run the awful
witch is coming

@isaac jensen

***
Dimanche et un grand soleil rayonnant, les conditions idéales pour profiter de l’arrivée du printemps et aller faire des courses alimentaires. Maddy a pris ses petites habitudes depuis qu’elle est installée dans le quartier résidentiel de Toowong et l’un de son endroit favori est sans contesté le marché couvert de west end markets.

Maddy profite de ce jour de repos pour refaire les provisions chez elle quand elle n’est pas occupée à tourner une scène de son nouveau film ou bien à faire la guerre à son agent, car oui Sergio s’est amusé à lancer des rumeurs sur le dos de son talent. Le dernier potin du moment ? La pseudo nouvelle idylle entre Maddy et sa co-star, si vous suivez l’actualité people du moment, vous n’êtes pas passé à côté de cette rumeur. Maddy est assez remontée contre son agent de ne pas l’avoir concertée avant de balancer ce scoop complètement faux à son sujet aux requins. Remettre un pied dans le monde du cinéma n’est pas sans risque mais elle a naïvement pensé que son agent avait changé. Mais non, Sergio est resté fidèle à lui-même et il manque cruellement d’imagination au passage. Enfin, aujourd’hui est une nouvelle journée et Maddy n’allait pas accumuler d’autres petits mensonges à son sujet, n’est-ce pas ?

La jolie blonde gravite dans les allées du marché, son cabas en paille sur l’épaule et son chapeau sur la tête. Elle se faufile parmi les habitués et les quelques touristes. Comme a son habitude, elle est passée chez le poissonnier pour acheter des sardines pour Romy. Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour son adorable fille ? Ensuite, la demoiselle prend la direction du primeur pour voir quels sont les fruits et légumes de saison. Maddy essaye de faire un minimum attention à sa consommation. Devant le stand, elle admire une pyramide de melons qui sont récoltés en grande quantité en ce moment. Maddy est toujours nulle pour choisir le meilleur fruit qui s’offre à elle. Elle est plutôt douée pour faire les mauvaises pioches, surtout lorsqu’il s’agit de pactiser avec le diable, qui n’est qu’autre que Sergio. Maddy entreprend quelques tentatives. Elle sent un premier melon, puis un deuxième, elle n’est pas convaincue. Alors elle repose ce dernier pour en saisir un troisième sauf que sa main se heurte à quelqu’un. « Oh pardon. » qu’elle sort par automatisme avant d’entendre son prénom. Cette voix masculine lui est familière. Elle lève ses grands yeux bleus avant de découvrir Isaac. Un « o » se dessine avec sa bouche avant de prendre la forme d’un sourire. « Oh Isaac quelle surprise ! » Elle marque une pause avant de jeter un rapide coup d’œil au stand de fruits qui s’offre à eux. « Tu t’y connais en melon par hasard ? J’suis pas très douée pour choisir le fruit parfait. » qu’elle dit avec un petit rire. Elle est contente de le revoir, elle garde un agréable souvenir de leur dernier rendez-vous, qui s’est révélé être des retrouvailles. Elle espère que le jeune homme se porte bien depuis leur dernière rencontre.

C'est le cœur inavouablement serré que j'avais rejoint l'habitacle de mon véhicule après avoir formulé d'affectueux au revoir auprès de Penny qui s'envolait à Los Angeles afin de promouvoir la série Netflix au sein de laquelle elle endossait un des rôles principaux. C'était peut-être un peu risible, mais je m'étais sincèrement attaché à la présence de la jeune femme dans mon quotidien. Je chérissais ces instants enlacés de simplicités que nous partageons, ces matins où je me réveillais à ces côtés, ces soirs où elle me rejoignait. J'aimais arpenter les pièces de ma maisonnée où des touches de l'actrice s'installaient progressivement, des traces de son passage qui me faisaient indéniablement sourire. Je m'évertuais en retour à lui créer de plus en plus d'espace de rangement pour qu'elle y loge ses affaires, assurément satisfait qu'elle investisse de plus en plus mon domicile. Cependant, durant les prochaines semaines, il n'y aurait de nouveau plus que deux âmes qui demeureraient sous le toit du #17 Toowong : Azrael et moi.

J'étais ravi que nous nous trouvions au vingt-et-unième siècle et que malgré le décalage horaire, je conservais contact avec la Stringer. Cependant, une épineuse appréhension m'étreignait en songeant que je perdais aussi une compagnie et un soutien inébranlable pour les prochains jours. Au début du mois, j'étais intervenu sur la scène du suicide de Dan Buckley. Juliana et moi rentrions alors de Lismore et intimement, je considérais que le destin avait souhaité que notre chemine confronte, pour des raisons obscures, la tragédie qui avait mis un funèbre point final à l'histoire du sportif de haut niveau. Nous avions traité le garçon jusqu'à ce que les secours puissent prendre le relai, étions de retour d'un transport sanitaire, puis j'avais difficilement accusé le contre-coup au terme de mon service. Le suicide qu'avait orchestré l'australien répercutait douloureusement en mon être, nourrissant goulument les propres démons que je combattais inlassablement depuis des années maintenant. Je redoutais férocement perdre ce combat, je craignais m'engouffrer éhontément dans mes propres pénombres, l'image de Dan me revenant sans cesse en mémoire avec cette certitude que le jeune homme était enfin délivré de ses maux quand moi, je m'entêtais peut-être stupidement à vivre. La barrière était fine, précaire et abstraite dans mon esprit, mes idées noires tonnaient et la suppression de la présence physique de Penny rendait bien plus assassins mes états d'âme.

Rattaché à mes promesses de persévérer, je m'étais garé près du marché couvert de west end markets de sorte à y faire un tour, possiblement m'inspirer pour de prochains repas et accessoirement échanger avec mes parents ou mon frère s'ils s'y trouvaient. De plus, cet arrêt constituait une bonne diversion pour ne pas épouser la solitude qui m'attendait à mon domicile, Azrael sans doute en vadrouille à cette heure-ci. Je zigzaguais entre les différents stands puis m'arrêtais lorsque je sentais un léger coup, songeant que quelqu'un m'avait peut-être reconnu et souhaitais m'arrêter. « Oh pardon. » J'entends une jeune femme coiffée d'un chapeau m'adresser, avant qu'elle ne relève son minois vers moi et qu'elle révèle par la même occasion son identité. « Oh Isaac quelle surprise ! » « Salut Maddy ! Comment vas-tu ? » Je réponds avec un large sourire, un certain soulagement s'installant en moi par ailleurs de croiser un visage familier. « Tu t’y connais en melon par hasard ? J’suis pas très douée pour choisir le fruit parfait. » Mon regard passe de l'australienne à l'étalage. « Mh, le fruit parfait, tu mets la barre assez haute, » je présente avec un sourire joueur. « Tu as un projet de recette ? » Je questionne, intéressé. « A ce qu'on m'a appris, un bon melon est lourd et son écorce est souple, » je répète le savoir que m'avaient transmis mes parents. J'attrape un fruit qui semble correspondre à cette description et passe mes doigts dessus. « Et son pédoncule doit commencer à se détacher. » J'examine le melon puis en saisis un autre. « Je te dirais celui-ci. Ou peut-être celui-là, » je démontre les fruits avec un léger rire. « Après, on m'a aussi dit que plus le fruit est mûr, plus il est parfumé. Mais il ne faut pas qu'il soit trop parfumé, je crois, sinon il est trop sucré. Ou quelque chose du genre. » Je fronce les sourcils et émets un rictus énigmatique. Je sens les deux melons puis tends celui qui me semble meilleur à Maddy pour qu'elle puisse livrer son avis. « Qu'est-ce que tu en penses ? »

run the awful
witch is coming

@isaac jensen  

***
Le hasard semble une nouvelle fois réunir Isaac et Maddy. Quelle est la probabilité qu’ils s’arrêtent au même stand au même moment ? La chance semble être de rigueur aujourd’hui mais la naïve se prononce peut-être un peu trop vite car elle n’a pas encore pris connaissance des futurs événements. « Salut Maddy ! Comment vas-tu ? » Un sourire sincère se dessine sur le visage féminin. « Ça fait un bien fou d’avoir un jour de repos et toi ?  » Dans le planning décousu de l’actrice qui reprenait du service, il y a des périodes où elle pouvait enchainer des jours -et même des nuits- de tournage. Maddy aurait eu le temps de se reposer, mais durant son temps libre, elle se doit dorénavant de surveiller le machiavélique Gutiérrez. Les souvenirs de leur dernière entrevue rendent encore irritable la jolie blonde qui est pourtant difficile à sortir de ses gonds. Cependant, elle ne tolère guère qu’on joue de la sorte avec sa vie privée.

Habillement, la demoiselle décide d’orienter ses pensées vers un autre sujet. Elle n’a point envie d’embêter Isaac avec ses problèmes d’actrice. « Mh, le fruit parfait, tu mets la barre assez haute. Tu as un projet de recette ? » Maddy a l’air pensive, elle n’a point réfléchi à la question, mais en regardant les énormes fruits, elle se dit qu’un melon serait parfait pour assommer Sergio la prochaine fois qu’il fait un pas de travers. Cette punchline brûle les lèvres de l’actrice, mais elle se retient de la prononcer, Maddy est bien trop polie et élégante pour avoir de tels propos. Elle se contente alors de secouer négativement de la tête. « A ce qu'on m'a appris, un bon melon est lourd et son écorce est souple. Et son pédoncule doit commencer à se détacher. » Elle se met alors à écouter et observer Isaac alors qu’il prend un premier melon dans ses mains. « Je te dirais celui-ci. Ou peut-être celui-là, » Il en désigne un autre. Maddy se prend au jeu et en prend un entre ses doigts. « Il est pas mal lui aussi, non ? » qu’elle montre au maitre yoda des melons. L’élève va-t-elle dépasser le maitre ? « Après, on m'a aussi dit que plus le fruit est mûr, plus il est parfumé. Mais il ne faut pas qu'il soit trop parfumé, je crois, sinon il est trop sucré. Ou quelque chose du genre. » A son tour, elle approche ses deux narines pour sentir les notes sucrées « Qu'est-ce que tu en penses ? » Maddy a un sourire satisfait. « Je vote pour celui-ci ! » qu’elle dit d’une voix enjouée avant d’ajouter. « Tu en veux un aussi ?  » qu’elle propose prête à partir dans une nouvelle chasse au melon quand soudain Maddy entend un peu d’agitation à l’avant de la queue du stand. Intriguée, blondie arque un sourcil et glisse sa tête sur le côté pour observer ce qu’il se passe. Une blonde élancée a semé la pagaille en voulant doubler une petite mamie qui ne semble pas se laisser faire.  « Vos parents ne vous ont jamais appris la politesse ? » « Oh taisez-vous, je suis enceinte, vous ne le voyez pas ? Je passe avant les vieilles vaches comme vous. » Maddy fait les gros yeux, elle voit les deux dames pousser des jurons de plus en plus fort et n’arrive pas encore à discerner les deux visages. Maddy tourne son visage de nouveau vers Isaac, le minois exaspéré. « Les gens sont sans gêne de nos jours. » qu’elle dit sur un ton un peu plus discret avant de voir au grand jour le visage de la grande blonde. Melody. Tout s’explique. Maddy manque de laisser tomber son melon qu’elle rattrape de justesse. « Oh. Oh. » Elle se redresse et agrippe le bras d’Isaac de sa main libre. « Isaac. Je.. euh.. problème.. gros problème.. sorcière en vue.. » Maddy a toujours surnommé sa soeur de la sorte. La jolie blonde est incapable de prononcer une phrase audible tellement elle est prise de court. . « La folle enceinte là-bas..  » Ses yeux se plissent tellement la vision la trouble. « C’est ma petite sœur.  » Son regard est paniqué. Ses mots lui arrachent la gorge. « On doit partir d’ici avant qu’elle me voit. » Pas le temps de lui donner plus ample explication, Maddy a décidé d’embarquer Isaac dans sa galère.

tuto sorcière:

C'est avec un enthousiasme nuancé de soulagement que je salue Maddy, le hasard ayant convenu que nous nous retrouvâmes au même stand du marché fermier en ce jour particulier qui soulignait dans mon histoire le départ de Penny pour Los Angeles. « Ça fait un bien fou d’avoir un jour de repos et toi ? » Mon sourire se veut plus franc, ricochant sur le portrait rayonnant de la blonde, plaisir partagé. « Ça va. Tu as des journées chargées ces temps-ci ? » Je m'intéresse, ressassant que j'avais en effet remarqué que la maison de l'australienne semblait moins habitée les quelques fois où j'étais passé devant sa façade.

La Griffiths me renseigne sur son dilemme du moment et je farfouille dans mes connaissances sur les melons pour l'orienter le plus judicieusement possible. L'impression de réciter les propos de mes parents agriculteurs m'étreint et je ne peux réprimer un sourire malicieux face au constat que mon interlocutrice suit les conseils que je lui dédie pour dénicher le parfait fruit, qui ne sera pas spécialement destiné à une recette particulière selon la trentenaire. « Il est pas mal lui aussi, non ? » Je porte mes doigts sur le melon qu'elle me tend pour le tâter et opine du chef. « Oui, il m'a l'air très bien ! » J'expose un dernier renseignement qui me revient en mémoire et à l'unisson, nous voilà à renifler éhontément nos fruits. Je lui en tends un qui me semble constituer un bon choix tout en sollicitant son avis. « Je vote pour celui-ci ! » Ma voisine annonce sur un ton enjoué qui me fait doucement rire de complicité. « Tu en veux un aussi ? » Un air songeur s'invite sur mon portrait. Autant je me plaisais à m'adonner à cette mission avec Maddy qui composer irrémédiablement une excellente compagnie, autant je n'étais pas certain d'être capable de manger un melon en entier. De plus, j'étais encore moins convaincu qu'Azrael apprécie le goût de ce fruit. Néanmoins, mes doigts se prêtaient déjà au jeu de palper quelques melons, bien que mon attention soit rapidement attirée vers une altercation surgissant à quelques mètres de notre duo.

« Vos parents ne vous ont jamais appris la politesse ? » s'indigne une personne d'un certain âge. « Oh taisez-vous, je suis enceinte, vous ne le voyez pas ? Je passe avant les vieilles vaches comme vous. » proclame la future maman et je ne peux m'empêcher d'afficher un air surpris quant au vocabulaire employé. « Les gens sont sans gêne de nos jours. » commente avec raison la Griffiths et j'acquiesce. « Je ne comprends pas trop les clients pressés dans les marchés, » je confie, mettant l'hostilité de la femme sur le compte de l'impatience. Il y a tellement de marchandises que je suis persuadé qu'il y en aura pour tout le monde. J'observe Maddy rattraper de justesse le melon reposant dans ses mains et laisse échapper un léger rire tout en complimentant d'un « joli, » son tour de passe-passe avant qu'elle me laisse entendre que quelque chose cloche par son grave « Oh. Oh. » Sa main vient agripper solidement mon bras et mes yeux s'écarquillent, aussi inquiet qu'intrigué. « Isaac. Je.. euh.. problème.. gros problème.. sorcière en vue.. » Une expression d'incompréhension rapidement suivie de la surprise s'affiche sur mon minois. « La folle enceinte là-bas.. » Je me retiens de jeter un regard vers la personne que Maddy désigne du menton, soupçonnant qu'il s'agit de celle s'étant disputée avec la mamie plus tôt. « C’est ma petite sœur. » Une sorcière, je retiens le qualificatif employé. « On doit partir d’ici avant qu’elle me voit. » Je fronce les sourcils, toujours plus confus, mais mesure l'urgence de déguerpir au ton paniqué de mon amie. « Okay. Euh. On s'en va tout de suite. Par ici ? » Je propose ce qui me semble être la direction opposée d'où se tient la cadette et me positionne même de sorte à cacher Maddy du possible radar de sa sœur.

D'un pas soutenu, nous œuvrons pour nous distancer le plus possible de la femme enceinte. Nous passons assez précipitamment devant quelques stands, puis je remarque avec horreur que le chemin que nous avons emprunté mène directement à celui sur lequel évolue l'ennemie. Je jurerai reconnaître sa silhouette au ventre proéminent. Avec horreur, je croise le regard de la blonde et en réaction, j'attire Maddy contre moi dans une étreinte pour la dissimuler de sa sœur. Cependant, à l'air intrigué qui habite désormais les traits de la véhémente cliente, je crains le pire. « Alerte rouge. Je crois qu'elle nous a repérés. A quatorze heures. On fait demi-tour, viens, » j'invite en conviant mon interlocutrice à bifurquer. Je sursaute ensuite en constatant que l'indésirable se tient désormais à un mètre à peine de nous, ayant mordu les mètres nous séparant avec une vitesse remarquable. Manifestement, elle est vraiment une sorcière. « Maddy ! Sale cachottière ! » salue la blonde, avant de planter son regard inquisiteur sur ma personne, me donnant presque l'impression d'en avoir l'âme transpercée. « Qui est ce charmant jeune homme que tu refuses de me présenter, parfaite impolie ? T'as peur que je te le vole ? J'peux pas croire que ce soit ton petit copain. » Elle accuse avec un ton que j'interprète hautain, avant de rire amèrement.

run the awful
witch is coming

@isaac jensen  

***
Maddy n’a plus le temps de jouer à la petite marchande. Sa vie d’adulte -ou plutôt de famille- la ramène brutalement à la réalité. Fuir pour mieux survivre. Elle a un regard paniqué, presque suppliant, alors qu’elle fixe Isaac avec intensité. Il doit l’aider à se sauver de cette situation, par n’importe quel moyen. « Okay. Euh. On s'en va tout de suite. Par ici ? » En bon chevalier servant, il prend les rênes et propose à Maddy d’aller à l’opposé de la maudite sorcière. D’un pas dynamique, ils se faufilent parmi tout ce monde. Blondie a le regard baissé, elle ne veut pas voir ce qu’il se passe autour d’elle. Peut-être qu’elle aurait dû regarder où ils marchaient. Elle sent le bras d’Isaac la tirer et la cacher. Ce bouclier humain ne fait aucun effet face aux pouvoirs de sorcière Melody. Elle arrive avec son gros ventre, son souriant rayonnant mais faux sur le visage. « Alerte rouge. Je crois qu'elle nous a repérés. A quatorze heures. On fait demi-tour, viens, » Ils tournent mais c’est un cuisant échec. La femme enceinte est devant eux. « Trop tard. » qu’elle souffle le plus bas possible entre ses lèvres. Elle n’en veut pas à Isaac. Il a fait de son possible. Ce n’est pas sa faute après tout. Elle aurait dû choisir un autre jour pour faire ses courses. « Maddy ! Sale cachottière ! » Laissez-moi mourir. Le souhait de mourir aurait été exaucé sans souci dans l’univers parallèle du Slasher, mais malheureusement pour elle, elle vit dans le monde des vivants. Un monde plus réel, plus dur et plud impitoyable, surtout quand on croise une sorcière sur la route. « Qui est ce charmant jeune homme que tu refuses de me présenter, parfaite impolie ? T'as peur que je te le vole ? J'peux pas croire que ce soit ton petit copain. » Les mots de sa cadette bourdonnent dans ses oreilles. Sa voix  « Si. » Qu’est-ce que tu racontes Maddy bon sang ? Elle n’est même pas convaincue par ses propres mots. « Euh. » Elle regarde Isaac, puis Melody, encore Isaac et enfin ses pieds. Maddy reprend un peu d’assurance. Elle regrette de ne pas voir eu le temps d’acheter ses melons, cela aurait pu servir comme diversion. Sa tête se relève et elle fixe sa cadette. Elle s’éclaircie la gorge. Un, deux, trois, action. « Ce n’est pas possible comme tu es impatiente et curieuse. » Elle marque une pause, prend un peu plus de confiance en elle. Allez Maddy trouve une idée, un plan crédible. « Et toi tu te planques, on ne voit plus chez maman et papa ces derniers temps. » Un soupire agacé s’échappe d’entre les lèvres de l’australienne. Elle n’a pas envie de recevoir une leçon de la part de sa cadette. « Si tu avais attendu quelques semaines. » Elle essaye de calmer sa respiration. « Je vous aurais présenté Isaac. » Elle s’enfonce dans son mensonge la malheureuse, elle entraine son ami dans sa chute, alors qu’il n’a rien demandé. Pourtant, elle arrive à se rattraper de justesse en restant dans le flou de la nature de la relation entre le Jensen et la Griffiths.  « Ah bon ? C’est vrai ça ? » Melody se passe une main provocatrice dans sa longue chevelure dorée. Elle scanne Isaac de haut en bas. Maddy resserre son bras autour de celui de son compagnon. Elle s’en veut terriblement de l’intérieur. Elle espère que le jeune homme ne lui en voudra pas trop. « Alors Isaac comment tu as rencontré ma charmante sœur ? C’est un miracle que tu sois tombé sur elle, elle qui passe ton temps enfermée chez elle avec son chat. » « Melody… » Elle plisse des yeux. Elle recommence, encore et éternellement. « Tais-toi Maddy parfaite. Je parle à Isaac. »

Malgré une course qui se voulait aussi habile qu'effrénée dont l'objectif ultime était de fuir la sœur de Maddy, celle-ci déploie ses pouvoirs insolites pour vous bloquer le chemin. Ton souffle se coupe, tu peines à saisir le possible de cette confrontation que vous aviez pourtant tentée ardemment de fuir en empruntant les différents dédales du marché et en utilisant les étals et clients pour vous dissimuler. Tu es déçu de faillir à ta mission et une pointe de culpabilité vient percer ton cœur en lisant sur le portrait de ton amie un désarroi profond.

Faire connaissance de la future maman semble rimer à être métamorphosé en miroir. Tu juges assez culoté de la part de la blonde de considérer sa sœur de malpolie lorsqu'elle a été plus tôt odieuse avec une personne d'un certain âge quelques minutes plus tôt. La jeune femme tire à sortilèges réels, généreusement dosés de reproches, d'égocentrisme et d'insultes. Tu n'es pas le destinataire des répliques et insinuations acerbes de l'australienne, mais Dieu que l'estime que tu lui voues sombre déjà vers le négatif. Comment peut-on traiter avec si peu de considération et de respect un de ses proches ?

« Si, » formule la Griffiths lorsque Melody relate qu'elle ne peut pas croire que tu formes un couple avec le membre de sa fratrie. Le son provenant des lippes de l'actrice-illustratrice est si bref, en découle si fluidement, que tu n'es pas certain d'avoir bien assimilé cette affirmation. Tu portes un regard légèrement interrogatif sur ton acolyte de choix de melons : peut-être que le tumulte du marché te fait imaginer des paroles ? Maddy aurait-elle simplement éternué ? « Euh. » La jeune femme hésite, son regard virevolte entre ton minois à deux reprises, celui enflé de la sorcière, puis ses pieds joliment chaussés. Le temps d'une seconde, tu nages pour ta part en confusion, unique chose que tu espères partager avec la parturiente. « Ce n’est pas possible comme tu es impatiente et curieuse. » Un point pour Maddy, tu esquisses un rictus satisfait puisque ces paroles n'étaient pas volées. « Et toi tu te planques, on ne voit plus chez maman et papa ces derniers temps. » « Si tu avais attendu quelques semaines. Je vous aurais présenté Isaac. » Donc te voilà bien attribué le rôle de petit copain. « Ah bon ? C’est vrai ça ? » Tu te fais scruter sans vergogne, tu soupçonnes que les ondes d'un scanner auraient détenu un effet plus agréable sur ton organisme. « Alors Isaac comment tu as rencontré ma charmante sœur ? C’est un miracle que tu sois tombé sur elle, elle qui passe son temps enfermée chez elle avec son chat. » « Melody… » « Tais-toi Maddy parfaite. Je parle à Isaac. » Le silence est désormais de mort au sein du trio atypique que vous formez. Tu inspires profondément, il est temps de montrer ce que tu sais faire en improvisation. Une chose est certaine : tu ne voulais pas que Maddy pâtisse davantage du caractère de sa sœur, objectif que tu tentes de lui transmettre en saisissant doucement sa main de la tienne. « Eh bien en fait, c'est assez comique que tu évoques Romy, puisque c'est grâce à elle que nous nous sommes rencontrés. Elle fréquente Azrael, mon chat. Et finalement, tels maîtres tels chats, j'imagine. On a aussi de suite accroché, Maddy et moi. Ta sœur est vraiment quelqu'un de remarquable, tu as de quoi en être très fière. » Tu valorises avec un large sourire. « C'est vrai qu'on a été beaucoup occupés ces derniers temps ; depuis le début de notre relation, en fait. On n'a pas vu le temps passer tous les deux, si bien que je n'ai pas non plus présenté Maddy à ma famille. Mais je ne t'apprends rien, tu dois savoir ce que c'est, le petit nuage sur lequel on se trouve au début des relations et ce cocon qu'on forme avec l'être aimé. Toutes mes félicitations, d'ailleurs. » Tu ajoutes en posant tes pupilles sur le ventre proéminent de Melody. « D'ailleurs, est-ce que le papa t'accompagne aussi pour les commissions ? Ou tu te rends au marché pour faire un break ? » Tu ajoutes innocemment, exhibant presque le fait que votre faux couple faisait ses courses ensemble, contrairement au sien. Tu ne pensais pas être quelqu'un de méchant - et espérais ne pas l'être -, mais tu n'appréciais vraiment pas comment Melody traitait Maddy, ce qui rendait tes paroles plus sévères qu'à l'accoutumée.

run the awful
witch is coming

@isaac jensen  

***
Sorcière Melody tisse sournoisement une à une ses toiles d’araignées. Chacune de ses paroles ou questions respirent la méfiance. Maddy se sent toute petite face au mensonge qu’elle a materialisé à voix haute. Comment va-t-elle se démêler de tout cela ? Elle a une chance sur deux qu’Isaac rentre dans son jeu. Elle pourrait parfaitement comprendre qu’il soit réfractaire à ce mensonge. Maddy ne connait pas personnellement la vie de l’infirmier, ils ont tous juste eu le temps de se retrouver autour d’un rendez-vous. Maddy regrette ses mots, elle est sur le point de parler de nouveau, trouver une autre alternative aussi bancale soit-elle, mais Isaac prend les devants à sa plus grande surprise. Il saisit la main de la Griffiths dans la sienne. Un geste inconnu, presque étrange entre eux, mais pourtant, tellement réconfortant. Allez Maddy, ce n’est pas la première fois qu’on t’invente des romances imaginaires. La différence aujourd’hui, c’est qu’elle en est l’origine, mais surtout la maitresse de ses actes. Elle a le pouvoir de contrôler ce mélange de faux-semblants et elle semble avoir trouver un allié dans cette improvisation : Isaac. Ce n’est qu’un rôle, qui ne durera pas trop longtemps, elle l’espère. Ce n’est pas le premier que l’actrice interprète, elle espère que cette mise en scène sera convaincre les yeux de la sorcière. Elle tient la main du jeune homme, alors que ce dernier se met à raconter la plus étonnante mais attendrissante des rencontres. Intérieurement, elle remercie Azrael et Romy leurs chats respectifs de rendre cette histoire plus crédible et adorable. Au fur et à mesure des paroles masculines, Isaac complimente Maddy d’une voix sincère. Elle sent même le rouge lui monter aux joues, réellement touchée par les propos masculins. Elle ne chasse pas ses rougeurs pour autant, cela rend plus réel le fait qu’Isaac et Maddy soit un vrai couple, un jeune couple papillonnant dans l’effusion des débuts. Malin, le grand brun oriente même la conversation sur la grossesse de Melody. « D'ailleurs, est-ce que le papa t'accompagne aussi pour les commissions ? Ou tu te rends au marché pour faire un break ? » La sorcière reste sans mot quelques brefs instants avant de reprendre ses esprits, cependant Maddy la devance. « Oui comment va-t-il ? Je suis étonnée que vous ne soyez pas ensemble. C’est important d’avoir un partenaire attentif et prévenant, surtout dans cette période. » Avec un regard amoureux, elle tourne sa tête vers Isaac, donnant l’illusion d’un couple parfait. « Isaac est vraiment attentionné, je suis heureuse de l’avoir rencontré. » Elle dirige de nouveau son regard vers sa cadette qui finit par répondre piquée par sa mauvaise foi. « Tu es vraiment naïve Maddy parfaite. Tu crois que les couples perdurent comme dans tes films ? Regarde ton ex, j’ai oublié son nom à ce débile, il n’a même pas été fichu de rester. J’espère que ton nouveau mec sera plus aimable et acceptera docilement mon invitation. » Maddy plisse les yeux, elle n'est pas possible. Elle va vraiment finir par inviter le pauvre Isaac à un repas de famille. Il va se retrouver au milieu de cette famille de fou. Il va insister à un combat de sorciers, pardon sorcières. En plus d’être fouineuse, elle est méchante. La main de blondie s’est serrée dans celle d’Isaac à la mention de son ex-compagnon. Un sujet encore sensible pour la jeune femme. « Melody, adopte un autre langage s’il te plait. N’enseigne pas déjà les mauvaises manières à ton futur enfant. » C’est petit, ce n’est clairement pas le genre de Maddy. Mais Melody a touché dans le point faible de son ainée, faisant ressortir une part d'ombre de la Griffiths. Une part qu'elle essaye de cacher aux autres. Cependant, elle l’a cherché, l’actrice perd patience, alors qu’elle est naturellement posée. Retiens-moi Isaac, ou je risque de pousser la femme enceinte. Elle va rouler comme les melons.

Tout se déploie sous mes yeux à une vitesse étourdissante : Maddy qui me prie de ne pas être confrontée à sa sœur, notre course frisant l'effréné pour éviter cette dernière, stoppée violemment sous le couperet d'un échec cuisant de se retrouver nez à nez avec celle qui est qualifiée de sorcière. Les répliques sont acerbes, la future mère tire à balles réelles. Je sens mon amie se décontenancer à mes côtés et en ultime attaque, tel un sortilège de protection contre un mauvais sort, un mensonge qui me lie d'une manière particulière à sa personne est formulé. Je tente de gommer de mon portrait toutes traces de confusion et de surprise, bientôt soumis à l'œil inquisiteur de Melody qui m'inspecte éhontément. Ma main prend délicatement celle de ma voisine, lui témoignant par ce geste que je m'allie à elle. Compte tenu de l'attitude que porte la cadette à l'attention de l'actrice et comment celle que j'ai retrouvée par hasard l'encaisse, je ne saurais faire autrement. Je veux défendre Maddy, je désires ardemment l'épauler.

En premier lieu, après avoir relaté une rencontre provoquée par nos animaux de compagnie et complimenté Maddy ainsi qu'installé les bases d'une relation nouvelle mais heureuse, je tente de renverser la sauce en concentrant l'attention sur le fait que la benjamine Griffiths semble seule au marché. Il me semble avoir touché une corde sensible car je me heurte à un satisfaisant mutisme, au sein duquel Maddy se faufile pour rétorquer au membre de sa fratrie. Le regard amoureux qu'elle m'adresse me déstabilise de réalisme : clairement, il me faudra être très précautionneux pour assurer ce rôle de petit ami à l'improviste, moi qui compose initialement un bien piètre comédien. Mais je demeure déterminé à assumer cette mission, et mes doigts s'entremêlent plus solidement à ceux de la Griffiths.

« Tu es vraiment naïve Maddy parfaite. Tu crois que les couples perdurent comme dans tes films ? Regarde ton ex, j’ai oublié son nom à ce débile, il n’a même pas été fichu de rester. J’espère que ton nouveau mec sera plus aimable et acceptera docilement mon invitation. » Melody jette son venin renouvelé, ignorant totalement mes questions. Un rictus vient creuser ma joue. J'ai senti la poigne de Maddy contre ma main alors que son ex-compagnon est exposé de la sorte et je devine que la dernière relation romantique de mon amie ne la laisse pas indifférente. Compatissant, je tente de l'apaiser en passant mon pouce sur le dos de sa main, tout en m'inquiétant de la nature de l'invitation à laquelle Melody fait référence, sans être plus claire toutefois et en insinuant presque que je n'étais qu'un chien qui lui obéirait sagement - en plus d'un potentiel devin. Je redoute une sournoiserie de sa part, un traquenard en pleine installation. « Melody, adopte un autre langage s’il te plait. N’enseigne pas déjà les mauvaises manières à ton futur enfant, » fait Melody et la fierté de l'entendre se défendre se lit sur mon portrait, bien que je palpe une perte de patience chez la trentenaire. « Et ce sont déjà des vraies éponges, à ce stade, » j'enchéris, avant de reprendre : « Il ne faut pas être pessimiste et je pense sincèrement que les films s'inspirent de la réalité. Tous les couples ne sont certes pas faits pour durer, mais il y en a qui sont pour la vie. Et souvent, quand tu as trouvé ta moitié, tu le ressens dès les premières semaines. » Je présente avec un sourire tendre, lorgnant vers la Griffiths avec complicité. « Puis il ne faut pas oublier que certaines relations sont faites que pour être passagères pour qu'on puisse s'épanouir dans une autre. » Je poursuis, intimement convaincu que l'on tirait des enseignements de nos histoires passées, comme des épreuves de la vie nous offrent également des armes et des outils pour la suite de notre histoire. « Je te souhaite pour toi et ton enfant que ta relation avec le père vous rendra heureux, » je soumets en baissant les yeux sur le ventre proéminent de la blonde, ressentant tout de même une appréhension vis-à-vis de cette progéniture. « Pour notre part, je suis désolé de couper un peu court, mais Maddy et moi sommes invités et il faudrait vraiment qu'on y aille si on ne veut pas se rendre chez nos hôtes les mains libres. Ce fut un plaisir de te rencontrer, Melody. » Je reporte mon attention sur le portrait de la blonde, en attente d'un aval pour s'extirper de cette conversation épineuse. « Tu es prête, chérie ? »

run the awful
witch is coming

@isaac jensen  

***
Dans une dimension parallèle, Isaac et Maddy auraient été deux apprentis sorcières extrêmement doués. Sans avoir préparé le moindre plan contre les mauvais sorts de la Sorcière, le duo forme une bonne équipe pour les éviter. Aux yeux de Melody, ils essayent d’adopter le comportement le plus naturel possible, donnant l’illusion d’un jeune couple aimant. Maddy en vient même à être réellement touchée par le soutien et les paroles de son ami, elle qui l’a maladroitement embarqué dans ce mensonge.

Maddy commence à être agacée par les paroles de sa cadette. C’est là qu’Isaac vient à la rescousse -une nouvelle fois- et trouve les bons sortilèges pour contredire la Sorcière. Sur le moment, Maddy remercie intérieurement les connaissances de l’infirmier en termes de grossesse car la Griffiths n’est pas très renseignée sur la question, faute d’avoir pu tomber enceinte. Par la suite, Isaac trouve les sages paroles pour fuir une bonne fois pour toute la Sorcière. Isaac passe d’apprenti sorcier au grand sage Merlin l’Enchanteur. Il invente la parfaite excuse, racontant qu’ils sont attendus ailleurs. Maddy appuie les propos masculins en agitant la tête de haut en bas. Par pitié, elle veut se défaire de cette situation qu’elle a créé. Malgré cette confrontation, l’infirmier a toujours un mot gentil et souhaite du bonheur à sa sœur cadette. Maddy ne répond rien, elle a eu sa dose de Melody pour la journée. Blondie se reconnecte à la réalité lors que son « faux » amoureux lui demande d’une voix douce. « Tu es prête, chérie ? » Elle tourne son regard vers Isaac avec un sourire, même si de l’intérieur, elle se sent terriblement confuse. « Tu as raison chéri, allons-y on ne doit pas être en retard et surtout, on doit terminer nos courses. » L’actrice adresse un dernier regard à la femme enceinte et prononce d’une voix calme et dénudée d'émotion. « Au revoir Melody. » Habituellement, elle aurait rajouté quelques formules de politesse, mais aujourd’hui, elle n’a ni l’envie, et ni l’énergie. Elle reprend le bras d’Isaac, comme un parfait petit couple et s’éloigne un maximum de la maudite sorcière.

Isaac et Maddy sont sur le parking extérieur du marché. Après avoir vérifier une dernière fois derrière eux, elle lâche la main de son ami et pose son sac de courses au sol. Elle se passe une main dans les cheveux et expire un bon coup. « Je suis désolée Isaac. » Ses yeux bleutés se relèvent en direction de l’homme. « Désolée de t’avoir entrainer dans cette histoire sans te demander ton accord au préalable. »Pas besoin d’expliquer les raisons qui ont poussées Maddy à agir dans la précipitation. Cela se lit sur son visage. Maddy n’a pas envie de devenir comme son agent Sergio. Pourtant ce qu’elle a provoqué aujourd’hui s’y apparente fortement. « Merci d’avoir joué le jeu. » Elle ne peut pas rêver meilleur partenaire pour incarner le rôle de son petit ami imaginaire. « J’espère que je ne t’ai pas mis dans une situation trop embarrassante. » Car oui, elle n’est pas la seule dans l’histoire, il y a aussi Isaac et elle espère ne pas avoir trop perturbé son quotidien.

Je m'étais rendu au marché dans l'espoir de me changer les idées et d'apaiser mon cœur suite aux au revoir que j'avais dû formuler à ma petite amie. Rien ne m'avait laissé présager que cette escapade aurait conduit à une rencontre inopinée avec pas seulement une Griffiths, mais bien deux. La surprise m'étreignait encore de constater à quel point les deux sœurs étaient liées par une relation d'apparence conflictuelle. Étant l'aîné d'une fratrie de quatre enfants, j'avais également mon lot de différends avec mes cadets, toutefois, jamais nous ne nous étions permis de s'adresser à l'autre de manière irrespectueuse. Je compatissais sincèrement avec Maddy, que j'avais cru voir désolée et confuse par l'intervention parfois cruelle de la femme enceinte, qui méritait manifestement son appellation de sorcière. C'est ainsi que spontanément, je m'étais prêté à la mascarade installée en ce qui me paraissait être un désespoir de cause. Le malaise qui tiraillait sournoisement Maddy ne m'avait assurément pas laissé indifférent, me plongeant également au cœur de mes propres démons, et spontanément, je voulais prêter main forte à mon amie récemment retrouvée. Je souhaitais lui épargner une conversation cuisante, à défaut d'avoir su éviter cette confrontation.

Dès que l'occasion se présentait, je saisissais une porte de sortie pour saluer Melody. La jeune femme ne nous retint pas à mon plus grand ravissement et poursuivant notre comédie, Maddy et moi ne cessions pas de nous tenir la main jusqu'à ce que nous rejoignîmes le parking du marché. Un soupir de soulagement fila entre mes lèvres lorsque nous arrivions au niveau de l'habitacle de nos voitures, garées peu loin l'une de l'autre, et j'adressais un sourire amical à l'illustratrice après qu'elle eût posé son sac de courses, soufflé un bon coup et mis de l'ordre à ses cheveux. « Je suis désolée Isaac. » Je m'adossais à la carrosserie d'une voiture, portant mon attention sur le portrait de la trentenaire. « Désolée de t’avoir entrainé dans cette histoire sans te demander ton accord au préalable. » Je hochais la tête en signe de dénégation, soupçonnant que ce mensonge n'était pas prémédité, mais plutôt un moyen de se défendre. « Ne t'en fais pas. Je pense que même toi tu ne l'avais pas prévu, non ? » Je questionnais avec un rictus complice. « Merci d’avoir joué le jeu. » J'acquiesçais, comme pour lui assurer par ce geste que était naturel, compte tenu de notre amitié. « J’espère que je ne t’ai pas mis dans une situation trop embarrassante. » « Non. J'espère que ta sœur a avalé ma prestation, je suis loin d'être un bon comédien. J'ai fait de mon mieux. » Je présente, les traits dans une expression mitigée entre la désolation et l'excuse. « Ca n'a pas l'air facile, entre vous deux, » je remarque à demi-mot, ne désirant toutefois pas m'immiscer sur un sujet qui déplairait à la Griffiths. Je me ressassais notamment cette pique à l'impact certain que Melody avait jeté concernant l'ex de Maddy. « Si j'ai pu t'aider, ça m'a fait plaisir, » j'ajoute avec franchise. Je marque une pause, exposant la femme qui m'avait beaucoup aidé, en pensée, dans ma prestation de ce jour : « Par contre, je préfère te prévenir, j'ai une petite amie. » L'air qui s'installe sur mon portrait est éloquent de l'affection entière que je lui voue. « Mais je suis sûr qu'elle comprendra. » Je ne souhaitais pas cacher ce numéro particulier à la Stringer, adoptant une conduite toujours honnête avec l'australienne. De plus, considérant le climat bienveillant et de confiance de notre relation, je ne doutais pas qu'elle ne prenne pas mal, avec les bonnes explications, l'anecdote de ce jour. « Ca va aller ? » Je demande, attentionné, mes yeux s'attardant sur le céruléen de ceux de mon interlocutrice. « Si tu veux, je te propose de te payer un verre, question de mettre cette rencontre derrière nous, » j'invitais avec un sourire.

run the awful
witch is coming

@isaac jensen  

***
Doucement l’actrice reprend ses esprits ainsi que sa respiration. Elle ne pensait pas avoir recours à ses compétences de comédienne même un jour de off. Et dans son incroyable et maladroit mensonge, elle a trouvé un précieux allié. Elle n'avait pas imaginé que son amitié avait Isaac était aussi forte, malgré les quelques années d’absence... Mais ce qui vient de se produire aujourd’hui, montre que les deux amis ont tissé des liens importants. Pourtant Maddy ne veut pas ruiner cette jolie amitié à cause de quelques mensonges. Alors qu’elle dépose son sac de courses au sol, elle n’a pas même eu le temps de les finir, mais pour rien au monde elle ne veut recroiser la Sorcière, elle se confond en excuses. Elle se sent sincèrement navrée d’avoir embarquer son ami dans sa querelle entre sœurs. Car oui, la mésentente des sœurs Griffiths s’est installée avec le temps. C’est le résultat d’une éducation où les parents ont été absents, laissant les gouvernantes faire leur travail. Les seuls moments privilégiés en famille, ont été des repas où les parents comparaient les filles entre elles, les poussant dans une compétition malsaine. Maddy s’est renfermée sur elle-même tandis que Melody s’est montrée piquante. Ce n’est pas pour rien que l’ainée ait décidé d’étudier aussi loin de sa famille, elle s’est envolée vers New-York où elle a connu ses plus belles années et aussi ses plus belles rencontres. Pourtant son retour aux origines, il y a quelques années de cela, a eu son lot d’avantages et d’inconvénients. Le plus délicat a été la reprise d’une routine familiale. Les repas dominicaux que l’actrice prend soin d’éviter depuis que sa sœur est enceinte. Maddy remercie son actuel tournage pour rendre ses excuses plus crédibles. Mais ce petit manège ne va pas durer bien longtemps en la présence de la Sorcière, à qui Maddy vient d’offrir sur un plateau en argent, un tout nouvel argument pour l’embêter. Un petit copain, ou plutôt un faux petit copain sous les traits du bel Isaac.

« Ne t'en fais pas. Je pense que même toi tu ne l'avais pas prévu, non ? » Elle fait un petit non de la tête, elle est encore confuse des récents événements. Maddy s’assure de ne pas avoir mis Isaac dans une situation inconfortable, et malgré le mensonge de l’australienne, il trouve toujours un mot gentil. « Non. J'espère que ta sœur a avalé ma prestation, je suis loin d'être un bon comédien. J'ai fait de mon mieux. » « Tu as été parfait, vraiment. » qu’elle tient à le rassurer. « Merci pour ton soutien, tes paroles m’ont réellement touchées. » Ils se sont tous les deux connus dans une période délicate de leurs vies respectives. Les souvenirs douloureux de l’hôpital sont restés dans leurs esprits, pourtant ils ont gardé le positif et ont construit les bases d’une solide amitié. « Ca n'a pas l'air facile, entre vous deux, » Elle hausse les épaules, ne voulant l’ennuyer davantage avec ses histoires de famille. « C’est devenu une vieille habitude entre nous à force. » Les traits de son visage s’affaissent, sa voix est tintée de tristesse. La Griffiths aurait préféré naître dans une famille plus aimante et soudée. C’est peut-être l’une des raisons qui la poussent désespérément à fonder sa propre famille. Pourtant l’univers lui rappelle constamment quel est son nom, et qui est son sang. Madeline Griffiths ne peut pas disparaitre comme ça du jour au lendemain. Il y aura toujours quelqu’un pour lui rappeler qui elle est. Mais savent-ils réellement qui elle est ? C’est l’un des plus grands combats de la Griffiths. D’abord contre sa famille, ensuite contre son agent. La poignée d’amis qui connaissent véritablement Madeline se compte sur les doigts d’une main. « Si j'ai pu t'aider, ça m'a fait plaisir, » Isaac est vraiment l’homme parfait décidément. « Par contre, je préfère te prévenir, j'ai une petite amie. » La bouche de Maddy a une petite expression de surprise. Soudainement, elle sent l’angoisse s’emparer de son être. Pas parce qu’elle s’imagine une histoire avec Isaac, loin de là, mais elle ne veut surtout pas créer d’histoire dans le couple de son ami. Maddy est allergique aux conflits, voilà pourquoi elle n’a jamais essayé d’arranger les choses avec sa propre sœur. On pouvait retrouver le même type de problématique si l’on s’attarde de plus près à la relation que Maddy entretient avec son agent. Ils ne s’entendent plus depuis des années et au lieu de se secouer en faisant bouger les choses, Maddy fuit. Elle ne pourra pas fuir éternellement. Un jour, elle sera obligée de se confronter au mur des vérités. « Mais je suis sûr qu'elle comprendra. » Maddy se passe la main sur le front, il est brulant. « Olala. Isaac je suis tellement navrée. » Elle se confond en excuses, encore et toujours. « Je vais régler ce malentendu avec ma sœur. Je n’ai pas à t’entrainer dans nos histoires. » Tant pis, ce ne sera pas la première fois que Maddy fera face aux foudres de la sorcière. Son amitié avec Isaac est plus importante et elle souhaite vraiment préserver un équilibre sain entre eux. Cependant, la Griffiths est loin de se douter des manigances qui se préparent en off. Notamment un fameux repas de famille. « Ca va aller ? » Maddy croise le regard attentionné de l’infirmier. Elle a un mince sourire aux lèvres. « Ça ira mieux demain. » qu’elle se dit comme pour se convaincre. « Si tu veux, je te propose de te payer un verre, question de mettre cette rencontre derrière nous. » Le sourire du brun est communicatif. Maddy remet son sac sur son épaule. « Je te suis, c’est une bonne idée. » Ils ont besoin d’un remontant après toutes ces aventures contre la Sorcière la plus célèbre de Brisbane. « Promis, j’arrête de te présenter comme mon petit ami. » qu’elle ajoute sur le ton de l’humour, alors qu’ils prennent la direction d’un petit café, bien à l’écart du marché couvert de Toowong et de la Sorcière.

Dans le prolongement d'une suite d'événements que je qualifierais des plus saugrenus, Maddy et moi cessions notre tout récent rôle de couple à l'abris du regard inquisiteur de la sœur Griffiths. Je m'appuie doucement à la carrosserie d'une voiture tandis que mon interlocutrice pose son sac de courses et se confond en excuses. Bien que je ne dispose pas de la prétention d'avoir connaissance de ce qui se trame dans l'esprit de mon amie, je compatis avec sa réaction et esquisse, muni des tons de mes propres expériences, les motifs ayant pu pousser la trentenaire à réagir ainsi face à l'adversité qu'imposait l'intransigeante Melody. Lorsque l'illustratrice me confirme que son mensonge n'était absolument pas prémédité, je suis conforté dans l'opinion que je me fais des circonstances particulières qui nous ont happés précédemment. Naturellement, je prie à Maddy de ne pas s'en faire et lui assure ne pas avoir été embarrassé par ce cinéma improvisé, tout en espérant que ma performance eût été assez crédible pour ne pas réduire à néant la stratégie de mon acolyte. Malgré tout, je ne souhaitais pas lui apporter plus de problèmes malgré mes bonnes intentions.

« Tu as été parfait, vraiment, » me rassure Maddy et je souris doucement. « Merci pour ton soutien, tes paroles m’ont réellement touchées. » Mon rictus s'élargit et je hausse les épaules, nonchalant. « C'est normal et ce n'était pas compliqué, j'ai simplement dit ce que je pensais. » Mon regard vagabonde de la silhouette de mon interlocutrice au cabas, avant que ma curiosité ne puisse se retenir de formuler mon constat que la relation entre les sœurs Griffiths paraissait plutôt ardue. « Ca n'a pas l'air facile, entre vous deux. » C'est au tour de la blonde de hausser les épaules. « C’est devenu une vieille habitude entre nous à force. » Mes traits marquent la sympathie que je lui adresse, bien conscient de la tristesse qui s'immisce désormais dans le regard azuré de l'australienne. Armé de la volonté de l'épauler, je lui garantis mon soutien quoi qu'il en soit, bien que la préviens également être en couple - je soupçonne par ailleurs que l'amour que je porte envers Penny a composé ma source première de crédibilité au cœur de la mascarade offerte à la future maman. Une expression de surprise puis de crainte vient épouser le minois de Maddy et alors que les secondes défilent, je ressens le besoin de la rassurer en confiant que je ne doute pas de la compréhension de ma petite amie quant au manège du jour. Avec des explications sincères, j'étais convaincu que Penny comprendrait. « Olala. Isaac je suis tellement navrée. Je vais régler ce malentendu avec ma sœur. Je n’ai pas à t’entrainer dans nos histoires. » « Ne t'inquiètes pas. Si je ne voulais pas t'aider, j'aurais battu en retraite. Je maintiens ce que j'ai dit : si je peux t'aider, ça me fait plaisir. » J'affirme. Je n'étais pas friand de poursuivre ce double jeu indéfiniment, mais je ne souhaitais pas non plus que Maddy paie un prix amer quant à ce mensonge auquel je m'étais associé volontairement. Puis, de mon point de vue, rien ne pressait en soit. Soucieux, je demande à Maddy si ça ira, ce à quoi elle me répond faiblement : « Ça ira mieux demain. » Je lui souris doucement et pose ma main amicalement sur son épaule, avant de lui proposer un verre en guise de remontant suite à cette mésaventure. « Je te suis, c’est une bonne idée. » La satisfaction se lit désormais sur mon portrait. « Promis, j’arrête de te présenter comme mon petit ami. » J'émets un léger rire puis annonce sur un ton enthousiaste, bien déterminé à mettre cette comédie singulière derrière nous pour l'instant : « C'est parti. »