C’est pas mon endroit préféré, cette zone industrielle, mais c’est ici que j’me fais aussi le plus de fric. Les touristes ont la flemme de sortir de Brisbane pour aller explorer les endroits les plus cools du coin, surtout quand ils sont de passage pour quelques jours. Pas l’temps, la flemme de louer une caisse, parce que moi, j’conduis pas. J’me débrouille toujours pour aller d’un point A à un point B, en faisant du stop, en sympathisant avec un chauffeur qui doit faire de la route, en fraudant le bus. Y a toujours un moyen et ma veine, c’est que jusqu’à présent, j’me suis jamais fait chopper. J’dis pas, c’est pas passé bien loin, j’ai déjà sué pas mal de fois, mais toujours, j’passe à travers les mailles du filets. J’ai ma bonne étoile.

Ici, c’est pas seulement une vieille zone industrielle désaffectée, c’est une vraie petite ville qui s’est construite en quelques années. Et à force de venir trainer, j’commence à connaitre pas mal de monde. Au début, ils aimaient pas m’voir là, ils aimaient surtout pas que j’vienne avec des touristes. Ils détestent quand les bobos se prennent l’envie de faire un événement culturel parce que, c’est fun, c’est tendance. Parce que quand ils viennent faire leur concert avec leur Food truck et leur stand de fringues végan, eux, ils ont l’impression d’être des bêtes de foires. Ils sont même pas associés aux projets, c’est limite si on leur demande pas d’être invisible le temps d’une ou deux journées et le lendemain, quand tout est fini, c’est repartie, comme s’il y avait jamais rien eu. Ah si, j’ai rien dis, comme s’il y avait jamais rien eu, mais y a toujours des sacs poubelles remplis qui dégueulent qui restent un peu partout, des écocups avec lesquelles on peut commencer à avoir une belle collection.

Aujourd’hui, j’ai mes pass droits. Peut être parce que ça m’a pas fait peur de revenir après m’être fait dépouillée de mes tunes sans les menacer après. Enfin, entre nous, si j’ai menacé personne, c’est surtout parce que j’voulais pas d’embrouille. J’demande qu’une chose : qu’on m’foute la paix. Et y a Pam qui a bien compris, qui a vite pris ma défense devant les autres. Pam, elle se prend surtout une com sur toutes les visites que j’fais ici. 10% c’est le deal, 10% c’est mon droit d’entrée.

Aujourd’hui, j’ai personne à faire payer. J’ai proposé à Seth de m’rejoindre, parce que ça fait plusieurs fois qu’il me bouscule un peu trop à propos des Urbex et qu’il me croit pas quand j’lui dis que j’connais le coin par cœur. J’aurai bien aimé lui faire voir d’autres squats, le vieux sanatorium de Brisbane, qui m’glace le sang à chaque fois que je m’en approche un peu trop, la vieille usine de textile ou le collège du Queensland… y a d’quoi faire dans l’coin. Mais peut être que ce sera une prochaine étape. S’il me demande à nouveau, j’crois savoir où on pourrait aller…
La nuit commence à tomber et j’lui ai donné rendez-vous devant l’une des entrées, en lui envoyant ma localisation sur whatsaap, c’est plus simple que de donner une adresse exacte qui de toute façon, est plus géolocalisable sur les appli de map. Le terrain est balisé et l’entrée principale est fermée quatre-vingt-neuf pourcent du temps, sauf quand, y a ces fameux événements.

@Seth Moriarty

je me remettrai pas du Jineth

Dès que Jina t'a envoyé la localisation de son truc débile, t'as dit que tu viendrais. Comme si t'avais pas hésité une seule seconde. En réalité, t'es plus passé proche de pas y aller que d'y aller. C'est que c'est loin. T'es bien là écrasé dans le confort de ton chez toi. Stella n'est même pas là pour t'emmerder en plus. Pour aller où ton amie se trouve, il faudrait que tu prennes le bus. Peut-être même que tu marches un peu. Rien qui te donne vraiment envie. Surtout qu'elle n'a rien promis d'intéressant lorsqu'arrivé à destination. Il doit s'être écoulé au moins trente minutes entre le moment où tu lui as dit j'arrive et le moment où t'es vraiment partie de chez toi sans trop savoir ce qui te motivait à y aller. Ça va. Depuis le temps que vous vous connaissez, elle sait bien que t'es loin d'être fiable et ponctuel. Déjà que tu te déplaces, c'est comme si elle avait gagné le gros lot. Lucky girl.

C'est chelou cet endroit. Bien trop pour la gamine innocente qu'est Jina. Comme quoi les apparences sont parfois trompeuses. Sous ce visage angélique se cacherait-il autre chose ? Peut-être bien. Tu dois avouer que t'es un peu curieux de la voir dans son élément - enfin, c'est ce qu'elle raconte, on verra si elle l'est vraiment. Tu comptais lui envoyer un message pour savoir où elle était lorsque tu l'aperçois un peu plus loin. C'est tel un ninja que tu avances dans son dos. « BOUH! » que tu hurles en lui attrapant les côtes. Tu rigoles comme un con, bien fier de toi de la faire sursauter. Tu jettes un coup d'oeil rapide autour de vous deux. Tu ne comprends vraiment pas ce qu'elle vient foutre ici. Y'a personne d'intéressant ici. Enfin, maintenant y'a toi, mais avant ça y'avait rien ni personne. « T'as besoin de te débarrasser d'un cadavre ? J'ai repéré deux-trois bons spots en chemin. » que tu te moques en venant fourrer ta main dans ta poche à la recherche de ton paquet de clopes. Tu en glisses une entre tes lèvres avant de tendre le paquet vers elle. Tu t'sens généreux en plus. C'est du jamais vu. Vraiment, elle a décroché le jackpot. « Ou c'est pour te pratiquer quand tu deviendras SDF ? » Y manque pas de SDF ici pour expliquer ce qui se passe quand tu ne payes pas tes comptes. De vous deux, y'a plus de chance que ce soit toi qu'elle qui se retrouve à la rue. Ce ne serait pas la première fois, ni la dernière malheureusement. Il n'est pas né de ce monde le propriétaire qui arrivera à te supporter comme locataire. Tu n'es jamais resté bien longtemps dans le même appartement. Heureusement pour toi, tu réussi toujours à trouver un endroit où squatter pour la nuit. Maisie et son sofa sont toujours là en dernier recours.

Plus le temps passe et plus j’ai l’impression qu’il viendra pas. J’aurai bien envie de croire que ça le fait flipper mais la vérité, c’est qu’il s’en fou surement et qu’il aura sans doute trouver mieux à faire. Bien sûr que Seth a mieux à faire que de me retrouver sur un terrain vague où il ne sait même pas ce qui l’attend. Il doit surement se dire qu’il s’ennuierait à mourir en étant juste avec moi. Il a surement raison, d’ailleurs. J’vois pas c’qui m’a pris de lui faire une telle proposition. Je jette un dernier coup d’œil à mon téléphone, pour voir le temps qui s’est écoulé depuis qu’il m’a dit qu’il arrivait. Bien trop longtemps. « Vas t’faire f… » « BOUH! » ses mains sur mes côtés, me fond davantage sursauter que son cri de débile ! « PUTAIN ! Qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi ? » je souffle en me retournant vers lui avant de le bousculer au niveau de la clavicule. Y a beaucoup trop de tarés qui trainent dans le coin pour être aussi sereine lorsque quelqu’un me prend par surprise dans le dos. On sait jamais, même si, j’connais pas mal de monde, y a toujours des nouveaux qui débarquent et qui tentent de faire leur place dans l’coin et eux, ils me connaissent pas toujours non plus.
« T'as besoin de te débarrasser d'un cadavre ? J'ai repéré deux-trois bons spots en chemin. » il devrait pas l’crier trop fort, ce serait même pas étonnant qu’un cadavre ou deux trainent dans l’coin après une over dose, ce serait pas la première fois. Mais sa condescendance est loin de m’atteindre, il m’agace déjà et en même temps, j’arrive même pas à aligner deux mots pour lui rentrer dedans. Je me contente de prendre une clope qu’il me tend et d’attendre le briquet qui va avec pour l’allumer. J’vais encore me cramer la gorge, comme à chaque fois que je sais pas refuser une cigarette parce que j’ai l’impression que ça donne un genre plus cool, plus détendu. J’aime pas fumer et pourtant, ce sera pas la première cigarette ce soir.
« Ou c'est pour te pratiquer quand tu deviendras SDF ? » « C’est pas si pire, crois moi. » nan, parce qu’ici au moins, y a une vraie communauté qui s’est créer, de l’entraide. Même si parfois, ok, c’est pas saint, ça dérape. Mais quand on est si éloigné d’la norme, peut être bien qu’avoir des comportements déviants devient inévitable. Foutu société. « On dirait que t’es pas si à l’aise que ça. » je lui lance maintenant que la cigarette est allumée, je fais diversion pour éviter de m’étouffer avec la première bouffée. « Si tu m’suis, on passe le muret là. » j’lui montre d’un signe de la tête, il est plus grand que lui, plus grand que moi, mais je sais où on peut passer pour avoir les meilleures prises et le passer facilement. « Une fois dedans, on grimpe sur le toit et tu verras une des meilleures vues sur le fleuve. » comme il n’en aura jamais vu une autre sous les étoiles de Brisbane. Mais la récompense, ça se mérite toujours.

«  PUTAIN ! Qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi ? » Elle hurle et ça te fait rire comme un gamin de quinze ans. Vraiment très mature. « Tu veux une liste en ordre alphabétique ? » Elle a combien de temps devant elle ? Franchement ça peut être long d'évoquer tout ce qui ne va pas chez toi. Vous devriez peut-être plus vous concentrer sur l'inverse, ce serait moins long. L'endroit est chelou et tu ne manques pas de le lui faire remarquer. Elle ne colle définitivement pas ici. Et tu vois encore moins l'intérêt qu'elle peut bien avoir. « C’est pas si pire, crois moi. » Tu laisses échapper qu'un onomatopée peu convaincu de ce qu'elle avance. « On dirait que t’es pas si à l’aise que ça. » Quoi ? Elle croit que t'as peur de te retrouver entouré de camés ? Ça va te prendre plus que ça. C'est elle qui devrait avoir peur. Qui sait s'il n'y a pas un taré ici qui va l'amener avec lui dans une petite ruelle sombre où personne ne va l'entendre crier à l'aide. « C'est toi qui est pas à l'aise, gamine. » Et c'est pour ça qu'elle t'a appelé. Pour avoir un sauveur, évidemment. Elle risque d'être déçue. Elle n'a pas frappé à la bonne porte.

« Si tu m’suis, on passe le muret là. » Ton regard suit le muret qu'elle te montre du doigt. Okay, et ensuite ? « Une fois dedans, on grimpe sur le toit et tu verras une des meilleures vues sur le fleuve. » Tout ce chemin pour une belle vue ? Elle aurait mieux fait de juste t'envoyer une nude, ça c'est une belle vue pour pas trop d'effort, plus ton genre. Mais bon, t'en qu'à t'avoir fait chier jusqu'ici, aussi bien aller au bout de son truc. « Très romantique. » Quoi, les belles vues, tout ça, d'habitude c'est les mecs qui font ça pour attendrir la fille, pour pouvoir l'attirer dans leur drap, soyons honnête. Pas l'inverse. Ça ne donne pas tout à fait le même effet, disons. « Il s'passe quoi rendue en haut, hm ? » Est-ce que l'effort en vaut le coup ? « On va s'embrasser ? » que tu la nargues en haussant les sourcils. Bien sûr que non. Ça ne va pas arriver. Ce serait arrivé bien avant si c'était pour arriver. T'as peut-être juste envie de la rendre mal à l'aise. Elle n'est jamais trop à l'aise quand t'es là. Tu comprends pas trop pourquoi elle continue de traîner avec toi. « Allez, viens. » que tu ajoutes en lui faisant signe de te suivre d'un coup de tête, direction le muret. « Les dames d'abord. » Un vrai chevalier gallant alors que tu places tes mains ensemble pour lui faire la courte échelle et la hisser vers le haut.

Angus avait raison, Seth représente absolument tout ce qui est censé me faire peur : l’arrogance, la prétention, cette façon d’être beaucoup trop sûre de lui, tout en vous faisant sentir comme quelqu’un de tellement inferieur. Et moi, j’étais toujours là, à lui courir après, à vouloir son approbation et avoir l’impression d’être quelqu’un qui l’intéresse, quelqu’un qui pourrait avoir un minimum de crédit à ses yeux. Pour autant, je suis certaine que si je disparaissais demain, il ne le remarquerait pas. J’avais conscience de ça et là, je lui avais quand même proposé de me retrouver pour voir ce qu’il avait dans l’ventre et lui, se fou encore plus de moi. « C'est toi qui est pas à l'aise, gamine. » est-ce que c’est une manière pour lui de faire croire aux autres qu’ils sont pas bien alors que c’est lui qui a un vrai problème ? J’en ai aucune idée. « J’suis chez moi ici. » qu’il croit pas le contraire, à ce niveau là, j’ai rien à me prouver. Par contre, j’ai peut être beaucoup trop à lui prouver à lui, mais c’est quoi le sens de tout ça ?
« Très romantique. » il se fout encore de ma gueule. « Il s'passe quoi rendue en haut, hm ?  On va s'embrasser ? » « Ou alors j’en profite pour te pousser une bonne fois pour toute pour qu’on soit débarrassés. » tous. Que Seth Moriarty ne devienne plus un problème pour personne. Est-ce que Angus me reparlerait pour avoir fait ça ? Est-ce qu’il viendrait me voir en prison pour me soutenir et pour me dire que c’était la meilleure chose que j’avais jamais fais de toute ma vie ? Si seulement. J’avais pourtant qu’une seule chose à faire pour retrouver Angus : m’éloigner de Seth, aller lui présenter mes excuses et lui dire qu’il avait raison depuis le début et que moi, j’étais qu’une merde. Le problème ? J’en ai pas envie. J’ai pas envie de pousser Seth du toit, j’ai pas envie de me barrer d’ici et d’arrêter de le fréquenter. J’suis maso, on dirait bien.
« Allez, viens. »  J’le regarde s’approcher du muret, sans crainte, comme s’il avait aucune idée de ce qui l’attendait réellement. Parce qu’il s’agit pas seulement de monter trois étages par les escaliers en se tenant à la rampe. Ici, on savait jamais trop sur qui on pouvait tomber, déjà. Et puis, merde, se promener dans un endroit abandonné, marcher sur des poutres en équilibres avec le vide sous ses pieds, prendre le risque de traverser un parquet et de se retrouver un étage plus bas, c’est l’adrénaline que procure l’endroit qui rend la vue bien plus appréciable. Il ne connait rien. « Les dames d'abord. » ses faux airs de gentleman, je l’ai vu à l’œuvre bien trop de fois avec les clientes du bar où on travaillait, je sais qu’il a rien d’un preux chevalier. J’y met tout mon poids, sur ses mains quand il me fait la courte échelle, j’ai pas besoin de son aide, mais j’dis rien et je fais quand même, je grimpe sur le mur et passe de l’autre côté en attendant qu’il se démerde comme il peut tout seul pour me rejoindre. J’commence à avancer vers le bâtiment avant même qu’il n’ait posé les pieds à terre mais je m’assure en jetant un œil rapide derrière moi, qu’il a bien suivi et qu’il me plante pas derrière ce mur pour repartir. Il en serait capable. Mais il est bien là, à se frotter les mains contre son jean, une fois de mon côté. « Traine pas. » que je lance, l’encourageant à me rejoindre en trottant.
Je regarde dans le bâtiment, y a des restes de canettes qui trainent, de la cendre qui fume encore, c’est chaud, quelqu’un est passé ici y a pas si longtemps, ça s’pourrait bien qu’ils soient encore dans l’coin. « Y a personne. » j’en sais rien, en vrai. J’entre en passant par la fenêtre cassée. «  fais gaffe où tu met les pieds. » c’est un ordre, j’ai pas envie d’appeler les pompiers en pleine nuit parce qu’un type voit pas clair et tombe dans un trou plus grand que lui.
Je monte les première marches pour le moment, y a pas trop de risque, même si l’escalier donne directement sur le vide, on est qu’au premier niveau, ce sera plus dangereux sur les prochains. Surtout que l’obscurité joue sur absolument tous nos sens. Décuple l’ouïe, perturbe le toucher, brouille notre vision, grille notre odorat. Et là, une première porte claque. Un bruit sourd qui vient du rez-de-chaussée. Mon regard se pose sur Seth et même s’il ne peut pas me voir correctement, je suis persuadée qu’il ressent la tension qui veut lui dire de ne plus bouger et ne pas faire de bruit.

« J’suis chez moi ici. » « Mh, mh. » que tu marmonnes simplement d'un ton peu convaincant. Tu sais pas trop ce qu'elle cherche à prouver. Ce que tu sais en revanche, c'est que ça ne t'intéresse pas vraiment. Encore moins son plan d'aller grimper sur le toit. Elle a de la chance que tu t'emmerdes et que tu penses surtout à la vue que t'auras quand elle grimpera la première. Tes seules motivations pour ne pas la planter là toute seule comme une conne. « Ou alors j’en profite pour te pousser une bonne fois pour toute pour qu’on soit débarrassés. » Bien joué. Elle réussit enfin à te faire sourire. Elle te motive presque à aller voir si elle va vraiment avoir le courage de mettre ses menaces à exécution. Tu sais déjà que non, mais tout d'un coup… tu dis jamais non à être surpris. « Nahhh, ta vie serait bien trop ennuyeuse sans moi. » Comme si y'avais personne qui pouvait vraiment se passer de toi, alors que la vérité c'est que tout le monde s'en porterait mieux. En même temps, si elle est encore là après tout ce temps Jina, c'est qu'il y a forcément du vrai là dedans. Tu ne l'as jamais forcé à rester avec toi. Et puis, à part elle, tu ne connais personne d'autre qui est resté dans ton cercle aussi longtemps.

Vous vous diriger finalement vers le muret que Jina avait indiqué tout à l'heure. Tu l'aides dans un premier temps à passer de l'autre côté, et tu fais de même quelques secondes plus tard en te donnant l'élan nécessaire pour traverser. Au nombre de fois où t'es rentré chez toi par la fenêtre de ta chambre, on peut dire que les bonnes vieilles habitudes ne se perdent pas. « Traine pas. » Tu traînes pas non plus. Quelle le demande te donne juste envie de prendre tout ton temps juste pour avoir le dernier mot. Pourquoi elle est si pressée de toute manière ? Elle a peur que tu changes d'avis ? Ouais ce ne serait pas impossible. Tu marches toujours derrière elle. Ça paraît que ce n'est pas la première fois qu'elle vient ici. Elle semble connaître le chemin par coeur. « Y a personne. » Tu m'étonnes. Qui est-ce qui pourrait avoir envie de traîner ? Ça sent les mauvais choix ici. Y'a clairement quelqu'un qui a gerber dans un coin. «  fais gaffe où tu met les pieds. » Et qu'elle dise ça ne fait que confirmer ce que tu penses. Elle aussi, elle l'a sentie. On ne voit rien ici en plus. Tu regardes plus à terre que devant toi pour être certain de ne pas te retrouver avec du vomi plein les souliers. C'est plutôt un bruit de verre qui craque sous ton poids. Ah sympa. On dirait une seringue. Tu as des doutes sur la stérilité de l'objet. « C'est quoi ton plan ? L'perdant chope le VIH ? » C'est pas particulièrement tentant. Elle devrait trouver des meilleurs choix d'activités la gamine.

Après avoir escaladé le premier palier, il y a soudainement du bruit qui se fait entendre à l'étage inférieur. Jina s'immobilise et tu ne sais pas trop pourquoi tu fais pareil. Vous tendez tous les deux l'oreille pour écouter. Ah bah tiens, là, ça devient intéressant. Tu sais pas trop ce qui la pousse à être si silencieuse, mais le challenge de ne pas devoir se faire prendre, ça fait monter l'adrénaline en flèche. Tu lui fais signe de la tête de continuer à monter silencieusement. Après tout, vous êtes à mi-chemin entre l'inconnu et le sommet.

:

 Il me confortait toujours un peu plus avec cette belle idée de le pousser une fois arrivés en haut, mais le problème c’est qu’aujourd’hui, n’importe qui pourrait nous tracer et savoir qu’on était ensemble ce soir. Bien sûre que Seth n’avait dit à personne qu’il serait là avec moi, mais son téléphone était sans doute géolocalisé, tout comme le mien. Après, un accident est si vite arrivé. Si j’étais dépourvu de toute âme et de culpabilité, j’imagine que je n’aurai pas hésité une seule seconde. Il faisait tout pour pousser tout le monde à bout, Seth. Comment c’était possible d’être comme ça ? J’me demande vraiment c’est quoi son problème pour avoir tant besoin de se valoriser en étant si arrogant. On dit toujours que ceux qui rabaissent les autres sont ceux qui ont le plus besoin d’attention. Il a qu’à m’dire, j’irai pas l’répéter. C’est quoi sa vie, d’ailleurs ? J’crois juste savoir qu’il a une sœur, elle était déjà passé quelques fois au bar où travaillait ensemble et il était jamais très cool avec elle. Mais si non, j’ai aucune foutue idée de ce qu’il peut faire de son quotidien, d’où il vient, où il va. Finalement, ça fait des années qu’on traine ensemble, et je sais toujours rien de lui. Quelle tristesse.
En tout cas, j’ai l’impression qu’il est pas à l’aise dans le coin, je sais pas si j’me fais un film, si c’est c’que j’ai envie de voir : le voir flipper, perdre ses moyens. « C'est quoi ton plan ? L'perdant chope le VIH ? » le pire, c’est qu’il fait toujours le malin. Manquerait plus que ça, qu’il tombe sur une seringue – c’est pas ce qui manque, j’avoue – et qu’il finisse par se piquer pour de bon. J’aurai envie de dire Karma, mais j’avoue, ça craint et je serai la première à flipper à mon tour et à plus faire la maline non plus. J’ai pas envie de l’emmener aux urgences.
L’escalade se poursuit, le premier niveau est passé, il en reste quatre et j’ai bien envie d’aller faire une pause au troisième, avant d’aller sur le toit. Y a une salle totalement recouverte de graffiti et j’adore m’y arrêter, c’est pas des tag dégueulasses qui n’ont aucune significations, ils ont été dessinés par de vrais artistes qui sont pas assez reconnus dans leur domaine. Mais ça aussi, j’suis sûre que Seth en aura rien à faire.
Stoppée dans ma montée, je m’immobilise quand un bruit de porte grince au rez de chaussée, s’en suit des bruits de pas et de verres brisés. Ca peut être personne de bien méchant tout comme ça peut être quelqu’un qui a pas envie d’être surpris dans le coin. Les toxicos qui viennent ici supportent mal d’être pris la main dans l’sac, souvent, ils sont énervés et ils peuvent être très – très - agressifs et j’ai pas envie de voir Seth faire le malin face à un mec incontrôlable. Il me fait signe de continuer à monter, ce que je fais en silence, n’ayant pas du tout envie de redescendre de toutes façons, et il y a peu de chance que quelqu’un monte jusqu’au toit ensuite mais mon élan est à nouveau coupé quand j’entends une canette dévaler les escaliers. Je regarde derrière moi quand je remarque justement que la canette que je venais d’éviter n’était plus là. « Putain ! » que je chuchote tout en étant énervée contre Seth. « Y a qui ici ? » qu’on entend venir d’en bas, une voix grave et autoritaire, une voix qui a envie qu’on lui réponde et une voix qui, si on ne lui répond pas risque de fortement s’agacer. Mais on va pas lui répondre. « Dépêche toi ! » je cours, dans les escaliers, je les grimpes deux à deux, trois par trois. J’arrive en haut, la porte est fermée.

oops :

Il y a du bruit en bas qui annonce l'arrivée d'un inconnu. A croire que vous n'êtes pas les seuls à avoir eu cette idée. À voir la tête que Jina fait, mieux vaut rester tranquille et ne pas attirer l'attention, ta spécialité quoi - non. Tu l'encourages silencieusement à continuer d'avancer. Vous ne resterez pas planter là pendant des heures à attendre que l'intrus se tire. Non, le mieux, c'est d'avancer tranquillement jusqu'à vous trouvez sur le toit, là où plus personne ne va se soucier de vous deux. Jina continue de monter. Elle est minutieuse dans chacun de ses pas et en plus, elle connaît bien le coin. Aucune chance qu'elle vous fasse griller. Toi, par contre, t'es juste trop confiant en toi-même pour faire réellement si attention. C'est beau l'estime de soi. Tu fais un nouveau pas et, soudainement, y'a le bruit d'une canette qui tombe dans les escaliers qui se fait attendre. Et merde. Ça sonne drôlement écho ici. Et puis, c'est pas ta faute, il fait noir, on y voit rien. Comment pouvais-tu savoir qu'il y avait une canette là ? « Putain ! » C'est sûrement ça qui vous a grillé en fait. La voix de Jina. Elle a beau l'avoir dit dans un murmure qui t'était destiné personnellement, c'était trop fort. Elle aurait dû fermer sa gueule. Ouais c'est sa faute. Pas la tienne.

« Y a qui ici ? » Peut-être que si vous ne bougez pas d'un poil, il va laisser tomber l'affaire. Ça ne doit pas être la première fois qu'un rat fait tomber une canette dans les escaliers. Ça empeste la vermine ici. Ouais, facile. « Dépêche toi ! » Ah non Jina veut pas jouer les morts et se dépêche de monter les escaliers à grande vitesse jusqu'en haut. Tu montes derrière elle. Pas trop le choix. Tu ne vas pas rester planté là comme un con à courir la chance de te faire choper alors qu'elle, elle sera bientôt libre. Arrivé devant la porte, elle semble éprouver quelques difficultés à l'ouvrir. La porte est coincée. « Pousse-toi. » que tu grognes en la poussant finalement toi-même vers la droite pour qu'elle te laisse la poignée entre tes mains. Le premier essaie te confirme que la porte est vraiment coincée - à croire que tu doutais des capacités de Jina à ouvrir une porte. Mais après un bon coup d'épaule, la porte cède. Pour la discrétion, on repassera. Tu sors sur le toit le premier, suivis rapidement de Jina et tu refermes la porte derrière elle. Tu te demandes si le type en bas va vraiment se faire chier à monter jusqu'ici. Toi, tu l'aurais pas fait, mais c'est pas tout le monde qui est aussi lâche que toi. Mieux vaut ne pas prendre de chance. Au moins, à l'extérieur avec la lumière de la lune, tu y vois déjà pas mal plus clair. Tu sais pas ce que ça fout là, mais y'a une vieille chaise qui traîne. Tu bloques la porte avec. Pas certain que ça tiendra le coup, mais ça devrait être suffisant pour vous alerter et vous laisser le temps d'improviser une nouvelle porte de sortie. « Alors, on aime jouer avec le danger ? » Hm, c'est pas pour te déplaire. Quand ça finit pas en cassage de gueule, ça ne te déplaît jamais. « C'est quoi ton plan pour redescendre ? » Parce que par où vous êtes arrivé, c'est définitivement plus une option. Tu préfères connaître la prochaine issue tout de suite au cas où vous devriez partir rapidement.

J’arrive pas à ouvrir la porte, je sais pas si c’est parce qu’elle est bloquée ou si c’est cette situation de stress qui me fait faire n’importe quoi. « Pousse-toi. » pas besoin qu’il me le dise puisque se permet lui-même de me décaler sur le côté, sans doute impatient que cette putain de porte ne cède enfin. Mais j’suis à la fois rassurée et super angoissée de voir que lui-même n’arrive pas à l’ouvrir aussi facilement. C’est pas moi le problème, mais notre problème arrive sans doute quelques étages plus bas. On sait jamais sur qui on tombe ici et Seth a l’air de faire bien moins le malin que tout à l’heure. C’est d’un coup d’épaule que la porte bascule enfin pour laisser l’air entrer et nous, on peut se dérober pour arriver sur le toit. Mais pour aller où ensuite ? Quel bordel. Je laisse Seth s’occuper de bloquer la porte derrière nous, en prenant une chaise qui était là. Mon cœur bat la chamade, si j’ai l’habitude de le sentir s’emballer, c’est plutôt pour mes coups de cœur et mes coups de foudre à répétition que par la menace d’un mec qui pourrait nous tomber dessus. J’inspire et souffle doucement, méthode pour reprendre ma respiration tranquillement et éviter de tomber dans la crise d’angoisse. Y a bien longtemps que ça m’était pas arriver et c’est pas le moment de perdre pied devant Seth. Je sens qu’il va me tuer. Peut être que c’est lui qui va me pousser par-dessus le toit maintenant qu’on est dans cette merde. « Alors, on aime jouer avec le danger ? » il est peut être pas si loin de la vérité. C’est toujours parce que j’ai ce foutu besoin d’adrénaline que j’viens me perdre dans des endroits pareil. Sauf qu’ici, j’avais pourtant l’impression d’être chez moi. Le souci, c’est qu’on est dans le chez soi de beaucoup trop de monde, beaucoup trop de monde que je connais pas non plus. Tous me donnent pas validation pour l’accès. Là, j’ai aucune idée de à qui on a affaire. « C'est quoi ton plan pour redescendre ? » je m’approche du bord du toit pour jeter un œil en bas. C’est haut. Je regarde à nouveau la porte derrière nous, ca bouge pas et y a pas de bruit. « Pas par-là, en tout cas. » il l’aurait sans doute deviné. « Fou toi à poil, qu’on fasse une corde avec tes fringues. » que je lance, peut-être un peu trop sûre de ma vanne. « Y a une échelle de secours, mais c’est de l’autre côté et faut juste passer une passerelle entre les deux bâtiments pour y arriver. » une passerelle qui a été improvisée par les gens d’ici. Une passerelle sur laquelle je m’étais promis de plus jamais mettre un pied quand j’ai bien failli passer à travers une fois. « t’as vu Squid Game ? ca ressemble un peu à l’épreuve du pont en verre. » je blague à peine. « Bouge de la. » que je lui dis, alors que mon souffle est a peu prêt redevenu normal. « On passe de l’autre côté et après, on aura mérité notre récompense. » pas que la vue sur le fleuve. J’en dis pas plus.
Y a une minute pour arriver de l'autre côté du toit jusqu'à la fameuse passerelle. «C'est précaire. Et j'vais pas te répéter trois fois de faire attention où tu mets les pieds, pour de vrai.» cette fois, c'est pas une canette qu'il risque de faire tomber, mais c'est bien lui.

« Pas par-là, en tout cas. » Non sans blague ? Elle a intérêt à avoir un plan de secours, parce qu'il se pourrait que tu perdes légèrement patience. Elle t'y traînera pas à deux fois dans ses plans de merde. Les seuls plans de merde dans lequel tu baignes ce sont le tiens, certainement pas ceux des autres. « Fou toi à poil, qu’on fasse une corde avec tes fringues. » Si seulement elle était sérieuse… ça prendrait aussi les siennes pour se rendre jusqu'au sol. Et encore là… « Pas besoin de t'donner tant de mal pour me voir à poil. » Un mot, maximum deux. Ça t'en prend pas plus. Pas besoin d'avoir un mec qui veut vous buter au cul. Mais non, c'est pas son genre à Jina. Tant pis pour elle, elle sait pas ce qu'elle manque. « Y a une échelle de secours, mais c’est de l’autre côté et faut juste passer une passerelle entre les deux bâtiments pour y arriver. »  Tu jettes un coup d'oeil vers l'endroit où elle parle. Ouais, c'est bon. Tu vois où c'est. Un vrai jeu d'enfant finalement. En dix minutes, vous pourrez vous tirer de cette endroit de taré.  « t’as vu Squid Game ? ca ressemble un peu à l’épreuve du pont en verre. » Vu Squid Game, c'est un grand mot. Tu sais ce que c'est et tu sais de quoi elle parle. « Tu veux vraiment ma mort alors ? » C'est comme ça que ça finit non cette émission débile ? À la fin, il n'en reste qu'un seul.

« Bouge de la. » Madame donne des ordres en plus. Tu roules les yeux, mais tu la suis quand même jusqu'à ce fameux pont de verre home made qui a l'air de tout sauf d'être sécuritaire. Si elle passe devant, t'as aucun problème à passer après. À moins qu'elle soit suicidaire ? T'aurais pas passé après l'autre Gina que tu connais. Cette connasse t'aurais amenée dans son suicide collectif. « On passe de l’autre côté et après, on aura mérité notre récompense. » Ah, tiens donc, elle pique ta curiosité soudainement. « Une récompense hm ? » Ça devient intéressant. Elle a pas intérêt à ce que ce soit la fameuse vu la récompense. Tu te serais vraiment fait chier pour rien. «C'est précaire. Et j'vais pas te répéter trois fois de faire attention où tu mets les pieds, pour de vrai.» « Relaxe, elle est tombée toute seule. » La canette bien sûr. Comme si tu allais assumer tes tords. C'est mal te connaître. Jina passe la première sur le pont de verre. Elle prend son temps - elle va pas assez vite à ton goût, en témoigne tes soupirs d'impatience alors que t'avances derrière elle. Deux minutes (qui semblent en avoir pris trente) plus tard, Jina se retrouve sur le deuxième bâtiment et tu ne tarde pas à la rejoindre. « C'est du fric la récompense ? » C'est ça qu'il gagne dans Squid Game non ? T'es le parfait candidat pour ce jeu en plus; un vrai connard fauché. Tu dis pas non à te faire une petite fortune.

Elle est nulle à chier sa vue sur le fleuve.

J’ai pas envie d’le voir à poil, je me doute bien que c’est l’genre à avoir juste besoin d’un mot, d’un signe pour retirer ses vêtements. Il a pas l’air bien difficile Seth, genre à sauter sur tout c’qui bouge. Qu’est-ce qui peut bien se passer pour avoir si peu de dignité et d’amour propre ? Sous ses airs d’égo mal placé et d’homme assuré, j’suis sûre qu’il y a rien qui va chez lui. A trop avoir confiance en soit, c’est qu’on a surement pas confiance en soit. Je sais d’quoi j’parle.
J’le guide vers le passerelle. Squid game a fait tellement le buzz, même ceux qui l’ont pas vu sont obligés de savoir de quoi je parle. Vu la tête qu’il fait quand il voit le pont, il comprend surement bien vite la référence. « Tu veux vraiment ma mort alors ? » J’hausse les épaules et c’est un sourire amusé qui s’affiche sur mes lèvres. Ca s’pourrait bien ouais. J’ferai sans doute le bonheur d’un tas de personne. Non. Je ferai pas la fiere si même il se blessait le petit doigt à cause de moi. J’lui veut pas de mal. Du moins, pas si c’est à cause de moi.
« Une récompense hm ? » Faut bien le motiver un peu. J’ai quelques chose qui pourrait lui faire plaisir et non, j’vais pas me foutre à poil. « Relaxe, elle est tombée toute seule.» Je passe devant, parce que j’ai déjà traversé la passerelle une ou deux fois et que je sais où il faut marcher a peu prêt pour aller de l’autre côté sans passer à travers. Il a plus qu’à m’suivre, sans me coller pour autant. Si on est trop lourd dessus, ça craint. Si ça s’trouve, il nous arrivera rien non plus, mais par précaution. J’ai pas envie de finir écrasée par terre. « C'est du fric la récompense ? » j’arrive de l’autre côté en ayant pris mon temps et il est toujours pas en sécurité quand je finis par sortir un pochon de mon sac. Le secouant sous ses yeux. Deux pilules dedans, une verte, une jaune. Une pour lui, une pour moi. « Dépêche-toi. » il a plus que deux pas à faire pour être de mon côté. J’lui tends une main pour qu’il prenne appuie, il va sans doute pas vouloir la prendre pour faire le malin. « ca prend effet entre trente à quarante minutes. » je verse les deux cachets dans ma main. « Jaune ou vert ? » les deux sont les mêmes. Le même effet. Ça plane pareil. J'ai une enceinte dans mon sac, la musique, la nuit, la pilule, le fleuve. Et Seth.

« Dépêche-toi. » Tu roules les yeux. C'qu'elle est chiante. C'est elle qui a pris dix ans avant de traverser. C'est pas toi qui est lent. Tu parcours plus rapidement les derniers centimètres qui te séparent du second toit. Jina est ridicule quand elle te tend la main. Tu atterris juste a coté d'elle sans aide comme un grand. Bon. Pas de fric comme récompense. T'aurais préféré ça aux deux petites pilules qu'elle tient dans ses mains. « ca prend effet entre trente à quarante minutes. » Hm, hm, merci de l'info. Ton regard se perd quelques secondes sur les cachets dans la paume de sa main avant de les relever vers ses yeux. Tu fais pas trop dans les drogues dit le gars qui se roule vingt joints par jour. Ça t'fais pas. « Jaune ou vert ? » qu'elle demande. Tu étires ton bras pour venir attraper la verte que tu glisses sur ta langue. Oh ouais, tu l'as pris juste pour pas qu'elle te traite de tapette. Et puis, bon, ça va, c'est pas comme si tu venais de sniffer un rail de coke. C'est plutôt ça qui t'fais pas. Ça te rend agressif ce truc chimique. C'est pas comme si ça t'prenait grand chose pour le devenir.

Le calme plat semble être revenu. Le type de toute à l'heure ne s'est visiblement pas fait chier à essayer de vous rattraper puisque personne n'est jamais ressortie sur l'autre toit. Il était sûrement trop défoncé pour monter les escaliers. Vous avez frôlé l'arrêt cardiaque pour rien. Deux trouillards finalement. Ça valait quand même la peine pour le boost d'adrénaline qui vous a tiraillé les tripes. Tu t'allonges directement sur le toit. Tu fais une boule avec ta veste en guise d'oreiller. C'est pas super confo, mais c'est quand même pas l'endroit le moins confo où t'as passé une nuit. Tu laisse Jina allumer son enceinte pour laisser sa musique chill de hippies se faire entendre dans le calme de la nuit. Parfait comme ambiance pour les deux âmes qui planeront dans les prochaines minutes. Tu allonges ton bras en lui faisant signe de te rejoindre. « Hm, c'est pas si mal finalement ton truc. » Son truc, rester vague, surtout pas lui dire que c'est bien. Elle comprendra sans doute depuis le temps. « J'parie que t'es du genre à connaître toutes ses conneries. » que tu lui dis alors que vos deux regards sont portés vers les étoiles dans le ciel.

Le reste de la soirée consiste en Jina qui t'explique au moins quarante fois où est la petite et la grande ourse. Plus le temps avance, plus la pilule fait son effet, plus tu retiens absolument rien de ce qu'elle te raconte. Vient les fous rires, le sentiment de zénitude accentué par milles, jusqu'à ce que vous finissiez par vous endormir à la belle étoile.