| Si vis pacem para bellum (Danika) |
| | (#)Sam 11 Sep 2021 - 16:19 | |
| Début décembre 2013 Vêtue d’un legging noir et d’un sweat à capuche informe, bien trop grand pour elle, une frêle silhouette franchit les portes du dojo de la ville de Brisbane. La porte qui claque derrière elle la fait sursauter, et un bref instant, elle pense à faire demi-tour. Pour être honnête, elle n’est pas certaine de ce qu’elle vient faire ici. Adriana a fini par suivre les conseils de ses proches. Depuis deux mois et demi, depuis l’agression de son frère dont elle a été témoin, elle vit avec la peur au ventre. Le moindre bruit la fait sursauter, chaque personne croisée devient un potentiel agresseur. Les siens lui ont alors conseillé d’apprendre à se défendre pour ne plus avoir peur de se faire attaquer. Adriana a d’abord rejeté cette idée en bloc, mais petit à petit, celle a fini par se frayer un chemin dans son esprit, et la logique de l’idée l’a frappé. Alors à force d’insistance, elle a fini par accepter. Mais aujourd’hui, à l’entrée de ce dojo, l’idée ne lui semble plus aussi bonne. Si elle parlait encore à Mel, son meilleur ami, si elle ne lui en voulait pas autant d’avoir été un des acheteurs de drogue de son frère, elle lui aurait demandé de venir avec elle. Soudain, son cœur se serre, alors qu’elle réalise qu’elle aurait vraiment besoin de celui avec qui elle avait l’habitude de tout faire. Mais Mel n’est pas là, et elle n’est pas prête à le laisser revenir dans sa vie. Si elle semble avoir dépassé la colère et la tristesse dans les étapes du deuil, elle n’est pas encore prête à pardonner, surtout pas à celui en qui elle croyait autant. La brunette fait quelques pas dans la salle, retirant sa capuche. Dans un coin de la salle, des hommes en kimono s’affrontent sur un tatami, l’un d’eux heurtant le tapis dans un bruit sourd. Non loin d’elle, sur un ring, deux jeunes femmes se battent. Leurs coups sont rapides, précis, et Adriana n’a conscience que ses pas l’ont porté au pied du ring que lorsqu’elle touche les cordes du bout des doigts. Elle ne perd rien du combat, obnubilée par une jeune femme à peine plus grande qu’elle, qui dégage une puissance incroyable. Soudain, elle l’envie, aurait aimé savoir se battre aussi bien il y a deux mois et demi. Peut-être aurait-elle pu alors sauver son frère. Peut-être n’aurait-elle pas été qu’une gamine qui gigotait dans le vide dans les bras d’un agresseur. C’est à ce moment-là que la jeune femme sur le ring croise son regard et la dévisage. Adriana recule d’un pas, comme si elle était prise sur le fait, en train de faire une bêtise. « Salut … » Sa voix est faible, bien trop faible et hésitante pour un endroit comme celui-ci. Elle toussote et reprend, plus fort cette fois. « Je voudrais m’inscrire. Tu peux me dire qui peut me renseigner ? » |
| | | | (#)Dim 26 Sep 2021 - 12:44 | |
| Elle s'entraînait chaque jour un peu plus. Au sommet de sa carrière, Danika brillait chaque jour un peu plus, encore dans l’euphorie de la médaille d’or qu’elle avait gagnée l’année précédente à Londres. Elle était l’égérie de marques de sports, sa victoire avait attiré une attention toute particulière sur le dojo qui profitait clairement de ce coup de pub. Quand elle ne s’entraînait pas, elle donnait des cours, chaque jour un peu plus passionnée par l’idée de coacher les plus jeunes. Aujourd’hui le combat était contre Jade, une combattante particulièrement douée, qui s’entraînait avec elle et la poussait à se dépasser. Elle se sentait sur le point de gagner le dit combat lorsqu’elle sentit un regard qui s’était posé sur elle et qui l’incita à stopper ses gestes.
Son regard se posa sur la gamine, celle qui la regardait avec curiosité et envie. Une adolescente, une petite brune aux épaules repliées comme si la vie lui avait donné trop de coups. Elle avait reculé d’un pas dès que leurs regards s’étaient croisés comme si elle semblait prête à détaler. Danika haussa un sourcil, arrêtant son combat d’un geste, sa respiration haletante alors qu’elle regardait la jeune fille qui se tenait non loin et qui n’avait pas déguerpi malgré son corps qui ne montrait qu’une envie de fuir. “Salut…” La voix fut à peine audible et Danika fit un pas en avant sur le ring, comme pour tendre un peu mieux l’oreille.
« Je voudrais m’inscrire. Tu peux me dire qui peut me renseigner ? »
Danika jeta un regard à son adversaire, qui lui sourit. “Je compte ça comme une victoire par abandon Riley ?” La jeune femme roula les yeux avec un sourire, enlevant un à un ses gants de boxe. “J’aurais ma revanche la prochaine fois Jade.” Les gants sous son bras, Danika écarta les cordes pour descendre du ring, arrivant jusqu’à l’inconnue. “Je peux te renseigner.” Elle avait insisté sur le je, le visage neutre, pas spécialement accueillant mais pas froid non plus, le regard d’acier. Elle n’avait jamais été la plus douée avec les inconnus. Son père était sans doute bien plus sympathique. “C’est la première fois que tu viens ?” Ce n’était pas vraiment une question, mais une affirmation. Elle se rendit jusqu’à son sac pour y poser les gants de boxe, s’assurant que la gamine la suive avant d’enlever les bandes autour de ses poignets, la sueur perlant encore sur sa peau. “ Tu sais un peu ce qu’on fait? Il y a un art martial ou un sport que tu aimerais faire en particulier ?” Les cours du dojo étaient diversifiés et tout le monde pouvait y trouver son compte dans l’art du combat. Les bandes enfin enlevés elle tendit sa main vers la jeune femme avec l’écho d’un sourire cette fois, le regard plus doux. “Je m'appelle Danika, Danika Riley, ma famille tient le dojo. Tu t’appelles comment ?” Pour quelles raisons la jeune femme venait-elle ? Pour quelles raisons les épaules de la fille semblaient-elles repliées comme si elle aurait voulu disparaître ? Mais surtout d’où venait la flamme dans ses yeux, celle qui, sans aucun doute, l’avait poussée à franchir les portes du dojo ?
@Adriana Suárez
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| | | | (#)Mer 6 Oct 2021 - 14:52 | |
| Elle est là, un peu malgré elle. Adriana a conscience de la logique de l’idée, mais depuis l’agression de son frère, elle a tellement peur au quotidien, que tenter une nouvelle activité aussi intense la terrorise. Dès son arrivée au dojo, elle est pourtant obnubilée par une jeune femme qui boxe sur un ring. Lorsque les yeux noisettes de la combattante croisent son regard, Adriana a envie de détaler à toute vitesse, mais elle se secoue et demande comment faire pour s’inscrire. La jeune femme descend du ring et la dévisage. « Je peux te renseigner. » Sa voix, son ton, son attitude, tout dégage de la puissance et de l’assurance. Elle semble à l’aise dans ce lieu. L’adolescente remarque en outre que, pour une fois, on ne la dévisage pas avec pitié, comme si elle était un petit être sans défense. « C’est la première fois que tu viens ? » Adriana se contente de hocher la tête pour confirmer qu’elle n’avait jamais mis les pieds ici. En même temps, son attitude parle pour elle. La jeune fille suit la combattante jusqu’à son sac, mais tout dans son attitude fait penser à un animal sauvage prêt à détaler au moindre signe de danger. « Tu sais un peu ce qu’on fait ? » Adriana hausse les épaules, un peu gênée de ne pas s’être davantage renseignée avant. « Pas trop … » « Il y a un art martial ou un sport que tu aimerais faire en particulier ? » La petite brune secoue la tête et plonge son regard dans celui de la jeune femme, essayant de ne pas détourner le sien, et de montrer ainsi sa détermination. Elle a besoin d’être ici. Elle ne veut pas simplement faire un peu de sport après les cours pour décharger. Elle doit apprendre. C’est une question de survie. « Non, peu importe. Ce qu’on me conseillera. J’ai besoin … je veux apprendre à me défendre et à me battre. » La jeune femme lui sourit enfin, mais Adriana n’est pas en mesure de lui rendre la politesse. Son rire, qui résonnait partout avant le décès de son frère, se fait plus que rare depuis deux mois et demi. Son sourire, qui illuminait si souvent son visage, n’est plus qu’un vague souvenir. Elle serre cependant la main qui lui est offerte et hoche la tête. « Je m’appelle Danika, Danika Riley, ma famille tient le dojo. Tu t’appelles comment ? » Ainsi, la brunette est directement tombée sur une des personnes qui pouvaient en effet la renseigner au mieux. Tant mieux, elle n’aurait pas à passer d’interlocuteur en interlocuteur. « Adriana Suárez. » Elle hésite un instant avant de rajouter. « Est-ce que je peux commencer aujourd’hui ? » Parce qu’elle a besoin d’avancer et de laisser la peur qui la tiraille derrière. Parce que si elle s’en va sans s’être entraînée, elle a peur de ne plus jamais oser franchir les portes du dojo. |
| | | | (#)Mer 20 Oct 2021 - 17:12 | |
| Qui était cette fille aux épaules repliées et aux yeux qui la fixent sans perdre sa concentration ? Danika était intriguée.
“Pas trop…” La jeune femme ne s’était pas renseignée. Ce n’était donc pas le genre de personne qui souhaitait se lancer dans un nouveau sport avec une nouvelle année ou une nouvelle rentrée. Danika fronça les sourcils, se demandant ce qui avait poussé la jeune femme à passer la porte du dojo. Elle était jeune et son air d’animal sauvage lui donnait un air encore plus jeune. Mais il y avait une détermination dans son regard, ce regard qui ne lâchait pas le sien, qui ne fuyait pas.
« Non, peu importe. Ce qu’on me conseillera. J’ai besoin … je veux apprendre à me défendre et à me battre. »
Un « besoin » a été le premier mot que la jeune femme a employé. Un besoin vital et urgent de passer la porte de ce dojo, d’apprendre à se battre. Le regard de Danika se fit plus précis alors qu’elle comprit que quelque chose est arrivé. Elle ne savait pas quoi mais toutes les suppositions étaient bonnes. Peut-être la jeune femme avait-elle agressée, peut-être avait-elle été témoin d’une agression. Peut-être avait-elle besoin de reprendre le contrôle d’une manière ou d’une autre.
« Adriana Suárez. » Il n’y avait pas de sourire sur le visage pale de l’adolescente et ses yeux eux étaient sombres. Non pas la couleur mais c’était le ressenti qu’ils donnaient, celui qui fit comprendre à Danika que quelque chose n’allait pas.
« Est-ce que je peux commencer aujourd’hui ? » Il y avait quelque chose d’urgent dans la demande et Danika ne pensait pas qu’elle aurait pris non pour une réponse. La détermination dans sa voix la fit sourire. « On enseigne vraiment de tout ici. Ca va de la boxe, au karaté, au Taekwon-do ou au krav maga. Tu auras le temps d’essayer les différents cours, de voir ce qui te plait le plus.” Sa voix était calme, elle expliquait le fonctionnement du dojo en sachant pertinemment qu’elle n’avait pas répondu à la question d’Adriana.
« On fait des cours d’essai particuliers, normalement il faut réserver mais… » Elle hésita un instant. Elle aurait pu lui préciser les horaires des prochains cours, lui dire qu’elle pouvait faire une séance d’essai à celui de son choix. Adriana aurait pu aussi faire une séance personnalisée avec un coach mais là aussi il aurait fallu la programmer et aucun coach n’était disponible de suite. Aucun coach sauf elle qui avait prévu de s’entraîner à ses heures là. « Tu sais quoi, j’ai fini mon entraînement. Si tu veux je peux te faire une initiation au self defense déjà. » proposa-t-elle simplement. « Ca te donnera quelques bases et puis après tu pourras aller observer les cours qu’on propose et décider pour toi. » Il y avait quelque chose dans l’attitude de la demoiselle qui rendait Danika curieuse, qui la poussait à vouloir l’accompagner dans ce dojo. « Tu as des affaires ? » demanda-t-elle en pointant le sac de sport de la demoiselle. « Les vestiaires sont juste ici, et plus loin là-bas on a des salles d’entraînement pour ne pas déranger les cours collectifs. On peut aller là-bas si tu veux. » Loin des regards, loin des jugements.
@Adriana Suárez
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| | | | (#)Ven 29 Oct 2021 - 16:35 | |
| La jeune fille qui pénètre dans le dojo de Danika est aujourd’hui pleine de contradictions. Elle ressemble à un animal sauvage, apeuré, prêt à détaler au moindre danger. Mais elle est également déterminée, et ne s’en ira pas d’ici tant qu’elle n’aura pas essayé de se battre. Elle a besoin d’apprendre à se défendre, et le plus vite sera le mieux, pour tenter de reprendre un peu confiance en elle et en la vie. Pour que chaque personne croisée, dehors, ne ressemble plus à une potentielle menace. La brunette demande d’un air résolu si elle peut commencer aujourd’hui, mais Danika ne répond pas immédiatement à sa question, lui présentant les différents sports qu’on peut apprendre au dojo. « On enseigne vraiment de tout ici. Ca va de la boxe, au karaté, au Taekwon-do ou au krav maga. Tu auras le temps d’essayer les différents cours, de voir ce qui te plait le plus. » Adriana l’observe, l’écoutant attentivement, suspendue à ses lèvres, attendant qu’elle accepte de l’entrainer aujourd’hui, maintenant. Mais la réponse à sa question ne vient toujours pas. « On fait des cours d’essai particuliers, normalement il faut réserver mais… » Et elle hésite. L’adolescente fait la moue, est à deux doigts de s’excuser, de lui dire qu’elle aurait en effet dû réserver, et de partir en balbutiant quelques mots maladroits. Mais si elle fait cela, elle ne reviendra plus, elle le sait. Alors son regard, qui n’a toujours pas lâché celui de Danika, se fait un instant suppliant. « Tu sais quoi, j’ai fini mon entraînement. Si tu veux je peux te faire une initiation au self defense déjà. Ca te donnera quelques bases et puis après tu pourras aller observer les cours qu’on propose et décider pour toi. » Un petit sourire illumine pendant un bref instant le visage de la jeune fille : ouf, elle a accepté. C’est le premier sourire qu’Adriana offre à son interlocutrice, et ce n’est pas certain que Danika en revoit un de si tôt. D’ailleurs, il disparait rapidement, ce sourire, alors qu’elle hoche la tête pour marquer son approbation. « Merci. » Et dans ce simple mot, on sent toute sa gratitude. Parce que cette jeune femme l’aide. Parce qu’elle semble avoir compris l’urgence, sans pour autant la dévisager étrangement. « Tu as des affaires ? Les vestiaires sont juste ici, et plus loin là-bas on a des salles d’entraînement pour ne pas déranger les cours collectifs. On peut aller là-bas si tu veux. » Adriana hoche la tête et se hâte déjà vers les vestiaires, comme si elle craignait que sa coach particulière ne change d’avis. « Je vais changer de chaussures et j’arrive. J’en ai pour une minute. » Après tout, elle est déjà en survêtement. Tout ce dont elle a besoin, ce sont des bonnes chaussures de sport, réservées aux activités en salle. Ca fait moins d’une minute quand la brunette rejoint Danika dans une salle d’entrainement. Elle a laissé son sac dans les vestiaires, ainsi que son sweat, et se retrouve en débardeur à quelques pas de la coach. Elle la regarde, avide d’apprendre, espérant qu’une séance lui permettra déjà d’obtenir quelques bases et de moins longer les murs lorsqu’elle rentrera chez elle. |
| | | | (#)Sam 20 Nov 2021 - 4:05 | |
| Le regard de la jeune femme ne lâche pas la sien, elle semble prête à détaler, à s’excuser et à disparaître. Il y a quelque chose dans ce regard qui incite Danika à changer ses plans, à s’accommoder de cette nouvelle venue et à annuler le reste de son entraînement pour lui proposer une séance d’essai avec elle.
Il est là le sourire celui qui illumine un bref instant son visage. Celui qui a dû mal à s’épanouir sur son visage. Il adoucit le regard de Danika un bref instant qui se contente d’hocher la tête. « Merci. »
Elle lui montre où sont les vestiaires ainsi que les salles où elle va pouvoir s’entraîner, une salle loin des regards, où elle pourra peut être être plus à l’aise. « Je vais changer de chaussures et j’arrive. J’en ai pour une minute. » c’est plus de mots qu’elle a entendu de la bouche de la gamine depuis le début “ Je t’attends là bas.” Se contente-t-elle de répondre en montrant la salle.
Lorsque la fille revient, elle est en débardeur, chaussure changée, le regard déterminée Cette fille là est prête à apprendre coute que coute. « Ok allons-y alors. » Lui dit-elle. Danika commence par lui montrer un échauffement rapide avant de lui montrer les fondamentaux. « Reste agile sur tes pieds. Ton poing, ne met pas ton pouce à l’intérieur de ta main. » lui conseille-t-elle en lui montrant comment former un poing. Puis elle sort un pao de son sac qu’elle passe sur son bras. Je veux que tu frappes sur le pao, avec ton poing gauche puis ton droit. » Elle lui donne des conseils, lui conseillant d’accélérer lorsqu’elle semble plus à l’aise, la laissant tomber dans le rythme de ses poings qui s’abattent sur le tissu. « Plus fort, va s’y n’hésite pas. » L’entraînement continue ainsi, Danika passant à la self defense, lui montrant des prises et comment s’en défaire. Elle prend le temps, son ton neutre. Elle la pousse plus qu’elle n’aurait poussé d’autre, consciente que la fille semble en avoir besoin. Et lorsqu’elle la voit à bout de souffle, elle finit enfin par s’arrêter. « On va faire une pause. Bois un peu d’eau. » Dit-elle d’un ton qui n’appelle pas de contestation. « Ca te plait ? » demande-t-elle avant de prendre une gorgée de sa propre gourde. « Qu’est ce qui t’a poussée à venir ici ? »
@Adriana Suárez
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| | | | (#)Dim 28 Nov 2021 - 10:11 | |
| La jeune femme qu’elle rencontre semble prête à lui accorder un peu de son temps, et c’est plus que ce qu’Adriana pouvait rêver en arrivant ici. Avec un peu chance, en sortant du dojo, elle aura déjà quelques bases, se sentira un peu plus forte, un peu plus en sécurité. Elle a besoin de pouvoir respirer à nouveau normalement, sans avoir l’impression qu’elle porte sur ses épaules le poids du monde, augmenté de sa culpabilité et de sa peur. En moins d’une minute, elle est en tenue et rejoint Danika dans une salle à l’écart. Elle écoute attentivement tout ce que la coach veut bien lui montrer, avide d’apprendre. Elève studieuse, elle se corrige dès que Danika lui donne un conseil, modifie sa position, accélère le rythme, tape plus vite et plus fort. Frapper dans ce pao lui fait un bien fou. Elle a l’impression de pouvoir se défouler, libérer toute sa colère, frapper comme elle aurait voulu frapper son agresseur il y a deux mois de ça. Les larmes lui montent aux yeux, un mélange de tristesse et de soulagement, mais elle continue, jusqu’à ce que Danika intime l’ordre de passer à un autre exercice. Le self defense est plus difficile, en revanche. Si c’est pile ce dont elle a besoin pour apprendre à se protéger, sentir Danika dans son dos, enrouler ses bras autour d’elle, la fait presque suffoquer. Sa respiration s’accélère, son cœur a des ratés et ses épaules se crispent, ce qui ne peut échapper à la coach. Pourtant, elle reste attentive, parce qu’elle a besoin d’apprendre, pour ne plus être aussi impuissante si la situation devait se reproduire un jour. « On va faire une pause. Bois un peu d’eau. » Adriana s’exécute, attrapant la petite bouteille d’eau qu’elle a ramené avec elle. Elle profite de ce moment d’accalmie pour analyser un peu plus sa coach, notant avec envie l’autorité et le charisme qui se dégagent d’elle. « Ca te plait ? » La brunette la dévisage un bref moment, et elle est sans doute un peu trop longue à hocher la tête, mais elle le fait. En réalité, si elle acquiesce, c’est parce qu’elle pense que c’est la réponse que Danika veut entendre. Pourtant, ça ne lui « plait » pas. Pour Adriana, ce n’est pas un loisir qu’elle pratiquera après le lycée. Elle n’est pas là pour se distraire, mais pour apprendre à survivre. Ce n’est pas une question de choix, c’est une question de nécessité. « Qu’est-ce qui t’a poussée à venir ici ? » Adriana déglutit difficilement. On y est, voici le temps des questions. L’adolescente pourrait mentir. Elle pourrait ne pas répondre, tout simplement. Son regard est plongé dans celui de la coach, et elle réfléchit, prenant son temps pour répondre. Quelque chose dans les yeux de Danika l’incite tout de même à faire preuve d’honnêteté, même si elle n’est pas prête à tout révéler pour l’instant. « Mon frère et moi on s’est fait agresser il y a deux mois. Je … je n’ai rien pu faire pour l’aider. » Sa voix se brise, et elle fronce les sourcils, essayant de lutter contre les larmes qui affluent. Elle ne le dira pas. Elle ne dira pas qu’Eduardo est mort, pas si on ne lui pose pas la question. Elle n’arrive pas à le formuler, pas pour l’instant. Et puis, ce n’est pas forcément nécessaire de le dire à ce stade, si ? Elle prend une grande inspiration, réussit à refouler les larmes qui n’auront finalement pas coulé. « Je ne veux pas me retrouver dans la même situation, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Et … » Elle hésite, gigotte d’un pied sur l’autre, puis hoche finalement la tête, comme pour s’intimer l’ordre à elle-même de parler. « … Je veux juste arrêter d’avoir peur », ajoute-t-elle en plongeant à nouveau son regard dans celui de Danika. Finalement, elle se sera beaucoup plus confiée lors de cette séance qu’elle ne l’aurait pensé. Mais si Danika respire l’autorité, quelque chose en elle inspire aussi la confiance. Et si elle n’a tout de même pas encore celle d’Adriana, qui est trop blessée pour pouvoir l’accorder si facilement, l’adolescente accepte tout de même de baisser la garde quelque peu. |
| | | | (#)Sam 25 Déc 2021 - 10:10 | |
| La jeune femme hésita trop longtemps. De trop longues secondes passèrent avant qu’elle n’hoche la tête. Non, cela ne lui plaisait pas. Pourtant elle semblait être ici pour une raison, les deux pieds parfaitement ancrés dans le seul, aucune volonté de fuir du dojo aussi vite qu’elle était arrivée. Pour beaucoup de gens qui venaient l’ici, ce n’était pas forcément une passion mais une nécessité, pas forcément un loisir qu’on pratiquait après le travail mais u moyen d’apprendre à gérer ses émotions et ses peurs. Pour Danika, les arts martiaux étaient ancrés dans son sang, dans son héritage, elle y était née et y avait vécu toute sa vie. Se battre était aussi nécessaire que respirer, elle en avait fait tout ce qu’elle était. Chaque moment était un combat, sa volonté était devenue une poigne de fer, elle se poussait plus haut et plus loin pour devenir la meilleure dans ce qu’elle entreprenait.
Danika finit par lui demander la raison de la présence de la jeune femme sur ce tatami, ce qui l’avait poussée à vouloir venir ici quand il paraissait clair qu’elle n’était pas ici pour le plaisir de la découverte d’un nouveau sport.
« Mon frère et moi on s’est fait agresser il y a deux mois. Je … je n’ai rien pu faire pour l’aider. » Il n’y a pas de pitié dans le regard de la brune alors qu’elle observe la gamine sans rien dire, se redressant, observant son visage, la voix qui se brise, les larmes qu’elle refoule et qui ne couleront pas. Elle se rend bien compte que la confidence n’est pas facile, que la jeune femme ne l’offre qu’avec grande difficulté. « Je ne veux pas me retrouver dans la même situation, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Et … » Le silence se fait un instant. L’adolescente ne dit pas tout, Danika le sent et elle ne peut qu’imaginer ce qui a bien pu se passer lors de cette journée il y a deux mois qui a certainement changé la vie de la gamine à jamais.
« … Je veux juste arrêter d’avoir peur » A ça, le regard de la brune s’adoucit, consciente qu’elle a réussi à ouvrir une porte bien fragile vers le cœur de la jeune femme. Qu’il en faudrait peu pour briser sa confiance et beaucoup pour la gagner. « Tu n’arrêteras pas d’avoir peur. » dit-elle doucement mais fermement. « La peur, c’est ce qui te maintiens en vie. » Elle pivote pour envoyer un coup de pied avec force dans le punching ball à côté d’elle. « Mais je peux t’apprendre à la maîtriser, à ne pas la laisser t’écraser. » Elle observe le corps encore frêle de la jeune femme, la peur qu’elle lit dans le fond de ses yeux. Elle ne sait pas pourquoi elle se sent soudainement liée à cette gamine, comme si parce qu’elle lui avait offert sa confiance le temps d’un instant, elle avait envie de l’aider, de lui rendre la pareille. « Reviens demain. Je t’entraînerais moi-même. Si c’est moi qui t’entraînes ça ne sera pas facile tu comprends ça ? On ne fera pas les choses à moitié. Si c’est pour abandonner dans deux semaines c’est même pas la peine, ne me fait pas perdre mon temps. Mais si tu as vraiment envie d’apprendre, je veux bien te former. » Son regard est plus dur qu’elle ne le voudrait comme pour lui faire comprendre qu’il faut qu’elle soit certaine de ce qu’elle ait envie. Danika est prête à lui accorder du temps, à la pousser plus loin que d’autres, mais pour ça il va falloir que Adrianna ait réellement envie de s’investir.
@Adriana Suárez
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| | | | (#)Sam 15 Jan 2022 - 9:32 | |
| La brunette a accompli un chemin énorme en seulement quelques heures, et elle prend un instant le temps pour analyser sa progression. Elle est venue ici, a osé franchir les portes du dojo. Elle a sollicité de l’aide, est restée, et s’est entrainé. Et elle s’est ouverte sur les raisons de sa présence ici. Pas entièrement, loin de là, et il faudra de nombreuses séances pour qu’elle accorde sa confiance à Danika sur ce point, et se livre complètement. Mais elle lui fait déjà suffisamment confiance pour accepter de lui livrer des bribes d’informations. « Tu n’arrêteras pas d’avoir peur. » Le visage de l’adolescente se décompose immédiatement : comment ça, elle n’arrêtera pas d’avoir peur ? C’est pourtant ce qu’elle veut, cesser de se comporter comme une proie, arrêter de longer les murs. « La peur, c’est ce qui te maintiens en vie. Mais je peux t’apprendre à la maîtriser, à ne pas la laisser t’écraser. » Pour être honnête, elle n’est pas sûre de comprendre. Il se dégage tant de force et de puissance de Danika, qu’Adriana a eu du mal à croire qu’elle puisse avoir peur de quoi que ce soit. Et pourtant, elle en apprendra des choses, au fil des entrainements, car voilà que Danika propose de l’aider. « Reviens demain. Je t’entraînerais moi-même. Si c’est moi qui t’entraînes ça ne sera pas facile tu comprends ça ? On ne fera pas les choses à moitié. Si c’est pour abandonner dans deux semaines c’est même pas la peine, ne me fait pas perdre mon temps. Mais si tu as vraiment envie d’apprendre, je veux bien te former. » La brunette l’écoute attentivement et hoche la tête. « Je serai là demain. » Elle récupère ses affaires et salue Danika d’un signe de tête avant de rejoindre les vestiaires. Elle sera là demain, et les autres jours, parce qu’elle en a besoin. Ca lui fera un bien fou, ça l’aidera à aller mieux, au fur et à mesure, ça lui redonnera confiance en elle. Les entrainements deviendront sa thérapie. Quant à Danika, elle finira par devenir son amie, et elle lui accordera progressivement sa confiance. |
| | | | | | | | Si vis pacem para bellum (Danika) |
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