| | | (#)Jeu 7 Oct 2021 - 18:32 | |
| | ► madhouse
The life you had before is gone, that's never gonna change But we'll all love you, hate you and we'll tell you everyday
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La poudre heurta les paroies des cent dollars avant de se loger dans le conduit nasal de la jeune femme. C’était parfois son petit plaisir de rouler un billet en substitution de sa petite paille qui lui épargnait des rails à même la table comme si elle n’avait pas les moyens de faire mieux. C’était un truc de films, ça. Ça soulignait la débauche du geste, de s’en foutre partout. Elle en levait toujours les yeux au ciel lorsqu’elle assistait à ce genre de mise en scène typiquement Hollywoodienne. Tout bon consommateur savait que pour s’assurer de ne pas gâcher de produit, il fallait un conduit. La dernière fois qu’elle avait vu un acteur faire cela correctement à l’écran c’était Jared Leto dans Lord of War et dieu savait que l’homme s’y connaissait bien assez pour avoir corrigé l'ignorance des scénaristes. Le reste du temps, le monde s’imaginait les personnes comme elle façon Scarface et c’était d’un ridicule sans nom. Distrayant, au moins. Le bowling allait ouvrir en début d’après-midi et Lou avait déjà perdu le compte des rails. Il y avait celui du réveil, celui avant le café, celui après le café, celui en arrivant au BB8 et ensuite… Ensuite tout quart d’heure d’ennui était une bonne excuse pour planer un instant. Sa longue inspiration jeta son corps en arrière jusqu’à s’avachir dans son siège. Normalement, il lui faudrait attendre une poignée de minutes avant de ressentir les effets du produit ; mais chez Lou, le monde ne cessait jamais de tournoyer autour d’elle, la lumière d’être aveuglante, les sons de danser dans l’air, les goûts d’être plus intenses et les touchers enivrants. Un avion qui n’atterrissait jamais vraiment, voilà ce qu’elle était. Au moins ne songeait-elle plus qu’au minimum à tout ce qui concernait Mitchell, Alice, le Club, l’hôtel, les appartements en flammes, les orteils coupés et les cadavres dans le sable.
Elle quitta le bureau avec un sourire d’oreille à oreille, trop grand pour quelqu’un avec autant de squelettes qui s’accumulaient dans les placards. Elle sautillait presque dans ses bottines, sans raison aucune. Dans le bowling, la mise en place était bouclée. Le bar était prêt, les boules luisaient, les allées étaient lustrées, les néons vibraient. En bas, les filles dansaient déjà comme s’il était éternellement minuit. Derrière les machines, on comptait les billets et on pariait sur les futures dents cassées. Et tout cela sonnait comme la définition d’un foyer dans le monde de Lou. Néanmoins, cette journée n’était pas destinée à être comme celle de la veille ou de l’avant-veille. Elle le réalisa lorsque son regard croisa l’immense silhouette de Lawrence de l’autre côté des portes vitrées de l’établissement. Les yeux écarquillés, pupilles démesurées, le souffle coupé, elle se figea un instant. Bien assez longtemps pour qu’il la détaille à son tour et la reconnaisse ; assez pour qu’il ait la puce à l’oreille à propos de sa mascarade lors de leur rencontre. “Merde.” elle cracha finalement avant de tailler la route d’un pas vif jusqu’au bar. “Dani !” La jeune femme était de service. A son poste derrière le comptoir, elle pouvait voir Aberline foncer droit vers elle comme un boulet de canon. Elle passa derrière la caisse et l'agrippa comme si sa vie -comme si leurs vies à toutes les deux- en dépendait. “Il est là.” Le Père Noël ? Le lapin de Pâques ? Aux veines apparentes dans le blanc rougi de ses yeux secs, la brune pouvait faire référence à n’importe quoi. “Lawrence est là.” précisa-t-elle. Le plus inquiétant étant que, habituellement, quasiment rien ni personne n’était en mesure de la paniquer à ce point. Elle ne craignait rien, Lou. Rien à part que son frère découvre toute la vérité. Rien à part que cela le mette en danger.
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| | | | (#)Mar 12 Oct 2021 - 18:44 | |
| « Dani ! » La bosse arriva et Danika n’eut qu’à regarder ses yeux pour voir que Lou était défoncée. Elle aurait pu avoir le nez couvert de poudre blanche que cela aurait été pareil. Parfois Danika se demandait comment elle avait fait pour ne pas craquer, pour ne pas finir par toucher à la drogue quand dans le monde qu’elle habitait aujourd’hui celles-ci étaient devenues monnaie courante. Il y avait ceux qui consommaient pour le plaisir, ceux qui consommaient parce qu’ils n’avaient plus le choix, définitivement accrocs à un rail ou un shot de plus. Il y avait ceux qui payaient et ceux qui ne payaient pas. Ceux qui ne payaient pas voyaient très vite que la Ruche possédait quelques poings destructeurs. Cette violence là aussi était devenu une habitude, une énième facette de ce monde de la nuit qu’elle habitait depuis plus d’un an à présent. Et si Danika avait souvent du mal à se regarder dans le miroir, si se souvenir de la personne qu’elle avait été était toujours douloureux, elle se rassurait en se disant qu’au moins elle n’était pas encore tombée aussi bas que ça. Et ça c’était Lou complètement défoncée qui lui rappelait là aussi les souvenirs d’une autre vie, de celles de galas où l’adolescente s’appelait Grimes et non pas Aberline et où Danika n’était pas sous ses ordres mais bien au-dessus d’elle. Elle aurait aimé dire que le dégoût avait disparu lorsqu’elle la regardait, mais une part de haine existait encore bien qu’à présent domptée par la peur et le sens de la hiérarchie. Et bien qu’elle ne l’aurait jamais admis à voix haute, peut-être il y avait-il un mince respect qui était né lorsque Lou lui avait annoncé ce lien de parenté avec Lawrence et lui avait demandé de garder ce secret pour le protéger. A l’opposé, c’était ce même secret qui la faisait la détester chaque jour un peu plus qu’elle mentait à Lawrence, consciente d’atteindre un point de non-retour malgré le fait que le contact avait été aussi faible que froid avec le père de son fils ces derniers temps.
« Il est là. » Lou était venu l’agripper avec violence, la faisant sursauter, l’incompréhension lisible sur le visage de Danika. De quoi parlait-elle ? Etait-ce simplement une fantaisie d’une Lou sous l’effet de la poudre ? Non cela semblait grave, trop grave, assez pour cela éveille un élan de panique dans son cœur avant même que Lou n’ait à préciser sa pensée. “Lawrence est là.” Son cœur plongea dans sa poitrine, l’alerte provoquant un immense élan de terreur dans le corps de la brune. Que faisait-il là ? Pourquoi était-il là ? Lawrence et elles ne s’adressaient que bien peu la parole malgré la trève plus ou moins édictée lorsque Maddox avait terminé un soir à l’hôpital. « Quoi ? » elle ne pouvait avoir que mal compris. Il n’y avait pas d’autres possibilités. Si en temps normal voir Lawrence sur les lieux de tous ses secrets l’aurait déjà particulièrement mis mal à l’aise, l’idée qu’il tombe sur Lou était suffisante pour lui donner envie de vomir, car ce secret-là, elle n’était pas sûr qu’il soit capable de lui pardonner un jour. « Il t’a vue ? » Bien sûr qu’il devait l’avoir vue, il n’y avait pas d’autres possibilités et Danika s’élança dans la direction opposée, vers l’entrée, se détachant de la poigne de Lou dans une tentative désespérée d’éviter l’inévitable. Elle pensait avoir imaginé le pire, mais il fallait croire qu’elle n’avait pas assez d’imagination car elle eut à peine contourné le comptoir vers l’entrée, qu’elle vit le petit garçon qui tenait la main de Lawrence. Son regard passa du regard féroce de l’homme à leur enfant à ses côtés et elle perdit toutes les couleurs de son visage. « Mamaaaaaan ! » lui n’avait pas l’air de se douter de quoique ce soit et le garçon de quatre ans s’élança en courant vers elle et elle le souleva pour le serrer dans ses bras. « Maddy ? Qu’est ce que tu fais là ? » demanda-t-elle, la question plutôt adressée au père du garçon qu’elle était incapable de lâcher des yeux. Peut-être était-il encore temps de le faire dévier de route. Peut être n’avait-t-il pas vu Lou. Peut-être que le peu de confiance qu’il avait encore en elle n’allait pas s’étioler sous ses yeux en quelques secondes.
@Lou Aberline @Lawrence Cabbott
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| | | | (#)Mer 20 Oct 2021 - 5:38 | |
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Être père m’a fait réaliser à quel point j’ai été un fils lamentable pour mes parents adoptifs qui ont tout fait en leur pouvoir pour que je m’épanouisse. Depuis que Danika me permet de m’occuper de Maddox sans qu’elle ne soit présente, je tente de me reprendre auprès de mes parents en leur permettant d’être présent dans la vie de mon fils. Même si je ne me suis jamais senti particulièrement proche d’eux en grandissant, je savais que Maddox serait traité aux petits oignons et qu’il ne manquerait de rien. Néanmoins, j’ai été incapable de calmer la légère inquiétude que j’ai ressentie en le laissant chez eux hier soir pour sa première nuit en leur compagnie. Impatient de savoir comment son petit séjour s’est déroulé, j’entre directement chez mes parents sans même prendre le temps de cogner à la porte. « Papaaaaaaa! » Je mets un genou au sol tandis qu’il accourt dans ma direction et qu’il m’enlace avec ses petits bras. « Hey little man, comment ça s’est passé? » Je le serre contre moi en déposant un baiser sur sa tempe. « Bien. Regarde papa! » Je le suis des yeux pendant qu’il s’éloigne et qu’il revient vers moi avec une peluche de koala. « Nous l’avons amené au sanctuaire. » explique ma mère avant de me faire un résumé de leur soirée d’hier et de leur journée d’aujourd’hui. Maddox a l’air content et ça me satisfait, je remercie donc mes parents puis je me dirige vers ma voiture pour installer le petit dans son banc. « J’ai ma journée pour toi, qu’est-ce que t’as envie de faire? » demandé-je en prenant place sur le siège conducteur tout en le regardant dans le rétroviseur. Il réfléchit en posant une main sur son menton, sa peluche serrée sous son autre bras. « Cinéma? » Il secoue vivement la tête en souriant. « Mini-golf? » Il rit. « Nah! » Thank God, je n’avais pas envie de faire ça de toute façon. J’attache ma ceinture de sécurité en fronçant les sourcils. « Quoi alors? » Maddox caresse les oreilles de sa peluche avant de la serrer contre lui. « Bowling! Je veux voir maman. » Really? Je pince mes lèvres d’un air hésitant. « Bowling hein? » Pourquoi pas. Je hausse les épaules, je démarre mon véhicule et je prends la route vers le bowling pour lui faire plaisir.
« Terminus, tout le monde débarque! » Je sors du véhicule et j’aide Maddox à descendre à son tour, l’assoyant sur l’une de mes épaules tout en le tenant d’une main. Alors que je m’apprêtais à pousser la porte de l’établissement, Maddox échappe sa peluche, je le dépose donc pour qu’il puisse la récupérer. Pendant ce temps, je lance un regard vers l’intérieur du bowling et c’est à ce moment que mon regard croise celui d’une jeune femme que je reconnais sans aucune difficulté. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que quelqu’un débarque chez moi pour m’annoncer que mon père dont j’ignorais l’identité jusqu’à présent a décidé de me léguer un bon montant d’argent. J’aurais très probablement pu croire à un simple hasard, que Lou avait eu la même idée d’activité que moi ce soir, mais la surprise et la panique que je lis sur son visage ainsi que la vitesse à laquelle elle détale comme un lapin me font rapidement comprendre que notre rencontre n’était qu’une mascarade. « Maddox, dépêche-toi. » Mon ton est un peu plus sec que je ne l’aurais voulu mais j’ai déjà plein de questions qui me traversent l’esprit et j’ai le pressentiment que notre sortie au bowling ne se déroulera pas comme je l’imaginais. Dès qu’il est suffisamment proche de moi, je tends un bras pour prendre la main de Maddox et nous entrons dans l’établissement. C’est sur Danika que je tombe plutôt que sur Lou, ce qui ne fait que m’irriter davantage. « Mamaaaaaan ! » Je lâche la main de Maddox et il court dans les bras de sa mère. « Maddy ? Qu’est ce que tu fais là ? » Je scrute les alentours à la recherche de l’imposteur. « Elle est où?! » demandé-je en fusillant Danika du regard. À cet instant, je me doute que les deux femmes se connaissent mais je n’en ai pas encore la certitude. Sans même attendre sa réponse, je me précipite vers la salle de bain des femmes dans laquelle j’entre en claquant la porte sur le mur derrière. Aucune trace de la brune, je reviens donc sur mes pas et c’est à ce moment que je l’aperçois derrière le comptoir. Il n’y a plus aucun doute Danika et Lou ne peuvent que se connaître et le réaliser ne m’aide pas du tout à garder mon sang-froid. Je serre la mâchoire en marchant vers le comptoir tout en lançant un regard méprisant à Danika. « Vous vous connaissez?! » Un ricanement m’échappe alors que je penche en appuyant mes paumes contre le comptoir devant Lou. « Who the fuck are you?! » Je n’ai pas besoin de l’observer bien longtemps pour comprendre dans quel état elle se trouve actuellement. Elle a pas mal moins de classe que lorsqu’elle est débarquée chez moi en mars dernier. « Quelqu’un va m’expliquer c’est quoi la fucking blague?! » Je hausse le ton en regardant les deux brunes à tour de rôle. Si je suis loin de me douter du lien qui unit Lou et moi, je suis bien plus conscient de celui qui unit les deux jeunes femmes : elles sont aussi menteuses l’une que l’autre. |
| | | | (#)Sam 6 Nov 2021 - 23:19 | |
| | ► madhouse
The life you had before is gone, that's never gonna change But we'll all love you, hate you and we'll tell you everyday
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« Quoi ? Il t’a vue ? - Bien sûr qu’il m’a vue ! J’ai freeze devant les portes comme une putain de biche devant des phares ! » La colère était moins tournée vers la question stupide de Danike qu’envers Lou elle-même. Parce qu’elle avait nié que ce jour puisse arriver depuis des mois, parce qu’elle avait enterré l’éventualité dans un coin de son esprit durant tout ce temps et qu’elle se retrouvait désormais prise au dépourvu. Elle n’avait pas préparé de bobard, elle ne pouvait pas se planquer, et faute que la machine à voyager dans le temps soit une application disponible sur son téléphone portable, il n’y avait aucun moyen de faire marche arrière afin d’éviter la suite des événements. Non, le premier domino, elle l’avait vu tomber au ralenti, aussi longtemps qu’elle s’était arrêtée droit dans le champ de vision de Lawrence en se demandant s’il était réel ou si elle délirait. Sauf que son imagination ne lui aurait jamais fait voir un enfant. Jamais. Lou demeura livrée à elle-même et sa panique derrière le comptoir, comme une enfant perdue au milieu du supermarché, tandis que Danika s’avançait pour ouvrir aux invités surprise. Et dans la seconde, on entendit retentir le rugissement d’un Lawrence enragé. « Elle est où ?! » Oh putain. Sa tête lui ordonnait de fuir, ses jambes refusaient d’obtempérer. Lou fit son frère se tromper de direction avec soulagement, mais ne bougea pas pour autant. Pour aller où, de toute manière ? Il l’avait vue, et c’était peut-être le destin. Le destin ou son cerveau trop enfumé pour qu’elle songe au moindre endroit où aller pour échapper au beau diable qui réapparaissait soudainement. Cette fois, il ne faisait aucun doute que c’était l’imagination de l’australienne qui lui donnait l’impression que chacun des pas de Lawrence faisait trembler l’établissement entier ou que son nez écrasait le sien lorsqu’il se penchait vers elle. « Who the fuck are you ?! - Personne ! » Dans son éclat de voix, Lou effectua un grand pas en arrière ; son dos heurta les étagères où tintaient les bouteilles d’alcool. Elle passa une main sur son visage, se figurait que cela l’aiderait à réunir ses esprits au moment où la poudre embrouillait ses idées de plus belle. “Enfin, je, si, Lou. Je suis Lou.” corrigeait-elle. Impossible de se souvenir quel nom de famille elle lui avait donné. Certainement pas Grimes. Aberline ? Pas moyen d’en être sûre. « Quelqu’un va m’expliquer c’est quoi la fucking blague ?! » Il avait la voix qui portait, le bougre, et les naseaux dilatés d’un taureau entré dans l’arène, nargué par le fanion rouge. “Y’a pas de blague. On est…” Balbutiante, Lou marmonnait tout bas tandis que les rouages de son cerveau s’agitaient aussi rapidement qu’ils en avaient la capacité. Elle avait commencé avec un mensonge, elle devait s’enfoncer dedans de plus belle. Lawrence ne pouvait pas apprendre la vérité. Pas de cette manière-là. “Collègues.” Demi-mensonge, le meilleur prétexte qu’elle puisse trouver. Après tout Danika et elle travaillaient bel et bien ensemble, si on ne s'attardait pas sur l’échelle de la hiérarchie ; et cela ne valait rien aujourd’hui tant elles étaient dans le même bateau. “Je crains comme clerc de notaire alors on m’a virée et depuis je bosse ici.” Un rire nerveux échappa à la jeune femme. Oui, Lawrence pouvait sûrement gober ça. C’était vraisemblable. Si Dani daignait jouer le jeu, elles pourraient s’en sortir aussi facilement que ça. “Danika tu veux bien faire quelque chose ? Genre empêcher ton ex de me décapiter ?” En se penchant sur le côté afin de trouver la jeune femme du regard en rasant la silhouette de son frère, les yeux de Lou tombèrent sur le petit Maddox dans un premier temps. Il était simple spectateur de cris et de mensonges mal ficelés depuis qu’il avait mis les pieds dans le bowling. Rapidement, elle détourna de lui ses pupilles trop larges avec un rare sentiment de honte.
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| | | | (#)Dim 14 Nov 2021 - 20:58 | |
| Il demanda où était Lou et son regard la figea sur place. Elle réalisa alors qu’elle était terrifiée. Terrifiée à l’idée qu’il apprenne la vérité et ne la regarde plus jamais de la même manière. Terrifiée d’être allée trop loin cette fois. « Vous vous connaissez?! » Danika resta silencieuse, serrant contre elle son fils, incapable de lui répondre, se contentant d’observer le désastre qui se jouait devant ses yeux alors que Lawrence s’avançait vers le bar, vers Lou et vers la vérité.
« Quelqu’un va m’expliquer c’est quoi la fucking blague?! » “Y’a pas de blague. On est…” Le regard de Danika se braqua sur Lou, comme si elle allait sortir la solution à tous leurs problèmes, inventer elle ne savait quel mensonge crédible qui effacerait cette rencontre du souvenir de Lawrence. “Collègues.” Le mot ne calmerait pas Lawrence elle le savait. L’état de Lou non plus quand il était clair qu’elle était loin d’être sobre. “Je crains comme clerc de notaire alors on m’a virée et depuis je bosse ici.” Il n’allait jamais y croire elle le savait pertinemment et son regard se porta sur Lawrence pour observer sa réaction. “Danika tu veux bien faire quelque chose ? Genre empêcher ton ex de me décapiter ?”
A son prénom, Danika se concentra de nouveau sur Lou. Lou qui semblait soudainement frêle à côté de l’homme. Lou qui avait perdu toute contenance face à celui qui était son frère. Elle serra son petit garçon dans les bras, comme dans l’espoir de pouvoir s’apaiser. Ce dernier ne disait rien, comme s’il était conscient de l’atmosphère de la pièce qui ne présageait rien de bon. C’était une chose de mentir à Lawrence depuis des mois sans qu’il n’ait aucune idée de la connexion quelconque entre Lou et elle. C’était une autre de lui mentir en le regardant dans les yeux alors qu’il venait de poser une question directe sur les liens qui les unissaient. Une autre chose encore de mentir devant son fils silencieux dans ses bras. « On bosse ensemble. » commença-t-elle d’un ton hésitant pour chercher à attirer l’attention de Lawrence, pour la détourner de Lou, pour confirmer ce qu'elle disait. Elle se força alors à avancer vers lui, sa main se posant sur son bras dans l’espoir de le calmer et de le faire reculer. « Law, il y a Maddox. » murmura-t-elle, comme si son fils était réellement capable de calmer la colère qu’elle voyait grandir sur son visage.
Mais ce fut à ce moment-là qu’elle vit son regard. A ce moment-là qu’elle se rappela d’une autre scène. D’une scène où il lui avait fait assez confiance pour lui parler de ses parents et de sa famille, de cette nuit où son enfance avait été brisée et sa famille détruite. Elle ne revoyait plus que les larmes qui avaient coulé sur ses joues rugueuses et n’entendait plus que sa voix qui s’était brisée à chaque mot. Il lui avait fait confiance ce soir-là, malgré les mensonges, malgré le fait qu’elle lui caché son fils pendant trois ans. Elle lui avait déjà trop menti, trop de fois et pas toujours pour les bonnes raisons. Elle avait refusé de lui avouer la vérité lorsqu’il avait demandé la raison des bleus sur sa peau et des factures non payées. Elle avait fui il y a des mois et lui avait là aussi avait fini par lui donner une demi-vérité, incapable de s’ouvir, consciente que cette vie-là, celle qu’elle vivait derrière la devanture du Bowling n’était pas partageable.
C’était une chose de refuser de lui parler des détails de sa propre vie, de toutes les erreurs qu’elle avait faite pour en arriver là aujourd’hui. Mais était-elle vraiment en droit de lui cacher un lien de parenté, une personne qui pouvait peut-être lui donner des réponses sur son propre passé ? Cela faisait des mois qu’elle cherchait à oublier ce secret que Lou lui avait avoué, qu’elle essayait de se convaincre que c’était la bonne chose à faire, qu’il valait mieux qu’il reste loin de tout ça.
Danika ferma les yeux, sa volonté était en train de s’évaporer, son regard s’accrocha cette fois à celui de Lou et elle secoua la tête. « Je peux pas. » Elle n’était pas celle qui le sauverait de ce cauchemar. Elle n’était pas prête à lui mentir de nouveau. « Je peux pas Lou. » Elle en était presque désolée, toute fierté et dignité froide oubliée alors qu’elle se sentait bien trop petite, bien trop faible. « Dit lui la vérité. » Ce ne fut qu’un murmure, un murmure transformé en supplication. Car si ce n’était pas elle qui le faisait, ça serait elle qui l’avouerait.
@Lou Aberline @Lawrence Cabbott
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| | | | (#)Mar 14 Déc 2021 - 0:12 | |
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« Personne ! » Elle est aussi menteuse que Danika sauf que ce qu’elle a consommé lui enlève toute la crédibilité qu’elle avait la première fois lorsqu’elle est débarquée chez moi en mars dernier. Aujourd’hui, elle fait presque pitié, mais surtout, elle est pathétique. Lorsqu’elle recule et qu’elle heurte les étagères derrière elle, j’arque les sourcils, pas du tout impressionné par sa prestation cette fois-ci. « Enfin, je, si, Lou. Je suis Lou. » Je soupire bruyamment en fermant les yeux, à deux doigts de perdre le peu de patience qu’il me reste et il ne m’en restait déjà presque plus lorsque j’ai mis les pieds dans l’établissement. « Mais encore? » Son prénom, elle me l’a dit la première fois, cette information ne m’amène donc aucun élément nouveau et ne m’aide en rien à comprendre ce qu’elle me veut. « Accouche qu’on baptise, j’ai pas toute la fucking journée. » Je veux savoir, j’ai besoin de comprendre ce qui se passe en ce moment et les deux femmes prennent beaucoup trop leur temps à mon goût pour parler, ne me donnant que des informations futiles qui ne m’aident à rien dans mon enquête. « Y’a pas de blague. On est… Collègues. » Je me redresse bien droit en poussant un long soupir, la tête basculée vers l’arrière. Elle se moque de moi et fuck que je ne suis pas d’humeur pour ça. « Je crains comme clerc de notaire alors on m’a virée et depuis je bosse ici. » Si elle ne s’était pas sauvée en courant dès le moment où nos regards se sont croisés à travers la porte du bowling, peut-être, et je dis bien peut-être, que je l’aurais crue. Étant donné sa réaction, son explication ne fait aucun sens et elle est vraiment épaisse si elle croit que je vais accepter ça comme réponse sans creuser davantage. « Danika tu veux bien faire quelque chose ? Genre empêcher ton ex de me décapiter ? » Et encore là est un indice qu’elle ment parce qu’elle en sait beaucoup trop sur ma vie pour être une simple employée d’un cabinet de notaire qui avait comme mission de venir m’informer de l’héritage légué par mon géniteur dont je ne connaissais pas l’identité. Notre rencontre remonte au mois de mars et connaissant Danika, jamais elle ne se serait confiée à une inconnue aussi facilement sur sa vie personnelle, j’en mettrais ma main au feu. « Juste ça, vraiment? J’ai l’air d’avoir une poignée dans le dos peut-être? » Question rhétorique et je n’attends même pas qu’elle réponde pour poursuivre, tout en me repenchant par-dessus le comptoir pour entrer dans sa bulle le plus que possible. « Faisons semblant que je suis un imbécile et que je te crois… explique-moi comment tu saurais que je suis son ex? » Je pourrais être un simple ami qui garde son fils, son copain actuel, son colocataire, God knows what else. « Et pourquoi tu te serais sauvée quand tu m’as vu tantôt au juste? » Évidemment que je ne croirai pas sa réponse, peu importe ce qu’elle répondra, je suis juste curieux de voir quelle réponse stupide elle pourrait bien sortir en se pensant crédible.
Impatient, je lance un regard en direction de mon ex pour qu’elle m’explique ce qui se passe avant que je pète un câble. Elle me connait, elle sait qu’elle n’a pas intérêt à me prendre pour un imbécile. « On bosse ensemble. » No shit, j’avais compris la première fois que Lou l’a dit et même avant ça lorsque j’ai mis les pieds dans l’établissement et que je l’ai aperçue derrière le comptoir. « Law, il y a Maddox. » Maddox dont la simple vision suffit habituellement à faire descendre la tension d’un cran, mais pas aujourd’hui, pas lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi sensible et que je suis à bout après tout ce qu’il s’est passé dans les derniers mois. Le visage rougi par la colère, je braque mon regard sur Danika. « Je pense que je suis au courant, c’est moi qui l’ai amené. » Pour faire plaisir au petit, mais aussi à sa mère en lui faisant la surprise de notre visite. Finalement, je ne sais pas qui est le plus surpris ici aujourd’hui. La prochaine fois, je m’abstiendrai et mon ex verra le petit quand c’est son tour et c’est tout. « Je peux pas. Je peux pas Lou. » Elle ne peut pas quoi? Les sourcils froncés, mon regard se promène entre les deux femmes. « Dit lui la vérité. » Les paroles de mon ex ne me rassurent pas du tout et me font comprendre qu’elle est au courant de quelque chose qui me concerne et que j’ignore, ce qui ne me surprend peut-être pas tant que ça au final après tous les mensonges auxquels j’ai eu droit ces derniers mois. « La vérité à propos de quoi?! » Le cœur battant la chamade, je me redresse sans les quitter des yeux. Le lourd silence qui s’installe entre nous va me rendre fou et je ne peux faire autrement que d’écraser mon poing sur le comptoir entre Lou et moi. « DIS-LE! » hurlé-je, le visage cramoisi, bien loin de me douter de ce que je m’apprête à apprendre. |
| | | | (#)Mer 12 Jan 2022 - 17:25 | |
| | ► madhouse
The life you had before is gone, that's never gonna change But we'll all love you, hate you and we'll tell you everyday
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Ignorant la respiration de buffle d’un Lawrence à trois centimètres de son visage, Lou se focalisait sur Danika. Du regard, elle ne lui demandait pas d’appuyer ses mensonges et de maîtriser son ex-petit ami, non ; elle le lui ordonnait. Et cela était dans leur intérêt à toutes deux qu’elle parvienne à persuader l’australien que le bobard qui lui était servi était l’entière vérité ; elles avaient été d’accord pour se dire qu’il ne devait rien savoir, rien découvrir. « On bosse ensemble. » confirma finalement Danika avec une hésitation palpable. Lou fronça les sourcils, contrariée. C’était ainsi qu’elle protégeait son homme ? Sa patronne ? Ha. Si seulement cela était surprenant ; bien sûr, la seule chose que Danika avait toujours su sauver, c’était sa propre peau. A cet instant, mentir n’était pas forcément à son avantage. Un choix qu’Aberline saurait lui faire regretter le moment venu. Puisqu’elle ne pouvait pas compter sur elle, Lou avait pour mission de calmer le jeu seule, et quiconque la connaissait savait qu’il ne fallait pas parier sur sa réussite. « Faisons semblant que je suis un imbécile et que je te crois… explique-moi comment tu saurais que je suis son ex? - Les gens parlent, entre collègues. » Entre collègues normaux, peut-être. Dans la Ruche, on ne s’invitait pas vraiment les autres au barbecue du dimanche entre deux photos de chiens et de mômes. Mais ça, Lawrence n’avait pas besoin de le savoir. « Et pourquoi tu te serais sauvée quand tu m’as vu tantôt au juste? » Elle durcit son regard, croisa ses bras sous sa poitrine d’un air déterminé à lui fermer son clapet. “Les. Gens. Parlent.” Sous-entendu que la réputation que Danika lui avait taillé le précédait et qu’elle savait, en le voyant, devoir prévenir la jeune femme que son ex à la colère facile et avec qui la relation s’avérait tumultueuse lui payait une visite sur son lieu de travail. Que cela soit vrai n’avait pas d’importance tant que cela demeurait crédible. « Law, il y a Maddox. » La carte du gamin était une tentative désespérée de la part de Danika, et un coup d’épée dans l’eau. Visiblement, Lawrence se fichait bien que son fils assiste à ce genre de scène ; un vrai role model.
Lové dans les bras de sa mère, le petit ne semblait pas parfaitement saisir ce qui se déroulait sous ses yeux. Il observait davantage son père que l’étrangère face à lui qui recevait ses cris et sa colère. Lou, elle, fixait de nouveau Danika qui faiblissait, pliait, et finissait par baisser les armes qu’importe les dégâts que cela causerait. « Je peux pas Lou. Dis-lui la vérité. » Aberline serra les dents, la fusilla sur place d’un regard noir. Elle lâcha un "Danika !" offusqué, révolté de ce manque de loyauté, par cette promesse qu’elle brisait à la première occasion. Ainsi elle se fichait autant de la sécurité de Lawrence que de permettre à Lou de lui révéler qui elle était, un jour, sous ses propres conditions, dans ses propres termes. Elle prenait la décision pour elles deux et mettait sa patronne devant le fait accompli, acculée au pied du mur, dans l’ombre géante d’un frère avec qui elle n’aurait donc plus jamais l’occasion de faire connaissance dans de meilleures conditions. Lou secoua la tête, la moue déformée par le dégoût que Riley lui inspirait. Elle n’oublierait pas ce couteau dans le dos. Elle n’oublierait pas qu’elle était prête à trahir la confiance qu’elle lui avait donnée en un claquement de doigts. « La vérité à propos de quoi?! » renchérit Lawrence, perdant patience. "Rien !" Non, Lou ne dirait rien. Elle garderait sa position, comme un soldat sur un champ de bataille. Elle, elle avait une mission, celle de le protéger, et elle s’y tiendrait. « DIS-LE ! - NON ! » Elle aussi, elle pouvait hurler, et il ne faisait pas bon de sous-estimer la capacité d’air de ses poumons, le volume sonore de ses cordes vocales, ni son obstination -d’autres détails héréditaires insoupçonnés. Poings serrés de part et d’autre de son petit corps, Lou défiait Lawrence du regard, le visage fermé par la contrariété. Qu’allait-il faire, hein, si elle refusait de parler ? Il comptait lui casser la figure ? Un poing dans le ventre, un pied dans la rotule ? Fort bien. Lorsque la cavalerie arriverait et le verrait, il en prendrait pour son grade et tout serait entièrement la faute de Danika. Aberline, elle, prendrait les coups et la haine de Lawrence pour tenir parole. C’était sans doute plus qu’elle n’avait jamais fait pour qui que ce soit d'autre auparavant, surtout pour une personne qui, dans le fond, était un inconnu ; et elle ne pouvait compter sur personne pour le comprendre. Il n'y avait qu'elle pour savoir à quel point tous ceux qui lui étaient proches étaient voués à souffrir ou à mourir.
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| | | | (#)Sam 29 Jan 2022 - 11:21 | |
| "Danika !" Son prénom raisonna, assorti d’un regard noir qui la fit grimacer. Elle se rendait parfaitement compte de ce qu’elle était en train de faire. La promesse, qu’elle avait faite il y a des mois à une Lou lui révélant le lien de parenté qui l’unissait à Lawrence, raisonnait encore dans son esprit. Mais acculée au pied du mur devant la montagne de ses mensonges, Danika ne pouvait pas ne rien dire, mentir une nouvelle fois à Lawrence quand ce mensonge en pleine face auquel il ne croirait certainement pas serait celui qu’il ne pardonnerait jamais. Et s’il fallait faire un choix, si elle devait choisir entre sa loyauté pour une femme qu’elle avait toujours détesté et entre le père de son fils et un homme qui n’avait que cherché à l’aider malgré ses mensonges répétés, elle choisissait Lawrence. Tant pis pour Lou et ses représailles, tant pis pour la déloyauté qu’elle montrait à la reine des abeilles, tant pis pour ce qui lui tomberait dessus, elle était déjà bien assez embourbée dans ses problèmes. Elle aurait préféré le garder loin de Lou, qu’il ne sache jamais la vérité et ne soit jamais lié à cette femme. Car elle savait que ce secret révèlerait inévitablement tous les autres, qu’elle était en train de pousser un domino et qu’une série d’évènements à laquelle elle n’était pas préparé allait en découler. « La vérité à propos de quoi?! » Le regard de Danika passa de Lou à Lawrence, attentant désespérément que l’une avoue la vérité à la montagne de muscle qui était en train de perdre patience. Ce n’était pas sa colère qu’elle craignait en vérité. C’était le sentiment de trahison, la douleur qu’elle allait voir dans ses yeux. "Rien !" Sérieusement ? Elle adressa un regard insistant à une Lou butée qui ne semblait pas vouloir changer de position quand il n’était plus questions de secrets. Lawrence était devant le fait accompli, devait savoir, il n’y avait plus d’autre choix. « DIS-LE ! - NON ! » Danika grimaça, serrant son fils contre lui quand il se mit à pleurer face à l’agressivité qui se dégageait de la pièce. Elle s’éloigna avec l’enfant, serrant son petit corps contre le sien. « Chuuut, ça va aller, ça va aller. » Une promesse idiote qui ne tiendrait pas. Rien n’irait, les dominos étaient en train de s’écrouler sous ses yeux.
Danika se sentait pris au piège dans ce bowling qui était le cœur de tous ses secrets et de tous ses mensonges. Elle se sentait tiraillée entre une loyauté créée par la peur des représailles et une loyauté née de l’amour et du respect. Le dire serait mettre Lawrence en danger mais aussi lui révéler des secrets qu’elle aurait voulu lui cacher éternellement. Ne pas le dire serait abandonner toute possibilité de rédemption quand il lui avait fait assez confiance pour lui parler de la mort de ses parents. La panique commençait doucement à s’infiltrer dans chacun de ses muscles, poison vicieux qui se répandait alors qu’elle se sentait acculée à un mur.
Plus les secondes passaient, plus elle se rendait compte que ça serait à elle de prononcer les mots. Lou resterait sur ses positions et refuserait de lui dire. Danika étrangement comprenait que cette fois l’intention était bonne, le protéger de ce monde-là, celui qu’elle avait choisi. Mais Lawrence avait déjà un pied dedans depuis longtemps sans même le savoir et il était temps d’arrêter les mensonges.
L’enfant toujours dans ses bras, son petit visage caché dans son cou, elle se tourna vers Lawrence. « Son nom de famille c’est Grimes. Lou Grimes. Je la connais depuis qu’on est gamines, nos parents se connaissaient. C’est ta sœur. » Les mots s’enchaînèrent, plats et sans émotions. Des faits dévastateurs qu’elle balançait sans penser aux conséquences. Etait-ce le bon choix ? Elle n’en savait rien. Elle jeta un regard à Lou dans lequel il n’y avait pas d’excuses. Les mensonges finissaient toujours par être révélés d’une façon ou d’une autre. Et elle, était fatiguée de passer sa vie à mentir.
@Lou Aberline @Lawrence Cabbott
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| | | | (#)Mer 9 Fév 2022 - 23:10 | |
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“Les gens parlent, entre collègues.“ Excepté que Danika ne parle pas, elle, sauf quand c’est pour justifier ses décisions douteuses pour redorer son image sans trop se sentir coupable de dévaluer celle des autres comme elle l’a fait par rapport à ma paternité. Dès que j’ai été mis au courant par son père, j’ai rapidement compris que j’étais le seul imbécile qui n’était pas au courant et qu’elle avait dû se justifier en disant à tout le monde que je ne ferais pas un bon père. Du moins, c’est l’argument qu’elle m’a donné lorsque je suis allée la confronter sur le pas de sa porte. Peut-être que je ne suis pas blanc comme neige, mais si tout est si compliqué entre nous présentement, c’est à cause de tous ses mensonges. Considérant que c’est elle qui est dans le tort, je ne vois pas pour quelle raison Danika aurait parlé de moi à une simple collègue. « Ça dépend des gens, il faut croire que tu ne la connais pas si bien que ça. » Mon ex et moi nous ressemblons sur de nombreux points et je suis assez sûr de ma shot pour dire que ce point en fait partie. Et puis même si Danika avait vraiment parlé de moi, je ne vois pas pourquoi Lou aurait détallé comme lapin en m’apercevant. J’aurais compris un petit malaise, à la limite, mais pas ça. Rien dans cette histoire n’est crédible. “Les. Gens. Parlent.” Un rictus de colère prend place au coin de mes lèvres tandis que je croise mes bras contre mon torse pour l’imiter. « Aux dernières nouvelles, je n’ai pas l’habitude de tabasser les collègues de mon ex. » Habituellement, je ne débarque pas sur son lieu de travail non plus et disons que ce n’est pas un super bonne expérience. Danika a beau essayer de calmer le jeu en faisant remarquer que le petit est présent, ça ne suffit pas à me calmer.
Lou a l’air plus que déterminé à ne pas me dire ce qu’il se passe et je me dis que j’ai peut-être plus de chance en mettant la pression sur Danika. Tous les deux, nous fixons avec intensité Dan pour essayer de la faire pencher en notre faveur, mais tout ce qu’elle veut, c’est que sa collègue prenne ses responsabilités et qu’elle s’en occupe elle-même. J’ai l’impression de devenir fou à attendre que l’une des deux ne craque. Pas question de partir ici sans avoir obtenu ce que je veux. "Danika !" Je soupire bruyamment en faisant craquer mes jointures en serrant les poings et je tente une fois de plus de me faire entendre, mais Lou ne change pas d’idée. "Rien !" Je lève le ton cette fois-ci et la jeune femme fait de même tandis que nous nous fixons comme deux enfants boudeurs qui attendent que l’autre ne craque le premier. "NON !" Cette fois-ci, je suis incapable de retenir le coup et mon poing s’écrase sur le comptoir du bar, suite à quoi Maddox se met à pleurer et Danika s’éloigne un peu avec lui pour le calmer. « Chuuut, ça va aller, ça va aller. » Je ne peux m’empêcher de lancer un regard dans leur direction, je me sens un peu coupable quand même qu’il assiste à cette scène, mais c’est plus fort que moi, je suis incapable de me calmer, je déteste qu’on me prenne pour un imbécile. « Je ne lâcherai pas le morceau avant de savoir. » grommelé-je à l’attention de Lou en approchant mon visage du sien sans la quitter de mon regard perçant. Mais elle est aussi têtue que moi, la petite, et c’est finalement Danika qui vient mettre fin à mon supplice. « Son nom de famille c’est Grimes. Lou Grimes. » Ma tête se tourne instantanément vers elle tandis que l’information qu’elle vient de me donner fait son chemin. Le seul Grimes que je connais est Dexter, mon géniteur, et c’est d’ailleurs elle qui est venu m’apprendre son identité. « Grimes? » Je fronce les sourcils, confus, et mon regard se promène entre les deux filles. « Je la connais depuis qu’on est gamines, nos parents se connaissaient. C’est ta sœur. » Ma tête a un mouvement de recul lorsque la vérité prend forme. Si je me doutais qu’on me cachait quelque chose, je ne l’ai pas venu venir celle-là et un rire nerveux m’échappe. « Non. » C’est le seul mot que je réussis à prononcer tandis que je regarde Lou avec dégoût en reculant de quelques pas. Je ne peux pas concevoir qu’elle soit ma sœur, pas quand nous n’avons absolument rien en commun. On ne se ressemble pas du tout, elle ressemble plutôt à Danika avec sa taille et la couleur de sa peau, et je me souviens encore qu’elle m’a bien fait comprendre qu’elle ne voulait rien savoir de moi en mars. « T’es pas ma sœur. » Je secoue vivement la tête, puis je pose mon regard sur Danika. « Tu la… vous vous… » Je ris. Depuis quand le sait-elle? Depuis quand me ment-elle? Une fois de plus. « Tu ne seras jamais ma sœur. J’ai déjà une famille, je n’ai pas besoin de toi dans ma vie. » Surtout pas d’une junkie en son genre, elle fait pitié. Je me sens complètement perdu, c’est trop d’information d’un coup qui se rajoute à ce que Danika m’a confié ces derniers mois. Les pièces du puzzle se mettent ensemble, ce qui provoque davantage de questions. Distrait, je continue de reculer jusqu’à ce que je percute le coin du comptoir, faisant trembler quelques verres à proximité. « Aussi menteuses l’une que l’autre, no wonder que vous vous entendez bien. » Je n’ose même pas les regarder tandis que je me retourne lentement en plaçant une main devant moi pour leur faire signe de ne pas s’approcher. « J’ai besoin d’air. » Je pose mon regard sur Danika pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas intérêt à me suivre et je me dépêche de sortir de l’établissement avant d’étouffer.
En passant la porte, je tourne à droite et je marche d’un pas rapide sur le trottoir pour rejoindre ma voiture le plus rapidement que possible et partir d’ici avant que l’une des deux n’ait la brillante idée de me suivre jusqu’à l’extérieur. Sauf que comme un con, j’ai un blanc de mémoire, je ne me souviens plus où j’ai stationné ma voiture et je me rends bien compte après quelques minutes de marche que je ne suis visiblement pas parti dans la bonne direction. Je rebrousse chemin en prenant bien soin de faire un détour pour ne pas repasser devant la porte du bowling et après une quinzaine de minutes à tourner en rond, je trouve enfin mon véhicule dans lequel je prends place pour partir vers chez moi non sans appuyer un peu trop sur l’accélérateur dans l’espoir d’arriver le plus rapidement que possible pour pouvoir me défouler chez moi plutôt que sur un automobiliste stupide. |
| | | | (#)Mar 1 Mar 2022 - 23:20 | |
| | ► madhouse
The life you had before is gone, that's never gonna change But we'll all love you, hate you and we'll tell you everyday
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Mon regard planté dans celui de Lawrence était plus parlant que tous les majeurs levés du monde. Il n’obtiendrait rien de moi, aucune réponse, rien d’autre qu’un combat de chiens de faïence. « Je ne lâcherai pas le morceau avant de savoir. » qu’il pensait nécessaire de préciser, mais nous l’avions tous parfaitement saisi. Moi la première. Parce que nous sommes pareils. Et cela est particulièrement perturbant de le constater, de l’admettre en si peu de temps à son contact ; toutes ces similarités, ces ressemblances qui dépassent de loin le physique qui semble nous différencier totalement. Je peux déchiffrer son visage et y voir Dex tandis que lui n’a pas ce luxe. J’imagine que tout ce qu’il voit, comme tout le monde avant lui, est un rat de deux mètres douze les bras levés qui risquait de lui filer la rage s’il approchait de trop près. Je finis par briser le contact de nos regards pour observer Danika. Je la sens trembler de l’intérieur, s’étioler, craquer. Elle ne tiendra pas sa langue. Elle n’en est pas capable. Sa loyauté va à Lawrence avant de me revenir et même si la chose est évidente, je ne peux pas m’empêcher d’en être offensée à la seconde où elle prend cette longue inspiration pour faire enfin la lumière sur la situation. « Son nom de famille c’est Grimes. Lou Grimes. Je la connais depuis qu’on est gamines, nos parents se connaissaient. C’est ta sœur. » Ces derniers mots me plombent l’estomac. Ils sont si concrets, si réels. Ils gravent les faits dans la roche, des faits pour lesquels je ne suis pas prête -je ne le serais jamais. Ils me font réaliser encore une fois l’infidélité de mon père, la douleur de ma mère, ce sentiment de trahison latent que je ressens depuis ces révélations. Et la frustration de ne rien pouvoir faire pour essayer de faire partie de la vie d’un frère surprise qui aurait tout le potentiel de rattraper le manque qui m’a torturé toute ma vie. “LA FERME DANIKA.” je hurle, sentant le déraillement dans ma voix, l’effort douloureux de mes cordes vocales qui me brûlent la gorge. Derrière la colère, le dépit. Qu’est-ce que tu fous, Danika ? Elle sait parfaitement pourquoi je ne voulais pas qu’il sache, pourquoi je lui tenais tête, pourquoi cette vérité doit être tue. Pourquoi tu lui fais ça ? Elle le met en danger. Elle aussi, son fils aussi, moi aussi ; nous pouvons tous potentiellement souffrir de ces révélations. Humainement d’abord. Physiquement ensuite. « Non. » Le choc se devine sur le visage de Lawrence, cet air hagard et contrarié qui fronce ses sourcils tandis qu’il nie ce dont il ne peut s’échapper. « T’es pas ma sœur. » J’aurais préféré, crois-moi. Tout aurait été plus simple. Mais désormais il ne sert plus à rien de s’entêter à contenir la vérité. “Dex était mon père.” je lâche, confirmant les dires de Danika. Je préciserais bien qu’il était le seul blanc du couple que formaient mes parents et que cela expliquait le fossé génétique qui nous séparait lui et moi, mais cela avait des implications que je ne pensais pas qu’il puisse comprendre. Je passe mes mains sur mon visage, éveillée en plein cauchemar. Tout ce que j’espérais éviter se déroule juste sous mon nez et il est trop tard. Lawrence me méprise visiblement pour je ne sais quelle raison et je sais d’ors et déjà que je vais devoir jouer là-dessus, alimenter cette colère et lui donner des raisons de me détester afin de le tenir à distance. Et mon cœur se brise à cette idée, s'amoncelle à mes pieds, pour cette personne que je ne connais pas, que je n’aurais jamais la chance de connaître. “Contente ?!” je hurle à Danika qui doit être si fière d’elle, qui doit se persuader qu’elle a été la plus adulte dans la pièce, la plus honnête et qu’elle n’a plus rien à se reprocher. “Satisfait ?!” je crache vers Lawrence, lui qui a eu la vérité qu’il attendait, pas celle qu’il espérait, mais la seule qu’il aurait. Et il n’a plus qu’à faire avec, suck it up. « Tu ne seras jamais ma sœur. J’ai déjà une famille, je n’ai pas besoin de toi dans ma vie. » Piqûre de rappel, raison pour laquelle j’avais déjà partiellement renoncé à lui en premier lieu. La place est prise. J’ai toujours été bâtie pour être fille unique de toute manière. “Tu crois que ça me ravie de partager des gènes avec un gars dans ton genre ? T’es bien le fils de mon père. Aussi lâche, pathétique et entitled que lui.” J’enfonce le clou, ça a le mérite de défouler mes nerfs. Si je le répète encore et encore, cela finira par devenir l’unique vérité. C’est toujours ainsi que cela fonctionne. « Aussi menteuses l’une que l’autre, no wonder que vous vous entendez bien. J’ai besoin d’air. - Casse-toi de mon bowling. » Tandis qu’il passe la porte, j’attrape la première chose qui me passe sous la main -un verre à milkshake- et le lance frénétiquement d’un bout à l’autre de la salle en direction de la sortie. Un cri de frustration s’échappe de mes poumons. Lawrence s’en va et pourtant l’air est plus lourd encore qu’à son arrivée. Furieuse, je fais le tour du comptoir et m’approche d’un pas vif vers Danika et son fils, m’époumonant en chemin ; “Hey Maddox ! Tu sais quoi ? Ta mère est une salope déloyale à qui on ne peut pas faire confiance et ton père est qu'un bâtard de merde. Sacrés gènes que t'as là p'tit pote. Bon courage.” Si je m’ajoute à l’équation, ce petit n’est pas sorti de l’auberge. Entre les problèmes de gestion de la colère, d’addiction et de loyauté, ce garçon est destiné à devenir un foutu serial killer. Mon index menace Danika un long moment, les mots me manquent pour lui dire à quel point je la hais à cet instant et tout ce que j’imagine faire à son cadavre pendant des heures et des heures. “Tu regretteras ça.” je me contente de pester entre mes dents si serrées qu’elles en grincent. Qu’elle n’en doute pas. Elle le regrettera.
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