Elle laisse planer le mystère Camille en envoyant qu'une adresse et le désir (l'ordre) que tu viennes la rejoindre à une heure fixe. Elle a de la chance, ta journée n'est pas trop chargée. Donc, tu as facilement pu quitter le boulot plus tôt pour aller la rejoindre en plein centre-ville. Tu sais pas trop à quoi tu t'attendais en te rendant à cette adresse - ou plutôt tu ne sais pas trop pourquoi tu ne t'y attendais pas. Quand tu regardes de l'autre côté de la rue, y'a un genre de resto vietnamien qui t'ouvre déjà l'appétit. Mais, ouais, non, c'est pas le bon numéro. Deux bâtiments plus loin, c'est une boutique de robe et de tuxedo qui correspond à la bonne adresse. Ah. Tu préférais le vietnamien. Information que tu comptes garder précieusement pour toi. Ces temps-ci, tout tourne toujours autour du mariage. Encore heureux que la date ne soit pas trop loin. Bientôt tout ça sera terminé et vous pourrez enfin retrouver votre petite vie tranquille.

Tu la repères facilement Camille qui rayonne à travers les allées de la boutique. Elle est du côté des hommes, pas de celui des jolies robes blanches. Ah. C'est pour toi que vous êtes là aujourd'hui. Tu la soupçonnes d'avoir déjà fait une présélection bien trop longue. Finalement, cette fin de journée n'aura rien de reposant. « Donc le truc que ça donne la poisse de voir l'autre avant l'grand jour t'y crois pas, hein ? » que tu lui dis en arrivant à sa hauteur. Tu mettrais ta main au feu que ce ne seras pas le cas pour sa robe à elle. Elle ne te laissera jamais la voir avant le jour J, et ça te va très bien. Elle sera magnifique. Tu n'en as aucun doute. Elle, elle doute de tes capacités à trouver le bon costume pour l'accompagner ? Quand même! Tu aurais sûrement trouvé quelqu'un(e) pour te conseiller. Tu ne te serais jamais douter que ta fiancé le ferait elle-même. « Ou c'est que t'as vraiment pas confiance en moi ? » que tu lui lances avec un sourire en coin. C'est bien loin d'être un reproche. Elle veut tout contrôler. Tu l'as bien compris depuis la seconde où tu lui as dit oui. Voilà un charmant trait de caractère que tu ne connaissais pas chez ta compagne. Mais bon, ce n'est que temporaire. C'est ce que tu te répètes sans cesse. Et puis, si ça peut la rendre heureuse, c'est tout ce que tu demandes.

« J'aimerais mieux te regarder en essayer. » que tu glisses à son oreille. Prévisible. Il y a l'air confo le sofa là-bas qui semble avoir été spécialement prévu pour les hommes qui regardent leurs femmes qui n'en finissent plus d'essayer robe par-dessus robe. Ouais, tu préfères clairement mater plutôt que d'enfiler des costumes inconfortables qui seront tous les mêmes à tes yeux. Ah ce qu'on ne ferait pas pour l'être aimé!

@camille willer

Il ne serait probablement jamais venu s’il avait su pourquoi Camille l’avait fait venir ici. Il faut dire qu’il ne s’était pas montré très présent pour les préparatifs, lui laissant carte blanche sur tout. Jusqu’ici, elle avait tout géré seule pour ce mariage, ça l’arrangeait même de tout choisir parce que ce mariage elle en rêvait depuis toute petite. C’était un domaine qui ne lui était pas totalement étranger, étant donné qu’il lui était arrivé de jouer les prestataire en confectionnant les pièces montées des grands jours. Pour le leur, elle avait vu les choses en grand. Elle n’avait rien dit à Norman, mais elle comptait bien épater la galerie avec tout ce qu’elle prévoyait de faire. Lorsqu’elle n’était pas au travail, elle passait son temps à préparer les festivités. Elle avait conscience que ces temps-ci, elle n’avait que ce mot à la bouche mais elle était tellement excitée par l’événement qu’elle ne savait faire autrement. Le vrai défi était pourtant là, avec plusieurs minutes de retard – à moins que ce ne soit elle qui en est plusieurs d’avance. Qu’importe, elle savait que le traîner-là ne l’enchanterait guère. Seulement, elle avait besoin d’être sûre que son costume serait parfaitement assorti à sa somptueuse robe blanche. Robe qui par ailleurs était déjà choisie, parfaitement ajustée à sa taille bien qu’elle ait décidé en parallèle d’entamer un petit régime pour être certaine qu’on ne verrait pas ses poignées d’amour sur les photos. « Ah, te voilà enfin ! » s’esclaffe-t-elle en voyant enfin la silhouette de son homme arriver. Il en avait mis du temps, mais ce n’était pas bien grave puisqu’elle en avait profité pour sélectionner quelques pièces qui lui iront à ravir. Imperturbable, elle l’attrape aussitôt par le bras, au cas où il déciderait de faire demi-tour. « Donc le truc que ça donne la poisse de voir l'autre avant l'grand jour t'y crois pas, hein ? » à vrai dire, si ! Elle était plutôt superstitieuse et elle croyait à ce genre d’absurdité. Cependant son obsession du contrôle avait pris le dessus sur ses superstitions. « Il doit y avoir un moyen d’annuler la malédiction… » qu’elle répond, tout en le trainant vers un premier vêtement qu’elle avait repéré plus tôt. Son air concentré ne quitte pas son visage, elle tend le vêtement vers son fiancé tout en jonglant du regard entre lui et l’habit. « Trop terne… » conclut-elle finalement, sans lui laisser le temps de donner son avis. « Ou c'est que t'as vraiment pas confiance en moi ? » elle lève à peine les yeux vers lui. Qu’est-ce qu’il raconte ? Bien évidemment qu’elle lui fait confiance. Elle, ce qu’elle veut, c’est juste être sûr qu’ils seront en accord pour le grand jour. « Tu sais très bien que c’est faux. » Qui était mieux apte qu’elle-même pour l’aider à choisir son smoking pour le grand jour. Elle reprend une autre pièce qu’elle se met de nouveau à comparer au teint de son chéri. « tiens…essaye celui-là ou non... attend, essaye celui-ci d’abord. » à l’écouter, elle pourrait lui faire essayer le magasin en entier, mais elle sait qu’il ne faut pas trop lui en demander. C’est déjà un miracle qu’il soit entré dans le magasin en découvrant la douille. « Il fait bien ressortir tes magnifique yeux…» dit-elle finalement, se laissant aussitôt prendre au jeu des compliment. Un sourire se dessine finalement sur ses lèvres. Il doit probablement la prendre pour une folle. Elle prend cette histoire trop à cœur alors qu’elle sait au fond que l’essentiel dans tout ça, c’est d’être ensemble et unis. « J'aimerais mieux te regarder en essayer. » il tente de se défiler. Pas cette fois, elle secoue la tête de gauche à droite pour lui signifier son désaccord. De toute façon sa robe est déjà réservée, ne reste plus qu’à voir pour la traine qu’elle n’a pas encore choisi. Elle rêverait de pouvoir porter la même que Kate Middleton. « c’est plutôt moi qui vais te regarder pour cette fois… » dit elle, en lui collant trois autres tenues dans les bras. « Plus tôt on finira, plus tôt on pourra partir déjeuner… J’ai vu qu’il y avait un resto Viet' à côté. Il a l’air pas mal… » elle usait du chantage affectif, elle connaissait un peu trop bien son homme pour savoir combien il se laissait facilement manipuler par son ventre. Entouré par une chef cuistot et une pâtissière, c’était un miracle qu’il ait gardé sa ligne malgré tout. « Et puis qui sait… » dit-elle d’un air un plus malicieux. « On pourrait garder le dessert pour la maison. » si ça ce n’était pas une façon de le prendre d’avantage par les sentiments. Elle espérait lui vendre un peu de rêve pour le faire plier à ses petites volontés.

« Ah, te voilà enfin ! » Elle le dit comme si elle t'attendait depuis des heures. Pourtant, lorsque tu consultes ta montre, tu n'es pas en retard. Tu n'as peut-être pas le bonus d'être à l'avance, mais tu es persuadé de ne pas l'avoir fait attendre. « Il doit y avoir un moyen d’annuler la malédiction… » Ah oui ? Vraiment ? Ça te surprend un peu qu'elle le dise. Est-ce qu'elle le pense vraiment ? Elle veut bien tourner les superstitions dans le sens que ça fait son affaire. « T'es prête à courir le risque ? » Visiblement oui, puisqu'elle place déjà un habit devant toi. Elle se donne ce petit air sérieux adorable qui réussit tout de même à tarracher un sourire malgré l'inconfort de la situation. « Trop terne… » Ah bon. Tu n'as même pas le temps de dire un mot qu'elle délaisse déjà l'habit de côté pour en chercher un autre. Elle est dans sa bulle Camille, et rien ne semble être en mesure de l'en faire sortir. « Tu sais très bien que c’est faux. » Qu'est-ce que vous faites tous les deux ici si elle a vraiment confiance en ton choix de tenue ? Elle te regarde à peine quand elle parle. On ne peut pas dire que ça lui donne de la crédibilité. La blonde sort un nouvel habit. Enfin, c'est un nouveau ou le même ? Tu n'arrives déjà plus à suivre. « tiens…essaye celui-là ou non... attend, essaye celui-ci d’abord. » Ah. Encore un autre ? « Il fait bien ressortir tes magnifique yeux…» La voilà qui sourit enfin, comme si elle remarquait pour la première fois que t'étais là toi aussi. « Bien joué. Il devrait t'embaucher. » que tu lui lances en prenant l'habit entre tes mains. Elle vendrait n'importe quoi à n'importe qui avec son charisme.

« c’est plutôt moi qui vais te regarder pour cette fois… » qu'elle te répond en ajoutant trois autres habits dans tes bras. C'est sûrement le moment idéal pour se sauver dans une cabine d'essayage avant qu'elle ne t'en rajoute encore plus. Quatre, c'est plus que suffisant. De toute façon, le mariage est dans longtemps encore. Vous avez amplement le temps de faire vos choix. « Plus tôt on finira, plus tôt on pourra partir déjeuner… J’ai vu qu’il y avait un resto Viet' à côté. Il a l’air pas mal… » Ah, Camille, douce manipulatrice qui sait toujours comment faire pour avoir ce qu'elle veut. La preuve, tu lui donnes tout à chaque coup. Ah, l'amour. « T'as vraiment pensé à tout hen ? » Bien sûr qu'elle a pensé à tout. Elle a sûrement choisi cette boutique exprès parce qu'il y avait un resto à côté. « Et puis qui sait… On pourrait garder le dessert pour la maison. » Ton sourire fait écho au sien. Ah, ce qu'elle est belle avec cet air innocent qui n'en a que l'allure. « J'ai toujours préféré commencé par le dessert. » Le dessert d'abord, le reste ensuite, hm ? Le regard qu'elle te lance veut clairement dire qu'elle ne changera pas d'avis. Ça va, ça va. « Juste c'est quatre là. Pas un de plus. » que tu la préviens d'avance. Tu n'en essayera aucune de plus kit à subir de nouvel essayage une autre journée. Quatre dans une journée, c'est bien assez.

Tu files sans plus attendre dans l'une des salles pour aller enfiler la première tenue. Elle est pas mal. Si ce ne serait que de toi, tu partirais avec celle-là sans essayer les autres. Ta fiancée ne sera sûrement pas du même avis. Tu n'arrives même pas à te souvenir de la dernière fois que tu as porté un habit complet. Les pantalons et la chemise propre, ça va. Le reste… ishhh. C'est pas le top du confort. « Verdict ? » que tu lui demandes en ressortant devant elle.

Motivée par l’envie de bien faire, Camille avait parfois quelques soucis avec le contrôle. Elle avait la sensation qu’en prenant les choses en main, ces dernières seraient bien faites, à tel point qu’elle avait souvent du mal à substituer. Elle était pourtant consciente de son défaut et faisait en sorte de le soigner. Seulement, avec toutes ces préparations, elle retrouvait ses vieux tocs. « T'es prête à courir le risque ? » c’était bien ce qu’elle faisait, enfreindre la règle quitte à s’attirer le mauvais œil. Elle préférait ne pas y penser pour l’instant, occupée à trouver le bon costume de mariage pour son fiancé. Après en avoir tiré quelques-uns, elle finit par en sélectionner quatre. Elle savait qu’il fallait bien les choisir pour éviter de jouer avec les nerfs de Norman. Elle avait usé de bons nombres d’astuce pour le faire tenir sagement. Lui, qui jusque là, semblait subir ces préparatifs plus qu’il ne s’en sentait concerné. Elle ne le lui reprochait pas. C’était déjà un miracle qu’il ait accepté sa demande de mariage. « Bien joué. Il devrait t'embaucher. » ignorant s’il était sincère ou sarcastique, elle se contenta de sourire tout en s’avançant jusqu’à la cabine d’essayage. « T'as vraiment pensé à tout hen ? » elle qui avait été élévée par sa grand-mère gardait à l’esprit un conseil que cette dernière lui avait donné une fois. Un conseil qui prête à sourire mais qu’elle continuait d’appliquer tout de même. Elle lui avait soufflé l’idée qu’il y avait de façon de retenir un homme. Il y avait la manière classique qui n’était autre que le sexe, et puis il y avait l’autre. Celle qui concernait son estomac. Norman ne faisait pas exception à cette dernière. Elle était d’ailleurs impressionnée par ce qu’il était capable d’avaler sans prendre le moindre gramme. « J'ai toujours préféré commencé par le dessert. » elle était prête à le croire, quoi de mieux que de commencer par le dessert. Néanmoins, cela ne suffisait pas à le laisser s’échapper. Il ne s’en sortirait pas aussi facilement cette fois. Il était coincé, le mieux pour lui était encore de coopérer.

« Juste c'est quatre là. Pas un de plus. » elle se contente de lui adresser un large sourire, tout en tirant le rideau derrière lui pour ne pas avoir à faire de fausses promesses. Elle profitait du fait qu’il était désormais sous sa grippe, pour entamer un ou deux sujets qu’ils n’avaient pas encore régler. « J’ai commencé à dresser le plan des tables et il faut que je scelle la liste des invités… tu… » elle hésite un instant sur sa formulation. Elle avait parfois du mal avec les sujets difficile : « tu comptes inviter May ? » bien qu’elle ait une idée sur la réponse, elle préférait tout de même poser la question. Si ça ne tenait qu’à elle, elle ne l’appellerait pas. Elle était capable de faire en sorte de gâcher leur soirée. Pourtant, elle était la mère de sa fille et ça suffisait pour qu’elle continue à faire partie de leur vie. « Verdict ? » Horrible ! Même si la couleur lui allait bien au teint, la veste faisait trop kitch pour qu’il la porte à leur mariage. « Je n’aime pas ! » conclut-elle aussi vite, elle avait l’impression d’avoir grillé un essai mais elle ne perdait pas espoir sur les trois autres piéces qu’il restait encore : « Essaye l’autre, avec les carreaux. C’est mon préféré. »  

Les quatre habits sous le bras, tu entres dans la salle d'essayage pour enfiler le premier. « J’ai commencé à dresser le plan des tables et il faut que je scelle la liste des invités… tu… » qu'elle débute Camille. Tu n'as pas besoin de la voir. Tu l'entends l'hésitation dans sa voix. Quoi, encore ? Tu arrête soudainement de te battre avec le nœud papillon pour attendre la suite. Comme si c'était une bombe qu'elle allait lâcher. « tu comptes inviter May ? » Ah, ça. Bon, tu t'attendais à pire. Tu termines de t'habiller et tu sors de la salle. Tu t'y connais pas trop en mariage, mais tu doutes qu'invité des exs fassent partie des traditions à respecter. Et puis, ce n'est pas non plus comme May et toi étiez vraiment rester en bon terme. Sans Elia dans le décor, sûrement que vous ne vous seriez jamais reparler de votre vie. « J'y comptes pas, non. » que tu lui réponds en fixant son regard quelques secondes. C'est à peine si elle sait que tu vas te marier. L'apprendre par quelqu'un d'autre ne l'a pas vraiment ravi non plus, mais la discussion qui s'ensuivit était probablement nécessaire quoique arriver un peu trop tard. Mais bref, on est à des années lumières de lui envoyer une invitation. Ta réponse doit sûrement soulager ta fiancée.

Tu changes doucement de sujet en lui demandant plutôt son verdict face à la première tenue. Elle grimace. Ce n'est définitivement pas l'expression faciale qui conclut à un coup de foudre. Quoi ? Il est quand même pas si mal ? Avec toi dedans, il mérite mieux que la grimace qu'elle vient de faire. « Je n’aime pas ! » Et non, ce ne sera pas réglé en un seul essayage. Raté. Toi qui espérais que ce serait vite fait, bien fait, ce n'est pas exactement comme ça que les choses vont se dérouler - pourquoi ça t'étonne ? Quelque chose te dit que tu vas devoir faire le tour des quatre pour que finalement ce soit le premier qu'elle préfère. Quelle perte de temps ? « Essaye l’autre, avec les carreaux. C’est mon préféré. » Si c'est celui-là son préféré, pourquoi tu n'as pas commencé par lui ? Tu retournes dans la salle d'essayage sous l'ordre de la patronne - oui, c'est ce qu'elle est aujourd'hui.

C'est un vrai calvaire d'enlever cet habit là et d'enfiler le deuxième, celui avec les carreaux donc. T'es même plus certain d'avoir envie de tenir ta promesse de quatre habits. Tu sors de nouveau au bout de quelques minutes prêt à, de nouveau, affronter la critique de Camille. « Il est bien celui-là, non ? » que tu débutes plus dans l'espoir d'influencer son commentaire qu'autre chose. En vrai, sauf les carreaux, tu ne vois pas la différence entre celui-là et le premier. Ah les hommes, ça ne remarque jamais rien. Ça n'accorde pas de l'importance aux mêmes choses que les femmes. Les hommes ne comprennent rien aux femmes et l'inverse est aussi vrai. Pourtant, c'est quand même ce qui fait qu'ils se complètent plutôt bien.

Ce mariage lui montait clairement à la tête. Elle avait l’impression de passer sa journée à en parler. A vrai dire, ce n’était pas qu’une impression. Elle n’avait plus que ça en tête, à tel point qu’elle en rêvait même la nuit. Elle avait beau caché ses craintes derrière ce sourire ravageur, plus la date s’approchait plus elle stressait. Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire dans ce qu’il y avait de meilleur. Dire qu’elle avait passé une partie de sa vie à imaginer ce jour fatidique. Elle avait attendu quarante ans pour enfin exaucer ce rêve. Qu’importe si elle en faisait trop, elle voulait marquer les esprits. Après tout, c’était l’accomplissement d’une vie, un point à barrer dans sa bucket list. Ainsi, elle refusait de laisser le moindre détail au hasard. Elle savait que Norman n’était pas totalement en adéquation sur ce point. Il ne voyait pas les choses de la même façon qu’elle. Cela lui importait peu, tant qu’ils étaient ensemble il ne voyait pas l’intérêt d’en faire autant. Lorsqu’elle avait rencontré Norman la première fois, elle avait vite compris qu’ils ne fonctionnaient pas de la même façon. Si bien qu’elle avait vite craqué sur toutes ses qualités qu’elle n’avait pas. Lui, il n’avait pas peur du vide, il était drôle et avait tout un tas d’amis. Parfois, elle se demandait comment il avait bien pu craquer sur elle. Elle complexait sur la relation qu’il avait eu avec son ex-femme, consciente qu’elle ne pourrait probablement jamais lui offrir la même chose. Il ne voulait plus d’enfants, une condition qu’il avait énoncé dès le départ et qu’elle avait accepté à l’époque. En trois ans de vie commune, elle se mettait parfois à en vouloir plus, à commencer par ce mariage. Elle ne voulait pas le brusquer, bien qu’à leur âge il fallait peut être passer la seconde si elle ne voulait pas avoir de regret dans la vie. « J'y comptes pas, non. » Elle est surprise par sa réponse. Il n’y a qu’a voir sa mine qui trahit ses pensées. Elle n’appréciait pas beaucoup May mais elle l’acceptait. Elle avait vite compris qu’elle ne pourrait s’en défaire et qu’elle était ce genre d’ex- qui continuerait à rôder autour d’eux. Aussi, l’ex-future animatrice de télé prenait malin plaisir à surfer sur ses incertitudes. A chaque fois qu’elle l’a croisait, elle se sentait narguer dans sa relation avec son fiancé. C’était comme si elle lui rappelait qu’elle n’aurait pas d’enfant avec lui. « Ow… » elle laisse finalement échapper son étonnement dans un onomatopée tentant un instant de déchiffrer l’air impassible de son fiancé. Puis, après un long silence, il recentra le sujet sur la raison principale de leur venu dans ce magasin. La première tenue ne rencontre aucune considération de la part de la jolie blonde. Elle espérait que les carreaux changeront la donne. Lorsqu’il réapparaît enfin devant le rideau, elle ne peut s’empêcher de sourire. Il était beau, certes et elle peut clairement lire son désespoir lorsqu’il annonce : « Il est bien celui-là, non ? »  mais… elle hésita à lui annoncer la mauvaise nouvelle. En règle générale, Camille ne faisait pas souvent la difficile mais pour leur mariage elle ne comptais rien laisser passer. Elle s’approcha de lui en commençant par arranger son nœud papillon. « Tu sais ce qu’on dit… jamais deux sans trois. » dit-elle, en venant déposer un baiser sur le creux de sa joue pour l’amadouer. « Et si tu essayais le noir pour me faire plaisir. » ajoute-t-elle, refermant aussitôt le rideau derrière lui pour éviter toute forme de négociation au cas où il tenterait à nouveau de se défiler. Et puis… il y avait ce sujet. Restant sur sa faim, elle espérait avoir confirmation de sa part qu’il ne changerait pas d’avis. « T’es sure qu’elle ne viendra pas d’elle-même ? » après tout, elle pouvait s’attendre à tout avec cette bonne femme. « Je n’aimerais pas qu’elle nous fasse la même scène qu’au café l’autre fois. » un sujet qui leur avait coûter une petite dispute une fois que Norman était rentré. « Tu connais mes grands-parents… » dit-elle en le voyant de nouveau apparaître. Cette fois un sourire se dessina sur sa jolie mine. « Tourne-toi pour voir ? » ajoute-t-elle pour être certaine que la pièce lui convenait.

Lorsque tu lui annonces que May ne comptera pas parmi les invités du mariage, ce n'est qu'un « Ow… » que laisse entendre de la bouche de Camille. Pourquoi est-ce qu'elle est si surprise ? May fait partie de ta vie parce qu'elle reste la mère de ta fille et c'est tout. Elle aura toujours une place spéciale dans ta vie, mais elle n'a plus la chance de faire partie des grands événements de ta vie - tout comme tu n'es pas non plus invité à faire partie des siens. Votre relation n'a jamais été simple depuis la rupture. Elle s'est peut-être même compliquée depuis que tu as Camille dans ta vie. Alors, non, t'es pas si con. Tu sais bien que ce n'est pas une bonne idée qu'elle y participe étant donné que les deux femmes ne s'accordent pas ensemble. C'est pas un truc que tu as particulièrement envie de gérer lors du grand jour. Peu importe, tu n'as pas l'envie ni le besoin de poursuivre dans cette discussion qui est déjà bien conclu selon toi. Tu reviens plutôt sur son avis pour le deuxième habit. C'est pour ça que vous êtes là, non ? Tu soupires discrètement à voir la tête qu'elle fait, connaissant déjà sa réponse avant qu'elle ne la dise à voix haute. « Tu sais ce qu’on dit… jamais deux sans trois. » Et ce sera quoi sa défaite pour le quatrième ? Elle vient poser un baiser sur ta joue pour t'amadouer, ça ne fonctionne qu'à moitié. Il a intérêt à être vraiment bon ce resto. « Et si tu essayais le noir pour me faire plaisir. » Tu grimaces légèrement, mais elle referme le rideau avant que tu puisses ajouter quoique ce soit.

Tu es en train d'enlever le deuxième habits lorsque finalement le précédent sujet revient sur le tapis. Ah, vous n'aviez pas déjà fait le tour ? « T’es sure qu’elle ne viendra pas d’elle-même ? » Tu fronces doucement les sourcils en entamant l'essai du troisième habit. « Pourquoi elle ferait ça ? » que tu rétorques, toujours de l'autre côté du rideau. Elle se pose trop de questions Camille, beaucoup trop. Et puis, qu'est-ce que ça pourrait bien faire qu'elle se pointe là-bas d'elle-même ? (ce qui serait très surprenant) Elle a bien trop d'orgueil May pour se présenter au mariage de son ex. T'en es convaincu. « Je n’aimerais pas qu’elle nous fasse la même scène qu’au café l’autre fois. » Okay, cette journée devient encore plus chiante que tu aurais pu le penser - et tu ne lui trouvais aucune qualité jusqu'à maintenant. Tu tires le rideau après que tu aies terminé d'enfiler le troisième (et le dernier?) costume. « Tu connais mes grands-parents… » « Tu dis ça comme si ça arrivait souvent. » Est-ce que cette discussion allait encore tourner en dispute ? Ce n'était ni l'endroit, ni le moment. « Sois pas si dure avec elle, elle vit des choses difficiles. » Comme si May, elle, elle se gênait pour être dure envers Camille. Là n'est pas la question. Tu ne comprends même pas pourquoi vous en parlez encore de toute manière.

Au moins, le seul point positif de tout ça, Camille semble satisfaite du troisième choix. « Tourne-toi pour voir ? » qu'elle te demande et tu n'attends pas plus longtemps pour t'exécuter. Le classique, le noir, c'est toujours gagnant. Pourquoi choisir autre chose? « On prend celui-là. » que tu conclus, la devance avant qu'elle propose l'essaie du dernier. Elle a souri. C'est comme si elle avait déjà dit oui.

Ce costume lui allait à ravir, mais si Camille s’écoutait, elle serait capable de lui faire essayer tout le magasin. De quoi déclencher de nouveau une dispute de couple dont elle n’avait pas envie. Il avait accepté de ce changer deux fois déjà, une preuve d’amour dans la langue de Norman qui, contrairement à sa dulcinée, aimait les choses simple. Elle était quasiment sure qu’il ne voyait aucune différence entre les trois pièces qu’il avait essayé, seulement elle, son regard était plus aiguisé. Elle prenait le temps d’analyser chaque détail et s’était persuadée que c’était dans la subtilité qu’elle pourrait se démarquer des autres. Son mariage, elle le voyait grandiose. Elle voulait mettre les bouchés doubles et amuser la galerie. Ce n’était pas commun de faire ce genre de caprice à quarante ans. Non, à leur âge, on cherchait l’amour, la sérénité, beaucoup se contente d’un mariage bohème les pieds enfoncés dans le sable chaud de la plage brisbanaise. Mais Camille, rêvait toujours et encore de robe de princesses, de pièce montées et d’autres artifices épingler sur son Pinterest. Elle s’était interdite d’aimer pendant presque dix ans et voilà qu’elle avait fini par retrouver l’amour avec Norman, au moment où elle ne s’y attendait plus. Leur romance était quasiment parfaite, à une ou deux exceptions prés. « Pourquoi elle ferait ça ? » la réponse était toute trouvée, avait-elle réellement besoin d’argumenter. Il connaissait May, mieux qu’elle d’ailleurs pour savoir de quoi cette sorcière était capable. « Tu sais très bien pourquoi elle le ferait… » pour leur gâcher leur bonheur évidemment. Il suffisait que la terre s’arrête de tourner deux secondes autour de son nombril pour qu’elle monte sur ses grands chevaux. Elle était si… mélodramatique, que parfois Camille se sentait étouffer par le simple fait qu’un jour elle ait fait partie de la vie de son homme. Il n’y avait qu’à lui rappeler l’épisode au café pour se souvenir qu’elle était totalement barjo et intenable. « Tu dis ça comme si ça arrivait souvent. » elle se pince aussitôt l’intérieur des joues, ne voulant pas déclencher le moindre incident diplomatique. Après tout, s’ils étaient là c’était pour un heureux événement. Il l’avait rassuré en lui promettant que May ne serait pas là, ça devait la rassurer. « Sois pas si dure avec elle, elle vit des choses difficiles. » Sans réussir cette fois à se contenir, elle roule des yeux. Vraiment ? Elle devait maintenant avoir de la peine pour elle, après tout ce qu’elle lui a déjà fait subir par le passé. « Chéri… » dit-elle en reprenant son souffle, se forçant à garder son calme « C’est de May qu’on parle. » la folle dingue qui fut parti de sa vie jadis et qui continue parfois à graviter autour de LEUR bonheur. Tout ce qui lui arrivait, elle en était la seule responsable. Son sourire se porte pourtant sur son dernier costume. « On prend celui-là. » conclut-il aussitôt, un brin impatient d’être débarrasser de sa tâche. « Très bien… » ajoute t-elle à son tour consciente qu’elle ne pourra pas lui en demander plus. « C’est moi qui te l’offre. » dit-elle s’avançant directement vers les caisses. « Tu crois que tu peux te charger de trouver les chaussures qui vont avec, ou tu veux qu’on aille ensemble pour les choisir ? » elle préférait de loin la seconde option, mais elle ne voulait pas donner l’air de tout contrôler, quand c’était déjà le cas. « Si tu veux, j’ai encore un peu le temps là… ».

« Tu sais très bien pourquoi elle le ferait… » Tu es agacé par son commentaire et ça se lit très facilement sur ton visage. Oui, si elle le ferait, tu sais bien pourquoi elle le ferait. Mais tu sais aussi qu'elle ne le fera pas. Elle n'ira pas s'humilier à ce point. Pas vrai ? « Arrête de t'en faire avec ça. Elle ne viendra pas. » que tu ajoutes, que tu insistes plutôt, voulant clairement conclure le sujet. De toute façon, qu'est-ce qu'elle veut que tu fasses de plus ? Tu ne comptes pas envoyer de carton d'invitation à ton ex. Tu ne mettras pas d'agent de sécurité à l'entrée de la salle au cas où May décide de se pointer par elle-même. Tu comprends pas trop pourquoi elle insiste autant Camille. Elle s'en fait pour rien. Même si ça l'arriverait, ce n'est pas la fin du monde. Et bien sûr, elle remet votre dernière altercation sur le tapis. « Chéri… C’est de May qu’on parle. » Tu souffles un coup. Comment est-ce qu'elle peut aller sur ce terrain glissant ? Tu n'aimes pas le ton qu'elle emploi pour parler de cette femme qui a partagé plusieurs années de ta vie. « Justement. Tu parles de la mère de ma fille. Fais attention à ce que tu dis. » Ah, toujours là pour prendre la défense de May auprès de Camille, mais également pour prendre celle de Camille auprès de May. Tu n'aimes pas quand elles se laissent aller dans les coups bas, quand elles semblent vouloir prouver à l'autre qu'elle vaut mieux. Aucune des deux ne vaut mieux que l'autre. Elles sont différentes, voilà tout.

Tu apprécies toutefois le fait que le sujet tourne sur le costume. C'est pour ça que vous êtes là, non ? Pas pour un règlement de compte par rapport à ton ex. « Très bien… C’est moi qui te l’offre. » Et tu apprécies également qu'elle n'insiste pas pour te faire essayer le dernier habit qu'elle avait mis dans ta pile pour essayer. Tu sais qu'elle aurait voulu que tu l'essaies. Mais la tournure des évènements te donne simplement envie de te tirer d'ici le plus rapidement possible. Tu retournes dans la cabine pour enfiler de nouveau tes propres fringues, qui sont beaucoup plus confortables. Le vendeur prend l'habit pour l'amener à la caisse.  « Tu crois que tu peux te charger de trouver les chaussures qui vont avec, ou tu veux qu’on aille ensemble pour les choisir ? Si tu veux, j’ai encore un peu le temps là… » « Non, je reviendrais une autre fois. » Même pour les chaussures elle ne te fait pas confiance pour les choisir ? Ce ne sont que des chaussures. Personne ne va les regarder. Tu pourrais y aller en espadrille que personne ne remarquerait ton manque de chic. Enfin, personne sauf Camille.

Tu te diriges vers le caisse les mains dans les poches accompagné de Camille là où elle paie le costume comme elle venait de te le dire. T'es sauvé par le gong lorsque ton portable se met à sonner; le boulot. Parfait. Tu te mets légèrement en retrait pour répondre. Rien de très grave. Rien qui ne nécessite vraiment que tu te déplaces. Tu pourrais juste lui expliquer quoi faire par téléphone et ce serait réglé. C'est ce qu'il s'attend d'ailleurs ton collègue. Il ne s'attend pas à ce que tu lui dise; « Non, non, j'arrive. Je suis pas loin. » Tu raccroches avant qu'il n'insiste sur le fait que ton déplacement n'est pas nécessaire. Tu le sais, mais t'en a besoin, c'est tout. « J'dois filer. » que tu annonces à Camille lorsqu'elle s'approche de toi. « J'serais rentré dans une heure ou deux. » que tu ajoutes en venant poser délicatement un baiser sur son front.