Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €

 (juliassan) go get out and let it rain

Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptySam 2 Oct 2021 - 21:58


juliana & hassan
go get out and let it rain

There's fire in the rain, and I can feel your pain painting all the scars in the colors of change. Don't let them hold you down, don't let them hold you down, go shooting like a star, the star you are. Can't stop us now, forget the haters get up and live and make it matter, there's more to life so go ahead and sing it out. ☆☆☆



La nouvelle avait un peu sonné Hassan, et l’avait dissuadé de s’attarder en salle de pause avec le personnel du service de pédiatrie comme il le faisait parfois à la fin de son bénévolat, pour peu que les infirmières ne soient pas trop débordées. Lui n’était là que pour conter des histoires, arracher un rire ou même un simple sourire, et faire oublier aux petits patients l’espace de quelques instants la froideur aseptisée de l’endroit dans lequel ils se trouvaient, parfois depuis des semaines, des mois. Certains devenaient des visages familiers, comme Hassan avait lui-même pu l’être pour le personnel du service d’hématologie où il avait passé plusieurs semaines voilà quelques années, et si l’on se réjouissait parfois de ne plus en voir certains parce qu’ils avaient simplement quitté l’hôpital une fois leur santé meilleure, il arrivait aussi, fatalement, que d’autres disparaissent dans des circonstances moins heureuses. Clary avait sept ans, des cheveux blonds qui tiraient vers le roux, un écureuil en peluche nommé Anatole et un gilet vert avec des étoiles qu'elle disait être son préféré. Clary était hospitalisée depuis le mois de février pour un dysfonctionnement sévère au niveau des reins et attendait depuis une greffe salvatrice qui lui permettrait de ne plus vivre enchaînée à une machine de dialyse. Clary écoutait encore avec attention les aventures de Gulliver narrées par Hassan le vendredi précédent, et aurait dû en écouter la suite ce jour-là avec le reste des petits patients présents dans la salle de jeux. Mais Clary était morte mardi matin, alors que le soleil se levait à peine, et moins de quarante-huit heures après que son état se soit brusquement dégradé. Ce n'était pas la première, ce ne serait pas la dernière – la vie dans un hôpital était ainsi faite, mais s'il avait pris sur lui de ne pas rendre son brin de lecture moins inspiré qu'à l'accoutumée pour ne pas léser les autres têtes blondes venues l'écouter, Hassan avait senti son cœur se serrer un peu et un fond de tristesse le gagner lorsqu'il avait quitté le service un peu plus tard, passant simplement une tête par la porte de la salle de pause pour dire au revoir à Juliana et au reste des infirmières.

Comme tous les vendredis depuis le mois de juillet le brun ne quittait pas directement l'hôpital après son passage en pédiatrie, et empruntait l'escalier pour descendre deux étages plus bas et rendre visite à l'oncle Amjad. Les quatre mois qu'il avait passé à l'hôpital donnaient l'impression que le patriarche des Khadji avait vieilli de plusieurs années, mais les médecins envisageaient de le laisser sortir ces prochains jours, et la nouvelle semblait avoir redonné à l'homme un soupçon d'énergie qu'il dépensait en bougonnant gentiment contre les plateaux repas sans sel, sans huile et sans sauce qui leur étaient servis ici. Malgré tout le marocain se fatiguait vite, et lorsque le sommeil l'avait définitivement gagné tandis que sur la télévision de sa chambre on débattait de la reprise prochaine de la saison de cricket, Hassan avait attrapé la télécommande et rendu à la chambre son silence relatif. Khadji père avait le sommeil paisible lorsque le brun avait quitté la chambre, et cela lui avait mis un peu de baume au coeur tandis qu'il rejoignait l'ascenseur et regagnait la sortie.

Aux prises entre le brin d'optimisme que lui inspirait la sortie prochaine d'Amjad et l'amertume du décès de Clary, Hassan était d'une humeur presque aussi incertaine que la météo de ce début de soirée, aux nuages gorgés d'une pluie qui depuis le début de la journée refusait avec obstination de tomber. Le casque passant d'une main à l'autre tandis qu'il enfilait ses gants de moto, il avait rejoint le bolide sans se presser et fait un dernier tour d'horizon au cas où Lawrence ou Norah feraient leur apparition – faute de quoi il avait enfourché son deux-roues et fait vrombir le moteur en quittant le parking. Il était à peine au coin de la rue lorsqu'il avait aperçu la silhouette de Juliana qui remontait à pieds, et s'étonnant de la voir rentrer ainsi il avait roulé au pas jusqu'à son niveau et remonté la visière de son casque « Ton carrosse s'est changé en citrouille ? » Mettant un pied à terre, il avait enclenché les warnings et levé à nouveau le nez vers le ciel avant de proposer « Tu veux que je te dépose chez toi ? C'est pratiquement sur mon chemin, de toute façon. » Un léger détour néanmoins, mais rien de terrible, et à portée de moteur Juliana n'habitait même pas si loin d'ici. « J'ai un second casque pour les cas d'urgence. » avait-il par ailleurs ajouté avec un clin d'oeil, mais en réalisant que cela pesait forcément dans la balance. Les "cas d'urgence" n'étant rien d'autre que la possibilité d'un passager impromptu, au demeurant.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptySam 16 Oct 2021 - 8:26


juliana & hassan
go get out and let it rain

There's fire in the rain, and I can feel your pain painting all the scars in the colors of change. Don't let them hold you down, don't let them hold you down, go shooting like a star, the star you are. Can't stop us now, forget the haters get up and live and make it matter, there's more to life so go ahead and sing it out. ☆☆☆



Encore un petit être qui était parti rejoindre le ciel. C’est en tout cas ce que se disait Juliana car une autre alternative n’était pas vraiment ce qu’elle souhaitait. Elle n’était pas vraiment croyante bien qu’elle aime passer son temps dans les églises à admirer l’architecture ou juste à apprécier le silence. Elle y reste un long moment à chaque fois mais non, elle ne croit pas qu’il y ait quelqu’un au dessus d’elle. Tout simplement parce que si c’était le cas, elle estimait que les choses seraient différentes, la vie moins compliquée pour tous les enfants dont elle s’occupait, ceux qu’elle ne connaissait pas et tout simplement pour le monde en général. On aura beau lui dire que sans crime ou malheur on ne saurait pas ce que c’est que la joie et pourtant, elle se dit toujours que l’on devrait dire ça aux victimes qui n’avaient rien fait ; rien demandé. Aujourd’hui, Juliana pensait donc pas mal à ce qui s’était passé cette nuit. Si elle avait pensé qu’Adélaïde serait la première à partir, c’était Carly qui avait poussé son dernier souffle. Avec le temps, l’infirmière s’était habituée à côtoyer la mort des enfants mais en cet instant, elle aurait préféré que tout soit rose. Elle avait encore du mal à se remettre de son retour de Lismore et voilà que la tragédie frappait encore. Etait-ce donc seulement ça que pouvait lui réserver la vie ? La mort ? Certes, c’était un passage obligé mais elle aurait préféré que plusieurs n’arrivent pas en même temps.

Pourtant, la journée passe bien plus rapidement qu’elle ne s’en aperçoit. C’est déjà l’heure pour elle de s’en aller et elle sait que ce soir, ce sera une soirée pâtisserie. Elle allait préparer plusieurs gâteaux pour ses petits patients qui le méritaient grandement. Plusieurs sortent, plusieurs tailles et plusieurs ingrédients différents car tous ne peuvent pas avoir le même régime alimentaire malgré leur jeune âge. Elle y mettrait des couleurs, des soleils et des arcs en ciel. Elle tenterait même de faire des animaux. Elle se débrouillait en la matière. Elle sourit, cela lui redonnait le moral tout d’un coup. Elle alla donc se changer pleins d’idées en tête pour sa soirée. Il faudrait cependant être un peu patiente car aujourd’hui, elle n’était pas venue en voiture mais en bus. Son petit bijou était chez le garagiste et elle espérait sincèrement qu’il ne trouverait pas grand-chose. Qui espère qu’il trouve quelque chose de conséquent d’ailleurs. Enfin, elle s’habituerait au bus si elle devrait le prendre régulièrement, ce n’était pas vraiment le problème mais elle aimait vraiment sa voiture ; ce qui semblait étrange lorsqu’on la connaissait. Elle se dirigeait donc vers son arrêt lorsqu’elle entendit une voix familière.   « Ton carrosse s'est changé en citrouille ? » Elle sourit. Elle avait vu Hassan plus tôt dans la journée. Il avait fait du bénévolat auprès des petits être de son unité. Elle savait que lui aussi avait été chamboulé par la nouvelle concernant Clary. Elle était trop jeune pour mourir. Malheureusement, on ne choisissait pas le moment où chaque enfant partait. On aimait lorsque c’était parce qu’ils étaient enfin guérit, on détestait lorsque c’était parce que la maladie avait gagné la bataille. Ils se sentaient alors impuissants et ça serait encore le plus lors de la prochaine perte. « Oh presque. Ca aurait pu être intéressant, surtout en cette saison. J’aurais pu faire de la tarte à la citrouille ou encore de la soupe. » Elle aimait cuisiner qu’importe ce que c’était alors ça aurait pu être l’occasion. « Ma voiture est au garage pour je ne sais combien de temps. » Elle ne pensait pas réellement que ça serait long car c’était une voiture hybride récente. La garantie était encore dessus ce qui l’aiderait au besoin.  « Tu veux que je te dépose chez toi ? C'est pratiquement sur mon chemin, de toute façon. J'ai un second casque pour les cas d'urgence. » Elle le regarda. « Tu es sûr ? Je prends le bus sinon, il n’y a pas de soucis. » Elle n’avait pas vraiment eu le temps de parler avec lui aujourd’hui. Un peu mais pas trop. Elle savait aussi qu’il allait voir son oncle lorsqu’il avait terminé son bénévolat. Elle espérait sincèrement que son oncle se remettrait. Ca serait une tragédie en moins dans l’hôpital ce qui franchement, les soulageraient tous les deux. « Tu crois donc que je suis un cas d’urgence si je comprends bien ? » Elle sourit, le taquinant tandis qu’elle récupérait le casque qu’il lui tendait et se positionnait derrière lui. Elle ne se souvenait pas la dernière fois qu’elle était montée sur une moto. Cela faisait si longtemps. La voiture avait en général sa préférence pour son goût de la sécurité mais de la moto de temps en temps, elle ne disait pas non.  
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyMar 9 Nov 2021 - 2:36

Bénévole entre les murs de cet hôpital depuis des années maintenant, Hassan conservait pourtant toujours ce petit moment de flottement lorsqu’il passait en voiture ou à moto le croisement de rue qui donnait sur la face ouest du bâtiment. De l’autre côté de la voie rapide qui passait à proximité, une rangée d’arbres bloquait l’horizon : mais depuis la chambre qu’avait occupé le brun durant des semaines ces quelques arbres représentaient le seul bout de verdure visible depuis la fenêtre, et une partie de lui s’y était accroché de toutes ses forces tout en priant pour que ce ne soit pas la toute dernière touche de vert qu’il verrait de sa vie. Fut un temps où ces arbres étaient inaccessibles, et aujourd’hui il n’avait qu’à emprunter le pont qui passait au-dessus du freeway pour aller les toucher si le cœur lui en disait … Cela n’avait l’air de rien, mais la chose parvenait encore à le laisser songeur, parfois. Ce jour-là cependant ce n’était pas ce qui lui occupait l’esprit, tandis qu’il tournait au coin de la rue en faisant vrombir le moteur de sa Yamaha ; L’ambiance en pédiatrie avait été un peu morose, comme chaque fois qu’un enfant présent dans le service depuis longtemps le quittait brutalement et pour de mauvaises raisons, et le brun n’était pas mécontent de retrouver l’extérieur et de pouvoir laisser tout cela derrière lui. C’était l’intérêt égoïste des bénévoles : ils n’avaient pas à se confronter aussi régulièrement aux mauvais côtés que ceux dont c’était le quotidien. Hassan comprenait qu’il s’agisse d’une vocation, il avait vu Yasmine crapahuter armée de sa panoplie de docteur avant même d’avoir perdu toutes ses dents de lait, mais la sienne était ailleurs et il laissait volontiers la santé à d’autres qui s’en sentaient mieux les épaules.

Vocation pour le métier d’infirmière et habituée des lieux depuis des années, il y en avait justement une qui cochait toutes les cases et dont la silhouette aux cheveux blonds remontait justement la rue. Justine ne repartait jamais autrement qu’en voiture, Hassan l’avait déjà suffisamment vue faire pour le savoir, raison pour laquelle il n’avait hésité qu’une seconde à peine avant de ralentir et de serrer sur la droite pour se mettre à la hauteur de la jeune femme, remontant la visière de son casque pour demander ce qu’elle avait fait de son bolide – de son carrosse. « Oh presque. Ça aurait pu être intéressant, surtout en cette saison. J’aurais pu faire de la tarte à la citrouille ou encore de la soupe. » avait-elle aussitôt rebondi d’un ton amusé, avant d’expliquer en reprenant un brin de sérieux « Ma voiture est au garage pour je ne sais combien de temps. » Pour seule réponse, l’enseignant s’était fendu d’une grimace compatissante avant de proposer aussitôt de la ramener ; Le détour n’était pas énorme, et surtout la chose ne le dérangeait nullement. Il n’était pas pressé, et si ses chiens l’accueillaient toujours avec enthousiasme lorsqu’il rentrait le soir ils n’étaient jamais à une heure près … Plus depuis qu’Hassan les nourrissait le matin, du moins. « Tu es sûr ? Je prends le bus sinon, il n’y a pas de soucis. » Agitant la tête, il avait répondu « Je ne proposerais pas, sinon. » et levé machinalement le nez vers le ciel, lourd de nuages qui ne demandaient plus qu’à pleuvoir « Et tu risques de terminer trempée comme une soupe avant même que le bus soit passé … Alors qu’en se dépêchant, on sera peut-être arrivés avant la pluie. » Ou au moins elle le serait, en tout cas. Lui habitait trop loin pour espérer y échapper, mais c’était un risque dont il avait pris l’habitude – et surtout il était habillé pour. Finissant par accepter la proposition, Juliana s'était saisie de bonne grâce du second casque qu'Hassan avait sorti du coffre de selle, questionnant « Tu crois donc que je suis un cas d’urgence si je comprends bien ? » d'un ton amusé avant de grimper derrière lui. Faisant mine de réfléchir, le brun avait secoué la tête et rétorqué « Ça, ou bien tu es mon alibi pour la bonne action que je n'avais pas encore faite aujourd'hui, c'est comme tu préfères. » d'un ton amusé, abaissant finalement sa visière pour reprendre la route après s'être assurée que son amie était bien accrochée.

Le trajet jusqu'à l'adresse de la blonde n'avait pas duré plus d'un quart d'heure, le deux-roues leur permettant de slalomer entre les bouchons qui se formaient en cette fin de journée, et faute d'une ligne d'arrivée pour les accueillir c'était les premières gouttes d'une averse qui leur avaient indiqué qu'ils arrivaient juste à temps. La béquille de la moto à peine mise, les deux amis n’avaient pas eu besoin de se consulter pour s’élancer jusqu’au perron de la jeune femme sans même retirer leur casque, attendant d’être à l’abri pour découvrir leur tête et poussant à l’unission un soupir de soulagement « C’était moins une. » En l’espace de quelques secondes l’averse s’était transformée en déluge, ceux dont les printemps australiens étaient coutumiers et qui en quelques minutes à peine parvenaient à transformer les caniveaux en ruisseaux. « Ça t'embête si j’attends ici quelques minutes ? Juste le temps que ça se calme un peu. » La météo chez eux était aussi intense qu’elle était changeante, et il n’avait aucun doute quant au fait que la pluie, à défaut de cesser, retrouverait un débit qui ne rendrait pas dangereux le fait de rouler à moto.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyLun 6 Déc 2021 - 18:48

La journée avait mal commencé et il semblait que cela n’allait pas s’arrêter avant qu’elle aille se coucher. Après sa voiture qu’elle avait dû laisser au garage, elle s’était retrouvée à apprendre qu’un enfant était mort. Cela lui avait mis un coup comme à chaque fois. Cependant, elle avait de plus en plus de mal à accepter la perte d’un de ses patients. La mort d’Ian, le fait qu’elle ne puisse pas avoir de progénitures, étaient des déclencheurs auxquels elle tentait de ne pas penser. Peu de personnes étaient informés de ce dernier point et certains devaient même se demander pourquoi un tel changement d’humeur depuis presque deux ans maintenant. Ce n’était pas comme si la mort ne l’avait jamais touché mais désormais, c’était différent pour elle. Elle ne connaitrait jamais la mort de son propre enfant mais ce n’était pas pour autant que c’était plus facile lorsque c’était un petit être dont vous vous occupiez tous les jours. Pourtant, la vérité était là. Elle ne pouvait pas l’éviter et c’était bien dommage. Elle aurait voulu un peu de répit dans ce monde atroce.

Il fallait donc qu’elle se change l’esprit après cette journée bien chargée qui lui avait permis pendant de nombreuses minutes d’oublier la tragédie qui avait touché le service. C’est pourquoi elle pensait à ce qu’elle allait faire en rentrant chez elle. Rester prostrée avec ses deux chiens contre elle semblait la meilleure solution. Surtout que le ciel noir semblait vouloir perpétrer le fait que cette journée était définitivement mauvaise. Elle appellerait probablement sa sœur et pourquoi pas se ferrait un film chacune chez elles mais de vive voix quand même. Avec le temps qui menaçait et le fait qu’elle n’ait pas de voiture, c’était probablement la meilleure solution. Elle était donc dans ses pensées, en train de se diriger vers l’arrêt de bus lorsqu’une voix familière l’interpela. C’était toujours une voix rassurante malgré toutes les péripéties que le jeune homme avait vécu. Elle aimait entendre sa voix car cela lui permettait tout de suite d’être de bonne humeur. Enfin presque tout le temps, parfois c’était compliqué mais ce coup ci, elle n’était pas déçue. Il lui proposait de la raccompagner. Malgré le fait qu’elle connaisse Hassan depuis plusieurs années, elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de la raccompagner. Surtout qu’elle l’avait vu dans la journée et que lui aussi avait appris la mort de Carly. Elle ne voulait pas l’obliger à faire quelque chose s’il pensait se vider la tête autrement. Lui aussi était propre des patients en tant que bénévole et cela avait dû le toucher. « Je ne proposerais pas, sinon. » Elle sourit. « Et tu risques de terminer trempée comme une soupe avant même que le bus soit passé … Alors qu’en se dépêchant, on sera peut-être arrivés avant la pluie. » Elle regarda le ciel qui semblait définitivement menacer et ne pas vouloir s’éclairer. Elle finit par accepter la proposition parce qu’au fond, elle n’avait vraiment pas envie de se retrouver mouillée et puis, c’était Hassan. Ils se connaissaient assez pour que la proposition soit réelle. Elle ne se gênait donc pas pour le taquiner en lui demandant si elle était vraiment un cas d’urgence. « Ça, ou bien tu es mon alibi pour la bonne action que je n'avais pas encore faite aujourd'hui, c'est comme tu préfères. » Elle rit, se demandant qu’elle bonne action elle avait fait aujourd’hui. « Les deux me conviennent je crois. » Elle attrapa le caque avant de se positionner derrière lui et s’accrocha le temps du trajet. Elle n’avait pas vu le temps passer. Il fallait dire qu’elle n’habitait pas très loin de l’hôpital. L’emplacement de sa maison avait été des choix principal pour l’achat. A l’époque, elle travaillait au service pédiatrie depuis plusieurs années et elle savait donc qu’il lui fallait une maison pas très loin de son lieu de travail pour les moments jours où elle serait vraiment fatiguée après ses longues heures de travail.

A peine arrivée devant chez elle, elle se dit qu’elle était bien contente d’avoir accepté la proposition de son ami. Enfin elle courut jusqu’à son perron en compagnie d’Hassan avant d’avoir cette pensée. Elle aurait passé un temps effroyable dans le bus et effectivement se serait retrouvée sous l’averse. « C’était moins une. » Elle soupira. « Oui, je crois qu’on a eu de la chance. Heureusement que tu étais en deux roues. » La route avait été bien plus facile comme ça. Elle ouvrit la porte tandis qu’elle invitait Hassan à rentrer. « Ça t'embête si j’attends ici quelques minutes ? Juste le temps que ça se calme un peu. » Elle sourit tandis que ses chiens venaient sauter sur elle et son ami. « Tu crois vraiment que je vais te laisser repartir sous la pluie alors que tu m’as permis de l’éviter ? JE croyais que tu me connais mieux que ça. » Elle sourit toujours tandis qu’elle caressait ses deux amours pendant quelques instants avant de se diriger vers la cuisine. « Tu veux boire quelque chose ? » Comme à son habitude, elle avait de tout alors le choix était entièrement possible. « J’ai l’impression que ça fait une éternité que l’on ne s’est pas retrouvé ensemble. » Bien évidemment, ils s’étaient vus ce matin là mais c’était différent. Elle avait l’impression que ça faisait longtemps qu’ils n’avaient pas pu avoir une conversation juste eux deux en dehors de l’hôpital.


@Hassan Jaafari (juliassan) go get out and let it rain 2891754501 Désolée pour le grooooos groooos retard. Promis, je ferrai mieux la prochaine fois (juliassan) go get out and let it rain 1723716604
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyMer 26 Jan 2022 - 21:24

C’était parfois à se demander comment Hassan avait attendu aussi longtemps pour se laisser séduire par la liberté que procurait le fait de rouler à moto. Il était pourtant tout sauf un fou du volant, l’accident de voiture fortuit ayant coûté la vie à ses deux parents vingt-cinq ans plus tôt ayant au moins eu le mérite d’ancrer dans son esprit de manière définitive qu’une voiture pouvait être un engin de mort autant que de sensations fortes, mais d’y avoir lui-même échappé lors d’un “accident” similaire quelques années plus tôt avait à tort renforcé cette impression qu’avait le brun que la faucheuse ne voulait pas de lui. C’était une conviction qu’il avait, mais qu’il avait appris à garder pour lui au risque de s’attirer les gros yeux de ses proches le cas échéant – et sans surprise, ces derniers n’avaient pas été enchantés d’apprendre qu’il avait acheté une moto et décidé de passer le permis pour aller avec. Mais que tout le monde se rassure, derrière le guidon de sa Yamaha le brun avait rapidement compris que la vitesse n’était en rien nécessaire pour profiter de la liberté qu’offrait cette nouvelle façon de rouler, qu’il s’agisse de fendre une route déserte en profitant de la sensation du vent contre ses vêtements, ou simplement de slalomer entre les voitures aux heures où le trafic du centre-ville relevait de l’enfer. Et dans le cas présent, d’atteindre sa destination un peu plus vite pour leur éviter à Juliana et à lui de terminer tremper des pieds à la tête.

À ce sujet il s’en était fallu de peu, mais soucieux l’un et l’autre d’échapper au déluge les deux jeunes gens s’étaient réfugiés sur le perron de la blonde avec ce qui ressemblait à un soupir de soulagement. On était toujours mieux au sec, et devant le peu d’entrain qu’il avait à repartir sous pareille averse, Hassan s’était autorisé à quémander l’asile au moins le temps que la météo redevienne plus raisonnable. « Tu crois vraiment que je vais te laisser repartir sous la pluie alors que tu m’as permis de l’éviter ? Je croyais que tu me connaissais mieux que ça. » Il n’en avait pas douté un seul instant en réalité, mais ne se serait pas imaginé s’imposer sans même demander la permission. « Ma mère m’a toujours appris à ne pas m’imposer chez autrui sans y avoir été invité. » s’était-il donc contenté de répondre d’un ton amusé, la discussion aussitôt interrompue par l’accueil enthousiaste des deux chiens de l’infirmière, qui après avoir réclamé leur dose de caresses auprès de leur maîtresse étaient allés renifler l’invité avec curiosité. « Ils sont bien tous pareils. » Posant un genou à terre, le brun avait flatté le pelage des deux animaux avec habitude, faisant bien évidemment référence à ses deux propres compagnons canins, animés du même enthousiasme chaque fois qu’il passait la porte de chez lui peu importe qu’il se soit absenté un quart d’heure ou douze heures.

Laissant néanmoins là les animaux, l’enseignant avait ôté son blouson mouillé pour l’accrocher au porte-manteau de l’entrée, puis suivi Juliana jusqu’à la cuisine où elle avait aussitôt demandé « Tu veux boire quelque chose ? » Plus par habitude que par le fruit d’une longue réflexion, Hassan avait acquiescé « Je ne dis pas non à un thé, s’il t’en reste. » et on était en droit de se demander s’il existait un espace-temps où il lui arrivait effectivement de refuser un thé, tant son sang devait en être composé à cinquante pour cent à force d’en boire. « J’ai l’impression que ça fait une éternité que l’on ne s’est pas retrouvés ensemble. » Tirant une chaise pour s’y installer, il avait levé les mains comme pour admettre sa part majoritaire de responsabilité « Et c’est entièrement de ma faute, j’admets être un véritable courant d’air, ces derniers temps. » Ce n’était pas plus dirigé contre Juliana que contre qui que ce soit d’autre, d’ailleurs, Hassan était simplement incapable de gérer son emploi du temps de manière raisonnable. Il ne disait jamais non à rien, et refusait de croire qu’un jour ou l’autre tout cela finirait bien par lui retomber sur le coin du nez. « Mais le père de Yasmine devrait quitter l’hôpital d’ici la semaine prochaine, alors j’aurai à nouveau un peu plus le temps de traîner après le bénévolat. » Pour l’heure, il se contentait de filer à l’étage où se trouvait la chambre d’Amjad à peine sa lecture terminée, mais doutait que quiconque ne lui en tienne rigueur. En pédiatrie plus personne n’ignorait, et depuis bien avant que Yasmine abandonne sa blouse d’infirmière pour ne réapparaître qu’en tant que bénévole, qu’Hassan et elle faisaient pratiquement partie de la même famille. « Comment est-ce que tu vas, toi ? » La question se voulait pudique, comme souvent avec le brun, qui n’ignorait pourtant pas que la vie de veuve ne devait pas être facile tous les jours, et qu’il devait encore y en avoir de plus compliqués que d’autres.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyJeu 10 Fév 2022 - 7:34

Avant de prendre son service, Juliana ne s’était pas posée la question de savoir s’il allait pleuvoir. Il fallait avouer que normalement, elle aurait été bien au chaud dans sa voiture plutôt qu’à aller prendre le bus. Par chance, Hassan était sortit en même temps qu’elle de l’hôpital et lui évitait de se retrouver sous un déluge. Juste à temps certes mais aucune goutte d’eau ne les avait touchés ce qui était inespéré. Alors lorsqu’après son gentil geste Hassan lui demanda s’il pouvait rester, elle ne pu s’empêcher de sourire. Avec une averse pareille, il n’avait même pas besoin de demander. Excepté que comme elle, il le ferrait dans tous les cas même s’il se savait le bienvenue. « Ma mère m’a toujours appris à ne pas m’imposer chez autrui sans y avoir été invité. » Elle sourit à nouveau. Elle n’avait jamais rencontré la mère d’Hassan mais elle n’était pas surprise le moins du monde parce qu’il lui disait. [color=crimson]« Elle t’a bien éduqué alors mais tu peux t’imposer sans problème. Ce n’est pas comme si j’allais m’y opposer. » Juliana était plutôt seule depuis la mort de son mari. Il n’y avait personne pour s’opposer à ce qu’Hassan soit présent. Pas qu’Ian se serait opposé à ça. Il n’avait jamais été du genre jaloux et n’avait d’ailleurs pas besoin de l’être. Hassan était un ami, rien de plus. Elle sortit de ses pensées en voyant ses chiens arrivés vers elle. Elle leur sourit, les caressant mais il avaient déjà bien l’air d’aller voir ailleurs. Elle n’était pas vraiment surprise. « Ils sont bien tous pareils. » Elle sourit. « Oui c’est sûr et puis, ils doivent sentir tes chiens. » Elle espérait juste qu’ils n’allaient pas trop embêter de le jeune homme en essayant de chercher un peu trop l’odeur.

Elle se rapprocha de la cuisine avant de demander à Hassan s’il voulait boire quelque chose. Ils ne savaient pas braiment quand l’averse allait passer et elle-même avait envie de boire quelque chose. « Je ne dis pas non à un thé, s’il t’en reste. » Il valait mieux que ce soit du thé que du café. La jeune femme avait vraiment horreur de la boisson noire et elle ne comprenait toujours pas comment les gens faisaient pour en boire autant. On avait beau lui dire que c’était pour la caféine, elle ; elle ne voyait aucune différence alors elle était plutôt du genre à se replier sur les jus de fruits et les milkshakes. « Je vais nous en faire. » Juliana faisait en général du thé que pour ce qu’il fallait alors il y en avait jamais de trop. « Quel parfum veux-tu ? » Elle avait toute une variété, plus pour les autres que pour elle, se contentant en général de menthe ou fruits rouges.

Elle ne put s’empêcher de lui donner son impression sur le fait qu’ils ne s’étaient pas vu depuis un moment. Elle n’ignorait pas que le père de Yasmine était à l’hôpital et qu’il passait beaucoup de dans près de lui. Elle avait juste l’impression que c’était bien plus lointain que ça. Probablement parce que ça lui manquait de parler avec lui. « Et c’est entièrement de ma faute, j’admets être un véritable courant d’air, ces derniers temps. » Elle sourit. Elle ne lui en tenait vraiment pas rigueur, c’était la vie. Parfois, on voit les gens très souvent et tout d’un coup, plus rien pendant une longue période. Elle ne s’en formalisait pas le moins du monde. Elle finissait par s’y habituer. « Mais le père de Yasmine devrait quitter l’hôpital d’ici la semaine prochaine, alors j’aurai à nouveau un peu plus le temps de traîner après le bénévolat. » Elle sourit. C’était une bonne nouvelle pour lui et aussi pour Yasmine. Elle se dit d’ailleurs qu’il faudrait qu’elle appelle son amie pour lui proposer son aide si jamais elle avait besoin de quelque chose par rapport à son père. « C’est normal que tu n’ai pas le temps, ne t’en fait pas. Ca me manque juste de moins te voir. Comment va-t-il ? Je suppose que s’il sort c’est qu’il va mieux ? » Elle l’espérait grandement en tout cas. Parfois les gens sortaient pour les dernières heures parce que rester à l’hôpital ne changerait rien. Elle se disait juste que si Hassan avait plus de temps pour rester c’était que les choses s’arrangeaient.

Elle récupéra la bouilloire qui commençait à faire des siennes avant de verser le thé dans la tasse de son ami. « Comment est-ce que tu vas, toi ? » Elle sourit. Ca allait mieux. Elle reprenait sa vie. Elle n’avait de toute manière pas le choix que d’avancer. Elle ressentait toujours l’absence de Ian dans la maison mais elle semblait s’y accommoder. « Oh, ça va. JE suis pas mal occupée avec le travail. On a beaucoup d’arrêter maladie en ce moment donc je prends le relais. Et toi ? Je veux dire à part par rapport au père de Yasmine ? » Elle doutait que ça devait être facile pour lui.

@Hassan Jaafari (juliassan) go get out and let it rain 2891754501
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptySam 5 Mar 2022 - 2:45

Peu importait l’heure, le jour ou la saison, chaque occasion pour un thé était bonne à prendre aux yeux d’Hassan. Comme le café pour tant d’autres la boisson avait un côté social : elle était une excuse pour lever un moment le nez de son travail ou de son ouvrage, elle se partageait avec un collègue, un ami, un familier, elle réchauffait les doigts l’hiver et l’âme toute entière à tout moment de l’année. S’il se levait du bon pied Hassan prenait un thé, s’il n’allait pas bien il prenait un thé, s’il avait froid il prenait un thé, s’il s’ennuyait il prenait un thé … Et face à Juliana, alors que la pluie s'abattait si fort dehors qu’ils allaient bientôt pouvoir chasser le poisson au harpon directement dans le caniveau, le voilà qui réclamait un thé à nouveau. « Je vais nous en faire. » avait aussitôt indiqué la blonde dans un sourire. « Quel parfum veux-tu ? » Gardant pour lui la panoplie d’arômes plus ou moins originaux qui peuplaient les placards de sa cuisine, le brun avait dodeliné la tête et questionné « Menthe, si tu as ? » avant de hausser les épaules. « Ou peu importe, je ne suis pas difficile. » Du thé restait du thé, au fond, et il aurait bien le temps de jouer les disciples de l’art du thé et de ses nuances par milliers un jour où il serait dans sa propre cuisine. Tirant à lui l’une des chaises à sa portée, le brun s’était installé à table pour ne pas rester bras ballants et avait rebondi aussitôt sur la remarque de son hôte concernant le temps depuis lequel ils ne s’étaient pas vus – il n’aurait pas su dire depuis quand exactement, mais pouvait affirmer que cela faisait un moment. Et au fond c’était un peu l’histoire de sa vie, actuellement. « C’est normal que tu n'aies pas le temps, ne t’en fait pas. Ça me manque juste de moins te voir. » Au sourire de Juliana Hassan avait répondu par un autre, tranquille, et les mains parfaitement incapables de rester inoccupées le brun s’était saisi de la petite coupelle en mosaïque posée au milieu de la table. « Comment va-t-il ? Je suppose que s’il sort c’est qu’il va mieux ? » Acquiesçant d’un signe de tête, il avait aussitôt relevé les yeux vers l’infirmière « C’est pas encore la forme olympique, mais il a fait le plus dur, oui. » Après bien des semaines d’inquiétude durant lesquelles tout son entourage s’était succédé à son chevet pour s’assurer qu’il ne soit jamais seul plus que ce qu’imposait le règlement de l’hôpital, Amjad allait enfin pouvoir quitter l’environnement aseptisé de sa chambre pour retrouver le confort et la chaleur de sa maison. Loin, très loin des plats sans assaisonnement contre lesquels il n’avait de cesse de bougonner depuis qu’il avait retrouvé l’usage de la parole, lui depuis si longtemps habitué à la cuisine de son cordon bleu d’épouse.

Mais si l’AVC du patriarche Khadji semblait se flouter peu à peu, tel un mauvais rêve dont on ne souhaitait pas spécialement qu’il nous reste en mémoire avec précision, le brouillard dans lequel il avait plongé l’intégralité du clan étendu Khadji-Jaafari leur avait à tous causé suffisamment de souci pour que le reste soit subitement relégué au second plan. Et puisque tout bonnement incapable de lever le pied d’un point de vue professionnel tant Hassan avait pris le pli de se raccrocher à son travail, c’était donc sans surprise ses relations avec autrui qui en avaient pâti le plus – mais s’il s’en excusait pour la forme, bien mal aurait été reçu celui qui aurait eu l’idée saugrenue de lui en tenir rigueur. Pour autant, l’heure était peut-être au fait de chercher à se rattraper, et marchant sur des œufs il avait tout de même pris le risque de questionner Juliana sur sa forme et son moral. « Oh, ça va. Je suis pas mal occupée avec le travail. On a beaucoup d'arrêts maladie en ce moment donc je prends le relais. » Un brin évasive, la blonde semblait se préférer occupée plutôt qu’à contempler le vide et le silence que seuls ses chiens trouvaient encore à troubler dans la maison. « Et toi ? Je veux dire à part par rapport au père de Yasmine ? » La laissant servir le thé dans les tasses qu’elle venait de déposer sur la table, il avait eu un mouvement d’épaule résigné « Ça va. Ça nous a tous un peu remués, mais … » Mais encore une fois, Amjad semblait sur une pente ascendante désormais, et ses médecins veillaient au grain pour que les mesures prophylactiques visant à préserver sa santé vieillissante soient respectées à la lettre. « C’est bête, je sais que tout le monde vieillit, mais avant que ça arrive j’avais tendance à voir les parents de Yasmine comme si le temps n’avait pas d’emprise sur eux. » Comme s’ils étaient toujours les mêmes Fatima et Amjad que ceux qui avaient séché leurs larmes à Qasim et à lui vingt-cinq ans plus tôt, à la perte de leurs propres parents.

Sa tasse de thé fumant devant lui, Hassan avait eu l’air songeur un instant. Il repensait à cette série Netflix dévorée en une nuit d’insomnie quelques temps plus tôt. L’idée même de vieillir y était remise en question, et par d’habiles supercheries scénaristiques on finissait par accepter sans broncher la vision de ces personnages qui rajeunissaient d’épisode en épisode, parfois de scène en scène, tout en sachant la chose parfaitement contre-nature. Car qui n’y avait jamais songé, au fond ? Qui n’avait jamais scruté son reflet dans le miroir en se demandant si cette ride était déjà là la veille, et si la faire disparaître ne méritait pas quelques sacrifices. Et si le coeur d’Hassan s’était serré de voir ainsi deux amants vieillissants s’aimer à nouveau un peu plus fort à mesure que s’effaçaient les marques du temps sur leurs visages, c’était probablement d’avoir compris que ce n’était pas vieillir qui lui faisait peur, mais de voir ceux qui l’entouraient vieillir eux aussi. Le monologue sur la vie et la mort, enfin, avait réveillé des souvenirs enfouis au fin fond de ce que son propre flirt avec la maladie avait laissé comme traces, toujours indélébiles des années après. « On oublie vite que les choses et les gens ne sont pas éternels. » avait-il finalement murmuré d’un ton songeur, prenant une gorgée de thé après en avoir respiré l’odeur familière. « Excuse-moi. Je te dis ça à toi, alors que … » Alors qu’elle en avait fait la douloureuse expérience plus récemment que lui.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyDim 26 Juin 2022 - 18:43

Juliana s’était aventurée dans la cuisine pour proposer à boire à son ami. Elle n’était pas une experte du tout et préférait les choses basiques en générales sans se compliquer la vie. « Menthe, si tu as ? Ou peu importe, je ne suis pas difficile. » Elle sourit. Le thé à la menthe était son préféré. Certes, elle était incapable de le préparer véritablement comme le ferait quelqu’un de perfectionné dans l’art du thé mais c’était toujours celui qu’elle appréciait le plus. Probablement parce qu’elle trouvait le goût moins fade que beaucoup d’autres saveurs. Elle laissa l’eau chauffer le temps de s’intéresser plus à Hassan et au père de Yasmine. « C’est pas encore la forme olympique, mais il a fait le plus dur, oui. » Elle ne put s’empêcher de se dire qu’au moins, il avait eu de la chance de s’en sortir. Ce n’était pas le cas de tout le monde et certains restaient avec des conséquences. Elle espérait que ce ne soit pas le cas d’Amiad. Elle savait qu’Hassan était proche de lui et espérait sincèrement que ça serait encore le cas pour longtemps. « C’est une bonne nouvelle. » Au moins, il ferrait encore partie de ce monde pour un moment. Elle but un peu de thé avant de lui demander comment lui-même allait. Hassan prenait du temps pour Amiad mais avait-il pris du temps pour lui ces derniers temps, elle en était moins sûr. Physiquement, il avait l’air en pleine forte, mentalement, c’était toujours plus dur. C’est toujours le cas lorsque l’on se retrouve à presque perdre quelqu’un que l’on pense sera là pour longtemps encore ou toujours. Parfois, à force que les gens soient une constante dans notre vie, on oublie qu’ils peuvent parler bien plus rapidement que ce que l’on croit et ce n’est jamais plaisant. « Ça va. Ça nous a tous un peu remués, mais … C’est bête, je sais que tout le monde vieillit, mais avant que ça arrive j’avais tendance à voir les parents de Yasmine comme si le temps n’avait pas d’emprise sur eux. On oublie vite que les choses et les gens ne sont pas éternels. Excuse-moi. Je te dis ça à toi, alors que … » Juliana sourit. C’était gentil qu’il pense qu’il ait fait une erreur en parlant de ce qu’il ressentait. Il était vrai que l’on tente toujours de s’excuser lorsque la personne en face de nous a souffert. Pourtant, c’est la vie, rien ne pourra y changer. Elle n’ira pas jusqu’à dire que ça ne lui fait pas du mal de penser à Ian ou à sa mort mais il fallait qu’elle avance. Il n’aurait pas voulu la voir malheureuse ; surtout qu’il avait toujours aimé sa positivité et son sourire. Il lui avait répété de nombreuses fois que son sourire illuminait la pièce. Elle avait fini par le croire. « Oh ne t’en fait pas pour ça. » Depuis la mort d’Ian, presque deux ans plus tôt, les gens étaient passés à autre chose. Elle-même tentait d’avancer du mieux qu’elle pouvait. Ce n’était pas toujours facile, pensant encore de temps en tant qu’il passera la porte et s’excusera de sa longue absence. « C’est vrai que l’on pense toujours que les gens sont éternels jusqu’à ce que l’on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. Malheureusement, ça fait toujours un choc qu’importe les circonstances. » Un peu plus ou moins profond mais un choc quand même. « Au moins, Amiad a pu compter sur toi. C’est important pour un rétablissement. Savoir que l’on a des gens autour de soient qui seront là à notre retour est toujours plus facile pour se battre. » Parce que finalement, c’était toujours plus ou moins ça la raison de la continuité. Savoir que l’on avait des gens qui nous attends et qui seront là pour nous. C’est alors plus facile de vouloir s’en sortir.


@Hassan Jaafari (juliassan) go get out and let it rain 2891754501
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyVen 16 Sep 2022 - 12:55

Si Hassan pouvait sans trop mentir se targuer de n’être jamais malade – le cancer était une exception à la règle bien suffisante – il était malgré tout de ceux qui arpentaient les couloirs du Saint-Vincent de manière bien trop régulière et depuis bien trop longtemps … Et pas uniquement parce qu’il y avait vu le jour quatre décennies en arrière. Casse-cou depuis toujours, enfant difficile à canaliser et adolescent en constante recherche de ses propres limites, il pouvait remercier les heures passées sur son vélo et sur les terrains de rugby pour les fractures, luxations et autres commotions légères lui ayant valu un passage aux urgences. Et si depuis son “accident” de voiture six ans plus tôt il tendait à ne plus fréquenter le Sait-Vincent autrement que comme bénévole, Rhett puis Amjad s’étaient relayés à un an d’intervalle pour lui faire endosser un rôle qu’il aimait encore moins que celui de patient : celui de proche impuissant et désemparé. On ne s’y habituait jamais, à ces brusques rappels que nul n’était éternel et que la vie ne tenait parfois qu’à un fil – et surtout on touchait là à ce qui était probablement la plus grande peur d’Hassan : le vide et la solitude que causait la perte d’un être cher. Mais à rêvasser et se laisser porter par ses propres réflexions, le brun avait fini par en manquer de délicatesse ; Car en la matière, il n’avait rien à apprendre à Juliana, le statut de veuve enchaîné à la cheville. « Oh ne t’en fait pas pour ça. » lui avait-elle pourtant opposé avec un sourire en apparence léger. « C’est vrai que l’on pense toujours que les gens sont éternels jusqu’à ce que l’on s'aperçoive que ce n’est pas le cas. Malheureusement, ça fait toujours un choc qu’importe les circonstances. » Sans doute. Et malgré tout, les lèvres trempant dans sa tasse de thé Hassan ne pouvait s’empêcher de songer que les choses étaient peut-être un peu moins difficiles à accepter lorsque l’on avait pris le temps de s’y préparer. « Au moins, Amjad a pu compter sur toi. C’est important pour un rétablissement. Savoir que l’on a des gens autour de soi qui seront là à notre retour est toujours plus facile pour se battre. » Fixant un instant le fond de sa tasse, le brun avait mollement secoué la tête « Oh, moi je n’ai pas fait grand-chose … » Ni lui ni Qasim, partagés entre l’envie d’être là et la volonté de ne pas outrepasser la place qui était la leur – un pas derrière les autres Khadji. « Mais on essaye d’être tous là à notre échelle. Yasmine et son frère, surtout … ça faisait longtemps qu’il n’avait pas pu profiter de ses deux enfants dans la même pièce. » C’était au moins la chose positive à retenir de tout ce capharnaüm : avoir permis à Sohan de remettre timidement un pied dans la dynamique familiale. Personne ne savait si cela durerait, tout le monde se désolait qu’il ait fallu attendre de telles circonstances pour réunir tous les Khadji, mais dans l’immédiat tous se contentaient de profiter de l’accalmie que cela représentait.

L’heure d’Amjad n’était simplement pas encore venue, celle du mari de Juliana était venue sans crier gare et bien plus tôt que n’importe qui l’aurait imaginé, de même que celle de la petite Clary de pédiatrie n’aurait pas dû venir si vite. A tout cela Hassan ne cherchait pas vraiment de sens, convaincu que même ce qui paraissait inexplicable n’avait pas été écrit sans raison ; Il faisait à nouveau une place à ces croyances dont il avait un temps douté, mais qui une fois encore l’avaient aidé à apaiser son cœur et son âme. Mais si sa foi l’aidait à prendre du recul et à voir les choses dans un ensemble plus large, certaines fatalités lui semblaient si difficile à accepter qu’il ne se sentait pas les épaules pour s’y confronter quotidiennement ; Une tâche ardue à laquelle Juliana se prêtait chaque fois qu’elle revêtait sa tenue d’infirmière. « J’vous admire vraiment pour votre capacité à encaisser ce boulot. » avait-il fini par songer à voix haute, l’englobant dans un “vous” qui désignait toutes celles et ceux qui veillaient sur les petits patients de pédiatrie et assistaient à des moments d’espoir comme à des moments de désillusion à la hauteur de ce jour-là. « J’pense pas que je pourrais. » Gérer les petits du club de rugby ou les presque-adultes qui lui faisaient face à l’université était dans ses cordes, mais se confronter quotidiennement à la souffrance d’êtres humains miniatures qui à leur âge auraient dû n’avoir que des soucis d’enfants dont se préoccuper, c’était au-delà de ses compétences. Leur lire des histoires où faire des activités manuelles avec eux deux heures par semaine, c’était le maximum qu’il puisse (qu’il veuille) faire. « T’as toujours voulu faire ça ? Infirmière, j’entends. T’étais de ces petites qui jouent au docteur avec leurs peluches ? » Yasmine était comme ça enfant, il s’en rappelait. Bien sûr elle se serait plutôt rêvée médecin qu’infirmière, mais le domaine médical lui semblait n’avoir jamais été sujet à hésitation. Tout le contraire d’Hassan, en somme, qui ne s’était découvert une vocation pour l’enseignement que sur le tas, lorsqu’il était devenu chargé de travaux dirigés en parallèle de son doctorat.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptyMar 27 Sep 2022 - 18:08

La vie à l’hôpital n’était jamais de tout repos, qu’on y soit parce que l’on y travaille ou simplement parce que l’on était patient ou visiteur. Certains services étaient plus calmes que d’autres, c’était sûr mais jamais on n’était à l’abri de ce qui allait se passer. « Oh, moi je n’ai pas fait grand-chose … » Elle sourit. Il ne savait probablement pas que tous ces jours présents avaient aidés Amjad. Elle ne le connaissait pas mais elle avait toujours entendu dire que c’était plus facile lorsque les patients avaient des gens présents pour eux. Elle savait qu’Amjad avait eu un grand soutient ce qui avait probablement aidé. Après tout, la science n’est jamais certaine bien qu’elle aide dans les traitements. Le moral est aussi un grand facteur de succès, qu’on le croit ou non. « Mais on essaye d’être tous là à notre échelle. Yasmine et son frère, surtout … ça faisait longtemps qu’il n’avait pas pu profiter de ses deux enfants dans la même pièce.. » Elle n’avait pas tous les tenants et aboutissants de la famille d’Hassan mais elle était contente de savoir qu’au moins, s’il y avait eu des différents, ils avaient tous été là pour Amjad. C’était au fond ce qui comptait le plus, pourquoi mettre de côté ses rancœurs pour être présents dans les moments importants. « Ca a dû aidé de les voir ensemble. Au moins pour un moment. Il aura encore besoin de votre soutien à tous si la bataille n’est pas terminée. » Elle n’avait jamais eu à être au chevet d’une personne qu’elle aimait comme Hassan l’avait été pour Amjad sans savoir s’il le verrait le lendemain ou non. Elle n’avait jamais eu à endurer ça et au fond d’elle, elle en était reconnaissante. Elle se doutait que ce n’était pas forcément évident de garder un moral fort dans ce genre de moments. « Si jamais tu as besoin d’en parler, de déverser tes frustrations ou juste de compagnie, tu sais que je suis là. » C’était peut-être un peu tard maintenant que le père de famille était sorti de l’hôpital mais elle restait disponible. Au fond, elle avait toujours été disponible. Elle était habituée à encaisser la douleur qui n’était pas relative à elle. « J’vous admire vraiment pour votre capacité à encaisser ce boulot. » Elle sourit. Elle savait que ce qu’elle faisait était une passion. On n’était pas dans ce département juste par qu’il fallait être quelque part. C’était un choix. Être confronté à la perte de vie de jeunes âmes ne pouvait être accepté que si l’on savait que l’on avait tout fait pour aider l’enfant. Elle savait aussi qu’au moins, lorsqu’une petite âme partait, elle ne souffrait plus ce qui la soulageait malgré la souffrance qu’elle voyait dans les yeux des parents. « T’as toujours voulu faire ça ? Infirmière, j’entends. T’étais de ces petites qui jouent au docteur avec leurs peluches ? » Elle souleva les yeux pour regarder son ami. « Pas vraiment non. Enfin je ne savais pas quoi faire lorsque j’étais petite. Il y a ceux qui ont toujours su, ceux qui changent d’idées dès qu’ils ont une nouvelle passion. Moi j’ai su assez tôt que je voulais travailler avec des enfants mais j’avais douze/treize ans lorsque j’ai su que je voulais être infirmière. J’ai toujours voulu être utile et j’adore mon métier pour ça bien que ce ne soit pas tous les jours faciles. C’est triste de se dire qu’au fond on s’y habitue un petit peu. La peine est moindre que ce que à quoi on s’attend. Au fond, tu n’as pas le choix si tu veux pouvoir continuer à travailler sereinement. » Pas toutes les peines non. Certaines sont plus dures que d’autres, spécialement lorsqu’elle ne s’y attend pas. Elle tente juste de ne pas trop y penser et de garder la tête haute pour avancer. Sourire, aller passer du temps avec les petits patients l’aidaient à garder son envie de continuer. Il fallait dire que si elle devait changer de métier, elle ne serait pas quoi faire. Elle était bien trop habituée à être dans un environnement changeant. Elle aimait ça ; le changement, la rapidité des choses mais aussi les moments plus calmes la nuit à surveiller les petites bouilles endormies. « Tu sais, ce qui est le plus dur depuis quelques temps. Ce n’est pas vraiment de me dire que je perds un petit patient. C’est de me dire qu’aucun d’eux ne sera jamais le mien. » Hassan était une des rares personnes à savoir qu’elle était stérile. Ca n’était jamais évident d’en parler mais avec lui, elle se sentait libre de le faire et de lui faire part de ses inquiétudes. Elle savait que perdre un enfant était dévastateur pour les parents mais au moins, ils avaient eu connu l’amour d’être un père et une mère. Elle n’aurait jamais ça ; ou en tout cas, pas biologiquement. Elle sentit ses chiens se blottir contre elle, sentant une douleur qu’elle évitait de montrer.

Elle secoua la tête. « Et toi ? Tu as toujours voulu être professeur ? » Juliana avait toujours trouvé que c’était un métier noble d’éduquer les autres. Elle savait cependant que ce n’était pas pour elle. Elle s’ennuierait à répéter les mêmes choses sans avoir de pratique concrète avec.


@Hassan Jaafari (juliassan) go get out and let it rain 2891754501
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain EmptySam 7 Jan 2023 - 14:16

Chaque famille avait ses problèmes, assurément, et en cherchant un peu il était toujours possible de trouver pire que soit ailleurs, mais que Sohan ait passé plusieurs années sur le banc de touche de sa propre famille démontrait bien que l’harmonie pouvait manquer même dans celles où chacun s’aimait. Et chacun s’y était usé la santé, Yasmine la première, quand bien même l’âge aidant le patriarche était celui à en avoir fait les frais de la manière la plus spectaculaire … Tout ce qu’espérait Hassan désormais, comme chacun d’eux, était que cette mésaventure leur serve de leçon à tous. « Ça a dû aider à les voir ensemble. Au moins pour un moment. Il aura encore besoin de votre soutien à tous si la bataille n’est pas terminée. » Et il l’obtiendrait sans mal, c’était une certitude, mais aucun d’entre eux n’avait envie d’une autre issue que celle qui mènerait Amjad à quitter enfin l’hôpital pour terminer sa convalescence chez lui, dans un environnement plus calme et plus familier. « Si jamais tu as besoin d’en parler, de déverser tes frustrations ou juste de compagnie, tu sais que je suis là. » Esquissant un sourire, Hassan avait bu une gorgée de thé en hochant la tête, et répondu avec douceur « C’est gentil. Mais ça va aller … J’aimerais bien ne plus avoir à visiter autre chose que le service de pédiatrie, jusqu’à nouvel ordre. » Optimiste qu’il était, Hassan, à mille lieues de s’imaginer que quelques mois plus tard son ex-femme ferait une entrée galopante dans la patientèle du service d’oncologie, et pour une issue malheureusement moins favorable que celle dont Amjad, Rhett et lui-même avaient en leur temps bénéficié.

Peu importe le temps qu’il passerait à donner de sa personne en pédiatrie, Hassan verrait toujours l’hôpital avec des yeux de patient. Impossible dès lors pour lui de concevoir que l’on puisse s’y épanouir au même titre que lui s’épanouissait dans le décor familier de l’université, où il évoluait comme un poisson dans l’océan depuis (presque) deux décennies. Mais il était probablement fait pour cela, de la même façon que la blonde était faite pour le métier d’infirmière. Pour autant, elle avait secoué la tête lorsqu’il avait évoqué l’idée d’une vocation précoce, probablement influencé par ses souvenirs de la Yasmine haute comme trois pommes et déjà soucieuse de soigner l’intégralité de son coffre à jouets. « Pas vraiment non. Enfin je ne savais pas quoi faire lorsque j’étais petite. Il y a ceux qui ont toujours su, ceux qui changent d’idées dès qu’ils ont une nouvelle passion. Moi j’ai su assez tôt que je voulais travailler avec des enfants mais j’avais douze/treize ans lorsque j’ai su que je voulais être infirmière. » Douze ou treize ans cela semblait malgré tout relativement tôt pour savoir quoi faire de sa vie future – à cet âge-là, Hassan n’était encore intéressé que par le rugby, ses copains et les filles (un peu). « J’ai toujours voulu être utile et j’adore mon métier pour ça bien que ce ne soit pas tous les jours faciles. C’est triste de se dire qu’au fond on s’y habitue un petit peu. La peine est moindre que ce à quoi on s’attend. Au fond, tu n’as pas le choix si tu veux pouvoir continuer à travailler sereinement. » Sans doute, oui. Et le brun comprenait sans mal que s’habituer soit une condition nécessaire pour ne pas se laisser bouffer petit à petit – mais lui-même avait la certitude qu’il n’en aurait jamais été capable.

Laissé songeur par la réponse de Juliana, il avait pris une gorgée de thé en silence, lequel n’avait durant quelques instants été troublé que par le bruit de la pluie contre les vitres de la cuisine. La blonde elle aussi semblait pensive, et les mots semblant d’abord hésiter à sortir de sa bouche elle était néanmoins parvenue à murmurer sur le ton de la confidence « Tu sais, ce qui est le plus dur depuis quelque temps. Ce n’est pas vraiment de me dire que je perds un petit patient. C’est de me dire qu’aucun d’eux ne sera jamais le mien. » Que répondait-on à cela ? Quelles paroles auraient l’air de ne pas être vaines, dans la bouche de quelqu’un qui tentait d’apprivoiser les mêmes désillusions ? « On a tous nos raisons de traîner dans ce service, pas vrai. » Quelque chose à compenser, à tenter d’apprivoiser, ou simplement un moyen d’apprendre à se contenter de ce qu’on pouvait donner et recevoir, plutôt que de courir sans cesse après ce qui était hors de portée. « Mais je pense pas qu’il y ait quoi que ce soit d’enviable dans la place des parents de ces petits. » Hassan n’avait peut-être pas d’enfants, n’en aurait sans doute jamais, mais il n’avait pas besoin de cela pour savoir qu’il n’y avait probablement rien de pire pour un parent que de voir la maladie grignoter (et parfois emporter) sa chair et son sang sans avoir la moindre emprise sur la situation. Laissant échapper un soupir, Juliana avait secoué la tête « Et toi ? Tu as toujours voulu être professeur ? » Le revirement de conversation manquait de naturel, mais pour autant le brun avait saisi la perche au vol et répondu par un hochement de tête négatif avant d’enchaîner « Oh non, pas du tout. Je voulais travailler pour l’ONU. » Désormais la chose l’amusait. Il aurait pu, il se savait de taille à s’en donner les moyens, mais à l’heure des choix il avait préféré en faire un autre. « Mais je m’étais fait embaucher comme chargé de TD pendant mon doctorat, ça me permettait de ne pas m’éparpiller en dehors du campus, et ma copine était encore étudiante à temps plein alors ça nous arrangeait bien. » Puis de copine Joanne était devenue sa fiancée, sa femme, et finalement son ex-femme. Aujourd’hui elle était son amie, en dépit de tout ce qui les avait un temps séparés, quant à la vocation d’Hassan … « Finalement j’ai attrapé le virus de l’enseignement. C’était pas prévu, mais je regrette pas, au contraire. » Aujourd’hui il avait l’impression d’être fait pour cela, au point de ne pas s’imaginer un instant faire autre chose. Le temps qu’il donnait à ABC n’était pas pour lui déplaire, mais s’il devait un jour sacrifier l’une de ses casquettes, l'université resterait toujours sa priorité. « Il ne pleut plus. » A l’extérieur, les nuages semblaient en effet avoir terminé de déverser leur colère, quant à la tasse d’Hassan elle était pratiquement vide. Deux signes qu’il allait être temps pour lui de prendre congé.

Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

(juliassan) go get out and let it rain Empty
Message(#)(juliassan) go get out and let it rain Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

(juliassan) go get out and let it rain