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 Purgatory (Joseph, 2015)

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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyMar 14 Sep 2021, 22:09


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.

« Sawyer, ça serait pas un de tes potes ça ? » Neuf ans. Elle avait tenu neuf longues années en reléguant toute cette histoire dans les limbes de son cerveau. Neuf années à se persuader qu’elle ne vivait pas dans le déni mais qu’elle était simplement parvenue à passer à autre chose. Et il avait fallu qu’une de ses amies et collègues lui montre une simple photo pour qu’elle sente son estomac se retourner instantanément et les traits de son visage se crisper. Ladite amie était présente à cette fameuse soirée neuf ans auparavant, et elle avait eu des échos plus ou moins fiables de ce qui s’était passé, des explications quelque peu tordues sur le pourquoi du comment un homme torse nu s’était éclipsé de son appartement. Malheureusement pour Sawyer et son déni, cette même amie était aussi connue pour sa mémoire photographique qui lui permettait aujourd’hui de lui présenter avec exactitude le mug shot de Chris…ou…Joseph Keegan à en croire les informations délivrées par le document. S’emparant du dossier qui lui était tendu, la brune s’écarta sans un mot et retourna dans son bureau. Elle lâcha sans ménagement le dossier sur ce dernier avant de s’écraser mollement sur sa chaise. Elle considéra les documents d’un regard hésitant, comme s’ils pouvait la brûler si elle s’en approchait. Et c’était en partie vrai : si elle décidait de lire les informations qui y figuraient, il n’y aurait pas de retour en arrière pour elle. Plus de déni possible. Elle aurait enfin les réponses à ses questions mais aussi une marque indélébile de cet homme gravée dans son cerveau. Il lui fallut de longues minutes avant d’enfin oser attraper le premier document…puis le second…puis les suivants. L’incrédulité de Sawyer grandissait au fur et à mesure que les feuilles se succédaient. Ses yeux parcouraient les mots tapés à l’encre noire avec avidité, sans parvenir à s’arrêter malgré la douleur qui refaisait surface et qui était toute aussi virulente aujourd’hui qu’il y a neuf ans.

Sawyer ne comptait pas laisser passer neuf nouvelles années pour mettre un point final à toute cette histoire. Il ne lui avait fallu que deux jours pour se rendre dans la prison où il était détenu. Pourquoi s’était-elle apprêtée pour cet événement exactement ? Peut-être cherchait-elle inconsciemment à se présenter sous son meilleur jour pour lui laisser entrevoir ce à côté de quoi il était passé. C’était présomptueux, et la policière n’avait besoin de l’approbation de personne. En revanche elle avait besoin d’explications…et de déverser toute la rage que cette trahison lui avait envoyé en pleine figure. Assise au parloir en attendant que l’incriminé ne fasse son apparition, son pied gauche battait nerveusement une mesure invisible au sol alors que sa raison tentait encore de lui souffler que venir ici n’était probablement pas la meilleure des idées. Se doutant qu’elle songerait certainement à un moment ou à un autre à faire marche arrière, Sawyer avait ressorti le dossier de Joseph pour le placer sur la table devant elle et se rappeler pourquoi elle était là. Elle en avait encaissé des coups durs au fil des années, elle avait pardonné difficilement des mensonges, passé outre des actions malhonnêtes…mais jamais elle ne s’était sentie aussi blessée par une personne à qui elle avait choisi d’accorder, à tort, toute sa confiance. A quel moment avait-elle fait une erreur ? Comment avait-elle pu passer à côté d’autant de signes et se montrer si aveugle ? Elle lui en voulait à lui. Mais elle s’en voulait encore plus à elle-même, de sa naïveté, de sa crédulité mal placée.
Les sourcils froncés et les traits tirés, c’était à tout cela qu’elle songeait quand son visage se releva vers la vitre devant elle en apercevant une silhouette apparaître. Son expression parut s’adoucir le temps d’une seconde en découvrant Joseph face à elle. Il avait vieilli, tout comme elle évidemment, mais il n’avait pas changé et revoir son visage venait de la projeter violemment dans des souvenirs du passé. De bons souvenirs que son esprit avait lâchement conservé au fin fond de sa mémoire. Jusqu’à ce que leur toute dernière entrevue ne s’impose douloureusement à elle à son tour, crispant par la même occasion le moindre de ses muscles, rendant les traits de son visage sévères et fermés. Ne le quittant pas du regard, elle laissa passer quelques secondes le temps pour lui de s’installer et pour elle de retrouver ses esprits, avant de finalement décrocher le combiné. « Salut Chris. Il est porteur le marché des téléphones en ce moment dis-moi ? » Son ton était froid, tranchant, laissant transparaitre une animosité telle que Joseph pouvait bénir le ciel d’avoir placé une vitre entre eux lui permettant ainsi de ne subir qu’oralement toute la haine que Sawyer ressentait à cet instant précis.

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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyLun 04 Oct 2021, 19:06


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.  @Sawyer Harding :l:

Installé à l’écart comme à son habitude, Joseph observait du coin de l’œil une bande de détenus, tous vêtus de la même couleur grise et ennuyante que lui, qui semblaient troquer certains items illégaux. Rien de bien dangereux. Des clopes en grande majorité, mais aussi des photographies que Joseph devinait de caractère sexuel, des friandises aussi, comme des barres chocolatées ou des petits paquets de bonbons sûrs. Le garçon s’humectait les lèvres en sachant pertinemment qu’il ne pourrait que rêver de prendre ces objets en main. Il fermait les paupières pour se rappeler la saveur âcre de la fumée de tabac qui s’accroche à sa gorge et l’irrite. Il mimait, sans vraiment s’en rendre compte, le mouvement que tout fumeur expérimenté fait lorsqu’il souhaite débarrasser le bâton de poison de son extrémité en cendre. Dans son imagination, la poudre noire tombe comme une légère plume à côté de ses pieds. Il déglutit difficilement quand la bande de détenus délaisse la table et le contourne pour sortir de la salle. Du coin de l’œil, il observe les poings serrés et fermés de tous ces hommes qui ont pu se payer un peu de trésors de l’extérieur. Il se fait ignorer, comme d’habitude et c’est tant mieux comme ça. À son cou, il attrape la minuscule croix en fer suspendue au bout de sa chaîne et il la serre ; pas parce que son passage en prison a fait de lui un croyant, mais plutôt parce qu’il tente de faire de ces gestes religieux une habitude. Un prisonnier bon catholique a toujours de meilleures chances d’écourter sa sentence.

La voix d’un garde s’élève derrière lui. Il se tord le cou pour interroger le grand homme du regard. À sa ceinture, l’attirail habituel : un appareil pour communiquer avec le reste de l’équipe, une matraque et un flingue à peine dissimulé dans son étui. Assez d’armes pour empêcher quelconque détenu isolé de lever les poings. Joseph n’est de toute façon pas bien menaçant et son prénom est connu entre ces quatre murs pour cette raison. Le bébé ourson au milieu des loups. Il a toujours fait tache derrière les barreaux. « Tu as une visiteuse aux téléphones. » Il fronce les sourcils. Une femme. « Elle est comment ? » Il demande, curieux de savoir qui pourrait bien se rappeler de lui. Depuis son arrivée ici il sait que Lily ne viendra jamais prendre des nouvelles de son frère. Elle ne l’a jamais fait même avant qu’il ne devienne un criminel selon les papiers administratifs de la justice. « J’en sais rien, je ne fais que passer le message. Allez, lève-toi. » L’autre homme marmonne en insistant du regard pour que le détenu sépare son cul de son siège. Gentil chienchien, Joseph s’exécute et suit silencieusement le garde à travers la prison. Il ne connait pas la salle vers laquelle il est guidé alors ses yeux sont  à l’affut du moindre détail nouveau. Il ne manquerait jamais l’occasion de découvrir une nouvelle couleur sur un mur ou des carrelages différents sous ses pieds ; hélas, il et forcé d’admettre que la prison est identique dans toute son ensemble. « Tu as dix minutes. »

Il se fige en découvrant le visage de Sawyer derrière l’épaisse vitre que les balles ne pourraient transpercer. Son premier réflexe est de cacher son crucifix derrière son haut. Il ne peut pas se présenter à la jeune femme en portant sur lui un mensonge. Quand il trouve assez de courage, il s’approche d’elle et s’installe sur la chaise. Il ne sourit pas parce qu’elle ne sourit pas. Elle n’est pas là pour déterrer leurs bons souvenirs. Huit ? Neuf ? Dix ans ? Il avait peut-être oublié de compter après la cinquième année. Il avait compris que plus jamais il n’aurait de nouvelles de son amie. « Salut Chris. Il est porteur le marché des téléphones en ce moment dis-moi ? » Il serre le combiné entre ses doigts. Il l’appuie contre son oreille parce qu’il apprécie la sensation ; il n’avait pas touché un objet aussi normal depuis plus de six mois. « J’en sais rien. J’ai jamais su. » Il dit, comme s’il souhaitait corriger cette erreur qu’il a faite dans le passé. Et il ajoute même : « Appelle-moi Jo. » Il n’est pas trop tard pour qu’il se présente comme il est réellement, non ? Il laisse ses yeux aller à la redécouverte du visage qu’il n’avait pas oublié. Ses traits n’ont pas beaucoup changé. Elle n’est pas encore ridée mais elle n’est plus aussi jeune qu’elle l’était. Évidemment. Elle a vécu. Lui aussi. Elle semble s'être vêtue pour une occasion spéciale. Il n'en touche pas mot. « Comment tu as su que tu me trouverais ici ? » Il sait que la question est ridicule mais il veut l’entendre dire qu’elle a réussi sa vie. Qu’elle est devenue ce qu’elle souhaitait devenir. Une femme de l’autorité. Qu’elle porte un badge, un véritable en métal, sur sa poitrine au-dessus de son uniforme.  

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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyMar 26 Oct 2021, 21:20


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.

Il avait hésité lui aussi en l’apercevant. Il aurait pu faire marche arrière et refuser sa visite ; c’était certainement le seul droit qu’il devait encore rester aux détenus. Pourquoi avait-il accepté de venir s’asseoir en face d’elle ? Pourquoi Sawyer avait-elle décidé de venir ici ? Officiellement, elle était parvenue à se convaincre que cette visite lui permettrait de fermer définitivement une porte qui restait encore entrouverte depuis plusieurs années. Depuis cette fameuse soirée. Officieusement, elle refusait simplement d’admettre qu’elle avait ressenti le besoin impérieux de le revoir au moment même où elle avait appris où le trouver. Il était temps d’enfin mettre les choses au clair…mais espérait-elle une quelconque issue heureuse à cette entrevue impromptue ? Il lui était impossible d’accepter de faire entrer à nouveau Joseph dans sa vie d’une quelconque manière que ce soit, et pourtant elle ne pouvait s’empêcher au fond d’elle de se rappeler à quel point elle avait été heureuse quand il en avait fait partie. Mais cela ne pouvait pas compter quand toute leur relation n’avait été que mensonges et trahisons. « J’en sais rien. J’ai jamais su. » Le dossier du détenu devant elle, les doigts de la brune s’acharnaient à présent nerveusement et inconsciemment autour d’un petit objet qu’il ne pouvait pas apercevoir derrière sa vitre. Elle hocha presque imperceptiblement la tête quand son vrai prénom s’échappa enfin de ses lèvres, avant de déclarer d’un ton neutre et toujours froid : « J’aurais préféré que tu me dises tout ça il y a neuf ans. Mais mieux vaut tard que jamais, j’imagine ? »  Son regard, bien que laissant transparaitre toute la rancune qu’elle ressentait, restait accroché à celui de Jo comme neuf ans auparavant, alors qu’elle le suppliait silencieusement de lui trouver une explication logique et acceptable à tout ce qui était en train de se produire. En vain. L’explication n’était jamais venue. La vérité, elle en revanche, avait fini par se faire connaître dans la douleur. Et elle était bien loin de s’approcher de quoique ce soit de logique ou d’acceptable. « Comment tu as su que tu me trouverais ici ? » Elle resta silencieuse quelques secondes. Etait-ce vraiment là la première question qu’il souhaitait lui poser ? La seule qui lui était venue à l’esprit ? Elle soupira avant que les doigts de sa main droite ne viennent se poser sur le dossier qu’elle avait déposé devant elle. « Un homme qui sort torse nu de ma chambre, puis de mon appartement en plein milieu de la soirée…ça marque les esprits. Surtout quand on tombe sur son casier judiciaire des années plus tard. » Elle marqua une pause, guettant une quelconque réaction sur son visage. « C’est une collègue qui s’est souvenue de toi en tombant sur ton dossier. » Oui, elle était bien devenue policière. Non, cette soirée n’avait en rien chamboulé son projet professionnel bien qu’elle ait mis à mal les compétences que Sawyer pensait avoir pour déceler la nature profonde des gens qui l’entouraient. Elle s’était trompée de bout en bout. Les premiers mots qu’il lui avait adressé n’étaient que le début d’une très longue série de mensonges. Pourquoi ? « Pourquoi est-ce que t’as persévéré, alors que t’aurais très bien pu me laisser tranquille après cette soirée ? » Elle parlait bien de leur toute première rencontre cette fois-ci. Croiser une inconnue au détour d’un bar, ne jamais la rappeler. La technique avait été éprouvée par bien des personnes avant eux, et Sawyer en venait aujourd’hui à regretter que Jo l’ait recontactée, les menant ainsi très précisément à l’endroit où ils se trouvaient aujourd’hui. Elle aurait pu commencer par lui demander comment il en était arrivé là, pourquoi il avait choisi une vie de délinquant plutôt qu’une vie honnête qui était peut-être à portée de main pour lui. Elle n’en savait rien. Et une partie d’elle souhaitait en apprendre plus sur lui. Enfin connaître la vérité derrière ce visage dont l’histoire lui était finalement totalement inconnue. Mais ce qu’elle souhaitait savoir par-dessus tout, c’était pourquoi il l’avait entraînée avec lui dans cette spirale déloyale. Elle n’avait pas compris à l’époque et elle ne comprenait toujours pas aujourd’hui. « Tous les moments qu’on a passés ensemble, c’était juste du vent pour toi ? » Voilà les derniers mots qu’elle avait prononcés à l’époque avant qu’il ne s’échappe de sa chambre. Ces mêmes mots avaient inconsciemment résonné dans sa tête des années durant pour enfin franchir une nouvelle fois la barrière de ses lèvres aujourd’hui. Et cette fois il n’y avait pas d’échappatoire possible pour Joseph. Il était dos au mur. Contraint et forcé d’enfin répondre à sa question. Sans qu’elle ne s’en rende compte, sa voix avait cette fois-ci perdu de sa froideur pour laisser transparaître le fait qu’elle avait été et était encore profondément affectée, malgré les années qui étaient passées, par tout ce qui leur était arrivé.

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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyDim 07 Nov 2021, 05:09


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.  @Sawyer Harding :l:

Joseph ne peut plus souffrir de claustrophobie, dans ces lieux. Il s’est habitué aux endroits restreints et il trouve même un certain réconfort à se retrouver enfermé entre deux murs et deux vitres avec pour seul compagnie une femme qu’il ne pensait plus jamais revoir. Elle n’avait jamais répondu à ses messages après cette soirée qui s’est terminée abruptement et il a abandonné après quelques jours seulement parce qu’on lui avait dit de le faire. Il n’était de toute façon pas disponible pour elle parce qu’il avait trouvé sa bande, sa famille, qui veillait sur lui avant que l’autorité de le sépare d’elle. « J’aurais préféré que tu me dises tout ça il y a neuf ans. Mais mieux vaut tard que jamais, j’imagine ? » Il baisse les yeux sur le dossier posé devant elle. Il comprend bien rapidement qu’elle ne l’a pas volé, ce dossier, mais qu’on lui a légalement tendu. Elle connait la raison de son incarcération alors il peut arrêter de se couvrir. « J’aurais aimé t'dire la vérité, moi aussi. Mais tu comprends qu'j’étais pas dans une situation pour le faire. » Il hausse mollement les épaules, ne souhaitant pas détailler davantage. Sawyer doit bien savoir que les membres d’un gang sont privés de plusieurs libertés et constamment guettés. Il s’était fait docile et obéissant pour ne pas perdre ce qu’il avait enfin trouvé. Ou pour ne pas perdre la vie, tout simplement.

Même s’il se doute que la jeune femme devant lui a accès à tous les dossiers de tous les délinquants de la ville, il veut l’entendre dire comment elle l’a trouvé ici. Après tout, il y a des milliers d’hommes comme lui qui se font coincer, et il y a donc des milliers de papiers dans lesquels elle pourrait se perdre. « Un homme qui sort torse nu de ma chambre, puis de mon appartement en plein milieu de la soirée…ça marque les esprits. Surtout quand on tombe sur son casier judiciaire des années plus tard. » Un gloussement sans joie s’échappe par ses narines. Ses ongles grattent le combiné du téléphone. « C’est une collègue qui s’est souvenue de toi en tombant sur ton dossier. » Il hoche de la tête. Il n’a pas été particulièrement futé en acceptant de fêter avec des futurs policiers. « Elle a une excellente mémoire. » Il s’étonne, n’ayant pas l’intention de commenter davantage le sujet. Ce n’est pas Sawyer qui l’a cherché, c’est sa collègue qui est tombée sur lui par hasard. Il ne saurait pas dire pourquoi cette information le déçoit un peu. Il relève les yeux du dossier pour les poser à nouveau dans ceux de la jeune femme qui l’interroge à nouveau. Cette fois, il ne peut pas fuir. Et, de toute façon, il n’a plus rien à cacher maintenant qu’il est ici. « J’sais pas. Je t’avais trouvé intéressante. Intelligente, aussi. Et j’aimais ton sens de l’humour. » Il marque une pause en laissant un rire mou faire vibrer sa poitrine. « Et tu es la première femme avec laquelle j’ai entretenu une vraie conversation. Tu m’as marqué à ta façon, alors j’ai fait l'con et je t’ai rappelé en pensant que ça pourrait fonctionner malgré les études que tu faisais. Et mon métier. » Si on peut appeler cela un métier. Il était jeune et immature alors il n’a pas pensé aux conséquences avant d’acter. Il a laissé parler son cœur. Aujourd’hui, devant elle, il aimerait lui demander si elle va bien, si son travail lui plaît autant qu’elle le souhaitait, si elle a trouvé quelqu’un qui prend soin d’elle, si elle est devenue mère, si elle prévoit de réaliser de grands projets. Si elle est heureuse. Mais il est bloqué derrière un mur et un habit qui le qualifie de criminel alors il reste muet et honteux. « Tous les moments qu’on a passés ensemble, c’était juste du vent pour toi ? » Il la regarde en silence alors que les paroles réverbèrent dans sa tête et sonnent une clochette. Il se souvient ces mots. Il ne les a jamais oubliés ; comme il n’oublie jamais rien, d’ailleurs. La voix de Sawyer n’a pas changé malgré les années et, si jusqu’à présent il avait bien entendu dans le ton qu’elle employait beaucoup de rancœur, il a perçu là beaucoup de déception. Comme si elle n’avait jamais pu l’oublier malgré le chemin opposé qu’il avait emprunté. « Tu n’as jamais répondu à mes messages. J’ai essayé d'te parler. Si je n'tenais pas à toi, j'aurais pas essayé d'corriger mon erreur. » Il se pose contre le dossier de la chaise en lâchant un soupir. Le combiné est toujours aussi collé à sa joue comme s’il craignait qu’on le lui arrache des mains. « J’ai joué avec le feu en te laissant croire qu’il pourrait y avoir quelque chose entre nous. Une amitié ou… Quelque chose de plus fort, peut-être. Mais j’ai été naïf d'penser que jamais tu ne découvrirais que je n’étais pas exactement le garçon que tu avais rencontré dans c'bar. Du moins… Que j'vendais pas des téléphones. » Il déteste sentir la menace de larmes lui brûler les yeux. Il ferme les paupières un moment pour lutter contre ses émotions. « J’ai fait beaucoup d'connerie, Sawyer. Te faire entrer dans ma vie en était une. Mais c’est l’une des seules que j'regretterai jamais. » Il secoue la tête de droite à gauche et rouvre enfin les paupières. Ses yeux sont brillants. « C’est à toi d'me répondre, maintenant. J'en ai marre de subir les interrogatoires. Pourquoi es-tu revenue me voir après toutes ces années ? Je pensais que t'avais réussi à m’oublier dès l'moment où tu m’avais retiré d'tes contacts. » Elle lui a fait comprendre qu’il n’était plus rien à ses yeux, qu’elle avait tourné la page, qu’ils ne s’étaient même jamais rencontrés. Une partie de sa vie qu’elle avait gommée.        


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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyJeu 18 Nov 2021, 19:58


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.

« J’aurais aimé t'dire la vérité, moi aussi. Mais tu comprends qu'j’étais pas dans une situation pour le faire. » Son sang ne fit qu’un tour et la policière n’eut pas le temps de vraiment réfléchir à ses mots avant de les prononcer : « Arrête ça…la vérité on a toujours la liberté de la dire. T’as volontairement fait le choix de me la cacher. » Sawyer supportait mal le mensonge et la tromperie qui n’étaient à ses yeux que synonymes de trahison. La duplicité dont Joseph avait fait preuve la rendait folle bien des années plus tard encore, quand bien même elle aurait dû laisser toute cette histoire derrière elle. Si elle avait écouté sa raison, celle-ci lui aurait murmuré qu’il ne pouvait effectivement pas faire grand-chose d’autre que lui mentir étant donné la situation dans laquelle il était à l’époque. Malheureusement pour lui, son cœur et sa colère parlaient comme toujours plus fort que tout le reste. Et ces derniers lui hurlaient qu’il aurait pu la laisser tranquille, ou mentir par omission a minima, mais ne pas s’inventer une vie parallèle dans laquelle elle s’était un instant imaginé avoir sa place alors que son chemin et celui du Chris qu’elle pensait connaître ne s’étaient jamais croisés. « Elle a une excellente mémoire. » Elle ne lui devait rien, mais elle avait tout de même daigné lui donner des explications quant à la manière dont elle l’avait retrouvé bien malgré elle. « Malheureusement oui. Peut-être aurait-elle mieux fait d’avoir une mémoire un peu plus sélective. » Bien que moins tranchant que quelques secondes auparavant, son ton restait sec et sans appel. Elle n’en serait pas là aujourd’hui si sa collègue ne lui avait pas mis son dossier dans les mains. Pourtant le choix lui était revenu de venir ici pour le voir. Elle n’avait encore une fois pas su rester chez elle et mettre toute cette histoire derrière elle. Sawyer avait besoin de comprendre et ses questions fusaient sans qu’elle ne le réalise réellement. Mais tout comme elle avait fait le choix de venir, il avait également fait le choix de rester quand il aurait très bien pu décider de raccrocher le combiné et de partir pour ne pas avoir à subir ses attaques. « Tu n’as jamais répondu à mes messages. J’ai essayé d'te parler. Si je n'tenais pas à toi, j'aurais pas essayé d'corriger mon erreur. » Elle ne le quittait pas des yeux, ses doigts continuant de triturer distraitement un objet inconnu. Non, elle n’avait effectivement jamais répondu à ses messages. Parce qu’elle ne savait pas quoi dire. Parce qu’elle ne savait pas comment lui exprimer toute sa déception et sa colère. Parce que si elle avait dû lui répondre, rien de bon ne serait ressorti de leurs échanges. Elle s’étonnait encore aujourd’hui de pouvoir lui faire face sans l’insulter. Ca n’aurait probablement pas été le cas de la Sawyer de l’époque si elle avait fait le choix de répondre à ses SMS. Et si elle reconnaissait que Joseph avait effectivement fait l’effort de tenter de reprendre contact avec elle suite à toute cette histoire, elle restait campée sur ses positions : aucun message n’effacerait ni n’excuserait ce qu’il lui avait fait subir et la façon dont ils s’étaient quittés. « J’ai joué avec le feu en te laissant croire qu’il pourrait y avoir quelque chose entre nous. Une amitié ou… Quelque chose de plus fort, peut-être. Mais j’ai été naïf d'penser que jamais tu ne découvrirais que je n’étais pas exactement le garçon que tu avais rencontré dans c'bar. Du moins… Que j'vendais pas des téléphones. » Tout comme elle avait été naïve de le croire et de ne rien avoir vu venir. Est-ce qu’elle lui en voulait plus à lui ou à elle-même ? La question méritait d’être posée. Sawyer avait envie de croire que Joseph n’était qu’un sale menteur qui ne regrettait rien de ses actes, qui ne méritait pas qu’on lui accorde une quelconque compassion, qui était parfaitement à sa place dans cette prison. Pourtant ses mots n’allaient pas dans ce sens-là. Et elle avait beau se dire qu’il avait déjà été capable de la duper une fois et qu’il pouvait tout à fait recommencer à nouveau, son attitude laissait transparaitre le contraire. Il avait l’air sincèrement affecté par leur passé, par ses questions et par les réponses qu’il était contraint de lui apporter. « J’ai fait beaucoup d'connerie, Sawyer. Te faire entrer dans ma vie en était une. Mais c’est l’une des seules que j'regretterai jamais. » Il ne lui en fallut pas plus pour la perturber. L’objet avec lequel ses doigts jouaient lui échappa des mains et vint s’écraser au sol dans un discret mais néanmoins perceptible cliquetis. Son regard encore désespérément agrippé à celui de Joseph, surprise de le constater vraisemblablement aussi blessé qu’elle, elle mit quelques secondes avant de se détacher de cette scène pour se pencher, ramasser l’objet et le reposer sur la table. Sa main droite restait inconsciemment posée dessus, le cachant encore un instant à la vue de son interlocuteur. « C’est à toi d'me répondre, maintenant. J'en ai marre de subir les interrogatoires. Pourquoi es-tu revenue me voir après toutes ces années ? Je pensais que t'avais réussi à m’oublier dès l'moment où tu m’avais retiré d'tes contacts. » Elle prit une profonde inspiration. Ses lèvres vinrent se pincer alors qu’elle sentait la colère refaire lentement surface. Sa main droite vint soulever de quelques centimètres l’objet qu’elle cachait pour le faire retomber et claquer sur la table dans un même mouvement traduisant toute sa frustration face à l’accusation qu’il venait d’émettre. L’insigne qu’il lui avait offerte neuf ans auparavant, voilà ce qu’était cet objet qu’elle s’autorisa enfin à découvrir pour libérer sa main et fouiller dans la poche de son manteau. Elle en sortit son téléphone portable et le balaya de son index durant quelques secondes avant de venir coller un peu trop brusquement l’écran de l’appareil contre la vitre qui les séparait. L’écran en question affichait son numéro de téléphone et son nom, ou plutôt ce qu’elle croyait être son nom à l’époque, dans son carnet d’adresses. « Je ressemble à quelqu’un qui t’a retiré de ses contacts d’après toi ? Je ressemble à quelqu’un qui a tourné la page ? » Son ton comme son regard hésitaient entre une profonde colère et une tristesse infinie. « J’ai rien oublié. J’ai rien tourné putain. Et Dieu sait que j’aurais voulu. » Haaa. Sawyer jurait et faisait mention de Dieu dans la foulée. Voilà qui lui ressemblait déjà beaucoup plus. « Ça fait neuf ans que j’ai l’impression de laisser cette porte…notre porte…entrouverte. J’arrive pas à l’ouvrir en grand. J’arrive pas à la fermer complètement et à aller de l’avant. Je sais pas quoi en faire de cette foutue porte. » Entre ça, le fait qu’elle n’était pas capable de fonder une famille et sa rupture avec Eliot, Sawyer avait la désagréable impression d’être l’échec personnifié. « Tu m’as blessée y a neuf ans de ça. Et pour une raison que j’ignore et que j’aimerais vraiment comprendre pour pouvoir laisser toute cette histoire derrière moi, je me sens encore blessée aujourd’hui. J’avais un besoin viscéral de venir te voir. Et ça je ne me le pardonne pas. » Elle ne pensait pas en permanence à eux, à lui, depuis neuf ans bien évidemment. Mais elle y pensait suffisamment pour ne pas avoir effacé son numéro des contacts de son téléphone. Elle y pensait suffisamment pour avoir gardé l’insigne qu’il lui avait offerte. C’était stupide. Elle se sentait stupide. Et d’une vulnérabilité impardonnable.

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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyMar 14 Déc 2021, 22:16


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.  @Sawyer Harding :l:

« Arrête ça…la vérité on a toujours la liberté de la dire. T’as volontairement fait le choix de me la cacher. » Un gloussement incontrôlable s’échappa des lèvres de Joseph tandis qu’il se frottait les yeux. La plupart des gens avaient le choix, certes. Mais il n’avait pas le choix d’être né dans une famille qui a fait de lui son ennemi, il n’avait pas eu le choix de se faire frapper par son père, ou toucher par un prêtre. Il n’avait pas eu le choix de fuir pour survivre. Il n’avait pas eu le choix d’accepter l’offre de cet étranger parce qu’il lui avait promis d’avoir enfin un toit sur la tête et de la nourriture dans son assiette. Il n’avait ensuite pas eu le choix de cacher cette facette de lui, parce qu’il avait signé avec son sang en entrant dans ce gang. Sawyer devrait bien le savoir. Elle connait ça, les criminels, puisqu’elle les chasse à longueur de journée. Elle doit savoir comment ils pensent pour mieux les comprendre et pour les choper par la suite. « J’ai volontairement fait le choix de survivre. » Il répliqua donc sans donner de détails. Elle comprendrait ce qu’il insinuait. Il n’avait jamais admis faire partie d’un gang quand il se faisait interroger mais les doutes étaient là depuis le début. Il n’agissait pas seul, et il avait été le seul manthas à se faire coincer par les flics cette journée-là. Les autres avaient couru comme des gazelles, mais ils avaient tous été vus avant de disparaître. « Malheureusement oui. Peut-être aurait-elle mieux fait d’avoir une mémoire un peu plus sélective. » Il ricana, seulement un ricanement principalement composé d’air, sans détourner les yeux de la jeune femme derrière la vitre. Si elle n’avait pas envie de le voir, pourquoi l’avait-elle rejoint ici ? Il pensait que cette histoire s’était terminée plusieurs années auparavant. Tout en serrant le combiné du téléphone contre son oreille, il expliqua à Sawyer ce qu’il avait sur le cœur depuis tout ce temps, il admit ses torts, tenta de leur donner un peu de légitimité mais, à la fin, il savait qu’il avait commencé à merder dès le moment où il a décidé de garder contact avec elle malgré leurs différences et leur incapacité à emboiter leurs vies. Les contraires s’attirent, mais ils ne sont pas toujours compatibles.

Il ne s’attendait pas à revoir ce badge en plastique qu’il lui avait offert le soir où il avait tout gâché. Il n’avait pas changé – et il était toujours en bon état, comme s’il n’avait jamais été acheté en premier lieu. « Je ressemble à quelqu’un qui t’a retiré de ses contacts d’après toi ? Je ressemble à quelqu’un qui a tourné la page ? » Les yeux de Joseph se posèrent sur l’écran du téléphone posé contre la vitre. Il lut son surnom, Chris, celui qu’il refilait à tout le monde quand il préférait cacher sa véritable identité ou quand il avait tout simplement trop honte de porter un nom à la connotation religieuse. Son cœur se serra. Pourquoi se sentait-il coupable ? « J’ai rien oublié. J’ai rien tourné putain. Et Dieu sait que j’aurais voulu. » Il baissa les yeux, honteux. Il avait pensé que la page avait été tournée il y a fort longtemps et que la vie de son amie était meilleure désormais. Il n’avait jamais eu d’amis en arrivant en ville, alors il n’aurait pas cru réussir à marquer Sawyer de cette façon. Il pensait être un garçon parmi tant d’autres, et il s’était cru de plus en plus fort au fur et à mesure que les jours s’écoulaient sans qu’il ne reçoive  de nouvelles de celle qui ne faisait plus partie de sa vie. « Tu m’as blessée y a neuf ans de ça. Et pour une raison que j’ignore et que j’aimerais vraiment comprendre pour pouvoir laisser toute cette histoire derrière moi, je me sens encore blessée aujourd’hui. J’avais un besoin viscéral de venir te voir. Et ça je ne me le pardonne pas. » Il ancra à nouveau son regard au sien pour mieux comprendre. Il voulut lire son âme mais il n’y arriva pas. Il s’empêcha à la dernière seconde de lui dire que tout ira bien, qu’elle peut tourner la page, brûler leur porte, piétiner les souvenirs qu’ils partagent, l’oublier. Mais elle n’a pas réussi à le faire en neuf ans, alors pourquoi ça changerait aujourd’hui ?

Il hésita. Il hésita trop longtemps peut-être, mais il décida de bousiller l’image qu’elle avait préservée de lui. De la dégoute. Si elle n’arrivait pas à l’oublier, c’était parce qu’elle se souvenait de qui il était au fond de lui avant qu’elle n’apprenne qu’il était un criminel. Ça lui fit mal aux cordes vocales de souffler : « À vrai dire, j’me fiche un peu de tout c'que tu racontes. J’ai fermé la porte, moi, et si t’y arrives pas, t’aurais peut-être besoin d’aller parler à un psy parce que t’es pas bien dans ta tête. Tu m'as laissé en vu pendant trop longtemps, et maintenant tu penses que j'vais te pardonner d'avoir joué avec moi comme ça, parce que t'es revenue ? Tu penserais que j'serais content d'te revoir ? » Il força un rire sec qu’il vomira plus tard à la toilette. « Jette ce stupide badge en plastique, il ne veut plus rien dire. T’es pas un enfant, putain. »  Il demanda, les yeux peints d’un noir qui ne lui ressemblait pas. D’un air embêté, il s’installa nonchalamment dans sa chaise et croisa ses bras sur sa poitrine, tenant le téléphone d’un seul doigt. « C’est tout c’que tu es venue me dire ? Tu voudrais pas faire passer des cigarettes par hasard ? J’aurais moins l’impression d’avoir perdu mon temps. » Il ajouta finalement d’une voix moqueuse. Il savait bien que son petit jeu n’était pas crédible. Mais il espérait que Sawyer comprenne pourquoi il faisait ça. Il voulait la libérer de lui et il ne savait pas comment faire autrement. Il aurait certainement pu élaborer un plan mieux ficelé s’il n’avait pas seulement deux minutes pour y réfléchir, coincé dans une petite boîte étouffante.

Il n’était pas doué avec les relations humaines. Les gens qu’il voulait garder près de lui disparaissaient et ceux qu’il fuyait revenaient en trombe.    

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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyMar 11 Jan 2022, 20:07


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.

« J’ai volontairement fait le choix de survivre. » Son regard s’ancra un peu plus au sien. Une infime part d’elle pouvait comprendre qu’il n’ait pas eu d’autres choix que d’agir de la sorte. Elle ne connaissait finalement rien de lui, de son histoire, de son passé, de qui il était vraiment. Elle ne connaissait que les illusions qu’il avait daigné lui vendre à l’époque et elle était incapable encore aujourd’hui de distinguer le vrai du faux. S’était-il montré sincère à un seul moment avec elle ? Les traits de sa personnalité qu’elle aimait tant et les défauts qui la faisaient sourire étaient-ils un tant soit peu authentiques ? Elle n’en savait rien et c’était peut-être ça qui la rongeait de l’intérieur depuis toutes ces années. Parce qu’elle n’en saurait jamais rien. Parce que même s’il était prêt à lui jurer là maintenant qu’il s’était toujours montré vrai dans sa façon de se comporter avec elle, elle n’était de son côté plus capable d’en croire un traître mot. Alors cette infime part d’elle qui était prête à comprendre qu’il n’avait probablement pas eu d’autres choix que celui qu’il avait fait laissait la place à ce gigantesque sentiment de trahison qui lui hurlait qu’il aurait suffi qu’il ne lui adresse jamais la parole dans ce bar ce soir-là pour que rien de tout ça ne se produise. Pour qu’ils n’en soient pas là aujourd’hui. Et c’était ce sentiment qui laissait toute sa rancœur s’exprimer à travers son regard. « A quel prix ? » C’était-là une question rhétorique. Survivre, d’accord. En mentant aux gens qui l’entouraient, en vivant dans le danger et la crainte permanente, pour finir finalement une bonne partie de sa vie derrière des barreaux. Etait-il certain que cela en valait vraiment la peine ?
Mais Sawyer n’était pas là pour jouer les psy ou pour lui permettre une quelconque forme de rédemption. Elle était là pour enfin lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, ce qui l’avait rongée de l’intérieur des années durant et qui avait aujourd’hui plus que jamais besoin de s’exprimer. Plus leur conversation avançait et plus elle craignait que cela ne mène strictement nulle part. Elle pensait se sentir soulagée et plus légère après lui avoir dit ses quatre vérités mais il n’en était rien. La policière était toujours aussi amère et en colère. Peut-être pourrait-il l’aider à atténuer cette colère qu’elle ressentait envers lui, mais il était certain qu’il ne pourrait strictement rien faire contre celle qu’elle ressentait envers elle-même et qu’elle s’infligeait pour s’être laissée ainsi berner une fois de trop alors qu’elle s’était fait la promesse de ne plus accorder sa confiance à des personnes qui ne la méritaient pas. A croire qu’il était bien facile de retomber dans ses vieux travers. Alors elle était là, derrière cette vitre, son téléphone en main et plus furieuse que jamais, cherchant des explications que personne n’était en mesure de lui donner.
« À vrai dire, j’me fiche un peu de tout c'que tu racontes. J’ai fermé la porte, moi, et si t’y arrives pas, t’aurais peut-être besoin d’aller parler à un psy parce que t’es pas bien dans ta tête. Tu m'as laissé en vu pendant trop longtemps, et maintenant tu penses que j'vais te pardonner d'avoir joué avec moi comme ça, parce que t'es revenue ? Tu penserais que j'serais content d'te revoir ? » Ses doigts se refermèrent avec force dans la paume de sa main, signe que sa provocation était en train de fonctionner. « Jette ce stupide badge en plastique, il ne veut plus rien dire. T’es pas un enfant, putain. » « T’es vraiment qu’un connard. » Les mots lui avaient échappé. Son ton était mesuré, calme, mais d’une froideur dont elle faisait rarement preuve. Elle se rendait bien compte qu’elle se laissait contrôler par ses sentiments et qu’il savait parfaitement ou taper pour lui faire mal. Mais il était hors de question qu’elle se fasse avoir une deuxième fois. La Sawyer d’aujourd’hui était bien plus professionnelle et capable que la Sawyer de l’époque. Quand il l’avait rencontrée, elle n’avait que des notions relatives à l’étude des comportements et autre programmation neurolinguistique. Aujourd’hui c’était tout un panel de connaissances accompagné d’une sérieuse expérience dont elle pouvait se servir. Son travail avait forgé son caractère et ses capacités à garder la tête froide en toute circonstance pour démêler le vrai du faux. Et c’était précisément ce qu’elle avait besoin de faire à cet instant. Elle ne pouvait plus se laisser dévorer par des sentiments qui naissaient par la faute d’une provocation qui sonnait faux. Elle n’était pas en mesure d’expliquer précisément ce qui n’allait pas mais son inconscient lui hurlait que le comportement qu’elle avait en face d’elle n’avait rien de naturel. Il aurait pu être crédible si Joseph l’avait adopté dès le début de leur conversation, or le changement qu’il avait opéré avait été trop brutal pour être honnête. « Joue pas à ça avec moi. » Son histoire de cigarette et son mépris étaient parfaitement feints. C’était un regard qu’elle n'avait encore jamais vu chez lui qu’il était en train d’afficher. C’était aussi un regard qui ne lui allait pas du tout. Elle avait beau ne pas le connaître, Sawyer voulait croire qu’il n’était pas cet homme-là. « Tu m’auras pas deux fois. » Son regard à elle reflétait cette fois-ci un calme dont elle faisait preuve pour la première fois depuis leur début de leur discussion. Son ton était parfaitement détaché, elle ne comptait plus se laisser affecter par quoi que ce soit. Son bluff ne fonctionnerait pas aujourd’hui. Au fond d’elle, elle voyait ce qu’il essayait de faire. Ou tout du moins elle espérait avoir décrypté correctement toute cette situation et si tel était le cas son geste était louable mais il venait aussi renforcer un peu plus sa totale incompréhension : comment en était-il arrivé là quand elle restait persuadée au fond d’elle d’avoir côtoyé une personne foncièrement bonne ? « Dis-moi qui tu es. Qui tu es vraiment Joseph. » Elle ne l’avait pas quitté des yeux en lui faisant cette demande, mais elle avait senti bien malgré elle son cœur rater un battement alors qu’elle réalisait enfin que c’était de ça dont elle avait besoin. De connaître la vérité sur la personne qu’elle avait en face d’elle. De pouvoir comprendre. De savoir quelle part du vrai Joseph il avait bien voulu lui dévoiler quand ils étaient ensemble il y a neuf ans de cela.


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Message(#)Purgatory (Joseph, 2015) EmptyJeu 27 Jan 2022, 05:05


 
The danger would be going back, or staying still. The only way out was through. The past was ruins, but the present was still in play.  @Sawyer Harding :l:

Il ne pense plus au prix. Gagner ou perdre ; deux notions pourtant distinctes, pourtant similaires aux yeux de Joseph. Quand il a gagné sa liberté à seize ans, il a perdu un toit sous lequel dormir et une assiette de tartines et d’œufs tous les matins. Quand il a gagné un nouveau travail rémunérateur, il a perdu certaines de ses valeurs mais, au moins, il pouvait à nouveau faire frire des œufs dans une poêle. Il a même pu ajouter en à-côté des tranches de bacon. Gagner ou perdre ; l’un ne vient pas sans l’autre, les deux se sont combinés pour ne devenir qu’un seul mot possédant la même définition. Il ne compte plus, Joseph. Il se contente de mélanger les cartes en espérant piger la meilleure. « Tu ne peux pas juger d’ça à ma place, Sawyer. Comme tu l’as toi-même dit, tu ne me connais pas vraiment, au fond. À quel prix ? Au prix que j’étais prêt à payer. » Il hausse les épaules. C’est tout simple. Il a sacrifié une amitié, c’est peut-être vrai, mais son monde ne tournait pas autour de la jeune femme. L’amour, ça part et ça revient, puis ça repart pour de bon. C’est ainsi que Joseph a appris sa leçon. Il ne s’est plus jamais permis de se laisser guider par ses émotions et Dieu sait combien de fois il s’est tapé les doigts pour s’interdire la folie. Quand Sawyer a cessé de répondre à ses messages, il est devenu l’homme qui n’aime plus.

Il a beaucoup moins souffert par après.

Et, même s’il pensait avoir balayé de la main cette partie de son histoire, il déteste son cœur de se taper plus lourdement contre sa poitrine, prisonnier de sa cage qui refuse de le laisser goûter à la liberté une dernière fois. Sawyer est là, derrière l’épaisse vitre qui ne lui permettrait pas d’entendre sa voix s’il n’avait pas combiné du téléphone posé sur son oreille. Une vitre qui empêche les balles de passer, sauf celles que lui envoie la jeune femme avec ses yeux orageux. Celles-là le percutent de plein fouet et il doit faire preuve d’une résignation invincible pour ne pas réagir aux insultes que son oreille accueille péniblement. « T’es vraiment qu’un connard. » Avec un peu de chance, elle s’en ira et laissera Joseph faire un deuxième deuil. Il aura tout le temps du monde pour essayer d’effacer Sawyer de son esprit quand il retrouvera son ennuyante cellule. La tâche sera difficile mais, s’il a réussi une fois, il peut le faire une seconde fois. Elle ne partira jamais réellement, parce qu’il se souviendra le ton de sa voix, le parfum de ses cheveux quand elle avait vingt-et-un ans, la saveur de ses lèvres rondes comme des bonbons à la cerise. Eh merde. « Joue pas à ça avec moi. » Il reste muet pour ne pas lui laisser l’occasion de rebondir, de relancer la discussion et de le fragiliser dans son apparente impavidité. « Tu m’auras pas deux fois. » Il ne détache pas ses yeux d’elles, toujours aphone, comme s’il venait de lancer une partie du roi du silence. Il a toujours été excellent à ce jeu. Même les détectives, dont le travail est de faire parler, n’ont pas réussi à lui arracher un mot de la bouche. Joseph, il se tait même si ça lui fait mal. Il se tait jusqu’à ce que sa langue soit permanent collée à son palet. S’il ne pouvait pas crédibiliser son rôle de vilain garçon, il allait tout simplement empêcher la moindre discussion de se dérouler. « Dis-moi qui tu es. Qui tu es vraiment Joseph. » Il hausse à nouveau les épaules et jette un coup d’œil au gardien posé contre le mur à quelques mètres de lui. Ce dernier comprend le signe que Joseph lui lance et il s’approche de lui en faisant cliqueter les menottes ouvertes dans ses mains. Toujours sans un mot, Joseph raccroche le combiné et se lève pour se mettre dos à la porte en vitre, mains prêtes à accueillir la paire d’anneaux contraignants. Ses perles bleues ne cessent de fixer la première et unique femme qui a volé son cœur et, juste avant que la porte ne s’ouvre derrière lui, il mime avec ses lèvres « Adieu Sawyer ».

Elle est libre de l’oublier, maintenant. Elle peut fermer la porte qui renferme leurs souvenirs partagés, l’incendier et la regarder brûler jusqu’à la moindre poussière. Elle est libre, plus qu’il ne le sera jamais. Mais, après tout, gagner ou perdre ; il n’y a aucune différence. Les deux brisent des mondes.

 

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