La pression était à son maximum et ce, depuis de nombreuses minutes déjà, Les actions s’étaient enchaînées sans que vous n’ayez vraiment le temps de penser à ce qui devait être fait, vous deviez agir le plus rapidement possible, le reste se placerait éventuellement. Les flammes mordaient dans l’immeuble avec puissance, le feu ayant commencé au deuxième étage bien qu’il avait pris de l’ampleur en hauteur à une vitesse hallucinante. L’équipe de pompiers dans laquelle tu t’étais récemment greffée avait été la première sur la scène. Si tu avais l’habitude d’agir majoritairement comme ambulancier, aujourd’hui, tu te joins à au groupe pour combattre les flammes, mais surtout pour t’assurer que tous les résidents du bloc appartement sont sortis sains et saufs. Comme toujours dans les premières minutes, vous recevez plusieurs informations contradictoires, des gens qui cherchent leurs proches alors que ces derniers ont déjà sorti sans qu’ils ne l’aient réalisé, mais rapidement, il devient évident qu’une petite fille de cinq ans serait encore prisonnière de la scène, possiblement près de l’endroit ou le feu a commencé. Avec ton partenaire du jour, un homme du nom de Gawn que tu ne connais que très peu, vous revenez sur vos pas pour vous rendre là ou le capitaine vous indique une estimation de l’endroit ou la petite fille pourrait se trouver. Les flammes gagnent en distance et en altitude et en distance, la visibilité est de plus en plus difficile et les débris sont nombreux autour de vous. « Gawn, Higgins, avez-vous un visuel? » « Négatif. » que tu réponds dans ta radio alors que tu déplaces des morceaux de débris du chemin, avançant pratiquement à l’aveugle, Gawn derrière toi. La situation se fait de plus en plus urgente quand vous ignorez encore où se trouve la gamine, depuis combien de temps est-ce qu’elle inhale cet air enfumé et si même elle est encore consciente, ou vivante. Tu refuses de t’imaginer le pire toutefois, quand tu aperçois finalement du mouvement, derrière un mur partiellement effondré. La petite fille est coincée derrière, et impossible pour Gawn, ni même pour toi de vous faire un chemin, le seul point d’entrée bien trop étroit pour quelqu’un de vos tailles respectives. « J’ai un visuel, mais on a aucun moyen de se rendre à elle, le chemin est obstrué. On a besoin de la plus petite personne sur place pour se rendre à elle. » Si Laura Cotchin, ta partenaire habituelle, était là, elle aurait été en mesure de se rendre, la jeune femme de petit gabarit souvent en mesure de se faufiler dans les endroits les plus restreints. Mais évidemment, elle est absente aujourd’hui et tu n’es pas certain d’avoir vu une femme dans les équipes présentes aujourd’hui. Il ne reste plus qu’à espérer que le chef trouve quelqu’un avec un moindrement de training a envoyé sur la scène, et le plus rapidement sera le mieux.

@Adriana Suárez

La police est arrivée sur les lieux à peine une minute avant les pompiers. Adriana et son coéquipier, Josh Sawyer, ont immédiatement commencé à sécuriser la zone. Le rôle de la police n’est pas d’intervenir dans cet immeuble en feu, mais d’éloigner les curieux afin de protéger la population et de permettre aux pompiers de travailler sans avoir des badauds dans les pattes. Les passants ont donc été repoussés et un cordon de sécurité a été installé afin de dissuader les plus audacieux.

« Je vais prévenir le chef qu’on a terminé et qu’on reste en surveillance de la zone. »

Alors que la brunette rejoint son capitaine, en pleine conversation avec le chef des pompiers, elle entend la radio de ce dernier grésiller.

« J’ai un visuel, mais on a aucun moyen de se rendre à elle, le chemin est obstrué. On a besoin de la plus petite personne sur place pour se rendre à elle. »

La jeune femme ne connait rien à la situation au sein de l’immeuble, mais elle comprend tout de même que des pompiers ont besoin de l’aide d’une petite personne. Elle s’éclaircit la gorge pour attirer l’attention de son chef.

« Mon capitaine ? La zone a été sécurisée, et un cordon de sécurité a été installé. Si je peux me permettre, j’aimerais pouvoir aider les pompiers, maintenant. Sawyer peut très bien poursuivre seul la surveillance. »

Son chef la dévisage, moyennement surpris par son audace : si Adriana sait écouter quand il le faut, elle a aussi tendance à faire preuve de beaucoup d’esprit d’initiative, d’intuition, et parfois, elle ne sait pas rester à sa place.

« Tu n’es pas pompier, Suárez, retourne à ton poste. »

Mais la brunette est pleine d’aplomb, et sans doute d’un peu trop de rébellion pour rester sagement dans les rangs.

« Avec tous mes respects, mon capitaine, les pompiers cherchent une petite personne. Je pense être le modèle le plus réduit ici. Et pour une fois que ma petite taille pourrait être un avantage … Laissez-moi aller aider. »

Son regard se porte maintenant sur le chef des pompiers, qui observe cet échange sans intervenir pour l’instant.

« Ce n’est pas comme si vous demandiez à un passant d’intervenir. Mon job, c’est de protéger et sauver des gens, comme vous. »

Le chef des pompiers semble avoir pris sa décision depuis déjà bien longtemps, mais il attend le signe de tête du capitaine de police pour prendre les choses en mains. Déjà, sa voix s’élève au milieu du chaos ambiant.

« Mills ! Trouvez un blouson et un masque à l’agent Suárez, et conduisez-la à Gawn et Higgins. Suárez, ne le lâchez pas d’une semelle. »

En une vingtaine de secondes, Adriana est affublée d’une veste de pompier beaucoup trop grande pour elle et le dénommé Mills ajuste un masque sur son visage. Puis il se met à courir vers l’immeuble en feu, la brunette sur ses talons. Les premières secondes dans le bâtiment désarçonnent un instant la jeune femme : la chaleur est intense et la fumée bloque la visibilité. Adriana se met rapidement à tousser, avant de se rendre compte que c’est seulement un mauvais tour joué par son esprit, puisqu’elle peut correctement respirer avec le masque.
La brunette reprend heureusement rapidement ses esprits : elle est là pour accomplir une mission, et le temps leur est compté. Les situations d’urgence ne l’ont d’ailleurs jamais fait paniquer, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Ils rejoignent finalement deux pompiers devant un mur qui s’est partiellement effondré. Quelques mètres plus loin, de l’autre côté des débris, une petite fille d’environ cinq ans, au sol, qui tousse fortement. L’attention de la policière se reporte sur les pompiers.

« Je m’appelle Adriana Suárez, dites-moi ce que je dois faire. »

Son ton est déterminé, mais la peur n’est pas loin. Son instinct a envie qu’elle coure jusqu’à la gamine puis trouve le chemin pour quitter cette fournaise le plus rapidement possible. Mais elle n’est pas pompier et n’a pas été formée à une telle situation. Il y a certainement des règles à respecter, pour la survie de tous, et elle ne désire pas se précipiter et commettre d’impairs, même si elle sait que le temps ne joue pas en leur faveur.

Tout va trop vite et trop lentement à la fois, les secondes qui filent vous brimant un peu plus du peu d’air restant alors que vous êtes immobiles, incapable de vous rendre à la petite fille qui semble encore consciente à l’heure actuelle, mais pour combien de temps encore? Tu ne cesses d’analyser le passage du mur qui vous sépare d’elle, tente de trouver une manière dont tu pourrais te tortiller ne serait-ce que pour te rendre à la gamine, mais rien n’est possible, tu le sais trop bien. Alors tu avises qu’il vous faut une personne plus petite, la plus petite qui soit pour vous venir en renfort. Les différents bruits de statiques qui émanent de ta radio te confirme qu’il y a bien de l’activité qui se passe à l’extérieur, mais tu n’entends pas très bien ce qui est dit, ni par qui. Gawn tente lui aussi de trouver une approche quelconque, mais la structure restante du mur étant si fragile, vous savez que si vous tentez de bouger quoique ce soit, vous ne feriez qu’augmenter les risques que tout s’effondre, risquant de vous blesser ou de blesser la gamine au passage, chose que vous devez absolument éviter. Les minutes entre ton appel à l’aide et le moment où une jeune femme à la silhouette que tu ne reconnais pas apparaît dans ton champ de vision semblent éternelles. Elle se plante à tes côtés, déterminée, bien qu’elle ne semble pas savoir exactement quoi faire. « Je m’appelle Adriana Suarez, dites-moi ce que je dois faire. » « Ils nous envoient une rookie? » que Gawn s’exclame avant que tu n’aies le temps de dire quoique ce soit, et tout de suite, tu lèves les bras pour l’empêcher de faire d’autres remarques qui n’aideront en rien la situation d’urgence sous vos yeux. Tu n’as pas le temps de gérer les commentaires de Gawn, tout comme tu n’as pas le temps de t’épancher dans des présentations qui n’en finissent plus. « Il faut que tu te hisses dans le trou juste là. » que tu dis en pointant l’étroite entrée qui vous sépare de la petite fille qui tousse de plus en plus, ses pleurs camouflés par le bruit des flammes qui gagnent en importance avec chaque seconde qui passe. « Gawn va t’aider à te faufiler, je vais sécuriser le mur le temps que tu passes. Tu prends la petite et tu la tends à Gawn, je vais être de l’autre côté prêt à te récupérer s’il se passe quoique ce soit. » Tu te tournes vers elle. « Est-ce que tu as compris? » que tu t’assures auprès d’elle, bien incapable de l’envoyer dans une situation dangereuse et instable si elle n’a pas pleinement compris ce qu’elle doit faire, ni si elle n’est pas complètement confiante dans ses capacités à le faire parfaitement. « Tout va bien se passer. » que tu la rassures alors qu’une nouvelle explosion de flammes se fait entendre à quelques mètres de vous, réduisant à nouveau votre temps alloué pour cette tâche avant qu’il ne vous soit complètement impossible de sortir de cet appartement de l’enfer.

@Adriana Suárez

Lorsqu’elle entend que les pompiers ont besoin d’aide, la brunette ne peut résister à l’appel. Si elle a choisi d’être officier de police, c’est pour pouvoir aider son prochain. Peu importe qu’elle ne combatte pas les flammes, mais lutte contre les infractions : l’idéal est le même. Et lorsqu’elle comprend qu’on a besoin d’une personne de petite taille, elle se dit que cet appel est fait pour elle : pour une fois dans sa vie, ses 1,57 mètres vont être un atout !
En quelques secondes, elle est affublée d’une veste de pompier par-dessus son uniforme, on a ajusté un masque sur son visage et on lui a mis un casque sur la tête. Alors qu’elle court vers le bâtiment en feu sur les talons du pompier Mills, elle pense à Mel, son meilleur ami, son chéri, et à la tête qu’il ferait en la voyant se mettre ainsi délibérément en danger. Elle chasse rapidement le visage de son copain de son esprit et se concentre pour ne pas perdre le pompier, qui avance avec beaucoup plus d’aisance qu’elle entre les décombres et les flammes. Rapidement, ils arrivent près de deux autres pompiers et la jeune femme se présente, demandant ce qu’elle doit faire.

« Ils nous envoient une rookie ? »

La réponse de la brunette ne se fait pas attendre. Elle, qui n’a jamais été connue pour sa politesse, adresse un signe au pompier avec son majeur et réplique.

« Apparemment, vu que t’es incapable de réussir à faire ton propre job tout seul. »

L’autre pompier lève les bras pour calmer la situation et l’empêcher d’en rajouter une couche, et elle se mordille la lèvre, gênée d’avoir répondu à la provocation. Ils sont dans un immeuble en flammes, et elle entend qu’on tousse non loin d’eux. Nul doute qu’ils n’ont pas le temps pour des échanges stériles.
Le pompier qui a tempéré la situation, et qui ne s’est toujours pas présenté, intervient pour expliquer ce qu’on attend d’elle, alors qu’elle l’écoute attentivement.

« Est-ce que tu as compris ? »

Elle ferme les yeux pendant un instant, pas très rassurée. Elle ne va pas se dégonfler, non, mais quand elle est sur le terrain, elle a besoin d’avoir une confiance aveugle en son coéquipier. Elle doit pouvoir être prête à mettre sa vie entre ses mains. Mais elle ne connait pas les trois pompiers qui l’entourent, et n’a aucune confiance en celui qui l’a accueilli avec une remarque déplacée il y a de ça deux minutes. Elle finit par soupirer et hocher la tête.

« Oui. Passer le mur, récupérer l’enfant, vous la donner, et sortir. »

Elle se sent observée, jaugée, alors que le pompier qui lui a communiqué les instructions tente de la rassurer.

« Tout va bien se passer. »

Au même moment, une explosion de flammes se fait entendre à quelques mètres d’eux, et la brunette sursaute, plongeant son regard dans celui du pompier qui a pris les choses en main.

« Tu es sûr ? »

Pourtant, elle n’attend pas sa réponse avant de passer à travers le mur et de se retrouver de l’autre côté. Avec l’équipement de pompier, le passage s’est avéré compliqué, plus étroit qu’elle ne le pensait, mais la voilà maintenant près de la gamine. Elle se penche au-dessus d’elle et remarque immédiatement que sa jambe est coincée sous des gravats. Elle essaie de suite de les soulever et se rend compte que si sa taille était un avantage, elle manque de force physique. Son ton est pourtant rassurant lorsqu’elle s’adresse à la petite fille.

« Salut, moi c’est Adriana, et toi ? »
« Lucy. »
« Ok Lucy, on va te sortir de là. Je reviens. »

Elle court vers les pompiers et parle à voix basse à travers le trou dans le mur.

« Sa jambe est coincée sous des gravats, j’arrive pas à la dégager … Il me faudrait quelque chose pour les soulever. Et elle tousse énormément, est-ce qu’on peut l’aider à mieux respirer le temps qu’elle sorte ? »

Elle a besoin d’aide, clairement. Elle ne sait pas si, en attendant de la sortir du bâtiment, on peut déjà donner de l’oxygène à la gamine. Elle est d’ailleurs à deux doigts d’ôter son masque pour le lui prêter, si elle n’avait pas la certitude que ça signerait leur fin à toutes les deux.
Elle jette un regard en arrière vers la gamine.

« Il me faut un cric, une planche, … quelque chose pour faire levier, et je devrais y arriver. »

Déjà, elle retourne près de la gamine et explore les environs à la recherche de ce qui lui permettra de soulever les gravats. La fumée réduit cependant nettement sa visibilité et les flammes qui s’approchent font s’accélérer son rythme cardiaque.

« Apparemment, vu que t’es incapable de faire ton propre job tout seul. » Gawn se fait remettre à sa place aussi rapidement qu’il a insulté celle qui vous vient en aide, et si la situation n’était pas urgente et dangereuse pour tous les gens impliqués, tu aurais sans doute lâcher un rire ou un commentaire à la jeune femme qui n’a clairement pas la langue dans sa poche, ce qui te prouve qu’elle est peut-être une rookie comme ton coéquipier la si clairement attesté, mais qu’elle n’hésite pas à se mettre dans des situations compliquées et qu’elle sait se débrouiller. Tu oublies de te présenter, ton premier réflexe étant toujours de calmer le jeu et de tenter du mieux possible d’expliquer à Adriana ce qu’elle doit faire dans un langage clair et concis. Tu n’as pas le temps de te perdre dans des explications qui n’en finissent plus, le temps est compté pour la gamine, mais pour vous aussi alors que la structure entière de l’appartement semble se faire de plus en plus précaire, les crépitements du feu rongeant absolument tout sur leur passage.  « Oui. Passer le mur, récupérer l’enfant, vous la donner, et sortir. » Tu hoches la tête avec confiance alors que celle de la jeune femme semble se dissiper peu à peu. Tu fais ton possible pour la rassurer, lui faire comprendre qu’elle n’est pas toute seule bien que chacune de ses actions joue un rôle crucial dans la survie d’une jeune enfant, tout comme il est de ta responsabilité qu’Adriana s’en sorte complètement indemne. « Tu es sûr? » « Promis. » Tu ne devrais pas promettre, mais tu sens qu’elle a vraiment besoin de l’entendre alors qu’elle fait déjà de son mieux pour se faufiler au travers du trou qui vous sépare de la gamine qui tousse trop fort à ton goût. Les deux filles se font moins visibles au travers de la fumée, alors que tu t’efforces de maintenir la structure du mur en place et que Gawn attend un quelconque signal de Adriana, qui revient rapidement, mais toute seule à ton plus grand étonnement. « Sa jambe est coincée sous des gravats, j’arrive pas à la dégager… Il me faudrait quelque chose pour les soulever. Et elle tousse énormément, est-ce qu’on peut l’aider à mieux respirer le temps qu’elle sorte? » « Tu ne dois pas enlever ton masque, sous aucune condition. » que tu lui dis d’une voix ferme, bien que tu sais à quel point il est difficile d’entendre des jeunes enfants s’étouffer sous la fumée sans pouvoir offrir un quelconque support. « Il me faut un cric, une planche, … quelque chose pour faire levier, et je devrais y arriver. » Tu regardes partout autour de toi, sans pouvoir bouger vu l’instabilité de la structure que tu tiens encore à bout de bras. « Gawn, juste là, cette planche devrait être assez coriace pour faire levier. » Tu pointes à l’aide d’un de tes pieds dans la direction et ton partenaire ne tarde pas à voir le bout de bois auquel tu fais référence. La planche n’a pas été trop abîmé par les flammes et il s’empresse de la tendre à Adriana. Au dernier moment, tu fais quelque chose que tu ne devrais pas. Tu enlèves ton masque et le temps à la jeune femme. « Donne ça à la petite et dépêche-toi. » « Higgs, fais pas ça! » Tu secoues la tête et enfonce le masque dans les mains de la pompière d’un jour, te concentrant pleinement sur la structure dont tu reprends le contrôle, ne pouvant toutefois pas t’empêcher de tousser bruyamment maintenant que ton air est compromis.

@Adriana Suárez

L’adrénaline se mélange à la peur, alors que la jeune femme se retrouve dans l’immeuble en feu. Si le masque lui permet de respirer correctement, la fumée rend la visibilité très compliquée. Autour d’elle, des explosions de flamme, et une chaleur incroyable, qu’elle ressent malgré la veste qu’on lui a prêté. Finalement, la peur prend peut-être le pas sur le courage, et une nouvelle fois en moins d’une minute, le pompier qui lui a expliqué sa mission tente de la rassurer.

« Promis. »

Alors elle hoche une nouvelle fois la tête et se faufile dans le trou, tentant de se reposer le moins possible sur l’aide de l’autre pompier, celui qui a lui a réservé un accueil peu sympathique. Elle rejoint rapidement la petite fille mais la jambe de celle-ci est coincée sous des gravats qu’Adriana ne peut déplacer. Elle scanne la pièce des yeux d’un coup d’œil mais préfère revenir vers les pompiers, qui pourront sans doute l’aider davantage, et leur fait un point sur la situation. Son ton est déterminé, mais on sent qu’elle a conscience que les minutes passent trop vite pour la gamine et pour eux, coincés pour l’instant dans cette fournaise.

« Tu ne dois pas enlever ton masque, sous aucune condition. »

La voix du pompier sympathique est ferme, son ton est sans appel, et la brunette ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel.

« Bien, chef. »

Ces mots ne sont pas prononcés pour énerver le jeune homme, mais bien pour lui faire comprendre qu’elle obéira. Elle n’est pas pompière, et n’a aucune expérience de ce genre de sauvetage. Nul doute qu’elle va écouter chaque ordre et l’exécuter avec précision, pour la sécurité de tous.

« Gawn, juste là, cette planche devrait être assez coriace pour faire levier. »

Adriana, qui était repartie près de la gamine pour la rassurer, revient vers le mur et réceptionne la planche des mains du fameux Gawn. Au moment où elle s’apprête à s’éloigner, le pompier sympathique ôte son masque et le lui fourre entre les mains.

« Donne ça à la petite et dépêche-toi. »
« Higgs, fais pas ça ! »

Adriana plonge son regard dans celui d’Higgs, la peur refaisant surface alors qu’il commence rapidement à tousser. Elle est de moins en moins rassurée, alors que celui qui surveille la stabilité du mur semble cracher ses poumons. Elle repart cependant en courant vers la fillette en criant.

« Mouais, faites ce que je dis, pas ce que je fais ! »

Elle n’a décidément pas sa langue dans sa poche alors qu’elle fait référence à l’ordre donné par Higgs quelques minutes plus tôt, à savoir ne retirer son masque sous aucun prétexte. Soudain, le temps lui semble défiler en vitesse accélérée.
Elle rejoint la gamine et lui enfile le masque, tentant de l’ajuster comme elle peut en tirant sur les lanières.

« Ok Lucy, je vais avoir besoin de toi. »

Adriana passe la planche sous les gravats.

« Je vais soulever la pierre qui est sur ta jambe, pour pouvoir la dégager. Il va falloir que tu m’aides. Dès que la pierre n’est plus sur toi, tu recules. Tu peux faire ça ? Lucy ? »

La gamine tousse toujours malgré le masque, sans doute parce qu’elle a respiré de la fumée beaucoup trop longtemps. Elle semble également prête à s’endormir.

« Lucy, ne me lâche pas ! A trois je soulève ! Un, deux, trois ! »

Adriana pousse de toutes ses forces sur la planche. C’est presque insuffisant, pourtant elle insiste et la pierre finit par se soulever juste assez pour que la gamine puisse reculer de quelques centimètres. La brunette lâche tout dans un bruit assourdissant, puis soulève la petite fille du sol, beaucoup plus légère que la pierre.

« On est là ! »

Se rapprochant du trou, elle tend la gamine à Gawn, alors qu’elle frissonne en entendant Higgs tousser de plus en plus fort. Elle observe le pompier s’éloigner vers la sortie avec la gamine et, sans réfléchir davantage, tend son masque à Higgs. Après tout, il a bien fait pareil quelques minutes plus tôt.

« Pas de discussion. Si tu es incapable de sortir par toi-même, je n’arriverai pas à te tirer jusqu’à l’extérieur. Par contre toi, tu pourras me porter, si je n’y arrive plus. »

La sanction est immédiate : respirer ici sans masque est impossible, et la brunette se met à tousser alors qu’elle tente de se faufiler par le trou dans le mur.

La situation semble se dégénéré rapidement et tu n’as pas le temps de réfléchir, pas le temps d’expliquer plus soigneusement à la pompière d’un jour ce qu’elle doit faire pour potentiellement sauver la vie d’une petite fille. La fumée fait ses ravages et Adriana s’en fait – avec raison – pour la gamine. Tu lui donnes l’ordre de ne surtout pas se défaire de son masque, parce que tu sais trop bien que les conséquences pourraient être catastrophiques et elle n’est aucunement habituée à se retrouver dans de tel environnement, bien qu’aucune pratique ne puisse vraiment aider dans ce genre de moment. « Bien chef. » Elle se moquerait presque, mais tu n’en fais pas de cas, les pensées filent à toute vitesse dans ta tête. Tout doit aller vite, encore bien plus vite, si tu veux pouvoir la sauver et éviter que le plafond ne vous tombe sur la tête, littéralement. Tu te rappelles d’y aller un problème à la fois. La jambe coincée. Une planche pour faire le levier. Puis sur un coup de tête qui va contre tout ce que tu as appris, contre toutes les règles de survie, tu enlèves ton masque et le force dans les mains de la brune, pour qu’elle l’offre à l’enfant ce qui provoque une réaction de la part de ton partenaire. Ça n’a pas d’importance, tout le monde ne peut pas risquer sa vie pour sortir cette petite de cet appartement en flammes pour que cette dernière meure asphyxiée par la fumée. « Mouais, faites ce que je dis, pas ce que je fais! » Tu ne fais que lui envoyer un regard noir, incapable de t’empêcher de tousser fortement alors que tu inspires un gros nuage noir de fumée. Adriana disparaît de nouveau pour se rapprocher de la petite, tu ne peux pas entendre à cause des crépitements, c’est à peine si tu es en mesure de garder un visuel sur le duo à travers l’amas de boucane. Tu comptes les secondes, tout brûle et ta respiration se fait de plus en plus difficile. « On est là! » Tu lâches un soupir de soulagement alors qu’Adriana tend la petite à Gawn. « On est juste derrière toi. » que tu parviens difficilement à dire à ton partenaire entre deux quintes de toux qui disparaît vers la seule sortie encore possible de l’immeuble fracassé par les flammes. Adriana enlève son masque et le tend dans ta direction et tu fais signe que non de la tête, tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas lui voler le peu d’air qu’il lui reste encore. « Pas de discussion. Si tu es incapable de sortir par toi-même, je n’arriverai pas à te tirer jusqu’à l’extérieur. Par contre toi, tu pourras me porter, si je n’y arrive plus. » « Adriana, remet ton masque et passe. » Tu n’as pas le temps de marchander avec elle, le mur est sur le point de tomber et chaque seconde compte. « Je vais lâcher le mur et j’ai besoin que tu passes maintenant. » Chaque mot prononcé brûle, la douleur se lit facilement sur ton visage, mais tu ne peux pas lâcher tant qu’elle ne te confirme pas qu’elle va remettre le masque, tant qu’elle ne te donne pas le go qu’elle va enfin se faufiler dans le trou. Tu la supplies du regard. Chaque seconde compte. Autant pour elle que pour toi.

@Adriana Suárez

Si Adriana pensait que la fumée et la chaleur étaient insupportables, ce n’est rien comparé aux quintes de toux de la gamine et de Higgs, qui s’est défait de son masque pour tenter de sauver la fillette. Si le temps leur était déjà compté, il semble maintenant défiler à une vitesse folle, comme si, à chaque fois que l’un d’eux toussait, on s’approchait encore plus dangereusement de la fin.
Avec la planche reçue de Gawn, Adriana réussit de justesse à soulever les gravats qui bloquaient la jambe de la gamine, en y mettant tout son poids. Elle se dépêche ensuite de porter Lucy et de la donner au pompier à travers le trou. Il faut sans aucun doute qu’elle sorte maintenant et qu’elle puisse bénéficier de soins le plus rapidement possible.
Pendant ce temps, Higgs, qui maintient toujours le mur, semble respirer de plus en plus difficilement. Adriana lui offre son masque, consciente de l’ordre qu’il lui avait intimé plus tôt, tout comme elle est consciente de l’urgence de la situation : il ne cesse de tousser, alors qu’il est celui qui peut les sortir d’ici sans encombre. S’il lui arrive malheur, Adriana n’aura sans doute pas la force de le tirer jusqu’à l’extérieur, et ils seront pris au piège tous les deux. Pourtant, buté, il refuse.

« Adriana, remet ton masque et passe. Je vais lâcher le mur et j’ai besoin que tu passes maintenant. »

Elle l’affronte du regard pendant deux secondes. Elle aimerait argumenter, négocier, prendre le temps de lui expliquer qu’elle n’est pas en train de se sacrifier pour lui, mais bien en train d’agir pour les sauver tous les deux. Mais chaque seconde compte, et maintenant n’est pas le moment idéal pour débuter un débat. Alors en soupirant entre deux quintes de toux, elle lance un regard noir à Higgs et remet son masque avant de passer par le trou.

« Avec tout mon respect, t’es sacrément borné. »

Elle n’a pas non plus le temps de mettre un filtre sur ses pensées, et d’empêcher que celles-ci franchissent ses lèvres. Elle a déjà fait l’effort de ne pas rajouter un juron ou une insulte dans sa phrase, et c’est déjà pas mal.
Elle attend que le pompier lâche le mur pour attraper sa main. Elle s’accorde tout de même une seconde pour plonger son regard déterminé dans celui du jeune homme.

« Si tu changes d’avis, si tu n’y arrives plus, mon masque est à toi. Et cette fois-ci, ce ne sera pas négociale. »

Elle le tire par la main en direction de la sortie, impatiente de quitter l’enfer dans lequel elle s’est engouffrée quelques minutes plus tôt.

« Allez viens, il ne faut pas traîner. »

« Avec tout mon respect, t’es sacrément borné. » Oh qu’il y aurait plus à dire à ce sujet, mais maintenant n’est clairement pas le moment idéal pour s’engager dans une conversation qui viendrait vous voler le peu d’air que tu parviens encore à trouver au travers des flammes qui te brûlent les poumons et qui menace de faire de vous ses prochaines victimes d’une minute à l’autre si vous ne sortez pas de là. Tu es simplement rassuré lorsqu’elle prend tout de même la décision de remettre son masque sur son visage et qu’elle passe enfin au travers le trou qui vous aura donné tous bien du fil à retordre. Une fois que tu la sais assez éloigné, tu lâches enfin le mur qui, sans surprise, s’effondre à quelques mètres à peine de vous et les doigts de la jeune femme s’entremêlent aux tiens alors qu’elle te presse vers la sortie entre deux quintes de toux que tu ne pourrais retenir même si tu essayais. « Si tu changes d’avis, si tu n’y arrives plus, mon masque est à toi. Et cette fois-ci, ce ne sera pas négociable. » Tu n’as plus le temps ni l’air nécessaire pour l’obstiner, alors tu te contentes de secouer vivement la tête, refusant de lui voler le peu d’oxygène qui lui reste encore. « Allez viens, il ne faut pas traîner. » Et comme si le feu avait besoin d’appuyer les propos de la jeune femme, il y a une explosion de flammes qui se fait entendre à quelques mètres de vous, à l’endroit même où vous vous trouviez il y a à peine une minute de ça. Par réflexe, ton corps entoure celui d’Adriana pour la protéger autant que possible de possibles débris et puis c’est elle qui te pousse une nouvelle fois vers la sortie. L’extérieur s’avère être presque aussi douloureux que le bâtiment en flammes alors que tes poumons peinent à se réhabituer à tout cet air qui circule autour de toi. Tu continues de tousser comme un fou alors que tu sens les regards de tes collègues se poser sur toi, sans doute prêt à t’offrir une variété de commentaires sur ton insouciance d’avoir donné ton masque à une gamine, même si ça, tu ne pourras jamais le regretter. Tu t’éloignes quelque peu de la scène, bien incapable de gérer avec des remarques désobligeantes pour l’instant alors qu’un des ambulanciers t’apportent un masque que tu acceptes volontiers pour aider ton corps à reprendre le contrôle, tranquillement. Une fois que tu peux enfin mieux respirer, ton regard part directement à la recherche d’Adriana qui est en trains de se faire de l’équipement de pompier qui lui a permis de sortir de là sans aucune blessure. Tu t’approches d’elle et lève légèrement ton masque sur ton nez pour pouvoir lui parler. « Est-ce que ça va? Tu n’as pas été blessée avec l’explosion? » Tu n’as même pas réalisé encore que toi, tu as quelques égratignures qui saignent sur le visage puisque tu ne portais aucune protection au moment où les flammes ont redoublé d’ampleur. « T’as vraiment été géniale là-dedans. Malgré ton insubordination. » que tu ne peux t’empêcher de glisser avec un léger rire, ce qui provoque une énième quinte de toux de ta part.

@Adriana Suárez

Higgs est buté, borné, obstiné, et tous les autres synonymes de ces adjectifs. On pourrait tous les additionner que cela ne semblerait pas encore suffisant pour décrire l’obstination du pompier, et Adriana n’est pas en reste. S’ils étaient dehors, à la terrasse d’un café, à débattre d’autre chose, la brunette est persuadée qu’ils pourraient rester assis là-bas des heures, chacun campant sur ses positions. Pourtant, les quintes de toux du pompier ont raison de la brunette qui cède la première et remet son masque avant de passer par le trou que Higgs retient de plus en plus difficilement, au fil du temps. A peine a-t-il cessé de maintenir l’ouverture que le mur s’effondre dans un bruit fracassant et en soulevant encore plus de poussière, rendant la respiration et la visibilité encore plus compliquées.
La brunette attrape la main du pompier et le tire derrière elle, mais une explosion la fait sursauter, alors que Higgs fait barrage avec son corps pour la protéger du feu et des débris qui traversent la pièce. Son pouls s’accélère à nouveau, son cœur bat la chamade, alors que la peur se rapproche toujours un peu plus de la surface. Il est vraiment temps qu’ils sortent de cet enfer, alors elle tire à nouveau sur la main du pompier et, rapidement, les voilà enfin dehors. Des pompiers l’attrapent par les bras pour l’éloigner du bâtiment et l’emmener vers les ambulances présentes afin qu’elle se fasse examiner.

« Je vais bien, c’est bon. »

Rapidement, son chef est à côté d’elle, la dévisageant pour tenter de trouver une éventuelle blessure.

« Je vais bien, c’est promis. »

Elle ôte le matériel qu’on lui a prêté comme elle peut, faisant au passage l’inventaire des différentes parties de son corps. Car si elle affirme aller bien et ne pas être blessée, l’adrénaline retombe peu à peu et elle prend rapidement conscience qu’à défaut de blessures, elle cumulera au moins les ecchymoses le lendemain matin. Higgs apparaît devant elle, un masque à oxygène sur le visage qu’il repousse pour lui parler.

« Est-ce que ça va ? Tu n’as pas été blessée avec l’explosion ? »

Elle ne peut s’empêcher de sourire en secouant la tête, persuadée que pour le reste de la journée, elle va sans doute devoir répéter à tous, encore et toujours, qu’elle va bien.

« Tout va bien, merci. Je n’ai rien. »

Elle hésite un instant, se mordillant la lèvre.

« Grâce à toi, sans doute. Et en me protégeant, tu ne sembles pas avoir eu la même chance que moi … »

Elle grimace en observant les égratignures sur le visage de Higgs, et y porte sa main, le touchant du bout des doigts. Pendant un instant, son attention passe des blessures aux yeux du pompier, son regard se perdant dans celui du jeune homme qui lui fait face, avant qu’elle ne laisse retomber sa main.

« T’as vraiment été géniale là-dedans. Malgré ton insubordination. »

Elle rougit un instant mais ne peut s’empêcher de rire.

« N’en parle pas à mon chef, c’est déjà son plus grand cheval de bataille ! »

Elle fronce les sourcils alors que Higgs se remet à tousser, lui repositionnant le masque à oxygène sur le visage et le nez.

« Et puis, tu n’es pas en reste non plus, j’en suis certaine. « Tu ne dois pas enlever ton masque, sous aucune condition » puis dix secondes plus tard « ho tiens, voilà mon masque ». »

Elle l’imite grossièrement, riant de sa piteuse tentative et se moquant gentiment du pompier.

« Je suis certaine que tes supérieurs aussi, en ont des choses à dire. »

Le pire est derrière vous dès que vous vous retrouvez à l’extérieur, sains et saufs. Tu sais déjà que tu vas regretter pour plusieurs heures d’avoir donné ton masque à la petite fille, que tu vas continuer de tousser comme un fumeur pour le reste de la journée et qu’en plus des réprimandes que tu vas te prendre de la part de ton capitaine et de ton lieutenant, tu vas avoir droit à tout un tas de commentaires de la part de ta petite sœur qui va une fois de plus s’inquiéter, mais tu restes persuadé que tu as pris la bonne décision. Tu ne veux même pas penser à ce qui aurait pu se passer pour la gamine si tu n’avais pas pris cette décision, aussi stupide que cela puisse être selon les consignes et les règles à suivre. Parfois, les règles se doivent d’être contournées. Comme elles l’ont été lorsqu’ils ont pris la décision d’envoyer une jeune femme travaillant pour la police au beau milieu d’un bâtiment à deux doigts de céder sous les flammes. « Tout va bien, merci. Je n’ai rien. » Tu échappes un long soupir, soulagé de l’entendre. Tout était allé si vite après la dernière explosion, tu réalisais à quel point vous étiez chanceux de vous en sortir sans aucune blessure. Du moins, c’est ce que tu croyais jusqu’à ce que tu sentes les doigts de la brune venir flatter doucement ta joue, geste qui te fit froncer les sourcils. « Grâce à toi, sans doute. Et en me protégeant, tu ne sembles pas avoir eu la même chance que moi… » C’est à ce moment que tu remarques le sang sur les doigts de la jeune femme, sang qui coule de ta joue. Dans un geste maladroit, tu viens porter tes propres doigts sur ton visage ensuite, pour sentir l’importance de la coupure. Rien ne soit trop grave, peut-être un point de suture ou deux. Tu étais un habitué après tout, ton corps une collection de cicatrices et de brûlures en tout genre. « C’est rien. T’en fais pas pour ça. » que tu la rassures avec un sourire, agissant éternellement comme si tu étais au-dessus de quelconque danger.

« N’en parle pas à mon chef, c’est déjà son plus grand cheval de bataille! » Tu échappes un rire, pas du tout surpris de l’apprendre. Tu ne connaissais que très peu la petite héroïne du jour, mais une chose que tu savais déjà sans l’ombre d’un doute, c’est qu’elle n’avait pas la langue dans sa poche. « Et puis tu n’es pas en reste non plus, j’en suis certaine. « Tu ne dois pas enlever ton masque, sous aucune condition » puis dix secondes plus tard « ho tiens, voilà mon masque. » « C’est censé être ma voix ça? » que tu répliques en te moquant d’Adriana gentiment. « Je suis l’image parfaite de fais ce que je dis, pas ce que je fais. » que tu rajoutes avec un rire. C’était bien vrai, dans plusieurs aspects de ta vie autant professionnelle que personnelle bien que tu n’avais pas l’intention de rentrer dans de tels détails avec la jeune inconnue. « Et puis je pouvais pas demander à une civile sans formation de se mettre à risque de la sorte, tu crois pas? » Valait mieux que ce soit toi plutôt qu’elle, même si tu avais compris sa logique quand elle avait voulu te tendre son propre masque. « Tout est bien qui fini bien. » Malgré la coupure, malgré la toux. Tu en demeures persuadé. « Je suis certaine que tes supérieurs aussi, en ont des choses à dire. » « Tu penses que j’vais avoir droit à une promotion? » que tu continues, éternel blagueur, sachant trop bien qu’au contraire, tu devrais bien vite faire face à plusieurs réprimandes de tes supérieurs. Worth it. « Je réalise que je n’ai pas pris le temps de me présenter tout à l’heure. » Non pas que tu aies vraiment eu le temps, vu la situation et la panique. « Moi c’est Trent, Trent Higgins. » que tu annonces tout en lui tendant la main.

@Adriana Suárez

Dès qu’ils se retrouvent à l’extérieur et ont enfin échappé à l’enfer dans lequel ils cuisaient doucement, Trent et Adriana sont sollicités de tous côtés, par leurs chefs, leurs collègues, ou les ambulanciers. La policière n’a rien, aucune blessure physique à déplorer, et elle se prépare à devoir répéter en boucle, toute la journée, que « tout va bien ». Elle se demande un instant si elle va raconter à Melchior, son meilleur ami et chéri, sa journée. Il va s’inquiéter, sans aucun doute, mais elle lui raconte tout, en temps normal. La brunette laisse échapper un soupire en repensant à la règle n° 6 : « si tu ne peux pas parler à ton meilleur ami de ce que tu fais, tu ne devrais probablement pas le faire ». Ok, elle lui racontera tout, même si elle doit se faire sermonner toute la soirée.

Finalement, Higgs se retrouve à côté d’elle et Adriana touche du bout du doigt les entailles qu’il a sur le visage, son index se retrouvant rougi par le sang du pompier.

« C’est rien. T’en fais pas pour ça. »
« Mouais. »

Elle le regarde en faisant la moue, ayant l’impression, peut-être fausse, de commencer à cerner le personnage : il veut sauver tout le monde et n’hésitera pas à se mettre en danger pour cela. Pour autant, il faut qu’il comprenne qu’il n’est pas invincible.

« Je suis l’image parfaite de fais ce que je dis, pas ce que je fais. »

Et voilà, sa compréhension du pompier semble se préciser, alors que la brunette ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel.

« Et puis je pouvais pas demander à une civile sans formation de se mettre à risque de la sorte, tu crois pas ? »

Adriana pince les lèvres en secouant la tête.

« Et on aurait fait quoi si tu t’étais effondré à l’intérieur du bâtiment ? On y serait resté tous les deux parce que je n’aurais pas réussi à te traîner dehors, ou on aurait aussi emmené avec nous plusieurs de tes collègues venus nous chercher ? »

Son ton, virulent au début de sa phrase, s’est calmé à la fin, de sorte que seule la lassitude demeure. Elle lève les mains en signe d’apaisement, regrettant déjà que ses paroles soient sorties de sa bouche avant que son cerveau ne puisse les filtrer.

« Désolée. Ce n’est pas moi le pompier, après tout. »

Elle hausse les épaules, son regard fuyant celui de Trent alors qu’elle observe l’agitation autour d’eux.

« Tout est bien qui finit bien. »
« Mouais, pour cette fois. Mais t’es pas invincible … »

Le ton de la suite de la conversation est plus léger, et Adriana ne peut s’empêcher de sourire à la question du pompier.

« Tu penses que j’vais avoir droit à une promotion ? »

Elle rit, mais pense déjà au savon qu’on va leur passer.

« Si on s’en sort sans un blâme ou un avertissement, on aura de la chance, je pense. »

Elle hausse les épaules : tant pis, ça valait le coup, et elle n’hésiterait pas à recommencer si ça pouvait aider autrui.

« Je réalise que je n’ai pas pris le temps de me présenter tout à l’heure. Moi c’est Trent, Trent Higgins. »

Adriana serre fermement la main tendue, une habitude pour tenter de montrer qu’elle est plus forte qu’elle en a l’air, du haut de son 1m57.
Des policiers s’approchent d’eux en riant.

« Alors, Suárez, on fait ami-ami avec les pompiers ? T’as ptet envie de les rejoindre ? T’aurais sans doute plus ta place sur leur calendrier que dans notre division, remarque … »

Adriana pince les lèvres en secouant la tête, inspirant profondément pour ne pas rentrer dans le lard de son collègue. Elle n’a pas envie d’alimenter cette querelle stupide entre policiers et pompiers. Et elle n’a pas envie d’expliquer à Trent ses difficultés flagrantes d’intégration. Elle a passé les mêmes examens que ses collègues, a suivi la même formation, et pourtant, parce qu’elle est une femme, qu’elle est petite et qu’elle a été mannequin, ils ne la prennent pas au sérieux.

« Le chef t’attend, si tu daignes rentrer avec nous. »

La brunette desserre les dents pour répondre.

« J’arrive. »

Elle se tourne à nouveau vers le pompier et hausse les épaules en lui adressant un sourire triste.

« Fais attention à toi, Trent l’invincible », qu’elle lui lance en s’éloignant.

Adriana ne semble pas convaincue lorsque tu lui dis de ne pas s’en faire pour ta blessure. Tu n’as pas encore eu le temps de voir l’étendu des dégâts, mais tu restes persuadé que ce n’est rien de grave. Après tout, tu ne ressens même pas la moindre sensation de brûlure ou de douleur sur ton visage. Faut dire que tu as déjà eu bien pire, tu n’es pas toujours le plus prudent lorsqu’il s’agit de vouloir venir en aide à autrui. « Et on aurait fait quoi si tu t’étais effondré à l’intérieur du bâtiment? On y serait resté tous les deux parce que je n’aurais pas réussi à te traîner dehors, ou on aurait aussi emmené avec nous plusieurs de tes collègues venus nous chercher? » Elle s’emporte, s’imaginant le pire scénario possible et tu peines à garder ton scénario alors que son discours sonne comme un que tu reçois sans doute un peu trop souvent. « Tu parles comme mon lieutenant. » Tu lui offres un sourire, l’air de vouloir lui dire de ne pas s’en faire autant, que rien n’est arrivé au final et qu’il n’y a pas de quoi se raconter des peurs. Tu sais parfaitement que tu ne pourras pas toujours t’en sortir in extremis de la sorte, mais puisque tu n’avais pas eu de malchance jusqu’à maintenant, tu peinais un peu à ne pas flouer les règles un peu lorsqu’il était question de porter secours à plus vulnérable que soi. « Désolée. Ce n’est pas moi le pompier, après tout. » « Peut-être que tu devrais envisager une réorientation de carrière. On a toujours besoin de petits formats, malgré ce que les hommes machos comme Gawn peuvent en dire. » que tu souffles avec un sourire. Si l’équipe comportait toujours une majorité masculine, il n’en demeurait pas moins que d’avoir des femmes dans l’équipe était souvent plus qu’utile, surtout lorsqu’il était question de se faufiler dans des endroits difficiles d’accès.

Tu la rassures que tout est bien qui finit bien, mais une fois encore, elle ne semble pas complètement en accord avec ta vision de la situation. « Mouais, pour cette fois. Mais t’es pas invincible… » Ah, ces mots-là aussi, on te les avait souvent dits. Tu te contentes de hausser les épaules, l’air de rien. Tu sais que tu ne l’es pas, mais parfois, dans l’action du moment, tu prends des risques, tu joues avec le feu, un peu trop littéralement. « Si on s’en sort sans un blâme ou sans un avertissement, on aura de la chance, je pense. » Tu sais déjà que tu ne t’en sortiras pas sans un avertissement, mais tu es prêt à le prendre. Tu referais exactement la même chose si cela pouvait permettre à chaque fois de sauver la gamine. Tu te présentes, réalisant après tout ce temps que tu n’avais pas encore pris le temps de le faire. Sa poigne est ferme ce qui t’arrache un nouveau sourire. Elle n’est pas dû genre à se laisser impressionner Adriana et tu ne peux t’empêcher de te dire qu’elle serait sans aucun doute une bonne addition à l’équipe, si elle décidait de réellement considérer ton conseil d’ami. C’est un des collègues de la brune qui interrompt le moment, lui rappelant qu’elle est son rôle, sans se gêner toutefois de faire un commentaire sexisme qui te fait rouler des yeux. « Imbécile. » que tu ne peux t’empêcher de souffler alors que tu vois bien que le commentaire provoque une réaction chez Adriana. « J’arrive. » qu’elle finit par annoncer et elle se tourne une dernière fois vers toi. « Fais attention à toi, Trent l’invicible. » « Je compte sur toi pour venir me sauver la prochaine fois si je fais encore une bêtise. » que tu lui lances à la blague alors qu’elle disparaît aux côtés de ses collègues et toi, tu sens enfin le regard noir que te lance ton lieutenant. Le reste de la journée promet d’être désagréable, mais ça en voudra toujours la peine à tes yeux lorsqu’il s’agit de porter secours à quelqu’un.

@Adriana Suárez