Irish ne savait pas s’il devait prendre au sérieux ou pas cette dernière nouvelle, mais une chose est sure : il ne voulait plus jamais revoir cette folle, ni entendre parler de ça. C’était bien trop facile de se pointer chez lui, des années plus tard, pour annoncer qu’il avait un môme sorti d’un chapeau. Ouais, les souvenirs lui étaient revenus en pleine tronche, ouais, il pouvait accepter avoir couché avec elle, peut être à plusieurs reprises, même, il pouvait même se rappeler certains souvenir. Mais non, personne ne viendrait lui mettre un gosse dans les pattes, qu’il ai trois semaines, cinq ans ou seize. Impossible. L’australo-chilien avait toujours pris soin de prendre toutes ses précautions pour qu’un tel scénario n’arrive jamais. Enfin, c’était sa version officielle, celle qui lui permettait de nier en bloc ces accusations. Sauf que si lui ne s’en souvenait pas, la réalité pouvait être tout autre. Dinis ne faisait pas toujours attention, parfois, il dérogeait à la règle, parfois, il oubliait, parfois, sous l’emprise de certaines substances, il n’avait plus le total self contrôle, parfois, il dérapait. Mais mine de rien, la possibilité que tout soit vrai ne cessait de lui revenir en tête, ne cessait de lui dire qu’il avait peut-être merdé quand même à un moment donné.
Sans savoir expliquer pourquoi, Dinis se retrouvait à Spring Hill, 667 water street, c’est là qu’habite Elise, c’est là qu’habite sa « femme ». Celle qui peut être, allait pouvoir l’aider à y voir plus claire dans toute cette merde. Pourquoi Elise ? Pourquoi pas Camille ? Pourquoi pas Amalia ? Parce que la Irish allait sans doute être bien moins douce avec lui, parce que la Irish allait être franche et qu’elle ne tenterait sans doute pas de le raisonner. Qu’elle n’allait pas le rassurer, qu’elle n’allait pas l’obliger à se mettre dans le rôle du père parfait qui allait tout assumer. Mais aller voir la Irish, c’était prendre le pari de se mettre dans la merde encore un peu plus, aller voir Elise, c’était aussi se tirer une balle dans l’pied. Pour le meilleur et pour le pire, c’est ça non ?

« Je sais que t’as déjà regardé dix fois dans ton judas pour t’assurer que j’sois parti, mais tant que t’ouvrira pas, j’resterai là. » J’étais même pas sûre qu’elle soit chez elle, Elise. Peut-être que j’aurai eu plus facile à la trouver au comptoir d’un bar, en train de boire pour oublier. Elle en avait des choses à oublier la brune. « J’ai l’contrat, pour le divorce. » ah, si ça c’était pas un argument béton pour enfin la faire ouvrir.

@Elise Irish

« Je sais que t’as déjà regardé dix fois dans ton judas pour t’assurer que j’sois parti, mais tant que t’ouvrira pas, j’resterai là. » Tes yeux se lèvent automatiquement au ciel. Juste d'entendre sa voix, ça te donne déjà la migraine. Ouais, bah, j'espère que t'es patient. Parce que tu n'as pas plus l'intention de lui ouvrir la porte. Qu'il reste planté là comme un con aussi longtemps qu'il veut ça t'est complètement égal. Après combien de temps est-ce que tu peux faire une plainte d'harcèlement ? Dix minutes, c'est suffisant ? Sûrement. Dans dix minutes, t'appelles les flics. Peut-être qu'après ça, il trouvera que sa petite plaisanterie a assez duré. Pourquoi est-ce que t'as l'impression que rien n'arrivera à le raisonner ?

« J’ai l’contrat, pour le divorce. » Tu étais en train de rebrousser chemin dans la maison, de le laisser poireauter jusqu'à ce qu'il en ait marre d'attendre, quand ses paroles arrêtent soudainement tes pas. Tu hésites. Est-ce qu'il est vraiment assez con pour venir avec les papiers jusqu'ici au lieu de faire passer le message par son avocat ? Il ne sait pas qu'en 2021 tout le monde peut divorcer sans devoir supporter de voir la tête de l'autre ? C'est vrai qu'il est novice en matière de divorce, mais il est pas si con. Il ment. Bien sûr qu'il ment, il veut juste avoir ce qu'il veut. Il veut gagner. Il veut que tu ouvres cette porte. Mais est-ce que t'es vraiment prête à courir le risque d'allonger encore plus ce processus de divorce qui dure déjà depuis trop longtemps juste parce que t'es convaincu que c'est un mensonge ? Non, pas vraiment. Ah vilaine curiosité quand tu nous tiens. Tu te retournes de nouveau sur tes pas, exaspérée, avant d'ouvrir la porte brusquement et de tomber sur Oz les mains vides - quelle surprise ! toujours se fier sur sa première impression. « Tu mens. » Difficile de cacher un document d'une telle ampleur dans la poche arrière de son pantalon. Il fait dans la magie aussi ? S'il pouvait se faire disparaître, tu jures que tu vas l'applaudir de bon cœur. « Qu'est-ce que tu veux ? J'suis pas d'humeur pour tes conneries. » Pour faire changement. Donc, s'il pouvait juste aller directement au but, ce serait grandement apprécié. Tu laisses la porte d'entrée entrouverte, lui laissant clairement comprendre qu'il n'était pas le bienvenu à y entrer. Tu ne vas quand même pas le laisser entrer ici avec toute ta tête. Des plans pour que tu n'arrives plus à t'en débarrasser. Il peut bien dire ce qu'il a à dire d'où il est là. C'est sûrement rien d'important de toute façon. Y'a jamais rien d'important qui sort de sa bouche. Il est juste venu pour te piquer encore plus et ça marchera sans l'ombre d'un doute - faut bien lui attribuer le mérite de son talent pour emmerder les autres, dix sur dix. Qu'est-ce qu'il pourrait bien venir faire d'autre ici hm ? Franchement, tu ne vois pas.

 Mes méthodes sont pas les plus honnêtes, mais entre nous, elles l’ont jamais été, pour rien, jamais. J’suis un mec sans scrupule et ça marche aussi avec Elise, enfin, ça a toujours été dans ce sens entre nous. Elle l’est avec moi, j’le suis avec elle. J’ai l’impression de parler d’un vieux couple, ca m’en donnerait la gerbe. Mais j’lui donne au max, deux minutes avant d’ouvrir cette porte maintenant que j’ai prononcé le mot magique. Divorce. Y a que ça pour attirer son attention. Avec d’autres, ce serait le mot Argent, vous m’suivez ?
Alors, si elle est derrière cette porte, elle va juste se faire un plaisir de me faire attendre encore un peu, avec un peu de chance, elle doit se dire que j’vais perdre patience, sauf qu’elle me connait quand même, après tout ce temps à me côtoyer, pour les pires choses. Elle sait que je lâche jamais l’affaire et au pire, si c’est pas aujourd’hui, j’reviendrai sans doute demain, ou après demain. Ou pas, peut être que si elle ouvre pas cette porte, j’reviendrai pas vers elle, parce que j’ai aucune foutu idée de c’que j’fou réellement. A quel point j’en suis là ?
La poignée de la porte commence à bouger et la porte s’ouvre comme par magie avec une Elise qui apparait subitement, le regard qu’elle porte sur son visage veut dire une seule chose : j’vais te buter. Elle a pas envie d’me voir, et forcément, si elle a ouvert cette porte, c’est juste pour s’assurer que j’venais vraiment pour accélérer la procédure, parce qu’elle a pas de temps à perdre. Est-ce qu’elle a un nouveau mec blindé au as à épouser rapidement pour pouvoir profiter de sa tune ? Ah ouais, ca fait tâche d’être marié dans ces cas là. La polygamie c’est pas autorisé chez nous et à en voir l’état arriéré du Queensland, c’est pas demain la veille que les mentalités vont bouger. Polyamour, quand on veut, polygamie, jamais d’la vie. L’hypocrisie occidentale dans toute sa splendeur.  « Tu mens. » je grimace, à découvert, bien sûre que j’mens. « Qu'est-ce que tu veux ? J'suis pas d'humeur pour tes conneries. » j’me demande si un jour, Elise a été d’humeur pour les conneries de quelqu’un. Est-ce qu’il lui arrive de sourire, si ce n’est quand elle à quatre verres dans le nez et qu’elle se moque ouvertement des femmes qui sont exactement comme elle, en se jurant de ne jamais devenir comme elles ? Je glisse mon pied devant sa porte, pour m’assurer qu’elle me la claquera pas au nez dans deux secondes. « est ce que t’as du vin ? » oui, parce que, ca m’aiderai pas mal à vider mon sac. « Un verre et j’me tire. » ou peut être deux, et puis, quitte à ouvrir une bouteille, autant la finir. « J’ai un problème. » et maintenant qu’on est marié, mes problèmes deviennent les siens, non ?

À la seconde où il vient mettre son pied dans l'embrasure de la porte, tu n'as qu'une seule envie, c'est de la refermer. Mais, ouais, pas possible. Il s'en est bien assuré. La suite ne va clairement pas te plaire sinon, il ne prendrait pas de tel précaution, non ? « est ce que t’as du vin ? » Tes sourcils se froncent suite à ses paroles. Où est-ce qu'il veut en venir ? C'est vraiment comme ça qu'il utilise les quelques secondes que tu lui autorises ? Tic tac, le temps lui est compté. « T'es en pénurie de vin ? » À quelle moment est-ce que vous en êtes rendu à aller emprunter des choses chez l'autre ? C'est un truc de voisin ça, pas de mari et femme. « Un verre et j’me tire. » Ah, bien sûr. C'est pas pour aller la boire tranquillement chez lui et te laisser tranquille. C'est trop beau pour être vrai. Et puis quoi encore ? « J’ai un problème. » Ça doit être un sacré problème pour qu'il vienne jusqu'à toi pour tenter de le régler. C'est pas comme si tu étais vraiment reconnu pour ta grande générosité altruiste. Enfin, si, y'a eu de nombreux chèques pour le prouver, mais Dinis c'est parfaitement que ce n'est qu'un mensonge. Rien à faire des pauvres et des cancéreux qui profitent des généreux dons. Tout comme tu n'en a rien à faire de ses problèmes. Tu as bien assez de tes problèmes à gérer sans devoir gérer celui des autres. Mais ça peut être à ton avantage de l'aider. C'est donnant-donnant. C'est peut-être sa manière à lui de venir poser ses conditions pour accepter de signer les papiers de divorce. Ça vaut la peine de tenter le coup. Qu'est-ce que tu as à perdre ? Sauf beaucoup de patience ? « Un verre et c'est tout. » que tu conclus en ouvrant finalement la porte pour le laisser entrer. Tu vas sûrement le regretter.

Tu files vers la cuisine, lui sort la moins bonne bouteille de ton cellier - il mérite quand même pas la grosse qualité. Tu poses une coupe, la bouteille et un ouvre bouteille juste devant lui sur l'îlot. Déjà qu'il boit gratuitement, tu ne vas pas le servir en plus. C'est pas un tout inclus ici. « Te gêne pas pour l'avaler cul sec. » Plus vite il termine sa coupe, plus vite il s'en va, non ? Tu viens prendre appuie sur le comptoir derrière toi, les bras croisés contre ta poitrine, ton regard glacial qui se fixe sur lui. « Dis-moi. » Raconte moi tous tes problèmes et on pourra négocier après de ce que je vais en tirer. Rien n'est gratuit dans ce bas monde. Il le savait déjà avant même de venir frapper à ta porte Oz, qu'il ne joue pas les surpris.

« T'es en pénurie de vin ? » du coup, ça se passe comment ça dans le quartier, c’est pas des œufs ou de la farine qu’on vient chercher chez son voisin mais une bouteille de vin ? J’suis pas là pour venir lui voler une bouteille, enfin, techniquement, j’ai pas l’intention de repartir avec, après, le résultat sera le même : si elle me laisse entrer, y aura plus rien à la fin de la soirée. J’suis déjà en train de parler d’une soirée ? vraiment ? Non, ça va aller vite, très vite, aussi vite qu’un pansement qu’on arrache. Je déverse, elle écoute, elle me remet à ma place et j’me barre. Pourquoi est-ce que j’ai besoin d’Elise déjà ? Ah oui, l’honnêteté. J’regarde mon verre qui l’empêche de fermer la porte, j’suis sûre qu’elle fait exprès d’appuyer dessus pour que mon pied soit bien coincé d’ailleurs. Connasse. J’ai pas l’intention de l’enlever tant qu’elle me laissera pas entrer. Elle me laissera entrer. Parce qu’elle a sa curiosité aussi mal placée que moi Elise et qu’elle est aussi vicieuse. Elle veut savoir de quel problème je parle, elle veut savoir si ca peut lui rapporter, si ca peut lui être utile. Et au pire des cas, elle aura perdu un peu de temps. Au mieux, elle aura enfin une excuse pour me faire chier à mon tour. « Un verre et c'est tout. » Mon pied retrouve sa liberté et je me faufile dans son appartement qui n’a pas changé depuis la dernière fois, depuis le fameux soir de notre mariage. J’avais les idées bien claires, moi… Pas la peine de rappeler que pour Elise, c’était tout à fait autre chose.
Elle s’active, disparait derrière une porte, revient avec une bouteille à la main, expéditive. Bouteille, tire-bouchon, verre et démerde toi Dinis. « Te gêne pas pour l'avaler cul sec. » « y a qu’un seul verre. » je lui montre d’un coup du menton la porte du placard qu’elle venait juste de refermer, celle d’où elle a sortie la coupe. D’ailleurs, elle me respecte encore un peu – ou alors elle respecte trop le vin – en me sortant un vrai verre à vin et pas un vieux verre de cantine ou un ancien pot à moutarde. « Dis-moi. » j’hoche la tête, elle a pas l’air décidé à sortir un verre pour m’accompagner vu le regard qu’elle me lance. De mon côté, j’vais prendre mon temps, débouchonner cette bouteille en douceur et me servir en douceur. « On peut fumer chez toi ? » une bonne clope avec un vin, y a rien de mieux pour me mettre en condition. « J’veux juste me mettre à l’aise. » et faire durer l’plaisir ou repousser ma souffrance, je sais pas. « Il a quel âge, ton fils, déjà ? » que je questionne, histoire de voir comment elle est réceptive. Elle va m’envoyer chier, on verra bien.

« y a qu’un seul verre. » Il désigne l'armoire d'un coup de tête, mais tu ne bouges pas d'un poil. Ça commence par un verre et ça se finit en mariage non-désiré. Non, tu préfères garder les idées claires. Tu ne prendras aucune chance d'oublier ce qui sera dit ce soir. À croire que tu doutes en tes capacités à boire modérément. Tu as l'impression qu'il met une éternité juste à ouvrir sa bouteille. Tu souffles déjà d'impatience. C'est vraiment si surprenant qu'il prenne son temps ? Qu'il tourne autour du pot en laissant l'impression qu'il n'aboutira jamais ? Non. Il ne fera pas ça vite fait, bien fait. Il trouve toujours moyen de prendre son pied. « On peut fumer chez toi ? » Il est assez con pour poser la question ? S'il a bien une odeur que tu as en horreur, c'est bien celle de la cigarette. Encore surprenant que tu aies réussi à supporter cette odeur sur Jack. Faut dire qu'il avait fini par être doué pour la camoufler. Tu lui ferais bien la morale sur la santé de ses poumons à Dinis, mais s'il peut choper un cancer au passage et en mourir, ça ferait ton affaire. « J’veux juste me mettre à l’aise. » Il est déjà bien assez à son aise à ton goût. Tu ne peux pas vraiment lui en vouloir de vouloir profiter d'une maison confortable, la sienne est sûrement pleine de vermine. « Non, tu ne fumes pas ici. » que tu lui réponds même si ta tête devait déjà lui souffler la réponse. Juste l'odeur de ses vêtements c'est déjà bien assez. Pas question qui allume quoique ce soit ici.

« Il a quel âge, ton fils, déjà ? » Ton corps se crispe soudainement. Pourquoi est-ce qu'il te parle de ton fils ? Il a dit qu'il avait un problème pas qu'il tenait un truc sur ton fils. Ta mâchoire se contracte même si tu voudrais avoir l'air détendue. Les failles démontrées au grand jour. Damon est, et sera toujours, ton talon d'Achille. Pas très difficile à deviner. S'il cherche un moyen de te faire chanter, il a bien mis le doigt dessus. « 21 ans. » que tu réponds en te demandant si ce n'était pas une question à laquellr il connaissait déjà la réponse. Damon, il a l'âge de se marier et de faire des mauvais choix tout seul, donc. Alors ? Qu'est-ce que ça change l'âge qu'il peut avoir ? « Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ? » Tu n'aimes soudainement pas la tournure de la conversation. À moins que ce ne soit la traînée qui lui sert de fiancée qui ait fait un truc qui ne fallait pas. Ouais, c'est sûrement ça. Il faut bien un bouc émissaire pour chaque problème. Megan peut parfaitement porter ce rôle. Elle est la source de tous tes problèmes. Oz ne suit pas trop loin derrière, pas besoin de jouer les jaloux.

Pas décidée à partager quoi que ce soit avec moi, j’allais donc devoir terminer cette bouteille, ou si elle n’a pas l’intention de me laisser boire plus qu’un verre, comme promis, moi je promets de repartir avec. Du coup, me voilà à tremper mes lèvres et en réalité, je comprends rapidement pourquoi elle n’en veut pas. Ce vin est dégueulasse. Je change mes plans, je lui laisse volontiers sur la table et ce verre, puisqu’elle a sans doute fait exprès de me sortir la piquette qui dort dans son cellier depuis des années, je n’étais pas prêt de le finir de sitôt. « Non, tu ne fumes pas ici. » et en plus, c’est le bagne ici. Qu’elle est ennuyante quand elle n’a pas un verre dans l’nez. Je remballe mon paquet en levant les yeux au ciel, tant pis, je respecte au moins ça.
Y avait pas forcément de sous-entendu dans ma question, pour une fois. J’voulais juste gagner un peu de temps et puisque le sujet que je m’apprêtais à mettre sur la table concernait un gosse dont j’avais soit disant participé à sa conception, forcément, ca m’faisait penser au sien. Mais, à partir de l’instant où je me montrai un peu trop curieux, ma femme se montrait elle, un peu trop crispée. C’est quoi le problème ? Faut pas toucher à la prunelle de ses yeux ? Son fils, sa bataille ? Qu’elle est chiante. Qu’elle se calme, j’ai rien sur lui. « 21 ans. » elle me surprend même à répondre à ma question tien. Pour le coup, il est plus vieux que l’autre, si mes calculs sont bons. « Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ? » je secoue la tête. « Rien. » je fais un signe de la main tout en fronçant les sourcils. putain, il me manque vraiment une clope. « Calme toi, t’as peur de quoi ? » est-ce que ça me surprendrait de savoir que son fils traine dans des histoires pas claires ? Même pas, quand on voit dans quel environnement il a grandi. « Ca mérite que j’me penche sur le dossier ? » que je lance, toujours dans le but de gagner du temps, mais visiblement, j’ai touché une corde sensible. Et si finalement, le but de ma venue ici allait prendre une autre tournure ?

Tu l'observes prendre éternellement son temps sur tout, la bouteille, le verre, la dégustation. Tu commences à le soupçonner de n'avoir absolument aucun problème et d'être juste venu ici pour te déranger parce qu'il n'a rien de mieux à faire. Il grimace suite à la première gorgée de son vin. Bien fait. Ça te fait automatiquement sourire. Oh, tiens donc, le vin n'est pas à son goût ? C'est qu'il est un fin palais Dinis. Ça ne te surprend pas le moins du monde. Ce qui te surprend pas contre, c'est quand le sujet de Damon vient sur le tapis. Là, il s'efface rapidement ton sourire. « Rien. » Bon, il n'a rien fait. Il n'a rien sur lui. Il en a assez sur les épaules le gamin. Il n'a certainement pas besoin que tes problèmes viennent aussi lui en causer de nouveau. « Calme toi, t’as peur de quoi ? » De tout. D'absolument tout. C'est plus fort que toi, dès que Oz entre dans une pièce, tu tombes automatiquement sur la défensive. Il y en a du chemin à faire pour briser cette habitude - encore faudrait-il qu'il en ait envie. Ce serait plutôt étonnant qu'il en est envie. Tu n'as pas plus envie qu'il en ait envie. Ça devient légèrement compliqué tout ça. « T'es pas vraiment reconnu pour être porteur de bonne nouvelle. » C'est normal d'être méfiante quand la presque totalité de vos échanges se terminent par une claque sur la gueule pour toi, jamais pour lui.

« Ca mérite que j’me penche sur le dossier ? » Ah le con. Bien sûr qu'il a compris qu'il touchait une corde sensible. N'importe qui l'aurait compris. Tu as un peu (beaucoup) de mal à garder ton self control quand ton fils vient dans le sujet, encore moins dans sa bouche à lui. Tu viens poser tes avant-bras sur la table en te penchant légèrement vers lui. Ce verre de vin mis un peu à l'écart sent le vinaigre, non ? « Ça dépend à quel point t'as du temps à perdre. » Il doit sûrement en avoir beaucoup. Déjà d'être ici, c'est une perte de temps précieux pour lui comme pour toi. « C'est un bon garçon. Crois-en ce que tu veux. » C'est pas un mensonge pour une fois. Son opinion t'importe peu. Comment est-ce qu'un mixte de Saül et de toi pourrait donner un bon garçon ? C'est probablement ce qu'il se demande Dinis. Ce serait sûrement impossible. Encore heureux que Damon tient sa génétique d'ailleurs. C'est sûrement ce qui l'a sauvé - ou qui a causé sa perte, c'est selon. « Tu essaie de gagner du temps ou t'as pas vraiment de problème ? » que tu lui demandes en te redressant. Va directement au but Dinis. Problème ou pas, il y a forcément une raison à cette rencontre, non ?

Ma réputation n’est plus à prouver et Elise me pratique depuis un moment pour savoir qu’effectivement, j’apporte rarement de bonnes nouvelles, du moins, dans son monde à elle. J’suis bien curieux de savoir si c’est son rôle de mère qui lui hérisse le poil à l’instant où j’ai parlé de son fils, ou si vraiment, y a quelques choses à fouiller, de la poussière sous l’tapis. Et en même temps, je serai pas étonné de trouver quelques dossiers sur le gamin, partant d’où il vient, il peut pas avoir une vie sans squelette dans l’placard. Combien Elise et le grand Saul seraient prêt à payer pour garder secret les frasques du gamin ? Sans doute bien assez, Elise elle-même à aligner pas mal de zéro derrière des chiffres pour taire ses propres casseroles. Mais je l’ai jamais vu avec un air aussi sévère sur le visage, pour une fois, pour la première fois, elle me ferait presque peur. « Ça dépend à quel point t'as du temps à perdre. » y a qu’elle pour croire que ça pourrait me faire perdre du temps. Les menaces, ca commence toujours par des coudes bien ancrés dans une table et un regard noir comme elle vient d’me lancer. « C'est un bon garçon. Crois-en ce que tu veux. » elle a l’air sure d’elle. « J’ai hate de faire la connaissance de mon beau fils alors. » elle va m’tuer, elle va prendre ce verre de vin, le casser sur la table et me l’enfoncer dans la carotide. Là où elle a raison, c’est que si j’me penche sur le cas du gosse, j’risque de perdre encore plus gros dans ce divorce. Parce qu’elle aura aucune pitié et la pro, dans l’histoire, c’est elle. J’suis qu’un amateur dans l’domaine. Ca, j’en ai conscience. Elle est prête à jouer, elle joue l’jeu même, qui va gagner et comment, j’ai encore une chance d’être dans la course, sauf si je m’approche de sa progéniture. « Tu essaie de gagner du temps ou t'as pas vraiment de problème ? » qu’est-ce que j’viendrai foutre ici si j’avais juste envie de boire un verre de vin ? J’serai allé frapper à une meilleure porte que celle-ci. « Mon problème, il a 16 ans. » je rapproche le verre de vin qu’elle avait mis de côté, peu importe le gout qu’il a et peu importe les aigreurs d’estomac qu’il va m’faire, là, il me faut une gorgée. « Y a une tarée qui s’est pointé chez moi, persuadée que j’suis l’père de son gosse. » et me voilà pieds et mains liés face à Elise qui pour une fois a une information en exclusivité me concernant. C’est maintenant que j’attends d’elle qu’elle me dise que oui, j’suis dans la merde, mais que non, j’ai aucune obligation face à ce môme.

« J’ai hate de faire la connaissance de mon beau fils alors. » Très drôle. Tu es morte de rire. En prouve, ton air un peu trop sérieux et la soudaine anxiété qui grimpe en toi à l'idée que ton fils passe la porte de la maison d'une seconde à l'autre. La plupart du temps, il avertit, mais c'est pas impossible qu'il arrive sans prévenir. « Ça risque pas d'arriver. » Parce que t'en a autant pas envie que lui. Comme s'il avait réellement envie de prendre place dans ta famille. N'importe quoi. C'est beaucoup trop rangé pour lui. Ça ne va pas arriver. Il ne faut surtout pas que ça arrive. Faut que ce soit réglé avant que quelqu'un sache.

« Mon problème, il a 16 ans. » 16 ans ? Quoi 16 ans ? Il a des problèmes avec son ado ? Tu ne l'imaginais pas avec un enfant. Sûrement une erreur d'un soir - toujours les préjugés aussi facile. Tu es bien loin d'être la mieux placée pour donner des conseils sur la crise d'adolescence, Damon n'a jamais été un enfant très turbulent. Il faut aussi dire qu'il a vécu son adolescence à l'autre bout du monde, à l'abri des regards indiscrets de ses parents. « Y a une tarée qui s’est pointé chez moi, persuadée que j’suis l’père de son gosse. » La première chose que tu te demandes, c'est s'il te traite aussi de tarée quand t'es pas là. Mh, c'est possible. « Je vois. » Donc, il apprend 16 ans plus tard qu'il a un gamin ? C'est sûrement pas une bonne nouvelle pour lui. Après 16 ans, la mère court sûrement après la pension dont elle a soudainement besoin. C'est toujours une question d'argent. Pourquoi briser un tel silence 16 ans plus tard sinon ? Et puis, s'il est là, c'est que ce que la supposée taré raconte est très probablement vrai. Sinon, vous n'auriez pas cette discussion. « Tu veux que je l'invite à dîner ou que je t'aide à t'en débarrasser ? » À vrai dire, tu comprends pas trop pourquoi t'es celle vers qui il se tourne pour ce problème là. Il ne veut pas que son entourage le sache ? Non, il cherche à en finir vite fait, bien fait. Ça se pourrait que tu aies un contact ou deux pour l'aider. Ça risque de lui coûter un divorce en échange. Étonnant n'est-ce pas ? « À moins que tu sois là pour des conseils parentaux ? » Oui, bien sûr, comme si tu étais la seule personne avec des enfants dans son entourage. Il doit être le seul imbécile à pas en avoir. Oh wait, il en a un comme tout le monde à son grand bonheur maintenant. « À 16 ans, c'est sûrement l'âge où tu lui apprends à porter une capote pour pas faire les mêmes erreurs que toi. » que tu lui dis avec le plus beau des faux sourires sur ton visage. Tiens, ça, c'est un conseil gratuit. Le reste ce l'est pas. Tu veux quoi Dinis ? Est-ce que t'es vraiment rendu avec de l'avantage pour le divorce ? Non, sûrement pas. Il te donnerait pas quelque chose aussi facilement. À moins qu'il soit vraiment désespéré. Il l'est ?

C’est si facile de la titiller Elise, si facile de prévoir ses réactions, elle plonge toujours. Elle prend chacune de mes perches et elle devrait pourtant se douter que c’est exactement ce que j’attends, qu’il y a rien de mieux pour me faire plaisir. Ca doit être plus fort qu’elle de répondre, alors que si elle se montrait coopérative ce serait bien moins drôle, j’me serai lassé depuis trop longtemps et on en serait pas là aujourd’hui. La seule fautive dans l’histoire, c’est elle, elle peut s’en prendre qu’à elle. Son fils, entre nous, j’en ai rien à secouer, les mômes de son âge m’intéressent pas et j’crois qu’à partir de maintenant, j’avais d’autres chats à fouetter : une folle à éloigner, son marmot de seize ans par la même occasion.
« Je vois. » à vrai dire, pour ce coup, j’aurai attendu un rire moqueur, celui qui me dit : bien fait pour ta gueule Irish. Mais rien du tout. Là, elle est pas aussi prévisible que d’habitude. Tu vois quoi, Elise ? Redonne moi du vin, tiens. « Tu veux que je l'invite à dîner ou que je t'aide à t'en débarrasser ? » et l’inviter à diner pour s’en débarrasser ? C’est possible aussi ? J’suis sûre qu’Elise fait si mal la cuisine qu’elle pourrait étouffer n’importe qui avec un riz beaucoup trop collant. « À moins que tu sois là pour des conseils parentaux ? » Je lève les yeux au ciel, si j’voulais ça, j’serai allé voir l’assistante sociale du coin, la prévention spécialisée ou le planning familial – quoi que, j’leur aurait surement demandé de me refaire un cours sur la reproduction, pour voir où j’avais loupé une information. « À 16 ans, c'est sûrement l'âge où tu lui apprends à porter une capote pour pas faire les mêmes erreurs que toi. » bon, le voilà mon cours de planning familial, le voilà le ptit taquet derrière la tête. C’est mérité. « J’suis sûre que c’est encore un coup de capote qui craque. » elle doit bien s’douter que j’suis précautionneux, quand même. « Elle devait avoir zappé sa pilule, un d’ces soirs. » toujours la faute à l’autre, hein. « J’ai pas l’intention d’jouer au père, j’ai pas l’intention de passer deux minutes avec lui pour savoir son sport préféré et aller taper dans un ballon pour rattraper l’temps perdu. » que j’lâche, pour formuler clairement mes intentions : elles étaient totalement nulle, je n’avais l’intention de rien faire. « C’est sa mère que j’dois éloigner, ca fait deux fois qu’elle se pointe chez moi en moins d’un mois. » et c’est peut être là que j’ai un marché à lui proposer. « Si tu m’aide à faire quelques chose, j’signe direct, je cherche plus à négocier quoi que ce soit. »

« J’suis sûre que c’est encore un coup de capote qui craque. » Tu laisses échapper un rire jaune. Les défaites. Trop facile. Un accident est si rapidement arrivé. Encore plus lorsqu'on couche à droite et à gauche comme il le fait. Suffit d'une soirée un peu trop arrosée. Suffit que le désir prenne le dessus sur la raison. Tu comprends même pas pourquoi il est si surpris. Il en a sûrement plein d'autres dont il ignore l'existence. « Elle devait avoir zappé sa pilule, un d’ces soirs. » Et puis quoi encore ? Il n'est pas foutu d'assumer ses erreurs ? Aux dernières nouvelles, ça se fait à deux un bébé. Tu lèves les yeux au ciel. Peu importe ce qui s'est passé il y a seize ans, le résultat est le même aujourd'hui; Dinis est père sans le vouloir. Et ce gamin aura bien plus de chance dans la vie s'il n'y prend pas part. À ton humble avis totalement objectif bien sûr. « J’ai pas l’intention d’jouer au père, j’ai pas l’intention de passer deux minutes avec lui pour savoir son sport préféré et aller taper dans un ballon pour rattraper l’temps perdu. » Ah, c'est pas un sentimental Dinis. Il sent la corde lui tourner autour du cou et il est bien pressé de la couper par tous les moyens. « Tu m'étonnes. » Ouais, vraiment étonnant qu'il ne veuille rien assumer. Il aurait sûrement poussé la mère en bas des escaliers s'il l'avait su plus tôt.

« C’est sa mère que j’dois éloigner, ca fait deux fois qu’elle se pointe chez moi en moins d’un mois. » Pas le gamin. La mère donc. Tu veux quoi Dinis ? Viens en au but. Pas besoin de passer par quatre chemins. Il sait à quel point tu détestes quand il tourne autour du pot. « Si tu m’aide à faire quelques chose, j’signe direct, je cherche plus à négocier quoi que ce soit. » Oh bien sûr que la phrase suivante te fait relever la tête. Est-il vraiment désespéré à ce point ? C'est trop facile. Il y a anguille sous roche. Il n'a pas besoin de toi pour se débarrasser de quelqu'un. Il sait parfaitement le faire sans toi. Il a juste à être lui-même. Il est insupportable. Ça devrait suffir pour faire fuire n'importe quelle femme. À moins qu'elle veuille de l'argent. Là, bien sûr qu'il se tourne vers toi, sa plus fidèle source de revenu. « C'est pas censé être ton métier de faire chanter les autres ? » Techniquement, non. Mais l'appel de l'argent est plus grand chez certains. Reste qu'il est parfaitement en mesure de creuser dans la vie de cette fille et de la menacer comme bon lui semble. « Pourquoi tu le fais pas toi même ? » Oh, bien sûr que l'appel du divorce est alléchant. Tu ne comptes toutefois pas te débarrasser d'un problème pour en avoir un autre encore plus gros sur le dos. T'es quand même pas si conne contrairement à ce qu'il doit penser. « J'vais pas payer pour toutes les tarées qui s'pointent chez toi avec un enfant surprise. » Au cas où c'est ce qu'il attend de toi. Et puis, c'est lui qui l'a traité de tarée. Tu ne fais que répéter ses mots. « J'ai plus autant d'argent que tu penses. » Ah, tiens, ça c'est une confidence. Ça laisse des séquelles les divorces et les maris aux problèmes de jeux et de consommations.

Pas d’nana, pas d’gosse, c’est la vie que j’avais décidé de mené et en moins de deux ou trois mois, me voilà marié et avec un môme. Et le môme avait seize ans et il était même pas de ma chère épouse. Quelle belle histoire à raconter. Et je suis certaine qu’Elise pourrait finalement se faire un malin plaisir à utiliser l’argument du gamin qui sort de nulle part pour argumenter le divorce. Genre, vice caché. Mais j’suis pas certain que ça marche quand le père lui-même est pas au courant du vice. De toutes façons, y a rien qui prouve nulle part que j’sois vraiment son paternel. J’suis pas bien sûre d’aller vérifier en demandant un test de paternité. Parce que s’il s’avère que toute cette histoire soit bien vraie, j’pourrais plus le nier. Et en même temps, venir en parler à Elise, c’est déjà écarter une part du déni. Est-ce que j’suis en train de flipper à cause de cette histoire ? Ca s’pourrait bien. J’perds mes moyens si non, j’serai pas en train d’lui faire ces aveux et tenter de trouver une solution avec elle. Comme si j’pouvais vraiment attendre quelques chose d’elle… . « C'est pas censé être ton métier de faire chanter les autres ? » c’est pas mon métier de faire chanter les gens, mon métier c’est d’prendre des photos et d’me faire du fric avec, peu importe les moyens. Et si Elise s’était pas montré si convaincante dès le départ, peut être que j’aurai jamais tenté de lui tirer autant de fric. C’est bien elle qui cherchait à cacher les frasques de son mec. Pour quel résultat au final ? Pour se retrouver fauchée et bien seule maintenant. Enfin, fauchée… elle a pas l’air si mal que ça. « Pourquoi tu le fais pas toi même ? » « J’ai rien à tirer d’elle. » une junkie qui a pas un rond, y a rien à faire chanter. Elle risquerait même d’abuser de moi et de venir me réclamer beaucoup trop de tune. « J'vais pas payer pour toutes les tarées qui s'pointent chez toi avec un enfant surprise. » je fronce les sourcils, j’vois pas bien où le fric à sa place dans cette histoire au final. « J'ai plus autant d'argent que tu penses. » je roule des yeux, à d’autres. Plus autant d’argent qu’avant, certes, mais plus autant d’argent que j’le pense, elle arrivera pas à me prendre en pitié. « J’te demande pas de fric. » pour une fois, j’ai envie d’ajouter. « et me fais pas croire que t’es ruiné, Elise. » que j’lui lance en terminant enfin ce verre de vin dégueulasse. « Peut être que si elle capte que j’suis un homme marié, ca la calmera… » j’ai même pas d’alliance au doigt pour rendre ce contrat on n’peut plus serieux. « une fois, tu joues à l’épouse parfaite, et je signe le divorce. » plus ou moins rapidement en fonction du résultat donné…

« J’ai rien à tirer d’elle. » Il y a toujours quelque chose à tirer de quelqu'un. Il y a toujours moyen de contourner les règles pour arriver à nos fins. Son problème, il se règle facilement. Il a juste à réfléchir un peu. De toute manière, au vu de la lenteur du système judiciaire, son fils sera majeur avant qu'une décision ne soit prise. Un coup majeur, il n'y a plus rien à tirer de personnes. Il peut continuer de nier l'existence de son fils et celui-ci peut continuer de le détester en silence, chacun de son côté. « J’te demande pas de fric. » Il veut quoi s'il veut pas de fric ? C'est toujours ce qu'il te demande. « C'est nouveau ça. » Il ne peut quand même pas te reprocher de sauter rapidement au conclusion. Tous vos échanges se sont terminés par toi qui lui verse une somme bien trop volumineuse pour rien - enfin, rien, c'est selon. « et me fais pas croire que t’es ruiné, Elise. » Bien sûr qu'il n'en croit pas un mot. Et il fait bien. T'es bien loin d'être à la rue. Juste en vendant des babioles inutiles dans ta maison, des robes et des bijoux que tu ne remettras jamais, tu pourrais t'en racheter une autre maison, peut-être même deux. Tu fais pas pitié. Arrête d'essayer.

« Peut être que si elle capte que j’suis un homme marié, ca la calmera… » Tu fronces les sourcils. Tu vois très bien où il veut en venir. C'est une idée complètement stupide. C'est pas parce qu'il est marié que c'est moins son fils. « J'ai jamais entendu un truc aussi stupide. » que tu avances déjà. Sauf que, ah oui, la suite, elle est encore plus stupide que ces premières paroles. Quelle perte de temps cette discussion. « une fois, tu joues à l’épouse parfaite, et je signe le divorce. » Bof, tu n'es pas vraiment à une fois de plus ou de moins de jouer la comédie là dessus. C'est trop facile. Tu seras parfaite. Tu pourrais faire avaler n'importe quoi à n'importe qui. Le truc c'est qu'il faut que lui aussi soit convainquant pour que ça fonctionne. Il en est capable ? « Je vais le faire. » C'est dit comme si tu étais d'une extrême générosité pour sa personne. Il a besoin d'aide et tu l'aides. C'est pas ça être généreux et altruiste ? Presque. Habituellement, l'autre ne récolte rien en retour. Mais, ouais, c'est presque ça. « Mais si ça ne marche pas, tu signes quand même. » Parce que ça ne marchera pas. Son plan, il est nul. Il a juste à lui montrer son contrat de mariage s'il veut lui faire comprendre qu'il est marié. Il n'a pas besoin de toi pour ça. T'es quand même pas si conne pour refuser un divorce aussi facilement.

Le deal est plutôt simple, Elise a pas l’air de bien capter ni de croire que j’vais lui faire une proposition sans embrouille derrière, sans argent en jeu. J’avoue que j’suis le premier surpris. Mais après tout, on a tous les deux envie d’en finir et si ce serait un moyen efficace pour arriver à nos fins. Après ça, elle aura sa liberté et je retrouverai la mienne. « J'ai jamais entendu un truc aussi stupide. » stupide, ça l’était pas tant que ça. Je voulais me débarrasser de cette folle, et j’allais pas la faire tuer ni la faire enfermer… quoi que, vu son niveau, j’suis sûre qu’elle pourrait facilement terminer enfermée dans un asile. Dommage qu’on soit plus dans les années 60 ou un seul coup de fil suffisait à mettre quelqu’un dans un hôpital sous camisole. Surtout les femmes. Vraiment dommage. « J’croyais que j’pouvais plus te surprendre, mais visiblement… » maintenant, pour plus de crédibilité, j’avais plus qu’à trouver une vraie alliance. « je sens qu’elle va m’tomber dessus rapidement. » elle est venue une fois, elle sait où j’habite et j’ai l’impression qu’elle a l’intention de revenir avec son môme plus tard, histoire de jouer les présentations, qu’elle y pense même pas. Le gosse serait bien mieux à pas savoir qui est son père, je suis sûre qu’il en a pas tant souffert que ça. J’espère surtout qu’il est plus équilibré que sa mère, mais l’autre jeune avait l’air de mieux se porter qu’elle, en tout cas. « Je vais le faire. » ah. Ca avait pas l’air gagné. Je relève la tête, avec un regard qui se plante dans le sien, elle vient de signer un pacte à l’instant où elle a prononcé ces mots. . « Mais si ça ne marche pas, tu signes quand même. » « ça marchera. » et si non, je signe rien du tout. On verra, si elle fait en sorte que ça fonctionne, parce qu’elle serait capable de tout faire foirer, si j’accepte ce deal-là. J’ai pas confiance en elle. Pas sur ça, en tout cas. « J’m’occupe de faire en sorte de tomber sur elle rapidement, tu te tiens prête. » de toutes façons, elle a rien de plus à faire, Elise. A part attendre que l’temps passe en picolant. Elle aura qu’à attendre mon signal pour que le plan se mette en place.
Je me redresse sur la chaise et plante mes deux pieds bien au sol. « J’avais dis un verre. » ou c’est elle qui l’avait dit. Et le voilà terminé. « On a tous les deux intérêt à c’que ça marche. » que j’glisse une dernière fois, pour m’assurer qu’elle me le fasse pas à l’envers. J’me lève pour aller vers la porte et sortir d’ici.