieu de le régler une bonne fois pour toutes. Il y a des choses qui ne se règlent pas, ou du moins sur lesquelles elle n’a pas envie de se pencher tout de suite.
On vient les libérer, enfin, et automatiquement la Mi’kmaq range les mains dans ses poches, sourire retrouvé mais placardé comme un clown qui essaie de faire rire un gamin phobique, entre culpabilité, gêne et incapacité de savoir que dire. « Bon, en tout cas on est sûres qu’on survivrait pas longtemps à une apocalypse », lâche-t-elle une fois qu’elles débouchent sur la rue, et Grace est mal à l’aise, mal taillée dans ce rôle de caution rassurante qu’elle se persuade de devoir endosser. « Mais c’était cool. J’suis contente que tu sois venue. » Ca, au moins, c’est sincère ; la brune s’arrête quelques instants, scrute la jeune femme face à elle en cherchant ses mots. Elle se pince les lèvres avant de trouver quoi ajouter, de comprendre ce qu’il manque, peut-être, pour qu’elle retrouve son aisance : « J’suis désolée, j’espère que je t’ai pas mise mal à l’aise. » Elle hausse les épaules, vaguement, comme pour dire franchement, du moi tout craché, irrécupérable. « En tout cas, si tu veux continuer la soirée, y a un bar sympa pas loin d’ici où j’aime bien me poser. » Un sourire en coin, puis des mains qui se lèvent devant elle pour témoigner de son innocence : « En tout bien tout honneur. »

@Maxine Wright :l:
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Message(#)cotton candy lemonade (max&grace) EmptyJeu 21 Oct 2021 - 21:30

Le temps s'était ralenti, de cette manière insupportable qu'il avait de se compresser sur lui-même lorsque j'étais anxieuse ; je devenais douloureusement sensible au moindre détail, comme la façon dont les sourcils de Grace se froncèrent, son sourire qui se crispa très légèrement avant qu'elle se reprenne, comme pour chasser la gêne, faire comme si de rien était.

"Ah. Merde. T’inquiète, pas de lézard. J’aurais dû demander avant, c’est ma faute."

Difficile de ne pas s'inquiéter quand elle venait de lancer une énorme hache, manquai-je de dire, mais la plaisanterie se coinça dans ma gorge. Je pouvais sentir tous mes membres se raidir, le poids dans mon estomac, ces sensations si typiques d'une petite anglaise qui ne supportait pas le malaise social - accentué, qui plus est, par l'éducation que ma mère japonaise m'avait donnée. Je n'étais pas douée pour ça. Culturellement, vraiment pas. A la limite, être barmaid m'avait donné quelques compétences en résolution de conflit - rien de plus gênant que les gens ivres qui ne savaient pas se tenir et qu'il fallait gérer.

"Et promis, j’ai pas dit ça pour te déconcentrer et gâcher ton lancer."

Je m'approchai de la hache, hésitante, et effectuai ce qui serait mon dernier lancer : je ratais la cible de trente bon centimètres. Je grimaçai.

"Bon, en tout cas on est sûres qu’on survivrait pas longtemps à une apocalypse."
"Sauf si les zombies peuvent être amadoué à coup de cocktails et de blagues..."

Il fait bon dehors, l'un des petits plaisirs de la vie australienne. Pourtant, je frissonnais.

"Mais c’était cool. J’suis contente que tu sois venue. J’suis désolée, j’espère que je t’ai pas mise mal à l’aise. En tout cas, si tu veux continuer la soirée, y a un bar sympa pas loin d’ici où j’aime bien me poser. En tout bien tout honneur."

Je soutenais son regard - il était profond, chaleureux, il me rappelait la sensation d'un feu de cheminée, sans que je sache comme exactement l'expliquer. Et elle avait ce petit sourire en coin, cette assurance mal assurée, son air un peu taquin. Je me sentis sourire malgré moi.

"Je suis désolée, j'aurais dû être moins ambiguë. Ne t'inquiète pas, je suis anglaise, je suis toujours mal à l'aise, c'est dans les gênes." J'eus un petit rire. "Avec plaisir pour le suite de la soirée, je pense qu'on a encore besoin de réfléchir à quelques plans de survie pour quand la société va s'écrouler... Du coup, j'te suis." Dis-je en faisant un petit geste de la main pour qu'elle me guide.

En la regardant une nouvelle fois, j'eus la sensation étrange mais distinct que je la suivrais sûrement tout au bout de la nuit noire si Grace me le demandait.

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