You said you would be there for me [Keegan]

Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyJeu 23 Sep 2021 - 6:12

tw : overdose (c'est la joie dans la famille en or)

Elle s’est endormie. Il est presque minuit quand le corps épuisé de Lily se tourne sous les draps. La chambre est plongée dans le noir et Joseph s’est posé contre le cadre de la porte. La lumière de la lune est filtrée à travers les rideaux et il a l’impression de se trouver dans cette pièce dans laquelle lui et sa cadette tentaient de rêver quand ils étaient gamins. Après avoir fermé doucement le battant de la porte en s’assurant de ne faire aucun bruit, le garçon se dirige vers le salon en sortant son téléphone de sa poche. Il vérifie qu’aucun message urgent ne l’attend et soupir de soulagement en constatant que Lou ne l’attend pas, ce soir. C’est nouveau, ça. Il déambule dans la pièce puis se dirige vers la cuisine en analysant les lieux comme s’il s’y trouvait pour la première fois. Il jette un coup d’œil dans les armoires et dans le réfrigérateur mais son ventre ne réagit pas ; il n’a jamais faim de toute façon. Alors il quitte la cuisine sans rien dans les mains ni rien entre les dents. Il jette son dévolu sur le canapé juste devant la télévision et il mène une bataille contre trois télécommandes pour comprendre comment fonctionne cette technologie futuriste. Il comprend, après au moins cinq minutes, qu’il s’acharnait depuis le début sur la télécommande qui contrôle le lecteur Blu-Ray alors il attrape le prochain candidat qu’il examine à la faible lumière tamisée. Il appuie sur power et le téléviseur s’allume pour afficher la chaîne des nouvelles. Dans le guide des postes, il abandonne bien rapidement en ne reconnaissant absolument rien. Il ne se souvient pas la dernière fois qu’il s’est posé devant la boîte à lumières. Alors il écoute simplement la dame qui parle de la météo, des températures qui seront de plus en plus chaudes en vue de l’été, d’un ouragan au milieu du pacifique, de la forme étrange des nuages qui ont été aperçus dans le nord de l’Australie. Quel ennui.

Le sommeil ne vient pas ; il ne vient jamais. Parfois, Joseph se demande s’il ne serait pas devenu un rocher à force de vivre de cette façon. Il ne sent plus la faim ni le sommeil, parfois il perd la sensation du bout de ses doigts pendant trois inquiétantes minutes, d’autres fois il passe une journée entière à combattre la nausée et les migraines en se gavant de médicament qui ne fonctionnent jamais aussi bien que la cocaïne.

Justement. Il sent un mal de tête lui chatouiller l’arrière du crâne. Il se dresse en dehors du canapé sans faire un bruit et se dirige à pas feutrés vers la salle de bains adjacente à la chambre de Lily. Il lui suffit de quelques secondes pour trouver les cachets qu’il cherche dans l’armoire au-dessus du lavabo. Il pose trois antidouleurs sur sa langue et les avale avec un peu d’eau.

Une trentaine de minutes plus tard, il glisse une insulte à la dame de la météo parce qu’elle ne cesse de se répéter. Il passe sa main dans ses cheveux et constate la transpiration qui s’accumule sur son front. Il grimace, jette un énième coup d’œil compulsif à son téléphone mais sa lumière froide l’aveugle. La douleur de la migraine se rallume. Il pousse un grognement et va chercher son sac à dos à l’entrée, près de ses chaussures abimées, sales, qui ont vu la guerre. Il hésite une seconde avant d’enfoncer sa main dedans pour atteindre la boîte en métal dans le fond mais il se résigne à jouer les cons. Lily dort ; elle ne saura pas. Et, de toute façon, ce n’est pas comme si c’était un secret pour elle. Alors il s’enfile une première ligne de cocaïne sans quitter des yeux la météorologue de plus en plus laide et, bientôt, il se laisse seulement bercer par sa voix en fixant le plafond de plus en plus loin de lui. Un sourire malsain étire ses lèvres lorsque la première vague excitante de drogue monte à sa tête mais, bien rapidement, il décide de brûler un peu de poudre dans une cuillère pour mélanger le délicieux liquide à son sang. Il pose l’aiguille sur son bras, constate que ses veines sont déjà assez bleues à cet endroit, puis il décide de plutôt la planter au niveau de sa cheville. Pas la peine de faire un garrot : il sait envoyer la dose assez rapidement pour qu’elle atteigne ses neurones en même temps.

Une minute, deux minutes, trois minutes. Une goutte de sueur roule le long de son front, sur son nez, sur ses lèvres – il l’essuie du revers de la main. C’est seulement au milieu de son geste qu’il remarque les tremblements dans ses doigts et dans sa paume puis, bientôt, dans son bras entier. Il souffle un juron, reporte son œil sur le téléviseur, insulte à nouveau la dame de la météo à voix haute, alors qu’une bouffée de chaleur l’écrase complètement dans le canapé. Il se laisse tomber sur le côté pour mieux gérer les étourdissements. Frénétiquement, il passe sa main dans ses cheveux collants tout en émettant une sorte de grognement d’épuisement et, bientôt, le gout du sang rempli sa bouche. Quand il se redresse le crâne, une goutte liquide s’échappe de sa narine mais il n’a pas le temps de venir la recueillir qu’elle tombe sur le tissu du canapé et l’imbibe de rouge carmin. Elle s’étend dans toutes les fibres en prenant la forme d’une grosse étoile de gaz, et bientôt accompagné par tout un système solaire sanglant. « Li… » Joseph murmure, complétant le nom de sa sœur seulement dans sa tête. « Li… Ly. » Mais sa voix est trop faible et il est tombé dans le fond d’une grotte aux murs tellement épais qu’ils ne prennent pas la peine de propager l’écho de ses plaintes. Très bientôt, sa vision se transforme en une seule masse noire et il tombe dans un rêve inanimé.      

@Lily Keegan j'aime souffrir :maah:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyJeu 30 Sep 2021 - 1:58

Elle a le sommeil léger. Elle l’a toujours eu, circonstances familiales oblige. Nul besoin de préciser que le contexte actuel de sa vie n’arrange en rien la situation, pas alors qu’elle demande chaque matin à son frère s’il peut rester dormir une nuit de plus à la maison, quand elle est occupée à rentrer le plus tard possible après avoir passé la soirée avec Ezra pour s’assurer qu’il aille aussi bien que possible à en juger par la situation. Les journées semblent durer une éternité, le travail ne l’occupe pas assez pour qu’elle ne puisse pas penser à la mort de son mari. Tout va mal mais elle ne s’autorise pas à en parler à personne, pas même à Joseph auprès de qui elle s’est accordée une et une seule exception, le temps d’une soirée et de quelques larmes. Désormais, ils s’habituent à un rythme de vie qui ne durera pas, elle ne le sait que trop bien. « Li… » Le murmure entre dans son rêve, il s’y intègre parfaitement grâce à toute la complexité du cerveau humain et son incroyable facilité à nier l’évidence des choses. « Li… Ly. » Cette syllabe supplémentaire la réveille pourtant immédiatement, malgré les bruits environnants et la télévision allumée. Elle saurait reconnaître la voix plaintive de son frère entre mille, tout comme elle sait que la situation doit être particulièrement urgente pour qu’il le lui impose.

Ses pieds trouvent rapidement place sur le sol, ses yeux ne prennent pas le temps de s’adapter à la lumière émanant du salon. Que Joseph soit réveillé au beau milieu de la nuit n’a rien d’une nouveauté, mais qu’il ne soit pas derrière la porte à la menacer si elle ne retourne pas se coucher, oui. Pire encore, l’entendre cracher n’augure rien de bon, surtout pas alors que Lily ne le tient jamais bien loin de ses antécédents ; à raison, sans aucun doute. Il ne se pose jamais dans une bonne position dans le canapé et elle a beau le sermonner à ce sujet à longueur de journée, cela n’y change rien. Cette fois, pourtant, cela ne ressemble à aucune de ses positions assassine pour ses lombaires. Le rouge contre son nez ne fait pas non plus partie du schéma habituel, tout aussi peu que c’est le cas de celui autour de sa bouche et de ses bras contractés même dans ce qui semble être un sommeil. Cela n’a rien d’un sommeil, et ce ne sont pas même ses années d’études de médecine qui le lui font dire. Son frère souffre, c’est son cœur qui lui dit. Ses premiers réflexes sont ceux d’une sœur autant que d’un humain ayant déjà trop perdu. Lily se place à son tour sur le canapé, ses jambes croisées sous la tête de son frère qu’elle surélève à peine et dont elle caresse presque frénétiquement les cheveux pour tenter de lui faire un peu d’air autant que pour lui montrer qu’elle est présente pour lui. “Jo...” Sa voix est plaintive, ses yeux gorgés de larmes. Elle devrait appeler une ambulance mais le téléphone est trop loin pour qu’elle puisse le faire sans le lâcher. Elle veut rester auprès de lui. Pire encore, elle ressent le besoin de le faire, de ne jamais le lâcher, pas maintenant ; plus jamais. Il a besoin d’elle, question de vie ou de mort, et Lily refuse de le laisser croire un seul instant qu’elle pourrait l’abandonner dans une telle épreuve. “Jo s’il te plaît. Réveille toi.” Ses mains rebondissent à peine contre ses joues. Elle n’a la force de rien et si elle ouvre ses paupières pour tenter d’observer la dilatation de ses pupilles, tout est peine perdue : ses larmes l’empêchent de voir clair et d’être utile à qui que ce soit. Pour cette raison autant que grâce à un retour à la réalité, la brune consent enfin à aller chercher son téléphone pour appeler des personnes compétentes, bien plus qu’elle ne le sera jamais. “Je reviens. Je te promets que je reviens.” Et s’il n’aura sans aucun doute pas de souvenir de cet instant, c’est important pour elle de le lui dire. Lily repose délicatement sa tête contre le canapé et l’y allonge de tout son long avant de se dépêcher d’aller chercher son téléphone autant que de composer le numéro des urgences, le tout pour revenir le plus vite possible auprès de son frère et sécher le sang sur son visage, avant de garder une main posée dans la sienne, inerte. Son pouls est plus faible mais il a le mérite d’exister, et c’est désormais tout ce à quoi elle se raccroche. Bientôt, il la détestera pour avoir fait de son addiction une annonce publique.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMer 6 Oct 2021 - 4:22

Il aurait remercié sa minuscule chance d’entendre la voix de sa sœur lorsqu’elle tente de le ramener à un état de conscience mais Joseph a toujours été malchanceux : il ne sent ni le canapé s’affaisser quand le corps de Lily s’y pose ni ses mains qui tapent doucement ses joues. Il ne souffre plus parce que tous ses sens sont morts. Son cœur lutte pour pomper le sang jusqu’à son cerveau et il ne tiendra pas longtemps à ce rythme.

Il aurait remercié sa chance de sentir son dos se poser dans la civière et les sangles s’enrouler autour de ses épaules et ses hanches pour le maintenir immobile mais Joseph a toujours été malchanceux : il ne sait pas qu’il pourra peut-être se réveiller à nouveau. Pendant le trajet en ambulance, un choc électrique immense lui soulève la poitrine à trois reprises et il croirait entendre l’écho de son rythme cardiaque reprendre vie. Mais il n’a pas senti la différence entre la perte de conscience et la tombée vers le néant. Seulement autour de midi, après avoir passé la nuit entière à se battre contre la noirceur, il sent sa conscience se blottir au creux de son crâne, heureuse de le retrouver. Il voit la lumière blanche filtrer à travers sa paupière mais il n’ouvre pas les yeux. Son torse se gonfle quand il prend une inspiration qui n’est pas artificielle et ça lui fait mal. Comme s’il s’était fait rouler dessus par une voiture, ses côtes lui brûlent et, par conséquent, il a l’impression que ses poumons se sont détachés du reste de ses organes. L’odeur qui chatouille ses narines trahi le lieu où il se trouve. C’est là où sa sœur travaille. Il sent un mélange de produits désinfectants et de maladie. Il comprend sans même observer les alentours que, cette fois, il est lui-même alité. Il ne se souvient de rien mais sa main se soulève naturellement pour venir recueillir du sang fantôme au niveau de son nez ; le mouvement qu’il n’avait pas eu le temps de compléter avant de tomber dans les vapes. Seulement en sentant un poids sur sa seconde main, il ouvre les yeux. La tignasse brune de sa sœur enrobe les draps comme des tentacules. Elle est endormie, sa peau est blanche et fraîche, et son dos se soulève au rythme d’un sommeil sans rêve. Pétrifié, Joseph se met à chercher le moindre indice sur son corps pour recoller les morceaux de sa mémoire défaillante. À son bras, une perfusion pince sa peau pour le nourrir : il a longtemps été inconscient. Il sent ses jambes, son dos, son ventre alors il ne pense pas avoir été blessé. Lorsqu’un le souvenir d’une migraine terrassante ressurgit dans son crâne, son visage se crispe de douleur : il s’était piqué. Il se rappelle l’aiguille, mais aussi la poudre qu’il avait inhalée avant en premier recourt. Ils annoncent de fortes chaleurs la semaine prochaine, aussi. Et il y a un ouragan au milieu d’un des océans, peu importe lequel.

Lily se secoue légèrement. Elle a été réveillée par la soudaine agitation de son frère qui comprend de plus en plus la raison de cette hospitalisation. Il goutte encore le fer dans le fond de sa gorge. Il se sent obligé de prendre la parole pour tout de suite éviter le sujet : comme si elle allait lui permettre de tourner la page sur cette mésaventure comme si rien de grave ne s’était passé. « Tu penses qu’il y a des cadeaux sous le sapin ? » Sa voix est plus faible qu’il ne l’aurait espéré, comme si quelque chose était coincé dans le fond de sa bouche. S’il a encore du mal à se rappeler exactement la sensation de l’overdose, il lui suffit de fermer les yeux pour revoir sa sœur, tellement jeune, qui s’était endormie dans son lit parce qu’elle n’arrivait pas à fermer les yeux dans le sien, impatiente de se réveiller le lendemain matin après que le père-Noël soit passé. Si les murs de la chambre n’étaient pas blancs comme le talc, il arriverait à s’imaginer à nouveau dans la petite maison de campagne qui sentait le bois et l’humidité. À une époque où il ne voyait pas sa vie s’approcher dangereusement de la dernière case. Il ne pourra bientôt plus tirer les dés.        

@Lily Keegan You said you would be there for me [Keegan] 2954228499
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyJeu 7 Oct 2021 - 15:17

La nuit écoulée vient de gagner sa place parmi les pires souvenirs de l’existence de Lily, et pourtant ils sont nombreux et dignes de concurrence. Elle a abandonné son image de femme parfaite pour devenir une soeur inquiète dont les larmes ont coulé presque sans discontinuer. Il a arrêté de respirer, à un moment. Il ne répondait plus, son cœur avait lâché et son corps avec. Ce ne fut que l’espace d’une seconde, d’une seule, et pourtant cela a été suffisant pour que Lily passe du désespoir aux reproches, le détestant de tout son cœur de l’abandonner maintenant et de cette manière. Sa main a toujours continué de serrer la sienne, pourtant, et à aucun moment ses yeux bleus ont perdu l’espoir de retrouver leurs homologues plutôt que des paupières closes. A terme, ce sont pourtant les siennes qui ont fini par suivre l’exemple de son aîné, à bout de force après avoir traversé l’hôpital de long en large et reçu l’avis d’experts et autres spécialistes qu’elle a aussitôt détesté. Ils ne connaissent pas Joseph et n’ont pas le droit d’émettre le moindre jugement à son sujet ; seule et le peut et croyez-la quand elle dit qu’elle saura être juste sans le ménager le moins du monde. Dès qu’elle sera certaine qu’il s’en sortira, la jeune femme se chargera elle-même de tuer son grand frère pour qu’il arrête enfin d’avoir autant de mauvaises idées à la seconde.

Le mouvement des draps l’extirpe de son semblant de sommeil, elle a la marque de son jonc contre son front. Le soleil était déjà levé lorsqu’elle a trouvé le repos, il n’a pas dû s’écouler beaucoup de temps avant que Joseph ne revienne à lui. Déjà, elle lui dédie toute son attention, observant avec minutie ses premières réactions, ses pupilles qui s’habituent à la luminosité et à la pièce, ses doigts qui bougent à peine, sa main qui lui fait mal à cause de la perfusion. Au moins, il ne cherche pas à s’enfuir et c’est déjà un soulagement pour la jeune femme qui craignait cette possibilité. Elle se relève rapidement pour vérifier sa température contre son front, préférant largement sa méthode tribale à l’utilisation d’un quelconque appareil technologique. Lily a besoin de le toucher et d’être près de lui, voilà ce que ce geste signifie réellement. « Tu penses qu’il y a des cadeaux sous le sapin ? » La brune fait au mieux pour esquisser un sourire mais elle a déjà su se montrer bien plus convaincante. Sans répondre à la question de son aîné, elle extirpe un verre en plastique de son sachet pour le remplir à moitié d’eau presque tiède pour le donner à son frère ensuite. Ce n’est pas une proposition mais bien un ordre : il doit boire. L’eau tiède permet de ménager sa gorge, il se remettra sans mal de l’inconfort d’une telle température pour ses papilles. “Est-ce que tu as besoin que j’appelle quelqu’un ?” Un proche qui devrait être mis au courant de son hospitalisation temporaire, peut-être. Elle n’en sait rien, Lily, il la tient bien trop loin de sa vie privée pour qu’elle puisse connaître le moindre de ses amis autre qu’Alfie. Mais en partant du principe qu’ils se sont presque entre-tués, ils ne sont sans doute plus tant amis que ça, à bien y repenser. “Tu sais pourquoi tu es là, Jo ?” La deuxième question est celle d’une jeune femme à la formation médicale se souciant de l’état de l’homme sous ses yeux, de ses souvenirs, de sa capacité à remonter dans le temps et à savoir ce qu’il l’a amené ici. Elle est finalement très peu celle d’une sœur inquiète, quand bien même il y aura toujours de ça, au fond. Si seulement il avait pu glisser dans les escaliers, comme tout le monde.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMer 13 Oct 2021 - 1:54

À peine réveillé, le cerveau de Joseph se met déjà à trop travailler. Il fait tourner ses méninges, lui envoie toutes les sortes de signaux existants. La blancheur du mur lui brûle les rétines comme s’il fixait le soleil, son cœur bat contre ses tympans en lui envoyant des vagues de migraine, le moindre frottement de sa peau contre les draps de son lit temporaire tend ses nerfs et l’odeur de produits toxiques le submerge pour empirer son état. Comme s’il avait eu peur de mourir pour de bon, il accentue tous ses sens et lui fait froisser le nez. Par habitude, Joseph décide de lancer lui-même la conversation avec sa sœur parce que, de cette façon, il prendra les rênes. Rappeler à Lily l’un de ses plus vieux souvenirs semble la stratégie adéquate mais la jeune femme se laisse à peine animer d’un minuscule qui froisse son frère. Craintif, il suit ses mouvements ; sa main disparait une seconde pour attraper un verre d’eau certainement en plastique. Il attrape l’eau qu’elle lui tend sans débattre : même s’il n’a pas l’impression que le liquide passera facilement dans sa gorge, il préfère répondre aux ordres de celle qui s’est déjà occupé d’un millier de patients comme lui. Le problème, c’est qu’elle ne porte pas sa blouse d’infirmière à cet instant et elle ne le laissera pas se rendormir. Elle doit seulement prendre soin de lui aujourd’hui et c’est ce qui l’effraie le plus. Il ne veut pas parler. Il ne veut pas s’agenouiller devant elle et s’excuser d’avoir fait une énième connerie. Il ne voulait pas en arriver là. C’était un accident.

Il avale une première gorgée et serre les dents en se concentrant pour qu’elle ne remonte pas immédiatement dans sa bouche. Quelques secondes plus tard, lorsqu’il sent le liquide tiède tomber dans son estomac, il avale le reste du contenant transparent. “Est-ce que tu as besoin que j’appelle quelqu’un ?” Naturellement, c’est un gloussement surpris qui soulève la poitrine du garçon. Il joue nerveusement avec le verre vide : il en froisse la structure, fait le plus de bruit possible en espérant ne plus entendre la fanfare des responsabilités qui traverse le couloir de l’hôpital en direction de sa chambre. « Non. J’sortirai d’ici avant même qu’on s’inquiète pour moi. » Est-ce que quelqu’un s’inquièterait pour lui ? Est-ce que quelqu’un en aurait quelque chose à foutre ? Il en doute, et déjà le doute est planté ; il serait à la morgue que personne ne remarquerait son absence. Lou finirait probablement par l’appeler pour savoir où il a foutu son cul parce qu’il ne s’est pas présenté au Bowling depuis quelques jour. Alfie viendrait pisser sur son cadavre. Deborah se trouverait un autre colocataire qui ne brise pas les murs et qui n’imbibe pas tous les meubles de l’odeur du tabac. « Je me sens déjà mieux. » Il ajoute en levant les yeux vers Lily, menteur. “Tu sais pourquoi tu es là, Jo ?” Il déteste voir ses yeux, dont il partage la couleur, posés sur lui de cette façon. Elle s’inquiète, elle. Il n’aime pas la sensation. Peut-être qu’au fond il ne voudrait pas qu’on pleure sa mort. « J’crois, oui. En tout cas, j’sais que c’était pas un accident d’la route. » Il murmure doucement en détournant le regard, coupable. L’horloge est soudainement intéressante. C’est à ce moment qu’elle va lui faire la morale ? Lui dire qu’il n’aurait pas dû se piquer ? Mais il se pique tous les jours. Il en a besoin pour ne pas souffrir. Son frère n’a jamais été parfait. « J’ferai attention, j’te l’promets. C’est la première fois que ça m’arrive je… testais mes limites. » Oui, voilà, c’était prévu. Il n’a pas perdu le contrôle. Les expériences ne vont pas toujours dans le bon sens. Elle peut arrêter de poser ses yeux inquiets sur lui et reprendre sa vie. Comme lorsqu'elle faisait semblant d’être enfant unique et qu’elle n’avait pas à regarder par-dessus son épaule pour s’assurer qu’il ne fait pas de conneries.  

@Lily Keegan :rampe:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMer 20 Oct 2021 - 7:00

« Non. J’sortirai d’ici avant même qu’on s’inquiète pour moi. » Il est déjà bien trop tard pour ça et les inquiétudes ne datent même pas du jour mais bien de plusieurs années et même décennies plus tôt. Ca, il refuse encore de le comprendre, petit homme voué à recommencer les mêmes erreurs jusqu’à la fin des temps. Lily ne dit rien, ne bouge pas aucun muscle non plus. A quoi bon ? Elle est encore trop occupée à avoir peur pour lui alors qu’un tel sentiment ne semble pas exister en retour chez son frère. Joseph brûle la vie par les deux bouts et en plus d’être un fait connu de ses quelques proches, cela en devient un surtout évident pour tous. Elle aurait aimé avoir quelqu’un à appeler et avec qui partager sa peine et ses doutes, ç’aurait été une sorte de cadeau de Noël en avance pour elle. « Je me sens déjà mieux. » Au lieu d’être en colère, elle ne peut qu’être plus triste encore. “Ne me mens pas.” Pas sur ce sujet, pas quand cela le touche de façon aussi évidente. Il peut lui dire qu’il a trouvé un petit job dans les rayons d’un supermarché si ça le chante, mais pas qu’il va mieux alors que ce n’est bien évidemment pas le cas. Quiconque le saurait, même sans une formation d’infirmier.

Alors elle saute le pas, Lily, elle aborde la question qui fâche et demande s’il sait ce qui l’a amené ici. Elle sait qu’il est déjà en train de recoller les morceaux de ses souvenirs (plus ou moins précis) et des conséquences de ceux-ci et donc qu’elle ne lui apprendra rien. Egoïste jusqu’au bout des ongles, la jeune femme souhaite seulement qu’il prononce les mots par lui-même, dans l’espoir vain que cela agisse comme une sorte d’électrochoc. « J’crois, oui. En tout cas, j’sais que c’était pas un accident d’la route. » Ses yeux s’enfuient et les deux Keegan savent déjà ce dont il en retourne : il a honte. Honte d’en parler, honte de l’énoncer clairement, honte de ses gestes. Ce n’était pas un accident, la brune en est déjà assurée. Et tout ce qu’il trouve à faire dans tout ça, c’est comparer son séjour à l’hôpital à un non-accident de la route, comme si Lily n’était pas aussi en train de jongler avec les nerfs d’un inspecteur de police en parallèle. « J’ferai attention, j’te l’promets. C’est la première fois que ça m’arrive je… testais mes limites. » La main qu’elle tient dans la sienne le serre trop fort, soudainement, et ses ongles se plantent lentement dans sa chair sans qu’elle ne s’en rende compte. “Je vais faire semblant de ne pas avoir entendu la fin de ta phrase.” Pour ne pas faire une scène à l’hôpital, pour ne pas lui apporter un stress supplémentaire dont il se passera volontiers en son état. Son visage s’est refermé et même si elle continue toujours de s’en faire pour lui, Lily n’arrive plus à le montrer, la colère ayant déjà pris le dessus. Son ton reste bas mais n’a plus rien de calme. “C’est la première et la dernière fois, Jo.” Ces mots pourraient ressembler à des menaces qu’ils ne sont absolument pas. La petite sœur n’a simplement jamais appris à parler à son frère pour lui expliquer qu’elle a peur pour lui : elle n’a jamais su trouver les mots adéquats et lorsque ce jour est finalement arrivé, il n’était déjà plus là. “Je veux que tu fasse une cure.De désintoxication. Elle parie sur le fait qu’il comprendra, n’ayant pas la force de lui statuer sa demande de façon claire, avec tous les mots et tout ce qu’ils impliquent. Ses dents prennent en otage sa lèvre inférieure ; elle ne tente pas de se montrer invulnérable en cet instant. Bien au contraire, c’est parce qu’elle s’en fait trop pour lui qu’elle souhaite lui imposer ce processus. “Tu as bien plus de chances de réussite si tu t’y rends par toi-même.” Ce qui sous-entend surtout que s’il ne fait pas ce choix seul, alors elle l’y enverra de force. Pour son bien.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMar 2 Nov 2021 - 4:25

Il avait peut-être cru être crédible en disant qu’il va bien parce qu’il se sent très souvent dans cet état et que ses cernes sont certainement aussi profondes que d’habitude. Sa sœur le voit toujours comme ça alors il a du mal à imaginer pire. Pourtant, selon ses mots fermes, il sursauterait en voyant son reflet dans le miroir. “Ne me mens pas.” Ce serait inutile d’insister, il en a bien conscience. De toute façon, il ne pourra pas se jeter par la fenêtre et fuir le lit de l’hôpital (en priant évidemment pour être au premier étage). Alors il baisse la tête pour ne plus avoir à supporter le regard plein de tristesse de sa sœur parce qu’il déteste être la cause de ses peines. Il ne veut pas qu’on ait pitié de lui. Il ne veut pas qu’on s’inquiète pour lui, parce qu’il pourrait disparaître du jour au lendemain. Il ne veut pas briser des cœurs à sa mort. Il ne pense pas valoir les larmes et les prières. En fin de compte, il préférait peut-être quand Lily faisait semblant de ne pas le connaître.

Elle l’interroge sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits. Il se souvient de l’accident mais surtout du visage de la présentatrice météorologique qui devient complètement flou avant de disparaître derrière une porte noire. Il se souvient aussi la sensation du sang qui coule en-dessous de son nez à grosses gouttes incontrôlables. Il n’avait pas saigné autant depuis la rencontre de son crâne contre l’évier en métal d’Alfie. “Je vais faire semblant de ne pas avoir entendu la fin de ta phrase.” Il se pince les lèvres, honteux. Pas honteux d’avoir perdu le compte sur la quantité de drogue qu’il s’injectait, mais plutôt honteux de l’avoir inquiétée alors qu’elle comptait sur lui pour la sortir de ses nuages gris. Il a merdé, sans surprise. Il ne sait pas faire autrement. S’il avait pris une seule bonne décision dans sa vie, il serait directeur des ventes dans une boutique Apple. “C’est la première et la dernière fois, Jo.” Le garçon relève la tête pour mieux comprendre l’intention de sa phrase. Il observe ses yeux un à un en cherchant plus d’explications. Elle ne va pas tout de même l’enfermer dans une cave et le laisser pourrir dans l’humidité et les rats ? “Je veux que tu fasse une cure.” Son cœur tombe dans sa poitrine et il retient un haut le cœur. Automatiquement, sa tête se met à se secouer de droite à gauche. Non. Il ne peut pas. Il n’a pas la force de revivre ce qui l’a brisé derrière les barreaux. Ce n’était pas sa petite cellule qu’il partageait avec des idiots, ce n’était pas la bouffe dégoûtante, ce n’était pas les policiers austères qui lui intimaient de baisser la tête. C’était la sensation de manque qui l’avait mangé de l’intérieur et qui l’avait réduit à l’état d’une simple masse molle sans ossement ni ténacité. Il n’a pas vécu pire moment dans sa vie. Sa gorge lui faisait tellement mal parce qu’il ne pouvait plus vomir et sa peau l’irritait jusqu’aux saignements. « Tu peux pas m’demander de faire ça. Il commence, la gorge nouée et les mots difficiles à prononcer. « J'suis pas un enfant. J'ai trente... » Pourquoi a-t-il oublié son âge ? C'est étrange. 17-23-05... Non... 30-12-05 ? Non plus. Quels sont les chiffres qu'il a tatoués dans le haut de son dos ? “Tu as bien plus de chances de réussite si tu t’y rends par toi-même.” Il n’a pas de chances de réussite parce qu’il ne le fera pas. « On m’en a déjà imposé une. Ça n’a pas fonctionné. Aussitôt libéré, j’me suis replongé le nez dans la poudre. » C’est étrange de prononcer ces mots devant sa sœur. Il n’a jamais mentionné la forme que prenait son addiction. Il se contentait d’abuser de métaphores ou d’éviter le sujet. Mais, pour faire valoir son point insensé, il doit puiser dans les détails. « J’pourrais pas supporter d’le refaire, Lily. » Il relance, ses yeux humides, la peur visible dans son visage blafard. « J’te promets, j’vais plus jamais abuser. J’vais faire ça bien, et jamais chez toi. J’vais… J’vais… Tu t’souviens dans la chambre d’hôtel ? J’vais faire ça propre, comme tu m’as montré, et tu r’marqueras même pas que j’l’ai fait. J’vais nettoyer ma peau et prendre une aiguille stérile à chaque fois. J’te l’promets. J’te l’promets. » S’il répète assez de fois sa promesse, elle lui donnera peut-être une autre chance. Puis une autre. Puis une autre. Jusqu’à ce que l’overdose soit fatale et qu’il ne puisse plus voir le visage de sa sœur couvert de larmes. Il attrape sa main fine et froide et il la serre fort, puisant dans le peu d’énergie qu’il possède encore, mais il garde le dos droit et les yeux lucides pour feindre un état stable. Il est naïf à penser qu’une infirmière (sa sœur, aussi) ne lira pas à travers son petit jeu.  

@Lily Keegan sa me brize le keur :drama:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMer 3 Nov 2021 - 12:09

Même lorsqu’ils sont dans une même pièce, aussi petite que la chambre d’un hôpital, ils n’arrivent pas à se regarder dans les yeux. Joseph fuit son regard et Lily, elle, ne cherche pas à le faire changer d’avis. Maintenant, au moins, ce n’est pas parce qu’elle a honte de lui. Tout du moins officiellement, puisqu’en réalité Lily ne se risquera pas à raconter l’histoire de son frère faisant une overdose à qui que ce soit. Même pour gagner en capital sympathie, ce n’est pas un acte qu’elle compte utiliser, refusant encore trop d’accepter le penchant de son aîné pour de telles substances. Elle se risquera encore moins à raconter les exploits trop peu nombreux d’un aîné sur lequel elle n’a jamais voulu prendre exemple. Même inquiète, Lily ne peut pas s’empêcher d’être dure avec lui, et elle ne résiste donc pas au besoin de déjà lui annoncer ce qu’elle demande et exige pour lui : il doit se soigner.

Le frère et la sœur s’observent en silence durant de longues secondes prenant des airs d’infinité. Lily a pris sa décision, elle ne changera pas d’avis, et Joseph devra s’y plier, qu’il le veuille ou non. Secouer la tête de droite à gauche n’y changera rien, peu importe à quel point elle pourrait arriver à le prendre en pitié, elle est décidée à le faire soigner. « Tu peux pas m’demander de faire ça. » Pourtant, c’est justement ce qu’elle est en train de faire en cet instant, après avoir passé toute une nuit à le veiller alors qu’elle n’avait vraiment, vraiment pas besoin de ça dans son quotidien en cet instant. Joseph est au fond de son lit, faible, fatigué, malade. Lily reste droite, impassible, quelques tremblements de lèvres trahissant à peine ses véritables sentiments. « J'suis pas un enfant. J'ai trente... » Il n’a pas intérêt à réellement utiliser son âge comme un argument. Il a toujours fait n’importe quoi, Joseph, à quinze ou à trente-huit ans. Ce n’est pas parce qu’elle est sa cadette qu’elle doit être celle écoutant ses conseils comme s’il ne faisait que rendre la parole divine. “Justement. T’as bientôt quarante ans et un jour ça va finir par te tuer.” Son corps ne se remet plus aussi bien et rapidement des drogues qu’il lui impose, il porte encore trop les cicatrices des anciennes. Un jour, il y aura la dose de trop, celle qui finira par réellement lui être mortelle, et il aura l’audace de venir lui dire qu’il n’en a pourtant pris que peu, qu’il ne comprend pas, qu’il a fait attention. Il n’a pas le droit de lui imposer sa mort, il ne peut pas être égoïste à ce point.

Alors elle continue, la brune, elle argumente seule et envers et contre tout. Peu importe ce qu’il en pense, ce n’est pas le plus important en cet instant. « On m’en a déjà imposé une. Ça n’a pas fonctionné. Aussitôt libéré, j’me suis replongé le nez dans la poudre. » Ce n’est pas tant la détresse de son frère qui l’émeut le plus mais bien son incroyable capacité à se défiler et à trouver des excuses à toutes choses. Si cela n’a pas fonctionné une fois alors ça échouera une seconde ; quel lâche, encore une fois. Il ne peut pas renoncer avant même d’avoir essayé, il n’a pas le droit de faire une telle chose. “Je serai avec toi, cette fois.” qu’elle reprend d’une voix infiniment plus douce et surtout bien plus troublée que ce à quoi elle s’attendait. Elle passe une langue nerveuse contre ses lèvres sèches, ses yeux ne quittant jamais leurs homologues bleus. Il faut qu’il y croit un minimum, sinon ils n’y arriveront jamais. Ils, parce qu’ils sont ensemble. Ils ont fait trop de chemin pour revenir en arrière.

Finalement, Joseph reprend le registre du pathos, face à une soeur peu à peu devenue indifférente à un tel spectacle. C’est pour son bien. Il ne s’en rend pas compte, mais c’est pour son bien. « J’te promets, j’vais plus jamais abuser. J’vais faire ça bien, et jamais chez toi. J’vais… J’vais… Tu t’souviens dans la chambre d’hôtel ? J’vais faire ça propre, comme tu m’as montré, et tu r’marqueras même pas que j’l’ai fait. J’vais nettoyer ma peau et prendre une aiguille stérile à chaque fois. J’te l’promets. J’te l’promets. » Elle ne résiste pas au contact de sa main contre la sienne, mais la jeune femme ne fait aucun effort non plus. Ses doigts ne cherchent pas les siens, ils ne caressent pas non plus sa peau dans le but de le rassurer. C’est un petit jeu auquel il a trop joué, celui-ci autant que celui tentant de la faire croire qu’il a tout arrêté et est revenu dans le droit chemin. Joseph a puisé tout le stock d’as cachés dans ses manches et le jeu dans sa main n’est pas suffisant pour prétendre à la victoire. Parce qu’il s’agit toujours d’une éternelle bataille entre eux. “Je te demande pas de le faire comme il faut, Jo, je veux que tu arrêtes.” Peu importe à quel point il reproduira avec minutie les gestes de sa sœur, ce n’est désormais plus suffisant. Après aujourd’hui, après ce qu’il s’est passé, après ce qu’elle a vécu et ce par quoi il est passé, elle ne peut plus accepter de compromis. “Tu te rends compte que t’es passé à ça de mourir, Jo ?” Lily n’utilisera pas de métaphores pour enrober la vérité : il a failli mourir, y passer, y rester. Il a failli l’abandonner dans un moment de sa vie où elle a terriblement besoin de lui, et la cadette n’arrive pas à le lui pardonner. “Tu… Tu veux pas une vie normale ? C’est l’histoire d’un mois, tu seras bien entouré, tu seras aidé...” Pourquoi est-ce qu’il n’arrive pas à le comprendre ? Pourquoi est-ce qu’il n’arrive pas à fournir les efforts suffisants pour enfin se soigner et devenir une personne normale, digne de confiance, digne d’affection ? “J’ai pas les épaules pour gérer ça maintenant. Si tu persistes dans cette voie...” Son masque se fissure en même temps que sa gorge se serre et que ses yeux s’humidifient. “Tu m’emmerdes, Jo. Je veux pas te perdre toi aussi. Fais ça pour moi.” Lily renifle et serre enfin ses doigts contre les siens, prenant soin de ne pas toucher aux aiguilles plantées dans sa peau. Finalement, elle sait qu’elle ne pourra jamais le forcer à faire une cure s’il ne le veut pas et cette impuissance a tout pour la détruire à petit feu.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMer 10 Nov 2021 - 0:36

Il panique déjà, Joseph. Comme un phobique, il perd ses moyens. Ses réactions ne sont pas volontaires parce qu’il aurait aimé avoir le courage de se rendre lui-même là où du personnel médical et des psychologues pourraient l’aider mais il ne peut pas. Il n’y arrive pas. Ses mains tremblent mais il entrecroise fermement ses doigts pour empêcher Lily de voir sa faiblesse. Pourquoi craint-il davantage la cure que la mort en elle-même ? “Justement. T’as bientôt quarante ans et un jour ça va finir par te tuer.” Il semble surpris de l’entendre dire son âge, comme s’il se croyait plus jeune et invincible avant qu’elle ne le fasse retomber sur Terre. Toute sa vie il a dansé avec le danger alors il arrive difficilement à croire qu’il pourrait mourir demain ou cette semaine. La mort ne veut pas de lui. Elle le rejette et il continue de vivre, de survivre, en louvoyant entre les obstacles comme si la tâche était facile. Comme s’il avait encore seize ans et toute sa santé. Une vie entière devant lui et encore plus de mauvais choix à faire pour surpasser les précédents. Il est bon à ce petit jeu. Le meilleur.

Il a déjà essayé, sans le vouloir, d’arrêter de verser en lui le nectar de l’oubli. Il n’a pas fait long feu quand il a été libéré. Dès le moment où il s’est senti trop faible pour accepter le nouveau monde qui s’est présenté à lui, il a cherché le moyen de retourner dans le passé même si sa famille n’existait plus et même s’il était seul au monde. La cocaïne lui a presque rappelé ce que ça faisait de vivre la nuit et de ne jamais sentir la fatigue. Il s’est attaché à elle à défaut de pouvoir trouver une autre bouée. Lily n’était pas là. Elle était loin, comme d’habitude. “Je serai avec toi, cette fois.” C’est toujours la panique qui dicte ses réactions et qui le fait même ricaner faussement malgré les bonnes intentions de la jeune femme. Il ne devrait pas se laisser transporter par la peur de ressentir à nouveau le manque et sa brûlure mais il ne peut pas s’empêcher de souffler : « T’aurais dû être là la première fois. » Il regrettera ses mots lorsqu’il aura retrouvé ses esprits. Ou peut-être qu’il les oubliera comme il a oublié son âge : ce serait agréable de ne plus se rappeler de cette péripétie. Au fond, Alfie était chanceux d’avoir perdu quelques grammes de son cerveau. Il n’a jamais remercié Joseph de lui avoir permis de reposer sa tête débordante de souvenirs, et pas seulement de bons. « Et puis, tu pourrais pas toujours m’suivre. T’vas pas m’enfermer dans une cave, quand même ? » Pourquoi sa répartie ressemble-elle à une menace ? Il ne sait plus ce qu’il dit.

Il tente le tout pour le tout en faisant une promesse qu’il est prêt à respecter réellement. S’il refuse de se faire confisquer sa poudre magique, il peut tout de même faire des efforts en l’utilisant de la bonne façon. Lily lui avait montré comment faire. Il n’aurait qu’à répéter le processus à chaque fois. Faire ça clean. Il ne refera plus jamais la même erreur : et ses yeux fous semblent tellement sûrs quand il promet de nettoyer sa peau avant de planter l’aiguille stérile. “Je te demande pas de le faire comme il faut, Jo, je veux que tu arrêtes.” Aussitôt, il fronce les sourcils. Il en veut à sa sœur de ne pas lui faire confiance – il lui en veut de se soucier de lui aujourd’hui, comme si ça pouvait corriger son absence dans le passé. “Tu te rends compte que t’es passé à ça de mourir, Jo ?” Non. Il est invincible. Il est invincible. La mort frappe les autres, ceux qui ne la méritent pas. Matt. Mais pas lui. Parce qu’il l’a souvent méritée. « Non. J’serais pas mort. J’t’aurais pas abandonnée même si parfois j’me dis que tu mériterais que j’te laisse tomber. » De nouveaux futurs regrets qu’il épongera demain matin. “Tu… Tu veux pas une vie normale ? C’est l’histoire d’un mois, tu seras bien entouré, tu seras aidé...” Il n’aura jamais une vie normale. Il a loupé sa sortie d’autoroute il y a de ça vingt ans. Lily est naïve de penser qu’il pourrait se reprendre aujourd’hui. Très naïve.

Et Joseph, lui, ne pense plus par lui-même. Il ne voit plus sa sœur comme il la voyait seulement quelques minutes auparavant. Les larmes sur son visage sont fausses. Sa voix qui se casse : un simple tour de théâtre bien réalisé. Elle a toujours su porter des masques, Lily, elle a simplement choisi de porter un nouveau aujourd’hui. Il ne sert pas ses doigts quand elle prend les siens. Il détourne les yeux. “Tu m’emmerdes, Jo. Je veux pas te perdre toi aussi. Fais ça pour moi.” « Il y a beaucoup d’choses que j’aurais aimé qu’tu fasses pour moi. Mais tu les as pas faites. J’irai pas, désolé. » Son verdict final est posé. Il délie ses doigts de ceux de Lily et, sans lui accorder de dernier regard, il ferme les paupières pour mettre fin à la conversation. S’il ne voit que du noir, elle disparaîtra et il n’aura plus jamais à craindre de souffrir comme il a souffert derrière les barreaux.

S’il ferme les yeux assez longtemps, son père disparaîtra et n’entrera plus jamais dans sa chambre pour lui attraper le poignet et le soulever de terre.

@Lily Keegan You said you would be there for me [Keegan] 734638360
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyMer 10 Nov 2021 - 15:31

S’il s’était appelé Alfie alors tout aurait été différent. Et cette fois-ci, ça l’aurait été pour le meilleur, parce que s’il s’était appelé Alfie, elle l’aurait tenu dans ses bras, elle se serait fait une petite place sur le lit pour pouvoir l’entourer de ses bras protecteurs et le rassurer. Elle lui aurait murmuré des souvenirs d’enfance, tous ceux joyeux qu’elle aurait pu retrouver dans sa mémoire et elle l’aurait fait assez longtemps pour qu’il puisse oublier le bip continu des machines auxquelles on l’a relié. Elle aurait passé une main dans ses cheveux, lui aurait demandé s’il ne voulait pas qu’elle le les lui coupe de nouveau. Elle aurait été douce, aimante, le genre de petite sœur que l’on ne retrouve que dans les parfaites familles: et c’est justement ce qu’ils auraient représenté, les Keegan. Ils sont une famille parfaite restant soudée même dans l’adversité, à la seule différence qu’il n’est pas Alfie et qu’elle lui montre son amour bien différemment.

En retour, pourtant, Joseph lui montre le sien avec tout autant de violence et d’amertume dans le ton de sa voix, laissant Lily muette alors qu’elle dégage ses doigts des siens puisqu’il refuse de les tenir près de lui. Pendant une seconde, elle avait naïvement cru que les choses pourraient continuer à être aussi faciles entre eux. Elle a cru qu’ils avaient trouvé comment être normaux et unis, enfin, et cela ne rend le retour à la réalité que plus difficile à accepter encore. « T’aurais dû être là la première fois. » - “Personne ne m’avait préparé à ce que mon grand-frère devienne un drogué.” Ce n’est pas qu’elle aurait dû être là la première fois, c’est plutôt que justement, cette première fois n’aurait jamais dû exister et encore moins être conjuguée au pluriel. Il n’a pas le droit de laisser la faute reposer sur elle, pas alors que toutes les erreurs viennent de lui et de lui seul alors qu’il n’a pas été capable d’accéder son quotidien tel qu’il était. Lily est venue en paix, elle est venue pour l’aider et pour le soutenir mais s’il recommence à vouloir se battre alors elle n’hésitera pas à sortir crocs et griffes à son tour, comme elle en a pris l’habitude avec lui. Ils ont passé bien plus de temps en guerre que toute autre chose, c’est au moins un objectif que leur père aura réussi à mener à terme. « Et puis, tu pourrais pas toujours m’suivre. T’vas pas m’enfermer dans une cave, quand même ? » Et pourquoi pas ? Il sait qu’il ne devrait pas lui donner d’idées dans le genre, Joseph, parce qu’il est l’une des rares personnes en ce monde à réellement connaître Lily et sa capacité d’adaptation face à toutes les situations. La jeune femme ne connaît pas la demie-mesure et est douée pour cacher toutes les horreurs qui naissant dans son esprit ; non, vraiment, il ne devrait pas lui donner d’idées, surtout pas celles qui pourraient être facilement réalisables. Elle ne répond rien et n’en a pas besoin, jaugeant sans doute le pour et le contre pour savoir si elle doit mettre en place ce plan-ci ou lui laisser le temps de revenir à lui et d’être raisonnable.

A défaut de pouvoir le convaincre, Lily essaye plutôt de le persuader, jouant ainsi sur les sentiments, sur l’abandon, sur la peur de la mort aussi. Elle souffle le chaud et le froid, fait jouer les larmes sur ses grands yeux bleus, croise ses bras sous sa poitrine pour se faire plus petite. Le jeu d’acteur est bien réglé mais Joseph en a désormais trop l’habitude pour qu’il puisse encore y croire. « Non. J’serais pas mort. J’t’aurais pas abandonnée même si parfois j’me dis que tu mériterais que j’te laisse tomber. » Ce n’est pas aujourd’hui qu’il est supposé lui reprocher tous les maux du monde et une telle réaction a de quoi étonner sa cadette. Il semble si frêle, au fond de son lit, et pourtant rarement ses mots n’ont autant eu le don de blesser sa sœur. Joseph n’a pas le droit de tenir de telles paroles alors qu’elle a perdu son mari et qu’il l’a abandonné, encore moins alors qu’elle lui a parlé de ce qu’elle ressentait et qu’elle a pleuré contre ses habits sans trouver le moyen de s’arrêter. Il n’a pas le droit de changer de camp maintenant et un jour il paiera pour cet affront, elle le promet. Les hommes lancent toujours des attaques frontales mais les femmes sont bien plus insidieuses, bien plus sadiques aussi. Si elle continue de vouloir le sauver aujourd’hui, ce n’est plus que pour pouvoir le mettre à terre elle-même ensuite.

Sa tête tournée, cela n’empêche pas ses mots de toujours autant porter grâce à sa voix grave et au silence régnant dans la pièce. « Il y a beaucoup d’choses que j’aurais aimé qu’tu fasses pour moi. Mais tu les as pas faites. J’irai pas, désolé. » Il y a beaucoup de choses qu’elle aurait aimé faire pour lui aussi, c’est vrai. Mais il est trop tard pour l’avouer, désormais. Toujours silencieuse, elle l’observe fermer les paupières, comme si un geste aussi anodin allait pouvoir suffire à la faire partir. Cette fois-ci, il ne peut pas fuir la conversation, ce qui signifie aussi qu’il n’a pas le moindre ascendant sur elle. Que pourrait-il faire, cloué au fond de son lit et affaibli par les médicaments ? “T’as jamais eu la capacité de décider des choses. Pas même pour ta propre vie.” Au début, c’est à papa et maman qu’il obéissait, comme tout enfant. Rapidement, ce n’est plus qu’à papa qu’il se devait d’obéir. Et une fois parti de la maison, c’est son addiction qui lui a toujours dicté quoi faire, jusqu’à aujourd’hui encore. Maintenant, c’est à elle de prendre le relais, que cela lui plaise ou non. C’est ce qu’elle annonce d’une voix calme, ayant eu le temps d’étudier toutes les options s’offrant à elle durant la nuit passée à son chevet. “J’aurais préféré que tu sois capable d’y aller de toi-même, mais ça ne change pas la finalité. Tu vas aller en cure, Jo. C’est pas une question. Les papiers sont déjà signés.” Il n’a pas la main mise sur sa propre vie et ce n’est que sa faute, Lily ayant dû signer les papiers tout en cachant ses larmes. Ce détail ne sera pourtant jamais porté à sa connaissance, surtout pas après tous les mots qu’il vient d’avoir à l’égard de sa cadette. “Tu iras dès que les médecins te jugeront en état de sortir de l’hôpital.” Désormais, elle ne fait même plus semblant de lui demander son avis.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] EmptyJeu 18 Nov 2021 - 22:55

“Personne ne m’avait préparé à ce que mon grand-frère devienne un drogué.” C’est ainsi que la guerre est à nouveau déclarée, alors. Ni le frère ni la sœur n’arrivent à préserver le semblant de calme qu’ils avaient. Comme s’il n’y avait jamais eu de paix entre eux dans les derniers mois et comme s’ils n’étaient pas devenus complices pour la première fois de leur vie. Les yeux de Joseph se teintent d’une couleur plus sombre ; le bleu du fond de l’océan, quand les lumières du soleil n’arrivent plus à faire leur loi. « T’étais préparée à rien. T’avais prévu depuis le début de faire ta vie le plus loin d’moi possible. T’as même pas essayé une seule fois d’me comprendre, alors tu peux garder tes commentaires pour toi-même, ça t’épargnera d’la salive. » Il aimerait tellement disparaître là, tout de suite, mais il se sent complètement ridicule coincé dans le lit et branché à des machines qui signalent sans arrêt que le rythme de son cœur ne cesse de s’accélérer. Un peu plus et une VRAIE infirmière viendra s’assurer que tout va bien dans la chambre et qu’elle n’est pas en train de perdre son patient.

L’échange entre Joseph et Lily est de plus en plus toxique et insensé tandis que le garçon se laisse contrôler par sa peur, celle de retrouver la sensation de brûlure qui l’a accompagné durant les premiers mois de son incarcération. Une douleur qu’il ne pourrait pas supporter de loger dans son corps une seule minute de plus. Parce qu’il craint de revoir ses démons du passé et il ne s’en sortirait certainement pas vivant – il n’est pas du tout dramatique. Alors il n’ira pas en cure et il le fait savoir à sa sœur avant de se refermer complètement sur lui-même. “T’as jamais eu la capacité de décider des choses. Pas même pour ta propre vie.” Il se fiche bien de tout ce qu’elle peut lui dire. Il est déjà au courant qu’il a hérité du rôle du fidèle chienchien en arrivant sur terre. Son collier a toujours été trop serré autour de son cou et il se faisait tirer par la laisse à chaque fois qu’il tentait de fuir. La seule différence entre lui et Lily, c’est qu’il n’est pas resté docile aux pieds de leurs parents et qu’il a payé le prix. “J’aurais préféré que tu sois capable d’y aller de toi-même, mais ça ne change pas la finalité. Tu vas aller en cure, Jo. C’est pas une question. Les papiers sont déjà signés.” Ses poings se serrent dangereusement mais il préfère supporter la pression qu’exercent ses ongles dans ses paumes plutôt que de laisser la moindre émotion déformer son visage. Lily avait peut-être gagné mais… elle ne gagnerait pas réellement. Il pensait naïvement qu’il avait encore une chance de s’en sortir indemne. Ce ne sont que des papiers qui peuvent prendre feu à n’importe quel moment. “Tu iras dès que les médecins te jugeront en état de sortir de l’hôpital.” « Va te faire foutre. » Il est tombé bien bas, alors. Il est trop tard pour qu’on attende de lui une réaction mature. Il est bien trop concentré à se battre contre les tremblements qui menacent de le trahir, lui et sa fausse confiance. S’il le faut, il se jettera par la fenêtre pour se casser les jambes, mais jamais il ne se laissera traîner là où il se fera à nouveau enfermer alors qu’il n’a rien demandé.      

@Lily Keegan sowwy g honte hihi
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

You said you would be there for me [Keegan] Empty
Message(#)You said you would be there for me [Keegan] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

You said you would be there for me [Keegan]