I was arrogant as if I knew everything But I didn't know, with you Why does it get harder the closer we get? In the end, I am just talking nonsense
Il ne se sent pas bien malin à rester planté face au #521 Wellington Street, et il y a à vrai dire bien longtemps qu’il n’a pas remis les pieds dans cette rue où il se rendait très souvent autrefois. Eddie se demande s’il fait bien d’être ici, le voilà sur le point de débarquer chez une avocate qu’il n’a plus revu depuis le mois des fiertés et sans s’annoncer, ce qui ne lui offre aucune garantie quant au fait qu’elle puisse être disponible pour lui, ni être tout simplement disposée à le voir. Mais il n’oublie pas les mots prononcés par Gabrielle la dernière fois qu’ils se sont vus, il se les remémore même encore parfaitement : tu sais où j’habite, si l’envie t’en prends, tu seras possiblement le bienvenu. Il se rassure avec ça Eddie et il en a besoin, car il n’a pas fait le déplacement jusqu’à Bayside par simple envie d’aller embêter un peu Gaby. Non, ça c’est l'excuse qu’il est prêt à lui sortir mais c’est surtout que sa compagnie lui manque, il aspire à retrouver la légèreté dont sa vie est cruellement dépourvue ces derniers temps et qui caractérisait si bien leur relation jusque là. Il a besoin de sourire et d’oublier Eddie, lui qui broie si facilement du noir depuis sa mise au repos forcé. Privé de sa passion il a le sentiment de ne plus servir à rien nulle part, ce corps qui était son outil de travail est aujourd’hui une carcasse molle qu’il traine tristement et la détérioration des rapports avec sa petite sœur ne l’aide pas à rester très optimiste, non plus. C’est là qu’il se rend compte qu’il a peu d’amis et qu’il ne sait surtout pas les garder, ça ne se bouscule pas au portillon pour lui souhaiter un prompt rétablissement et pour cause, il n’a parlé de sa situation qu’à peu de gens autour de lui par excès de fierté. Une fierté que Gabrielle connait bien chez lui, il se rappelle justement que l’avocate n’avait pas l’air refroidie par ses nombreux défauts ni effrayée par ses capacités à faire fuir les gens. Il reste convaincu qu’il pourrait la décevoir elle aussi mais elle ne semble pas se décourager facilement, et aujourd’hui il ne peut pas se permettre de laisser passer une chance quand on lui en donne une.
Ses pas sont hésitants jusqu’à la porte d’entrée de la villa dont le style contemporain l’avait tout naturellement attiré la première fois qu’il s’y était rendu, à l’occasion de la fête des voisins. Ce n’est que sa deuxième venue ici et elle est tout aussi inattendue que la première, mais bien plus préméditée en revanche de son côté. Il toque une fois, laisse quelques secondes s’écouler puis toque à nouveau en ayant l’impression de percevoir du mouvement derrière la porte. Et il ne se trompe pas, celle-ci s’ouvre face à lui pour révéler l’avocate qui devait être à mille lieues de penser qu’elle verrait sa bouille aujourd’hui et qu'il dérange peut-être, d'ailleurs. « Oh tiens Gaby, j’ai du bol que tu sois chez toi. Je passais complètement par hasard dans le coin et je me suis dit que j’allais aller dire bonjour à mon avocate préférée. » Ce qui n’a pas changé depuis leur dernier échange c’est qu’elle est toujours la seule avocate qu’il connaisse, mais ça ne retire rien au fait qu’il l’apprécie beaucoup. Alors évidemment Eddie ne passait pas du tout par hasard dans le quartier, c’est un prétexte pour se présenter devant elle sans lui avouer la vraie raison de sa présence parce qu'il n'assume pas son côté needy et le fait qu'il ne sait plus vraiment vers qui se tourner. « J’ai pas oublié que j’étais le bienvenu ici alors me voilà, pour ton plus grand bonheur ! Et désolé de pas t’avoir prévenu de ma visite, comme un con j’ai égaré ton numéro. » Il faudrait savoir, Yang, tu passais par hasard ou bien tu avais prévu ton coup ? Eddie ne réalise même pas ses incohérences lui qui ne fait que suivre son petit scénario interne, alors tant pis si ça ne tient pas debout. Et c'est un mensonge de plus qu'il lui sert car son numéro se trouve toujours au chaud dans son répertoire, il ne communique juste plus avec grand monde ces temps-ci et il serait bien incapable de dire quel est le dernier message qu’ils se sont envoyé tous les deux. « T’as peut-être vu que notre prestation au défilé a bien plu, la vidéo a fait son petit buzz sur les réseaux sociaux. Étonnant qu’on ait pas été contactés par une agence de mannequins après un tel succès - enfin moi c’est pas le cas, toi je sais pas. » Un sourire vient étirer ses lèvres tandis qu’il parait encore assez fier du challenge qu’ils ont relevé ensemble, pour la bonne cause. Ce qu’il se garde bien de dire, par contre, c’est que sa collaboration avec James Weatherton est tombée à l’eau suite à ses problèmes de santé qui ont contraint la Northlight à repousser la première de son spectacle jusqu’à nouvel ordre. Mais il va être obligé d’y venir à un moment ou à un autre, et dans un premier temps il ne va pas pouvoir cacher qu’il n’est plus tout à fait le même physiquement. Gabrielle pourra bientôt voir qu’il est légèrement claudiquant et il est d’ailleurs venu avec sa nouvelle amie, cette béquille qu’il emmène partout avec lui pour soulager au maximum le poids mis sur son genou convalescent. « Bon les défilés en ce qui me concerne c’est un peu foutu là.. » C’est d’une voix quelque peu soupirante qu’il reprend, même s’il n’avait pas pour ambition de refouler un podium de sitôt il faut surtout imaginer que s’il ne peut plus défiler, il peut encore moins danser. Et c’est ça qui le mine, pas un jour ne passe depuis sa sortie de l’hôpital sans qu’il ne soit bouffé par les regrets d’avoir laissé cette blessure dégénérer. Quel idiot il a été, et quel retour de karma il s’est mangé, aussi. « Eh ben tu m’invites pas à entrer ? » Il parle, il parle, en attendant il n’a toujours pas bougé d’un iota et c’est vrai qu’il ne dirait pas non au fait de renouer avec l’intérieur de cette maison où il a mine de rien quelques souvenirs. Il a notamment marqué les lieux par ses (non) talents de DJ et ça Gabrielle ne peut pas l'avoir oublié, elle qui n’avait déjà pas manqué de le taquiner à ce propos la dernière fois.
ninety-nine problems and this pride is one of them.
Gabrielle a le nez dans ses dossiers, assise à même le sol alors que ces derniers sont posés sur la table basse du salon. Rentrée il y a peu du cabinet d’avocat dans lequel elle travaille depuis un an maintenant, l’avocate est incapable de se stopper alors qu’elle aurait bien besoin de décompresser un peu. Pourtant, elle en est incapable. Incapable quand c’est le seul moyen pour elle d’oublier tout ce qu’elle a pu apprendre il y a de ça quelques semaines. Oublier toutes ces vérités apprises au détour d’un dîner qui se devait être un moyen pour elle et ses frères de se retrouver après des années éloignées d’eux. Gabrielle avait conscience que ses frères lui cachaient bien des choses, mais jamais elle n’aurait pensé que ces lourds secrets desquels il la tenait éloignée étaient si morbides et décevants. Si l’illégalité en était un, jamais elle n’aurait pensé que celui-ci aurait pu être secondaire en apprenant que son frère, celui peut-être en qui elle avait le plus confiance, avait été celui qui avait tué leur propre père. Le geste évidemment l’a choqué, mais peut-être davantage le silence, celui du secret conservé pendant toutes ces années, le mensonge qu’ils ont pu lui raconter en lui faisant croire qu’il s’était suicidé. Si elle pensait en avoir appris suffisamment, Alec n’a pas manqué de balancer aussi les horreurs que Mitch a pu faire durant toutes ces années, confirmant les dires de celle qu’elle avait raconté la veille au Casino, Raelyn Blackwell. Si tout était bien trop déjà à ce stade pour Gabrielle, elle a aussi appris que Mitchell a voulu se venger sur la petite amie d’Alec en se rendant chez elle, arme à la main, menaçant, pour finalement lui tirer dessus. La déception, l’horreur, la colère et même la haine sont les sentiments qu’elle peut ressentir désormais à l’encontre de ses frères à qui elle ne souhaite plus adresser la parole pour le moment, incapable de les confronter à nouveau, tentant de justifier leurs gestes impardonnables.
D’ailleurs, lorsque la sonnette de sa villa retentit, un soupir s’échappe d’entre ses lèvres. Elle connait l’audace que ses frères peuvent avoir, que ce soit Mitch ou Alec, capable de venir lui rendre visite à l’improviste car elle ne prend pas la peine de répondre à leur appel. Elle craint donc d’en retrouver l’un d’eux derrière sa porte, et heureusement, ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est un certain soulagement qui peut même se lire clairement sur son visage, un sourire même s’affichant au coin de ses lèvres alors qu’elle découvre l’identité de son visiteur « Oh tiens Gaby, j’ai du bol que tu sois chez toi. Je passais complètement par hasard dans le coin et je me suis dit que j’allais aller dire bonjour à mon avocate préférée ». Voilà Eddie Yang, dans toute sa splendeur, sur le pas de sa porte alors que cela fait plus de deux mois qu’ils ne se sont pas revus. « J’ai pas oublié que j’étais le bienvenu ici alors me voilà, pour ton plus grand bonheur ! Et désolé de pas t’avoir prévenu de ma visite, comme un con j’ai égaré ton numéro ». Gabrielle arque un sourcil, remarquant l’incohérence entre les deux phrases prononcées par Eddie. Si elle ne commençait pas à le connaitre, elle se dirait qu’il est surement fou. Mais, en connaissant le spécimen, elle sait qu’il a tendance à s’emmêler les pinceaux quand il est un peu stressé ou tente de dissimuler quelque chose. « Me prévenir que tu passais totalement par hasard dans le quartier et que tu allais te dire que tu allais venir me dire bonjour ? ». Gabrielle garde un air sérieux, toujours le sourcil arqué en attendant la réaction d’Eddie avant que ses traits se détendent, un air moqueur apparaissant alors sur son visage. « Dommage que tu n’aies pas oublié mon adresse, en revanche » ne peut-t-elle s’empêcher d’ajouter. Elle ne le pense pas, évidemment, la présence d’Eddie sur le pas de sa porte en cette fin d’après midi la ravissant bien plus qu’elle ne peut le démontrer actuellement. C’est cette légèreté dont elle a cruellement besoin, cette légèreté qu’elle ne retrouve plus depuis quelques semaines, le poids sur ses épaules de son passé ayant rejailli, bien trop présent et pesant. « T’as peut-être vu que notre prestation au défilé a bien plu, la vidéo fait son petit buzz sur les réseaux sociaux. Etonnant qu’on ait pas été contactés par une agence de mannequins après un tel succès – enfin moi c’est pas le cas, toi je sais pas ». Gabrielle tient toujours sa porte contre laquelle elle s’est légèrement appuyé alors qu’Eddie semble déterminé à faire la conversation sur le pas de celle-ci. « Moi non plus, où ils ont eux aussi égaré mon numéro » Un énième sourire vient à se glisser sur le coin de ses lèvres alors que son regard vient alors à s’attarder sur la béquille que vient à lui montrer Eddie et à laquelle elle n’avait pas encore prêté attention « Bon les défilés en ce qui me concerne c’est un peu foutu là… ». Gabrielle écarquille les yeux, surprise de le voir ainsi, et surtout qu’il n’est pas pris la peine de lui en parler. Enfin, devrait-t-elle être étonné après tout ? « Eh ben tu m’invites pas à entrer ? ». Elle se renfrogne un peu « Tu es parti pour faire la conversation sur le palier visiblement, je ne voulais pas te couper dans ton élan ». Elle marque une pause sans pour autant l’inviter encore à entrer « Et vu comment tu me parles, tu mériterais que je te laisse là d’ailleurs ». Elle lève les yeux au ciel puis ouvre davantage la porte alors qu’elle tourne les talons, invitation indirecte pour lui d’entrer enfin chez elle.
Une maison qu’il connait déjà suffisamment pour y être venu quelques mois auparavant lors de la fête des voisins, elle n’a pas besoin de lui montrer le chemin « Installe-toi, l’estropié » Elle l’invite alors à s’installer sur le canapé alors qu’elle se dirige vers la cuisine ouverte, « Je t’offre quelque chose à boire ? » demande-t-elle en sortant deux verres du placard de la cuisine. Lorsque Eddie a fait son choix et que les deux verres sont remplis, elle le rejoint, s’installant sur le canapé, tout en rangeant sa paperasse, la table basse toujours jonché de plusieurs dossiers sur lesquels elle était en train de plancher « Bon, qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu as été bien trop impressionné par James Weatherton et tu es tombée lamentablement devant lui ? ». Gabrielle tente l’humour en espérant que cela ne froissera pas le jeune coréen, attendant une explication plus plausible de sa part.
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Il ne faut pas lui dire deux fois qu’il est le bienvenu quelque part Eddie, c’est le genre de chose qui ne tombe vraiment pas dans l’oreille d’un sourd avec lui et d’autant plus en ce moment, alors qu’il est prêt à trainer sa carcasse n’importe où tant qu’il peut voir autre chose que les murs de chez lui. On pourrait s’étonner du fait qu’il parvienne à retrouver la maison de Gabrielle avec autant de facilité plusieurs mois après sa première et unique venue sur les lieux mais c’est bien normal en réalité, lui qui avait autrefois ses habitudes dans le quartier. Elle est aujourd’hui la seule habitante de Bayside à qui il se permet de rendre visite en gardant en tête ce semblant d’invitation qu’il avait récolté l’autre fois, supposant que l’avocate n’a pas pu tirer un trait sur lui depuis le défilé même s’ils n’ont pas beaucoup communiqué suite à ça. Il est comme ça Eddie, il ne s’encombre pas de grand-chose quand il a une idée derrière la tête alors Gabrielle va avoir des nouvelles du danseur qu’elle n’attendait peut-être plus, depuis le temps. Il se demande pourquoi Gaby parait limite soulagée en le découvrant derrière sa porte, se pourrait-il qu’elle redoute certaines visites et que la sienne n’en fasse pas partie ? Il n'osera pas poser la question, du moins pas tout de suite. Après quoi Eddie s’emmêle les pinceaux, laissant d’abord entendre que sa présence sur les lieux est totalement improvisée puis se contredisant, cinq secondes plus tard. C’est à se demander comment il peut avoir été le roi des mensonges pendant sept mois en bernant tout le monde sur son état de santé, mais ne pas être capable de sortir à l’avocate un petit bobard qui tienne la route pour enrober le fait que sa compagnie lui manque et qu’il se sent seul. Ça n’a pas de logique, un peu comme lui finalement. « Oui bon, tu as compris. » il rétorque, un peu confus, lorsque Gaby lui met le nez dans ses incohérences. Pas sûr qu’elle y ait compris grand-chose justement mais il semble à présent très clair qu’Eddie avait prémédité son coup et que cette visite est aussi fortuite que lui est rationnel là tout de suite, autrement dit pas le moins du monde. « À moins de tomber violemment sur la tête ça ne risquait pas ça Gaby. » il reprend pour ce qui est de ne pas avoir oublié son adresse, ce dont elle se plaindrait presque face à lui. Gabrielle sait bien pourquoi il n’y avait aucune chance qu’il omette une telle information mais il ne s'étendra pas sur le sujet, le danseur n’étant de toute façon pas du genre à se retourner sur son passé.
On n’arrête plus Eddie qui n’en finit pas d'alimenter l’échange - ou le presque monologue - initié devant la porte, et il ne lui faut pas longtemps avant de revenir sur ce défilé qu’ils ont fait ensemble quelques mois plus tôt. En ce qui le concerne il n’a pas reçu la moindre proposition pour défiler à nouveau après ça mais ce n’est pas comme s’il avait espéré autre chose, on ne peut pas être déçu quand on ne s'attend à rien. Il aurait pensé que Gabrielle taperait peut-être dans l’œil d’un ou deux professionnels en plus de James Weatherton dans sa robe jaune mais là encore il n’en est rien, comme quoi leur prestation a fait son effet mais juste le temps d’un petit buzz. « Je comprends pas que Weatherton t’ait pas approchée pour faire de toi l’une de ses égéries, je suis sérieux. » Effectivement il l’est. Eddie aurait compris qu'elle ait droit à des retombées positives contrairement à lui car ça a bien dû se sentir qu’il n’était pas aussi calé en mode que l’est Gaby et qu'il était donc moins intéressé par tout ça, sans parler du fait qu’en tant qu’homme il est un peu petit pour percer dans un tel milieu. L'avocate a aussi une prestance que lui estime ne pas avoir, et qu'il imaginerait bien coller avec l'image de la maison Weatherton. Alors qu’il laisse entendre que les défilés sont de toute façon finis pour lui Eddie se demande aussi quand il aura l’honneur d’être invité à entrer, offrant enfin à l’avocate l’occasion d’en placer une. « Tu n’oserais pas laisser un éclopé sur le pas de ta porte quand même ? » Pauvre de lui, s’il ne lui fait pas pitié avec sa béquille vraiment il ne comprend pas. C’est vrai qu’il peut être bavard quand il s’y met mais ici il ne l’est visiblement pas pour rien puisque son culot finit par lui ouvrir pleinement la porte de la maison de l’avocate. « Il est temps que j’apporte un peu de joie de vivre là-dedans. » annonce-t-il en alignant ses premiers pas à l’intérieur et c’est drôlement ironique sachant qu’en ce moment il a tout, sauf de la joie de vivre en réserve Eddie. Il veut juste croire que sa présence peut quand même apporter un petit quelque chose à Gaby car ça le rassure de se dire qu’il n’a pas bousillé sa chance avec elle, et qu’elle peut avoir toujours envie d’apprendre à le connaitre. Et puis il sourit faiblement quand à son tour l’avocate le réduit à sa jambe boiteuse pour le convier à s’assoir, disons qu’il peut lui-même s’en moquer pour dédramatiser la chose mais qu’il a encore beaucoup de mal à se voir de cette façon à travers le regard des autres. Diminué, faible, tout ce qu’il aimerait ne pas être en ce moment. « Un jus de ce que tu veux, j’ai besoin de vitamines. » il se contente de répondre puisqu’elle lui propose aussi à boire. Eddie a la chance de ne pas être allergique au latex et donc à la plupart des fruits comme son père, il n’y a donc pas de risque à lui apporter un jus plutôt qu’un autre et il évitera de toute façon de faire le difficile entre ces murs pour ne pas faire regretter à l'avocate de l'avoir fait entrer.
Gabrielle le rejoint sur le canapé une fois leurs verres servis et Eddie mentirait s'il se disait surpris par la question qu'il récolte aussitôt. C'était assez inévitable qu'elle finisse par lui demander comment il a fait son compte pour se retrouver avec un genou en compote, il ne pouvait pas trop espérer venir ici et ne pas éveiller la curiosité de la brune car ça se remarque, surtout quand on l'a connu comme elle beaucoup plus fringant avant ça. Elle s’essaie même à une touche d’humour mais contre difficilement le soudain sérieux du danseur. « Rien à voir avec lui non, même si j’ai lamentablement gâché notre collaboration avec toute cette histoire. » Alors si, finalement ça a quand même un peu à voir avec James Weatherton, tout du moins pour ce qui est des conséquences directes de ce chamboulement dans sa vie. « Je me suis blessé pendant un entraînement en début d’année et j’ai laissé ça empirer pendant sept mois.. jusqu’à retomber sur le même genou il y a quelques mois et être contraint de subir une opération, cette fois. » Il n’en est pas fier Eddie mais s’il pouvait éviter une énième leçon de morale sur son inconscience il apprécierait car ça ne l’aide pas du tout à accepter sa nouvelle situation qu’on lui dise qu’il a merdé, il le sait très bien et s'en rend parfaitement compte tous les jours face au miroir. « Je ne pourrai pas reprendre la danse avant 2022, c’est ça le plus compliqué. » il avoue en relevant doucement son regard vers elle, un regard triste que Gabrielle n’a certainement encore jamais vu chez lui. Eddie sent sa gorge se serrer alors il replonge ses lèvres dans son verre pour apaiser celle-ci, pendant que ses yeux naviguent sur la paperasse présente en grande quantité dans ce salon, tout autour d’eux. « C’est quoi tous ces dossiers, me dis pas que tu bossais avant que j’arrive ? » Ça semble bel et bien être le cas et pourtant il la pensait en jour de repos, à moins qu’un tel concept ne parle pas trop à Gabrielle. « T’es du genre à ramener du boulot à la maison alors, ça me surprend pas trop. Mais ôte-moi quand même d’un doute Gaby, ça t’arrive de lever le pied parfois ? » Tout ça, là, il veut quand même croire que ça peut attendre. C’est peut-être habituel pour une avocate de quitter son cabinet le soir avec ses dossiers en cours sous le bras mais Eddie s’interroge quand même, elle trouverait refuge dans son travail comme lui l’a longtemps fait que ça ne l’étonnerait pas.
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« Oui bon, tu as compris ». Non pas vraiment, a-t-elle envie de lui répondre parce que ses paroles sont dénuées de sens et se contredisent. Mais elle comprend bien qu’Eddie n’a pas voulu avouer qu’il passait par là non pas par hasard, mais parce qu’il avait l’envie de lui rendre visite. Ce n’est pas comme si elle ne lui avait pas tendu la perche lors de leur dernière rencontre où elle lui avait explicitement dit qu’il était le bienvenu chez elle. Et même si elle dit qu’elle aurait préféré qu’il oublie son adresse, le voir sur le pas de sa porte aujourd’hui lui redonne le sourire, même si, tout comme Eddie qui prétend être là de manière fortuite, elle ne le montre pas pour l’instant « A moins de tomber violemment sur la tête ça ne risquait pas ça Gaby ». De toute manière, il est là désormais et autant le laisser entrer… Enfin, quand il aura terminé son monologue, celui dans lequel il s’est lancé alors que Gabrielle a légèrement pris appuie sur la porte, se doutant que, moulin à paroles qu’il est, la discussion allait durer un petit moment « Je comprends pas que Weatherton t’ait pas approchée pour faire de toi l’une de ses égéries, je suis sérieux ». Elle n’a pas cette prétention pour le reconnaitre Gabrielle, ne se sentant pas de toute manière à l’aise en public pour se pavaner sur un podium. Elle l’a fait lors du défilé au côté d’Eddie, mais justement parce qu’il était là avec elle et qu’elle n’a pas eu trop le choix finalement que de le faire. L’instant ne s’est pas éternisé, n’ayant duré que quelques minutes et le temps du petit buzz qui s’en est suivi sur les réseaux. Mais le compliment offert par Eddie la touche, lui faisant apparaitre un sourire reconnaissant au coin des lèvres « Et même s’il m’avait proposée quelque chose, je n’aurais pas accepté. Ou alors, je l’aurai obligé à ce que tu sois engagé aussi ». Un clin d’œil adressé au Yang parce qu’elle a vraiment passé un bon moment à ses côtés lors de cet événement. « Mais merci, Yang » pour le compliment, elle entend. « Tu n’oserais pas laisser un éclopé sur le pas de ta porte quand même ? ». Non mais en l’occurrence ici, ce serait tentant juste pour le plaisir d’emmerder le jeune coréen et répondre par la positive. Elle ne le ferait pas évidemment et c’est donc pour ça qu’elle s’écarte pour le laisser entrer. « Il est temps que j’apporte un peu de joie de vivre là-dedans ». Là encore, Gabrielle reste silencieuse mais si Eddie savait à quel point il vise juste en disant ça. La jeune femme ne supporte plus le silence pesant de sa villa depuis qu’elle a appris toutes ces vérités à propos de ses frères. Elle ne supporte plus le silence qui la pousse à bien trop réfléchir, à essayer de contrôler sa colère silencieuse et qui, pourtant, ne demande qu’à être exprimé tant cette situation lui pèse. Elle pourrait aller à la rencontre de Mitchell ou Alec mais que pourrait-t-elle leur dire de plus quand il n’y a que déception à leur égard ? Elle n’est même pas certaine de pouvoir leur pardonner un jour, tellement les secrets et les révélations sont bien trop lourds. Et de ce fait, elle ne peut même pas en parler autour d’elle, plus parce qu’elle ne veut pas livrer les secrets de ses frères, parce qu’ils restent malgré tout sa famille, plus que par honte.
« Un jus de ce que tu veux, j’ai besoin de vitamines ». Elle est dans la cuisine qui donne sur le salon et attrape un verre dans le placard du haut avant d’ouvrir le frigo « J’ai un smoothie que je me suis préparée en rentrant, très green pour le coup mais je te promets que tu ne vas pas mourir après ça ». Un mélange composé de pommes, épinards et concombre, relevé avec un peu de miel pour sucrer un peu le tout. Elle ne lui demande pas s’il est d’accord pour en prendre, lui qui prétend avoir besoin de vitamines, elle estime que son smoothie répond parfaitement à la demande. Elle le rejoint alors, après s’être servi pour sa part un grand verre d’eau – ayant résisté, pour le moment, à l’appel d’un verre de vin – et s’installe à ses côtés pour en savoir plus sur les raisons qui l’ont poussé à se retrouver en béquilles. « Rien à voir avec lui non, même si j’ai lamentablement gâché notre collaboration avec toute cette histoire ». Le regard de Gabrielle trouve celui d’Eddie, retrouvant son sérieux quand elle comprend que le sujet est délicat « Je me suis blessé pendant un entraînement en début d’année et j’ai laissé ça empirer pendant sept mois… jusqu’à retomber sur le même genou il y a quelques mois et être contraint de subir une opération, cette fois (…) Je ne pourrai pas reprendre la danse avant 2022, c’est ça le plus compliqué ». Les sourcils se sont un peu froncés sur le visage de l’avocate avant qu’elle ne finisse par se détendre, son regard devenant compatissant « Je suis désolé Eddie ». Elle est sincère parce qu’elle voit cet air triste sur son visage, un air qu’elle ne lui connait pas encore et qui montre une certaine vulnérabilité chez lui, faisant contraste avec la personne qu’il peut être en temps normal « Mais… je me dois quand même de te dire que tu n’as pas été prudent, surtout que ça » en l’occurrence ses jambes « est ton gagne-pain ». Elle se doit de jouer la moralisatrice parce qu’évidemment elle ne peut pas prétendre qu’il n’a pas été imprudent en laissant traîner une telle blessure « Mais je peux comprendre aussi parce que dans ce milieu, ce n’est pas évident de se faire sa place. Enfin, j’imagine ». La complexité de disparaitre quelques temps, la peur de ne pas retrouver sa place après une longue absence. « Mais vois le bon côté des choses. Tu pourras retrouver le parquet de danse avec un genou tout neuf et faire des merveilles à nouveau ». Un fin sourire s’affiche sur le coin de ses lèvres « Enfin, j’imagine, je ne t’ai jamais vu à l’œuvre. Evidemment, ce n’est pas maintenant que tu vas me faire une démonstration ». Gabrielle se tente à nouveau à l’humour, sûrement pour faire disparaitre cet air triste sur le visage d’Eddie. Elle tapote alors légèrement sa jambe d’une main « En attendant que tu te remettes de tout ça, tu seras le bienvenu ici ». Son sourire tout comme ses paroles sont sincères, parce qu’elle voit bien que cette période n’est pas évidente pour lui, même s’il ne le dit pas explicitement.
« C’est quoi tous ces dossiers, me dis pas que tu bossais avant que j’arrive ? ». Le regard de Gaby, alors qu’elle est assise avec les jambes repliés, pivoter vers Eddie, un bras appuyé contre le dossier du canapé trouve la table basse où elle a laissé traîner toute la paperasse dans laquelle elle s’est noyée quelques minutes plus tôt. Ces dernières semaines, Gabrielle a trouvé refuge dans le travail, même en rentrant chez elle. Nombreuses sont les nuits blanches qu’elle passe ces derniers temps, incapable de s’endormir paisiblement. Son regard se ferme à cet instant alors qu’elle fixe les dossiers « Si, une affaire qui me prend un peu plus de temps que prévu ». Mensonge mais il ne peut pas le savoir. Un sourire se dessine sur ses lèvres « Pourquoi, tu vas me faire la leçon de morale ? » Il pourrait, manière au moins de se venger de la petite leçon qu’elle lui a elle-même donné un peu plus tôt. « T’es du genre à ramener du boulot à la maison alors, ça me surprend pas trop. Mais ôte-moi quand même d’un doute Gaby, ça t’arrive de lever le pied parfois ? ». Gabrielle hausse alors les épaules, se penchant pour remettre de l’ordre sur la table « Pas ces derniers temps ». Elle choisit la carte de la franchise cette fois alors qu’elle se reprend sa position initiale et trouve le regard d’Eddie « Ca m’évite de trop penser à certains autres tracas que je peux avoir ». Elle boit une gorgée de son verre qu’elle a gardé sa main après s’être réinstallé confortablement dans le canapé mais grimace « Mais il me faudra plus que ce verre d’eau pour que je t’en parle. Potentiellement ». Parce qu’elle ne lui dira pas tous les détails, ne souhaitant pas exposer ses frères mais elle peut au moins lui dire les grandes lignes. D’ailleurs, elle se relève immédiatement pour se diriger vers la cuisine et prendre un verre de vin cette fois à la place de ce verre d’eau, fade et sans saveur. « Tu es encore mineur à mes yeux pour que je t’en propose un verre » dit-t-elle alors qu’elle se sert, non sans sourire, amusée.
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Il ne sait pas ce qu’il aurait fait de sa peau si Gabrielle ne lui avait pas ouvert sa porte cet après-midi, ce n’est pas comme s’il avait un plan B et quelqu’un d’autre à voir dans le quartier. Si c’est ici que ses pieds l’ont mené c’est parce qu’il avait envie de voir l’avocate avec laquelle ses échanges sont toujours d’une légèreté appréciable, et parce qu’il avait aussi supposé que son invitation à passer la voir tenait toujours. Peut-être bien qu’il parait un peu culotté aujourd’hui Eddie à débarquer comme une fleur alors qu’il s’est un peu fait oublier ces derniers mois, mais suite au défilé Weatherton qui les avait réunis l’avocate et lui la vie du danseur a comme qui dirait connu quelques chambardements. Sa santé a beaucoup décliné depuis, il ne travaille plus et son moral est aussi sacrément en berne alors c’est sûr, ce n’est pas franchement la meilleure version de lui-même qu’il offre à Gabrielle en guise de retrouvailles. Il a beau sourire et prétendre que cette visite n’était pas le moins du monde préméditée, arrive-t-il pour autant à sauver les apparences ? Gabrielle n’a pas l’air dupe mais il est là maintenant, c’est un peu tout ce qui compte car les vraies raisons de sa venue, de toute façon, Eddie ne les avouera pas clairement sur le pas de cette porte. Le bonhomme se montre incapable de ne pas revenir sur le fameux défilé du mois des fiertés, ce jour-là est même fièrement inscrit dans sa mémoire car ce n’est pas tous les jours qu’il a l’occasion de voir son avocate et son styliste préférés réunis au même endroit. Gabrielle aurait dû selon lui signer avec la maison Weatherton suite à sa prestation remarquée par James et il se demande pourquoi ça ne s’est pas fait, ce qui a retenu le styliste de la recontacter après ça. Que lui ne l’ait pas été c’est une chose mais la brune avait tout pour devenir l’une de ses muses, si l'on en croit Eddie. Et pourtant, elle n’aurait apparemment pas sauté sur l’opportunité si une offre lui avait été faite. « Et même s’il m’avait proposée quelque chose, je n’aurais pas accepté. Ou alors, je l’aurai obligé à ce que tu sois engagé aussi. » Il écarquille ses yeux comme pour s’assurer d’avoir bien entendu, ainsi elle se serait payé le luxe de dire non ou aurait exigé qu’il soit pris lui aussi ? C’est fou, et le pire c’est qu’il la connait maintenant assez bien pour savoir qu’elle est sérieuse. Alors il soupire, non sans esquisser un léger sourire. « Mais non Gaby.. t’aurais quand même pas refusé de bosser avec lui pour un mec comme moi. » Un mec comme lui, il est le seul à savoir ce qu’il entend vraiment par là mais il est partagé entre le fait d’être touché et gêné par ce qu’il entend. D’un côté il apprécie vraiment que Gabrielle n’imagine pas une collaboration avec le styliste sans lui et de l’autre il n’estime pas mériter de travailler de nouveau avec James alors qu’il s’est montré très peu professionnel à son égard récemment. Mais ça Gabrielle ne le sait pas, et il ne risque pas de s’en vanter. « Mais merci, Yang. » Le sourire du danseur s’agrandit tandis qu'il se demande après ça s’il va rester dehors encore longtemps ou s’il peut espérer être invité à entrer avant la semaine prochaine. Non pas qu’il s’impatiente mais.. si, un peu quand même et il ne peut pas maintenir éternellement la position debout avec son genou convalescent. Il finit par fouler le sol de cette maison qu’il retrouve plusieurs mois après son premier passage, et sa première impression est de se dire que c’est calme, et un peu froid à l’intérieur. Ça ne l’était pas autant la dernière fois mais il faut dire aussi qu’il y était venu en pleine fête des voisins, et que d’autres visiteurs avaient animé le domicile de l’avocate. Aujourd’hui cette grande maison manque de vie, on y entendrait presque une mouche voler et Eddie ne peut pas s’empêcher de penser que c’est un peu déprimant comme atmosphère. Il ne sait pas ce que Gabrielle faisait avant son arrivée mais il est au moins sûr d’une chose : elle ne s'éclatait pas, car ce qui l’entoure lui inspire clairement l’inverse.
Des vitamines, voilà qui ne fera pas de mal à Eddie en ce moment. L’alcool très peu pour lui parce qu’il a une descente un peu trop facile ces derniers temps et l’idée n’est pas qu’il devienne un grand buveur pendant sa mise en repos forcée ou finisse par repousser les limites de sa faible tolérance. Un jus de fruits sera bien plus raisonnable même si en réalité il acceptera n’importe quoi, pourvu que ce soit soft. « J’ai un smoothie que je me suis préparée en rentrant, très green pour le coup mais je te promets que tu ne vas pas mourir après ça. » Il ne va pas dire non Eddie car ça ne peut que lui faire du bien, son corps risque même de lui dire merci s’il se met à ingurgiter des choses aussi saines car on ne peut pas dire qu’il y ait été très habitué jusqu’ici. « Ce sera parfait, je prends. » Et en même temps est-ce qu’il a vraiment le choix ? C’est un peu tout ce que l’avocate lui propose, et ce n’est pas en ce moment qu’il va oser faire le difficile. Eddie récupère le smoothie en question tandis que Gabrielle se limite de son côté à un verre d’eau, et ce choix lui fait encore dire que quelque chose cloche. Ce n’est pas bien folichon, à l’image de ce qu’il ressent dans cette maison depuis qu’il y est entré. Il la remercie et prend une première gorgée de sa boisson, dont il parvient aussitôt à identifier les différents goûts ou tout du moins deux d’entre eux, pomme et concombre. C’est en sirotant tout ça qu’il en vient à s’aventurer sur un sujet particulièrement délicat : l’opération qu’il a subie le mois dernier et ce qu’il a fait, surtout, pour en arriver là. Parce qu’on ne se retrouve pas avec un genou en compote du jour au lendemain par hasard, dans son cas en l’occurrence une grande imprudence est à pointer du doigt. « Je suis désolée Eddie. » Il baisse la tête, ces mots à force n’ont plus tellement d’effet sur lui car les gens autour de lui ont beau compatir (pour certains) ça n’enlève rien à sa profonde frustration, et au fait qu’il se déteste d’avoir laissé le contrôle lui échapper à ce point. « Mais… je me dois quand même de te dire que tu n’as pas été prudent, surtout que ça est ton gagne-pain. » Le danseur relève ses yeux sombres vers l’avocate chez qui il ne perçoit pas de jugement comme ça a été le cas chez d’autres, mais qui pointe quand même de façon très juste l’inconscience qui a été la sienne ces derniers mois. « Je sais que j’ai sérieusement déconné et crois bien que je m’en veux Gaby. Si c’était à refaire je me ménagerais beaucoup plus et j’accepterais les foutues injections dont on m’avait parlé à l’époque. » Il n’avait pas voulu l’écouter ce médecin mais s’il l’avait fait sans doute que sa blessure aurait été bien mieux contenue, et n’aurait pas dégénéré de cette façon. Il avait encore voulu se convaincre qu’il savait tout mieux que tout le monde et voilà le résultat. « Mais je peux comprendre aussi parce que dans ce milieu, ce n’est pas évident de se faire sa place. Enfin, j’imagine. » Ah, ce qu’il entend ne pourrait pas être plus vrai. « Tu imagines bien. » il lui confirme sobrement car il a travaillé dur pour ça, et il faut aussi comprendre que les métiers de la scène sont parmi les plus exigeants. Le monde du spectacle ne permet pas de souffler sans faire courir certains risques à sa carrière car la concurrence est rude dans ce milieu et des danseurs/chorégraphes ce n’est pas ce qui manque dans ce pays. Eddie a beau avoir gagné le respect de ses pairs en tant qu'artiste il sait qu'il n'est pas irremplaçable, et c’est aussi pour ça qu’il a continué de danser même quand son corps lui disait stop. « Mais vois le bon côté des choses. Tu pourras retrouver le parquet de danse avec un genou tout neuf et faire des merveilles à nouveau. » Cette remarque le rend triste tout en le faisant sourire, c’est le genre de chose qu’il a besoin d’entendre mais qui en même temps lui demande de faire preuve d’un optimisme qu’il n’a plus du tout en lui. « Je vais pas te mentir, le bon côté des choses j’ai beaucoup de mal à le voir en ce moment moi. » Il ne serait d’ailleurs pas exagéré de dire qu’il voit tout en noir depuis plusieurs semaines. « Mais oui, j’ai hâte de reprendre avec un genou en bon état car ces derniers mois j’ai beaucoup forcé sur ma blessure. Chaque fois que je dansais c’était dans la douleur. » Il pourrait aussi préciser qu’il a gobé les antidouleurs comme on goberait des bonbons et ce pendant des mois, justement pour rendre cette douleur à peu près supportable et lui permettre de continuer de danser quand il le pouvait encore. Il peut s’estimer heureux de ne pas être devenu totalement dépendant de ces cachets, même s’il a encore un peu de mal à s’en passer aujourd’hui, un mois après son opération. « Enfin, j’imagine, je ne t’ai jamais vu à l’œuvre. Evidemment, ce n’est pas maintenant que tu vas me faire une démonstration. » Ni avant plusieurs mois à vrai dire, sa reprise n’étant pas prévue avant le début d’année prochaine et c’est un minimum, tout dépendra de l’avis de son chirurgien qui ne lui donnera pas son feu vert sans être sûr qu’il sera apte à reprendre sa vie au même rythme qu'avant l'intervention. « J’aimerais bien te montrer ce que je vaux quand je serai pleinement remis. Tu voudras passer me voir à mon studio, ou au théâtre ? » C’est une idée qu'il glisse comme ça, si jamais c’est susceptible de l’intéresser au moins elle sait que ce sera possible et qu’Eddie serait ouvert au fait de partager sa toute première passion avec elle. « En attendant que tu te remettes de tout ça, tu seras le bienvenu ici. » Il se redresse, observant l’avocate quelques secondes alors qu’un sourire plus discret, presque timide, se fraie un chemin le long de ses lèvres. « Merci Gaby.. » il souffle en ne sachant soudainement pas quoi faire de cette main tendue. Ça le déboussole pas mal, c’est un soutien sur lequel il comptait mais paradoxalement il a encore du mal à croire que l’on puisse vouloir s’encombrer de lui en ce moment. « Ça me fait du bien de l’entendre. » Elle peut être sûre que ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd car Eddie n’a pas grand monde vers qui se tourner en ce moment, cette opération ayant même entrainé un chaos pas possible dans ses relations les plus proches. Sa sœur ne lui parle presque plus, c’est le plus douloureux dans tout ça mais il sait très bien que la cause n’est pas seulement celle-là. Il imprime en tout cas que sa présence ne sera jamais de trop ici et n'est pas près d'oublier les mots réconfortants de l’avocate.
Il ne lui faut pas longtemps pour remarquer les dossiers présents en nombre dans la pièce, puis pour supposer que Gabrielle était en train de travailler quand il s’est décidé à lui rendre visite. Il a interrompu quelque chose de toute évidence mais il n’aurait quand même pas pensé que l’avocate avait encore le nez dans le boulot. « Si, une affaire qui me prend un peu plus de temps que prévu. » Eddie la croit même s’il s’interroge sur cette affaire qui ne peut manifestement pas attendre. « Il est accusé de quoi ton client pour te donner tout ce fil à retordre ? » il la questionne dans l’esquisse d’un sourire malicieux. Pour que ce dossier l’ait suivie jusqu’à chez elle, oui, il présume que c’est un cas difficile vis-à-vis duquel elle ne compte pas ses heures. « Pourquoi, tu vas me faire la leçon de morale ? » Le danseur plonge ses lèvres dans son verre pour se retenir de dire tout ce qu’il en pense, car c'est vrai qu’il a du mal à ne pas s’en mêler. « C’est pas l’envie qui m’en manque mais t’es grande, tu sais ce que tu fais et je suis de toute façon mal placé pour te reprocher de trop bosser. » Parce que lui-même se retrouve dans sa situation pour cette raison, il n’a pas su s’arrêter et se reposer quand il l’aurait fallu et visiblement Gabrielle n’est pas non plus dans une période où il lui arrive de beaucoup lever le pied. « Pas ces derniers temps. Ca m’évite de trop penser à certains autres tracas que je peux avoir. » Aïe, il y a donc autre chose. Travailler pour ne pas penser au reste et s’occuper l’esprit, le danseur connait bien ça pour l’avoir longtemps appliqué à lui-même. « Bon. Là je te parle en tant qu’ami, pour l’avoir déjà fait je peux affirmer que trouver refuge dans le pro pour oublier le perso c’est jamais une idée grandiose. » Quand c’est pour oublier une rupture amoureuse c’est même pire que tout, alors il espère que l’avocate n’a pas le cœur brisé pour se réfugier dans ses dossiers de cette façon. « Mais il me faudra plus que ce verre d’eau pour que je t’en parle. Potentiellement. » Il comprend que ce n’est pas garanti mais qu’elle ne l’exclut pas, non plus. Eddie ne compte pas la forcer à se confier si elle n’en ressent pas l’envie, il détesterait qu’on le cuisine avec insistance si les rôles étaient inversés. « T’es pas obligée Gaby, tu sais ? Mais si ça peut te faire du bien n’hésite pas surtout. » C’est tout ce qu’il veut qu’elle sache, que si jamais ça peut la soulager d’en parler il lui offrira son écoute. Il peut être un confident pour elle, si elle le souhaite. L’avocate l’abandonne un instant pour aller se servir un verre de vin dans sa cuisine, signe qu’elle est peut-être sur le point de lui parler de ce qui la tourmente. « Tu es encore mineur à mes yeux pour que je t’en propose un verre. » Il laisse échapper un rire franc, Gabrielle ayant encore trouvé un moyen de le ramener à son jeune âge et de le charrier là-dessus. « Mon smoothie me convient très bien pour le moment mais tu vas quand même pas me sortir que je pourrais être ton fils. » Techniquement il lui semble bien que ce serait difficile à moins de l’avoir eu très jeune et en fait non, en faisant le calcul dans sa tête il réalise que ça ne marche pas. « Après tout on a quoi, à peu près dix ans de différence toi et moi, non ? » Si elle savait, c’est aussi le nombre d’années qui le séparent de la femme qui partage sa vie alors aux yeux du danseur ça n’a vraiment rien d’extraordinaire. « Gaby, je vois bien que ça va pas. » il reprend finalement d’un air sérieux car il peut le voir à son sourire et le lire dans ses yeux. Ils semblent tous deux se trouver dans un moment compliqué de leur vie, de quoi le laisser penser qu'il n'a vraiment pas frappé à la mauvaise porte aujourd'hui.
ninety-nine problems and this pride is one of them.
« Mais non Gaby… t’aurais quand même pas refusé de bosser avec lui pour un mec comme moi ». Gabrielle hausse les épaules. Disons qu’elle a accepté de défiler sur ce podium, au mois de juin dernier, uniquement parce qu’Eddie faisait, lui aussi, parti de l’aventure. Autrement, elle aurait certainement décliné l’invitation, bien que flatteuse, surtout pour elle qui idolâtre la mode. Elle aime porter les vêtements de grands créateurs, se permet cette folie de temps à autre de s’en payer, quand elle en a clairement les moyens. Mais devenir une quelconque égérie ou modèle, c’est très peu pour elle. Elle n’est pas à l’aise avec ça et c’est sûrement pour cette raison que, si James Weatherton venait à lui proposer un contrat pareil, elle le refuserait, gentiment. Et quant à l’exigence qu’Eddie se voit lui aussi avoir une proposition, Gabrielle l’aurait exigé parce qu’une collaboration avec le styliste semblait vitale pour lui.
Ils sont désormais installés dans le salon de l’avocate, Gabrielle proposant à Eddie – enfin, lui imposant, serait plus juste – de boire quelque chose est, en l’occurrence, un smoothie qu’elle s’est préparé après être rentrée du cabinet. « Ce serait parfait, je prends ». En donner à Eddie semble être ce dont il a besoin, lui qui réclame justement des vitamines mais surtout, lui qui est entré dans sa ville le pas claudiquant. Retournant s’installer à ses côtés avec son pauvre verre d’eau qui ne paye pas de mine, Gabrielle laisse le jeune homme lui expliquer ce qu’il s’est passé pour qu’il se retrouve avec son genou dans cet état. Il s’est blessé, et ça depuis plusieurs mois, laissant sa blessure traînée jusqu’au point de non-retour, l’obligeant à subir une opération qui, désormais, l’oblige à se reposer pour de longs mois. Si elle lui dit être désolé d’abord, elle ne peut s’empêcher de souligner son imprudence, tout en restant bienveillante « Je sais que j’ai sérieusement déconné et crois bien que je m’en veux Gaby. Si c’était à refaire je me ménagerais beaucoup plus et j’accepterais les foutues injections dont on m’avait parlé à l’époque ». Les regrets se ressentent dans ses mots mais aussi dans son ton de voix, et c’est pour cela que l’avocate ne cherche pas à en rajouter une couche. Elle ne lui dira pas qu’il a été idiot, qu’il aurait dû, en effet, être plus vigilent et écouter son corps. Il le sait suffisamment sans qu’on ne cesse de lui rappeler et elle se doute aussi que d’autres ont dû s’en charger pour elle. Gabrielle sent qu’Eddie n’est pas seulement atteint physiquement avec cette blessure au genou. Alors, elle cherche à comprendre aussi les raisons qui l’ont poussé à jouer les têtes de mule, le milieu artistique étant un milieu dans lequel il n’est pas toujours évident de se faire une place, encore moins quand on s’y absente pendant un temps ou qu’on a des soucis de santé « Tu imagines bien ». Cherchant alors à l’aider à retrouver un peu le moral, elle tente d’être optimiste en lui disant qu’il retrouvera bientôt les planches avec un genou tout neuf et elle est persuadée qu’il s’en sortira très bien « Je vais pas te mentir, le bon côté des choses j’ai beaucoup de mal à le voir en ce moment moi ». Les mots attristent Gabrielle et cela se lit dans son regard alors que ses sourcils se froncent légèrement. « Mais oui, j’ai hâte de reprendre avec un genou en bon état car ces derniers mois j’ai beaucoup forcé sur ma blessure. Chaque fois que je dansais c’était dans la douleur ». « Comment tu as fait pour tenir ? » lui demande-t-elle alors, la question ne cherchant pas à l’incriminer d’avoir trouvé une quelconque alternative pour diminuer celle-ci « J’imagine bien que c’est difficile pour toi de voir le bon côté des choses, actuellement. Mais ça ira mieux, Eddie », je te le promets, elle pourrait ajouter mais elle le fera uniquement par son regard, sans le prononcer à voix haute. Son regard qui se veut réconfortant le plus qu’elle le peut. « J’aimerais bien te montrer ce que je vaux quand je serai pleinement remis. Tu voudras passer me voir à mon studio, ou au théâtre ? ». Un franc sourire s’affiche sur les lèvres de l’avocate alors qu’elle porte ce verre, sans saveur, à celles-ci « Avec grand plaisir, Yang… » La malice prend quelque peu place « … Et t’as intérêt à tout déchirer ! Autrement, je n’aurai aucun scrupule à te le dire, ou à partir en plein milieu de ta représentation ». Gabrielle plaisante et cherche surtout à détendre l’atmosphère, à aider à faire retrouver son sourire à Eddie. Elle redevient d’ailleurs sérieuses quelques secondes plus tard en lui disant que, le temps de son rétablissement, il sera le bienvenu chez elle « Merci Gaby…(…) Ca me fait du bien de l’entendre ». Elle acquiesce doucement, d’un signe de tête, considérant que sa proposition est tout à fait normale.
Et peut-être que la présence d’Eddie pourra aussi l’aider à aller mieux quand tout semble lui échapper. Si Eddie a le moral dans les chaussettes, on ne peut pas dire que celui de l’américaine soit au mieux. D’ailleurs, les dossiers éparpillés sur sa table basse et cette froideur qui semble envahir cette villa bien trop silencieuse la trahissent. « Il est accusé de quoi ton client pour te donner tout ce fil à retordre ? ». En réalité, ce dossier, sur lequel elle s’éternise, n’a rien de passionnant et ne lui demande pas de travailler davantage. Elle s’attarde juste sur les petits détails qui feront que sa défense sera implacable, même si celle-ci est déjà en bêton, de sorte à faire passer le temps. Triste, n’est-ce pas ? Alors sûrement pour ne pas paraitre pitoyable, elle esquive la question, à sa manière « Un client qui ne cesse d’être en conflit avec sa voisine qui, soi-disant, lui kidnappe son chat ». Elle fait référence à ce conflit avec sa voisine dont lui a fait part Eddie la dernière fois qu’ils se sont vus « J’ai décidé de le défendre, finalement lui, plutôt qu’elle. Mais, il me donne, en effet, du fil à retordre ». Le clin d’œil et le sourire malicieux sont les deux armes qu’elle utilise avec cette réponse qu’elle préfère à la vérité. Plaisanter est beaucoup plus facile que d’avouer les raisons de son investissement bien trop intense et démesuré dans son travail ces derniers temps. « C’est pas l’envie qui m’en manque mais t’es grande, tu sais ce que tu fais et je suis de toute façon mal placé pour te reprocher de trop bosser ». Ils ont ça en commun et Gabrielle apprécie qu’Eddie ne cherche pas à jouer les donneurs de leçon. Si elle a utilisé l’humour quelques secondes auparavant pour ne pas montrer qu’elle se noie dans le travail, elle finit par l’avouer lorsque Eddie lui pose la question de savoir s’il lui arrive de lever le pied. « Bon. Là je te parle en tant qu’ami, pour l’avoir déjà fait je peux affirmer que trouver refuge dans le pro pour oublier le perso c’est jamais une idée grandiose ». Et elle le sait très bien puisque c’est aussi ce qu’elle a eu tendance à faire à de nombreuses reprises, et notamment après sa rupture avec Channing. « Je le sais que trop bien, ce ne serait pas la première fois que je le fais aussi ». Elle porte à nouveau son verre d’eau à la bouche qui ne l’enchante guère et n’apaise en rien ses problèmes. Et surtout, ce n’est pas ce liquide là qui va l’aider à délier sa langue. « T’es pas obligée Gaby, tu sais ? Mais si ça peut te faire du bien n’hésite pas surtout ». Il a ses paroles bienveillantes et cela ne manque pas de la faire sourire mais aussi de la toucher. Elle qui pensait Eddie trop égocentrique suite à leur première rencontre, au fil de celles-ci, elle découvre des facettes de lui qu’elle n’aurait pas soupçonné et surtout, découvre qui il est réellement derrière cette carapace. Elle se sert un verre de vin et estime que le jeune coréen est bien trop jeune pour en avoir un « Mon smoothie me convient très bien pour le moment mais tu vas quand même pas me sortir que je pourrais être ton fils » « Hey ! » sort-t-elle immédiatement, se sentant soudainement insulté sur sa possibilité de pouvoir être sa mère « Après tout on a quoi, à peu près dix ans de différence toi et moi, non ? » « Oui, donc je ne peux pas être ta mère, Yang ! », c’est limite si elle ne lui crie pas dessus, espérant qu’Eddie ne pense pas qu’elle est plus âgée. Auquel cas, il finira certainement par l’achever, elle qui a déjà le moral au plus bas. Elle revient s’installer sur le canapé, plonge son nez immédiatement dans son verre de vin, le regard dans le vague « Gaby, je vois bien que ça va pas ». Elle délaisse son verre qu’elle repose délicatement sur la table, laissant échapper un soupir. Elle s’installe alors, pivotée vers Eddie, prête à être celle qui se confie « Disons que j’ai appris des choses sur mes frères il y a de cela quelques semaines » elle s’abstient de préciser que c’était le soir de son anniversaire, qu’ils avaient décidé de lui fêter. A savoir que ça se passerait de la sorte, elle n’y serait peut-être pas allée « Ils habitent à Brisbane depuis des années et j’ai toujours senti qu’ils me tenaient à l’écart de leur vie. J’en ai découvert les raisons, et … » Elle marque une pause, repensant à toutes ces horreurs qu’elle a pu entendre « et depuis, je fais le triste constat que je ne les connais plus aussi bien… que je ne les connais plus du tout, en réalité… ils me paraissent être deux étrangers… et non plus mes frères ». Les mots sont durs, cela lui coute de dire ça à voix haute, son regard s’attristant davantage, parce que la peine est réelle. Elle ignore si elle parviendra à les pardonner, elle ignore si elle parviendra à passer au-dessus de tout ça et surtout, s’ils parviendront à reconstruire, tous les trois, ce lien si fort qui les unissait auparavant « Je ne rentrerai pas dans les détails, Eddie, je préfère te les épargner et te tenir éloigné de tout ça, mais voilà les raisons pour lesquelles je préfère me réfugier dans un dossier dont ma défense est irréprochable plutôt que de penser encore et encore à cette discussion que j’ai eu avec eux, ce soir-là… ». Elle préfère le préciser, ne voulant pas à la fois le mêler à tout ça, et surtout, ne voulant pas trahir ses frères, malgré tout, en allant exposer leurs secrets à qui veut bien être une oreille attentive pour elle. « Et, ce même jour, j’ai aussi croisé mon ex avant d’aller les rejoindre. Mais après coup, je pense que je préférerai encore le croiser lui, éternellement, alors qu’on se déteste, plutôt que de savoir mes frères… » pourris ? Elle laisse échapper un autre soupir alors qu’elle se penche pour attraper son verre, en prenant une longue gorgée. « Désolé, tu es venu ici pour te changer les idées, Eddie, mais je pense que je ne suis pas des meilleures compagnies », conclue-t-elle en grimaçant, le regard désolé à son encontre.
I was arrogant as if I knew everything But I didn't know, with you Why does it get harder the closer we get? In the end, I am just talking nonsense
Eddie a la mémoire courte, alors qu’il n’a pourtant pas à chercher bien loin en lui pour se remémorer précisément les circonstances du défilé qu’ils avaient fait tous les deux en juin. Gabrielle ne s’était pas laissée convaincre facilement et si elle s’était finalement décidée à fouler le podium c’est parce qu’il y avait été convié, lui aussi. C’est ensemble qu’ils s’étaient lancés dans cette drôle d’aventure et l’avocate lui prouve que ça signifiait bien quelque chose en prétendant qu’une collaboration avec la maison Weatherton sans lui ne l’aurait pas intéressée. Elle doit se rappeler à quel point Eddie comptait sur le fait de travailler avec le styliste, c’est vrai que c'était important pour le bonhomme et qu’il s’en mord les doigts aujourd’hui de ne pas avoir honoré son engagement avec James alors que celui-ci était charmé par l'idée de confectionner les costumes de son spectacle. Ses problèmes de santé s’en sont mêlés mais il a aussi raté l’occasion d’agir professionnellement, ce qui pourrait bien compromettre une nouvelle collaboration dans le futur. Si c’était à refaire Eddie ferait les choses bien, il se ménagerait beaucoup plus et il n’attendrait pas non plus le tout dernier moment pour prévenir sa compagnie, ses collaborateurs et ses proches. Un excès de fierté l’a encore conduit à faire les choses dans son coin en voulant se convaincre qu’il n’avait besoin de personne et que le monde ne s’arrêterait pas de tourner pour une petite blessure, mais il voit bien les conséquences sept mois plus tard, on peut dire qu’il les sent même bien passer. Du grand n’importe quoi mais avant tout du grand Eddie, ce n’est pas la première fois qu’il agit au mépris des conseils qu’on lui donne et qu’il estime savoir tout mieux que tout le monde. Cette situation doit à peine étonner Gabrielle parce qu’elle l’a connu arrogant et sûr de lui dès leur rencontre, elle sait qu’il n’est pas du genre à écouter les autres même quand ils ne veulent rien d’autre que son bien. Les médecins lui avaient bien dit de ralentir la cadence pour ne pas aggraver sa blessure et frôler la déchirure, une élève s’était aussi inquiétée de le voir gober ses antidouleurs et perdre de plus en plus facilement son équilibre en cours. Des voix bienveillantes qu’Eddie a préféré ignorer quand ça l’arrangeait, pas étonnant qu’aujourd’hui peu de personnes soient disposées à le plaindre. Il a caché sa situation à tout le monde et levé le voile sur toute cette mascarade quelques jours seulement avant son opération, comment penser après ça que qui que ce soit aura de la peine pour lui ? Il ne veut de toute façon de la pitié de personne, ce sont les leçons de morale surtout qui sont difficiles à encaisser quand bien même elles sont justifiées. Eddie n’a pas besoin d’entendre qu’il a été d’une inconscience folle quand il s’en rend déjà très bien compte, tous les jours depuis le début de sa convalescence. Cette carcasse molle et claudicante qu’il traine partout le lui rappelle sans cesse, sa vie a changé qu’il puisse ou non l’accepter. Il n’en serait pas là s’il avait été raisonnable dès le départ et il le sait, il est même le premier à l’admettre parce que le temps où il se mentait aussi à lui-même est loin à présent.
Face à Gabrielle il met sa fierté de côté et reconnait ses erreurs, les regrets sont présents et l’amertume tenace. Elle l’écoute et tente de comprendre comment il en est arrivé là, en s’imaginant un milieu où garder sa place n’est pas simple et où certains préfèrent parfois ignorer les limites de leur corps. Et elle a tout juste, Eddie sait qu’il joue gros avec cette mise au repos forcée et c’est bien pour ça qu’il ne voulait pas s’arrêter. On ne trouve pas facilement sa place en tant que danseur pro mais on peut la perdre en un claquement de doigts, car un danseur privé de l’usage de ses jambes ne sert plus à rien alors que le show, lui, doit continuer. Ces derniers temps la douleur n’était jamais bien loin lorsqu’il dansait et il se souvient de toute l’énergie qu’il investissait pour que ça ne se voit pas. Dans ses pas bien sûr, mais aussi sur son visage qu’il tachait de rendre le plus inexpressif possible. « Comment tu as fait pour tenir ? » C’est étrangement la première fois qu’on lui pose cette question, car depuis la révélation de ses mensonges ses proches n’ont pas vraiment cherché à savoir comment il était parvenu à sauver les apparences sur scène pendant tout ce temps. Pour ça il faudrait déjà qu'ils viennent le voir danser, hm. « Le mental et l'adrénaline, je suppose. » C’est certainement ce qui l’a aidé à résister pendant sept mois, Eddie ne voulait tellement pas laisser cette blessure le freiner qu’il a puisé tout ce qu’il a pu en lui pour contrer celle-ci. Car les antidouleurs à eux seuls n’auraient pas suffi certains jours, à la fin ils n'avaient d'ailleurs plus tellement d'effet. « Je voulais tellement l’enfouir cette blessure que par moment je crois que j’arrivais quand même un peu à l’oublier. Ou à l’étouffer, tu vois ? Mais les sorties de scène étaient du coup souvent compliquées. » Il n’entre pas dans les détails parce que ce n’est pas glorieux. C’est déjà arrivé qu’Eddie s’effondre dans les loges à l’abri des regards car une fois son corps à froid et après un show de plusieurs heures son genou ne pouvait de toute façon que souffrir, et lui avec. Il parle de mental mais aujourd’hui il n’en reste plus grand-chose, à croire qu’il supportait mieux la douleur au quotidien que cette mise à l’arrêt. C’est de toute façon la danse qui le faisait tenir, maintenant qu’il n’a plus ça Eddie considère n’avoir plus rien et cette vie au ralenti, sans adrénaline ni ferveur, fait qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. « J’imagine bien que c’est difficile pour toi de voir le bon côté des choses, actuellement. Mais ça ira mieux, Eddie » La voix de Gabrielle le sort de sa brève torpeur alors qu’il commençait à se perdre dans des pensées peu joyeuses, une voix qui s'avère apaisante même si ses mots peinent encore à le rassurer. Eddie soupire alors tout en faisant craquer nerveusement ses doigts. « Va falloir que ça aille mieux, je vais pas supporter d’être une loque très longtemps. » Il n’en a que pour quelques mois mais c’est déjà trop, pendant ce temps la vie au théâtre suit son cours et il est mis à l’écart de tout ça. Eddie est comme enfermé dans une bulle d’où il verrait le monde évoluer sans lui, c’est frustrant et c’est pour se rebooster qu’il imagine déjà sa reprise. Il n’a que ça pour tenir et se motiver, et il se plait même à imaginer que Gabrielle passera le voir à son studio ou au théâtre quand il sera remis sur pieds. Ça lui donne un objectif auquel s’accrocher, et en ce moment il en a bien trop peu. « Avec grand plaisir, Yang… » Elle pourrait s’arrêter là mais ce serait mal connaitre l’avocate, jamais à court de remarques taquines quand il est question de lui. « … Et t’as intérêt à tout déchirer ! Autrement, je n’aurai aucun scrupule à te le dire, ou à partir en plein milieu de ta représentation » Eddie se détend un peu alors qu’elle le provoque gentiment, cette absence de sérieux dans les mots de Gabrielle est bienvenue parce que sérieux cet échange l’était peut-être un peu trop, jusque là. « Je t'assure que je suis bon, tu feras pas le déplacement pour rien. Et au pire si t'es pas convaincue tu me jetteras des tomates, ça contribuera à l’ambiance. » Mais pourries tant qu’à faire, parce qu’il n’encouragera jamais le gaspillage alimentaire voyez-vous. Il la gratifie d’un clin d’œil tout en adoptant une position un peu plus confortable sur le canapé, prenant quelque peu ses aises dans le salon de l’avocate. « Je te mettrai une place vip de côté, tu le vaux bien Gaby. » Et ça par contre il pourra vraiment le faire, en admettant qu’il soit placé rapidement sur un spectacle à son retour ce qui n’est pas encore garanti. Eddie croise les doigts pour que Charles ne l’évince pas trop longtemps et qu’il ne doive pas attendre encore des mois derrière avant de pouvoir retrouver son public, parce qu’il n’est pas certain qu’il pourra se contenter de ses cours. La scène lui manque, c’est la communion de son art avec les gens qui le fait vibrer.
Il ne sait pas depuis combien de temps Gabrielle a le nez dans le travail mais l’atmosphère régnant ici ainsi que le nombre de dossiers autour d’eux lui font dire que ce n’est pas juste l’affaire de quelques minutes. « Un client qui ne cesse d’être en conflit avec sa voisine qui, soi-disant, lui kidnappe son chat » Le sourire du danseur s’élargit, il a bien évidemment la référence parce que c’est un petit jeu entre elle et lui. Gabrielle le renvoie plusieurs mois en arrière lorsqu’il s’était confié à elle sur ses problèmes de voisinage et il constate qu’elle n’a pas oublié l’épisode de son chat pris en otage, qui le fait d’ailleurs plus marrer qu'autre chose maintenant que tout ça est loin. « Si les faits sont avérés tu avoueras que c’est un crime ignoble, pauvre bête. » Dans la réalité son chat n’avait rien risqué du tout avec sa voisine car celle-ci voulait juste le faire réagir, garder son "fils" à poils roux chez elle n’était rien de plus qu’un moyen de pression pour forcer le dialogue avec son jeune maitre. Et le bon de toute évidence, parce qu’Eddie s’était tout de suite montré bien plus conciliant à partir de là. « J’ai décidé de le défendre, finalement lui, plutôt qu’elle. Mais, il me donne, en effet, du fil à retordre » Il se retient de dire qu’elle aurait dû se positionner de la sorte dès le départ parce qu’il a conscience de ne pas être un gars très défendable, pour ça comme pour le reste. Avant d’être la victime du petit chantage de sa voisine Eddie était le perturbateur de son immeuble, et sa petite réputation à Redcliffe était méritée il n’y a encore pas si longtemps. « Sage décision Gaby. Cela dit je crois que ton client s’entend bien mieux avec sa voisine aujourd’hui, enfin, c’est ce qu’on raconte. » Il étire un nouveau sourire et n’est pas peu fier de pouvoir le dire, sachant que cette histoire ne s’engageait quand même pas très bien. Gabrielle sera peut-être contente d’entendre qu’il est aussi capable d’efforts parfois, et qu’il n’aura pour le coup jamais besoin de ses services d’avocate pour ça. Comme quoi il n’y a pas de cas désespérés, juste de la mauvaise volonté. Ils en plaisantent mais Eddie voit bien qu’elle a du mal à se sortir la tête du boulot, comme si elle cherchait à s’y réfugier pour s’occuper l’esprit et oublier le reste. Et c’est bien ce qu’elle lui confirme, il lui épargnera une leçon de morale puisqu’il n’est pas bien placé pour ça mais ça l’inquiète. Il aimerait qu’elle ne s’enfonce pas dans le travail comme lui l’a longtemps fait pour compenser le désastre de sa vie personnelle car ce n’est jamais bon, et remonter à la surface après ça est toujours difficile. Là encore, il peut en témoigner. « Je le sais que trop bien, ce ne serait pas la première fois que je le fais aussi » Eddie grimace légèrement. Il ne la forcera pas à en parler si elle n’en ressent pas l’envie parce qu’il a le sentiment que ce qu’elle garde en elle est très lourd, alors il comprendrait qu’il ne soit pas la meilleure écoute dont l’avocate puisse rêver. Gabrielle passe officiellement au vin et là encore il n’a pas à lui dire d’y aller mollo, surtout si avec ce verre elle est susceptible de se sentir un peu mieux. Il pourrait se laisser tenter lui aussi mais en plus de préférer s’en tenir au soft pour aujourd’hui Gabrielle ne le lui propose pas, celle-ci ne résistant pas à l’envie de s’amuser de son âge. La répartie du danseur ne se fait pas attendre et il obtient la réaction qu’il attend en suggérant l’idée qu’il pourrait être son fils. « Hey ! » Gabrielle s’en offusque et lui laisse échapper un rire franc. Ce n’est pas dans cette réalité qu’ils pourraient être liés de cette façon tous les deux avec leurs dix ans de différence mais c’est assez drôle à imaginer, même si les réactions de l’avocate le sont peut-être encore plus. « Oui, donc je ne peux pas être ta mère, Yang ! » Certes, il ne voit pas comment ça pourrait être possible et sa vraie mère a en l’occurrence une bonne quinzaine d’années de plus. « Avoue, même dans tes pires cauchemars tu t'imagines pas avec un fils comme moi. » Est-ce qu’elle s’imagine même avec un fils tout court d’ailleurs, il n’en sait rien. Eddie ne sait pas si elle se verrait mère un jour et il n’est pas certain que ça le regarde, la situation visiblement compliquée de Gabrielle le dissuadant de s’aventurer sur ce terrain aujourd’hui.
Il ose déjà à peine lui demander ce qui ne va pas parce qu’il ne souhaite pas que l’avocate se sente brusquée et assaillie de questions. Eddie s’intéresse autant qu’il s’inquiète de la voir comme ça et il est bien incapable de présumer ce qui peut autant la miner, avant que Gabrielle ne lui fournisse un premier élément de réponse. « Disons que j’ai appris des choses sur mes frères il y a de cela quelques semaines » Le danseur se fige sur le canapé, intégrant cette information toute nouvelle pour lui. « Je ne savais même pas que tu avais des frères. » Il réalise qu’il ne connait pas sa situation familiale tout comme Gabrielle ne connait pas non plus la sienne, et il peut donc à présent lui associer au moins deux frères. Cet échange est peut-être bien l’occasion pour lui d’en apprendre plus sur elle, même s’il préfère la laisser dévoiler ce qu’elle veut plutôt que d’aller gratter les choses lui-même. « Ils habitent à Brisbane depuis des années et j’ai toujours senti qu’ils me tenaient à l’écart de leur vie. J’en ai découvert les raisons, et … » Ça n’a pas l’air simple pour elle de revenir là-dessus et Eddie se contente de l’observer en silence, sans curiosité malsaine, juste disposé à lui offrir une oreille attentive. « et depuis, je fais le triste constat que je ne les connais plus aussi bien… que je ne les connais plus du tout, en réalité… ils me paraissent être deux étrangers… et non plus mes frères » Ce n’est pas rien ce qu’elle dit ici, la tristesse s’entend dans sa voix et se devine aussi dans ses yeux. À côté de ça Eddie peine à réagir parce qu’il a peur de ne pas trouver les mots qu’il faut, et d’être maladroit malgré lui. « Oh Gaby.. » il souffle d’une voix sincèrement compatissante. Ça le touche directement au cœur, autant parce qu’il n’aime pas voir Gabrielle aussi abattue que parce que ça le renvoie à son propre vécu. « Je ne rentrerai pas dans les détails, Eddie, je préfère te les épargner et te tenir éloigné de tout ça, mais voilà les raisons pour lesquelles je préfère me réfugier dans un dossier dont ma défense est irréprochable plutôt que de penser encore et encore à cette discussion que j’ai eu avec eux, ce soir-là… » Les détails il n’en a pas besoin de toute façon, ça ne le regarde pas ce que ses frères ont pu faire pour la tourmenter autant. Et il ne laisse même pas son imagination supposer quoi que ce soit, car il est peut-être à mille lieues de pouvoir se douter de quoi il est question. « Bien sûr, je respecte ça. » Il se fend d’un sourire qu’elle ne verra pas forcément, mais il comprend totalement qu’elle ne puisse, ou ne veuille pas tout dire. Elle s’ouvre déjà considérablement à lui, il serait très malvenu de sa part d’en exiger davantage. « Et, ce même jour, j’ai aussi croisé mon ex avant d’aller les rejoindre. Mais après coup, je pense que je préférerai encore le croiser lui, éternellement, alors qu’on se déteste, plutôt que de savoir mes frères… » Là encore les mots de l’avocate sont lourds de sens, elle ne finit pas sa phrase mais il croit saisir ce qu'elle entend par là. « Il y a quelque chose de brisé, hm. Je crois que je sais un peu ce que tu ressens. » À son tour il soupire, et s’apprête aussi à s’ouvrir afin que Gabrielle puisse se sentir comprise, et surtout pas jugée. « J'ai eu le rôle du frère décevant récemment aussi, alors bon les révélations qui chamboulent une famille malheureusement je connais. » Il n’est pas en train de dire que ses propres mensonges peuvent égaler ceux de ses frères dont il ne connait de toute façon pas la nature mais c’est un moyen pour lui d’amorcer la suite. « T'as sûrement besoin de temps et de recul sur tout ça Gaby, histoire de digérer, de te faire à l'idée. Des fois on réalise qu'on ne connait pas bien les personnes les plus proches de nous et on le vit comme une trahison, une coupure est même parfois nécessaire sans qu'elle soit forcément définitive. » Prendre ses distances le temps que les choses se tassent et que la réalité soit aussi soit plus simple à affronter, c’est bien ce que Callie a fait en apprenant pour ses magouilles et il lui accorde ça si c’est ce dont elle a besoin. Tant qu’il ne perd pas sa sœur et qu’elle finit par lui revenir il est disposé à attendre, et Gabrielle a le droit elle aussi de s’éloigner quelques temps pour digérer la chose. « Ce que t'as découvert, ça n'efface pas tout ce que t'as connu avec eux. C'est une partie de leur vie dont t'avais pas connaissance et je veux bien croire que c'est dur à avaler, mais s'ils te l'ont caché c'est certainement pour une bonne raison. » Il prend le risque d’être très maladroit sur ce coup-là mais il ne peut définitivement pas rester sans réaction face à Gabrielle alors que celle-ci vient de fendre sa carapace pour lui. Il n’a jamais été très doué pour trouver les mots Eddie mais au moins le cœur y est. « Te protéger, peut-être ? Je peux pas parler de ce que j'ignore, je les connais pas tes frères ni les histoires qui les concernent et loin de moi l’envie de les défendre, mais par contre je peux affirmer qu'on ment parfois pour préserver les autres. » Il ne peut parler que pour lui-même ici, ne sachant pas du tout ce qui a pu motiver les mensonges de ses frères. Il ne leur cherche pas d’excuses, car peut-être qu’ils ne sont tout simplement pas excusables, mais il ne peut pas pour autant juger ce qu’il ne connait pas. « Désolé, tu es venu ici pour te changer les idées, Eddie, mais je pense que je ne suis pas des meilleures compagnies. » Ça le fait tiquer qu’elle lui dise ça alors que c’est lui qui s’est invité, comme si elle lui devait quoi que ce soit. « Pourquoi tu t'excuses Gaby ? T'as quand même bien le droit de broyer du noir dans ta propre maison. » Il ose un sourire, et repose son verre sur la table basse pour se concentrer pleinement sur Gabrielle. « C'est plutôt à moi de me demander si je suis la compagnie dont t'as besoin là, je veux pas m'imposer si tu veux voir personne. Et en même temps j'ai pas trop envie de te laisser seule.. » Pas du tout en fait, ni de le rester lui non plus même si ça il n’arrive toujours pas à l’admettre à haute voix car ça reviendrait à lui dire pourquoi il est passé la voir, à l’origine. Gabrielle l’a certainement compris depuis longtemps mais il déteste être un boulet à la cheville des autres, et s’avouer aussi que l’avocate est l’une des rares personnes dans cette ville qui ne lui ait pas (encore) tourné le dos. Elle l’accueille tout en sachant que pas mal de personnes l’ont sorti de leur vie et il apprécie vraiment qu’elle lui laisse sa chance en dépit de tout ça. « Je comprends que le boulot t'aide d'une certaine façon, je le comprends vraiment. Mais c'est un peu triste de t'enfermer là-dedans alors qu'il y a des choses à faire dehors qui peuvent aussi t'aider à penser à autre chose. Je connais même un danseur éclopé qui s'ennuie beaucoup pendant sa convalescence et qui adorerait faire des sorties avec son avocate préférée. » Oh, elle doit le voir arriver à des kilomètres avec ses sous-entendus car de quel autre danseur pourrait-il bien parler ici si ce n'est pas de lui. « C’est pas le gars le plus fréquentable du coin mais je crois qu’il t’aime bien. » Il échange avec elle un regard complice tandis qu’un sourire étire une nouvelle fois ses lèvres. Eddie n’a aucun mal à avouer son attachement pour l’avocate parce qu’il ne serait clairement pas ici si elle ne faisait pas partie de ses meilleures rencontres cette année. C’est même assez naturel pour lui de se tourner vers elle quand ça va mal, et il aimerait que ça le soit tout autant pour Gabrielle avec lui dans l’autre sens. « Je veux juste que tu saches que je suis là Gaby, que t'es pas toute seule. » Il ne sait pas si ça vaut vraiment quelque chose mais il l’espère, que sa présence puisse au moins un peu l’apaiser tout comme la sienne y parvient avec lui.
ninety-nine problems and this pride is one of them.
« Le mental et l’adrénaline, je suppose ». Gabrielle acquiesce à ses mots, et comprend qu’Eddie a beaucoup pris sur lui pour ne pas ressentir la douleur procurée par sa blessure. Quelque chose complètement voulu par le jeune danseur, et inconscient même de sa part quand il aurait pu y perdre plus gros à ignorer cette blessure. « Je voulais tellement l’enfouir cette blessure que par moment je crois que j’arrivais quand même un peu à l’oublier. Ou à l’étouffer, tu vois ? Mais les sorties de scène étaient du coup souvent compliquées ». Elle n’a pas de mal à le croire et c’est de la compassion mais aussi de la tristesse qui se dessine sur les traits de son visage. Cela lui fait de la peine qu’il ait souffert pendant tout ce temps, seul, et même si c’est quelque chose qu’il s’est consciemment imposé à lui-même, cela lui fait de la peine pour lui. Mais finalement, cette douleur physique enfouie est comparable à la douleur qu’elle-même ressent face aux vérités apprises il y a de ça quelques semaines, une douleur psychique qu’elle tente d’enfouir au plus profond d’elle-même, tentant de l’oublier en se noyant dans ses dossiers. Alors, si elle pourrait une fois de plus faire la leçon de morale à Eddie, elle s’abstient, parce qu’elle est mal placée pour la lui donner pour le coup. Elle se contente d’acquiescer une nouvelle fois, restant silencieuse sans dissimuler sa compassion. Maintenant, le "mal" est fait et il n’est plus possible de retourner en arrière pour faire les choses autrement ou d’une meilleure façon. A la place, l’avocate se veut rassurante pour Eddie, tentant de lui faire voir le bon côté des choses même si elle sait que c’est compliqué pour lui de voir la lumière au bout du tunnel « Va falloir que ça aille mieux, je vais pas supporter d’être une loque très longtemps » « Ça ira mieux ! » elle réitère alors ses mots, parce qu’elle en est persuadée et s’assurera que c’est le cas. Maintenant qu’elle est au courant de son état, elle ne manquera pas de veiller sur lui, de l’aider à traverser cette étape difficile. Mais elle a confiance aussi au jeune homme et est persuadée qu’il parviendra à s’en sortir. Même après sa convalescence. D’ailleurs, rendez-vous est déjà pris pour que Gabrielle vienne le voir danser lorsqu’il retrouvera les planches. Parce qu’elle n’a jamais eu l’occasion de le voir à l’œuvre et elle est évidemment curieuse de découvrir les talents d’Eddie, talent dont il ne s’est jamais caché et dont il n’a pas manqué, à plusieurs reprises, de se vanter. Et même si elle ne manque pas de le taquiner à ce sujet, remettant en question ces-dits talents, elle ne doute pas une seule seconde qu’il est doué et qu’elle ne regrettera pas le déplacement « Je t’assure que je suis bon, tu feras pas le déplacement pour rien. Et au pire si t’es pas convaincue tu me jetteras des tomates, ça contribuera à l’ambiance ». « Compte sur moi ! » pour le jeté de tomates, elle entend. Elle serait capable d’en dissimuler au moins une dans son sac le jour où elle se rendra à sa représentation, pour le taquiner « Je te mettrai une place vip de côté, tu le vaux bien Gaby ». Un sourire attendri s’affiche sur les lèvres de la jeune femme, qui ne manque pas de répondre « Quel honneur tu me fais là, Eddie ». Elle rit doucement, après avoir porté sa main sur sa poitrine avant de lâcher un « Merci » un peu plus sérieux.
Eddie a bien remarqué les nombreux dossiers qui jonchent la table basse du salon de l’avocate. Il se demande s’il s’agit d’un cas difficile à gérer pour qu’elle apporte du boulot à la maison et, au lieu de lui parler de ce procès qui n’en est pas réellement un – cas difficile – elle utilise alors son conflit de voisinage qui lui a reporté quelques mois en arrière, au lieu de lui dire la vérité « Si les faits sont avérés tu avoueras que c’est un crime ignoble, pauvre bête ». Elle hausse les épaules, dubitative la Gaby, car elle ne partage pas son opinion et il le sait très bien, puisqu’elle lui a déjà donné son avis à ce sujet lors de leur dernière rencontre. En réalité, mis à part le fait que sa voisine s’est emparée de son chat, elle ignore totalement d’où est parti le malentendu. Mais, pour le peu qu’elle connait la personnalité du jeune homme, enfin peu, désormais, elle estime avoir saisi celle-ci en totalité, ou presque, elle sait qu’il est très certainement fautif. Pourtant, elle avoue qu’elle décide de prendre sa défense et qu’en effet, celui-ci l’oblige à faire des heures supplémentaires le soir. « Sage décision Gaby. Cela dit je crois que ton client s’entend bien mieux avec sa voisine aujourd’hui, enfin, c’est ce qu’on raconte » « Je suppose que c’est une bonne nouvelle, dans ce cas. Il aurait pu m’en informer cependant, ça m’éviterait de me tirer les cheveux à défendre l’indéfendable ». Elle ne manque pas de lui faire un clin d’œil, continuant à jouer le jeu plutôt que de cesser de prétendre et se laisser aller à quelques confidences. Ce n’est pas qu’elle ne fait pas confiance à Eddie, mais c’est qu’elle ne se livre pas aussi facilement sur ses états d’âme. Prétendre que tout va bien est plus facile qu’avouer que tout va mal. Pourtant, Eddie n’est pas dupe non plus et comprend bien que Gaby se réfugie dans son travail comme moyen de noyer les problèmes auxquels elle n’a pas envie de faire face. Des problèmes qui portent les doux noms de Finnegan et Alexander, ou Alec et Mitchell désormais, elle-même ne sait plus. Mais se noyer dans le travail est tout ce qu’elle a trouvé comme moyen pour faire abstraction de tout ce qu’ils lui ont avoué, et pire encore, de leur existence à quelques kilomètres de là… Elle l’a bien fait quand Channing a quitté Los Angeles, et elle par la même occasion… Gabrielle a pu aussi compter sur le soutien de son meilleur ami mais elle s’est aussi grandement noyée dans le travail pour pallier au manque de la présence de l’héritier… Et pour oublier tout ces souvenirs qui remontent à la surface, les confidences de ses frères et les anciennes plaies qui se réouvrent comme sa rupture avec Channing, l’avocate se dirige vers sa cuisine pour se servir un verre de vin. Et de nouveau, la taquinerie reprend place entre Eddie et Gaby, détendant quelques instants l’atmosphère « Avoue, même dans tes pires cauchemars tu t’imagines pas avec un fils comme moi ». « C’est certain » lance-t-elle en riant alors qu’elle revient auprès d’Eddie s’assoir sur le canapé. « Heureusement, tu n’as pas que des mauvais côtés » conclut-t-elle non sans un clin d’œil supplémentaire, donnant un léger coup de coude à Eddie, ne pensant pas un seul instant qu’il soit un fils fardeau que sa mère préférerait ne jamais avoir mis au monde.
« Je ne savais même pas que tu avais des frères » et ces frères eux même ont ignoré pendant des mois que leur petite sœur vivait sur Brisbane. Et si elle s’est abstenue de leur rendre visite dès son arrivée ici, c’est qu’elle ne se sentait pas prête à les affronter, ayant pleinement conscience des secrets dont ils l’ont laissé volontairement éloigner. Et c’est certain qu’avec toute cette tension familiale, Gabrielle parle très peu de ses frères aux nouvelles personnes dont elle a pu faire la connaissance, ici, à Brisbane, Eddie en étant l’exemple parfait. Peut-être parce qu’elle ne saurait que dire d’eux, peut-être aussi parce que leur passé est bien trop sombre pour qu’il soit conté à chaque coin de rue. Gabrielle préfère donc garder son petit jardin secret pour elle, mais aujourd’hui, avec Eddie, elle décide de se livrer sur ce qu’elle ressent, surtout, sur les raisons pour lesquelles elle n’est pas si bien que ça… « Oh Gaby… » Les mots qu’elle utilise pour expliquer l’état de sa relation avec ses frères sont forts et attire alors la compassion du jeune coréen. Mais elle ne peut pas tout lui dire, pas quand les secrets de ses frères s’apparentent à un monde illégal, à des histoires d’argent sale, de drogues et de meurtres. Jamais elle n’exposerait qui que ce soit à ces histoires, pour les en préserver tout d’abord mais aussi pour préserver ses frères malgré toute la déception et la colère qu’elle peut ressentir à leur égard. « Bien sûr, je respecte ça ». Et elle apprécie qu’Eddie n’insiste pas pour en savoir plus, autrement, elle aurait sûrement regretté de s’être confié autant. Parce qu’il est rare qu’elle le fasse aussi aisément, mais elle et Eddie sont au plus bas aujourd’hui, et peut-être qu’en partageant leurs peines respectives, ils parviendront à surmonter un peu mieux cette mauvaise passe. « Il y a quelque chose de brisé, hm. Je crois que je sais un peu ce que tu ressens ». Et parfois, une confidence peut ainsi en amener une autre « J’ai eu le rôle du frère décevant récemment aussi, alors bon les révélations qui chamboulent une famille malheureusement, je connais ». Gabrielle se pivote un peu plus vers Eddie, recroquevillant ses jambes en arrière pour l’écouter attentivement, son verre de vin rouge toujours à la main « Comment ça ? », demande-t-elle alors doucement. Bien sûr, elle est consciente que les révélations d’Eddie n’ont rien de comparable à celles de ses propres frères et c’est pour ça qu’elle se permet de lui poser cette question,, peut-être pour le rassurer sur ce rôle de frère décevant qu’il s’attribue et qui n’a peut-être pas lieu d’être « Enfin, si tu veux en parler, bien sûr » parce qu’il la respecte en n’insistant pas et elle veut qu’il sache qu’il en sera de son côté « T’as sûrement besoin de temps et de recul sur tout ça Gaby, histoire de digérer, de te faire à l’idée. Des fois on réalise qu’on ne connait pas bien les personnes les plus proches de nous et on le vit comme une trahison, une coupure est même parfois nécessaire sans qu’elle soit forcément définitivement ». Du temps, il va lui en falloir pour accepter éventuellement d’adresser à nouveau la parole à ses frères. Digérer peut-être, mais se faire à l’idée, jamais. Elle le sait, elle ne parviendra pas à passer au-dessus de certaines choses, elle qui pourtant a pu défendre certains criminels. Si elle a pu être plus clémente envers eux, elle ne parvient pas à l’être envers ses frères, qu’elle a toujours porté sur un piédestal. Alors, évidemment, la chute est douloureuse. « Je ne pense pas que je me ferai un jour à l’idée… Mais je sais aussi que je ne pourrais pas éternellement les ignorer et rester éloigné… ». Parce qu’ils restent ses frères et qu’elle les aime, malgré la déception immense. Son regard s’attriste davantage, poussant un long soupir surement pour retrouver contenance. « Ce que t’as découvert, ça n’efface pas tout ce que t’as connu avec eux. C’est une partie de leur vie dont t’avais pas connaissance et je veux bien croire que c’est dur à avaler, mais s’ils te l’ont caché c’est certainement pour une bonne raison ». Elle sait ce qu’il va dire Eddie, elle se doute de la raison et peut-être qu’à ce moment-là, ses traits se renfrognent « Te protéger, peut-être ? Je peux pas parler de ce que j’ignore, je les connais pas tes frères ni les histoires qui les concernent et loin de moi l’envie de les défendre, mais par contre je peux affirmer qu’on ment parfois pour préserver les autres ». Un soupir de plus, las s’échappe de ses lèvres « C’est évidemment cette même raison qu’ils m’ont donnée. Mais comment tu peux dire que tu protèges tes proches en leur mentant pendant des années, quand tu sais que, tôt ou tard, tout se sait, malgré tout ? Et que les choses seront bien pires, au point de perdre la personne que tu tentes, coute que coute, de protéger ? ». Parce qu’elle peut comprendre qu’ils n’ont pas voulu la mêler à leurs affaires louches, qu’ils n’ont pas souhaité l’inquiéter aussi et la savoir loin de leurs magouilles quand celles-ci auraient pu avoir des répercussions sur elle, notamment la vengeance de ce qui voulait s’en prendre à eux. « Pour m’éloigner à nouveau, c’est certain, ils ont réussi leur coup. C’est ce qu’ils voulaient depuis le début, de toute manière ». Il y a de l’énervement et de l’amertume qui transparait dans cette dernière phrase, et qui amène l’avocate à porter son verre à ses lèvres pour en prendre une longue gorgée, afin de l’aider à se calmer.
Elle s’emporte peut-être un peu, mais aucunement contre Eddie qui n’y est pour rien. D’ailleurs, elle ne manque pas de s’excuser quand il est venu lui rendre visite pour se changer les idées et que les siennes sont bien trop sombres pour lui apporter un peu de lumière et de gaieté. « Pourquoi tu t’excuses Gaby ? T’as quand même bien le droit de broyer du noir dans ta propre maison ». Elle le regarde alors qu’il repose son verre, ses épaules se détendant quelque peu, alors qu’elle hausse celles-ci lentement « C’est plutôt à moi de me demander si je suis la compagnie dont t’as besoin là, je veux pas m’imposer si tu veux voir personne. Et en même temps j’ai pas trop envie de te laisser seule… » « Tu ne me déranges pas, Eddie, au contraire ». Au contraire, sa présence à quelque chose de réconfortant, et ça lui change de ces derniers jours où le silence de cette maison est devenu bien trop pesant. Et même si leurs discussions sont bien trop sérieuses, cela lui fait du bien de pouvoir se livrer en partie sur tout ce qui la tracasse ces derniers temps. Elle est attendrie par le fait qu’il ne veuille pas la laisser seule et sa main vient alors se poser quelques secondes sur son épaule, qu’elle serre doucement, comme pour le remercier silencieusement, accompagné d’un sourire sincère et reconnaissant. « Je comprends que le boulot t’aide d’une certaine façon, je le comprends vraiment. Mais c’est un peu triste de t’enfermer là-dedans alors qu’il y a des choses à faire dehors qui peuvent aussi t’aider à penser à autre chose. Je connais même un danseur éclopé qui s’ennuie beaucoup pendant sa convalescence et qui adorerait faire des sorties avec son avocate préférée ». Cela fait sourire davantage Gabrielle, qui doit reconnaitre qu’Eddie a raison sur toute la ligne et qu’au lieu de broyer du noir, seule chez elle, elle ferait mieux de profiter des beaux jours qui reviennent progressivement pour se changer les idées tout comme sortir et voir du monde « C’est pas le gars le plus fréquentable du coin mais je crois qu’il t’aime bien ». Ses lèvres s’étirent davantage, touchée par les mots d’Eddie, qu’elle découvre sous un angle différent aujourd’hui. « Je crois que ce danseur dont tu me parles, je l’aime bien aussi. Ce ne serait pas une mauvaise idée de passer un peu de temps avec lui, surtout que ça peut l’aider lui aussi en contrepartie ». Et s’il cherche avant tout à l’aider, elle, elle sent au fond qu’il y a comme un appel à l’aide de la part du jeune danseur aussi « Je te proposerais bien de faire quelques randonnées, mais je suppose que ça risque d’être compliqué pour toi, non ? Ou ne serait-ce que quelques petites balades dans la ville, je pourrais ainsi ressortir mon appareil photo ». Parce qu’elle est passionnée par la photographie mais, depuis qu’elle est ici, rare sont les fois où elle l’a utilisé « Ou on peut aller voir un spectacle de danse aussi ? Tu pourras passer ton temps à critiquer les erreurs des danseurs et je me ferai un malin plaisir de te remettre à ta place, pour ton bien ». Elle rit doucement et prend conscience qu’en ayant parlé à cœur ouvert, elle se sent un peu plus légère, du moins, le temps de quelques minutes « Je veux juste que tu saches que je suis là Gaby, que t’es pas toute seule ». Elle est vraiment touchée à nouveau par les mots du jeune coréen, et elle est agréablement surprise par ce côté-là de sa personnalité qu’il dévoile, à l’opposé de celle qu’elle avait pu découvrir il y a quelques mois de ça, dans son propre salon, à l’occasion de la fête des voisins. « Merci, Eddie. Sincèrement » Elle le dit, cette fois, à voix haute. « Et sache que tu peux aussi compter sur moi. Je suis vraiment contente que tu sois passée me voir. Que tu le croies ou non, ta présence est apaisante ». Elle sait que malgré ce côté sûr de lui qu’il démontre la plupart du temps, Eddie n’a pas manqué, parfois, de lui montrer qu’il doutait aussi de lui, et c’est pour cette raison qu’elle se permet cette remarque. « D’ailleurs, tu as faim ? » lâche-t-elle soudainement, attrapant son téléphone à côté de son verre de vin presque vide « Je t’avertis tout de suite, je suis piètre cuisinière donc Uber Eats est notre meilleur ami ce soir » et comme tous les soirs pour elle. En agissant de la sorte, Gabrielle montre à Eddie qu’elle n’a pas spécialement envie de le voir partir tout de suite, et cherche peut-être aussi à le remercier de l’avoir écouté en l’invitant à dîner, en plus de ce smoothie qu’il semble avoir délecté. « De quoi tu as envie ? » fait-t-elle en se penchant légèrement pour qu’il puisse voir les nombreux restaurants disponibles sur l’application.
I was arrogant as if I knew everything But I didn't know, with you Why does it get harder the closer we get? In the end, I am just talking nonsense
« Ça ira mieux ! » Elle a l'air d'y croire Gabrielle et ce n'est pas la première à tenter de le remotiver, alors pourquoi est-ce que lui continue de voir tout en noir ? Il le sait bien que cette pause ne sera pas éternelle et qu'il finira par reprendre le chemin de la scène mais il demeure encore bien trop d'incertitudes pour qu'il puisse regarder vers demain avec optimisme. Il sait ce qu'il a laissé derrière lui il y a quelques semaines mais il ne sait pas ce qu'il retrouvera, si ses élèves répondront encore présents et ne se seront pas rabattus sur un autre professeur, et si sa place sera toujours garantie au théâtre où la troupe a forcément dû s'arranger et se réorganiser sans lui. Ce qu'il ne sait pas non plus c'est le temps qu'il lui faudra pour retrouver son niveau d'avant, et si la reprise ne sera pas encore plus difficile que prévue avec ce corps qui sera resté au repos pendant longtemps. La danse c'est comme le vélo, une fois que c'est acquis ça ne s'oublie pas mais ses premiers pas sur un parquet après tout ça seront déterminants, c'est là qu'il verra les effets de l'opération et aussi là qu'il pourrait réaliser que le chemin sera encore long avant de redevenir ce qu'il était. Il en attrape mal au bide chaque fois qu'il y pense, il attend cette reprise plus que tout mais elle l’inquiète aussi pas mal quand il y songe un peu trop. « D'accord. » il souffle dans un léger hochement de tête, préférant donner raison à Gabrielle et y croire avec elle. Allez, il peut bien trouver un peu de conviction en lui surtout que les choses ne se présentent pas si mal quand il veut bien les regarder dans leur ensemble. Peu importe le temps que ça prendra il pourra danser de nouveau, son chirurgien le lui a promis et c'est bien l'essentiel. Et il le fera peut-être même devant Gabrielle, c'est avec des projets de ce genre qu'Eddie se nourrit pour garder la foi et se motiver, mais également pour se convaincre que tout ce temps n'est pas perdu. Quand il sera pleinement remis il montrera à l'avocate de quoi il est fait et ce qu'il a dans les jambes, l'idée a été à peine évoquée qu'il s’y raccroche déjà. Il garantit même à Gabrielle qu'elle ne sera pas déçue du voyage avec lui, retrouvant enfin l'assurance qui le caractérise en temps normal. « Compte sur moi ! » Elle semble partante pour lui balancer des tomates s'il ne se montre pas à la hauteur mais lui se jure au contraire de la surprendre, après tout elle sait depuis le début qu'il est danseur mais ne l'a pour autant jamais vu à l'œuvre en dehors d'une soirée chez elle qui n'avait pas du tout permis de juger son potentiel. Il a hâte Eddie, tellement hâte qu'il s'imagine déjà lui réserver une place vip pour un spectacle dont il ne connait même pas encore le nom. Tout va dépendre des projets qu'il pourra reprendre ou non à son retour, la seule chose dont il soit sûr c'est que Gabrielle est une very important person pour lui et une invitée de prestige alors il est hors de question qu'elle se contente d'une place quelconque. « Quel honneur tu me fais là, Eddie. Merci. » Un honneur il ne pensait tout de même pas, elle ne devait pas s'y attendre ou s'attendre à un tel geste de sa part à lui, plutôt. « Tu pourras venir accompagnée bien sûr. » il précise dans un sourire comme si ça relevait de l'évidence, car ça ne coûtera pas grand-chose à sa compagnie de mettre deux places de côté au lieu d'une seule. « Si jamais tu connais quelqu'un autour de toi qu'un spectacle de danse pourrait intéresser. » Pas besoin d’être un grand amateur pour en prendre plein les yeux mais elle pourrait en profiter pour faire un heureux, c'est ce qu'il se dit. Eddie ne connait pas l'entourage de l'avocate alors il ne risque pas de présumer qui elle risque d'inviter, mais le fait qu'il soit capable de voir subitement aussi loin est une bonne chose et montre bien qu'il lui reste quand même un peu d'espoir au fond de lui.
L'avocate détourne l'attention des dossiers qui n'ont pas échappé à Eddie en prétextant le défendre lui, l'occasion pour elle de revenir sur cette histoire de querelle avec sa voisine dont il lui avait parlé pendant le mois des fiertés. Il se plait encore à dire que le kidnapping de son chat était un crime et à se présenter comme la victime mais lui-même prend les choses avec légèreté à présent, surtout depuis que sa relation avec Michaela s'est considérablement arrangée, sa voisine ayant même été l'une des premières à faire en sorte de lui changer les idées après son opération. Leurs rapports n'ont plus rien à voir avec ce qu'ils étaient et il estime que Gabrielle mérite une petite mise à jour à ce sujet, car c'est une façon pour lui de prouver qu'il est quand même capable de quelques efforts parfois et c'est bien ce que toute cette histoire a démontré. « Je suppose que c’est une bonne nouvelle, dans ce cas. Il aurait pu m’en informer cependant, ça m’éviterait de me tirer les cheveux à défendre l’indéfendable. » Les lèvres du danseur se fendent en un sourire amusé alors qu'il les plonge dans son verre de smoothie. Il suppose aussi que c’en est une car il ne misait à vrai dire pas du tout sur un tel apaisement, quant à ce petit jeu avec l'avocate il continue d'y prendre part parce qu'il n'a quand même pas souvent l'occasion de parler de lui à la troisième personne, sa confiance en lui n'en faisant pas non plus un garçon présomptueux. « Tu sais je crois que lui-même ne s’en rend pas encore très bien compte. » Pour le coup c'est vrai, en l'annonçant à Gabrielle aujourd'hui Eddie réalise encore difficilement la surprenante évolution qu'ont connue les choses et le fait qu'il n'est plus tout à fait perçu comme la bête noire de son immeuble. Ça a été le cas pendant près de trois ans et il mentirait s'il disait qu'il ne constate pas un sacré changement. Parce qu'il est un peu passé d'un extrême à l'autre Eddie, de celui dont on ne supportait plus les nuisances à celui qu'on n'entend quasiment plus depuis sa mise au repos. Et il n'a pas prévu de reprendre ses mauvaises habitudes une fois remis sur pied, le dialogue avec Michaela n'a pas servi à rien et lui a même apporté une prise de conscience tardive mais nécessaire. « Ça devenait lourd ces conflits, c’est pas un mal que ça se soit calmé. Enfin.. je suppose, ton client te le dira mieux que moi. » Il pourrait jouer encore longtemps Eddie, elle le sait très bien même s'il n'y a plus tellement de choses à en dire. La morale de cette histoire c'est qu'il gagne à écouter un peu plus les autres au lieu de n'en faire constamment qu'à sa tête, la même morale pourrait d'ailleurs être associée à sa santé avec toutes les mises en garde qu'Eddie avait reçues sans pour autant se donner la peine de les écouter. À lui maintenant d'apprendre de ses erreurs. Il se dit que la patience de Gabrielle atteindrait vite ses limites avec un fils comme lui et l'avocate n'essaie même pas de lui mentir, arrachant un gloussement au danseur. « C’est certain. » Impossible pour lui de le prendre mal quand le ton est celui-ci entre elle et lui, et de toute façon Eddie a bien conscience de ne pas toujours être un cadeau pour ses parents en allant à l'encontre de leurs attentes et en envoyant balader bien trop souvent les traditions si chères à leur cœur depuis déjà pas mal d'années. Gabrielle ne serait peut-être pas une mère aussi rigide que l'est la sienne mais il imagine bien qu'à choisir elle opterait pour un fils obéissant, ce qu'il n'a jamais été. « Heureusement, tu n’as pas que des mauvais côtés. » Eddie apprécie qu'elle reconnaisse qu'il n'a pas non plus que des défauts parce qu'à force de les remarquer en priorité chez lui on oublie aussi qu'il a quelques qualités, simplement bien enfouies. Si croyez-moi, il faut juste creuser un peu. « Je gagne quand même un peu à être connu alors. Tu l’aurais pas vraiment cru, hein, la première fois que tu m’as vu. » Il lui rend son clin d'œil et fait évidemment référence à leur rencontre pendant la fête des voisins dans cette même maison. Il y avait vite pris ses aises et cette attitude avait un peu agacé Gabrielle qui a pourtant accepté de voir plus loin que ça ensuite. S'ils sont assis dans ce salon tous les deux aujourd'hui et si leur relation prend de plus en plus le chemin d'une belle amitié c'est bien parce qu'elle n'en est pas restée à sa première impression le concernant, et c’est une sacrée chance pour lui.
Il se laisse surprendre après ça parce qu'il ne soupçonnait pas que Gabrielle avait des frères et en même temps ce n'est sûrement pas la chose la plus simple à apprendre sur elle, lui non plus ne s'est jamais étendu sur sa situation familiale après tout alors il ne lui reproche évidemment pas de lui avoir caché cette information jusque là. Et encore, caché, ce n'est pas comme s'il lui avait déjà posé la question. Ce qu'elle a récemment appris à leur sujet semble beaucoup affecter l'avocate et il comprend que ce n'est pas la peine d'essayer d'en savoir plus, il doit y avoir une bonne raison au fait qu'elle affirme ne rien pouvoir lui dire. Il pourrait imaginer tout et n'importe quoi mais il évite justement, préférant s'en tenir au peu qu'il sait par respect pour Gabrielle. Eddie a le sentiment qu'elle ne veut pas à le mêler à tout ça parce que ses frères ont pu tremper dans de sales histoires alors tout ce qu'il peut faire c'est la soutenir comme elle l'a fait avec lui un peu plus tôt, même s’il a aussi du mal à ne pas s'identifier à ce qu'il entend quand lui-même s'est avéré être un frère décevant il y a peu. « Comment ça ? Enfin, si tu veux en parler, bien sûr. » Cette question il l'attendait et s'il n'était pas en mesure d'y répondre Eddie n'aurait rien laissé entendre au départ, c'est aussi un moyen pour lui de vider un peu son sac parce qu'il conserve une immense culpabilité depuis que ses propres cachotteries ont éclaté à la figure de sa sœur. « Oh hum.. » En parler il en est capable mais il cherche quand même ses mots. Il se rend compte que c'est la première fois qu'il revient dessus avec quelqu'un d'autre que Callie, leur vive mise au point résonnant encore amèrement en lui, dans sa tête comme dans son cœur, et les mots de la benjamine Yang n'en finissant pas de le ronger de l'intérieur. « Pour te résumer ça je.. j’ai caché mes problèmes de santé à ma petite sœur qui a appris mon opération au tout dernier moment, mais je suis surtout intervenu dans sa vie d’une façon assez lamentable. » Ce n'est finalement pas le fait de lui avoir caché sa blessure et la gravité de celle-ci que Callie lui reproche, c'est avant tout d'avoir une fois de plus dépassé son rôle de frère en interférant dans son couple avec Diego et en projetant de les éloigner l'un de l'autre, préférant voir à ce moment-là sa petite sœur loin de son ami plutôt qu'heureuse avec lui. Il avait ses raisons de le faire, des raisons que Callie n'a pas voulu entendre parce qu'on ne peut pas nier le caractère égoïste d'une telle démarche, à l'image de la possessivité d'Eddie dans leur relation depuis toujours. « Je pensais agir pour son bien mais je l’ai juste énormément blessée et déçue. D’après elle je brise tous ceux que j’aime et.. non seulement elle doit avoir raison, mais je crois que j’aurai aussi beaucoup de mal à retrouver sa confiance un jour. » Il le croit parce que Callie ne lui parle plus tellement, ils n’avaient jamais été en froid d'une telle façon tous les deux et aujourd’hui Eddie avance avec la peur de perdre la prunelle de ses yeux en plus de tous les doutes qui l’envahissent déjà à côté. « Je ne dois pas valoir mieux que tes frères. » il souffle en fuyant le regard de l'avocate à qui il laisse la liberté de le juger là-dessus, après tout il le mérite et encore elle n'a pas tous les détails, elle ne sait pas à quel point il est blâmable dans cette affaire. Mais il se doute que la comparaison avec ses frères est impossible, et qu'ils ne jouent pas dans la même cour compte tenu de ce qu'il croit avoir décelé à travers les paroles de Gabrielle. C'est probablement un autre visage et peut-être même une deuxième vie qu’ils cachaient, laissant inévitablement penser que les concernés sont allés beaucoup plus loin que lui dans la dissimulation. « Je ne pense pas que je me ferai un jour à l’idée… Mais je sais aussi que je ne pourrais pas éternellement les ignorer et rester éloigné… » Il pose un regard navré sur Gabrielle qu'il n'avait jamais vue aussi abattue. « Pas éternellement non, je me doute. » Ses frères pourront peut-être le comprendre, même si ce temps ne guérira pas tout il permettra au moins à tout le monde de gamberger et de prendre du recul. « C’est ton droit de ne pas vouloir, ou de ne pas pouvoir leur pardonner ça Gaby. Tout comme rien ne t’oblige à accepter les choses un jour, si vraiment c’est trop grave à tes yeux. » Il juge important de le dire parce qu'il ne voudrait pas qu'elle ressente la moindre pression par rapport à ça, pardonner ne veut pas dire accepter et accepter ne veut pas dire pardonner, ce qu'elle est libre de ne pas faire dans un cas comme dans l'autre. Il veut montrer qu'il se positionne de son côté même s'il tente de percevoir les choses des deux points de vue, en effleurant par exemple l'idée qu'ils aient pu vouloir la protéger en lui cachant tout ça. Un argument que l'avocate n'est pas prête à entendre à en juger son soupir. « C’est évidemment cette même raison qu’ils m’ont donnée. Mais comment tu peux dire que tu protèges tes proches en leur mentant pendant des années, quand tu sais que, tôt ou tard, tout se sait, malgré tout ? Et que les choses seront bien pires, au point de perdre la personne que tu tentes, coute que coute, de protéger ? » Il sait que ces questions ne lui sont pas personnellement adressées mais Eddie se les pose quand même, après tout lui aussi a menti à ses proches en prétextant les protéger alors c'est difficile pour lui de ne pas prendre les choses à cœur ici entre son affection pour Gabrielle pour qui il compatit et son propre vécu lui revenant dans la tronche. « Pendant des années.. ah, oui, ça fait quand même beaucoup. » il lui accorde volontiers et peut-être bien qu'il tente aussi un peu de se rassurer en se disant que lui l’a fait pendant quelques mois et que c’est donc moins grave. Mais un mensonge reste un mensonge, et comme l'a très justement souligné Gabrielle tout finit toujours par se savoir. « Je me dis que parfois on s’enfonce peut-être tellement dans les mensonges qu’on perd un peu le contrôle sur les choses, au point de ne plus percevoir d'issue, tu vois ? Ce sont eux qui ont fini par t’en parler ou c’est toi qui a tout découvert de ton côté ? » Il espère que cette question n'est pas trop malvenue, auquel cas il lui demandera de l'oublier aussitôt car son intention n'est évidemment pas de forcer les confidences de l'avocate. « Pour m’éloigner à nouveau, c’est certain, ils ont réussi leur coup. C’est ce qu’ils voulaient depuis le début, de toute manière » Les mots et la voix de Gabrielle laissent entendre un mélange de rancœur et de déception alors que les yeux du danseur l'observent avec prudence et compassion. « Te tenir à l’écart oui mais te perdre ils ne devaient pas vouloir ça. » Est-ce risqué de supposer à nouveau qu'ils n'avaient pas de mauvaises intentions ? C'est qu'il s'imagine difficilement le contraire Eddie, il arrive encore à croire en leur volonté de la protéger parce qu'il a eu cette même volonté avec sa sœur, ça l'arrange un peu de voir les choses sous cet angle même si son but n'est aucunement de trouver la moindre excuse à ses frères ou à lui-même. Vouloir bien faire n'empêche pas de mal agir et ils l'ont tous prouvé, c'est d'ailleurs bien normal de s'attarder sur les faits plutôt que sur l'intention au départ qui n'était supposément pas mauvaise car ce qu'on retient avant tout c'est ce qu'ils ont fait, et non pourquoi ils l'ont fait.
« Tu ne me déranges pas, Eddie, au contraire » Ce n'est pas tellement qu'il en doutait, il se demandait surtout s'il était vraiment le mieux placé pour être à ses côtés aujourd'hui. Il ne l'est probablement pas mais sa présence a quand même l'air de faire du bien à l'avocate, qui devait avoir comme lui besoin de se vider un peu le cœur en évacuant tout ce qu'elle a gardé pour elle dernièrement. Il peut être ce soutien, il peut être cette écoute parce qu'il apprécie bien assez Gabrielle pour s'en faire sincèrement quand elle ne va pas bien. Eddie ne peut pas s'empêcher de penser qu'ils étaient faits pour se voir aujourd'hui, que ce n'est pas tellement lui qui a décidé de passer mais plutôt l'univers qui l'a envoyé pour que Gabrielle et lui puissent noyer leurs problèmes ensemble. Le hasard d'un coup il n'y croit plus trop, il faut croire qu'il a bien senti les choses en se présentant à sa porte aujourd'hui. Mais il trouve ça triste Eddie, elle n'a pas l'air de mettre beaucoup le nez dehors à en juger ces dossiers entassés autour d'eux alors que ça l'aiderait pourtant à penser à autre chose, il se dévoue même de bon cœur pour faire quelques sorties avec elle parce qu'il en aurait tout autant besoin, et qu'à deux ils auront certainement plus de courage que seuls. « Je crois que ce danseur dont tu me parles, je l’aime bien aussi. Ce ne serait pas une mauvaise idée de passer un peu de temps avec lui, surtout que ça peut l’aider lui aussi en contrepartie. » Le sourire de Gabrielle est contagieux, non seulement elle n'est pas fermée à l'idée mais il la sent aussi plus motivée qu'il ne l'aurait espéré alors pour une fois il faut croire qu'il a su trouver les bons mots. « Non seulement je crois que ça l’aiderait mais ça lui ferait aussi très plaisir. » il confirme dans un énergique hochement de tête parce qu'il ne peut pas nier y trouver aussi son compte, ils ont manifestement le même besoin de mettre de côté leurs tourments en s'ouvrant davantage au monde et avec les beaux jours ils n'ont pas tellement d'excuses. « Je te proposerais bien de faire quelques randonnées, mais je suppose que ça risque d’être compliqué pour toi, non ? Ou ne serait-ce que quelques petites balades dans la ville, je pourrais ainsi ressortir mon appareil photo. » Le danseur lui fait comprendre en un regard que les randonnées seront effectivement compliquées avec son genou convalescent mais pour le reste il est carrément partant, voilà même qu'il se met à imaginer des lieux où ils pourraient se rendre ensemble alors que le simple fait d'être sorti de chez lui tout à l'heure s'apparentait à une petite épreuve. « Les balades c’est possible et même recommandé pour mon genou, il faut que je reprenne l'habitude de bouger car j’ai tendance à rester enfermé chez moi la plupart du temps depuis l’opération et je commence à saturer je t'avoue. J'avais juste peu de courage jusqu'ici, et je me rends compte que je n’explore pas assez cette ville sans ma moto. » Une ville qui a pourtant beaucoup à offrir il le sait, ce serait bien qu'il apprenne à l'apprécier d'une autre façon et soit un peu moins dépendant de sa cylindrée à l'avenir. « Tu touches à la photographie Gaby ? » il complète en rebondissant sur ce qu'elle a laissé entendre quant au fait que ce genre de sorties lui permettraient de renouer avec son appareil photo. « Ou on peut aller voir un spectacle de danse aussi ? Tu pourras passer ton temps à critiquer les erreurs des danseurs et je me ferai un malin plaisir de te remettre à ta place, pour ton bien. » Cette fois Eddie grimace, ce n'est pas que l'idée est mauvaise mais plutôt qu'il craint de se faire inutilement du mal. Sauf que ça Gabrielle ne peut pas le deviner, c’est évident qu’elle veut seulement bien faire. « Alors.. pour ça je suis moins sûr. Je préfère éviter d’aller là où la frustration sera trop grande, tu comprends ? Pour tout te dire je n’arrive même plus à me rendre à ma compagnie ou à mon studio de danse car ça me rappelle trop que je suis privé de tout ça. » Autant être honnête, ils iront voir des tas de spectacles quand sa convalescence sera derrière lui et il s'en donnera à cœur joie niveau critiques mais d'ici là il doute d'avoir la force de regarder d'autres personnes danser alors que lui ne peut plus le faire. Il aurait l'impression de se torturer pour rien et il n'a pas tellement besoin de ça en ce moment. Ce qui compte c'est que Gabrielle ait conscience qu'elle n'est pas seule, elle peut faire de lui son compagnon d'aventure, de misère ou de tout ce qu'elle voudra, il est là pour elle et ça ne changera pas. « Merci, Eddie. Sincèrement. » Il la gratifie d'un franc sourire alors que Gabrielle est sur le point de lui faire passer le même message. « Et sache que tu peux aussi compter sur moi. Je suis vraiment contente que tu sois passée me voir. Que tu le croies ou non, ta présence est apaisante. » Ce n'est quand même pas souvent qu'Eddie a l'occasion d'entendre ça et pour rester assez souvent seul avec lui-même en ce moment il ne dirait pas qu'il est la meilleure des compagnies, alors les mots de l'avocate trouvent directement le chemin jusqu'à son cœur et il enregistre qu'elle est autant là pour lui qu'il est là pour elle. « Si tu le dis alors je le crois. Merci beaucoup Gaby, ça compte vraiment pour moi.. » Serait-ce une petite montée de gêne qui s'empare du danseur ? Peut-être bien. Il n'aime pas admettre qu'il a besoin des autres d’où le fait qu’il n’ait pas avoué la vraie raison de sa venue mais Gabrielle pourrait lui être d'un précieux soutien et d'une grande aide dans une période de sa vie où il ne peut définitivement plus compter uniquement sur lui-même. C'est une main tendue qu'il ne peut pas refuser et il aura rarement mis autant de bonne volonté à baisser sa garde. « D’ailleurs, tu as faim ? » « Honnêtement oui, un peu. » Pas non plus une faim de loup mais il mangerait bien quelque chose, et il évitera là encore de faire son difficile en ne sachant pas ce que l'avocate peut avoir à lui proposer. « Je t’avertis tout de suite, je suis piètre cuisinière donc Uber Eats est notre meilleur ami ce soir. » Eddie se détend complètement et s'amuse d'une telle confession, il n'y a pas à dire ils sont faits pour s'entendre tous les deux. « Oh t’en fais pas, je suis pas mieux alors ça me convient très bien. » C'est même le moins que l'on puisse dire, le bonhomme étant loin d’être aussi à l’aise dans une cuisine qu’il ne l’est sur un parquet de danse. « J’essaie de m’améliorer un peu dans le domaine parce que ma convalescence m’en donne le temps et que je ne vis plus vraiment seul à présent, mais c’est encore laborieux. » Il part de zéro alors à partir de là sa marge de progression est forcément grande, le tout étant de trouver la motivation de s'y mettre et ce n'est pour le moment pas le cas tous les jours. Mais entre ce petit projet et son engagement dans un refuge en tant que bénévole Eddie met à profit tout ce temps qui lui est donné dans des causes lui tenant à cœur, c'est d'ailleurs là qu'il réalise que Gabrielle n'est pas au courant de la récente évolution de sa vie personnelle. « Ah oui parce que je suis en couple au fait Gaby ! » il lui annonce fièrement car c'est la bonne nouvelle de ces derniers mois, le fait d'avoir retrouvé l'amour après de longues années de célibat l'aide aussi à ne pas sombrer car c'est au moins un plan sur lequel Eddie est comblé. Ce n'est donc pas un mythe, il n'a encore jamais connu l'épanouissement dans sa vie professionnelle et dans sa vie amoureuse en même temps. C'est avec un grand sourire aux lèvres que le danseur tripote l'alliance à son doigt sans même s'en rendre compte, mais assez parlé de lui et de son cas pas si désespéré que ça, ils ont prévu de commander à manger à l'origine. « De quoi tu as envie ? » Il ne réfléchit pas longtemps car une pensée le traverse assez vite, alors qu'il se fait la réflexion que son alimentation ne varie pas assez en ce moment et que certaines cuisines lui manquent. « Italien ça me dirait bien. C’est pas du tout raisonnable mais j’avoue que je ne dirais pas non à une pizza, là. Est-ce que ça t'irait aussi ? » Il n'a pas envie de se prendre la tête Eddie et il se dit qu’une pizza pourrait aussi faire du bien à Gaby, étant donné qu'il ignore à quand remonte son dernier repas et qu’un bon italien met généralement tout le monde d’accord. « Une Margherita s'il y a, je suis plutôt classique. Et je paie ma part bien sûr. » Elle risque de ne pas être d'accord mais il a du mal avec l'idée de se faire inviter, alors même que ses problèmes d'argent sont une autre grande préoccupation chez lui. C'est sûrement pour ça qu'Eddie est le plus fier et têtu, il préférerait finir le mois avec les poches complètement vides plutôt que d'accepter qu'on paie pour lui, surtout si ce on doit être Gabrielle parce qu'elle lui a déjà fait le coup il y a quelques mois. « J’oublie pas que je te dois déjà une chemise Weatherton. Je t’avais pas remerciée pour ça d’ailleurs, j’ai trouvé ça fou de ta part et je m'y attendais vraiment pas. » Il est encore pas mal embarrassé d’en parler car ce n’est pas avec ses petits moyens qu’Eddie aurait pu se le permettre. C’est un geste qui l’avait touché même si depuis ce jour il se sent redevable et n'arrive pas à s'ôter de la tête qu’il a une dette envers l’avocate alors qu'elle ne lui a pourtant rien demandé et ne compte certainement pas le faire.
Spoiler:
toi qui découvres que ma rep est encore interminable :
ninety-nine problems and this pride is one of them.
« Tu pourras venir accompagner bien sûr ». Si elle vient accompagnée, ce sera définitivement avec un(e) ami(e). Elle n’a personne dans sa vie actuellement et disons que trouver quelqu’un dans les mois à venir n’est clairement pas sa priorité. Elle a bien trop de tracas en tête pour envisager une relation quelconque avec un homme, surtout quand elle n’a pas oublié la saveur amère que peut laisser une relation amoureuse. Elle pense à son ex petit-ami qu’elle a laissé à Los Angeles, quand elle a dû partir précipitamment de la ville mais aussi à sa relation précédente avec un certain héritier au doux nom de Channing Walker… « Si jamais tu connais quelqu’un autour de toi qu’un spectacle de danse pourrait intéresser ». Elle a ce sourire en coin, reconnaissante qu’il lui propose d’assister à un de ses futurs spectacles, l’idée de pouvoir remonter sur scène dans quelques mois semblant lui redonner des couleurs à son visage pâle et de l’éclat dans ses yeux bien trop inexpressifs contrairement à d’habitude « Je n’y manquerai pas ». Gabrielle est certaine qu’elle trouvera bien quelqu’un pour l’accompagner, et même si ce n’est pas le cas, elle ne s’empêchera pas d’y assister pour autant.
« Tu sais je crois que lui-même ne s’en rend pas encore très bien compte ». La remarque arrache un sourire à Gabrielle, une fois de plus, alors qu’ils continuent à prétendre. Lui en parlant de lui-même à la troisième personne et elle en prétextant avoir bien du fil à retordre par la faute du danseur qui n’a de cesse de se disputer avec sa voisine, voleuse de chats. Une manière surtout pour les deux de se voiler la face, notamment pour l’avocate qui ne veut pas reconnaitre totalement ce besoin qu’elle a de se noyer dans son travail pour oublier toutes ses vérités atroces apprises de la bouche de ses frères. Elle ne lui parlera pas donc de ce dossier qui est étalé sur la table, qu’elle a tenté de ranger à la va-vite, ce cas où elle sait par avance que l’affaire sera bouclée rapidement et qu’elle n’aura pas de mal à remporter. Il est préférable de parler de quelque chose de plus léger, un conflit de voisinage, visiblement plus à l’ordre du jour, et rire gentiment de celui-ci avec celui qui se profile comme étant un ami en devenir « Ça devenait lourd ces conflits, c’est pas un mal que ça se soit calmé. Enfin… je suppose, ton client te le dira mieux que moi ». Le fait qu’il s’obstine à rester dans le jeu lui laisse échapper un petit rire, avant qu’elle ne porte sa main d’un geste bienveillant sur la cuisse du jeune homme « Qu’il ait retrouvé la raison et qu’il devienne plus sociable me donne du baume au cœur. Il peut être adorable quand il le veut, il faut juste qu’il le reconnaisse ». Parce que c’est ce que Gabrielle pense d’Eddie quand elle semble avoir percer à jour qui il est vraiment sous cette carapace de jeune homme imbu de sa personne et centré sur lui-même. Elle aimerait qu’il s’en convainc parce que, à son sens, il n’y a que de cette manière que les autres le verront aussi, lui qui se dénigre tant en disant que peu de personnes sont capables de le supporter. En tout cas, Gabrielle est prête à relever le défi et même si elle ne se voit pas avoir Eddie comme fils, et qu’elle le dit ouvertement, cela ne veut pas dire qu’il n’a que de mauvais côté « Je gagne quand même un peu à être connu alors. Tu l’aurais pas vraiment cru, hein, la première fois que tu m’as vu » « Clairement pas » lance-t-elle en guise de réponses, se remémorant de ce jeune danseur coréen qui s’est invité comme une fleur chez elle, jugeant ses goûts musicaux et tentant de lui tenir tête sous son propre toit.
Les confessions sont réciproques entre Gabrielle et Eddie en cette fin d’après-midi et ils sembleraient qu’ils aient cruellement besoin, autant l’un que l’autre, d’extérioriser leurs problèmes. Si Gabrielle le fait vis-à-vis de ses frères qui l’ont déçu, Eddie attise sa curiosité en disant qu’il comprend le sentiment qu’elle éprouve quand lui-même semble avoir déçu sa propre famille. « Oh hum… ». Elle ne cherche pas à le mettre mal à l’aise ou à parler s’il ne le souhaite pas, son regard compatissant se posant alors sur lui quand il décide de poursuivre « Pour te résumer ça je… j’ai caché mes problèmes de santé à ma petite sœur qui a appris mon opération au tout dernier moment mais je suis surtout intervenu dans sa vie d’une façon assez lamentable ». Si la question manque d’être réitéré, pour en savoir plus sur comment il est intervenu dans la vie de sa cadette, Gabrielle s’abstient. Elle sent que les confidences, surtout quand il reconnait ses torts, ne sont pas déjà évidentes pour Eddie alors elle ne souhaite pas le mettre plus mal qu’il ne peut l’être déjà « Je pensais agir pour son bien mais je l’ai juste énormément blessée et déçue. D’après elle je brise tous ceux que j’aime et… non seulement elle doit avoir raison, mais je crois que j’aurai aussi beaucoup de mal à retrouver sa confiance un jour ». Gabrielle se reconnait dans les mots qu’elle entend. Parce qu’elle les a eus envers ses frères et parce qu’elle le pense toujours, surtout vis-à-vis de l’ainé qu’elle juge responsable de cette vie dans laquelle il a entraîné Alec. « Je ne dois pas valoir mieux que tes frères ». Gabrielle est restée bien silencieuse, menant peut-être Eddie à une telle conclusion, ce à quoi elle répond en tournant doucement sa tête de gauche à droite « Non, crois-moi, ce n’est rien de comparable ». C’est certain mais elle ne tient pas non plus à encourager Eddie dans ce comportement qu’il a pu avoir à l’égard de sa petite sœur et c’est pour cette raison qu’elle reprend « Mais je comprends aussi ta sœur. Tu ne peux pas la mettre à l’écart pour ton opération, alors que toi tu viens à interférer dans sa vie. J’ignore comment, ce que tu as pu faire exactement… Mais tu ne peux pas contrôler sa vie. Et si c’est de peur qu’elle fasse des erreurs, ou parce que tu souhaites la protéger, crois-moi, c’est l’opposé que tu vas obtenir en agissant ainsi ». Elle parle en connaissance de cause, ses frères l’ayant gardé à l’écart pour son bien et, finalement, ils n’ont fait que la mener à aller se jeter dans la gueule du loup plusieurs fois, notamment en allant à la rencontre de Raelyn Blackwell ou Lou Aberline, toutes deux à la tête d’un gang criminel de la ville. Gaby regarde Eddie d’un air désolé, mais elle ne peut le défendre sur ce coup et lui donner raison. Elle ne cherchera pas à l’apaiser, peut-être l’aurait-t-elle fait si elle ne se trouvait pas dans cette situation. Elle ne peut pas non plus le rassurer quant à l’éventuelle confiance future qu’il pourrait retrouver de la part de sa sœur, quand elle-même ignore si elle y parviendra un jour vis-à-vis de Mitchell et Alec. Cependant, elle sait aussi qu’elle aura du mal à rester éloigné d’eux, surtout quand ils l’ont été suffisamment pendant des années et qu’ils vivent tous trois dans la même ville désormais… « Pas éternellement non, je me doute (…) C’est ton droit de ne pas vouloir, ou de ne pas pouvoir leur pardonner ça Gaby. Tout comme rien ne t’oblige à accepter les choses un jour, si vraiment c’est trop grave à tes yeux ». Elle qui milite pour la justice depuis toujours, elle qui en a fait sa profession, il est certain qu’elle ne pourra pas accepter ou comprendre les actes de ses frères. Surtout de l’ainé, quand il a été capable d’aller jusqu’à menacer et tirer sur la petite amie innocente de son propre frère. Non, il y a des choses sur lesquelles elle est certaine qu’elle ne pourra pas passer mais peut-être que le temps aidera à apaiser le dégout qu’elle peut ressentir à son égard. Le fond des mensonges est difficile à supporter mais la forme l’est tout autant, quelque soit la raison qui ont poussé ses frères à lui mentir en premier lieu « Pendant des années… ah, oui, ça fait quand même beaucoup ». Presque vingt ans de mensonges, en effet, ça commence à faire. « Je me dis que parfois on s’enfonce peut-être tellement dans les mensonges qu’on perd un peu le contrôle sur les choses, au point de ne plus percevoir d’issue, tu vois ? Ce sont eux qui ont par t’en parler ou c’est toi qui a tout découvert de ton côté ». Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres et non pas à cause de la question que vient de lui poser Eddie, mais plus par rapport à la réponse qu’elle s’apprête à lui donner, ne cherchant pas à éviter de lui en donner une « Disons que j’ai enquêté pendant trois ans, qu’en arrivant ici j’ai été à la rencontre de certaines personnes pour obtenir des réponses parce que, eux, ne m’en ont pas donné. J’ai fini par prêcher le faux pour obtenir le vrai de leur part et c’est parce qu’ils en sont arrivés eux-mêmes à se détester mutuellement, à se porter une haine si immense que la vérité a fini par sortir ». Ça la désole d’ailleurs de voir que Mitch et Alec, qui étaient pourtant si proches, qui se sont mis dans cette merde de l’illégalité jusqu’au cou ensemble pendant toutes ces années, soient désormais comme des frères ennemis, incapable de se supporter plus de quelques minutes l’un l’autre. Ils ont fait l’effort le jour de son anniversaire, mais cela n’a pas été une réussite puisqu’ils en sont venus à balancer les pires horreurs de l’un et de l’autre. « Je peux au moins leur reconnaitre ça. Ils ont eu le courage de finir par me dire toute la vérité » et peut-être que, finalement, il y a certaines choses qu’elle aurait préféré ignorer… En tout cas, toutes ces révélations ont eu l’effet escompté, eux qui ont cherché pendant des années à la tenir éloignée de leur vie, ils ont fini par obtenir gain de cause et c’est le constat accablant que l’avocate formule « Te tenir à l’écart oui mais te perdre ils ne devaient pas vouloir ça ». Le regard de l’américaine se porte alors sur Eddie, s’attristant, alors qu’elle fronce les sourcils « Sûrement… » doit-t-elle quand même reconnaitre, car elle sait aussi que ses frères tiennent à elle, malgré tout, tout comme elle tient à eux, malgré tout ça… Et c’est pour cette même raison que cette situation l’a fait autant souffrir, une souffrance dont elle se passerait bien de ressentir.
« Non seulement je crois que ça l’aiderait mais ça lui ferait aussi très plaisir ». Le jeu de parler de lui à la troisième personne revient, Eddie n’étant sûrement pas prêt à avouer avoir besoin de compagnie pour aller mieux, ce qu’elle ne peut évidemment pas lui reprocher. En tout cas, Gabrielle ne refuserait pas de l’aider à aller mieux, tout comme lui l’aidera aussi en retour à laisser ses problèmes de côté en gardant l’esprit occupé à autre chose. Alors les idées fusent, Gaby faisant quelques propositions d’activités à Eddie, les randonnées ne semblant pas être pour tout de suite, mais les petites balades dans la ville, en revanche, étant possible pour le danseur « Les balades c’est possible et même recommandé pour mon genou, il faut que je reprenne l’habitude de bouger car j’ai tendance à rester enfermé chez moi la plupart du temps depuis l’opération et je commence à saturer je t’avoue. J’avais juste peu de courage jusqu’ici, et je me rends compte que je n’explore pas assez cette ville sans ma moto ». Elle est surprise d’apprendre qu’il est du genre biker tout comme lui semble surpris d’apprendre qu’elle a une passion pour la photo « Tu touches à la photographie Gaby ? » « Et toi, à la moto ? » répond-t-elle du tac au tac avec le sourire aux lèvres. « Oui, j’ai cette passion depuis que je suis gamine. Je ne suis qu’amatrice dans le domaine et ce sont des clichés que je garde pour moi. Mais ça fait longtemps que je n’en aie pas fait. Ça me manque ». Elle a un attrait particulier pour la simplicité des choses, qu’elle aime faire ressortir au travers de ses photographies. D’ailleurs, si elle n’est pas du genre à les partager sur les réseaux sociaux, ses photos mériteraient peut-être de l’être, au lieu qu’elle soit conservée sur son ordinateur alors qu’elle ne prend que très rarement le temps de les regarder. Quelques-uns de ses clichés ont trouvé place ici et là sur quelques murs de sa villa, ici, à Brisbane, mais étaient davantage exposés dans sa villa de Los Angeles, quand elle y vivait encore. Certains de ses amis de là-bas ont aussi eu droit à quelques clichés qu’ils ont affiché fièrement chez eux, les jugeant pour autant pas très objectif face à ceux-ci, estimant faire cela uniquement pour lui faire plaisir. « Alors… pour ça je suis moins sûr. Je préfère éviter d’aller là où la frustration sera trop grande, tu comprends ? Pour tout te dire je n’arrive même plus à me rendre à ma compagnie ou à mon studio de danse car ça me rappelle trop que je suis privé de tout ça ». L’idée d’aller ensemble voir des spectacles de danse attendra donc, Gabrielle comprenant parfaitement la frustration qu’il puisse ressentir à l’idée de voir les autres sur les planches quand lui est privé de ce plaisir. La danse est plus qu’une passion pour lui, elle l’a bien compris, et donc elle respecte complètement son choix « Je comprends » dit-t-elle alors d’une voix bienveillante, n’insistant pas davantage alors qu’Eddie a retrouvé le sourire depuis quelques minutes. Les remerciements sont alors de mise, Gabrielle étant reconnaissante qu’il soit passé chez elle, sa présence étant bénéfique à son moral en berne « Si tu le dis alors je le crois. Merci beaucoup Gaby, ça compte vraiment pour moi… ». Elle acquiesce alors doucement, sourire aux lèvres comme pour l’encourager en croire un peu plus en lui quand il ne semble pas habitué à ce qu’on lui fasse un tel compliment.
« Honnêtement oui, un peu ». Gabrielle voit l’heure du dîner approcher et son estomac commence à crier famine. Disons que sauter le repas ce midi n’était peut-être pas non plus un choix judicieux mais, ces derniers temps, elle peine à avaler grand-chose. Et si là, elle demande à Eddie s’il a faim, ce n’est pas pour autant qu’elle va se lever du canapé pour se mettre derrière les fourneaux. Ce n’est pas son genre, elle qui est bien peu doué – voire pas du tout, soyons honnête – en cuisine. « Oh t’en fais pas, je suis pas mieux alors ça me convient très bien ». Et si Eddie aurait eu le toupet de lui dire le contraire, elle n’aurait pas manqué de le remballer gentiment, l’idée ne manquant pas de la faire sourire, tant elle sait qu’ils peuvent très bien s’entendre – sa venue aujourd’hui et cette longue discussion qu’ils ont eu en étant le parfait exemple – tout comme elle ne manquera jamais de le taquiner ou de lui dire ses quatre vérités si c’est nécessaire et que son arrogance vient à refaire surface. « J’essaie de m’améliorer un peu dans le domaine parce que ma convalescence m’en donne le temps et que je ne vis plus vraiment seul à présent, mais c’est encore laborieux ». Quand il parle qu’il ne vit plus seul, elle pense tout de suite à un colocataire, d’où sa non réaction à ce sujet… pour le moment « Tu as au moins le mérite d’essayer. J’ai abandonné depuis longtemps ». Elle s’accorde à faire quelques plats simples quand c’est nécessaire, cuire des féculents ou des légumineuses mais jamais elle ne se lancera dans autre chose. La dernière fois qu’elle a dû essayer remonte à fort longtemps, et bien souvent, ses tentatives s’apparentent à un échec cuisant – sans mauvais jeu de mots. « Ah oui parce que je suis en couple au fait Gaby ! ». Il y a un temps d’arrêt, un temps de silence durant lequel elle a cet air hébété, en le fixant, avant qu’un petit rire s’échappe d’entre ses lèvres « Tu… » te moques de moi s’apprête-t-elle à dire mais quand elle voit l’air du jeune homme et cette alliance à son doigt qu’il tripote, elle comprend alors qu’il est on ne peut plus sérieux « Vraiment ? » ne peut-t-elle s’empêcher de dire « Félicitation. Là aussi, tu as plus de mérite que moi ». Parce qu’il est en couple, et elle non, bien qu’elle ne s’en plaigne pas, elle qui est définitivement une femme indépendante et qui n’a besoin de personne « Va falloir que tu m’en dises plus ». Parce qu’évidemment, elle veut connaitre l’identité de celle qui fait battre son cœur, s’il veut bien se prêter au jeu des confidences. Et d’ailleurs, ils pourront le faire tout en mangeant, encore faut-t-il qu’ils décident ce qu’ils ont envie de manger, et surtout, de commander « Italien ça me dirait bien. C’est pas du tout raisonnable mais j’avoue que je ne dirais pas non à une pizza, là. Est-ce que ça t’irait aussi ? ». « Parfait ! ». Elle scrolle son écran pour choisir un italien non loin de là et porte son regard sur leur menu « Une Margherita s’il y a, je suis plutôt classique. Et je paie ma part bien sûr ». Elle fait abstraction de cette remarque alors qu’elle commande déjà ce qu’il a demandé et prend une pizza pour elle végétarienne. « J’oublie pas que je te dois déjà une chemise Weatherton. Je t’avais pas remerciée pour ça d’ailleurs, j’ai trouvé ça fou de ta part et je m’y attendais vraiment pas » « Je ne vois AB-SO-LU-MENT PAS de quoi tu parles » fait-t-elle alors qu’elle a passé commande et qu’elle dépose son téléphone sur la table basse. Un sourire malicieux apparait sur le coin de ses lèvres avant qu’elle ne redevienne sérieux « Ce n’est rien, ça me fait plaisir, Eddie. Et puis cette chemise t’allait à ravir, je trouve qu’il aurait été dommage qu’elle ne fasse pas partie de ta garde-robe ». Et bien sûr qu’elle n’attend pas de sa part qu’il lui rembourse quoi que ce soit, d’ailleurs son index vient à se pointer vers lui « Et t’avises pas à envisager de me la rembourser ou je ne sais quoi, je risque de très mal le prendre ». Elle fronce les sourcils, son air sérieux ayant repris le dessus, espérant que cet air faussement sévère dissuadera Eddie de toutes tentatives. Un sourire finit par réapparaître alors qu’elle se lève pour se diriger vers la cuisine, emportant leurs deux verres vides. « Je te sers autre chose à boire en attendant que nos pizzas arrivent ? ». Elle attrape à nouveau la bouteille de vin pour elle, s’en servant un, attendant qu’Eddie lui réponde « Je t’autorise cette fois à prendre un verre, va !».
I was arrogant as if I knew everything But I didn't know, with you Why does it get harder the closer we get? In the end, I am just talking nonsense
Le voilà enfin un peu capable de regarder vers l’avenir, les paroles reboostantes de l’avocate finissant par remettre un peu de couleur dans le monde assombri du danseur. Eddie se projette vers une reprise encore lointaine mais ça l’aide à se dire, ou plutôt à se rappeler que cette mauvaise passe ne durera qu’un temps. La danse n’est pas du tout finie pour lui et pourtant il a réagi comme si c’était le cas dernièrement, comme si son genou n’allait jamais se remettre alors qu’il est passé entre les mains d’un excellent chirurgien grâce auquel cette blessure ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Il revient quand même de loin Eddie, ça il s’agirait qu’il ne l’oublie pas trop vite parce que la prochaine fois il n’aura peut-être pas la chance de se rétablir aussi bien. Le danseur n’a plus le droit à l’erreur et il semble en être conscient, pourvu que cette lucidité ne se perde pas dans quelques mois lorsqu’il aura retrouvé le chemin de la scène et repris sa vie à un rythme effréné. À ce moment-là il espère bien, oui, que Gabrielle répondra présente car si elle peut le voir dans sa plus petite forme aujourd’hui elle mérite aussi de le voir dans sa meilleure et de se faire enfin une idée de ce qu’il vaut comme danseur. Depuis le temps qu’il en parle sans qu’elle n’ait jamais eu d’occasion de le voir à l’œuvre, il pourra peut-être enfin y remédier et il propose d’ailleurs à l’avocate de venir assister à l’un de ses spectacles et même accompagnée, si elle le souhaite. « Je n’y manquerai pas » Cette réponse le fait grandement sourire et non, il ne jouera pas les petits curieux en lui demandant si elle pense déjà à quelqu’un parce que ça ne le regarde tout simplement pas. Ce qu’il retient lui c’est qu’il pourra la compter parmi ses futures spectatrices et il ne lui en faut pas plus pour aborder un peu plus sereinement sa situation.
Il sait bien que derrière le petit jeu de Gabrielle et son prétendu client se cache une volonté de se réfugier dans le travail, lui aussi l’a vécu par le passé et comprend donc que l’assumer puisse être difficile aujourd’hui. Les raisons d’une telle fuite en avant à ce moment-là Eddie ne les connait pas encore mais il n’a aucun mal à jouer le jeu, en retour. Surtout quand ça lui offre l’occasion d’annoncer à Gabrielle que sa situation s’est considérablement apaisée, elle qui avait eu vent de ses problèmes de voisinage et qui s’était un peu dit qu’il filait un mauvais coton. C’est vrai, Eddie revient de loin aussi pour ça et à présent qu’il n’est plus le cauchemar de tout son immeuble il réalise vraiment à quel point la situation était devenue malsaine pour tout le monde. Pour que ses voisins en soient venus à entreprendre des pétitions contre lui c’est qu’il devait vraiment leur taper sur le système et c’est peut-être bien l’un des bons côtés de sa convalescence, le fait qu’il ne puisse plus transformer son appartement en boite de nuit. Si vous lui demandez Eddie vous dira qu’ils ont toujours un peu exagéré sur les nuisances qu’il produisait réellement mais ça c’est parce qu’il minimisait beaucoup leur impact, Michaela lui a ouvert les yeux après coup et c’est une prise de conscience que personne n’attendait. Surtout pas Gabrielle qui parait agréablement surprise aujourd’hui par ses efforts, et qui continue de parler de lui comme s'il ne se trouvait pas devant elle. « Qu’il ait retrouvé la raison et qu’il devienne plus sociable me donne du baume au cœur. Il peut être adorable quand il le veut, il faut juste qu’il le reconnaisse » Eddie étire un sourire un peu timide parce qu’il n’a pas l’impression que le mot adorable puisse souvent s’appliquer à lui. Sa sœur et son cousin ne risqueraient pas de donner raison à l’avocate mais s’il était un si mauvais type il n’aurait sans doute pas renoué avec l’amour cette année, et donné envie à une femme de partager sa vie de nouveau. « Il s’assagit il faut croire, mais peut-être aussi qu’il est de mieux en mieux entouré. » C’est ce qu’il croit sincèrement et il gratifie Gabrielle d’un clin d’œil sur ces mots, qui la visent tout particulièrement. Il n’y a pas de secret, Eddie est capable d’efforts quand il estime avoir des raisons d’en faire et son entourage actuel tend à le tirer vers le haut, c’est en tout cas valable pour Gabrielle, Halston ou encore Michaela, toutes entrées dans sa vie cette année et y tenant désormais une place de choix. C’est cet apport de positivité qui doit l’avoir calmé, il avait un sacré chemin à faire comme l’avocate avait pu le voir lors de leur rencontre et encore, elle ne l’a pas connu chaotique à l’extrême quelques années plus tôt lorsqu’il avait énormément de mal à se lier aux autres et à s’investir dans la moindre relation. Il suppose qu’elle n’aurait pas misé sur lui pour une telle évolution pendant la fête des voisins et elle le lui confirme : « Clairement pas » Et il sourit de plus belle, prenant la réponse de l’avocate comme une preuve de plus qu’il a dépassé les espérances de tout le monde et qu’il a bien fait d’écouter un peu plus les autres au lieu de n’écouter que lui-même. « Tout arrive Gaby. » Les gens s’améliorent et il n’en est pas moins capable qu’un autre, maintenant ses efforts Eddie doit les maintenir.
« Non, crois-moi, ce n’est rien de comparable » Elle ne veut pas qu'il puisse penser qu'il ne vaut pas mieux que ses frères et pourtant Eddie se reconnait dans le rôle du frère décevant, dont les décisions bien souvent égoïstes ont fait du mal autour de lui. Il ne prétend pas savoir ce que les frères de Gabrielle ont fait et peut-être ne le saura-t-il jamais, mais il a du mal à se trouver des excuses face à elle alors qu'il y a quelques semaines Callie était aussi grandement blessée par ses mensonges et ses petites magouilles. Il n'en est pas fier Eddie, il sait qu'il a dépassé les bornes tout comme il sait qu'il devra sacrément ramer pour retrouver la confiance et l'estime de la benjamine Yang. « Mais je comprends aussi ta sœur. Tu ne peux pas la mettre à l’écart pour ton opération, alors que toi tu viens à interférer dans sa vie. » Elle a terriblement raison Gabrielle, et ces mots le font automatiquement baisser la tête tant ils sonnent juste. Eddie se sent un peu minable maintenant qu'il fait face aux conséquences de ses actes et cette discussion avec l'avocate lui permet aussi de prendre un certain recul sur les choses quitte à recevoir un petit savon au passage. Il le mérite de toute façon, il ne lui aurait pas confié tout ça s'il n'attendait pas un peu d'elle de le remettre en place parce que c'est sûrement ce dont il a besoin, là. « J’ignore comment, ce que tu as pu faire exactement…Crois-moi Gaby, tu préfères ne pas savoir.Mais tu ne peux pas contrôler sa vie. Et si c’est de peur qu’elle fasse des erreurs, ou parce que tu souhaites la protéger, crois-moi, c’est l’opposé que tu vas obtenir en agissant ainsi » Contrôler la vie de Callie c'est bien ce qu'il a tenté de faire, pendant très longtemps. En étant cet aîné possessif qui craignait de la laisser grandir et approcher par des hommes qu'il pensait être voués à lui faire du mal, même l'un de ses plus proches amis n'était pas digne de sa petite sœur à l'écouter et dieu sait pourtant que Diego est un gars bien. Callie est la prunelle de ses yeux et Eddie a toujours affirmé que pour elle il n'avait aucune limite, seulement il ne peut plus être constamment derrière elle à la surveiller comme une enfant, aujourd'hui elle est adulte et elle a toute une vie à construire. Une vie dont il pourrait bien être écarté s'il ne revoit pas son attitude, la perdre est certainement la pire chose qui pourrait lui arriver et pourtant il en prend le chemin, plus que jamais dernièrement. « Je sais, je l’ai enfin compris. C’est en tant que frère que je dois veiller à m’améliorer, maintenant. » C'est un objectif qu'il se fixe et qui rejoint finalement son projet de convalescence visant à devenir une meilleure version de lui-même. Eddie a fini par se dire que son karma souffrait possiblement de ses mauvais agissements alors peut-être bien qu'il va devoir travailler profondément sur lui-même pour retrouver une vie un peu plus paisible, parce qu'il verra bientôt le bout d'une année tumultueuse sur beaucoup de plans et n'a vraiment aucune envie de remettre ça pour la suivante. Son regard s'attarde sur Gabrielle tandis qu'il tente de trouver les mots justes vis-à-vis de sa situation, hautement plus compliquée encore. Il entend bien qu'elle n'est pas près de pardonner ses frères et il part de toute façon du principe que rien ne l'y oblige, tout comme Callie n'est pas forcée de le pardonner lui. Elles sont blessées jusque dans leur chair, se sentent trahies et le temps ne pourra peut-être rien contre ça. Il ose quand même creuser un peu les choses Eddie mais il ne prévoit pas d'insister s'il sent que Gabrielle ne tient pas à lui dire comment elle a découvert que ses frères jouaient un double jeu depuis des années. Son intention n'est pas de raviver quoi que ce soit, juste de l'aider à se libérer un peu si toutefois ça peut lui faire du bien. « Disons que j’ai enquêté pendant trois ans, qu’en arrivant ici j’ai été à la rencontre de certaines personnes pour obtenir des réponses parce que, eux, ne m’en ont pas donné. J’ai fini par prêcher le faux pour obtenir le vrai de leur part et c’est parce qu’ils en sont arrivés eux-mêmes à se détester mutuellement, à se porter une haine si immense que la vérité a fini par sortir. » Il la sent profondément dépitée et il partage son affliction, maintenant qu'il cerne un peu mieux ce tableau familial disloqué où les mensonges des frères ont manifestement creusé un sacré fossé aussi bien avec leur sœur qu'entre les deux principaux concernés eux-mêmes. « Oh.. alors c’est à ce point-là. » La situation de l'avocate est peut-être plus complexe encore qu'il n'avait osé l'imaginer et à ce moment-là Eddie met ses propres soucis familiaux de côté pour de bon. Il n'y a vraiment plus aucune comparaison possible car les frères Strange se situent de toute évidence à un tout autre niveau de cachotteries, et comme si leurs mensonges n'étaient pas déjà suffisants il faut aussi que cette haine qu'ils se vouent s'y ajoute. « Ça a dû être très violent pour toi et vraiment ça m’attriste que t'aies dû apprendre les choses de cette façon. » Elle n'avait pas besoin de ça en plus, les voir se déchirer en même temps que découvrir tout ce qu'ils lui avaient dissimulé a dû être le choc de trop. « Je peux au moins leur reconnaitre ça. Ils ont eu le courage de finir par me dire toute la vérité. » Une vérité qui serait peut-être un peu mieux passée si elle lui avait été servie dans d'autres circonstances mais ils ne devaient pas vouloir la perdre sur de tels mensonges, Eddie en est intimement convaincu même si Gabrielle semble avoir du mal à l’entendre. « Sûrement… » La voir aussi affectée en plus de l'entendre est un crève-cœur pour le danseur qui amorce un déplacement sur le canapé pour aller saisir la main de l'avocate dans un geste compatissant à défaut de pouvoir tellement faire plus. « Ça va aller Gaby. » il lui souffle dans un léger sourire même s'il se doute bien qu'être optimiste n'est pas trop dans ses capacités du moment. « Laisse-toi du temps. » Pour décider si un pardon peut être envisageable à défaut de pouvoir accepter ce qu'ils ont fait, car ça il a bien saisi que Gabrielle ne le pourrait pas. Et il comprend, oui, que certains mensonges sont parfois trop gros et que les déceptions ne peuvent pas toujours être dépassées. Il sera là quoi qu'il arrive s'il s'avère qu'elle a besoin de quelqu'un à qui parler ou juste d'une écoute, il ne le redit pas car il considère qu'elle le sait.
Et il sera là aussi pour l'aider à se changer les idées, Eddie y tient vraiment. La perspective d'entreprendre quelques balades en ville au côté de l'avocate l'enchante d'ailleurs beaucoup, il sait que ça leur sera bénéfique à elle comme à lui parce qu'ils ont cruellement besoin de sortir de leur cocon de déprime. Eddie a l'impression de passer à côté d'un paquet de choses en restant enfermé chez lui la plupart du temps, par manque de motivation et parce qu'il ne conçoit pas non plus une vie tournant au ralenti sans la danse ni sa moto. C'est une autre information que Gabrielle ne possédait pas le concernant, comme quoi il n'a pas encore fini de la surprendre. « Et toi, à la moto ? » « Oui ! J’ai le permis depuis trois ans, pour tout t’avouer j’ai même jamais conduit autre chose. » Au grand désespoir de sa mère qui assimile sa cylindrée à un cercueil roulant et qui considère qu'il est déjà bien assez inconscient dans sa pratique excessive de la danse pour ne pas en plus se mettre en danger sur les routes. Et pourtant Eddie n'a qu'une hâte, celle de pouvoir à nouveau vadrouiller sur sa CB300R pour rattraper toutes les virées qu'il n'aura pas pu faire pendant des mois. Gabrielle lui avait caché un fort attrait pour la photographie de son côté et c'est donc pour lui aussi l'occasion de découvrir un peu plus ce qui l'anime à côté de son métier d'avocate et de la mode, centre d'intérêt qui s'était tout naturellement révélé lors de leur rencontre durant le mois des fiertés. « Oui, j’ai cette passion depuis que je suis gamine. Je ne suis qu’amatrice dans le domaine et ce sont des clichés que je garde pour moi. Mais ça fait longtemps que je n’en aie pas fait. Ça me manque. » Il note que Gabrielle touche à la photo depuis petite, et déplore en même temps d’entendre qu’elle a un peu mis ça de côté. « Il faudrait que t’en refasses Gaby, surtout si c’est un truc que tu aimes et qui te détend, enfin je suppose que c’est le cas. » il annonce d’un air convaincu, se mettant à vrai dire déjà en tête de l’encourager dans ce sens car s’il y a bien une chose qu’Eddie connait c’est l’importance d’entretenir sa passion et de lui faire une vraie place dans sa vie. « En ce moment ça pourrait te réconcilier avec le monde extérieur et je me ferais un plaisir de te montrer les beaux coins un peu cachés de cette ville, comme t’y vis pas depuis très longtemps. » Eddie ne prétend pas tout lui apprendre de Brisbane parce qu'elle n'y a pas non plus posé ses valises hier mais elle n'a sans doute pas encore bien profité de cette ville à travers l'objectif de son appareil photo et ça, c'est une chose à laquelle il va falloir remédier. Il se montre honnête quant au fait qu'il ne préfère pas renforcer l'immense frustration qu'il ressent déjà de ne plus pouvoir danser en allant assister à des spectacles qui lui rappelleront juste dans quel état il se trouve. Eddie se connait, il sera incapable d'en profiter simplement parce qu'il voudra être à la place de ces danseurs et il pourrait bêtement les maudire d'avoir ce que lui n'a plus. Ce n'est pas pour rien qu'il fuit le théâtre et son studio en ce moment car ces endroits où il avait jusqu'ici tous ses repères sont maintenant l'amer reflet de cette passion mise entre parenthèse sans laquelle Eddie se sent terriblement vide. Il n'arrive plus à y mettre les pieds et pourtant il le faudrait, il ne se rend pas du tout service en faisant ça même s'il arrive encore à se convaincre du contraire. « Je comprends. » Il n'en attendait pas moins d'elle et il sourit tendrement en entendant que sa présence est aussi apaisante pour elle que la sienne l'est, pour lui. De quoi rejoindre ce qu'il disait un peu plus tôt, Eddie se sent vraiment mieux entouré que jamais aujourd'hui et c'est cette bienveillance autour de lui qui l'aide certainement à rester un tant soit peu positif dans un moment de sa vie où il serait pourtant tenté de se laisser un peu couler.
Gabrielle lui propose de commander à manger et ça lui convient très bien, le fait qu'elle estime être une piètre cuisinière leur fait même un point commun. Et pourtant il cherche à s'améliorer Eddie, il travaille un peu dessus ces derniers temps même si ces lacunes sont persistantes et qu'il n'est pas encore près de briller dans le domaine et d'arriver à la cheville de sa mère. « Tu as au moins le mérite d’essayer. J’ai abandonné depuis longtemps. » Un mérite qui n'est en réalité pas bien grand compte tenu de tout le temps que lui offre cette mise au repos forcée car il faut bien qu'il s'occupe et fasse quelques projets pour que son quotidien ne devienne pas d'un ennui mortel et l'amène à tourner désespérément en rond chez lui. Eddie reste actif à sa façon même si ça n'est plus par le sport et il faut dire aussi qu'il a une double motivation maintenant qu'il ne vit plus tout à fait seul. L'allusion ne fait d'abord pas réagir Gabrielle mais il finit par laisser entendre la nouvelle : il est en couple et peut enfin le dire, l'officialisation ayant un peu tardé pour des raisons qu'il n'osera probablement pas détailler. Disons que cette histoire a connu très tôt des complications et qu'il ne peut encore pas se permettre de l'afficher comme il le voudrait, néanmoins Gabrielle peut bien savoir qu'il n'est plus à ranger du côté des célibataires parce qu'il n'estime pas trop en dire à ce moment-là. « Tu… » Sa surprise saute aux yeux et Eddie étire un large sourire amusé, conscient de l'avoir sacrément prise au dépourvu avec sa petite annonce. « Vraiment ? » « Eh oui il y a dans ce monde une femme assez inconsciente pour bien vouloir d’un type comme moi. » Il n'hésite pas à se payer sa propre tête pour faire perdre à cette situation son caractère sérieux alors qu'il lui arrive vraiment de penser qu'Halston s'encombre d'un sacré boulet avec lui, surtout ces derniers mois avec sa santé déclinante. « Félicitation. Là aussi, tu as plus de mérite que moi. » Là pour le coup il ne voit pas bien quel mérite on pourrait lui accorder alors que l'amour lui est un peu retombé dessus sans prévenir, ce n'est pas comme s'il avait tout fait dans ce sens et il pourrait même préciser qu'il a mis le temps avant d'assumer ne serait-ce que son attirance pour la femme partageant désormais sa vie. « Ah non, dis pas ça. J’étais un cas désespéré pendant plus de trois ans aussi, je pensais honnêtement jamais retrouver quelqu’un alors si moi j'y suis parvenu je me fais honnêtement pas trop de souci pour toi. » Il ne s'en fait même pas du tout car Gabrielle est une belle femme, attachante et intelligente avec en prime une bonne situation, non vraiment il ne lui trouve que des qualités alors il ne voit pas quel homme ferait le difficile. Mais elle n’éprouve peut-être pas le désir de penser à sa vie amoureuse pour le moment et il pourrait tout à fait l'entendre, quand il cherchait lui aussi à noyer ses tourments dans le travail son célibat lui convenait plus que jamais et il n'était pas du tout dans l'optique d'ouvrir son cœur à qui que ce soit. Il revient même de loin d'un point de vue sentimental, un jour peut-être il lui détaillera son parcours amoureux parce qu'il y aurait des choses à en dire, même si tout ne serait pas franchement à sa gloire. « Va falloir que tu m’en dises plus. » « Regardez-la madame la curieuse. » il remarque sans perdre son sourire, pas du tout gêné de s'étendre un peu plus. « C’est une agente de stars, une américaine tout comme toi d’ailleurs. » Il manque d'ajouter qu'elle vient elle aussi de Los Angeles mais il lui semble bien que Gabrielle n'y est pas née et y a simplement vécu, alors il n'est pas certain que cet autre parallèle apporterait grand-chose. « Je t’en parlerai plus en détails une autre fois avec plaisir parce que là je- j’ai pas forcément envie de te balancer mon bonheur, je suis pas ici pour ça. » Il se fait un peu plus sérieux, ne souhaitant pas trop fanfaronner devant Gabrielle et prendre peut-être le risque de la dégoûter de le voir aussi heureux. Parce qu'il l'est Eddie, la femme dont il lui parle est un soutien précieux dans cette mauvaise passe qu'il traverse et il mentirait s'il disait qu'il ne devient pas un peu - beaucoup - accro à sa jolie américaine. « Mais juste histoire que tu puisses bien rigoler du Eddie que t’as connu au départ, oui, le nouveau a l'air plutôt in love. » C'est cadeau ça par contre parce que ce n'est pas non plus le genre de changement qu'elle devait s'attendre à constater chez lui. Eddie est même un peu gêné de l’admettre lui qui met encore difficilement des mots sur ses sentiments, alors Gabrielle a l’exclusivité là-dessus. Ils se mettent d'accord sur ce qu'ils vont commander, l'italien faisant l'unanimité et Eddie pensant payer sa part sans se douter que l'avocate ne lui en donnera pas l'occasion. Il y tient pourtant parce qu'il n'oublie pas ce qu'il doit déjà, à savoir une certaine création Weatherton que Gabrielle avait réglé pour lui sans même lui en toucher un mot, il y a quelques mois de ça. « Je ne vois AB-SO-LU-MENT PAS de quoi tu parles. » Son faux air innocent arrache un soupir au danseur, il est extrêmement fier sur les questions d'argent et il bloque encore sur cette dette qu'il considère avoir envers elle, même si le cadeau en lui-même lui avait fait très plaisir. « Une chemise en satin rose, allez Gaby, je suis sûr que tu peux t’en rappeler. » Il finit par sourire de la situation à son tour mais c'est un geste qui le pique encore un peu dans son honneur, et cette chemise il ose à peine la porter parce qu'il s'agit de la pièce la plus somptueuse de son dressing et qu'il craint de l'abîmer bêtement à chaque fois qu'il fait ne serait-ce que la toucher. « Ce n’est rien, ça me fait plaisir, Eddie. Et puis cette chemise t’allait à ravir, je trouve qu’il aurait été dommage qu’elle ne fasse pas partie de ta garde-robe. » Il ne pourra pas tellement la contredire là-dessus et il aurait d'ailleurs entrepris de l'acheter lui-même s'il avait eu les ressources financières suffisantes pour ça. « T’es gentille mais ça me gêne, t’avais vraiment pas à faire ça pour moi. » Il ne va pas non plus s'en plaindre parce qu'il n'aurait jamais pu s'habiller en Weatherton sans elle, non ce qu'il déplore surtout c'est de ne pas voir le bout de ses problèmes d'argent, autre grande préoccupation du danseur depuis quelques mois. « Et t’avises pas à envisager de me la rembourser ou je ne sais quoi, je risque de très mal le prendre. » Eddie laisse échapper un rire franc face au sérieux de l'avocate. « Oh alors là t’es tranquille, c’est pas demain la veille que j’en aurai les moyens. Je préfère ne même pas connaitre le prix car je sens que je pourrais tourner de l'œil. » Eddie retient sa respiration chaque fois qu'il fait ses courses et doit passer à la caisse, c'est dire son niveau d'inquiétude vis-à-vis de ses dépenses. Il se soucie de finir sur la paille alors qu'il partage la vie d'une femme qui pourrait le mettre à l'abri du besoin, il refuse juste de tomber là-dedans parce qu'il sait que sa dignité ne s'en relèverait pas et parce qu'il ne supporterait pas d'être entretenu. « Je te sers autre chose à boire en attendant que nos pizzas arrivent ? » Ah, les pizzas. Avec tout ça leur commande lui était presque déjà sortie de la tête et ce n'est pourtant pas faute d'avoir faim, Eddie sentant même son estomac se creuser de plus en plus. « Je t’autorise cette fois à prendre un verre, va ! » « Puisque j’ai ton autorisation alors.. je veux bien goûter ton vin. » Cette bouteille brandie de lui est assez tentante, il s'était dit qu'il resterait sur du soft mais il ne s'y sera pas tenu longtemps. Tant qu'il n'enchaine pas les verres Eddie peut bien s'accorder ça, le tout étant de ne pas trop narguer sa faible tolérance parce qu'il n'a pas envie d'offrir à Gabrielle une version éméchée de lui-même aujourd'hui. Eddie récupère alors le verre servi par l'avocate qu'il porte à ses lèvres tout en gratifiant sa voisine de canapé d'un regard affectueux. « Je suis content d’être passé te voir Gaby, et tu sais quoi ? J’exige qu’on se fasse ça vraiment plus souvent. » Qu'il n'ait si possible pas à s'inviter la prochaine fois, mais maintenant qu'ils ont prévu des sorties ensemble des excuses pour se voir l'avocate et le danseur n'en manqueront pas et c'est la petite victoire de cette journée sur laquelle il ne misait pas des masses, à l'origine.
ninety-nine problems and this pride is one of them.
« Il s’assagit il faut croire, mais peut-être aussi qu’il est de mieux en mieux entouré ». Ce clin d’œil qu’il lui adresse la fait sourire, comprenant qu’elle est visée par ses propos. Gabrielle est contente d’être considéré comme quelqu’un qui l’aide à aller vers le haut et le sourire qui apparaît sur ses lèvres est franc et son air touché, quand elle a l’impression pourtant d’être impuissante à ce niveau-là, surtout vis-à-vis de ses frères – bien que ces derniers soient suffisamment grands pour prendre leurs propres décisions et n’ont finalement jamais eu besoin d’elle, contrairement à l’avocate… « Tout arrive Gaby ». Il faut croire, elle est ravie de voir qu’Eddie évolue dans le bon sens, et ça depuis leur première rencontre où elle n’aurait pas misé grand-chose sur une potentielle amitié entre lui et elle.
« Je sais, je l’ai enfin compris. C’est en tant que frère que je dois veiller à m’améliorer, maintenant ». Et alors que le sujet a dévié sur leurs problèmes personnels, que Gabrielle lui a fait part de sa déception vis-à-vis de ces aînés, Eddie s’engage à devenir un meilleur frère pour sa petite sœur. Elle aimerait entendre les mêmes mots sortir de la bouche de ses propres frères, être ce moteur désormais présent dans leur vie qui les pousserait à prendre une tout autre direction dans leur vie. Laisser le monde illégal derrière eux et tenter de se racheter une conduite digne de ce nom. La déception est telle qu'elle a l’impression qu’ils ont perpétué le triste héritage du nom Strange, et c’est sûrement ce qui la blesse le plus alors qu’ils s’étaient promis ne jamais emprunter le même chemin que leur père… À ses yeux, aujourd’hui, Finn et Alex ne valent pas mieux que leur père… Gabrielle ne peut pas entrer dans tous les détails, ne voulant pas entraîner Eddie dans ces histoires sordides, et par souci aussi de protéger ses frères, malgré tout. Elle reste vague mais elle a quand ce besoin d’en parler, quand elle est incapable de dissimuler toute la peine que cette histoire lui procure. « Oh… alors c’est à ce point-là ». Elle acquiesce tristement alors que son regard s’abaisse. Ses frères, pourtant si soudés, semblent se détester au plus haut point, les deux s’étant comportés comme deux gosses qui rapportaient les méfaits de l’autre. « Ça a dû être très violent pour toi et vraiment ça m’attriste que t’aies dû apprendre les choses de cette façon ». « Ça l’a été oui… » concède-t-elle à regret. Les propos l’ont été, la scène tout autant quand elle a craint plusieurs fois qu’un des deux n’en viennent aux mains. Elle a dû s’interposer, malgré toutes ces atrocités qu’elle se prenait en pleine figure, celle de leurs actes qu’elle juge impardonnable. « Ça va aller Gaby ». Elle essaye de s’en convaincre, quand elle a eu les mêmes mots pour Eddie un peu plus tôt vis-à-vis de sa situation personnelle et professionnelle. Le geste d’Eddie l’incite à relever le regard sur lui, alors qu’il a ces mots de plus « Laisse-toi du temps ». Il lui en faudra, c’est certain. Cela fait un mois qu’elle a appris toutes ces vérités et elle sent qu’elle n’est pas prête de retourner les voir pour parler de tout ça, encore moins capable de leur pardonner. Elle acquiesce alors mollement, souriant légèrement, plus pour remercier Eddie d’être présent pour elle et à l’écoute que par espoir que le temps y fasse quelque chose…
« Oui ! J’ai le permis depuis trois ans, pour tout t’avouer j’ai même jamais conduit autre chose ». « C’est bon à savoir, j’éviterai de te prêter ma voiture alors ». Elle le taquine car cette légèreté dans leur conversation fait du bien après toutes les confessions auxquelles ils se sont livrés, confessions qui n’ont pas manqué de rendre l’atmosphère bien trop pesante. « Enfin, même si te savoir sur une moto ne me rassure pas nécessairement ». Eddie est jeune et elle peut se permettre de dire qu’elle le connaît suffisamment, ou du moins, qu’elle a saisi sa personnalité, pour savoir qu’il ne devait pas toujours faire preuve d’une grande prudence sur la route. « Il faudrait que t’en refasses Gaby, surtout si c’est un truc que tu aimes et qui te détend, enfin je suppose que c’est le cas ». Elle acquiesce vivement alors que son appareil photo l’a suivi plus d’une fois lorsqu’elle vivait encore à Los Angeles. Que ce soit lors de randonnée, de weekend dans les vignobles, de soirées entre amis, tout était toujours une bonne excuse pour elle de sortir son appareil. Elle se souvient même des clichés qu’elle a de New York sous la neige, ces quelques jours passés dans la grosse pomme avec un certain héritier australien. « En ce moment ça pourrait te réconcilier avec le monde extérieur et je me ferais un plaisir de te montrer les beaux coins un peu cachés de cette ville, comme t’y vis pas depuis très longtemps ». L’idée lui plaît grandement et cela se lit sur son visage qui s’illumine avec un sourire « Ce serait avec plaisir, Eddie. Je pourrais même faire quelques photos de toi, cheveux au vent ». Elle rit, se moquant légèrement peut-être, mais est sincère dans sa proposition. Gabrielle tient en tout cas à renouer avec cette passion et espère vraiment qu'Eddie et elle trouveront le temps d’aller flâner dans les rues de Brisbane, les plus connues comme les moins connues, pour se faire.
« Eh oui il y a dans ce monde une femme assez inconsciente pour bien vouloir d’un type comme moi ». Il lui apprend une nouvelle qu’il s’est bien gardé de lui dire en premier lieu, celle où il lui apprend qu’il est en couple avec quelqu’un. Gabrielle ne peut s’empêcher de rebondir, juste dans le principe pour le taquiner « Elle en a du courage ». Gabrielle ne manque pas de lui lancer un clin d’œil et un petit coup de coude pour lui signifier qu’elle plaisante avant de lui adresser ses félicitations. Parce que, clairement, elle ne peut pas en dire autant de son côté, et il a plus de mérite qu’elle de ce côté-là, lui qui en plus d’avoir trouvé l’amour lui a aussi avoué s’adonner à la cuisine pour s’améliorer « Ah non, dis pas ça. J’étais un cas désespéré pendant plus de trois ans aussi, je pensais honnêtement jamais retrouver quelqu’un alors si moi j’y suis parvenu je me fais honnêtement pas trop de souci pour toi » « Wait… C’est moi ou tu viens de me qualifier de cas désespéré aussi ? ». Elle a cet air sérieux, presque offusqué qu’elle ne parvient pas à conserver bien longtemps avant d’ajouter « Je suis vraiment contente pour toi, Eddie, sincèrement. Et fière aussi ». Il prouve une fois de plus qu’il va dans la bonne direction, elle qui le considère un peu comme ce petit frère qu’il faut surveiller de près, ce qui ne manque pas de la ravir. Évidemment, il a parlé de cette petite-amie et Gabrielle ne peut s’empêcher de vouloir en savoir plus « Regardez-la madame la curieuse ». Ses paumes de mains viennent à se placer à hauteur de ses épaules, alors qu’elle hausse celle-ci et adopte un air faussement innocent « C’est une agente de stars, une américaine tout comme toi d’ailleurs (…) Je t’en parlerai plus en détails une autre fois avec plaisir parce que là je – j’ai pas forcément envie de te balancer mon bonheur, je suis pas ici pour ça (…) Mais juste histoire que tu puisses bien rigoler du Eddie que t’as connu au départ, oui, le nouveau a l’air plutôt in love ». Gabrielle sourit alors qu’elle vient poser sa main sur son bras, le regard sincère et la mine sérieuse « Je ne vois pas pourquoi je rigolerai, je trouve ça super ». Et elle espère que ce bonheur perdure parce qu’elle ne lui souhaite pas de souffrir en amour, comme elle a pu en souffrir. « Et je veux que tu me balances ton bonheur Eddie ! Partages un peu, ne sois pas égoïste ! ». Elle lui lance un clin d’œil avant d’ajouter « Une fois que nos pizzas seront arrivées, je veux que tu m’en dises plus ». Et d’ailleurs, ils procèdent au choix de celles-ci et une histoire de chemise soi-disant payée par Gaby refait surface « Une chemise en satin rose, allez Gaby, je suis sûr que tu peux t’en rappeler » . Evidemment, elle n’a pas oublié. Elle retrouve un air sérieux et lui dit que ce cadeau qu’elle lui a fait a été fait avec plaisir, surtout que la chemise lui allait à ravir « T’es gentille mais ça me gêne, t’avais vraiment pas faire ça pour moi » « Tu vas devoir t’habituer à mon côté borné, toi aussi ». Un clin d’œil supplémentaire de lancer avant qu’elle le mette en garde sur toutes tentatives de lui rembourser ce cadeau qu’elle lui a fait « Oh alors là t’es tranquille, c’est pas demain la veille que j’en aurai les moyens. Je préfère ne même pas connaitre le prix car je sens que je pourrais tourner de l’œil ». La remarque, qu’il balance plutôt sur le ton de l’humour, ne manque pas d’interpeller Gabrielle. Elle se doute que le jeune homme ne touche pas le même salaire qu’elle en tant qu’avocate, mais elle a cette impression aussi qu’il lui fait comprendre bien plus derrière tout ça. Elle ne se permet cependant aucune remarque à ce sujet, mais peut-être finira-t-il par lui parler d’éventuels soucis financiers qu’il rencontre, un jour, si tel est réellement le cas. « Puisque j’ai ton autorisation alors… je veux bien goûter ton vin ». Elle s’exécute alors, lui servant un verre avant de retourner s’installer à ses côtés et le lui tendre « Je suis content d’être passé te voir Gaby, et tu sais quoi ? J’exige qu’on se fasse ça vraiment plus souvent ». Et à ça, Gabrielle trinque avec le danseur pour sceller ce pacte « Je l’exige aussi ». Un large sourire étire ses lèvres avant qu’elle ne porte son verre à celles-ci et qu’il se lance dans un autre sujet de conversation en attendant l’arrivée des pizzas.