They say blood is thicker than water - Naosher

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Ca y est vous avez une date pour l’enterrement de Dan. Tu aurais pu envoyer un SMS à Naomi, ou lui passer un coup de fil pour lui dire, mais tu as envie de la voir. Non seulement ça fait longtemps que tu ne l’as pas fait mais en plus, vu la situation, ça te donne envie de te rapprocher des gens que tu aimes. Tu as été dans la même pièce que tes parents trop régulièrement depuis l’annonce du décès de ton frère. Comme si tu étais un sims, ta jauge descend toujours bien vite dans le rouge quand tu te retrouves en leur présence. Heureusement qu’il y a d’autres personnes dans ton entourage qui te font monter cette même jauge dans le vert en un temps record. Des gens comme Naomi, comme Levi, comme Birdie.

C'est sans surprise que tu as envie de passer encore plus de temps avec les gens que tu aimes suivant l'enterrement de l'aîné de ta fraterie. Fraterie qui n'est plus à présent. Elle n'est qu'au passé. Tu te retrouves à frapper à la porte de chez Naomi c’est une image qui t’es si familière. Cela depuis que tu es adolescent. Naomi a toujours été la personne qui te faisait sentir en sécurité avant que Levi n’entre dans ta vie. Elle est celle grâce à qui tu es toujours dans le coin. Elle t’a donné beaucoup d’espoir à bien des moments et aujourd’hui encore. Quand elle ouvre la porte tu lui fais un sourire qui n’a rien de joyeux. Tu vas embrasser sa joue avant de la prendre dans tes bras, ou plutôt, avant de te mettre dans ses bras. Elle connaissait Dan, bien sûr, mais tu ne sais pas l’étendu de son état émotionnel actuel. Ca reste un choc cette nouvelle, cette période de vos vies. Elle savait toutes vos histoires entre vous, elle savait son état à lui surtout. Elle savait, sait tout, Naomi. Elle est ta confidente et tu te dis parfois que tu lui en mets un poil trop sur les épaules. Elle n’a pas l’air dérangé malgré tout et tu sais aussi que c’est parce qu’elle t’aime autant que tu l’aimes. Peut être même plus ? « Est-ce que ça te dis d’aller boire un coup dehors? Ou d’aller manger quelque part? » T’as envie de sortir. T’as envie de manger aussi ou juste boire si elle n’a pas faim. Tu veux voir du monde, tu veux pas être enfermé. Tu sais pas trop quel mouche t’a piqué mais c’est comme ça que tu le sens et tu trouves que ça serait une bonne chose, alors tu lui proposes.

@Naomi Carlson

Contrairement à la fois précédente, Naomi ne s’était pas cachée. Non, cette fois-ci, et en dépit des messes basses et autres regards noirs auxquels elle serait probablement confrontée, l’Australienne n’avait pas baissé la tête. Elle n’avait pas voulu rester discrète, incognito, dans l’ombre. Elle n’avait pas voulu suivre la cérémonie de loin, comme si elle n’était ni plus ni moins qu’une vulgaire étrangère. Elle n’avait pas été aussi visible et aussi exposée depuis sa fuite du Club, mais elle s’en fichait comme de sa première dent. Que risquait-elle, à cet instant précis ? Pas grand-chose. Il y a certaines règles auxquelles la mafia ne déroge pas — et les cérémonies funéraires en font partie. On laisse l’adversaire pleurer le défunt, commencer son processus de deuil. Et seulement après on attaque. Face au cercueil d’un ami, l’escort-girl savait donc pertinemment qu’on ne se vengerait pas d’elle à ce moment-là — et ça lui permettait de garder la tête haute. Elle s’approcha d’un pas mesuré en direction du caveau familial, et fit un signe de croix par respect plus que par conviction. Comment aurait-elle pu croire en une quelconque entité supérieure, après toutes les difficultés qui avaient jalonné son chemin ? Elle ferma les yeux une seconde et, seule face au dernier lit de Dan Buckley, elle lui fit la promesse mentale de ne pas le faire trop attendre. Un jour prochain, ils danseraient ensemble dans les flammes de l’Enfer. Parce qu’elle se savait damnée — et putain, s’il y avait bien quelqu’un qui en méritait tout autant pour avoir brulé la vie par les deux bouts, c’était bien l’ancien pilote de Formule 1. Elle eut un sourire triste, rendit au prêtre son goupillon, et retourna se placer aux côtés d’Asher. Là où était sa place, finalement.

Elle avait gardé la tête haute tout le long de la cérémonie, tentant de masquer la plupart de ses émotions. Elle ne pouvait pas s’effondrer — pas maintenant, pas comme ça, pas devant tout le monde. Personne n’aurait compris, et Naomi n’avait aucunement envie de se justifier. Personne n’avait besoin de savoir qu’elle se sentait partiellement coupable de cette situation — et de tout ce qu’ils s’étaient bien gardés de dire. Après tout, n’avait-elle pas poussé Dan dans ses retranchements ? N’avait-elle pas appuyé là où ça faisait mal, pour le faire sortir de sa léthargie ? Elle était rentrée chez elle, avait retiré les épingles qui maintenaient son chignon serré, et s’était entièrement déshabillée pour plonger dans un bain tiède. Elle repensa aux visages déformés par la douleur des parents de Dan. Elle repensa à la main d’Asher, qui n’avait cessé de tressauter contre sa jambe lors de la cérémonie. Et elle s’autorisa finalement à repenser à Dan : à ses sourires, son perpétuel air narquois, ses sous-entendus graveleux, ses mains sur ses hanches, son air tourmenté, son goût pour le danger, et sa lente descente aux Enfers. Les larmes jaillirent sans qu’elle ne puisse les retenir, traitresses. Aujourd’hui, elle avait enterré un compagnon d’infortune… Et c’était plus difficile à digérer qu’elle ne voulait bien l’admettre. Elle plongea la tête sous l’eau, s’immergeant complètement, en espérant que cela suffirait à chasser sa peine. Mais bien sûr, cela ne suffit pas.

Elle n’était pas surprise de retrouver Asher sur son palier. À vrai dire, elle pensait même le voir plus tôt, mais la bienséance l’avait probablement tenu éloigné d’elle les jours suivants l’enterrement de son frère aîné. Elle se laissa embrasser sur la joue, et s’abandonna dans une étreinte qu’elle chérit silencieusement. « Tu m’invites ? » Demanda-t-elle en souriant timidement, se détachant finalement d’Asher. Elle n’attendit pas sa réponse pour s’éloigner dans sa chambre, et enfiler une robe rose pale. Discrète et sobre ; on était loin des tenues affriolantes de l’escort-girl. Elle opta pour une paire de sandale plate, un petit sac à main, et noua ses doigts avec ceux du blond. « J’aimerais bien aller dîner à proximité de la plage. On pourrait ensuite s’y balader, si tu veux. » Suggéra-t-elle. Sans vouloir le commander, bien sûr.

@Asher Buckley

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(outfit) Si l’envie te prenait, il était plus simple pour toi de te coller à Naomi que Levi pendant toute la cérémonie et la mise en terre. Tu as profité des bras de ton amant à plusieurs reprises malgré tout car tes problèmes de placards sont plutôt diminués dans ta tête depuis que tu es le dernier enfant Buckley qui a encore de l’air dans ses poumons. Tu restes quelqu’un de très pudique niveaux démonstrations d’affection quoi qu’il en soit. Un bras dans le dos de l’un, de l’autre, ce fut chose aisé. Peut être bien que tu es allé plus vers Naomi que Levi car elle partage ta peine. Elle connaissait ton frère contrairement à Levi qui a appris son existence le jour de sa mort. Il n’empêche que son parfum a lui est le plus doux à ton nez.

« Tu m’invites ? » Qu’elle demande avec un sourire dans la voix alors que tu la tiens toujours contre toi sans réellement avoir envie de te défaire d’elle. Elle est déjà en train de filer pour se changer alors que tu entres chez elle. Cet appart’ qui est un peu comme chez toi au fond. « Bien sûr que je t’invite. » Que tu dis pour la forme alors que tu cales ton épaule contre l’encadrement de la porte de sa chambre. Tu la regardes se changer sans avoir aucune arrière pensées. Il est très étrange combien tu te sens à l’aise avec Naomi. Ça a bien sûr tout à voir avec le fait que votre relation était bien plus que platonique il y a fort longtemps de ça. Ca remonte, mais en même temps c’est toujours aussi frais dans ta tête car ce fut certains des meilleurs moment de ta vie. Tu trouves ça étrange combien les relations les plus intenses que tu as eu de ta vie se soient toutes passées à Brisbane. Tu as été plus de dix ans en dehors de cette ville mais quand même… C’est ici que tes âmes soeurs se trouvent. Que tu fais ton bout de chemin avec eux. Tu espères cela dit que le bout avec Levi ne fait que commencer. « J’aimerais bien aller dîner à proximité de la plage. On pourrait ensuite s’y balader, si tu veux. » Sa main naturellement dans la tienne. Tu sens d’avance que vous allez avoir l’air d’un couple ce soir. Tu hoches la tête à sa proposition qui est une très bonne idée à ton avis. « J’aime ce programme. » Que tu dis en serrant doucement sa main dans la tienne.

****

Tu es en voiture et c’est un bon moyen pour toi de rester correct vis à vis de l’alcool. Tu n’as pas envie de rajouter des morts en voiture dans l’encre des journaux. Vous marchez dans le coin le plus animé. Tu ne regardes même pas les resto, te disant que Naomi va s’arrêter là où ça lui donne le plus envie. Toi tu veux juste manger - tout et n’importe quoi - en étant avec elle. « J’ai démissionné. Du bar. » Que tu dis comme ça pour entamer la conversation. « Ils auraient fini par me virer vu comme je prenais plus la peine de rien. » La motivation était dure à trouver ces derniers mois. Ce coup de massue avec la mort de ton frère n’a aidé en rien. Tu t’en moques. Tu prends la vie telle qu’elle vient. Tu prends une pause. T’as des économies. Pas grand chose mais assez pour voir venir. Assez pour décider de la suite. Au pire quoi ? Tu n’en as que faire… T’as besoin d’une pause. Tu la prends. Quoi que ça n’en coûte.

À peine s’étaient-ils engagés le long des restaurants et autres bars qui longeaient la plage que, déjà, les doigts de Naomi se refermaient autour de ceux d’Asher. Ils avaient pourtant perdu cette habitude depuis bien longtemps — et a fortiori en public. Ils étaient séparés depuis des années, et il n’avait jamais été question qu’ils se remettent ensemble. Mais ce soir, plus que les autres, elle avait besoin de sentir la présence de son ancien amant à ses côtés. Ce soir, elle voulait le sentir, le toucher, le respirer. Ce soir, elle voulait l’entendre dire qu’il n’abandonnerait pas, qu’il ne se laisserait pas couler, qu’il ne disparaîtrait pas du paysage à son tour. Pour la première fois depuis bien longtemps, Naomi sentait qu’elle n’était plus complètement maîtresse d’elle-même, et de son destin. Elle sentait que les choses lui échappaient, bien malgré elle, et révélaient des failles qu’elle s’appliquait habituellement à masquer. Elle garda le silence, jusqu’à ce qu’Asher se décide à prendre la parole. « À vrai dire, je pensais que tu avais jeté l’éponge il y a quelques semaines de cela. » Confia la brune, alors que son regard s’arrêtait distraitement sur un menu. Elle n’avait pas vraiment faim ; à vrai dire, depuis le départ de Dan, elle n’avait avalé grand-chose. Elle tournait chez elle, inlassablement, comme un lion le ferait en cage. Elle s’interrogeait continuellement, se posait des milliers de questions qui restaient toutes sans réponse. « Ils ont été surpris de te voir démissionner ? Ou ils s’y attendaient ? » Demanda-t-elle, en s’arrêtant devant la devanture d’un restaurant. Celui-ci n’avait rien de plus spécifique que les autres, qu’ils avaient précédemment passé sans s’arrêter ; c’était dire s’ils étaient intéressés. « Ça te va, ici ? » Proposa-t-elle en jetant un coup d’oeil à son interlocuteur. Elle le sent tout aussi distrait qu’elle même peut l’être ; cette sortie au restaurant n’était qu’un prétexte, et tous les deux en avaient parfaitement conscience. Un serveur vint à leur rencontre, et les guida vers une table avec une vue imprenable sur la plage. Naomi le remercia d’un simple signe de tête, s’installa, et releva la tête vers Asher. « Tu penses faire quoi, du coup ? » Prendrait-il du temps pour lui, pour panser ses plaies ? Allait-il se diriger vers de nouveaux projets ? En profiterait-il pour passer plus de temps en compagnie du nouvel homme de sa vie ? Ou continuerait-il à fuir, comme il l’avait souvent fait ces dernières années ? « Est-ce que tu comptes repartir ? » Demanda finalement la brune, alors que le serveur s’avançait vers eux pour prendre leur commande. « Et si oui, à quel moment ? » Ajouta-t-elle, plantant son regard clair dans celui d’Asher. Inconsciemment, elle retint sa respiration en attendant la réponse du blond. Et elle se trouva ridicule et risible de ressentir, à cet instant précis, une pointe d’espoir. L’horizon ne s’était-il pas obscurci, jusqu’à devenir complètement noir, au cours des derniers mois ? Asher serait-il celui qui mettrait fin à la liste des mauvaises nouvelles ? Serait-il l’éclaircie dans son ciel ténébreux ? Parce qu’elle en était persuadée : si son ami, son meilleur allié, était dans les parages, alors les choses ne pourraient que s’améliorer.

@Asher Buckley

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« À vrai dire, je pensais que tu avais jeté l’éponge il y a quelques semaines de cela. » Elle n’a pas tort. Ça fait un moment que tu trouves toutes les excuses du monde pour ne pas aller travailler. Parfois même sans que ce soit fait exprès. Un lendemain de cuite où tu ne t’es pas réveillé à temps pour aller au travail par exemple. Oops. T’en as clairement rien à faire. Bosser en plus de la musique te tape sur le système depuis le moment où tu as commencé à le faire il y a quelques années de ça. Tu avais été assez stupide pour tenter de bosser derrière un bureau, en tant qu’assistant. C’était une expérience comme une autre mais c’était si loin de toi. Tu as vite pris la poudre d’escampette pour te retrouver de nouveau derrière un bar. Là où tu es un peu plus chez toi, mais ça n’a pas suffit. Tu veux tellement vivre de ta musique tu as du mal, beaucoup de mal. Tu sais qu’il faut que tu sois patient, mais tu sais aussi que ça sert à rien en ce moment. Il te faut un break. Tu le prends. La mort de ton frère a juste aidé à te faire prendre conscience de ça une bonne fois pour toutes.

« Ils ont été surpris de te voir démissionner ? Ou ils s’y attendaient ? »
« Ils s’y attendaient. Je crois qu’ils ont déjà embauché mon replacement. »

Ca faisait déjà si longtemps que tu faisais à peine acte de présence, ils ont dû trouver main forte ailleurs car tu n’es plus fiable du tout. Tu ne comprends pas pourquoi ils ne t’ont pas viré en premier. Peut être une histoire de charges ou de compensations en moins à payer si tu pars de toi même. T’aurais pu faire traîner mais t’étais fatigué de trouver des excuses quand tu prenais la peine d’appeler pour dire que tu ne viendras pas. « Ça te va, ici ? » Tu regardes l’endroit devant lequel vous vous êtes arrêté. Tu hoches la tête. Pas contrariant. Tu veux juste être avec Naomi et elle sera partout à tes côtés ce soir.

Vous vous faites installer à une table alors que Naomi entame la suite de l’interrogation. Faut dire que ce n’est pas anodin cette information que tu lui as donné pour entamer la conversation. Elle est inquiète pour toi.

« Tu penses faire quoi, du coup ? »
« Est-ce que tu comptes repartir ? »
« Et si oui, à quel moment ? »

Le serveur en train de vous observer, tu le regardes, levant la tête vers lui. « Je vais prendre un whisky pour commencer. JD. » Non pas que tu sois pressé de boire mais le gars est devant votre table à vous regarder et tu ne comptes pas continuer la conversation alors qu’il vous regarde. Tu regardes un peu le menu alors que Naomi commande - ou non - à boire pour commencer. Tu regardes les mots sous tes yeux mais tu ne les lis pas tant. T’es en train de cogiter sur les réponses à fournir.

« Je vais pas partir. Si je pars ce sera temporaire. » Car tu as toujours eu envie de partir sur le bateau de Levi et on dirait bien que ce serait une bonne opportunité de le faire enfin cette fois ci. Histoire de déconnecter totalement de ta vie. De tes obligations que tu ne veux pas avoir. Pas trop longtemps parce que Levi a un cancer qu’il se fait traiter ici. Tu ne veux pas tenter le diable. Si vous partez, ce sera à un moment qui est optimal pour lui. Tu vas sûrement fuir ta mère plus que ton père. Celle ci même qui te sollicite bien trop depuis la mort de ton frère. Tu comprends. Mais tu n’as pas prévu de l’avoir dans ta vie. Tu n’as pas besoin d’eux depuis longtemps et ça te fait assez mal en même temps de voir que c’est seulement maintenant qu’elle cherche à se rapprocher de toi. Quand il n’y a plus que toi. Quand il n’y a plus le choix. « J’ai une tournée qui arrive en décembre je vais me préparer et écrire. » Faire ce que tu aimes quoi. T’évader dans l’écriture et la musique avec Johnny ou avec Levi. Ou les deux en même temps. Tu sais combien Levi aime tout le matos de Johnny. « Je veux arrêter de me lever le matin pour faire des trucs que je veux pas faire. Au moins pour un temps. » T’es un gosse de riche là Asher. T’es capricieux. C’est pas tout le monde qui a le luxe de pouvoir se le permettre. Tu as de la chance. Tu le sais. Tu en profites. Tu as besoin d’un break. Vraiment. Ta vie professionnel de ces dernières années ne te convient pas. Tu veux changer ça, au moins temporairement. « J’ai mis des sous de côté ces derniers mois. » Tu as bossé plusieurs jobs. Tu vas profiter de ce répit que tu t’es crée. Tu sais également que Levi a de l’argent. Tu sais aussi que tes parents - ta mère - serait capable de te donner absolument tout ce que tu veux. Tu ne sais pas si tu vas profiter de la situation ou pas. Peut être. « Comment tu vas toi ? » Même si son lien avec ton frère était moindre - de ce que tu sais - tu poses la question car tu as vu son post sur insta, tu as vu sa présence à l’enterrement, elle est touchée elle aussi.

« Ça t’évitera de culpabiliser, comme ça. » Rétorqua l’escort-girl, alors qu’Asher lui apprenait que son remplaçant au bar avait probablement déjà été trouvé, et embauché. Encore que ; elle n’était pas sûre que son blondinet préféré soit du genre à s’en vouloir, vu l’implication qu’il avait mise dans son job au bar. Elle ne le jugeait pas ; elle avait toujours su que cet emploi ne serait qu’une passade. Qu’Asher était quelqu’un de trop vrai, trop entier, pour se contenter d’un métier alimentaire. Et puis sa passion pour la musique était trop grande, trop dévorante, trop importante pour qu’il s’implique pas entièrement. « Il faut voir le bon côté des choses : tu vas pouvoir te lancer dans un nouveau projet. » Fit remarquer la brune, tout en espérant secrètement que les choix de vie d’Asher ne le contraindrait pas à partir à l’autre bout du monde. Ils déambulèrent silencieusement quelques minutes, passant devant les restaurants et bars du bord de la plage. Tous se succédaient, semblables les uns aux autres. Quelques serveurs faisaient parfois un pas en leur direction, se dressant sur leur chemin pour les inviter à entrer — une attitude que Naomi détestait. Elle était suffisamment grande pour choisir elle-même ou elle voulait manger… Et pourtant, ce soir, c’était bien le dernier de ses soucis. Un serveur les installa à une table, sans qu’aucun ne trouve à y redire. C’était étrange, comme sensation : ils étaient physiquement là, mais semblaient à des années lumières d’être ici. D’un air absent, l’escort-girl commanda un double gin tonic, tandis que l’Australien optait pour un whisky. Alors, n’y tenant plus, Naomi demanda à son interlocuteur quels étaient ses projets. Une boule de douleur se forma dans sa gorge, alors qu’elle retenait son souffle en attendant la réponse d’Asher. Lentement, elle sentit le poison de l’angoisse s’inviter dans ses veines, tandis qu’elle serrait la mâchoire pour ne rien laisser paraître. Elle ne pouvait pas flancher, pas maintenant, pas ici, pas devant lui. La vérité, c’est qu’elle avait peur de la réponse de son ancien amant. Elle avait peur qu’il parte à son tour, lui renvoyant en plein visage sa pesante solitude. Elle soupira de soulagement lorsqu’il lui apprit qu’il ne comptait pas repartir. « J’ai… j’ai eu peur que tu veuilles partir. » Admit-elle en baissant les yeux. Inutile de préciser le pourquoi du comment ; les récents événements, tragiques, avaient dû perturber l’équilibre d’Asher. « Tes dates sont-elles déjà programmées ? Tu sais dans quelles villes tu vas jouer ? » Demanda-t-elle, heureuse de voir que les projets du blond étaient déjà plus aboutis qu’elle ne le pensait. « Tu pars en tournée avec qui ? » Johnny, l’éternel, sans nul doute. Et les autres ? Elle ne connaissait pas vraiment l’entourage d’Asher ; quand ils se voyaient, ils étaient toujours tous les deux. Exclusifs. Désireux de protéger leur relation si particulière, si singulière. « Tu as raison, Ash. » Murmura-t-elle d’une voix douce. Ses yeux clairs se confrontèrent aux siens, et elle poursuivit : « Il faut que tu vives pour toi. Tout le temps, sans cesse. » Elle rejeta une mèche de cheveux qui lui barrait le visage et ajouta : « Les gens sont égoïstes. Et le temps passe si vite… » Elle plongea la main dans son sac, et en retira un paquet de cigarettes. Elle avait cédé à la tentation, à la sortie de l’enterrement de Dan. Elle avait été soulagée, momentanément, comme si elle avait renoué avec une vieille amie. Elle porta une cigarette à ses lèvres, et pencha légèrement la tête. « Si tu as besoin d’argent, tu me dis. » Elle ne faisait pas ce genre de proposition à n’importe qui ; le rapport à l’argent qu’avait Naomi était singulier. Et c’était notamment pour ça qu’elle était escort-girl. « Ça va. » Répondit-elle en inclinant légèrement la tête. Elle baissa les yeux, ne supportant pas de croiser le regard d’Asher. Pas maintenant. Pas alors qu’ils évoquaient, sans jamais le nommer, son frère aîné tragiquement disparu. Elle écrasa son mégot de cigarette dans le cendrier. « Juste un peu secouée. » Confessa-t-elle, en espérant ne pas en avoir trop dit. À vrai dire, elle avait peur que son attitude ne trahisse ses secrets les plus inavouables. Elle ne pouvait pas être (faussement) distante, ou cela aurait éveillé les soupçons d’Asher. Et elle ne pouvait pas non plus être trop touchée, sous peine d’être sommée de s’expliquer. « Et toi ? » La paume de sa main droite vint recouvrir celle d’Asher, et elle écarta légèrement ses doigts pour qu’il puisse glisser les siens. Elle avait besoin de réconfort et de chaleur, elle avait besoin de savoir qu’elle n’était pas seule.

@Asher Buckley

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«  Ça t’évitera de culpabiliser, comme ça. » C’est pas vraiment ton genre vis à vis des boulots que tu as pu avoir dans ta vie en dehors de la musique. Tu ne la prends pas au sérieux dans ses mots. Naomi te connait bien et elle sait que tu es largement moins un ange que ce que ton apparence peut laisser croire. «  Il faut voir le bon côté des choses : tu vas pouvoir te lancer dans un nouveau projet. » Nouveau projet tu sais pas. Nouveau chapitre, ça c’est certain. Tu n’aurais vraiment pas cru que ta vie prenne un tel tournant.

«  J’ai… j’ai eu peur que tu veuilles partir. » Tu ne pensais pas être aussi indispensable pour Naomi. Tu es en train de te rendre compte de ça doucement, surpris de sa réaction. De son apaisement une fois que tu lui annonces que tu ne comptes pas partir. Tu es en train de te dire que la mort de ton frère l’a affecté plus qu’elle ne le dit. Ou bien elle t’a intégré dans sa vie totalement depuis ton retour à Brisbane. Tu as l’impression qu’il y a autre chose là dessous qu’elle ne te dit pas. A-t-elle besoin de toi plus qu’elle ne le dit ? Tu es parti une dizaine d’année à Melbourne avant ça. L’a-t-elle si mal vécu ? Tu sais pas. Ce que tu sais par contre c’est que tu aimes Naomi plus que bien des personnes sur cette planète et si tu peux faire quoi que ce soit pour apaiser son esprit, tu le feras, du moment que ça ne chamboule pas tes plans de vies. Il n’empêche que tu rajoutes du poids sur sa présence à Brisbane si jamais un jour te viens à l’idée de quitter la ville. Dans la colonne des contres il y aura, Birdie et Naomi qui pèsent énormément. «  Tes dates sont-elles déjà programmées ? Tu sais dans quelles villes tu vas jouer ? » Elle enchaine bien vite sur la tournée et tu préfères aussi parler de ça. Tu ne sais pas comment réagir à son aveux juste avant. « Ouais… Je t’enverrai la liste. » Ca fait un moment que tu ne l’as pas vu et ton cerveau est rempli de chose, tu as oublié les détails. «  Tu pars en tournée avec qui ? » Tu grattes ton front à cette question. Tu n’as pas pensé à partir avec qui que ce soit de particulier. Très loin dans ta tête tu penses à Levi bien sûr. Mais il a des choses dans sa vie lui aussi et tu ne t’es juste pas dit que ce serait faisable. La vérité c’est que tu ne lui as même pas demandé. Tu n’as aucune idée s’il serait partant. « Juste Johnny et notre tour manager. On a pas encore fixé les premières parties. » Car ça fera des gens en plus sur la route avec vous.

«  Tu as raison, Ash. » Tes yeux qui remontent aux siens. Tu étais encore en train de regarder le menu sans pour autant le lit. Mais tu aimes bien que les gens disent que tu as raison. «   Il faut que tu vives pour toi. Tout le temps, sans cesse. » Tu hoches la tête. «  Les gens sont égoïstes. Et le temps passe si vite… » C’est surtout qu’on ne sait pas quand sera notre dernier jour. Tu as raison avec elle sur toute la ligne néanmoins. Tu vas faire ce que tu veux. Du moins pour un temps. Car les ressources ne sont pas inépuisable malheureusement. Même si tu as toujours un coin de ta tête qui se dit que tu peux profiter de l’argent de ta mère. Est-ce que tu profiterais d’elle dans sa souffrance ? Sûrement. «  Si tu as besoin d’argent, tu me dis. » Naomi qui a l’air de lire dans tes pensées. Naomi qui s’allume une cigarette aussi. Tu ne sais pas quoi répondre à sa proposition alors tu préfères ne rien dire, mais ça n’est pas entré dans l’oreille d’un sourd. Tu hoches simplement la tête pour lui faire comprendre tout de même que c’est noté.

Tu lui demandes comment elle va et cette réponse t’intéresse grandement vu les détails qu’elle t’a donné un peu plus tôt là. «  Ça va. » La façon dont elle te répond est très parlante et tu vois bien qu’il y a des choses qu’elle ne te dit pas. «  Juste un peu secouée. » Tu te demandes si c’est la disparition de Dan qui la secoue autant. «  Et toi ? » Voilà qu’elle te retourne la question. Celle ci même qui parfois est si banale mais qui dans le contexte actuel et entre vous deux, veut dire bien plus. Elle vient même poser sa main sur la tienne, mêlant vos doigts ensemble. « Secoué c’est le mot aussi hmmm. » Tu soupires doucement. « J’ai beaucoup de mal à réaliser. » Tu regardes vos mains liées. Tu caresses naturellement sa main de ton pouce. « Hâte de faire ce break… J’en ai trop besoin. Ma mère est sur mon dos trop souvent ça me pèse. » Même is tu comprends. T’es pas une poupée qu’on utilise à sa convenance comme ça. « Je vois dans son regard qu’elle voit Dan dès qu’elle pose ses yeux sur moi. » Tu soupires. Car tu n’ajoutes pas la suite mais elle fond en larmes à tous les coups. T’es bien loin de la perfection du fils ainé. Le premier enfant. Mais elle cherche quand même à te voir tous les jours un peu plus. Tu finis par ne plus répondre à ses appels car c’est trop pour toi. Même si ce n’est pas tant. Après deux ans sans contact, c’est trop. « Tu prends des vacances un peu des fois toi ? » T’as l’impression qu’elle en aurait bien besoin elle aussi. Tu proposes ça afin d’essayer d’en savoir plus à son propos mais sans pour autant demander directement. Tu n’aimes pas presser les gens, surtout quand les sujets sont délicats. La vie professionnel de Naomi a toujours été une facette où tu ne t’es pas approché car tu sais qu’elle préfère garder ça pour elle. Tu sais de quoi il en retourne et tu te dis que c’est vis à vis de son travail que la situation ne doit pas être optimal pour qu’elle se sente autant secoué. « Tu nous paies un weekend sur une petite île pas loin ? » Que tu lances pour rire mais tu ne dirais pas non si l’idée l’enchante.

« J’imagine. » La disparition subite de Dan devait lui renvoyer au visage des souvenirs qu’il aurait probablement préféré oublier. La famille Buckley avait été durement frappée par la tragédie — deux fois, dans les mêmes circonstances, dans un laps de temps très court. L’escort-girl, en dépit des mots durs que les parents avaient pu avoir pour elle, était sincèrement peinée pour eux. Mais celui pour lequel elle s’inquiétait vraiment, c’était Asher. Il était doux et fragile, et méritait d’avoir une belle vie. « Est-ce que tu en parles à quelqu’un, parfois ? » Demanda-t-elle, en espérant qu’il répondrait positivement à sa question. Ça la rassurerait, qu’un professionnel de santé ou qu’une oreille attentive puissent veiller sur son plus vieil ami. À vrai dire, elle-même ne se sentait pas réellement capable d’entendre et d’absorber ses confidences. Son passif avec Dan était trop fort, trop spécial pour qu’elle en entende parler régulièrement. La main d’Asher caressa doucement la sienne, et elle sentit sa culpabilité monter en flèche. Devait-elle lui dire qu’elle avait été plus proche de son frère qu’elle ne voulait bien le faire croire ? Devait-elle lui dire qu’ils avaient manqué d’honnêteté à son égard, et qu’ils avaient fait preuve d’égoïsme en s’adonnant à des jeux d’adultes ? Certainement pas. À quoi bon, de toute façon ? C’était du passé, et ça ne se reproduirait plus. Plus jamais. « Difficile de lui en vouloir. Vous vous ressemblez tellement. » Répondit Naomi, sans se rendre compte qu’elle utilisait encore le présent pour parler d’un être qui n’était plus. Mais c’était encore trop tôt, trop récent, trop irréel pour qu’elle en ait réellement conscience. Elle s’attendait presque à croiser Dan dans une boîte du centre-ville, vautré dans un canapé d’un quelconque carré VIP, un sourire goguenard aux lèvres. Bien sûr, il se foutrait royalement d’elle et de tous ceux qu’il aurait réussi à berner, en faisant croire à un accident. Mais la cérémonie qu’elle avait vécu, quelques jours plus tôt, la ramena brutalement à la réalité. Non, elle ne croiserait plus jamais Dan. Pas dans cette vie, en tout cas. « Ça lui passera sans doute. » Dit-elle en croisant le regard azur d’Asher. Ils avaient la même mâchoire, le même sourire. Oui, d’une certaine façon, elle voyait Dan en Asher et vice-versa. Et pourtant, hormis quelques détails physiques, les deux hommes n’auraient pas pu être plus différents. « Mais il faut que toi aussi, tu prennes du temps pour toi. » Elle était inquiète, Naomi. Si la relation entre les deux frères n’était pas franchement au beau fixe ces derniers temps, elle ne doutait pas un seul instant du désarroi et de la tristesse d’Asher. Un sourire traversa son visage lorsque son ancien amant lui demanda, presque innocemment, s’il lui arrivait de prendre des vacances. « Ça m’arrive. » Avoua-t-elle en haussant les épaules. Mais ces derniers temps, elle n’avait pas eu un goût démesuré pour l’aventure. Depuis sa fuite du Club, l’Australienne avait surtout essayé de la jouer profil bas. Elle avait évité de voyager, avait payé ses achats divers et variés en liquide, et s’était débarrassée de son ancien téléphone (et de sa puce) dans une poubelle de l’hyper-centre. « Eh ! » S’exclama-t-elle, alors qu’un petit sourire étirait ses lèvres. Elle s’amusait de cette demande d’Asher, à la fois fantasque et bienvenue. « C’est qui la michto, maintenant ? » Plaisanta-t-elle en levant les yeux au ciel. Mais elle n’avait pas à coeur de lui refuser quelques jours de farniente et de détente dans un endroit idyllique. Et, à vrai dire, elle s’imaginait déjà dans un endroit serein, où il y aurait peu de monde. « Si tu es vraiment sérieux, ça peut s’envisager. » Finit-elle par dire, alors que son regard croisait celui de son interlocuteur. Elle s’imaginait déjà, largement dévêtue, lézardant sur la plage. Sirotant un cocktail alcoolisé, et s’habillant légèrement pour aller danser. Nageant au milieu des eaux turquoises, et contemplant les milliers de poissons colorés qui ne manqueraient pas de tournoyer autour d’elle. Elle pouvait aussi presque sentir les mains fermes qui masseraient ses épaules, l’odeur du monoï, et la chaleur du soleil qui colorerait sa peau. En bref, elle s’y voyait déjà. « Quelques jours, loin de tout et de tout le monde, où on couperait nos téléphones et où il n’y aurait personne pour nous emmerder. » Elle ferma les paupières, déjà transportée dans un autre monde.

@Asher Buckley

.up to no good.

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« J’imagine. » Ça doit être aussi le cas pour elle. Elle ne devait pas l’avoir autant que toi dans ses habitudes tout au long de sa vie. Ok tu ne le voyais presque plus, mais il en reste ton frère. Tu as grandit avec lui. Vous étiez bien plus proche étant enfant et ado que lors de vos vies d’adultes. Celles ci étaient bien trop remplie chacun de vos côtés. Vous n’étiez plus basé dans la même ville également. Ca n’aide en rien. Mais il était toujours ton frère et un bref coup de fil tous les trois mois c’était comme ça que vous gardiez contact en dehors des réseaux sociaux. Il vivait bien et toi aussi - ou du moins en apparences.

« Est-ce que tu en parles à quelqu’un, parfois ? » Tu fais non de la tête alors que ton regard se focalise un peu plus sur le menu que tu ne lis toujours pas. Peut être que tu devrais voir quelqu’un oui. Tu as l’impression de dire la même chose à tes proches à propos de ta mère et ce qu’elle est en train de vivre du fait que tu es le portrait de ton frère. « Difficile de lui en vouloir. Vous vous ressemblez tellement. » Naomi confirme que tu ne peux véritablement pas en vouloir à ta mère. Mais le fait est que tu lui en veux quand même. Tu es ta propre personne. Une qu’elle n’a jamais vraiment voulu mettre en lumière car qui de « normal » fait de la musique pour barbare comme ça ? « Ça lui passera sans doute. » T’es pas totalement sûr et tu ne sais pas non plus si tu veux qu’elle change. Tu es dans le flou quant à l’avenir, tu sais que tu as besoin d’un break avant tout. Avant d’exploser et que tu dises ou fasses des choses que tu regretterais. « Mais il faut que toi aussi, tu prennes du temps pour toi. » Elle confirme et voilà que tu lances l’idée des vacances. « Ça m’arrive. » Tu secoues la tête l’air de dire que tu la crois pas. Tu ne l’as jamais vu partir en vacances la miss. Alors tu joues l’audace en proposant qu’elle vous paie un séjour à tous les deux. « Eh ! » Tu ris de la voir réagir de la sorte. « C’est qui la michto, maintenant ? » Ca te fait beaucoup rire cette réaction et ça fait du bien de parler de choses qui vous illuminent autant l’un que l’autre.

« Si tu es vraiment sérieux, ça peut s’envisager. » Et voilà qu’elle te prend au mot en plus. Tu relèves les yeux vers elle l’air de dire ’T’es sûr?’ Parce que toi t’es sérieux. Très sérieux. « Quelques jours, loin de tout et de tout le monde, où on couperait nos téléphones et où il n’y aurait personne pour nous emmerder. » Tu hoches la tête de nouveau car c’est exactement ça que tu veux. « On est même pas obligé d’aller loin. Un peu plus haut sur la côte c’est très bien. » Vous avez un historique tous les deux dans votre relation de filer en escapade pas loin d’ici mais qui pourtant donnent l’impression d’être à l’autre bout du monde. Tu aimes quand les voyages sont faciles au niveau du trajet. Tu as tellement voyagé ces dernières années que lorsqu’il est possible de faire un trip avec le moins de mouvement possible, tu prends. Et accessoirement tu n’as pas envie de la ruiner non plus. « Faut vraiment qu’on le fasse. D’ici la fin de l’année. Une petite semaine… » Tu t’y vois déjà. Tu penses aussi à Levi car tu as bien envie de faire ça avec lui également. Tu vas te prévoir une fin d’année dans quelques coins d’Australie avec les gens que tu aimes. Tu devrais proposer à Birdie aussi. De toute façon tu vas avoir du temps. Ca va te faire du bien de voir des paysages et te couper du monde qui t’oppresse. Tu n’oublies pas que tu as la tournée début décembre qui arrive.

Et puis le serveur qui arrive et tu n’as pas encore choisi ton plat mais tu vas y aller au pif et commande une pizza assez simple avec une bière. Genre tu essaies d’être raisonnable à ne pas prendre un alcool fort, mais c’est de l’alcool quand même Asher. Tu rends le menu avant de redonner toute ton attention à Naomi. « Novembre pour le voyage ? » Tu remets ça sur le tapis oui oui, tu n’as pas honte. On est qu’en septembre là. Ca fait assez de temps pour préparer facilement sans pour autant avoir à attendre longtemps pour le faire ce voyage. T’en as un de prévu dans ta petite tête déjà. Avec Levi.

« Tu crois vraiment que c’est raisonnable ? » La question était purement rhétorique ; à vrai dire, Naomi savait pertinemment que cette idée était tout, sauf raisonnable. Parce qu’Asher venait de perdre son frère dans un tragique accident, et que ses proches avaient besoin de lui. Parce qu’il avait un compagnon qui l’aimait, et qui ne serait probablement pas ravi de savoir que son petit-ami allait s’accorder du temps avec son ex. Parce qu’elle-même préférait jouer profil bas, en attendant que les tensions avec le Club se dissipe. Parce qu’elle n’était pas dans une situation financière exceptionnelle — sans être à la rue, Naomi avait été contrainte de réduire son train de vie. Parce que cette décision était prise sur un coup de tête, alors qu’ils venaient à peine de commander leur pizza. Et finalement, c’était peut-être cette authenticité qui leur permettait, à tous les deux, de se projeter. L’escort-girl secoua la tête, et répondit elle-même à sa précédente question. « Bien sûr que non, ça n’est pas raisonnable. » Et pourtant… « Mais c’est pour ça qu’on va le faire. » Il avait raison ; une petite semaine, pas forcément très loin de Brisbane — mais en dehors de la ville quand même, pour éviter les têtes connues et pouvoir s’aérer l’esprit. Elle s’imaginait déjà, les doigts de pied en éventail, sirotant un cocktail sur une plage de sable blanc. « Après tout, une semaine, ce n’est pas si difficile à caser dans un agenda. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules. Il lui suffirait de prévenir Lara de son absence, afin qu’elle ne l’intègre pas à ses projets privés. La danseuse n’y verrait sans doute aucune objection, même s’il était évident que les deux femmes auraient un manque à gagner — ou, à défaut, des semaines chargées avant et après les congés que Naomi s’octroyaient. Le serveur les interrompit dans leur conversation, déposa les plats, et s’en alla après les avoir gratifiés du « bon appétit » d’usage. « Novembre, ça me semble pas mal. » Commenta Naomi en détachant une part pré-découpée de sa pizza. « Tu as une préférence pour le moment, dans le mois ? » Avant de goûter à son plat, elle prit soin de jeter un coup d’oeil à son téléphone portable. S’il y avait bien quelques rendez-vous qu’elle pouvait déplacer, d’autres restaient impératifs. Elle croqua machinalement dans sa part de pizza, et suggéra : « La semaine du 22. C’est l’idéal pour moi. » Elle espérait que cette période correspondrait avec l’agenda de son interlocuteur. Surtout qu’il devait être lui aussi très occupé, vu ses projets artistiques. « Et je propose d’aller faire un saut sur les plages en dessous de Sydney. Les plages y sont magnifiques, apparemment. » Elle n’avait jamais eu l’occasion de s’y rendre, et ne boudait pas son plaisir de découvrir ces endroits paradisiaques en compagnie d’Asher. Elle savait que les moments qu’ils passeraient ensemble seraient calmes, reposants, apaisants. Qu’elle se sentirait protégée et en sécurité à ses côtés, parce qu’il avait toujours eu une espèce de pouvoir rassurant auprès de Naomi. La force tranquille. Elle termina sa part de pizza, et loucha sur l’assiette de son voisin. Elle releva les yeux vers lui, rieuse, et Asher sut tout de suite où elle voulait en venir. « Je peux goûter ? » Demanda-t-elle d’une petite voix, faussement naïve. « S’il te plait. » Ajouta-t-elle, préférant mettre toutes les chances de son côté. Mais elle savait qu’Asher ne refuserait pas. Qu’il allait lui-même lui tendre un morceau, pour satisfaire ses papilles — et sa curiosité. Parce qu’il était lui, gentil et prévenant. Parce que malgré le fait qu’ils ne soient plus ensemble depuis des années, ils restaient une entité forte et complémentaire.

@Asher Buckley

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« Tu crois vraiment que c’est raisonnable ? » Raisonnable c’est bien un mot qui n’a jamais été avec ton état d’esprit. Tu prends depuis toujours bien trop de plaisir à faire l’opposé de ce qui est raisonnable aux yeux de tes parents. Mais voilà un point important, c’est pour tes parents que ce n’est pas correct, pour toi c’est parfait, c’est exactement ce qu’il te faut. « Bien sûr que non, ça n’est pas raisonnable. » Et cette façon qu’elle a de le confirmer que bien sûr ça ne l’est pas. Si ça vient de toi c’est souvent comme ça. « Mais c’est pour ça qu’on va le faire. » Et ça c’est la meilleure réponse. Pas pour rien que c’est elle la seule et l’unique que tu as présenté à ta famille. Elle est parfaite et souvent, très souvent, tu t’en veux de ne pas juste pouvoir avoir une relation avec elle. Tu l’aimes Naomi, plus que bien des gens et ça se voit dans tes yeux. Elle te le rend si bien en plus… « Après tout, une semaine, ce n’est pas si difficile à caser dans un agenda. » Tu hoches la tête, y’a même un joli sourire qui est placardé sur ton visage car cette perspective d’une semaine entière avec elle te rend vraiment heureux. « Novembre, ça me semble pas mal. » Tu devrais vérifier tes disponibilités mais tu sais que tu es bien capable de décaler des choses pour que ce voyage avec elle se fasse. « Tu as une préférence pour le moment, dans le mois ? » Tu hausses une épaule. « Je devrais être assez ok en Novembre. » De mémoire comme ça vite fait. « La semaine du 22. C’est l’idéal pour moi. » Tu hoches la tête. « Va pour la semaine du 22. » Car si c’est parfait pour elle, c’est ce qui compte. Tu as conscience que sa vie est bien remplie et que tu viens de lui demander de l’arrêter pendant une semaine. C’est pour son bien autant que le tiens, mais tu sais que c’est ta demande en premier lieux. Elle mange en même temps et toi t’es juste en train de couper ta pizza en des parts encore plus petites que celles déjà établi.

« Et je propose d’aller faire un saut sur les plages en dessous de Sydney. Les plages y sont magnifiques, apparemment. » Elle a même des envies non assouvi visiblement. « Ça me semble parfait comme programme. » Car si en plus elle a une idée précise de quoi faire. De chose qu’elle veut voir. Tu es heureux de pouvoir lui offrir ça. C’est elle qui paie. Oui, mais pas vraiment en fait Asher. Bien sûr que non tu vas la laisser tout payer. Bien sûr que tu veux que ce petit séjour soit au top autant pour toi que pour elle et c’est certain qu’il va l’être. « Je peux goûter ? » Qu’elle demande alors que tu viens de terminer de tout couper en deux. « S’il te plait. » Elle te fait sourire mais rire aussi avec ses airs. « Bien sûr. Sers toi. » Elle fait quand même bien de demander en avance car ta bouffe c’est sacré. Il n’en reste que Naomi reste une des rares personnes qui a le droit de faire bien des choses que tu ne laisses pas grand monde faire. Ton amour pour elle est sincère autant que très grand. T'es heureux de cette soirée avec elle ainsi que tous les plans que vous avez fait pour un futur plutôt très proche.

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