| | | (#)Mer 6 Oct 2021 - 15:20 | |
| J'ai un pincement au coeur quand j'reconnais cette silhouette à quelques mètres de moi. Un pincement au coeur parce que ça fait plusieurs années qu'au final, j'ai plus revu Sam. Parce que Angus m'en donne plus le droit. Parce que Angus a décidé que c'était terminé tout ça. Mais qu’est ce que Sam fou ici ? La nuit vient de tomber et il est là, près de la route, à l’opposé de chez lui et j’ai pas l’impression que sa mère ou son frère soit dans l’coin. J’regarde autour de lui, quand même avant de m’approcher pour aller vers lui. « Sam. » le gamin bronche pas. Il a le nez levé en l’air, il a l’air de murmurer des trucs, mais j’comprends pas, c’est pas audible. « Sam ! » je pose ma main sur lui et d’un réflex il fait un bon sur le côté, pour s’éloigner de moi. Merde, il a surement été pris par surprise, Angus m’avait dit à plusieurs reprises que Sam supportait pas qu’on le touche, que c’était lié à sa maladie mais avec moi, la barrière avait été levée depuis bien longtemps. Ca m'fait tout drôle... I « Désolé, Sam. Dis, qu’est-ce que tu fais là, tout seul ? » il a toujours le nez vers le ciel, les étoiles sont à peine visible à cause de la pollution nocturne. « J’appelle ton frère, ok ? » le gamin me regarde enfin. « J’appelle Angus, il va venir. » et il dit rien de plus, il reste mutique. Je sors mon téléphone, essai d’appeler Angus, mais je sais d’avance qu’à partir du moment où il va voir mon numéro s’afficher, il voudra pas répondre. Il fait chier, il m’emmerde, j’le déteste. J’insiste, encore, deux ou trois appels mais rien. J’finis par envoyer un message.
- je suis avec ton frère, brunswick st. Il est tout seul. Et là par contre, il lui faut moins de quatre secondes pour répondre à mon message. Pauvre type. Il arrive, il cherche même pas à comprendre. Si ca s’trouve, ca fait trois heures qu’il cherche son frère partout, j’en sais rien. Mais s’il avait eu un doute, il m’aurait sans doute demandé des preuves, une photo, un vocal – encore faut-il qu’il accepte de me dire un mot. Et moi, j’ai plus qu’à rester là, avec la petite tête toute bouclée. Le temps est super long, heureusement, il fait pas bon et j’ai encore de la batterie sur mon téléphone, ca me permet d’aller faire un tour sur Instagram, en attendant que le Sutton ne débarque. Et dire qu’il va se contenter de récupérer son frère et qu’il me dira à peine merci. Tout ça pour ça… « Ca fait deux ans, quatre mois et trois jours qu'on s'est pas vu. » ah ouais, c'était précis, dis donc... je pensais pas qu'il finirait par briser le silence en entrant dans le vif du sujet comme ça. « t’es née le jeudi 8 aout 1996, t’es Lion. Mais la constellation lion n’est pas visible dans l’hémisphère sud. Par contre, si tu habites à Londres, tu peux la voir. » j’avais oublié à quel point ce môme, - quand il se décide à ouvrir la bouche – pouvait dire des choses intelligente. Et surtout, j’étais surprise de voir qu’il se souvenait si parfaitement de ma date de naissance. Même moi, je savais pas que c’était un jeudi. Mais, Angus m’avait déjà dit qu’il était capable de donner le jour de n’importe quelle date… incroyable. Et souvent, j'm'amusais à lui balancer n'importe quelle date pour voir s'il savait me dire c'était quel jour. Il y arrivait toujours. Je lève mes yeux, à mon tour vers le ciel étoilé. On y voit pas grand-chose, c’est vrai, mais quelques étoiles se font mieux remarquer. « Par contre, là, on peut voir Orion. » je réponds, fière de moi quand même. Je suis un peu calée en astronomie, mais surement pas autant que lui. J’dois pas lui arriver à la cheville. « C'est Taurus.» ok bon, c’était pas si loin… « viens, on va s’assoir en attendant ton frère… » je lui montre un banc, juste derrière nous, on sera mieux que deux imbécile débout qui regarde en l’air. J’fais un pas en arrière, pour tester, pour voir s’il va me suivre et finalement, il vient avec moi. Il s’assoit en premier sur le banc, à son extrémité droite et moi, j’vais à gauche. Et là, il se met à me parler de toutes les étoiles qu’on peut voir d’où on est. Je sens que ça va être long… « Ca fait longtemps qu'on est pas allé à Mount Coo-tha » au moins deux ans, quatre mois et trois jours... moi aussi, j'aimais bien aller au planétarium, mais là, je sais plus quoi dire.
@Angus Sutton |
| | | | (#)Mer 3 Nov 2021 - 9:11 | |
| Une énième soirée de merde, un énième évènement gâché par les promesses bafouées d’une mère bien trop absente. La nuit des étoiles a toujours été un rituel annuel auquel nous nous sommes toujours efforcés de participer en famille. C’est Samuel et sa passion démesurée pour l’astronomie qui a initié le mouvement pourtant ce soir son excitation n’aura pas eu raison de notre mère qui, au lieu de se préparer, a préféré s’empiffrer quelques-unes de ses pilules pour rejoindre les bras de Morphée. Deux pilules de trop que ce qui a été prescrit pas son psychiatre. C’est pourquoi je me retrouve à jouer les mama-sitter, entrant et sortant de sa chambre toutes les trente minutes pour m’assurer qu’elle aille bien. Un incident qui ne mérite pas d’aller aux urgences selon les dires du médecin, mais qui nécessite une surveillance accrue durant toute la nuit. Le truc, c’est que c’est toujours Sam qui finit par payer pour ses conneries et c’est toujours moi qui doit endosser le rôle du méchant, celui qui annonce les mauvaises nouvelles, celui sur qui mon petit frère déballe toute sa colère. J’encaisse, comme à chaque fois que je dois lui annoncer un changement de dernière minute mais plus les années passent et plus il m’est difficile de recevoir ses mots qui peuvent se montrer cassant. « On pourra peut-être en voir à travers la fenêtre de ta chambre ! » « Non, c’est nul, on verra rien ! Tu comprends rien, c’est Brunswick le meilleur spot, ça l’a toujours été ! » qu’il me gueule en faisant les cents pas dans sa chambre, les mains sur ses cheveux comme à chaque fois qu’il tente d’accueillir de nouvelles informations. « Écoute Sam, j’suis désolé. C’est tout ce que j’peux te proposer avec une rediffusion en direct devant la télévision. » Il me pousse en dehors de sa zone de confort avant de me claquer la porte au nez. « Laisse-moi tranquille ! » Je reste un moment devant sa chambre, impuissant. Et si sa haine est portée sur ma personne, la mienne est partagée entre celle que j’éprouve pour notre géniteur et celle que je peux éprouver –non sans culpabiliser- pour la femme qui dort paisiblement dans la pièce d’à côté. « Je vais prendre ma douche et puis je reviendrai me faire pardonner. » que je lui dis à travers la porte avant de me diriger dans la salle de bain pour noyer la colère qui fulmine en moi. Je laisse le bruit de l’eau apaiser les pensées qui se bousculent une à une dans mon esprit. Y’a des soirs comme celui-ci où je donnerais tout pour avoir une vie de jeune adulte tout ce qu’il y a de plus normal. Un appartement rien qu’à moi avec pour unique responsabilité, celle de devoir payer le loyer. J’aimerais pouvoir me sentir plus léger, être débarrassé de cette peur qui m’habite tous les jours, celle que je ressens quand je vois ma mère sombrer un peu plus dans une dépression que je ne peux combattre pour elle et puis celle que j’éprouve pour Samuel quand j’observe la méchanceté dont peuvent déjà faire preuve les enfants de son âge. C’est un cercle vicieux, car à la minute ou je ressens ça, la culpabilité arrive par vague et je finis par me donner la nausée. Je sors de la douche et me sèche à l'aide d'une serviette alors que mon regard rencontre la silhouette d’un type à la mine fatiguée. J’ai l’impression d’avoir pris dix ans dans les dents en l’espace de ces trois dernières années, je peux encore entendre Penny me supplier de la laisser m’aider. Le problème, c’est que j’ai jamais été doué pour demander de l’aide et que j’ai toujours préféré me débrouiller par moi-même. J’enfile un bas de jogging et le sweat à capuche de mon ancienne université avant de sortir de la salle d’eau pour aller jeter un coup d’œil à la pote de Morphée.
J’ai toujours adoré le bruit que font les grains de maïs soufflés avant de se transformer en popcorn, pas autant que celui de la pluie mais beaucoup plus que le crépitement d’un feu de cheminée. Peut-être parce que le bruit des flammes me rappelle amèrement les souvenirs de ces week-ends au camping entre père et fils. Mon portable se met à sonner alors que la photo d’un visage du passé s’affiche sur mon écran, celui de Jina aka la fille qui m’a appris à mes dépends qu’on ne pouvait faire confiance à personne dans ce bas monde. J’hésite un moment avant de reposer le portable sur l’îlot central de la cuisine pour venir sortir le sachet de popcorn du micro-onde que je verse rapidement dans un saladier pour ne pas me bruler les doigts. Il aura suffi d’un appel pour repenser au lycée et à mon premier job étudiant. C’est de mon coude que je tape contre la porte de Samuel qui ne daigne pas répondre, mon oreille vient se coller contre la barrière en bois mais aucun bruit ne me parvient de la pièce. « J’ai apporté le popcorn de la paix. » Je peux encore entendre mon portable qui se met à sonner à plusieurs reprises dans la cuisine. « Sam, s’il te plait. » Je décide d’ouvrir la porte quitte à me prendre ses foudres, c’est toujours mieux que d’avoir à faire à son mutisme. Son lit est vide, je dépose le saladier sur sa table de chevet et me rue vers son armoire de Narnia dans l’espoir de l’y voir caché. Je peux sentir l’adrénaline me couper les jambes, je reste un moment, quelques secondes à fixer sa chambre, paralyser par la peur. « SAM ? » Je rejoins la cuisine en courant, criant son nom en espérant l’entendre arriver. La porte d’entrée est déverrouillée, il s’est barré. J’attrape mon portable pour composer le numéro de la police quand une notification attire mon attention.
- Je suis avec ton frère, brunswick st. Il est tout seul. - J’arrive.
Je sors et dévale les escaliers pour aller sonner chez Bonnie qui m’ouvre en pyjama certainement prête à aller se coucher. « Sam s’est barré, une amie l’a retrouvé, ma mère, il faut que tu ailles surveiller ma mère jusqu’à mon retour. Sa respiration, toutes les 30 minutes. » Je parle trop vite, les mots s’enchainent et j’ai qu’à poser mes yeux sur son visage inquiet pour comprendre à quel point elle doit me prendre pour un dégénéré. « Je t’expliquerais ! » Je cours jusqu’à ma voiture et c’est une fois installé à l’intérieur que je m’autorise un dernier regard en direction de mon appartement où je peux voir la lumière du salon s’allumer. Je crois n’avoir jamais roulé aussi vite de ma vie, il ne me faut pas longtemps pour arriver à bon port et encore moins pour que mon regard se pose sur la silhouette de mon petit frère. Je me gare juste derrière eux et cours en direction du banc avant de m’accroupir devant le fugitif. « Ne me fais plus jamais ça, tu m’entends, plus jamais ! » Et pour la première fois, je m’autorise à le prendre dans mes bras, pas longtemps mais juste assez pour me calmer. Il finit par me repousser et ça me fait rigoler. Un rire nerveux que je ne peux contrôler alors que je me décide enfin à lâcher prise. « Je t’avais dit que Brunswick était le meilleur spot, regarde ! » Il me montre le magnifique ciel étoilé qui nous surplombe alors qu'un point lumineux passe devant nos yeux. « Salut et merci. »que je dis à la fille qui se tient à côté de lui. Elle n’a pas changé, du moins pas physiquement. « Qu’est-ce que tu faisais par ici ? » Je lève un sourcil, c’est pas l’avenue la plus populaire de la ville du moins c’est pas ici que les jeunes vont pour se mettre la mine. Mes yeux se posent sur le visage émerveillé de mon petit-frère qui ne lâche pas le ciel du regard. « Dis Gus, est-ce qu’on pourra retourner à Mount Coo-tha avec Jina ? » Je me racle la gorge en jetant un rapide regard à mon ancienne amie. C’est pas parce qu’elle l’a retrouvé par hasard que ça veut dire que j’ai fait une croix sur son erreur du passé. J’ai rien oublié, elle a fait son choix y’a bien longtemps et n’a jamais semblé le regretter. « J’crois que Jina est pas mal occupée en ce moment, mais on pourra y aller toi et moi » Il fait la moue, deuxième déception de la soirée. Un sacré grand-frère en papier mâché que je fais là.
- Spoiler:
@Jina Crawley Encore désolé pour ce délai
|
| | | | (#)Ven 12 Nov 2021 - 18:02 | |
| Je suis à la fois pressée qu’Angus arrive et à la fois, pas tellement. Je redoute aussi ce moment où il va arriver et où il va juste récupérer son frère et se barrer sans me calculer. Il est beaucoup trop têtu et rancunier, c’est dingue de l’être autant. J’veux dire, j’en ai fais des conneries, j’ai donné beaucoup de raisons à beaucoup de monde de m’en vouloir, parce que je fais toujours tout de travers, parce que je sais pas m’y prendre, je suis un manche pour absolument tout. Mais là, ses reproches, j’ai quand même du mal à les accepter. On dirait une espèce de jalousie mal placée. Bien sûre, je sais que Seth est pas un ange tombé du ciel, qu’il a un égo plus gros que nous trois rassemblés, et je suis la première à le confirmer, mais il mérite pas non plus cette haine. Je comprends pas qu’Angus m’en veuille de toujours lui parler – pour ce que j’en fais réellement – et de pas m’être totalement rallié à sa cause quand ils se sont tous les deux fait virés. J’pouvais rien dire, j’pouvais rien faire, si non, moi aussi, j’risquais ma place et il sait très bien que j’avais réellement besoin de ce taf pour m’en sortir. Bref, le fait de savoir qu’il arrive, ça me fait beaucoup trop réfléchir et j’ai juste envie de lui sauter dessus pour lui hurler que j’en ai marre de tout ça. Sauf, qu’il y a Sam. Là, et d’ailleurs, il fait un peu la conversation tout seul, j’ai un peu lâché l’affaire et j’m’en veux – un peu – de pas trop savoir quoi lui répondre, mais il est beaucoup plus calé que moi en astronomie et il me le démontre depuis le début. « On devait venir avec Angus ici ce soir et il m’a encore laissé tomber. » ah tien, là, ça tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Comme quoi, personne est parfait hein. J’entends des pas qui courent s’approcher de nous, quand je me retourne, mon intuition me disait que c’était surement Angus, justement. Le timing était pas trop mal, il avait fait relativement vite. « Ne me fais plus jamais ça, tu m’entends, plus jamais ! » il serait pas partie si t’avais tenu ta promesse, que j’pense, sans laisser la trace d’une quelconque prise de position sur mon visage. Il est tout essoufflé et il a l’air aussi tout paniqué et perturbé et tellement soulagé surtout. « Je t’avais dit que Brunswick était le meilleur spot, regarde ! » je lève à nouveau les yeux au ciel moi aussi, ce ciel que j’avais eu le temps d’observer pendant plusieurs longues minutes, mais c’était comme pour confirmer ce qu’il disait. « Le meilleur. » que je lâche. C’est un peu opportuniste, c’est juste pour choisir mon camps et soutenir Sam. Juste pour dire à Angus qu’il aurait dû venir aussi avec son frère. « Salut et merci. » quand même. C’est mieux que ce que j’avais imaginé tien. Mieux que rien, au final. « Qu’est-ce que tu faisais par ici ? » c’est un interrogatoire ? C’est pas moi qui ai kidnappé son frère. « Bah, c’est l’meilleur spot… » j’hausse les épaules, effrontée. Comme si je savais que c’était ce soir que le ciel était le plus dégagé pour observer le ciel. Pas du tout. J’suis là, parce qu’il y avait une soirée underground dans le coin, que j’devais y aller mais que finalement, j’me suis complètement dégonflée. Mais ça, il a pas besoin de le savoir. « Dis Gus, est-ce qu’on pourra retourner à Mount Coo-tha avec Jina ? » pourquoi cette phrase me lance un pincement au cœur et dans l’bide ? Pourquoi j’ai soudainement comme une nausée qui me monte. Mes yeux se pose sur Angus, prête à écouter sa réponse, prête à voir ce qu’il lui donnera comme excuse. « J’crois que Jina est pas mal occupée en ce moment, mais on pourra y aller toi et moi » MENTEUR MENTEUR MENTEUR , j’peux pas laisser passer ça. « J’suis pas occupée. » je regarde Sam un instant. « Suffit de me dire quand vous y allez, je saurai me libérer. » ca donne comme une promesse, une promesse pour Sam qui vient illuminer à nouveau son visage quand les étoiles du ciel brillent déjà dans ses yeux alors qu’il était en train de démontrer sa déception juste avant. « D’ailleurs, ça a l’air d’être une bonne soirée pour y aller, non ? » parce que j’ai rien de prévu du coup. « Gus, dis oui, s’te plait ! » maintenant qu’ils étaient là, il semblerait qu’un grand frère avait des promesses à tenir. Je sais qu’il va surement me détester pour ça et je lui donne pas trois secondes pour trouver une nouvelle excuse pour esquiver la proposition et ramener son frère chez lui. Sans passer par la case Mount Coo-tha. Mais je pouvais pas passer à côté de cette occasion… Gus me manque et j’ai envie et besoin de rattraper ce temps perdu.
|
| | | | (#)Dim 14 Nov 2021 - 21:11 | |
| « Le meilleur. » Est-ce qu’on lui a demandé son avis ? Je ne crois pas. Pourtant, elle prend la liberté de s’immiscer dans une conversation qui ne regarde que mon frère et moi, car c’est bien à Sam que je viens de m’adresser et non à Jina. Pour autant, je décide tout de même de gaspiller un peu de ma salive afin d'alimenter ma curiosité mal placée, mais aussi -et surtout- pour être sûr de ne pas voir un Seth sauvage débarquer de nulle part. « Bah, c’est l’meilleur spot… » C’est notre spot, plus le sien. Je soupire, lorsque je vois mon frangin lui sourire à pleines dents, trop heureux à l’idée de revoir celle qui semble lui avoir manqué. Une fille que je n’aurais jamais dû laisser entrer dans sa vie, parce que si j’ai aucun problème pour tirer un trait sur des gens du passé, il n’en est rien pour mon frangin. Il se souvient de tout et n’a aucun mal à s’attacher aux gens à partir du moment où ils se montrent un tant soit peu gentil envers lui. Le problème, c’est quand il est question pour lui de s’en défaire. La preuve en est, il suffit qu’elle réapparaisse dans nos vies pour qu’il ait de nouveau envie de passer du temps en sa compagnie. Ce qui n’est pas mon cas, loin de là. J’ai beaucoup trop donné avec elle, je lui ai tendu ma main et elle a préféré me bouffer le bras, une expérience traumatisante qui ne me donne pas forcément envie de lui tendre la seule main qu’il me reste, la vie de manchot, trop peu pour moi. Alors je mens pour épargner une énième déception à mon petit-frère et pour faire comprendre à Jina qu’elle n’est plus la bienvenue. « J’suis pas occupée. » Ce qu’elle n’a pas l’air de piger, à croire que son motto dans la vie ça a toujours été de ne penser qu’à sa petite personne. « Suffit de me dire quand vous y allez, je saurai me libérer. » Jamais ? Je fais signe à Sam de se lever parce qu'il est grand temps d’y aller. « Pas de soucis, on fait comme ça ! »Je profite qu'il ait le dos tourner pour articuler un ‘même pas en rêve’ qui se veut silencieux mais néanmoins, parfaitement compréhensible avant de tourner des talons et de commencer à marcher en direction de la voiture. « D’ailleurs, ça a l’air d’être une bonne soirée pour y aller, non ? »Je fais mine de n’avoir rien entendu jusqu’à ce que mon petit-frère tire sur mon poignet pour me pousser à m’arrêter. « Gus, dis oui, s’te plait ! » Elle ne paye rien pour attendre et si Jina pense pouvoir profiter de la présence de mon frère pour enterrer la hache de guerre, c’est qu’elle n’a aucune idée de la rancune que je peux bien avoir envers elle. Mes yeux se posent sur Samuel, il me regarde avec tellement d’espoir que je vois pas comment je pourrais lui dire non. « Bon ok, mais pas plus d’une heure, après on rentre. » « T’es le meilleur ! » Soixante-minutes, C’est le temps que je pense pouvoir passer avec Jina sans avoir envie de lui balancer ses quatre vérités à la gueule. Je me dis qu’avec un peu de chance, y’aura toujours moyen de la semer avant d’arriver en haut du Mount Coo-tha. Samuel est plutôt rapide pour son âge, je n’aurais qu’à lui proposer de faire la course. Dans le meilleur des cas, Jina n'arrivera pas à suivre la cadence et dans le pire des cas, on lui aura bien cracher la totalité de ses poumons. « Tu montes à l’arrière. » Je lui aurais bien proposé le coffre, mais je doute que ce soit socialement acceptable et encore moins légal. J’actionne le compte à rebours avant de me remettre en marche sans la calculer.
55 :24 On finit par se mettre en route, mes yeux vacillent entre la route et le rétroviseur intérieur de la voiture. Les seuls qui ont le droit de m’adresser la parole sont Sam et Steve, le monsieur qui se cache derrière la voix du GPS. « T’étais passée où Jina ? » Ouais, t’étais où Jina quand j’ai eu le plus besoin de toi ? Et si Samuel te manquait tant que ça, pourquoi t’as jamais tenté de l’appeler ? Peut-être parce qu’elle en a jamais eu rien foutre de nous, qu’elle a juste attendu d’avoir son job, celui que je l’ai gracieusement aidé à trouver pour cesser toute comédie et révéler son véritable au grand jour. « Gus, tu crois qu’on va réussir à voir combien d’étoiles filantes ? » Je souris et réajuste le rétro pour qu’il me puisse me voir à travers le miroir. « Assez pour qu’on ne sache plus où regarder ! » Et si le vœu de ne plus jamais avoir à la recroiser pouvait se réaliser, ce ne serait pas de refus. Samuel a essuyé bien trop de pertes et qu’elle puisse l’utiliser de la sorte sans penser aux conséquences que cela pourrait engendrer me donne la nausée.
|
| | | | (#)Mar 16 Nov 2021 - 1:08 | |
| Il est déjà en train de me tourner le dos et de vouloir repartir avec son frère, c’est mort pour le laisser s’en sortir aussi facilement. Maintenant que son frère s’est mis sur ma route, j’ai tendance à voir ça comme un signe et qu’il faut bien forcer encore un peu le destin. Puisque Monsieur fait le mort depuis des mois et des mois, qu’il m’évite par tous les moyens, je compte bien profiter qu’il soit là pour m’accrocher à lui comme une huitre à son rocher. Je met toujours du temps avant de me rendre compte de ce qui cloche, et toujours beaucoup trop de temps avant d’essayer de recoller les morceaux et souvent, c’est maladroit. Au lieu de me contenter de dire que je suis désolée, de mettre les pieds dans le plat et de faire en sorte de repartir de zéro, je m’impose, j’esquive et je fais comme si de rien n’était. Tout comme c’était le cas maintenant. Mettre Gus devant le fait accompli en présence de Sam était sans doute la pire technique pour attirer son attention, mais le résultat était pourtant là. « Bon ok, mais pas plus d’une heure, après on rentre. » toujours dans le dos de Gus, un petit yes se laisse échapper de mes lèvres, de manière tout à fait inaudible. Et je m’efforce de pincer mes lèvres pour ne pas trop démontrer ma réussite. Sam sentira sans doute qu’on était tous les deux aussi content de cette réponse, contrairement à Angus qui lui, ne faisait pas le moindre effort. Il s’en remettra. Alors que je touche la portière passager avant de sa voiture, il me somme de monter à l’arrière. Bah voyons. Je roule des yeux et regarde Sam qui contourne déjà la voiture également. Je marmone alors, tout en allant derrière. « Sam est sans doute de meilleure compagnie, de toutes façons. » et heureusement qu’il ne m’entend pas, parce que ce serait mon ticket vers la sortie, direct. Les premières minutes du trajets sont longues. Je vois le paysage urbain défiler sous mes yeux, en silence. Je reconnais chaque immeuble, chaque rue, chaque parc devant lesquels on passe, j’ai l’impression qu’on s’approche réellement et qu’à la fois, c’est toujours aussi loin. Je peux anticiper la voix grave du GPS quelques secondes avant qu’il ne l’ouvre pour guider Gus. J’aurai pu le guider moi-même, d’ailleurs. C’est maintenant la voix de Sam qui me sort de mes pensées. « T’étais passée où Jina ? » Je lâche la vitre du regard pour me tourner vers le gamin. Mes yeux viennent se poser sur le rétroviseur intérieur de la voiture pour croiser le regard accusateur de son frère. Je racle ma gorge, avale ma salive, comme si j’étais coupable de tout ça. C’est pas ma décision. C’est pas moi qui ai voulu qui ait décidé de ne plus être dans leurs vies… Je sens que si j’ouvre la bouche, je vais bégayer. J’ai même pas de réponse à apporter, parce que j’étais nulle part, juste, plus là. « Gus, tu crois qu’on va réussir à voir combien d’étoiles filantes ? » Mon silence semble avoir eu raison de lui, impatient, c’est à présent à son frère qu’il s’adresse et moi, je baisse ma garde, je regarde à nouveau dehors, remarquant qu’on était bien arrivés cette fois. La voiture venait de passer l’entrée du parking. « Assez pour qu’on ne sache plus où regarder ! » J’étais toujours aussi admirative de leur relation et de cette façon dont Gus avait de s’occuper de son frère. Cette complicité qu’il arrivait à partager avec un enfant de… quel âge avait Sam maintenant, d’ailleurs ? Jeune. Il était jeune. Et alors que la voiture s’arrête, mon regard se pose sur le ciel. « Tu l’as vu ? » quoi ? « Il vient d’en avoir une ! » Sam est comme un petit fou dans la voiture, il s’empresse de retirer sa ceinture et de sortir de l’habitacle pour mieux voir le ciel. Et de l’intérieur, je peux déjà le voir avec les yeux fermés, comme s’il était déjà en train de faire un vœu. Un sourire s’affiche sur mon visage rapidement balayé quand Gus coupe réellement le moteur, laissant un silence lourd s’installer. Je m’agite rapidement pour retirer la ceinture qui me tien en sécurité et sort à mon tour pour retrouver Sam et son frère qui s’extirpe aussi de sa place de conducteur. « C‘est bon, t’as fais un vœux ? » il hoche la tête et se met en route pour rejoindre le spot le plus haut du planétarium laissant déjà une petite distance entre lui et Angus et moi. Je tente tant bien que mal de suivre le rythme. Je sens la tension s’agrandir à mesure que les pas de Gus deviennent plus grand et que moi, à côté, je m’exerce plutôt à faire du trot. « Si t’as décidé de faire comme si j’étais pas là, dis le moi, plutôt que de tenter de me semer. » maladroite, on a dit ? |
| | | | (#)Dim 21 Nov 2021 - 21:02 | |
| « Sam est sans doute de meilleure compagnie, de toutes façons. » Elle marmonne et moi je fais comme si je n’avais rien entendu. Sam est sans aucun doute la meilleure compagnie qu’elle aura de la soirée. J’ai toujours adoré conduire durant la nuit, d’une part parce qu’il y a toujours moins de monde sur la route, d’autre part parce que y’a rien de mieux pour observer les jeux de lumières, mais pas ce soir. Non, pas quand l’adrénaline m’habite encore que je peux sentir l’irrégularité des battements d’un cœur qui, croyez-le ou non, a bien fait de lâcher après la fugue du petit garçon qui se trouve à l’arrière. Je relève les yeux pour regarder Samuel à travers le rétroviseur intérieur afin de me rassurer, d'être certain que tout ceci soit bien derrière nous. Il faut dire que dans ma malchance, j’ai eu un cul monstre, je dirais même une chance de cocu. Je sais pas ce que j’aurais fait si Jina ne m’avait pas envoyé un message pour me dire qu’elle était avec lui. Je peux en supporter des choses, mais je me serais jamais remis de la perte de mon petit-frère. Il est tout ce que j’ai, c’est mon moteur au quotidien, y’a pas une action que je fais et qui n’est pas pensé pour lui. J’essaye de rester concentré sur la route tout en réfléchissant à la meilleure façon de faire comprendre à Samuel qu’il n’est pas possible de prendre la fuite à chaque fois qu'il se retrouvera confronter à un non.
« Tu l’as vu ? » Je tourne la tête pour manœuvrer un créneau et m'insère parmi toutes les voitures de ces gens qui, comme nous, n’ont rien voulu manqué du spectacle auquel on est sur le point d’assister. « Il vient d’en avoir une ! » L’excitation de mon frangin balaye toutes les pensées négatives que je peux avoir en cet instant. Demain est un autre jour et la discussion pourra attendre jusque-là, ce soir je veux juste profiter de ce moment avec lui. Jina n’est ici que pour lui faire plaisir, c’est son invitée, non la mienne et je suis encore trop à cran pour avoir envie de faire semblant trop longtemps. Il s’empresse de sortir de la voiture pour faire un vœu et si j’étais doté d’un quelconque don pour la télépathie, je l’utiliserais probablement pour forcer le destin à exaucer son souhait. Je finis par couper le moteur tout en lançant un regard à celle qui semble avoir élu domicile dans ma vieille bagnole. Elle attend quoi au juste ? Que quelqu’un se ramène pour lui ouvrir la portière ? Peut-être que Seth est ce genre de gentleman même si j’en doute fortement, lui qui n’en avait rien à foutre de sa gueule lorsqu’on bossait encore tous les trois. Je détache ma ceinture et quitte le véhicule pour venir rejoindre Samuel qui n’a d’yeux que pour le ciel étoilé. « C‘est bon, t’as fais un vœux ? » Non, non il fermait juste les yeux pour ne plus avoir à te regarder. Je lâche un soupire lorsqu’il commence à trottiner vers le point le plus haut du planétarium laissant son invitée derrière lui. Sans le savoir, Sam vient d’enclencher la première phase de mon plan, celui qui consiste à semer celle qui a déjà bien du mal à tenir la cadence. Je n’aurais qu’à courir pour le rattraper et prendre encore plus d’avance, mais pourquoi le faire lorsqu’un de mes pas en vaut dix de sa part.
« Si t’as décidé de faire comme si j’étais pas là, dis le moi, plutôt que de tenter de me semer. » Là encore, je m’efforce de faire comme si je ne l’avais pas entendu ou du moins, je pousse le vice jusqu’à faire preuve de gaminerie. « Je crois entendre un bruit, mais je ne saurais dire d’où il provient. » J’ai du mal à comprendre pourquoi elle persiste à vouloir me parler alors qu’elle n’a pas donné signe de vie depuis des années. Je finis par m’arrêter, profitant de la distance qui nous sépare de Samuel pour lui cracher mon venin. « Ne t’avises plus jamais d’utiliser la gentillesse de mon frangin pour assouvir tes désirs. Capiche ? » Elle aurait pu se barrer et c’est ce qu’elle aurait dû faire au lieu de profiter de son innocence pour venir me faire chier. Je lui ai tendu une perche, une issue de secours qu’elle a préféré ignorer alors qu’elle sait tout autant que moi que nous n’avons plus rien à nous dire. « Et fais pas comme si t’en avais quelque chose à cirer de lui, si c’était le cas, t’aurais pris de ses nouvelles. » Je jette un coup d’œil à Sam qui a déjà trouvé le meilleur endroit où prendre place. « Sauf que t’as jamais vu plus loin que le bout de ton nez, Jina. Tu m’as peut-être eu une fois avec tes faux airs de fille en détresse, mais maintenant c’est terminé. » Parce que les années ont fini par passer emportant avec elles toute la naïveté que je pouvais avoir lorsque nous nous sommes rencontrés.
|
| | | | (#)Dim 28 Nov 2021 - 0:43 | |
| Sam nous a déjà semer. Y a pas de risque ici, parce qu’on connait tous le coin par cœur et qu’on sait tous que de toutes façons, il a rien à craindre. Il a nulle part où aller qui pourrait le mettre en danger, tout est sécurisé. Et bon, si j’ai bien compris, maintenant que Angus a fini par l’emmener là où il voulait, il avait plus tellement de raison de fuir. D’ailleurs, je suis bien curieuse de savoir ce que Angus avait de si important à faire pour qu’il ne puisse pas emmener Sam ici mais que soudainement, il soit libre. Que son frère soit parti et qu’il ait eu peur, c’est une chose, mais si vraiment il était occupé à autre chose, il serait rentré, quitte à froisser son frère un peu plus. Au moins, il l’avait retrouvé et c’était le principal. Tant pis qu’il fasse la tronche ou pas. Et moi, j’en ai déjà marre de courir. J’ai presque envie de m’accrocher au bras d’Angus et de me laisser trainer avec les pieds branlant. J’suis si petite et si légère qu’il remarquerai même pas que j’suis pendue à son coude. Mais il risquerait de frôler les murs exprès pour que j’me fasse mal et que j’regrette d’avoir osé poser un petit doigt sur lui. C’est dingue comme j’ai l’impression de puer la bouse quand j’suis près de lui. Ça fait des mois qu’il me calculait plus, il peut pas faire un effort deux petites minutes ? Il me déteste vraiment à ce point pour que j’mérite si peu d’attention ? La vérité, c’est que moi, il me manque ! « Je crois entendre un bruit, mais je ne saurais dire d’où il provient. » tu vas voir, le bruit il va se transformer en vilaine tempête qui fait mal. Un ouragan bien puissant qui renverse à terre. Il s’arrête enfin et quelques chose me dit que c’est pas uniquement par pitié, qu’il fait pas que m’attendre. La tempête, pour une fois, j’ai l’impression qu’elle aura pas un prénom de femme. Je fais par reflex un pas en arrière quand il s’arrête, j’me met déjà en position de défense. Son regard est mauvais, j’aime pas ça. « Ne t’avises plus jamais d’utiliser la gentillesse de mon frangin pour assouvir tes désirs. Capiche ? » mon regard est fuyant, j’essai plutôt de voir si Sam ne serait pas quelque part pas si loin à nous attendre finalement, mais j’le vois pas. Il est surement déjà bien installé ou alors l’obscurité me joue des tours. J’ai pas utilisé son frère, j’ai juste répondu à sa demande et quoi qu’il en pense, ca m’a fait autant de bien que de mal d’être en compagnie de Sam ce soir. « Et fais pas comme si t’en avais quelque chose à cirer de lui, si c’était le cas, t’aurais pris de ses nouvelles. » quel hypocrite. « Sauf que t’as jamais vu plus loin que le bout de ton nez, Jina. Tu m’as peut-être eu une fois avec tes faux airs de fille en détresse, mais maintenant c’est terminé. » « mes faux airs de filles en détresse ? » c’est quoi son problème ? « J’ai jamais cherché à attirer ta pitié ! » parce qu’il m’a trouvé un boulot une fois, il estime que je lui dois tout, vraiment ? « T’as décidé qu’on serait plus amis au moment où j’ai pas dénoncé Seth ! » parce qu’il avait sans doute décidé que tout était de ma faute s’ils s’étaient fais virés tous les deux, « Tu voulais que j’fasse quoi ? tu m’as mis à l’écart, pas l’inverse. » j’en ai marre de prendre à chaque fois pour des choses que je ne fais pas. Je refais un pas en avant, comme pour le défier alors que quarante centimètres séparent nos yeux. « tu sais très bien que même si j’avais été accusé moi-même, j’aurai pas été capable de dire le contraire. » que si aujourd’hui, j’arrive un peu plus à m’affirmer, c’était bien moins le cas il y a deux ans et demi. Que j’ai jamais été capable de l’ouvrir devant qui que ce soit. « Tu t’es mis en tête que j’avais trouvé meilleur ami avec Seth. Ce mec est un connard, et c’est tout c’qu’il est. » et ca n’empêche pas que j’arrive pas à m’en détacher pour autant. « J’ai juste arrêté d’me battre contre un moulin à vent. » que je souffle, admettant que j’avais plus la force de lutter pour rien. J’ai baissé les bras. « bref, t’as raison, c’est juste trop bête d’espérer quoi que ce soit en venant ici. Au moins, Sam aura eut c’qu’il voulait. »
|
| | | | (#)Jeu 30 Déc 2021 - 19:17 | |
| « mes faux airs de filles en détresse ? » Elle est piquée, Jina. Il faut dire que je n’y suis pas allé de main morte. À qui la faute ? Elle ne fait que récolter toutes ces années passées à ruminer les raisons qui nous ont mené à notre perte. Une rancune qui se fait sentir à travers le ton que j’ai fait le choix d’employer. Parce qu’elle a pas l’air de comprendre que c’est elle qui a merdé dans l’histoire, pas moi. « Ouais, tu sais bien. Toi, ta caravane et ta fausse sympathie. » À l’époque, je n’étais encore qu’un gamin, un adolescent qui se méfiait de pas grand-chose et surtout pas de Jina. C’est qu’elle avait l’air cool, inoffensive, le type de nana à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Je dirais même qu’elle était attendrissante et que je la voyais comme une battante. Je pensais qu’elle était pleine de valeurs jusqu’à ce qu’elle me regarde me faire virer sans bouger le petit doigt. « J’ai jamais cherché à attirer ta pitié ! » Je ris avant de jeter un coup d’œil à Sam. « La seule fois où tu m’as fait pitié, c’est quand t’as vendu ton âme au diable par amour pour Seth. » Parce qu’elle l’aime Seth et que je suis sûr qu’elle a toujours eu le béguin pour lui. Les mauvais garçons, ça attire bon nombre de filles. Je la pensais différente de toutes ces nanas qui finissaient toujours par craquer pour la belle gueule de Moriarty jusqu’au jour où elle a fait le choix de ne pas dire la vérité quitte à me laisser couler avec lui. « T’as décidé qu’on serait plus amis au moment où j’ai pas dénoncé Seth ! » Là encore, je ris jaune. Je tente de me contenir parce qu’on est dans un lieu public et que Samuel déteste quand j’élève la voix, ça lui rappelle trop de mauvais souvenirs et j’ai juré de ne jamais finir comme notre père. « C’est à cause de lui que je me suis fait virer, mais c’est toi qui n’a rien fait pour me sortir de ce merdier. » Je m’écarte pour laisser passer un couple avant de reprendre. « Pourtant tu savais à quel point ce boulot pouvait compter, mais t’as rien fait pour m’aider. T’avais juste à dire la vérité, t’es tout aussi pourrie que lui, Jina. » Seth, lui, ne connaissait pratiquement rien de ma vie personnelle à la différence de celle qui se tient devant moi. Elle connaissait les tenants et les aboutissants et c'est sans doute ce qui m’empêche de pouvoir la regarder en face sans avoir envie de rendre mon repas. « Tu voulais que j’fasse quoi ? tu m’as mis à l’écart, pas l’inverse. » Elle pige pas et je crois qu’elle ne comprendra jamais. « tu sais très bien que même si j’avais été accusé moi-même, j’aurai pas été capable de dire le contraire. » Je m’en branle, je me moque pas mal de savoir ce qu’elle aurait fait si elle avait été à ma place. J'aurais ouvert ma gueule pour la sortir du pétrin et même si Jina n’a jamais eu le même tempérament que moi, il ne suffit pas d’être une grande gueule pour pouvoir dire la vérité. C’est trop facile de se cacher derrière une timidité, alors je me décide à me remettre en marche tout en sachant que cette confrontation ne nous mènera nulle part. « Tu t’es mis en tête que j’avais trouvé meilleur ami avec Seth. Ce mec est un connard, et c’est tout c’qu’il est. » J’hoche la tête sans croire un mot de ce qu’elle peut bien raconter. « Un connard que t’as préféré couvrir. » que je lâche avant d’accélérer la cadence. Cette conversation est énergivore, elle me demande plus de self control que ce que je suis en capacité d’arriver à canaliser. « J’ai juste arrêté d’me battre contre un moulin à vent. » Se battre ? Elle n’a jamais tenté de nous recontacter, Sam et moi. Je crois qu’elle sait pas ce que c’est que de se battre réellement, sinon elle aurait mis les bouchées doubles pour essayer de crever l’abcès. « bref, t’as raison, c’est juste trop bête d’espérer quoi que ce soit en venant ici. Au moins, Sam aura eut c’qu’il voulait. » « Tu t’attendais à quoi ? » À ce qu’on se fasse une bouffe à la belle étoile ? Je suis peut-être plus sympa que Seth, mais je suis loin d’être un guignol pour autant et les deuxièmes chances ne se donnent pas aussi facilement. « Vous en avez mis du temps ! » Je viens m’installer à côté de mon frangin sans jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil à la brune. « Tu feras gaffe à ne pas écraser le poumon de Jina en repartant, elle l’a fait tomber par terre ! » Il fronce les sourcils avant de secouer la tête. Ça le fait pas rire et c’est pas grave parce que je ris pour deux. |
| | | | (#)Lun 3 Jan 2022 - 15:04 | |
| « Ouais, tu sais bien. Toi, ta caravane et ta fausse sympathie. » Ils sont pas nombreux, ceux qui sont dans la confidence. Ceux qui savent où j’habite vraiment, ceux qui y ont mis les pieds. Ils sont même que deux. Caitriona et Angus. Et s’il y en a un qui sait plus que personne combien ça peut être délicat à aborder, c’est lui. Alors au moment même où il met ça sur le tapis, celui qui dépasse les bordes pour de bon, c’est lui. « La seule fois où tu m’as fait pitié, c’est quand t’as vendu ton âme au diable par amour pour Seth. » « Par amour ? » quel con. C’est ça, qu’il pense ? Que c’est de l’amour, que j’suis une groupie aveugle ? C’est quoi ça ? De la jalousie ? C’est n’importe quoi. Il est complètement à côté d’la plaque, il a jamais été question d’avoir des sentiments pour Seth, c’est pas par amour, tout ça. « C’est à cause de lui que je me suis fait virer, mais c’est toi qui n’a rien fait pour me sortir de ce merdier. Pourtant tu savais à quel point ce boulot pouvait compter, mais t’as rien fait pour m’aider. T’avais juste à dire la vérité, t’es tout aussi pourrie que lui, Jina. » Il s’arrête pas, son seul but, en m’adressant ses paroles c’est de faire en sorte de m’atteindre, d’être piquant et blessant et j’aimerai dire que ça fonctionne pas, sauf que tout ce qu’il énonce me touche plus que j’voudrai l’admettre. Il dépeint le pire tableau qu’il pourrait faire de moi. Le portrait d’une femme qu’on voudrait pas approcher, le diable en personne, une femme qui mérite même pas de vivre et d’avoir l’attention de quelqu’un. C’est pas ce que j’ai l’impression d’être et c’est blessant de l’entendre dire de sa bouche. De toutes façons, à quoi je pouvais bien m’attendre en insistant pour les accompagner ici ? J’aurai pas du m’imposer, j’aurai peut-être même du même pas approcher Sam, il aurait bien fini par retrouver le chemin de leur appartement tout seul. Il est bien plus intelligent que nous deux réunis, c’était une mauvaise idée de jouer la sauveuse alors qu’il avait juste pas besoin d’être sauvé. J’essaie pourtant de m’accrocher aux quelques branches qui sont à ma portée, mais elles se brisent toutes les unes après les autres. Angus est intransigeant. « Un connard que t’as préféré couvrir. » il accélère toujours plus, des pas de plus en plus grand, la foule est de plus en plus compact et Sam a quelques portées de nous. Un pincement au cœur d’admettre que tout ça n’avait servi à rien. « Tu t’attendais à quoi ? » blanc. Silence. A quoi ça sert de lui répondre sur mes attentes ? De lui dire qu’il me manque et que j’aurai aimé que tout ça n’arrive jamais ? A rien. Il l’entendrait pas. Je serai encore celle qui se fait passer pour une victime, j’en ai assez entendu pour ce soir. Il me reprochera plus que j’aurai pas tenté quelques chose. On m’a toujours dit : mieux vaut tard que jamais. Ca semble pas fonctionner avec lui. « Vous en avez mis du temps ! » Alors qu’Angus rejoint son frère pour s’assoir à côté de lui, je reste à distance, debout. « Tu feras gaffe à ne pas écraser le poumon de Jina en repartant, elle l’a fait tomber par terre ! » j’le deteste. « Profites bien, Sam. » pas un regard adressé à Angus, j’allais récupérer mes poumons par terre avant de repartir en sens inverse et finir par rentrer, une navette pour l’aéroport allait pas tarder à passer dans l’coin. J’allais retrouver ma caravane et laisser ma fausse sympathie dans l’coin. En passant devant la voiture d’Angus, dôtée des clés de ma maison sur roue, c’est une belle rayure que j’fais sur toute sa portière. N’importe qui pourrait avoir fait ça, y a beaucoup de monde ce soir dans le coin… connard.
|
| | | | | | | |
| |