Me confier à cette jeune inconnue était sans doute réellement ce qu'il me fallait en ce moment. En sortant de l'église, je suis persuadé de ne plus jamais la revoir. Brisbane est une grande ville et je ne pense pas que nous habitons dans le même quartier. Mais peut-être que le hasard fera bien les choses ? Je ne saurais le dire. Je ne sais même pas si je veux revoir Heidi ou non. Dans tous les cas, en sortant de l'église, je me sens étonnement bien. Mais pas pour longtemps …
Je traverse le trottoir et roule tranquillement vers la droite afin d'atteindre l'arrêt de métro le plus proche. Il n'est que 10h, l'heure de pointe est passée depuis pas mal de temps, alors je devrais pouvoir emprunter le métro sans trop de problème. Je me dirige vers l'ascenseur et m’engouffre dans la cage lorsque les portes s'ouvrent. Une fois sur le quai, je me place un peu en retrait en remarquant un groupe de jeune arrêté un peu plus loin. A première vu, ils n'ont pas l'air très commode, mais si je ne fais rien, ils ne feront rien, non ? Tu parles.
A peine me suis-je garé contre le mur que je remarque du coin de l’œil que ces jeunes là m'observe d'un peu trop près. Je détourne le regard et sort mon portable. J'ai l'avantage d'avoir pas mal de réseau avec mon phone, même dans le métro, ce qui est une assez bonne chose. Je fini tout de même par ranger l'objet en voyant les inconnus s'approcher de moi. Détournant mon regard, j'essaie de fixer mon attention sur autre chose et, d'un geste rapide, enclenche les freins du fauteuil. Au moins, ils ne pourront pas le pousser aussi aisément qu'ils le voudrait. Je regarde les railles et pince les lèvres. Ce n'est pas une très longue distance qui me sépare de la chaussée. Et s'ils sont assez con pour me pousser dessus ce sera la fin de ma vie. Clairement. Mais je suis sans doute trop paranoïaque … ou trop naïf de penser qu'ils ne veulent que me demander l'heure ou quelque chose dans ce genre.
Les trois jeunes s'immobilisent autour de moi et me fixe silencieusement. Je fini par prendre une profonde inspiration comme pour me donner du courage et lève mon regard sur eux. « Vous voulez quelque chose ?» demandais-je tranquillement. L'un d'eux, un blond hausse les épaules «Non, Josh voulait juste voir à ressemble un handicapé de plus près » Coup de poignard. Je sens mes boyaux se tordre, mais essaie de garder mon calme. « Alors c'est vrai ? Tes jambes ne ressemble plus a rien, c'est ça ?» je pince les lèvres et ferme un instant les yeux. « Et tu peux pas marcher ? » je fini par le fusiller du regard «Si, tu vois, j'y arrive tellement bien. Le fauteuil est juste parce que j'ai simplement la flemme de marcher » crachais-je avec cynisme.
Le dénommé Josh arque un sourcils puis plisse les yeux « Jesse, je crois qu'il se fout de ta gueule le mioche ...» Jesse hoche la tête «Ouais, et tu sais le pire ? » demande le blond à son pote avant de se pencher vers moi « C'est que l'infirme là, il ne devrait pas ouvrir sa gueule vu qu'il n'est pas capable de se défendre »
Je sens la panique monter en moi en l'entendant ouvrir les freins. Je me recule, la respiration courte, secoue la tête et enserre mes roues lorsque Jesse commence à tirer le fauteuil vers lui «V's'en pensez quoi ? Je propose, moi, qu'on lui donne une bonne leçon pour bien lui faire comprendre qu'un handicapé ne vaut rien » je secoue la tête « N … non arrêtez ! S'il te plait je ...»
Je ne peux en dire d'avantage que l'homme attrape mon visage et sert fortement ma mâchoire dans sa main. Les yeux exorbité par la panique qui commence à atteindre son apogée ainsi que la douleur qui se propage dans mon visage, je le fixe, essaie de me défaire, mais sa poigne est beaucoup trop forte pour moi. Dans un geste de désespoir, je lève vivement ma main et le frappe au visage. Sous l'effet de surprise, sans doute, il me lâche. Mais juste pour pouvoir réitérer son attaque plus vite. Son poing droit vient d'écraser contre mon visage au niveau de ma pommette. Ma tête fait un quart de tour vers la gauche tandis que l'onde de choc descend le long de mes cervicales. Quelque peu sonné, je parvient, malgré tout à voir que Jesse forme le deuxième poing afin de réitérer son attaque. Sans plus attendre, je me recroqueville sur moi et lève les bras au niveau de mon visage, espérant ainsi minimiser les dégâts.
Nathaniella ❧ Already had my life turned upside down.
Gabriella devait rejoindre Marius. Ça faisait déjà une semaine qu'ils ne s'étaient pas vus et c'était bien trop pour la jeune femme. Ils devaient parler, encore et toujours. Comment sa relation avec Elie avançait ? Comment se sentait-il depuis qu'il a revu la jolie blonde ? Gaby aimait passer du temps avec lui, l'écouter. Il avait une voix qui la rassurait. Rien que sa présence à ses côtés avait le pouvoir de l'apaiser. Ils s'étaient rencontrés à sa librairie. Le professeur était lui aussi un grand fan de Jane Austen. Alors ça ne pouvait que coller entre eux. Depuis ce fameux jour, les deux sont inséparables. À passer du temps l'un chez l'autre, à passer des nuits blanches à parler, à rire… C'était une belle amitié. Un bien que la jeune femme voulait protéger de tout. Protectrice dans l'âme, l'Anglaise se comporte toujours de la sorte. Protégeant ses proches de quiconque leur voudrait du mal.
En sortant de chez elle, la jeune femme décida de prendre le métro. Les rues n'étaient pas encore bondées de monde. « Oh, mademoiselle Rhodes !» La voix d'un homme l’interpella. « Monsieur Alister ! » Un client régulier de la librairie. C'était un père de famille, environ la quarantaine, toujours à la recherche du dernier livre d'aventure qui pourrait lire à son fils. L'homme était impressionnant. Il était très grand avec de très larges épaules. Il faisait penser à un bûcheron canadien avec sa grosse barbe, mais c'était une vraie crème. À chacun de ses passages, la jolie brune se disait que ce petit garçon avait bien de la chance d'avoir un si gentil papa… « Comment allez-vous mademoiselle ?» La libraire avait le sourire aux lèvres. « Appelez moi Gaby, et vous ? Comment va le petit Andrew ? J'espère que le dernier livre lui a plu. » La jeune femme préférait évincer la question de l'homme. Son moral n'était pas au beau fixe en ce moment, mais elle ne le connaissait pas assez pour se confier à lui. « Il a A-DO-RE l'histoire de ce petit sorcier à la cicatrice, vous aviez raison ! » La jeune femme était heureuse d'entendre cela. « Vous allez voir, il pourra grandir en même temps que lui, c'est ça la plus belle magie de cette saga…»
Ils arrivèrent sur le quai du métro. Pour une fois, il y avait pratiquement personne, sauf une bande de jeunes au loin qui avaient l'air de se chamailler. Mais la brune n'y voyait pas grand-chose avec l'armoire à glace qui se trouvait devant son champ de vision. Mais qu'importe… Alors les deux continuèrent de discuter de tout et de rien, jusqu'à ce Gaby soit attirée par des bruits au loin. Des exclamations de voix venant de l'autre bout du quai. Mais qu'est-ce qui se passe ? En penchant la tête pour mieux voir, la jeune femme aperçu un jeune homme en fauteuil roulant qui se faisait emmerder par trois autres. Gabriella vit l'un deux près le frapper. Bordel de….
« WOH !!» Dans un élan, poussée par l'adrénaline, Gaby bouscula Roby et courut en direction du groupe de jeunes. «NON MAIS CA VA PAS !!? » Elle s'interposa entre le garçon qui était prêt à frapper et celui en fauteuil. « C'EST MARRANT DE S'EN PRENDRE A LUI HEIN ? » Dit-elle, pleine de sarcasme. La jeune femme se retourna pour s'inquiéter du jeune homme en fauteuil. « Tu n'as rien ? Ça va ? » Ses yeux se posèrent sur les siens, essayant d'être la plus rassurante possible. « Attends... » Elle l'aida à s'éloigner de la bordure du quai. « Oh, ça va, relax mademoiselle, on fait que de s'amuser avec notre petit copain ! » Gaby eut un petit rire jaune qui la fit grincer des dents. « Oh, mais oui… Ça saute aux yeux… Arrête de me prendre pour une conne et foutez lui la paix toi et tes potes ! DÉGAGEZ !» Ses yeux étaient encore plus noirs, la haine se lisait sur son visage. Gabriella était impulsive et s'il y a bien une chose qui la mettait hors d'elle, c'était l'injustice et les lâches qui aimaient s'en prendre à plus faible qu'eux. La bagarre, ça ne lui faisait pas peur, à la limite de l’inconscience. Aveuglée par la rage qui grondait en elle.
Le blond essaya de l'approcher tout en la reluquant de la tête aux pieds. « FAUT TE FAIRE SOIGNER !! » Dit-elle en le repoussant alors qu'il s'approchait dangereusement d'elle. Mais il n'avait pas l'air de vraiment comprendre à qui il avait à faire. Gabriella lui mit un coup de boule ce qui le fit reculer d'au moins un mètre. L'ouragan Gaby était en marche. « RETOUCHE LE ET JE T’ÉCLATE CONNARD ! » Les deux autres étaient prêts à se jeter sur elle, lorsque Roby arriva (enfin) pour s'interposer à son tour. Le père ne savait s'il devait dans un premier temps retenir la libraire ou foutre un poing aux deux autres agresseurs. Mais lorsqu'il apparut, les trois mauviettes se sentaient un peu moins courageuses face à l’australien taillé dans le marbre. « Bon... Je prends lequel pour cogner l'autre ? »
Je n'aurais pas du répondre à sa question. J'aurais du l'ignorer et ne pas me montrer aussi cynique. Je sais que l'ironie à le don d'énerver les gens, je le sais plus que bien. Et pourtant c'était la seule manière pour moi de me protéger. C'est la seule solution que j'ai trouvé. Le sarcasme est ma seule défense, mais court aujourd'hui à ma perte. Mes paroles ne plaisent pas à Jesse et il me le fait bien comprendre. Après un coup de poing avec lequel il a visé mon œil droit, je me recroqueville sur moi-même et protège mon visage, mais laisse mes côtes à découvert. Et c'est là que Josh décide d'attaquer, je le vois du coin de l’œil et me prépare psychologiquement à encaisser le coup mais ...une voix féminine et forte retentis. Par surprise, Josh se recule et la femme vient se placer entre Jesse et moi. J'observe le dos de l'inconnue et l'écoute s'en prendre verbalement à Jesse qu'elle oblige à reculer avec un coup de boule.
Je les observe, effaré et impuissant. La femme semble avoir une très grande confiance en elle pour s'en prendre à ces hommes qui sont pourtant plus grand et large qu'elle. Mais elle dégage quelque chose qui force le respect. Mais en voyant Josh et l'autre mec s'approcher ma sauveuse, je me redresse. «Att... » je ne peux en dire d'avantage qu'un autre homme nous rejoint. L'espace d'un instant je crois qu'il fait partie de ce groupe et qu'il veut aussi s'en prendre à son tour à la jeune femme mais … il la protège. Il s'interpose à son tour entre eux puis demande qui il doit prendre pour taper sur l'autre.
C'est au tour du troisième de prendre enfin la parole. « C'est ça faute» s'exclame-t-il en me désignant «Il contrôle pas son engin et nous a roulé sur les pieds avant » je lève mon regard vers l'inconnu et le fixe « tu déconnes ? J'aurais pas viser les pieds mais les jambes carrément !» grognais-je. Je perds encore une occasion de me taire.
Jesse attrape la jeune femme par les épaules et la pousse violemment sur le côté. Une fois le champs libre, il fait deux pas vers moi et envoie son poing contre mon nez. Une violente douleur éclate au milieu de visage alors que je sens ma tête partir vers l'arrière. Sous la puissance du choc, mon fauteuil est déséquilibrer vers l'arrière et je n'ai pas le reflex de me pencher vers l'avant pour le rééquilibrer. Jesse en profite donc pour pour donner le coup de grâce qui me fait chuter. Dans un geste de désespoirs je me rattrape pour minimiser le choc et me retrouve allongé sur le sol. Les cris de la femme qui retentissent presque instantanément semblent venir de tellement loin. Dans un soupire et avec un effort colossale, je parviens à me redresser et me tourner sur le dos. Je reprends ma respiration lorsque j'entends les pas de courses s'en aller vers les escaliers et parviens à m’asseoir sur le sol. Pencher en avant, je ferme les yeux et gémis lorsque je suis pris d'un brusque vertige. Je me passe une main sur le visage et grimace au goût du sang dans ma bouche. Je fini par relever le regard en sentant une main se poser sur mon épaule. Clignant plusieurs fois des yeux, ma vue redevient claire et je remarque que c'est l'homme d'avant qui est accroupie à mes côtés. Lorsque le bourdonnement de mes oreilles cesse, je peux enfin le comprendre. Si ça va ? J'hoche légèrement la tête.
« ou … oui ça va ...» soufflais-je en prenant une profonde inspiration afin de me calmer « Merci » reprenais-je ensuite à l'intention aussi de l'inconnue qui s'est interposé malgré les risques qu'elle encourait. Je crois que je ne la remercie jamais assez car c'est grâce à son courage que je m'en sors plutôt bien.
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Gabriella était folle de rage. Elle se sentait prête sortir les griffes pour le défendre. Pourtant, Gaby ne le connaissait pas du tout. C'était la première fois que son chemin croisait le sien et c'était peut-être le destin. Chose à laquelle croyait la libraire. Rien était dû au hasard. Si Gabriella avait rencontré ce jeune homme, c'est qu'il y avait une bonne raison. Roby était prêt aussi à cogner s'il le fallait. Mais il sentit que la priorité était de calmer la rage de Gabriella. « Calmez-vous Gaby ! » Il devait trouver ça drôle de voir sa libraire adorée dans un tel état. S'imaginant en aucun cas qu'une telle force de caractère se cachait derrière ces taches de rousseur. Lorsque le troisième individu commença à reposer la faute sur la victime, expliquant qu'il ne savait pas contrôler son fauteuil, Gaby leva les yeux au ciel. « Non mais je rêve...» La réplique de son protégé la fit sourire. T'as bien raison… Sa main se posa délicatement sur son épaule. Essayant tant bien que mal de le calmer. Le jeune homme sous ses allures frêles et angéliques avait l'air lui aussi d'être doté d'une grande force de caractère.
Gaby l'observa du coin de l’œil pendant quelques secondes. C'est fou ce qu'il était mignon. Son petit minois et ses yeux clairs. Sans savoir vraiment pourquoi, Gaby pensa à Peter Pan en voyant le jeune homme. Son cerveau faisait encore des siennes. La jeune femme se perdait dans ses pensées, bien trop occupée à regarder son protégé. Mais une main puissante la bouscula, ce qui la fit perdre l'équilibre et tomber à terre. Jesse cogna aussi fort qu'il le pouvait le garçon en fauteuil. Le coup était si violent qu'il résonna dans tout le métro. « NON !! » La cœur de Gaby se brisa lorsqu'elle le vit tomber lui aussi à terre. « Vous n'êtes qu'une bande de lâches ! » Josh s'approcha de la jeune femme pour la cogner au visage. « Tu vas la fermer ! » Elle n'a pas eut le temps de réagir. « Là, je vais vraiment m'énerver. » Le père perdit patience. Il prit Jesse par l'épaule et le balança contre Josh. Roby faisait peur. Il était en colère. Et cette colère lui donnait bien un mètre de plus au colosse qu'il était déjà. Les trois hommes partirent à toute vitesse. Comprenant qu'ils venaient de réveiller l'ours.
Roby s'approcha du jeune homme qui était encore à terre pour s'assurer qu'il n'avait rien de grave. Gabriella, non loin de lui, reprenait tranquillement ses esprits. Instinctivement, Gaby porta sa main sur sa lèvre inférieure, elle saignait. Salopard… La jeune femme se releva pour les retrouver. « Tu vas bien…? » Dit-elle, l'air inquiet vers le jeune homme, à genoux en face de lui. Le garçon la remercia. « Tu n'as pas à me remercier voyons, je ne pouvais pas rester sans rien faire devant ces... » La haine se lisait sur son visage. La jolie brune continua de ruminer jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive d'une chose. « T'es blessé… » Gaby sortit un mouchoir pour nettoyer le sang qui venait de sa bouche. Son regard fixait ses iris clairs, un sourire au coin des lèvres. « Bon dieu… C'est ce que j'appelle une rencontre mouvementée ! » Elle ne put s’empêcher de rire. « Je m’appelle Gabriella ! Je suis ravie de te rencontrer. » Son sourire était plus que sincère, essayant d'apporter un peu de tendresse dans ce moment si désagréable.
« Tu as besoin d'aide mon grand ? » Roby redressa le fauteuil et s'il y a bien une personne qui pouvait l'aider, c'était bien lui. Pour lui, le jeune homme serait un poids plume à porter.«Tu veux que je t'amène à l'hôpital le plus proche ? Ou chez toi ? Ou quelque part d'autre ? » Gaby ne savait pas quoi faire pour l'aider. Il faut dire que ce genre de situation ne lui arrivait pas tous les jours. « Hors de question que je te laisse ici ! »
Pire que la douleur physique est la douleur psychique. Humiliation extrême. Honte qui connait son apogée lorsque je me retrouve au sol, dans l'impossibilité de me défendre. Position des plus horrible que je n'ai jamais vécu de ma vie. Certes, je me suis déjà retrouvé plus d'une fois au sol, mais jamais à cause d'une agression telle que celle-ci. Je me redresse tant bien que mal, gémissant légèrement à cause d'un vertige et suis bien content en sentant la main bienveillante de l'homme se poser sur mon épaule. Du coin de l’œil je remarque qu'il a redressé mon fauteuil roulant. Il me demande ensuite si j'ai besoin d'aide et je ne peux m'empêcher d'hocher la tête. Pourtant, lorsqu'il se redresse et passe une main dans mon dos dans le but de me porter, je pose une main sur sa poitrine «At -... attends. Deux minutes s'il te plait » soufflais-je en prenant une profonde inspiration. Je veux encore reprendre mon souffle et mes esprits.
Elle fini par me dire que je n'ai pas besoin de la remercier étant donné qu'elle ne pouvait pas rester là sans rien faire. J'hoche légèrement la tête tout en haussant les épaules et détourne le regard lorsqu'elle me dit que je suis blessé. Je la vois sortir un mouchoir mais je n'ai pas envie qu'elle panse mes blessures. Je veux juste disparaître, le plus loin possible. Et pourtant je la laisse faire. Je la laisse, à contre cœur, s'occuper à essuyer le sang qui coule de ma lèvre et mon nez et qui a déjà commencé à tâcher mon t-shirt.
« Nathan ...» murmurais-je après qu'elle m'ait révélé son prénom. C'est donc tout naturellement que je me présente à mon tour. Lorsqu'elle me propose de me ramené à l'hôpital je secoue vivement la tête, ignorant le malaise qui s'agrandit à fur et à mesure.Je ne veux tout simplement pas aller à l'hôpital, impossible. Jamais je n'y remettrais les pieds, sauf cas d'extrème urgence. J'hausse simplement les épaules «Pas l'hôpital s'il te plait. Je … je sais pas. J'ai juste … juste envie de partir d'ici » je relève un regard suppliant vers les deux sauveurs « J'habite à Redcliff chez mon copain » expliquais-je d'une petite voix. C'était une manière indirecte de leur dire que j'ai envie de rentrer et que je leur serais extrêmement reconnaissant s'ils pouvaient m'y accompagner.
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Gaby regardait Roby aider son protégé à s'installer sur son fauteuil. Il était là, à terre à reprendre son souffle, voulant certainement digérer tout ce qu'il venait de se passer. Le jeune homme avait l'air à bout, complètement anéanti. Courage… Ce n'était pas de la pitié que ressentait Gabriella envers lui, mais une affection. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais quelque chose chez lui l'avait profondément touché. Ce n'était pas le tas de ferraille sur lequel il était assis, mais plutôt ce qu'elle avait perçu dans ses yeux. Il était à la fois fragile et brisé. Mais ces cicatrices dataient bien avant aujourd'hui. La brune en était persuadée.
Non, il ne devait pas la remercier. Comment rester de marbre devant une telle scène ? C'était inconcevable. Et puis, Gaby avait l'impression de ne pas avoir fait grand-chose… Se sentent plutôt stupide qu'autre chose. Pensent qu'elle avait surtout réussi à plus les énerver, voire aggraver la situation… Peut-être auraient-ils tout arrêté si la libraire n'était pas intervenue ? Lorsque la jeune femme tenta de le soigner, le garçon était mal à l'aise. « Ton nez n'a pas l'air cassé, c'est déjà ça...» Gabriella avait l'impression d'être face à un petit moineau sans défense. Elle ne savait pas quel âge il avait, mais son visage paraissait encore juvénile.
Nathan, voilà comment il s'appelait. « Enchantée, Nathan...» Son regard cherchait le sien, le sourire aux lèvres. Sa frimousse était à quelques centimètres de la sienne. Lorsqu'elle évoqua l'idée de l'accompagner à l'hôpital, Nathan fut complètement paniqué. Il secoua sa tête en signe de négation. Hors de question, il ne voulait pas. « D'accords, pas l'hôpital, je peux comprendre... » Après une agression, ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour se changer les idées. Mais Gabriella avait peur qu'il se soit plus blessé qu'il ne le pensait. Après tout, il connaissait mieux son corps que quiconque. Lorsque Gaby fut elle-même agressée il y a quelques semaines, elle était bien heureuse de trouver les bras de James pour la réconforter. « Je veux juste t'aider Nathan... » Dit-elle afin de le rassurer une fois de plus. Roby restait au loin à contempler la scène, préférant laisser son amie agir. Elle était à genoux, une main serrant la sienne. C'était peut-être trop à supporter pour lui, mais Gabriella pensait bien faire. Essayant de lui montrer qu'elle était là, bien présente, à ses côtés. Pourquoi se sentait-elle autant secouée, touchée de plein fouet par Nathan ? Même Gaby n'en avait pas la moindre idée, mais s'il y a bien une chose qui caractérisait la jeune femme, c'est qu'elle se laissait emporter par ses sentiments. Agissant presque qu'à l’instinct, dans la plus grande spontanéité.
« Alors je vais t'y accompagner Nathan, avec plaisir ! » Sa main serra un peu plus la sienne et ses iris noisette rivés sur les prunelles du jeune homme. «Roby, tu peux y aller si tu veux… Je vais y aller avec lui.» Le père acquiesça d'un signe de tête. « Prends soin de toi pt'i!… Gabriella, à très bientôt ! » La jeune femme le salua de la main et le regarda s'éloigner. Son attention se concentra à nouveau sur Nathan. « Bon, je te suis...» La rame de métro venait d'arriver. Ils entrèrent ensemble. Gabriella resta à ses côtés dans le plus grand silence. Ayant peur de le mettre mal à l'aise. Le jeune homme avait l'air du genre timide. «… Tu sais… Moi ça fait que quelques mois que je suis ici, alors je ne connais pas très bien encore la ville ! » C'était plus fort qu'elle. Gaby était obligée de parler, une vraie pipelette, surtout lorsque la situation la mettait mal à l'aise. « Et puis… Je suis une vraie potiche pour ce qui est du sens de l'orientation... » Son rire résonna dans le métro. Ouais, c'était plutôt vrai. Même avec son application GPS sur son portable, la jeune femme arrivait à se perdre.
La brune continua sur le chemin à placer des phrases par-ci par-là… Essayant de détendre l'atmosphère comme elle le pouvait. Gaby était du genre rigolote, à ne pas se prendre la tête. Et aimer se rendre ridicule pour faire rire une personne. En arrivant devant chez lui. Les deux s’arrêtèrent devant la porte du bâtiment. « Nous voilà arrivés alors… Attends... » Gabriella attrapa dans son sac un bout de papier et un crayon. « Je te donne mon numéro. J'aimerais avoir de tes nouvelles Nathan… Tu m'envoies un petit message, histoire de me rassurer, que tout va bien… Ok ? » Son regard attendrit lui fit comprendre qu'il était impossible de lui refuser cela. « Au revoir Nathan... » Ne sachant pas vraiment comment lui dire au revoir, Gaby posa une main sur son épaule ainsi qu'un baiser sur sa joue. « Repose-toi bien surtout... »
La jeune femme s'en alla. Se retournant une dernière fois afin de le saluer d'un signe de la main, le sourire aux coins des lèvres.
Sans Gabriella et cet homme, je suis persuadé que je serais entrain de crever sur le rail du métro. Ou que je serais déjà mort. Et vous savez quoi ? Sur le coup, ça ne me fait rien. Au contraire. En y repensant, j'ai même l'impression que ça aurait été la meilleure des solutions. M'enfin. Je suis quand même un peu contente que la jeune femme ait réagit aussi rapidement et que je ne me retrouve que sur le sol du quai. Le visage en sang, l'oeil et le nez douloureux et un mal de crâne pas possible, mais au moin je suis en vie. Pourquoi combien de temps encore ? Je n'en sais rien.
Je remercie les deux inconnus, me présente lorsque Gabriella en ait fait de même puis lui demande de manière détournée si elle peut me ramener à la maison. Tandis que l'homme à ses côtés me soulève pour me placer dans le fauteuil, Gabriella me dit qu'elle m'y accompagnera puis congédit le fameux Rody. Je le remercie furtivement d'un rapide petit sourir puis lui suis du regard et l'observe s'éloigner. Je note dans un coin de ma tête de demander, un jour, l'adresse de ce type pour le remercier en bonne et due forme. Au final, lorsque le métro arrive, nous y entrons. Gabriella reste à mes côtés pendant tout le trajet et me parle. Mais moi, j'ai du mal à me concentrer sur ses paroles. Le regard baisser pour ne pas croiser celui des gens qui me fixe comme s'il venaient de voir un monstre ou je ne sais quoi, je ne l'écoute qu'à moitié.
J'apprends tout de même qu'elle n'est à Brisbane que depuis quelques semaines et qu'elle a un sens de l'orientation extrêmement merdique. J'hoche doucement «Ok ... » j'espère sincèrement qu'elle ne me tiendra pas rigueur de mon manque de réaction. Je crois qu'elle peut comprendre que je n'ai pas la tête à parler et dire quoique ce soit. Au final, elle m'accompagne jusqu'à devant la porte de Daniel. Je remarque silencieusement que son pick up est garé à la place où il l'a laissé hier. Ça veut dire qu'il n'a pas bougé, mais surtout que mon copain est à la maison. Bizarrement, je me sens déçu. J'aurais espérer qu'il ne soit pas présent quand je rentrerais. Mais bonn, on fait avec, non ?
Gabriella me dit qu'on y est puis sort un bout de papier et griffonne son numéro de téléphone dessus. J'attrape le papier, lis rapidement les chiffres puis hoche doucement la tête lorsqu'elle me dit qu'elle apprécirait beaucoup que je lui donne de mes nouvelles. «Je ferais ça » disais-je en mettant le papier dans ma poche. «Merci beaucoup, pour tout ce que tu as fait. Je ... » je baisse de nouveau le regard « Je te le revaudrais » Elle pose une main sur mon épaule m'embrasse sur la joue puis s'en va en me faisant un signe de la main. Je la suis encore longtemps du regard, repoussant au maximum le moment fatidique. Celui où je vais devoir affronter mon copain et lui expliquer ce qui s'est passé.