Heal the world, Make it a better place. For you and for me and the entire human race. There are people dying, If you care enough for the living, Make a better place for you and for me. @Adriana Suárez & Maxwell
Lundi 20 septembre 2021. Ces derniers temps, les réveils matinaux avaient été particulièrement difficiles. En l'espace de deux semaines, je me retrouvais à devoir gérer un déménagement, la préparation d'un road trip et les convalescences de ma mère et de ma sœur. La première ayant subi une transplantation du foie et la seconde étant son donneur vivant. Entre ça et le travail, il me restait vraiment peu de temps pour moi, notamment pour sortir. Enfin, c'est ce que j'aurais pu dire si j'avais eu l'intelligence de réduire les sorties pour avoir des nuits correctes. Ce qui n'était évidemment pas le cas. Aussi, afin de pouvoir sortir -et boire, disons les choses telles qu'elles sont-, je négligeais mon sommeil d'une part et le rangement de mes cartons d'autre part. C'est pour cela que le carton contenant tous mes vêtements était resté à encombrer le salon depuis notre emménagement quinze jours plus tôt, ce qui avait le don d'énerver l'une de mes deux colocataires. Je savais pourtant que lorsque Sixtine était énervée, elle pouvait devenir effrayante. Mais je n'avais pas considéré qu'en plus de faire un peu peur, elle pouvait aussi être sadique...
C'est ainsi qu'en me réveillant -en retard- ce matin-là, j'avais découvert avec horreur que mon carton de fringues censé traîner dans la cuisine n'y était plus. "Six ? Sixtine ?" Avais-je donc appelé dans tout l'appartement, tout en cherchant les cartons. Au bout de plusieurs minutes de recherche, j'avais dû me rendre à l'évidence : ma colocataire n'était pas là et mes affaires avaient disparu avec elle. Dans un dernier espoir, j'étais entré sans frapper dans la chambre d'Eden, la troisième personne de cette colocation insolite, le faisant sursauter au passage. Seulement, après une explication très brève, j'avais dû me faire à l'idée : Sixtine avait agi seule pour ne pas se faire dénoncer par mon ami. J'avais donc attrapé mon téléphone à la hâte et c'est en observant ma montre d'un air inquiet que j'avais attendu qu'elle décroche... Ce qui n'arriva évidemment pas. "T'abuse Six, je vais être obligé d'aller travailler en pyjama ! Si je me fais virer, tu payeras ma part du loyer, ma grande, j'espère que le jeu en vaut la chandelle !" Et j'avais raccroché en râlant. Mais, n'ayant plus le choix, après une douche rapide, j'étais effectivement parti avec un pantalon en pilou-pilou qui avait pour motif des chats et des pizzas ainsi qu'un t-shirt annonçant fièrement "je peux pas, je suis en pyjama !"-on fait difficilement plus clair- avec un énorme paresseux dessiné dessus. La tenue parfaite pour aller travailler, en somme.
J'étais arrivé au centre d'appels d'urgence quelques minutes après, mon nouveau logement ayant au moins le bon point d'être situé proche de mon lieu de travail. J'avais baissé la tête en passant mon badge au portail de sécurité et étais monté au plateau téléphonique le plus vite possible, dans l'espoir de ne pas me faire repérer. Seulement, mon karma ayant toujours était mauvais, à peine avais-je passé les portes qu'une voix m'interpellait déjà. "Max ! Vous êtes en..." En quoi ? En retard ? Machinalement, mon regard tomba sur ma montre, il me restait encore cinq minutes pour me connecter et donc être à l'heure, c'était court, mais jouable. Je me retournais, à la fois pour lui dire que je n'étais pas encore en retard et aussi parce que j'étais surpris de la phrase laissée en suspens. Juan, mon supérieur, était en train de m'observer de haut en bas, les sourcils froncés. Il devait donc avoir remarqué ma tenue, ce qui n'était pas vraiment étonnant, dans le fond. Avoir l'air naturel, avoir l'air naturel, pensais-je en sachant déjà que c'était forcément foutu pour moi. "C'est un pyjama ?" Quel observateur hors du commun. "Euh... Oui." Pas d'explications, toutes celles qui me venaient me paraissaient si foireuses qu'il valait mieux éviter de les sortir. Il leva les yeux au ciel et soupira, comme s'il était déjà habitué aux situations étranges me concernant, avant de continuer. "On en parlera plus tard, vous avez une mission aujourd'hui." Annonça-t-il, en m'invitant d'un geste à ressortir par la porte que je venais de franchir. "Une visite du centre par un officier de police est prévue et comme vous étiez le dernier à vous connecter, ce sera pour vous." Il jeta un nouveau regard à mes vêtements d'un air agacé. "Bien que vous ne nous fassiez pas vraiment de la bonne pub, aujourd'hui."
Quelques minutes plus tard, j'étais de nouveau près du portail de sécurité où une jeune femme que je n'avais jamais vu semblait attendre. Et en m'approchant, je pus voir qu'elle portait autour du cou un badge noté "visiteur", j'en déduisais donc qu'il s'agissait probablement de la personne que j'étais venu chercher. "Bonjour, vous êtes l'officier de police qui est là pour la visite ?" Pourquoi fallait-il que je tombe sur une fille si belle le jour où j'étais venu travailler en pyjama ? Foutue poisse. J'esquissais un sourire avenant en faisant une révérence, quitte à être ridicule, autant y aller à fond. "Je suis Max, je suis opérateur au centre d'appels d'urgence depuis bientôt six mois et c'est moi qui vais m'occuper de votre visite aujourd'hui." Je lançais un regard à mon supérieur qui m'observait du premier étage d'un air toujours aussi peu ravi et je reportais mon attention sur la brune. "Et oui, je suis en pyjama. C'est une image pour montrer que ce job demande beaucoup d'implication. Évidemment, nous recevons ici des appels 24h sur 24 et il y a donc une équipe sur place, chaque nuit pour assurer la prise en charge des victimes... Ou alors c'est juste que ma colocataire tyrannique a caché mes fringues et que je pensais que venir à poil était pire..." Je haussais les épaules, toujours souriant. "C'est au choix, mais le doute sera toujours présent !"
Adriana était stressée depuis plusieurs jours. Plus le 23 septembre approchait, plus son humeur était morose. Dans deux jours, cela ferait exactement huit ans qu’Eduardo avait été agressé. Dans deux jours, cela ferait exactement huit ans qu’elle avait assisté, en témoin impuissante, au meurtre de son frère. Alors quand elle avait appris qu’elle irait en visite dans un centre d’appels d’urgence afin d’y passer la journée et de découvrir l’envers du décor, elle avait accueilli ce changement à bras ouverts. Quitter son bureau ou la voiture de patrouille, même pour quelques heures, lui ferait le plus grand bien. Après avoir déposé un rapide baiser sur la joue de Mel, elle avait quitté leur appartement pour sa journée de découverte, le pas quelque peu plus léger que ces derniers temps.
La brunette se présenta à l’accueil du centre en jean, basket et chemisier, puis attendit qu’on vienne la chercher. A peine avait-elle fini d’enfiler le badge qu’on lui avait donné autour de son cou qu’un jeune homme se présenta à elle, affublé d’un … pyjama. La jeune femme pencha légèrement la tête sur le côté en haussant un sourcil, dubitative. Mais sa surprise s’effaça rapidement alors qu’un sourire venait éclairer son visage.
« Bonjour, vous êtes l’officier de police qui est là pour la visite ? »
Quel observateur hors du commun. La brunette n’avait pas la langue dans sa poche, et les mots franchirent ses lèvres avant même qu’elle n’ait eu la chance de les rattraper, ni même de les freiner. Pour les supérieurs d’Adriana, sa franchise et son insubordination étaient de gros points faibles qu’ils espéraient un jour pouvoir dompter.
« Vous êtes très perspicace ! Laissez-moi deviner, c’est le badge qui vous a mis sur la piste ? »
Elle se mordilla la lèvre en se retenant de rire, espérant ne pas avoir froissé son interlocuteur. C’est évident que ces premiers échanges donneraient le ton de la journée. Néanmoins, s’il avait le culot de se pointer au boulot en pyjama, c’est qu’il devait avoir un minimum d’humour.
« Je suis Max, je suis opérateur au centre d’appels d’urgence depuis bientôt six mois et c’est moi qui vais m’occuper de votre visite aujourd’hui. »
Adriana rit en l’observant faire une révérence : oui, il avait de l’humour, a priori. Tant mieux. En cette période difficile, rire était tout ce dont la brunette avait besoin.
« Enchantée, Adriana. »
Le jeune homme lança un regard en l’air, vers un homme qui les observait.
« Et oui, je suis en pyjama. C'est une image pour montrer que ce job demande beaucoup d'implication. Évidemment, nous recevons ici des appels 24h sur 24 et il y a donc une équipe sur place, chaque nuit pour assurer la prise en charge des victimes... Ou alors c'est juste que ma colocataire tyrannique a caché mes fringues et que je pensais que venir à poil était pire... C'est au choix, mais le doute sera toujours présent ! »
La brunette rit à nouveau, agréablement surprise par cette rencontre, et hocha la tête en tentant de reprendre son sérieux.
« Evidemment, beaucoup d’implication, sans aucun doute. Et ça se voit ! Néanmoins, je crois que je vais choisir la deuxième solution, la colocataire tyrannique. »
La déduction était facile à faire, tant la seconde proposition était précise, et sans doute pas inventée. Et puis, elle doutait que les employés travaillant la nuit le faisaient en pyjama … Adriana adorait cependant ce petit jeu d’enquête, et le poursuivit bien volontiers.
« Je rajouterais même que l’homme qui nous observe doit être l’un de vos supérieurs. Et soit il ne vous aime pas beaucoup, soit c’est moi qu’il n’aime pas beaucoup. Ou les deux, tant qu’à faire. C’est au choix, mais le doute sera toujours présent ! »
Elle sourit à Max, alors qu’elle se disait que son chef lui avait fait une sacrée blague de l’envoyer, lui, faire la visite, alors qu’il était affublé d’un pyjama. Au final, peut-être n’était-il pas non plus très fan de ces journées de découverte et qu’il avait tenté d’embarrasser la brunette, en vain. Adriana se tourna à nouveau vers l’opérateur et sourit.
« On commence ? »
Alors qu’elle marchait vers l’entrée du bâtiment, elle se retourna un instant pour faire face à son interlocuteur.
« Ho, et quand au fait que vous pensiez que venir à poil aurait été pire … »
Elle haussa les épaules alors qu’un sourire coquin se dessinait sur son visage.
« J’hésite … Il faudrait presque une enquête pour vérifier cette information. »
Elle rit et pénétra dans le bâtiment, attendant que Max la rejoigne pour que la visite commence, guettant sa réaction à sa blague.
Heal the world, Make it a better place. For you and for me and the entire human race. There are people dying, If you care enough for the living, Make a better place for you and for me. @Adriana Suárez & Maxwell
La jolie brune sembla un instant surprise en me voyant arriver, ce qui n'était pas très étonnant vu mon accoutrement, mais elle se ressaisit rapidement. Sa première phrase fut moqueuse et je fus instantanément rassuré. Malgré mon assurance apparente, j'avais eu peur de me retrouver avec un rabat-joie qui m'aurait jugé du début à la fin de la visite. Ça ne semblait pas être le cas et c'était tant mieux. Je riais à sa remarque sur ma perspicacité avant d'y répondre en haussant les épaules. "Ça et le fait que vous soyez la seule à attendre, en fait." Ma présentation la fit rire, ce qui termina de me convaincre que la journée se passerait bien. « Evidemment, beaucoup d'implication, sans aucun doute. Et ça se voit ! Néanmoins, je crois que je vais choisir la deuxième solution, la colocataire tyrannique. » Je levais un sourcil, simulant la surprise. Il était évident que personne n'aurait cru à la première histoire et pourtant, j'avais un contre argument. "Si ça avait été ça, j'aurais mis ses vêtements à elle pour venir." Dis-je avec l'air le plus sincère du monde, puisque si j'y avais pensé le matin, j'aurais été tout à fait capable de le faire. "Bon, elle est un peu plus petite que moi, c'est sûr, mais au moins j'aurais été vengé" Et je serais probablement mort en rentrant à la maison, pensais-je, en me rappelant le caractère trempé de Sixtine et sa façon parfois peu subtile de dire ce qu'elle pensait.
« Je rajouterais même que l'homme qui nous observe doit être l'un de vos supérieurs. Et soit il ne vous aime pas beaucoup, soit c'est moi qu'il n'aime pas beaucoup. Ou les deux, tant qu'à faire. C'est au choix, mais le doute sera toujours présent ! » Son imitation me tira un rire et je relevais les yeux vers l'homme en question qui nous observait toujours de son œil sévère. Je plaçais deux doigts sur mon front avant de les envoyer dans sa direction pour lui faire un salut. Son visage passa de l'agacement à l'outrage en quelques secondes, puis il roula des yeux avant de s'éclipser dans la salle derrière lui. "Vous pensez qu'il ne vous aime pas parce qu'il m'a choisi pour votre visite ?" Demandais-je alors, en reportant mon attention sur Adriana. "C'est un peu vexant, mais ça a le mérite d'être honnête." Ma mine amusée contrastait assez avec mes paroles. En réalité, il en fallait bien plus que ça pour que je sois vexé et j'aimais bien la franchise de cette fille. Je hochais la tête en signe d'approbation lorsqu'elle demanda si nous commencions et je la suivais, jusqu'à ce qu'elle se retourne.
« Ho, et quand au fait que vous pensiez que venir à poil aurait été pire ... » Je l'observais, interrogateur, alors qu'un sourire se dessinait sur son visage. « J'hésite ... Il faudrait presque une enquête pour vérifier cette information. » Puis elle entra dans le hall en riant. Je marquais un arrêt de quelques secondes, réellement surpris cette fois. Ok, celle-ci je devais avouer que je ne m'y attendais pas. L'information s'étant fait un chemin, je riais en secouant la tête. "Si un jour vous frappez chez moi, je saurais que vous avez obtenu un mandat pour cette enquête." Répondis-je donc, amusé, en passant près d'elle. J'allais rapidement vers l'une des machines à café de la pièce et en commandais un avant de revenir à côté d'elle sans y avoir touché. "Allez, si on a fini l'inspection de mon corps pour aujourd'hui, nous allons pouvoir passer au premier bureau de cette visite." Annonçais-je en donnant un coup de tête en direction du bureau en question.
Je frappais deux coups sur la porte et entrais sans attendre de réponse. Une femme assez âgée, aux cheveux gris hirsute leva les yeux au-dessus de ses lunettes, la mine renfrognée. Elle m'observa un instant et soupira. "Qu'est-ce que c'est que cette tenue, encore ? Tu cherches vraiment à te faire virer, gamin." déclara-t-elle, acrimonieuse. Elle n'était jamais très agréable, mais plus elle s'affairait à se rendre détestable, plus je m'employais à être affectueux avec elle. "Et quoi, je te manquerais ?" Demandais-je d'une voix mielleuse, en déposant le café devant elle alors qu'elle me fusillait du regard. Puis, après avoir observé la boisson, son attention se posa sur Adriana en qui elle trouva probablement une échappatoire à ma question. "Et qui est cette jeune fille ? Ta copine ?" Questionna-t-elle avec son manque de tact habituel, je souriais en reportant mon attention sur la policière. "Bien sûr, je viens en pyjama, avec ma copine et mon chien devrait pas tarder... D'ailleurs, ya des machines à laver dans le coin, non ?" Je me mordais la lèvre pour ne pas rire devant son air blasé et tendais la main vers mon accompagnatrice pour la présenter. "Giorgia, je te présente Adriana qui est l'agent de police qui visite le centre aujourd'hui." Comme à son habitude, ma collègue répondit par une espèce de grommellement à la fois acariâtre et incompréhensible, en laissant retomber son regard sur son écran. C'est donc sans vraiment y faire attention que je continuais. "Adriana, voici Giorgia, elle est l'une des trois managers qui gèrent le bureau de l'I-tech. Ce sont les techniciens informatique, ils gèrent tous les bugs qu'il pourrait y avoir, s'occupent de l'entretien et de la mise à jour des ordinateurs et s'assurent de la sécurité du réseau." Comme quoi, pour le mec en pyjama, je connaissais quand même un minimum les lieux. J'observais Giorgia quelques secondes, mais elle semblait scotchée à son ordinateur. "Quelque chose à ajouter Gigi ?" Si un regard pouvait tuer, je serais probablement mort à cet instant. "J'ai vraiment du travail, moi. Si vous pouviez..." Elle laissa sa phrase en suspens pour l'accentuer d'un secouement de main afin de nous convier à sortir.
J'invitais donc Adriana à ressortir du bureau avant que ma collègue ne s'impatiente vraiment. Une fois de nouveau dans le hall, je tournais la tête vers elle. "Alors ? Vous pensez toujours que mon manager vous déteste ? Il aurait pourtant pu choisir Gigi et son entrain naturel pour votre visite." Plaisantais-je tout en me dirigeant vers le prochain bureau.
En visite pour la journée au centre des appels d’urgence, Adriana fut surprise d’être accueillie par un jeune homme en pyjama, mais qui semblait avoir beaucoup d’humour. Pile ce qui lui fallait pour oublier son humeur morose de ces derniers jours et l’angoisse qui ne cessait de monter à l’approche de la date fatidique.
« Ca et le fait que vous soyez la seule à attendre, en fait. »
La brunette rit, et elle comprit rapidement que ce ne serait pas la seule fois de la journée.
« Vous êtes un bon enquêteur, vous avez déjà pensé à rejoindre la police ? »
Elle lui sourit et ajouta avec un air mutin.
« Je suis sérieuse, en deux phrases, vous semblez déjà plus doué que la moitié des flics de Brisbane. »
Ok, elle exagérait un peu. Pas tant que ça. Mais ses collègues n’étaient pas tendres avec elle depuis son arrivée dans la police, encore moins ces derniers temps, alors elle ne se priverait pas de les dégommer. Tout ça parce qu’elle était une femme, jeune, petite, et ancienne modèle de prêt-à-porter. Ils ne cessaient de se moquer et de la rabaisser, alors qu’elle avait brillamment réussi la même formation qu’eux. Sa place, elle la méritait, et elle le leur prouverait. La conversation se poursuivit sur la tenue vestimentaire de l’hôte du jour, qui crut bon de préciser.
« Si ça avait été ça, j’aurais mis ses vêtements à elle pour venir. Bon, elle est un peu plus petite que moi, c’est sûr, mais au moins j’aurais été vengé. »
La brunette rit franchement et plaqua ses mains sur ses yeux en secouant la tête, comme pour se débarrasser d’une image qu’elle aurait en tête.
« Je vois déjà la scène, je ne suis pas certaine que ça aurait été un choix judicieux. »
En réalité, elle imaginait Max, en mini-jupe et top trop serré, et était à deux doigts d’exploser de rire. Son attention fut heureusement détournée vers l’homme qui les observait depuis l’étage.
« Vous pensez qu’il ne vous aime pas parce qu’il m’a choisi pour votre visite ? C’est un peu vexant, mais ça a le mérite d’être honnête. »
Un instant, la brunette sembla surprise, ouvrant la bouche puis la refermant sans avoir prononcé un mot. Son interlocuteur avait réussi à rendre muette et ça, c’était rare. Secouant la tête, la jeune femme se reprit cependant rapidement.
« Non, ce n’est pas ce que j’ai dit ! Pas du tout ! Ce n’est pas vous qu’il a choisi, c’est un homme en pyjama. Avouez que j’aurais pu être coincée, ultra sérieuse, et très à cheval sur le protocole : j’aurais alors été mal à l’aise en raison de votre tenue. Si votre chef avait voulu s’assurer que le visiteur soit bien accueilli, quel que soit son caractère, il aurait fait un choix plus … classique ? sage ? banal ? »
Et Max semblait tout sauf classique, sage ou banal. C’était un compliment, et elle espérait qu’il le verrait comme tel. Elle tentait de se dépatouiller pour expliquer le fond de sa pensée. Elle ne mentait pas, la raison qu’elle lui donnait était en effet la réflexion qu’elle s’était faite initialement. Les mots avaient cependant du mal à s’organiser dans sa tête, et elle espérait avoir été claire. Heureusement, Max ne semblait pas vexé et l’humour reprit le dessus, comme il le faisait depuis le début de leurs échanges.
« Si un jour vous frappez chez moi, je saurais que vous avez obtenu un mandat pour cette enquête. »
Adriana ne put s’empêcher de rougir quelque peu. C’était stupide, car c’était elle qui était allée sur ce terrain et avait taquiné l’opérateur avec ça. Et pourtant, la possibilité qu’un jour ils puissent se revoir et que cette histoire ressurgisse lui fit monter le rose aux joues. Heureusement, la visite allait pouvoir commencer.
« Allez, si on a fini l’inspection de mon corps pour aujourd’hui, nous allons pouvoir passer au premier bureau de cette visite. »
La jeune femme esquissa un sourire et leva les mains en signe de reddition.
« On n’évoquera plus votre corps, du moins pour aujourd’hui. »
Ce n’était qu’une allusion aux propres paroles de l’opérateur, qui avait précisé « pour aujourd’hui » dans ses propos, et pourtant voilà qu’Adriana attirait à nouveau son interlocuteur sur une pente glissante. Puis elle suivit Max à l’intérieur du bureau, assistant à l’échange entre ce dernier et une dame d’un certain âge, qui ne semblait pas mâcher ses mots.
« Enchantée, Giorgia. »
Elle lui servit son plus joli sourire, parce qu’elle semblait avoir compris que cette femme était le dragon de cet endroit, le cerbère qui gardait les enfers, et qu’il ne valait mieux pas la froisser. En même temps, être polie et aimable lui coupait l’herbe sous le pied, et Adriana ne pouvait s’empêcher d’être mielleuse avec ce genre de personnes, entrant dans le jeu de Max. Rapidement, pourtant, la dame les congédia.
« Ce fut un réel plaisir, Giorgia. »
Dès qu’ils furent dans le hall, Adriana éclata de rire. Elle avait l’impression de quitter le bureau du proviseur après avoir fait une bêtise, et d’avoir frôlé l’insolence en étant si polie.
« Alors ? Vous pensez toujours que mon manager vous déteste ? Il aurait pourtant pu choisir Gigi et son entrain naturel pour votre visite. »
La brunette fit semblant d’être vexée et de fusiller l’opérateur du regard.
« Hééé, je me suis expliquée là-dessus ! En tout cas, ils sont sympas vos collègues. Ils sont tous comme Giorgia ? »
Adriana continuait de suivre Max vers le bureau suivant afin de poursuivre la journée.
« En tout cas, je vois qu’il faut être désagréable ici pour avoir droit à un café … C’est quand même dingue … »
Taquine, elle fit la moue avant qu’un sourire ne vienne éclairer son visage.
Heal the world, Make it a better place. For you and for me and the entire human race. There are people dying, If you care enough for the living, Make a better place for you and for me. @Adriana Suárez & Maxwell
« Vous êtes un bon enquêteur, vous avez déjà pensé à rejoindre la police ? » Demanda-t-elle après avoir ri. Je lui rendais son sourire en haussant les épaules alors qu'elle insistait. « Je suis sérieuse, en deux phrases, vous semblez déjà plus doué que la moitié des flics de Brisbane. » Ça, je le savais, malheureusement. J'avais eu un beau-père dans la police et il avait toujours été plus intéressé par l'idée d'écraser les autres que par celle d'aider son prochain. D'ailleurs, il avait réussi à me mettre en garde à vue quelques mois plus tôt et ça non plus, ça n'avait pas été une partie de plaisir. Machinalement, mon regard tomba sur mes pieds, la police n'étant pas mon sujet de conversation favori. "En réalité, je ne suis pas très à l'aise avec les flics, alors non, je n'ai jamais eu l'idée de les rejoindre." Il aurait peut-être été préférable de mentir, sauf que non, je ne mentais que lorsque ça me semblait absolument nécessaire et là, ça ne l'était pas. Pour autant, je me rendais compte qu'elle pouvait prendre ma phrase personnellement, aussi, je tentais de me rattraper en relevant les yeux vers elle. "Enfin, avec vous ça va, je ne voulais pas dire que... Hum. Enfin, j'ai juste eu une mauvaise expérience." Je grattais ma tête en souriant. "Mais je ne suis pas un délinquant, hein ! Euh... On va dire que je m'arrête de parler ici si vous voulez bien, autrement je vais continuer à m'enfoncer." Ajoutais-je en riant. La situation était quand même un peu cocasse, j'étais en train de dire à un agent de police que je n'étais pas à l'aise avec ses pairs alors que mon boulot consistait à faire le lien entre les victimes et les forces de l'ordre.
Fort heureusement, la conversation dériva rapidement sur mon pyjama qui, étrangement, me mettait bien moins mal à l'aise que cette histoire de police. J'avouais donc, sans aucune honte que si ma tenue avait été un coup de ma colocataire, je lui aurais volé ses affaires en signe de rébellion, ce qui fit rire la jeune femme. « Je vois déjà la scène, je ne suis pas certaine que ça aurait été un choix judicieux. » Je riais à mon tour en m'imaginant arriver ici vêtu d'une robe de Sixtine alors qu'Adriana semblait essayer de se débarrasser de l'image qu'elle avait en tête. À bien y réfléchir, pas sûr non plus que mon supérieur ait apprécié. Et en parlant de supérieur, notre discussion fut coupée par son regard sévère posé sur nous, puis quand il eut disparu, je demandais à Adriana si elle pensait qu'il ne l'aimait pas parce qu'il m'avait choisi pour sa visite. Elle sembla surprise un instant, mais se reprit rapidement. « Non, ce n'est pas ce que j'ai dit ! Pas du tout ! Ce n'est pas vous qu'il a choisi, c'est un homme en pyjama. Avouez que j'aurais pu être coincée, ultra sérieuse, et très à cheval sur le protocole : j'aurais alors été mal à l'aise en raison de votre tenue. Si votre chef avait voulu s'assurer que le visiteur soit bien accueilli, quel que soit son caractère, il aurait fait un choix plus ... classique ? sage ? banal ? » Sa réponse me fit sourire, c'était vrai et j'étais ravi de ne pas être un choix classique, sage ou banal. Je n'avais pas du tout été vexé, mais je devais tout de même avouer que taquiner la jeune femme était assez tentant. Au centre d'appel, j'avais plus tendance à me concentrer pour garder mon sérieux et aider les appelant qu'à faire des blagues. "Il aurait pu, mais alors la visite aurait été tout aussi...Classique ? Sage ? Banale ? Et ça aurait été nettement moins drôle. Après, si vous avez réellement envie de ça, je peux aller vous chercher un de mes collègues moins original." Est-ce que j'avais envie de le faire ? Pas le moins du monde. Est-ce que je le ferais si elle répondait oui ? Bien évidemment.
Cependant, la brune semblait être suffisamment à l'aise pour rester avec moi, elle me taquina même sur son idée de venir nu. Pourtant, ma réponse la fit rougir et je lui proposais de commencer la visite, l'idée n'était pas de la mettre mal à l'aise, même si je la trouvais encore plus mignonne lorsqu'elle rougissait. « On n'évoquera plus votre corps, du moins pour aujourd'hui. » Je souriais en secouant la tête et l'invitais à entrer dans le premier bureau où nous fûmes accueillis par Giorgia et sa bonne humeur percutante. La présentation ne dura pas bien longtemps, la patience de ma collègue étant loin d'être à toutes épreuves. Adriana s'était pourtant montrée des plus polies, mais tout le monde au centre d'appel savait que Giorgia n'aimait personne. Ou alors, vraiment pas grand monde.
Une fois de nouveau dans le hall, la jolie brune éclata de rire et je ne pus m'empêcher d'en faire autant. Puis, je la charriais en lui disant que je n'étais pas si mal, puisqu'elle aurait pu tomber avec ma collègue en guise de guide. Elle fit alors une moue vexée tout en me fusillant du regard. « Hééé, je me suis expliquée là-dessus ! En tout cas, ils sont sympas vos collègues. Ils sont tous comme Giorgia ? » Je faisais mine de réfléchir alors que j'avais évidemment déjà la réponse. Qui aurait eu envie de travailler dans un endroit où toutes les personnes auraient été à l'image de l'antipathie de ma collègue ? Et surtout, qui aurait continué d'appeler le numéro d'urgence en cas de problème si tous les employés avaient été si peu aimables ? "Heureusement que non, l'idée est d'aider les gens qui appellent, pas de leur donner envie de raccrocher. Mais on a quelques cons, comme partout. Vous ne me ferez pas croire que vos collègues sont tous irréprochables." D'autant plus que j'en connaissais au moins un et qu'il était tout sauf agréable à vivre. « En tout cas, je vois qu'il faut être désagréable ici pour avoir droit à un café ... C'est quand même dingue ... » Eh merde, quel con ! Pensais-je, je n'avais même pas pensé à lui proposer un café quand j'en avais offert un à ma collègue désagréable. Je me sentais si idiot que je baissais les yeux pour lui répondre, un peu gêné. "Je...Euh... T..." N'étais-je pas ridicule à bafouiller comme ça pour un café ? J'inspirais profondément pour me reprendre avant de continuer en passant une main dans mes cheveux. "Vous voulez un café ? En fait, j'attendais d'être à la cafétéria pour vous en proposer un, celui-ci n'est vraiment pas terrible. Mais si vous tenez à boire un café infâme, je peux vous en offrir un, évidemment."
Le hall de l'établissement ne renfermant pas les pièces les plus intéressantes pour cette visite, je décidais de parler rapidement les autres salles sans y entrer. "Alors, ici on a le bureau des ressources humaines, à côté celui de la comptabilité et là-bas c'est celui des gens qui gèrent l'administratif... Mais j'ai jamais compris ce qu'ils font exactement, j'ai envie de m'endormir à chaque fois qu'ils commencent à parler de leurs papiers." Et d'ailleurs, je n'entendais parler de ce bureau qu'à chaque fois qu'ils réussissaient à m'attraper pour me demander les documents que je devais leur ramener. "Et pour être honnête, si vous voulez bien, on va passer directement à l'étage, parce que d'un côté, ce n'est pas très intéressant et surtout, ils attendent ma carte d'identité depuis six mois et elle est dans mon autre pyjama." Ah l'organisation et la ponctualité, mes deux gros points forts à l'évidence.
Nous montions donc à l'étage, pour tomber, après un renfoncement, sur une salle complètement vitrée. À l'intérieur, on pouvait voir trois employés s'occuper d'une dizaine d'enfants. "Ici, nous avons la garderie. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'en faire un très long discours, c'est ici que sont gardés les enfants des employés. D'ailleurs, vous voyez les petits jumeaux là-bas ? Ce sont les miens ! Ne sont-ils pas mignons ?" Je guettais sa réaction avant d'éclater de rire. "C'est évidemment une blague. Je viens travailler en pyjama, fort heureusement, je n'ai pas d'enfant." J'agitais mes sourcils en souriant avant de montrer la salle de l'autre côté du couloir. "Et voici enfin le restaurant d'entreprise... Alors ? Je vous l'offre, ce café ?"
Adriana taquine son hôte, lui dit qu’il ferait un bon enquêteur et alors qu’il riait il y a une minute, le voilà tout gêné. La brunette fronce les sourcils en l’écoutant.
« En réalité, je ne suis pas très à l’aise avec les flics, alors non, je n’ai jamais eu l’idée de les rejoindre. »
La surprise passe rapidement sur les traits de la jeune femme, avant qu’elle ne se ressaisisse. Elle ne s’attendait pas à ça, comme réponse, néanmoins, elle savait qu’il y avait de la mauvaise graine dans toutes les professions, et savait que certains flics, en plus d’être mauvais, abusaient du peu de pouvoir qui leur était conféré.
« Enfin, avec vous ça va, je ne voulais pas dire que … Hum. Enfin, j’ai juste eu une mauvaise expérience. »
La brunette sourit en écoutant ce bafouillage, regardant Maxwell essayer de se tirer de cette situation délicate.
« Mais je ne suis pas un délinquant, hein ! Euh … On va dire que je m’arrête de parler ici si vous voulez bien, autrement je vais continuer à m’enfoncer. »
Maintenant, Adriana rit franchement, devant tant de confusion. Elle secoue la tête en levant les mains en signe d’apaisement.
« Je comprends. Il y a des cons partout, vous savez, et chez nous ça a tendance à beaucoup se remarquer. »
Elle hausse les épaules sans se départir de son sourire.
« Ou bien c’est qu’on en a plus que dans les autres branches, allez savoir. »
Elle baisse ses mains en faisant un petit clin d’œil à Maxwell.
« En tout cas, je promets de ne pas vous passer les menottes si vous vous tenez à carreaux. »
Et elle rit à nouveau, ravie de leurs taquineries. Ils ne se connaissent que depuis quelques minutes, et pourtant, le courant passe bien entre eux. Pile ce qu’il fallait à la brunette pour oublier son humeur morose due à cette période de l’année particulière, anniversaire de l’agression de son frère. Avant de suivre Maxwell pour le début de la visite, ils évoquent le choix de son patron, de l’avoir envoyé lui, en pyjama.
« Il aurait pu, mais alors la visite aurait été tout aussi … classique ? sage ? banale ? Et ça aurait été nettement moins drôle. Après, si vous avez réellement envie de ça, je peux aller vous chercher un de mes collègues moins original. »
Adriana le dévisage en réprimant un petit sourire. Il voit qu’elle apprécie leurs premiers échanges, non ? Il l’entend, son rire, à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Alors pourquoi poser cette question. Elle rougit légèrement, sachant qu’elle va se laisser aller au compliment.
« J’aime rire. J’adore quand on me fait rire. Alors je ne vous échangerai pour rien au monde. »
Pour tenter de cacher son trouble, elle observe les alentours en demandant :
« On y va ? »
Le premier bureau visité est celui d’un vrai dragon. Maxwell a à peine le temps de refermer la porte derrière lui qu’Adriana éclate de rire et l’interroge sur ses autres collègues. Puis elle réclame un café, en lui faisant remarqué qu’il en a offert un à la sorcière mais pas à elle. Elle est pourtant très sympathique depuis son arrivée, non ? Soudain, l’opérateur semble gêné, alors qu’il fixe ses chaussures et bafouille quelques explications.
« Je … Euh … T… Vous voulez un café ? En fait, j’attendais d’être à la cafétéria pour vous en proposer un, celui-ci n’est vraiment pas terrible. Mais si vous tenez à boire un café infâme, je peux vous en offrir un, évidemment. »
Adriana secoue la tête en souriant. Elle le trouve craquant lorsqu’il semble ainsi déstabilisé et qu’il bredouille quelques mots.
« Je vous fais confiance, et je saurai patienter jusqu’à la cafétéria. Par contre, si vous voulez mon avis, c’est normal que l’humeur de Giorgia ne s’améliore pas si vous lui servez du jus de chaussette. Je dis ça, je dis rien. »
Elle hausse les épaules alors qu’un nouveau sourire illumine son visage. La brunette redevient plus sérieuse alors qu’elle écoute Maxwell poursuivre la visite et lui expliquer ce qui se cache derrière les différentes portes qu’ils croisent. Elle le suit finalement jusqu’à l’étage, alors qu’il l’emmène voir la crèche de l’entreprise.
« Ici, nous avons la garderie. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’en faire un très long discours, c’est ici que sont gardés les enfants des employés. D’ailleurs, vous voyez les petits jumeaux là-bas ? Ce sont les miens ! Ne sont-ils pas mignons ? »
Le regard d’Adriana est tendre alors qu’elle observe les bébés jouer et qu’elle les écoute gazouiller. Ses sourcils se froncent cependant à la remarque de Maxwell, alors qu’elle le dévisage, suspicieuse : il fait tellement de blagues depuis son arrivée que la jeune femme ne sait même plus lorsqu’il est sérieux ou lorsqu’il la taquine.
« C’est évidemment une blague. Je viens travailler en pyjama, fort heureusement, je n’ai pas d’enfant. » « Fort heureusement ? »
La question de la brunette fuse, sans qu’elle ne puisse avoir une chance de la retenir. Elle, elle adore les enfants, et sait qu’elle en voudra un jour, même si elle est loin d’être prête. Finalement, il lui montre la fameuse cafétéria dont ils ont parlé précédemment.
« Et voici enfin le restaurant d’entreprise … Alors ? Je vous l’offre, ce café ? »
Un sourire illumine le visage d’Adriana.
« Avec plaisir ! »
Elle suit Maxwell dans la cafétéria puis s’installe en face de lui sur un tabouret haut, accoudée au comptoir, son menton posé dans sa main. Elle fait tourner le café machinalement dans le gobelet, en buvant une gorgée occasionnellement.
« Celui-ci est pas mauvais. Mieux que celui de mon boulot en tout cas. »
Elle plonge son regard dans celui de Maxwell, un instant plus sérieuse.
« Merci. »
Merci pour le café. Pour la visite. Pour les rires. Elle avait besoin de cette journée quelque peu hors de temps, de cette parenthèse rafraîchissante.
« J’ai hâte de découvrir votre bureau et votre job. Vous avez un bureau individuel ou un open space ? Déco ou pas déco ? »
Elle s’amuse à essayer de deviner à quoi pourrait ressembler le bureau de l’homme en face d’elle. Si c’est un bureau individuel, elle imagine pas mal de décorations, quelque chose d’hétéroclite, avec des souvenirs de voyages et des affiches rigolotes. Si c’est un open space … elle l’imagine y faisant rire tous ses collègues, lorsque la situation le permet.
Heal the world, Make it a better place. For you and for me and the entire human race. There are people dying, If you care enough for the living, Make a better place for you and for me. @Adriana Suárez & Maxwell
« Je comprends. Il y a des cons partout, vous savez, et chez nous ça a tendance à beaucoup se remarquer. »
Toujours souriant, j'acquiesçais, c'était un fait que je ne pouvais pas nier, d'ailleurs, même chez les opérateurs du centre d'appel, les cons se faisaient beaucoup remarquer : un con, ça aide mal les autres.
« Ou bien c'est qu'on en a plus que dans les autres branches, allez savoir. En tout cas, je promets de ne pas vous passer les menottes si vous vous tenez à carreaux. »
Je riais avec elle en l'invitant à commencer la visite, tout en glissant au passage : "Je vais finir par faire exprès de ne pas me tenir à carreaux, si on part comme ça."
La visite avait commencé avec le bureau de la sympathique Giorgia et à la sortie de ce bureau, Adriana réclamant un café, je lui disais que j'attendais d'être à la cafétéria pour lui en offrir un.
« Je vous fais confiance, et je saurai patienter jusqu'à la cafétéria. Par contre, si vous voulez mon avis, c'est normal que l'humeur de Giorgia ne s'améliore pas si vous lui servez du jus de chaussette. Je dis ça, je dis rien. »
Un nouveau sourire illumina mon visage alors que je répondais. "On a le café qu'on mérite, c'est ma vengeance silencieuse... Et puis, je ne suis jamais assez en avance pour aller à l'étage et redescendre avant de prendre mon poste."
J'avais toujours eu un problème avec la ponctualité, en général, quand je n'étais pas en retard, c'était plus par hasard que parce que c'était vraiment voulu. Je haussais les épaules avant de continuer la visite, expliquant rapidement l'utilité des derniers bureaux du rez-de-chaussée avant d'inviter la jolie brune à monter au premier. La première salle de cet étage étant la crèche, nous nous y arrêtions quelques minutes, le temps que j'essaye de lui faire croire que certains des enfants étaient les miens.
« Fort heureusement ? » Demanda-t-elle du tac-au-tac, ce qui me surprit un peu. M'avait-elle bien regardé ? Est-ce que j'avais l'air d'être assez mature pour avoir des enfants et m'en occuper ?
"Oui, je n'ai pas un rythme de vie qui conviendrait à un enfant. Et j'ai eu de si mauvais exemples que je serais forcément un parent abominable." Répondis-je néanmoins le plus sérieusement du monde. "Et puis, je suis le mec qui vient bosser en pyjama, comment je pourrais m'occuper d'un enfant quand je ne sais pas m'occuper de moi-même ?" Il y avait ça et ma tendance à fuir dès que je commençais à m'attacher un peu trop aussi. Il allait être compliqué de penser à devenir parent avec qui que ce soit dans ces conditions, mais ça, il n'était pas question d'en parler avec une inconnue, j'évitais déjà suffisamment le psy de l'entreprise pour ne pas me mettre à parler de mes problèmes d'engagement à toutes les inconnues qui passaient. "Et vous, vous en avez ?"
La fameuse cafétéria étant juste en face de la crèche, ce fut notre arrêt suivant. J'y offrais le café promis à Adriana, en prenais moi-même et nous nous installions au comptoir pour les boire. Après avoir complimenté le café, elle plongea son regard dans le mien pour me remercier, d'un air soudain bien plus sérieux. "C'est juste mon travail." Fis-je, en détournant le regard. Non, il n'y avait pas que ça. J'avais déjà fait d'autres visites et j'étais resté sérieux, je n'avais pas senti une connexion suffisante avec ces personnes pour être moi-même et rire comme ça avait été le cas avec Adriana. Mais en parler aurait rendu cette bonne rencontre bizarre, alors je préférais ne pas le faire.
« J'ai hâte de découvrir votre bureau et votre job. Vous avez un bureau individuel ou un open space ? Déco ou pas déco ? »
Je gardais le mystère bien qu'il fût très rapidement élucidé puisque la prochaine pièce à visiter était le plateau de l'équipe bleue dont je faisais partie. Nous parlions moins fort durant cette partie de la visite pour ne pas déranger les appels en cours. Mon bureau était très minimaliste contrairement à ce qu'on aurait pu penser, outre les post-it qui envahissaient littéralement l'espace avec toutes les informations possibles et imaginables écrites dessus, il n'y avait que deux photos dans mon espace : une de ma fratrie et une avec Niamh. J'expliquais rapidement à la policière comment fonctionnait la réception des appels, comment ils étaient traités et comment nous faisions la liaison et le suivi avec les services d'urgences adéquats, puis la visite se poursuivit dans le reste du bâtiment. Ce n'est qu'après presque une heure et demi de visite que nous nous retrouvions à nouveau dans le hall tous les deux.
"Bon, je vais malheureusement devoir vous laisser ici, je dois retourner à mes appels." Avais-je annoncé en l'amenant près de mon supérieur qui devait d'occuper de finaliser la visite et de tout ce qui était badge. "J'espère qu'on se recroisera, c'était un plaisir de faire votre connaissance." Et après une dernière révérence, j'étais retourné à mon poste.