La musique raisonne avec force dans l’habitacle, alors que mes doigts pianotent sur le volant et que je chante faux les chansons les yeux rivés sur la route. Je suis parti me balader hors de Brisbane, revenant d’un weekend dans la villa d’une amie non loin de la ville. C’est peut-être aussi l’occasion pour moi de fuir les nouvelles qui me sont tombée dessus ces derniers mois. Entre la maladie de ma sœur et la lettre que j’ai reçu de ma prétendue mère, ce sont déjà trop de problèmes auxquels je n’ai pas envie de penser. Je pourrais fuir Brisbane une nouvelle fois mais l’idée de laisser ma sœur est hors de question et si j’ai un tournage qui devrait recommencer bientôt, j’ai bien l’intention de faire des allers retours entre Brisbane et le lieu du film, peu importe combien de temps ça me prendra, bien décidé à rester près de Tessa.
Il aura suffi d’un virage et d’un moment d’inattention pour que je ne comprenne pas ce qui m’arrive. Ma respiration se coupe alors que ma voiture et celle de la voiture arrivant dans l’autre sens se percutent sans que je ne comprenne ce qui c’est passé, sans avoir vu le kangourou qui a traversé la route et qui a fait dévié la conductrice de sa route. Je n’ai pas fait attention, trop concentré sur la musique, perdu dans mes pensées et je ne me suis pas décalé comme j’aurais pu le faire. Heureusement ni elle ni moi n’allions vite mais nos voitures finissent à moitié dans le fossé, la sienne encore sur la route, la mienne à moitié hors de la route. Les airbags se sont déclenchés et je me retrouve plus sonné qu’autre chose dans l’habitacle, grimaçant face à la douleur sourde de mon crane. Je sors du véhicule, courbaturé par l’impact, et je grimace en voyant l’état de ma Ferrari. La carrosserie est dans un état pitoyable. G-E-N-I-A-L.
Il vaut mieux elle, que moi, mais tout de même. Mon regard se porte vers l’autre voiture, la conductrice n’a pas l’air mal en point, plus de peur que de mal. « Femme au volant, mort au tournant. » je ne peux m’empêcher de marmonner entre mes dents alors que je remonte le fossé jusque la route contournant sa voiture pour aller à sa rencontre. C’est à ce moment-là que je remarque le siège bébé à l’arrière de la voiture et qu’immédiatement l’inquiétude prend le dessus. La voiture n’est pas trop abimée, moins que la mienne et le choc n’a pas été trop brutal, je me précipite cette fois vers la conductrice. « Ca va vous allez bien ? et votre bébé ? » C’est à ce moment-là que son visage me revient en mémoire, ramenant des souvenirs flous enrobés de vodka mais surtout des souvenirs bien plus vieux, de plateaux de tournage et de photos. « On se connaît non ? » Je mets un moment pour la resituer, pour me rappellera surtout de la nuit que nous avons passée ensemble mais plus que tout pour me rappeler de notre dernière rencontre il y a six mois. Rencontre où je ne l’ai reconnu qu’au petit matin en l’ayant l’esprit clair et vidé de tout alcool. « Zoya ? Zoya Lewis ? Mais oui c’est toi ! » je lance, en l’ayant reconnu, cette fois tout du moins. Mieux vaut tard que jamais comme on dit.
Septembre 2021. Zoya n’est pas à l’aise au volant. Disons qu’elle ne conduit qu’en cas d’extrême nécessité, autrement, elle troque volontiers la voiture, qu’elle ne possède plus d’ailleurs, aux transports en commun, nombreux à Brisbane, ou son vélo. Mais le chemin aurait été long avec ce dernier pour se rendre chez cette amie de la famille Lewis, pour passer un weekend qui se voulait reposant. La jeune mère en avait bien besoin, ces derniers mois ayant été très mouvementés du fait de son nouveau rôle auquel elle n’est définitivement pas préparée. Un rôle dans lequel elle n’excelle pas, elle en est consciente, et chaque jour semble plus difficile que le précédent. Bien des fois, Zoya se sent démunie face aux pleurs de sa fille, l’angoisse prenant possession de son être, au point où elle ne souhaite qu’une chose : disparaitre. Fuir devant cette responsabilité, revenir en arrière, parfois même elle s’imagine laisser l’enfant à son père, qui n’est toujours pas au courant qu’il l’est. Des tas de scénarios, Zoya ne passant pas à l’acte pour autant. Après une discussion profonde avec sa mère, la jeune femme accepte de se rendre quelques jours chez Caitlin, celle qu’elle a toujours considéré comme une tante, tant elle est complice avec sa propre mère. Être loin de Brisbane, tout en étant entourée, dans un endroit reculé, l’aidera peut-être à trouver un peu de paix intérieure. Auprès de Caitlin, elle espère trouver aussi une aide nouvelle, celle que tous ses proches ne parviennent malgré tout pas à lui apporter. Ils sont présents pour elle, mais cela ne semble pas suffire à la jeune femme qui perd de plus en plus pied…
Zoya est sur le retour, ce weekend semble l’avoir apaisée quelque peu. Chloe a été étonnamment calme durant ces deux jours, sûrement parce que sa mère était tout simplement apaisée. Pourtant, sur le chemin du retour, l’enfant se met soudainement à pleurer alors que Zoya tente, tant bien que mal, de garder les yeux sur la route « Chut… chuuuut, Chloe, on arrive bientôt ». Elle essaye de parler posément, sans hausser le ton, sans montrer de l’énervement mais cela ne semble pas fonctionner. Elle laisse échapper un soupir avant de se retourner pour tendre la sucette qu’elle remet dans la bouche de la petite. A ce moment même, un kangourou déboule sur la route, sorti de nulle part, obligeant Zoya, au dernier moment, à faire un écart. Sauf qu’une voiture arrive en face, celle-ci a semble-t-il le bon réflexe, en l’évitant de justesse, finissant sa course cependant dans le fossé. Une fois la voiture stoppée, Zoya, tremblante, sort du véhicule, quelque peu sonné par l’accident. La voiture n’est pas trop abimée, seulement un pneu éclaté.
Elle porte sa main derrière son cou, la violence du choc l’ayant sonné, surtout la brutalité du freinage pour éviter la voiture d’en face. D’ailleurs, le conducteur se précipite quelque peu vers elle, alors qu’elle ouvre la portière pour attraper Chloe qui pleure de plus belle à l’arrière. « Ca va vous allez bien ? Et votre bébé ? » Zoya est concentrée sur la petite qu’elle attrape doucement, s’assurant qu’elle n’a rien, les tremblements étant cependant toujours présent « Je… je crois qu’elle va bien ». Elle n’en sait rien, comme toujours, incapable de savoir réellement si sa fille souffre ou non. Elle l’extrait de l’habitacle avant de refermer la portière et de se retourner face à son interlocuteur « On se connait non ? ». Zoya fronce alors les sourcils, avant de prendre conscience de l’identité de son interlocuteur « Zoya ? Zoya Lewis ? Mais oui c’est toi ! ». Elle est surement encore sous le choc pour avoir une réaction plus virulente, qui pourrait être totalement justifiée alors qu’il ne l’a pas reconnu la dernière fois qu’ils se sont rencontrés. Il a même été odieux avec elle, et ça, elle n’est pas prête de l’oublier « Oui c’est ça » répond-t-elle un peu sèchement alors qu’elle tente de calmer la petite « Chut… ça va tu n’as rien Chloe » fait-t-elle alors à l’attention de sa fille avant de regarder les deux véhicules tour à tour « On devrait appeler une dépanneuse » lance-t-elle froidement à Freddy, alors qu’il reste planté là sans rien faire. Elle continue à dodeliner sa fille, marchant avec elle, avant d’ajouter « Au moins, cette fois, tu te souviens de mon nom », ne peut-t-elle s’empêcher de dire finalement à l’attention du jeune homme, son air toujours aussi froid. Elle est désormais coincée avec lui, elle s’en serait passée volontiers. De tous les automobilistes empruntant cette route, il a fallu que ce soit lui, plutôt qu’un autre. Non seulement, elle ressent de l’amertume à son égard du fait de leur dernière rencontre, mais surtout, une sorte de stress commence à naitre en elle quand l’homme en face d’elle n’est autre que le père de sa fille… et qu’il est hors de question qu’elle le lui dise.
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Dernière édition par Zoya Lewis le Sam 2 Oct 2021 - 23:14, édité 1 fois
« Je… je crois qu’elle va bien ». Mes épaules se détendent imperceptiblement, au moins l’accident n’aura pas eu de conséquences graves. J’observe la jeune femme sortir la petite de l’habitacle et c’est là, que cette fois, à la différence d’il y a neuf mois, je reconnais son visage. Zoya Lewis.
« Oui c’est ça. » La jeune femme est sèche mais au moins elle n’est pas en train de me jeter un verre à la figure. Ce qui est un progrès considérant notre dernière rencontre. « Chut… ça va tu n’as rien Chloe » Elle est un peu plus reconnaissable maintenant qu’elle ne ressemble plus à un mammifère marin, et je regarde la petite fille dans ses bras qui semble bien décidée à se faire entendre à l’autre bout de la ville. « On devrait appeler une dépanneuse » Je passe une main derrière ma nuque en observant l’état de ma bagnole. « Ouais. » J’attrape mon téléphone, contactant le service de dépannage avant de raccrocher quelques instants plus tard. « Ils vont faire au plus vite, ils m’ont dit de dégager de la route et de s’éloigner un peu. » Ca n’a pourtant pas l’air de dérider la brune qui s’adresse toujours à moi d’un ton glacial, bien différent de nos premières rencontres. « Au moins, cette fois, tu te souviens de mon nom » Touché. Je passe une main sur ma nuque, un peu mal à l’aise malgré tout, car Zoya m’avait vu à un moment où j’étais décidé à me noyer dans mon verre d’alcool.
« Ecoute honnêtement ce soir-là j’étais complètement bourré. Je me suis rappelé de toi le matin. » Je grimace, me rappelant douloureusement au petit matin que la femme que j’avais quasiment insulté la veille avec indifférence n’était autre que Zoya Lewis, la photographe avec qui j’avais déjà travaillé par le passé. Mais surtout la photographe avec qui j’avais eu une aventure d’un soir. Le problème est que ce n’était pas le genre d’informations que je retenais, pas quand je me glissais dans le lit d’inconnus bien trop de fois par semaines, incapable de rester seul, mais incapable d’être réellement accompagné. « Bon en vrai c’est juste parce qu’on m’a raconté la scène que je m’en souviens. C’était pas vraiment moi. » J’ajoute comme pour désamorcer la situation. Pas vraiment moi et totalement moi. Pas vraiment moi ou juste moi coquille vide enrobée de vodka, au plus bas. Plus vraiment moi parce que je n’ai pas bu comme ça depuis des mois, pas au point d’oublier des jours entiers. Je lui souris avec tout le charme dont je suis capable, tout aussi doué pour foirer que pour prétendre que je regrette mes actions. Je l’ai bien charmé une fois, elle sera bien charmée une deuxième fois, non ? Faut croire que je ne me souviens vraiment pas des détails de cette rencontre dans le bar ou juste que je suis profondément optimiste.
« J’vois que t’es plus enceinte. Félicitations ?» Je lance en lançant un regard vers la petite qui continue d’hurler. « C’est normal qu’elle hurle comme ça là ? Elle est blessée ? » Je grimace toujours, pas vraiment à l’aise avec les enfants encore moins ceux en train d’hurler, mais la petite n’a pas l’air mal en point ou d’avoir subi un quelconque choc. Mon regard se pose cette fois sur le visage de Zoya et je ne peux m’empêcher une pointe d’humour, mon regard malicieux. « Du coup après le verre envoyé en pleine figure tu cherches à m’écraser maintenant ? » Bien sûr parce que tout le monde sait que le monde entier tourne autour de moi.
Septembre 2021. « Ouais ». Zoya ne lui accorde que peu de regards, incapable d’affronter celui-ci, peut-être par crainte qu’il comprenne ce quelque chose qu’elle ne lui dit pas. Et qu’elle ne compte pas lui dire, pas ici, pas maintenant, et elle est convaincue qu’elle ne le fera d’ailleurs jamais. Parce qu’elle n’oublie pas son comportement lorsqu’elle l’a rencontré dans ce bar neuf mois plus tôt, elle n’oublie pas à quel point il a été hautain et dédaigneux avec elle, incapable de la reconnaitre alors qu’elle était déterminée à lui dire que le truc qu’elle avait dans le ventre n’était autre que son enfant. Mais pourquoi faire subir ça à Chloe, quand le père était, aux yeux de Zoya, qu’un moins que rien ? Elle ne voulait pas l’avoir dans sa vie, encore moins dans celui de sa fille, vu l’immaturité dont il avait fait preuve ce soir-là. Elle le laisse passer ce coup de fil, celui qui va lui permettre de déguerpir d’ici alors qu’elle regarde avec désolation la voiture de son frère dont les pneus sont en piètre état désormais « Ils vont faire au plus vite, ils m’ont dit de dégager de la route et de s’éloigner un peu ». Elle acquiesce doucement, et, tout en gardant bien Chloe contre elle, elles et Freddy se dirigent vers le bas-côté pour se mettre en sécurité.
« Ecoute honnêtement, ce soir-là j’étais complétement bourré. Je me suis rappelé de toi le matin ». Elle arque un sourcil alors qu’elle dodeline à nouveau Chloe pour tenter de la calmer « Merci pour la précision, je m’en suis bien rendue compte ». Elle ne relèvera pas sur le détail qu’il s’est rappelé d’elle seulement le lendemain matin, car ce détail, en réalité, elle s’en fout. Ça ne changera rien au fait qu’il a été exécrable, ça ne changera rien au fait qu’elle regrette amèrement d’avoir même pu avoir été charmé par cet homme quand il a révélé sa véritable personnalité ce soir de janvier. « Bon en vrai c’est juste parce qu’on m’a raconté la scène que je m’en souviens. C’était pas vraiment moi ». Et il en rajoute en plus, il est à peine croyable, n’arrangeant pas réellement son cas, s’il pense que c’est ce qu’il est en train de faire « Je suppose que je devrais les en remercier ? ». Elle reporte son attention sur sa fille alors que celle-ci ne cesse de s’agiter encore et encore au grand désespoir de sa mère. Elle serre un peu plus la petite contre elle, la rassurant comme elle le peut. Mais évidemment, le stress de Zoya se répercute, comme toujours, sur Chloe qui ne peut que le ressentir, tout comme la tension palpable entre les deux parents. « Pas vraiment ? C’est ta façon de t’excuser ? Pour moi, j’en ai vu suffisamment ce soir-là. Et je ne cherche pas à entendre tes excuses, Freddy. Tu peux te les garder » et te les foutre là où je pense, elle ne rajoutera pas mais le pensera bien fort, préférant rester polie tant qu’elle doit attendre cette dépanneuse de malheur en sa présence.
« J’vois que t’es plus enceinte. Félicitations ? » Visiblement, il n’est pas déterminé à juste fermer sa bouche le temps que l’aide arrive, tentant de lui faire la conversation à son grand désespoir. Elle s’en passerait bien, surtout quand elle entend conneries sur conneries passer la barrière de ses lèvres « Comme tu peux le voir » fait-t-elle alors qu’elle montre Chloe, qu’elle gardait précieusement contre elle jusqu’à présent. Elle a envie de lui crier qu’elle n’en veut pas de ses félicitations parce qu’il n’y a rien à féliciter, encore moins lui qui en est le père, qui est la raison de ce bébé qu’elle tient dans ses bras et qui ne cesse de brailler et ne manque pas de jouer davantage sur ses nerfs et sur sa patience. « C’est normal qu’elle hurle comme ça là ? Elle est blessée ? » J’en sais rien c’est ta gosse après tout, tu pourrais tout autant le savoir. Zoya ne compte plus le nombre de fois où elle se mord la langue pour ne pas gaffer et manquer de lui faire comprendre que cet enfant est le sien. Zoya laisse échapper un soupir et ferme les yeux quelques instants, comme pour se ressaisir et surtout s’apaiser un tant soit peu. Son état de colère ne l’aide pas, n’aide pas non plus Chloe « Elle n’a rien… elle a dû juste avoir peur… Elle était fatiguée dans la voiture, elle peinait à trouver son sommeil, et forcément, là ça devient compliqué… ». Elle qui ne cesse de se dénigrer, pensant être tout simplement incapable de deviner ce que les pleurs de sa fille veulent dire, elle montre à cet instant qu’elle en est capable. Elle la couche alors dans ses bras, venant s’assoir au pied d’un arbre pour adopter une position bien plus agréable pour elle mais surtout pour tenir mieux Chloe et peut-être l’aider à s’apaiser. « Du coup après le verre envoyé en pleine figure tu cherches à m’écraser maintenant ? ». Elle lève les yeux au ciel, reportant ensuite son regard sur Freddy, toujours debout « A choisir entre toi et le kangourou, oui, c’est possible » dit-t-elle sur un ton détaché avant de reporter son attention sur Chloe. Zoya se serait passée de cette rencontre, elle aurait préféré que ce soit quelqu’un d’autre qui se trouve en face d’elle, elle aurait préféré que ce kangourou ne se trouve pas sur sa trajectoire, elle aurait préféré regagner la maison de ses parents sans encombre. D’autant plus qu’elle allait très certainement avoir son frère sur le dos quand il verrait l’état de sa bagnole. « Et le verre était mérité » ajoute-t-elle sur un ton sérieux. Chloe gigote, encore et une odeur nauséabonde se dégage alors de la couche de la petite. « Shit… » sans mauvais jeu de mot, c’est bien le cas de le dire. Elle se relève alors, prête à aller chercher le sac de change resté dans la voiture. Mais, elle ne souhaite pas prendre Chloe avec elle, l’amener sur la route alors qu’une voiture peut faire irruption à tout moment étant bien trop dangereux. Et là, un dilemme s’offre à elle…
Spoiler:
Win : « La petite a besoin d’être changée… Mais le sac de change est dans la voiture… Tu pourrais aller le récupérer s’il te plait ? » demande-t-elle alors à Freddy afin qu’elle puisse changer sa fille qui en a cruellement besoin.
So close : Zoya ne réfléchit pas vraiment, donne alors Chloe à Freddy et part chercher le sac de change dans la voiture. Elle revient avec celui-ci, installe une serviette au sol et, se rendant enfin compte qu’elle a laissé Chloe à son père, lui reprend peut-être un peu trop subitement des bras.
Fail : Zoya ne réfléchit pas, donne Chloe à Freddy et part pour chercher le sac de change dans la voiture. Mais elle a oublié le sac chez l’amie de la famille. Ça risque de sentir mauvais pendant un petit moment. « Je n’ai pas trouvé le sac… Je l’ai oublié ». Trop préoccupée par ce sac oublié, elle ne reprend même pas Chloe des bras de Freddy.
(c) ANAPHORE
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
« Merci pour la précision, je m’en suis rendue compte. »
Il y a des jours où ce ne sont pas les bons mots qui sortent de la bouche, comme si tout s’emmêlait. Je ne peux pas revenir en arrière, ni effacer cette soirée. Pour moi cela relève d’un épisode anecdotique, pour elle cela semble être une offense impardonnable.
« Pas vraiment ? C’est ta façon de t’excuser ? Pour moi, j’en ai vu suffisamment ce soir-là. Et je ne cherche pas à entendre tes excuses, Freddy. Tu peux te les garder » je grimace face à son ton, la tension ayant grimpé d’un cran. Apparemment les mois qui ont passé n’ont pas aidé à me faire pardonner. Elle m’en veut encore et très honnêtement j’ai dû mal à comprendre pourquoi, quand le crime ne me parait pas si grave, quand j’étais clairement ivre à l’époque et que les mois auraient dû effacer mon comportement douteux. « Ecoute je traversais une mauvaise passe, ce n’était pas contre toi. » J’hausse les épaules, de moins en moins décidé à m’excuser vu qu’elle est sérieusement désagréable. Je n’ai pas à me justifier et pourtant je le fais quand même, conscient que ces deux mois ont été une chute libre et que je n’ai sans doute pas fini de devoir me trouver des excuses.
Je me permets une pointe d’humour face à sa gamine hurlant dans ses bras et son ventre tout sauf arrondi aujourd’hui. Sauf que Zoya Lewis n’est plus aussi bon public qu’en Italie. « Comme tu peux le voir. » Pas de doute elle m’en veut sacrément. « T’as toujours aussi peu d’humour ? » je ne peux m’empêcher de lancer, commençant moi-même à être agacé par les pleurs de la gamine au point où je me demande si elle va bien. Ca ne peut pas être normal.
« Elle n’a rien… elle a dû juste avoir peur… Elle était fatiguée dans la voiture, elle peinait à trouver son sommeil, et forcément, là ça devient compliqué… » Je regarde la gamine en grimaçant, je n’avais jamais été très souvent confronté avec les enfants, mais la petite n’avait clairement pas l’air d’apprécier ni la situation ni l’étreinte de sa mère. Je l’observe s’asseoir au pied d’un arbre, l’enfant commençant un peu à se calmer.
« A choisir entre toi et le kangourou, oui, c’est possible » Un rictus étire mes lèvres, son petit élan de colère n’a pas l’air passé, mais le choc passé je commence à retrouver mes habitudes. Je commence à regretter d’avoir couché avec cette fille, clairement elle doit m’en vouloir de ne pas lui avoir donné de nouvelle. « Et le verre était mérité » Elle n’a pas tort sur ce point mais je ne peux m’empêcher de me trouver des excuses. « Come on j’ai pas pu être aussi horrible que ça ! » Il faut croire que ma mémoire ne m’aide pas. Je suis en train de prier que la dépanneuse arrive vite, au vue de la tension qui se dégage de cette interaction quand soudainement Zoya se relève, me filant la gamine que j’attrape comme je peux. « Hé où est ce que tu vas ! » je crie en tenant la gamine qui s’est remise à pleurer. Je comprends vite le problème au vu de l’odeur nauséabonde qui se dégage de la couche de la petite et grimace en l’éloignant un peu de moi. « Je n’ai pas trouvé le sac… Je l’ai oublié ». Comme si la situation ne pouvait pas être pire. Zoya ne reprend même pas sa fille et je me retrouve avec la boule puante toujours avec moi. « Super. Et il y a pas moyen de faire quelque chose ? Je sais pas prendre un autre truc ? » Mes connaissances en bébé sont très limitées. Toujours est-t-il que je suis prêt à tout pour que l’enfant arrête d’hurler dans mes oreilles aussi je la change de position, l’allongeant dans le creux de mes bras pour pouvoir la bercer. Ca semble marcher et la petite finit par arrêter de pleurer, je ne peux m’empêcher d’adresser un sourire victorieux à Zoya. « C’est un peu plus mignon quand ça hurle pas ! » J’observe le visage de l’enfant, remarque ses yeux si clairs, un sourire étirant mes lèvres qui s’efface bien vite quand j’ai le malheur de respirer un peu trop fort, l’odeur inévitablement présente. « Rohlala l’enfer. Tu vois c’est exactement pour ça que je veux pas avoir de gosses. » je grimace avant de m’approcher de Zoya pour lui rappeler l’existence de sa fille et qu’elle me la reprenne des mains et vite. « Tu peux pas appeler son père ou quoi ? » Pour faire quoi Freddy ? Pour qu’il ramène une couche juste pour l’occasion en un claquement de doigt ?
Septembre 2021. Bien sûr qu’il ne peut pas comprendre pourquoi elle est autant remontée contre lui du fait de leur dernière rencontre. Comment pourrait-t-il comprendre quand il aurait pu pourtant, s’il s’était trouvé dans un autre état ? S’il l’avait tout simplement reconnu et avait été plus attentif à son état à elle ? A la place, il avait été dénigrant et voilà qu’il tentait de se justifier comme il le pouvait « Ecoute je traversais une mauvaise passe, ce n’était pas contre toi ». Encore heureux mais cette excuse lui semble bien trop facile, bien trop bateau et pour elle, la pilule reste difficile à avaler – sans mauvais jeu de mot.
« T’as toujours aussi peu d’humour ? ». Elle le fusille du regard, se retenant de le traiter de tous les noms d’oiseau et de lui adresser un majeur qui serait entièrement mérité. Elle ne surenchérit pas, préfère l’ignorer et se concentrer sur sa fille qui pleure dans ses bras, parvenant à comprendre, pour une fois, pourquoi la petite hurle autant. Ce qu’elle ne dit pas, en revanche, c’est que Chloe doit aussi ressentir l’appréhension de sa mère quand elle se retrouve face à celui qui n’est autre que le père de sa fille.
« Come on j’ai pas pu être aussi horrible que ça ! ». Comme elle se retient Zoya présentement. Elle se mord la langue pour ne pas lui dire toute la vérité, ne pas lui dire à quel point il a été odieux alors qu’elle allait lui annoncer que le truc, comme il a su le qualifier, qu’elle avait dans le ventre n’était autre que son enfant. Qu’elle avait changé d’avis, prête à lui avouer sa paternité parce que cela l’aurait rassuré de savoir qu’ils allaient être deux pour la petite alors qu’à un mois de sa naissance, la panique avait pris le dessus. Zoya s’était ravisée, et a raison, en voyant que Freddy était incapable d’entendre une telle nouvelle, incapable surtout d’assumer. « Dois-je te rappeler que tu as appelé mon bébé de truc ? Et que ce même truc cassait ton ambiance ? Je peux te rafraichir la mémoire davantage si tu le souhaites ». Le ton est mauvais alors que Chloe s’apaise dans ses bras. Mais soudainement, une odeur nauséabonde remonte jusqu’à ses narines et elle comprend alors que sa fille a besoin d’être changé. Sans réfléchir, elle se relève et donne l’enfant à Freddy avant de se diriger vers sa voiture « Hé où est-ce que tu vas ! ». Elle ne lui répond pas et revient quelques instants plus tard, bredouille. Elle a oublié le sac de change et ne peut donc pas changer sa fille. « Super. Et il y a pas moyen de faire quelque chose ? Je sais pas prendre un autre truc ? » « Comme quoi, une feuille des arbres ? ». Elle soupire, exaspérée par la proposition stupide du Mulligan, levant les yeux au ciel alors qu’elle ne prend même pas la peine de reprendre sa fille des bras de celui qui n’est autre que son père. Mais qui l’ignore. Elle lui tourne le dos d’ailleurs, guettant la route, dans l’espoir que cette fichue dépanneuse finisse par débarquer. « C’est un peu plus mignon quand ça hurle pas ! ». Zoya se retourne alors soudainement, n’entendant plus sa fille geindre et surtout observe, les yeux écarquillés, presque horrifiés, Freddy en train de bercer sa fille, ou plutôt leur fille. Le pire c’est qu’il s’en sort à merveille et elle voit ce sourire qui se dessine sur les lèvres de Freddy qui commence à lui faire accélérer son palpitant, se rendant compte soudainement de la situation. « Rohlala l’enfer. Tu vois c’est exactement pour ça que je veux pas avoir de gosses ». Il s’approche d’elle et le regard qu’elle lui jette parle pour elle. Elle le déteste. Elle le déteste parce qu’il a l’audace de dire une chose pareille, ignorant tout, une ignorance qu’il n’a pas choisie. Mais qui semble finalement bien lui convenir. « Donne-moi la ! ». Elle lui reprend peut-être un peu trop vite, au point que la petite s’agite à nouveau et pleure dans les bras de sa mère, ce qui l’agace. « Tu peux pas appeler son père ou quoi ? ». C’est la goutte de trop, la colère reprenant le dessus alors que Chloe se met à hurler encore plus fort « Il n’y a pas de père ! ». Elle crie tout autant et tourne les talons, préférant s’éloigner de Freddy avant que le mot de trop ne sorte. Elle s’énerve, elle rumine, et ça n’arrange en rien l’état de Chloe. Elle commence à perdre patience, panique beaucoup trop, un mélange d’émotions qui n’aide en rien et retourne vers Freddy alors en dodelinant la petite « Qu’est-ce qu’il ferait de plus hein ? Des miracles peut-être ? On n’a pas besoin de lui ou de qui que ce soit ». Le mensonge, elle qui n’arrive pas à gérer sa fille, la laissant bien souvent à ses parents ou à son meilleur ami. Non c’est juste la frustration qui parle, celle où elle se rend compte qu’il y a une personne en particulier sur qui elle ne peut pas compter : lui, Freddy Mulligan, parce qu’il est aussi incapable qu’elle. « Et heureusement que tu ne veux pas de gosses, tu serais un père pitoyable », crache-t-elle alors que Chloe ne cesse de pleurer de plus belle dans ses bras.
« Dois-je te rappeler que tu as appelé mon bébé de truc ? Et que ce même truc cassait ton ambiance ? Je peux te rafraichir la mémoire davantage si tu le souhaites » Je n’ai pas spécialement envie de réentendre les détails et je me contente d’hausser les épaules, le regard fuyant. Je savais pertinemment que je pouvais être odieux sous l’effet de l’alcool surtout quand je n’allais pas bien et elle m’avait vu au fond du trou.
Quelques instants plus tard je me retrouve avec la petite fille dans mes bras pendant que sa mère va chercher la couche et elle finit par arrêter de pleurer ce qui me permet d’observer le visage de la petite, ses yeux similaires au mien. Mon regard se fait plus doux mais je grimace vite en reniflant l’odeur qui se dégage de la petite.
« Donne-moi la ! ». Elle semble enfin se rappeler que c’est sa fille qu’elle m’a laissé dans ses bras et je lui rends la gamine sans hésitation. Les gestes un peu trop rapides la font pleurer de nouveau et je ne peux m’empêcher de grimacer. Génial, une boule puante et hurlante.
« Il n’y a pas de père ! ». La violence de la phrase me fait froncer les sourcils, conscient d’avoir touché un sujet sensible. Encore un mec qui a abandonné son gosse ça. « Qu’est-ce qu’il ferait de plus hein ? Des miracles peut-être ? On n’a pas besoin de lui ou de qui que ce soit ». Je lève les bras vers le ciel comme dans un signe de paix, après tout qu’est-ce que j’en sais. « Ok. » Mais la brune n’a pas l’air calmée et elle a encore quelques insultes à m’envoyer à la figure.
« Et heureusement que tu ne veux pas de gosses, tu serais un père pitoyable » C’est la phrase de trop, celle qui assombrit mon regard immédiatement. J’ai tenté de faire la paix, elle a rejeté toutes mes excuses. Cette fille ne me connait ni d’Eve ni d’Adam et elle se permet de me juger alors qu’on a travaillé ensemble le temps d’un tournage et passer une soirée ensemble qui a impliqué peu de mots et bien plus de gestes. Bien sûr qu’elle a raison, je ferais un père pitoyable. Je n’en ai pas le moindre doute, la certitude est ancrée depuis longtemps. Peut-être parce que je suis persuadé que je ne serais jamais à la hauteur du père qui m’a adopté, celui qui a été parfait et que sans doute je finirais comme celui qui m’a laissé à délaisser mes enfants moi aussi.
Je ne sais pas quel genre de mère elle est et pourtant durant ces dix minutes je n’ai pas eu l’impression de voir une mère extraordinaire. Il est facile alors de prendre les armes, de la regarder froidement alors que la petite hurle toujours à la mort dans ses bras. « T’as sans doute pas tort. C’est pour ça que j’en aurais pas. Toi par contre t’as l’air de faire une mère tout aussi pitoyable et pourtant t’as été assez égoïste pour avoir un gosse. » je crache avec venin. « C’est clair que t’as l’air de savoir te débrouiller toute seule, oublier les couches, avoir un accident de voiture avec ta gamine à l’arrière, la laisser dans les bras d’inconnus, être incapable de la faire s’arrêter de pleurer tout en continuant d’hurler. Pas de doute t’es une mère exemplaire Zoya. » J’ai prononcé chaque mot avec un sourire cruel, mon ton extrêmement calme.
Je m’éloigne un instant, sortant un paquet de cigarette de ma poche pour fumer ma clope loin de l’hystérique à mes côtés et de son bambin en train d’hurler.
Septembre 2021. « Ok ». La colère a pris place chez Zoya dès l’instant où il a osé évoquer l’existence d’un quelconque père qui pourrait voler à leur secours. Même si elle crache qu’il n’y a pas de père, bien sûr qu’il y en a un, la conception de cet enfant qu’elle tient dans ses bras ne s’étant pas faite toute seule. Mais c’est surtout qu’à cet instant, elle essaye de se convaincre qu’elle n’a pas besoin de la présence de celui-ci dans sa vie et celle de sa fille. Parce que le père en question n’est autre que lui et qu’au vu de leur dernière rencontre en janvier dernier, il est certain qu’elle ne voit pas comment elle pourrait se reposer sur lui quand il a été juste odieux et immature face à elle. D’ailleurs, elle se permet de dire tout haut ce qu’elle pense quant à ce potentiel rôle qu’il pourrait avoir, du moins qu’il a ou devrait avoir mais qu’il n’a pas parce qu’elle ne compte évidemment pas lui dire. Le qualifier de père pitoyable semble faire réagir immédiatement l’acteur dont le regard s’assombrit alors que Zoya continue à dodeliner sa fille dans ses bras pour tenter de la stopper dans sa crise de larmes.
« T’as sans doute pas tort. C’est pour ça que j’en aurais pas. Toi par contre t’as l’air de faire une mère tout aussi pitoyable et pourtant t’as été assez égoïste pour avoir un gosse ». « Fuck you !». Cette fois, c’est le regard de Zoya qui devient noir « C’est clair que t’as l’air de savoir te débrouiller toute seule, oublier les couches, avoir un accident de voiture avec ta gamine à l’arrière, la laisser dans les bras d’inconnus, être incapable de la faire s’arrêter de pleurer tout en continuant d’hurler. Pas de doute t’es une mère exemplaire Zoya ». « FERME-LA ! » C’est la seule chose qu’elle parvient à prononcer en premier lieu tant la violence des paroles de Freddy la touche quand il a l’audace de la juger sans même savoir comment elle se débrouille avec la petite. Il n’est pas présent pour le voir, il n’a pas le droit de la catégoriser seulement après deux minutes passées avec elle. Il a ce sourire narquois au bout des lèvres qui exacerbe la colère de la photographe alors que Chloe hurle désormais dans ses bras, et qu’elle s’approche pourtant de Freddy, brandissant un index à son encontre « Je t’interdis de me juger tu entends ?! Tu n’en sais rien du tout si je suis une bonne mère ou pas, tu n’es pas là pour le voir ! ». Le sous-entendu est une perche tendue qu’il ne pourra saisir, tant il est dans l’ignorance de la réalité des choses. « T’es qu’un bouffon, je ne sais pas comment j’ai pu me laisser séduire par un mec comme toi ! Va te faire foutre ! ». Heureusement pour lui, Chloe est présente dans ses bras et l’empêche de réagir plus fortement. Si ses bras n’étaient pas accaparés par la petite, Zoya aurait très certainement repoussé violemment le Mulligan avant de lui en coller une. L’attention de Zoya est vite accablée à nouveau par sa fille qui pleure, sentant l’énervement de sa mère qui n’aide en rien à ce qu’elle se calme. Ça, plus le choc de l’accident, la fatigue et la gêne de sa couche sale, il n’y a rien pour l’aider. Freddy choisit ce moment pour s’éloigner d’elle alors qu’elle tente en vain de calmer sa fille. Elle fulmine encore, canalise son énervement quand il a eu le toupet de la juger de la sorte. Et pourtant, au fond d’elle, Zoya doit reconnaitre qu’il a raison sur toute la ligne. Elle est incapable de gérer, la preuve actuellement quand la petite lui hurle dans les bras. Mais, si elle-même le sait déjà, elle n’a pas besoin de l’entendre de la bouche des autres, encore moins de lui contre qui elle éprouve une haine profonde. Profonde parce qu’elle était prête, en janvier dernier, à lui révéler sa paternité et qu’elle lui en veut de ne pas avoir été attentif à elle, de s’être comporté comme un abruti quand, malgré tout, elle aimerait qu’il soit présent dans la vie de leur fille. « Shht… s’il te plait, calme-toi Chloe ». Elle est à bout, se sent démunie, encore, tentant de contrôler ses émotions au mieux alors qu’elle vient à déposer un baiser, inutile, sur le haut de la tête de sa fille.
« Fuck you. » « Quoi t’as déjà envie de recommencer ? » je lance avec un sourire provocateur, prêt à tout pour l’énerver un peu plus avant de me lancer dans un discours que je sais dévastateur, quand je me permets d’appuyer où cela fait mal.
Après tout, j’ai tenté de me rattraper, il est temps d’essayer l’option inverse, lui renvoyer la pareille. « FERME-LA ! » Je me contente de sourire, elle m’a cherché elle m’a trouvé. La petite pleure de plus belle à présent. Je vois bien que mes mots la touchent, plus elle s’énerve plus je comprends en réalité que je ne dois pas être si loin de la vérité. « Je t’interdis de me juger tu entends ?! Tu n’en sais rien du tout si je suis une bonne mère ou pas, tu n’es pas là pour le voir ! ». Non je ne suis pas là et heureusement. Je n’ose même pas imaginer ce que ça serait d’avoir eu la brillante idée de courtiser cette fille, pire je m’imagine pendant une demie seconde à la place du père de cette gamine et j’ai déjà envie de me barrer en courant à peine l’idée m’a traversé l’esprit. Personne de saint d’esprit n’aurait envie de supporter Zoya Lewis pour le restant de sa vie.
« T’es qu’un bouffon, je ne sais pas comment j’ai pu me laisser séduire par un mec comme toi ! Va te faire foutre ! ». On est deux à se questionner sur nos choix, car clairement j’ai dû mal à me rappeler pourquoi j’ai eu la brillante idée de coucher avec cette fille. Bien sûr elle est belle, avec ses longs cheveux couleur ébène et ses yeux clairs. Elle a un sacré caractère et si en temps normal cela a tendance à me faire sourire, là ça me donne surtout envie de me donner des claques.
« Shht… s’il te plait, calme-toi Chloe ».
La gamine hurle toujours dans les bras de Zoya et je soupire en fumant ma clope au loin. Celle-ci est terminée avant même que la fillette ait fini de s’époumoner et il est clair que la photographe ne sait plus quoi faire pour la calmer. Moi je n’y connais absolument rien et pour être honnête je n’ai absolument aucune envie de l’aider, pas après les insultes que je me suis pris à la figure.
Mais cela commence à devenir une question de survie quand chaque cri strident de la petite m’arrache un peu plus les oreilles. Ma cigarette éteinte, je m’approche à nouveau de la mère et de sa fille, ignorant le regard noir de Zoya pour me concentrer sur la petite. « Hey hey oh regarde qui voilà. » J’enchaîne les grimaces toutes plus idiotes les unes que les autres finissant par sortir mes clés pour les agiter devant elle comme un hochet et c’est finalement ça qui finir par attirer l’attention de la petite pour qu’elle arrête de s’époumoner, alors qu’elle se met à jouer avec le porte clef, m’arrachant un soupir de soulagement. « T’as raison j’en sais rien. » Je ne sais pas si elle est une bonne mère et à vrai dire que je sais pertinemment que je n’ai pas le droit de la juger. Elle n’aura pas d’excuses de ma part j’ai bien trop d’égo pour cela. Mais c’est tout ce que j’arrive à lui offrir. « T’as l’air du faire du mieux que tu peux. » Mais parfois, parfois le mieux n’est pas suffisant. J’hausse les épaules, regardant la route dans l’espoir que la dépanneuse arrive et nous sorte de cette situation où la jeune femme va finir par l’étriper.
Septembre 2021. « Quoi t’as déjà envie de recommencer ? ». Elle préférerait sûrement faire vœu d’abstinence pour le restant de ces jours plutôt que de retomber dans les bras de ce bon à rien. Parce qu’il a l’audace de la juger sur son rôle de mère, mais il ne vaut pas mieux qu’elle, lui qui ignore qu’il est en réalité le père de Chloe. Il ne vaut pas mieux parce que, malgré l’ignorance non voulu de son côté, c’est par son comportement que Zoya s’est abstenu à le lui dire. Comment faire confiance à un mec qui passe ses soirées entourées de personnes aussi délurées que lui, à boire à ne plus tenir debout, au point de se montrer indigeste avec les autres, comme il l’a fait ce soir de janvier. Elle lui en veut évidemment, elle lui en veut de ne pas être cet homme sur qui elle pourrait, malgré tout, se reposer, elle aimerait qu’il soit là pour la soutenir quand les soirées ou les nuits sont difficiles avec Chloe qui ne parvient pas à trouver le sommeil. Elle préférerait sûrement qu’ils soient deux en galère plutôt que de l’être toute seule, elle préférerait sûrement partagée l’image de mauvaise mère qu’elle dégage actuellement plutôt que de la tenir seule… Il est odieux, il est chanceux qu’elle ait leur fille dans les bras, non seulement parce qu’elle s’en serait prise physiquement à lui, tellement elle est à bout de nerfs, mais aussi et surtout, parce que, dans l’énervement, elle aurait pu finir par lui avouer sa paternité. Et actuellement, malgré les besoins qu’elle peut ressentir à être deux à partager cette responsabilité, elle préfère s’abstenir.
Le temps devient long, elle tente en vain de calmer Chloe, mais entre sa couche sale, le manque de sommeil et sûrement la faim qui commence à pointer le bout de son nez, elle est incapable de l’apaiser. Elle est épuisée, au point qu’elle serait à deux doigts de craquer, seulement s’il n’était pas présent à quelques pas de là, l’ignorant totalement. La dépanneuse n’est toujours pas là et pas un seul véhicule n’est passé sur cette route depuis qu’ils ont eu cet accident. Et si elle pourrait appeler à l’aide son frère ainé, un ami ou ses parents, elle s’abstient, bien trop honteuse d’avoir eu cet accident avec sa fille dans la voiture. « Hey hey oh regarde qui voilà ». Elle l’entend s’approcher puis s’adresser à Chloe. Son regard est toujours fermé à son égard et pourtant, elle le laisse faire. Elle se sent démunie et si les grimaces débiles de Freddy peuvent avoir un peu d’effet sur la petite, alors ainsi soit-il. C’est finalement son trousseau de clé qui leur permettra d’obtenir, soudainement, un silence qui fait du bien mais qui se veut lourd. « T’as raison j’en sais rien ». Zoya a son regard rivé sur sa fille qui joue avec le porte-clé, relevant le regard pour croiser celui de Mulligan « T’as l’air de faire du mieux que tu peux ». Elle est surprise par ce revirement de situation, même s’il ne s’excuse pas, c’est un peu tout comme, indirectement. Zoya laisse échapper un soupir « J’essaye… » avoue-t-elle alors que les mots prononcés plus tôt par Freddy ont eu bien plus de répercussions qu’elle ne le voudrait, étant consciente qu’elle n’aura jamais le titre de mère de l’année « Je ne suis peut-être pas la meilleure dans ce rôle, mais tout ce qui m’importe, c’est son bien ». Comme si elle avait besoin de se justifier auprès de lui, comme si elle espérait que tout son entourage l’entende prononcer de tels mots quand elle a l’impression que beaucoup s’inquiète quant à sa capacité à être une bonne mère. Ou peut-être, le dit-t-elle pour s’en convaincre, elle... Elle s’est apaisée, repose son regard sur sa fille qui sourit en regardant Freddy. L’instant la frappe alors, la touche même alors qu’un bruit de klaxon se fait entendre « Enfin ! » dit-t-elle en retrouvant ses esprits.
Le dépanneur s’occupe de charger les deux voitures, le trajet jusqu’au garage le plus proche étant plutôt silencieux, et, lorsqu’ils arrivent sur place, Zoya va alors à la rencontre de Freddy, après avoir appelé Trent sur le trajet qui est passé la chercher « Aller, Chloe, il faut rendre les clés maintenant ». Elle détache doucement celles-ci des mains de sa fille pour les redonner à Freddy, et malgré tout, Zoya lâche un « Merci… », un mince sourire aux lèvres, un remerciement pour être parvenu à apaiser sa fille, leur fille, avant de tourner les talons définitivement.