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@kieran halstead

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« Aller, Ezra, tu peux le faire. »

Il se sentait le plus idiot des abrutis à tenter de se convaincre, tout seul qui plus était, avec un discours aussi minable. Toute personne étant un minimum normalement constituée l’entendant parler de la sorte serait partie en marchant très vite dans la direction opposée, en se demandant s’il l’homme parlant tout seul n’était pas un brin fou. Alors que pourtant, en regardant les faits et en se basant uniquement sur ces derniers, Ezra n’avait pas à agir de la sorte. Il se devait de déposer un colis chez une personne qu’il ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, de la part d’un tiers qu’ils avaient en commun. Ce type de situation était déjà arrivée à n’importe qui sur cette planète. Cependant, les autres humains avaient eu la chance de ne pas être chargés de cette mission par Ichabod Bates.

Par où commencer. Ichabod avait été le gentil petit employé d’Ezra, au sein du garage, pendant des années. Il avait toujours été des plus étranges à ses yeux, en commençant par le fait qu’il était venu postuler pour être engagé en tant que mécanicien alors qu’il lui manquait l’une de ses mains. Ce petit détail mis de côté, il s’était finalement avéré être excellent dans son domaine, et le Beauregard n’avait plus jamais douté de son embauche malgré ce léger défaut - de fabrication ou non, il n’avait jamais eu le fin mot de cette histoire, maintenant qu’il y repensait. Cependant, les choses n’étaient forcément pas restées toutes roses et récemment, Ezra s’était retrouvé avec le flingue d’Ichabod pointé sur son visage, alors qu’ils étaient tombés en désaccord; ou plutôt, parce-que le Bates avait décrété que son patron devenait gênant et était prêt à venir l’abattre au sein même du garage où ce dernier l’avait accueilli. Toutes choses considérées, la scène s’était bien terminée puisqu’Ezra était aujourd’hui toujours en vie et qu’Ichabod avait fini par déserter, ne donnant plus de nouvelles, s’étant envolé comme par magie - et Ezra avait fini par croire que ses incantations débiles avaient finalement fini par fonctionner. Jusqu’au jour où il avait réceptionné chez lui une mallette remplie de jolis petits billets colorés, avec comme simple note à l’intérieur Partage équitablement avec Kieran Halstead. Je saurais si tu le fais pas. IB. Une fois de plus, ce jour là, Ezra avait failli passer l’arme à gauche rien qu’à voir l’écriture d’Ichabod noir sur blanc. Il avait fait en sorte, les jours suivants, de regarder par quatre fois avant de traverser la rue avant de se rendre compte que le fou furieux ne le suivait finalement pas.

Cependant, restait le soucis de la somme d’argent - conséquente oh my god - à partager. Ichabod n’avait laissé qu’un nom, pas la moindre trace d’un numéro de téléphone ou d’une adresse. Ezra avait du faire des pieds et des mains pour réussir à venir choper des informations à propos de ce type nommé Kieran - quelle idée -, avant de réussir à avoir ses informations. Se voulant prudent, et tentant de faire fonctionner au mieux ses neurones, le Beauregard l’avait d’abord contacté par sms, ne voulait se jeter dans la gueule du loup sans savoir à quoi s’attendre. Echec cuisant - il s’était fait envoyer bouler comme un malpropre, et son numéro avait été bloqué auprès de son nouveau contact. Pour Ezra, il n’y avait aucun doute: le type de l’autre côté de cette identité se trouvait être le bras droit (nldr: keskon rigol lolz) de Ichabod et lorsqu’il allait se rendre chez lui, s’en était fini de son existence.

C’était pour ça qu’il se trouvait tant hésitant devant la porte de cet appartement qu’il ne connaissait pas, le poing levé et frôlant le bois de la porte depuis bien dix bonnes minutes, sans oser signaler sa présence. « C’est pas Ichabod, tu crains rien. Ca peut pas être pire que lui en tous cas. » Comme si cela allait permettre de se rassurer davantage. Il était vrai que l’idée de ne pas tomber sur Ichabod était réconfortante; était-elle cependant toujours vraie lorsqu’il se disait que tomber sur pire n’était pas possible ?  Après une, puis deux, et une énième inspiration, le Beauregard vint enfin frapper à la porte. Advienne ce qui pourrait advenir, au pire Ichabod se chargerait de le terminer rapidement s’il venait à se planter de destinataire - et cette idée qu’on puisse en finir vite avec lui plutôt que de le laisser souffrir dans son coin était presque réconfortante.

@EZRA BEAUREGARD & KIERAN HALSTEAD ⊹⊹⊹ what did I get me into, into? What did you turn me into casually? As true as something you won't believe, As strange as it seems.

(FORTITUDE VALLEY, LOGEMENTS). Clairement, si Greta Thunberg voyait ça, elle en deviendrait folle. Pour quelqu’un qui vante les mérites de l’écologie, t’as pas un peu l’impression de te foutre de la gueule du monde, Halstead ?

Ça doit être la vingtième feuille de papier qu’il jette dans un coin de sa chambre, venant rejoindre la dizaine de toiles abandonnées et le cahier de croquis balancé à la hâte dans la poubelle à côté du bureau qui lui sert d’atelier. Le syndrome de la page blanche version artiste, appelons ça le syndrome de la toile vierge si vous le voulez bien ; au final peu importe le nom, le résultat est là : il n’y en a pas, en fait. Seulement des traits grossiers et des ébauches qui le sont tout autant, des idées qui semblent géniales une seconde, pour être considérées comme stupides celle d’après. Et puis, soyons honnêtes, Kieran, ces mêmes idées ne durent pas très longtemps dans ton esprit puisque t’en reviens toujours à elle, pas vrai ?

Ah, on est pas supposé faire le procès de ton manque de créativité ? Vois-tu, je ne compte pas l’accuser elle, la pauvre, ta créativité n’a rien demandé, au contraire, c’est pas faute de te proposer des idées que tu rejettes pour faire plus de place à son visage qui t’a tant manqué. C’est elle, la coupable, s’il faut en désigner un (je prends plaisir à le faire la concernant, mes excuses – non). Pourtant, les faits sont là : depuis le retour d’Autumn (je déteste quand tu m’empêches de l’appeler par son surnom, Kieran), la créativité de notre protagoniste manque cruellement à l’appel. On peut même dire que c’est un véritable désastre (si l’on accentue les conséquences, ça permet une peine plus sévère, non ?). Voyez, le souci, c’est que Kieran n’est pas décidé à être un juge impartial, et qu’il est forcément biaisé ; l’empêchant de condamner la rouquine comme elle le mériterait. C’est tout le contraire, alors qu’il fait enfin son job de dessinateur de presse (c’est un peu tard, après avoir été renvoyé) en croquant le portrait de l’accusée du jour. Et quand je me rends compte que les seules esquisses réussies sont celles du visage de la personne qu’il se doit d’oublier, je l’oblige à s’en séparer au plus vite. Alors il reprend doucement, d’abord un simple chien (il ressemble à celui de la jeune femme), des bouts d’anatomie (dommage, il en revient toujours à ses yeux), une nature morte (oh, son dessert préféré, c’est con), voire même des bribes d’architecture (ah, vraiment, quel hasard que ça ressemble à leur ancienne maison...).

Alors bon, vous savez, s’il décide de jeter chaque trace d’Autumn couchée sur papier, je ne vais pas prôner l’écologie, que la petite suédoise me pardonne. Aux grands maux les grands moyens, qu’on dit, et j’estime que nous sommes dans un cas de force majeure (et si je l’estime, c’est que j’ai raison, merci bien). Quoi qu’il en soit, le voilà, désormais atterré contre le mur de sa chambre, plus de peinture et de crayons sur lui que sur ce qu’il essaie désespérément de produire, l’air hagard et les soupirs qui s’enchaînent. Et tu ne le vois toujours pas, à quel point elle détruit ta vie, Kieran ?

J’ai presque espoir que ce soit le cas lorsque l’on frappe à la porte d’entrée et que son cœur manque quelques battements, soudainement inquiet à l’idée qu’elle ait pu le retrouver jusqu’ici. Ce ne serait que dans la continuité, après tout c’est au coin de la rue que vos chemins se sont croisés, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne s’invite ici, parce qu’elle est ainsi, Autumn, elle s’invite toujours quand elle ne le devrait pas et après tes pensées, rien de plus concret que d’imposer sa présence physique, tu crois pas ? Il hésite de longs instants avant de sortir de sa tanière, hésite toujours autant une fois derrière la porte. Et si c’était elle ? Tristement, c’est cette pensée qui le pousse à ouvrir avec délicatesse (et maladresse) la porte à l’aide de ses coudes, afin d’éviter de salir la poignée. La porte s’entrouvre à peine, il n’ose pas plus et je te félicite, Kieran, c’est encore un indice que tout n’est pas perdu. T’oses pas trop lui laisser le libre accès, n’est-ce pas ? On ne sait jamais ce qu’elle pourrait faire. On ne le saura pas plus aujourd’hui, puisqu’une seconde suffit à identifier la silhouette devant toi. Ou plutôt, à identifier que ce n’est pas celle que tu espérais retrouver (vraiment ?). « Euh... bonjour ? » Quelle assurance, on progresse, Halstead (non). Un instant de silence, puis un second, le temps de faire de la place dans ses idées et d’essayer d’estimer la raison pour laquelle cet homme inconnu est derrière sa porte. Cela lui semble assez évident, à vrai dire. « J’ai... j’ai pas souvenir d’avoir commandé quelque chose... » Il est forcément là pour ça, puisqu’il n’existe que deux catégories qui viennent sonner à sa porte, les livreurs de nourriture et les porte-paroles des sectes de coin. Puisqu’il ne semble tenir aucun sac dans sa main, il semblerait qu’il soit question de la deuxième option. Merde. « Et si c’est pour le reste, je suis sous curatelle et sataniste. » C’est dit, merci, au revoir. Hein ? Alors pourquoi il bouge pas ? Normalement, la curatelle, ça marche à tous les coups.

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@kieran halstead

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Les secondes semblaient se faire longues, une fois qu’Ezra avait enfin décidé de venir signaler sa présence - bien plus longues que toutes celles qu’il avait délibérément laissé venir s’imposer entre le moment où il était arrivé devant la porte de cet appartement et celui où enfin les coups portés sur le bois s’étaient enfin faits entendre. Pour lui, cela ne pouvait que signifier que la personne se trouvant dans cette antre se préparait à en finir avec lui. Peut-être qu’effectivement, Ichabod avait donné des instructions précises en différé juste pour ne pas avoir à s’occuper du cas Ezra de ses propres mains - de sa propre main.

Alors, lorsque le bruit de la poignée venant tourner se fit enfin entendre, par précaution, il vint faire un pas en arrière. Au moins, il ne serait plus vraiment à bout portant de n’importe quelle arme pouvant être possédée par l’individu de cet appartement - il avait fait l’expérience une fois, et il ne comptait pas venir la répéter. « Euh... bonjour ? » Si les sourcils d’Ezra étaient froncés sur son visage jusque maintenant, ils vinrent l’être davantage en entendant les premiers mots prononcés par le fameux Kieran, il supposait. « J’ai... j’ai pas souvenir d’avoir commandé quelque chose… » Et il ne venait en rien livrer quelque-chose - enfin, pas dans ce sens là. Effectivement, le Beauregard avait un colis à léguer au jeune homme se tenant devant lui, mais pas parce-que ce dernier l’avait commandé mais parce-qu’il avait été lui ordonné de venir lui remettre en mains propres. Le tableau s’installant autour d’eux en cet instant laissait Ezra plus que dubitatif. Il en venait même à se demander s’il s’était rendu à la bonne adresse, car celui lui faisant face n’avait rien d’un gangster comme avait pu l’être Ichabod. « Et si c’est pour le reste, je suis sous curatelle et sataniste » Si la confusion n’était pas déjà de mise jusque maintenant, elle prenait ses aises désormais. Secouant la tête, Ezra en vint enfin à prendre la parole. « Je suis pas sataniste non plus. » Il n’était en rien sur que la question, la vraie question, soit cette dernière mais il lui fallait un instant de plus pour venir regrouper ses pensées. Ou tout du moins, il vint tenter de réaliser cette expérience en un temps limité pour ne pas se faire avoir si Kieran, face à lui, avait plus d’un tour dans son sac et les instructions de venir capter sa confiance en agissant de façon innocente lors de leur premier contact - qui serait peut-être le dernier, il tentait de se rappeler; pas parce-qu’il n’aurait pas vocation à ne jamais revoir le jeune homme, mais bien parce-que ce dernier pouvait avoir l’ordre de l’abattra à tout moment.

Venant se racler la gorge, il vint finalement reprendre la parole. « Vous êtes Kieran ? » Cela aurait du être ses premières paroles, afin de savoir exactement déjà s’il se tenait au bon endroit. Car, d’après tous les scénarios qu’il s’était fait dans sa tête, aucun ne comprenait un jeune homme aussi peu assuré de venir lui ouvrir la porte. « Je… Je suis Ezra, je crois que je vous ai envoyé un message y’a quelques semaines pour tenter de prendre contact avec vous ? » Il vint passer sous silence, pour le moment, la façon dont il s’était envoyé pâtre via ce premier contact. Surtout parce-qu’il semblait être un brin trop insistant à venir jusque l’appartement du jeune homme après que ce dernier lui ait explicitement demandé de le laisser tranquille. Mais dans cette situation, l’ombre en permanence présente de Ichabod dans son dos lui faisait bien davantage peur que n’importe quel rejet de quiconque sur cette planète. « Je… On m’a demandé de venir vous rencontrer. Mais pas de la part d’Amazon ou de je ne sais quel culte satanique. » Parce-que là étaient les deux étiquettes qu’il venait de lui donner, après seulement un coup d’oeil dans sa direction.

Ça lui a pris du temps, d’arriver à formuler un tel discours au Halstead ; celui qui vise à envoyer balader les inconnus qui se permettent de sonner à sa porte dans l’espoir de lui vendre quelque chose (surtout ce dont il n’a pas besoin) ou de l’embrigader dans un mouvement duquel il ne ressortirait pas. Oh, bien sûr, ça ne s’est pas fait sans un minimum d’erreurs pour en arriver au résultat final espéré : il y a bien quelques bouquins en polonais qui traînent dans sa chambre et il a peut-être légué son corps à la science sans le vouloir, soit. Mais eh, on va plutôt féliciter l’effort actuel que les erreurs passées, n’est-ce pas ? C’est sûr, le ton manque encore d’assurance, les gestes sont maladroits et le regard pas assez noir ; mais il a formulé les bons mots pour s’assurer que ce type fasse demi-tour. La curatelle, c’est imbattable, une valeur sûre... qui ne fait aucunement effet aujourd’hui, comme il le constate avec inquiétude. Non, non, non. Ce n’est pas supposé se passer ainsi ; il n’a aucune idée de comment se débarrasser d’un vendeur de porte-à-porte un peu trop insistant (prenons en compte que l’insistance aux yeux de Kieran, se résume à deux phrases contre lesquelles il n’aurait pas d’arguments). Déjà mal à l’aise à l’idée d’avoir à se lancer dans un combat inégal (il perdrait tout de suite), ses mains reprennent leur place le long de son corps, salissant au passage son pantalon de reste de mine de crayon. « Je suis pas sataniste non plus. » Mais il est sous curatelle aussi, alors ? Tu as d’étranges réflexions autant que des priorités discutables, Kieran. Le jeune homme se veut interdit alors qu’il sonde le visiteur sans savoir comment réagir. Le mieux serait de lui demander, si tu veux mon avis, mais évidemment qu’il n’ose pas reprendre la parole par peur de lancer une conversation de laquelle il n’arriverait pas à s’échapper.

C’est l’autre qui lui donne la possibilité de mieux comprendre ce qui se passe et, cette fois-ci, il a raison d’être soucieux, Kieran. Je lui en donne le droit au moment où l’homme décline son identité. « Vous êtes Kieran ? » « Non ? » En soit, il n’a pas tort de se préserver, cette question n’est généralement pas anodine et d’aussi loin qu’il s’en souvienne, c’était la porte ouverte à des reproches peu délicats. « Oui. » Il se reprend lorsque je souligne certains faits : son nom est sur la boîte aux lettres, sur la sonnette et une simple recherche sur les réseaux sociaux attestent que ce visage face à lui appartient bien à Kieran Patricia (on l’oublie, celui-là, sur les réseaux) Halstead. Alors qu’il s’apprête à interroger l’individu sur son identité pour remettre les compteurs à zéro, celui-ci lui grille la priorité. « Je… Je suis Ezra, je crois que je vous ai envoyé un message y’a quelques semaines pour tenter de prendre contact avec vous ? » Son premier réflexe est de saisir la poignée avec vigueur. Oh, on s’en souvient de ce message vague et inévitablement inquiétant ; et de savoir que l’homme qui cherchait absolument à entrer en contact avec lui se trouve devant sa porte à de quoi inquiéter. « Oui, je me souviens et... » Il tente de formuler les choses de manière délicate (car si c’est un vendeur, il est très insistant et Dieu sait ce qu’il pourrait faire. Si c’est quelqu’un d’autre... Dieu sait aussi), mais l’homme semble avoir la volonté d’arracher le pansement et Kieran ne sait pas si cela est un cadeau ou un coup de couteau (lol coucou otto). « Je… On m’a demandé de venir vous rencontrer. Mais pas de la part d’Amazon ou de je ne sais quel culte satanique. » C’est de plus en plus bizarre. Alors évidemment que j’impose à Kieran de fermer doucement la porte et de se limiter au strict minimum pour garder à l’œil l’intrus, qu’il devrait rapidement envoyer paître avant de s’enfermer à double tour dans cet appartement (parano ? légèrement). « Pardon ? » C’est une blague. On se moque de lui, c’est la seule évidence. « Je ne comprends pas. » Ça, c’est la seconde. « Qu’est-ce que vous voulez ? » Son argent, la troisième. « Je n’ai pas d’argent. » Ça, c’est même la plus grande des évidences.

@Ezra Beauregard

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@kieran halstead

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Dans un premier temps, le silence que vint laisser planer l’autre homme face à lui ne fut en rien une bonne nouvelle. Ce dernier semblait perdu, dépassé par les événements - mais Ezra l’était, en réalité, également de son côté. Il avait beau prétendre être presque a l’aise dans cette conversation, ce n’était en rien le cas en réalité. Il avait juste la peur de voir Ichabod, ou l’un de ses hommes, débarquer de nulle part pour lui faire sa fête qu’il poursuivait en quête de son objectif principal. Alors, il vint renchérir, vint tenter sa chance: il était presque sûr d’avoir bon au niveau du prénom du jeune homme, après des heures et des heures de rechercher - Ichabod n’avait pas laissé tant d’éléments et d’indices que ça. « Non ? » S’entendait clairement la méfiance du dit-Kieran dans sa voix, mais la spontanéité avec laquelle il vint répondre vint faire douter le Beauregard un instant. Sourcils froncés, il était en train de remettre en question ses recherches - s’était-il trompé, lorsqu’il avait lu les informations laissées par Ichabod ? - quand une autre réponse vint se faire entendre côté Halstead. « Oui. » Les traits de son visage vinrent se détendre - un minimum -, à comprendre au moins qu’il ne s’était pas trompé ni de personne, ni d’adresse. Et, à rester à regarder ainsi l’homme chez qui il venait d’atterrir, il était également en train de se rassurer sur un autre point: il n’avait pas devant lui le bras droit d’Ichabod. Si ça avait le cas, il se serait déjà retrouvé avec un flingue sur la tempe - car c’était comme ça que les personnes appartenant à un gang agissaient, apparemment, de ce qu’il avait pu expérimenter.

Alors, un peu plus confiance en ce qu’il était en train de faire, Ezra vint se présenter; ce n’était pas parce-que la situation était des plus étranges et qu’elle n’irait sûrement pas en s’améliorant qu’il se devait d’oublier les bonnes manières. Et puis, c’était en agissant ainsi que Kieran face à lui arriverait peut être à venir le replacer - car pour le moment, il le regardait toujours avec un regard qui lui indiquait clairement qu’il le prenait pour un fou. « Oui, je me souviens et... » Et il semblait toujours penser qu’il sortait de nulle part - ce qui était le cas, bien sur, mais Ezra pensait qu’il allait y mettre un peu plus du sien maintenant qu’il connaissait au moins son nom. Après tout, si le jeune homme face à lui n’était pas venu bloquer son numéro de téléphone aussi rapidement, cette rencontre en face-à-face se serait bien mieux passée. Ezra voulait juste déposer le colis que Ichabod lui avait confié, rien de plus, il ne voulait vraiment ruiner la journée de personne. Mais l’autre homme en face de lui avait du mal à comprendre où il voulait en venir. « Pardon ? » Oh, s’il n’avait pas aussi peur du Bates et de l’ombre qu’il faisait planer sur lui et le reste du monde, Ezra serait reparti aussi rapidement - et même bien plus - qu’il était arrivé. « Je ne comprends pas. Qu’est-ce que vous voulez ? » Venant pincer un instant des lèvres, le Beauregard vint retenir un soupire. « Je n’ai pas d’argent. » - « Et je viens pas vous en demander. » Heureusement qu’il était patient.

« Écoutez. » Venant mettre sous le nez du Halstead l’enveloppe qu’il avait, cachée, dans la main jusqu’à maintenant, il vint accrocher son regard pour être sûr que ce dernier puisse comprendre ses mots - il était encore plus long à la détente que lui et ce n’était pas peu dire. « Je viens rien vous prendre, mais y’a de fortes chances que je vous apporte de l’argent. » S’il en venait à croire la t’aime de l’enveloppe, en comparant à ce qu’il avait reçu lui-même de son côté, il pouvait même presque être certain que c’était de l’argent que contenait l’épaisse étreinte de papier. « Je suis pas un bon samaritain ou quoi que ce soit, j’ai été missionné par Ichabod Bates pour vous retrouver et vous donner ça. » Haussant les épaules, Ezra vint tendre l’enveloppe jusqu’à ce qu’elle soit à portée de main de l’autre jeune homme. « Je sais même pas pourquoi je suis là aujourd’hui, ni exactement qui vous êtes. Mais si je vous donne pas ça, je pourrais pas honorer ma part du contrat. » Et clairement, Ezra avait bien trop peur de son ancien employé pour ne pas aller au bout de la demande que ce dernier lui avait faite. Même s’il pouvait tomber dans la gueule d’un loup plus gros, il irait jusqu’au bout du processus. Et pourtant, il avait un garçon d’une dizaine d’années qui l’attendait le soir chez lui et qui avait besoin que son père reste en vie bien plus longtemps que ça. « Vous faites ce que vous voulez de cette information, mais je repars pas sans que vous aillez pris l’enveloppe. »

L’avantage de Kieran, c’est qu’il se fout régulièrement dans la merde tout seul, ce qui m’aide à accentuer le fait qu’ouvrir sa porte aux inconnus et écouter leur laïus n’est définitivement pas une bonne idée. Quelques années auparavant, il se serait laissé berner par ce type, l’aurait écouté lui et ses bonnes intentions qu’il ne présente pourtant pas de suite et aurait regretté bien plus tard de lui avoir accordé sa confiance (et donner son numéro de carte de crédit). Aujourd’hui, après s’être retrouvé dans des situations bien souvent embarrassantes et parfois désastreuses, il a appris à accentuer sa méfiance et à ne pas céder sa confiance – raison pour laquelle il refuse catégoriquement d’entendre les arguments de cet Ezra. Il est certain qu’il ne vient ici que pour son argent au mieux, pour repérer les lieux d’un futur cambriolage, au pire. Dans les deux cas, l’homme face à lui sera déçu, son compte en banque étant dans le négatif et ses biens étant ayant plus de valeur sentimentale que de valeur marchande. Circulez, il y a rien à voir. « Et je viens pas vous en demander. » Ah. Mince, ça réduit le champ des possibilités même si, en soit, ça peut aussi être une simple stratégie pour l’aider à baisser sa garde avant de mieux lui soutirer le numéro de ses comptes. Néanmoins, je dois accorder raison à Kieran sur un point : il n’a pas la tête d’un arnaqueur. M’enfin, vous me direz, Staline avait une belle gueule quand il était jeune et l’histoire a bien vu le résultat. « Écoutez. » Oui, alors, voyez-vous ça, monsieur Ezra l’inconnu, je vous informe que Kieran n’est pas vraiment du genre à écouter. Voyez, avec moi, c’est plutôt « Kieran NO » auquel il me répond « Kieran YES », alors, bon, vous m’excusez, mais je doute sincèrement qu’il accepte de vous écouter – dans quel cas, je lui mettrai la misère alors que, de mon côté, il fait toujours la sourde oreille. Et... je vais lui mettre la misère, à cet idiot, alors qu’il se veut muet et à l’écoute. Tu te moques de moi, là, Halstead ? T’as plus d’intérêt pour un mec qui sort de je ne sais où et qui se pointe devant ta porte avec ses mystères ? « Je viens rien vous prendre, mais y’a de fortes chances que je vous apporte de l’argent. » Ah oui, donc c’est ce qu’il disait, il vient d’un drôle de culture qui va lui promettre argent, richesse, santé et bonheur monnayant le lègue d’un rein et d’un œil, trois fois rien. Et il semble déjà l’avoir son argent, dans son enveloppe bien dodue. Kieran tend le cou pour observer derrière l’homme, à la recherche de complices aux sacs de glace et aux outils chirurgicaux prêts à lui sauter dessus. Il n’a pas donné son accord à finir en pièces détachées, mais puisqu’il lui tend déjà l’argent, ils s’en foutent, c’est ça ? « Je suis pas un bon samaritain ou quoi que ce soit, j’ai été missionné par Ichabod Bates pour vous retrouver et vous donner ça. » « Oh, wow, okay, non. » Qu’il réagit aussitôt en entreprenant de fermer la porte, réalisant bien vite que la silhouette d’Ezra l’en empêche et que, de toute évidence, il n’aura pas la force ni le recul nécessaire pour s’oser à forcer la sortie de ce type. Et puis... s’il est lié, d’une façon ou d’une autre, à Ichabod, nulle doute qu’il pourrait lui faire bouffer l’argent jusqu’à ce qu’il s’étouffe et que son refus ne soit qu’un mauvais souvenir. Il n’a pas l’air bien menaçant, pourtant, contrairement à son boss et il s’interroge sur les raisons pour lesquelles Ichabod ne vient pas s’occuper personnellement de lui, avant qu’il ne se souvienne du départ précipité de celui-ci avec Ilaria, sa filleule. C’est ça, alors ? Il a découvert son véritable lien avec la jeune fille et il compte lui demander de renoncer à ce statut car il n’a aucune envie qu’un fragile comme lui puisse être aussi important pour la gamine qu’il lui a enlevée, bien ou malgré lui ? « Vous faites ce que vous voulez de cette information, mais je repars pas sans que vous aillez pris l’enveloppe. » « Sinon quoi ? » Il demande par automatisme, avant de baisser la tête aussitôt en réalisant qu’il parle à quelqu’un qui a un contact avec Ichabod. Quelqu’un qui, par conséquent, pourrait probablement lui arracher les deux bras, en faire un gratin et l’obliger à dévorer les preuves du crime, oui, rien que ça. Alors, finalement, il n’est pas certain de savoir ce qu’il risque s’il ne s’en saisit pas – et pourtant, il ne s’en saisit toujours pas. Son regard glisse sur ladite enveloppe tendue par l’homme face à lui et Kieran secoue la tête par la négative, recule d’un pas, encore plus effrayé qu’à l’évocation du prénom d’Ichabod. « Elle est piégée, c’est ça ? » Est-ce que t’es sérieux, là, Kieran ? Tu penses vraiment qu’Ezra va te répondre « oui, oui, d’ailleurs, si vous pouviez vous dépêcher avant que l’acide finisse de me cramer le peu d’empreintes que je possède encore à tenir cette foutue enveloppe entre mes doigts, ça m’arrangerait beaucoup, merci » ? « Elle vient d’Ichabod, elle est forcément piégée. » Il reprend, plus pour lui-même que pour le type face à lui. Tiens, d’ailleurs, c’est qui celui-là, au juste ? Un cousin, un neveu éloigné, pire encore, un filleul auquel il aurait appris toutes les bonnes combines sur « comment traumatiser mon faux frère une fois que j’aurai quitté la ville avec sa filleule » ? « Vous êtes qui, au juste ? » Conscient que la question n’est pas des plus précises, il reprend rapidement : « Vis-à-vis d’Ichabod ? » Un prénom, c’est une chose. Faire un lien, c’en est une autre. Il pourrait s’appeler Xanax ou Pierre que ça ne lui changerait pas grand-chose, tandis que sa filiation avec Ichabod pourrait tout bouleverser. Oh, c’est mignon, Kieran, de te faire croire que tu saurais changer d’avis sur ce type et ne pas te fier à ta première impression alors que, partant du fait qu’il est missionné par ton plus grand cauchemar, il est déjà rangé dans la catégorie de ceux à éviter et ignorer ; alors pourquoi est-ce que tu ne le fais pas, hein, dit, grand dadais ? Oh, moi je sais. Parce que même à travers d’un émissaire, t’as toujours besoin de l’approbation et de l’attention de ton aîné. C’est pathétique.

@Ezra Beauregard

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@kieran halstead

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Ce n’était pas tellement qu’il commençait à gentiment perdre patience, Ezra, mais simplement qu’il aurait préféré que cette transaction se fasse bien plus rapidement que ça. Jusque quelques semaines - mois, en fin de compte - plus tôt, il n’avait rien contre Ichabod bien au contraire, il avait l’impression d’avoir finalement après des années d’efforts construit une relation plutôt stable et saine avec le Bates. Mais ça, c’était avant que ce dernier ne vienne le menacer avec un flingue contre son crâne dans son propre bureau, et depuis il ne désirait plus vraiment avoir affaire de près ou de loin avec l’homme. Alors il était plutôt désireux d’en finir au plus vite, afin de pouvoir réellement vivre sa vie de son côté.

Cependant, à voir le regard que venait faire le dit-Kieran en entendant le nom d’Ichabod, Ezra en déduit qu’il n’était pas le seul à ne pas le porter dans son cœur - et à en avoir, quoi, peur ? Peut-être était-ce effectivement de la peur qu’il apercevait dans le regard du jeune homme en face de lui. « Oh, wow, okay, non. » Essayer de lui fermer la porte dessus ne viendrait pas faire déguerpir Ezra: aujourd’hui, il avait décidé de jouer les durs à cuire et de rester dans le coin jusqu’à ce qu’il ait accompli sa mission. C’était plutôt rare, le genre d’événement à marquer d’une croix rouge sur le calendrier. « Sinon quoi ? » Il vint soupirer légèrement. « Sinon on risque d’être tous les deux dans la merde et franchement, j’ai pas envie. » Puisque Kieran en face de lui semblait être sur la défensive, autant jouer cartes sur table le plus possible. Ezra ici n’était pas venu pour causer du tort à qui que ce soit, bien au contraire; s’il ne menait pas à bien la mission qui lui avait été confiée, ils se retrouveraient tous les deux dans de beaux draps - il était presque sûr que Ichabod l’avait fait surveiller, d’une façon ou d’une autre. Alors, il serait insistant, il viendrait supplier si là était la seule solution à leur problème commun - mais il ne repartirait pas avec l’enveloppe qu’il présentait à Kieran en ce moment. « Elle est piégée, c’est ça ? » Le Beauregard vint froncer les sourcils, sur son regard se balançant de l’enveloppe à Kieran et inversement. Il ne s’était même pas posé la question un seul instant, que ce soit aujourd’hui ou le jour où il avait ouvert l’enveloppe gravée de son propre nom. « Elle vient d’Ichabod, elle est forcément piégée. » - « Quoi ? Mais non ! » on pouvait entendre désormais un léger agacement dans le ton qu’il empruntait; c’était plus fort que lui.

« Vous êtes qui, au juste ? » Là, ce n’était pas possible autrement: il se foutait ouvertement de lui. Pas plus tard que quelques minutes plus tôt, Ezra était venu lui donner son nom, pour que justement le jeune homme face à lui comprenne qu’il n’était en rien une menace pour lui - comme il avait finalement déduit l’inverse comme étant vrai. « Vis-à-vis d’Ichabod ? » Ah. Effectivement, il comprenait bien plus la question désormais. « Je suis son patron. » Entendant son erreur, il vint se reprendre de suite. « Enfin, son ancien patron. » Et, comprenant que ce n’était qu’une bien maigre réponse qu’il lui donnait là, il vint une fois de plus reprendre la parole. « Il a bossé pendant plusieurs années pour moi et avec moi dans le garage que j’ai, dans Toowong. » Parce-que le regard que lui portait Kieran depuis qu’il avait ouvert la porte, d’autant plus depuis qu’il avait appris qu’Ichabod était le lien entre eux deux, était clairement bercé par de la peur et Ezra ne pouvait en rien lui en vouloir. Lui aussi, ses yeux étaient baignés par ce ressenti là, lorsqu’il se trouvait aux côtés d’Ichabod. Lui aussi, il était devenu méfiant avec le temps et l’expérience. Lui aussi, il aurait eu peur en entendant qu’il avait devant lui l’ancien patron du Bates. Alors que tout le contraire était présent dans sa volonté: il voulait que Kieran comprenne qu’il ne lui voulait aucun mal. Il voulait qu’il voit qu’ils se trouvaient tous deux dans le même camp. Et en même temps, il ne savait pas jusque où il pouvait se permettre d’aller dans ses paroles, sans divulguer des informations qui pourraient lui être fatales sur Ichabod. Parce-que la peur dans le regard ne justifiait pas le fait que Kieran pouvait être au courant des activités de son ancien employé - il faisait peur de façon général, dans sa façon d’être au quotidien. « Je vous promets que l’enveloppe est pas piégée, j’ai reçu la même et je vais bien depuis. Prenez là, que je vous laisse tranquille. » Ezra vint alors secouer l’enveloppe sous les yeux de Kieran. « Je vous l’ouvre même si vous voulez ! » Il faisait vraiment preuve de bonne volonté - et il espérait que cela fonctionnerait.

Déjà bien peu rassuré par le fait d’avoir un total inconnu devant sa porte, c’est la panique quand Kieran comprend que cet inconnu est, qui plus est, lié à Ichabod. Et s’il a longtemps cherché l’approbation de celui qu’il aurait voir devenir un « grand frère » et qu’en ce sens il devrait plutôt se saisir de cette opportunité pour se rapprocher, même indirectement, de celui dont il voulait un peu d’attention, sa dernière rencontre avec Ichabod l’a finalement convaincu de laisser tomber. Oh, bien sûr, je connais suffisamment Kieran pour savoir qu’il conservera éternellement le maigre espoir de tisser un lien avec Ichabod et de former une sorte de famille bancale – c’est déjà le cas avec Ilaria et Rhea – où ils auraient les deux leur place, mais il a surtout cru comprendre que s’il persistait à s’immiscer dans la vie du plus âgé, il finirait par le regretter. Et pas des regrets auxquels il penserait avec mélancolie sur son lit de mort, mais de ceux qui ne lui permettraient pas d’atteindre ce stade. Ichabod avait été clair et s’il avait toujours terrorisé Kieran quand ils vivaient ensemble, il pensait être assez mature pour ne pas céder à la pression de son aîné ; il s’est bien trompé. Alors apprendre aujourd’hui que ce type face à lui se pose en messager d’Ichabod, c’est l’assurance de perdre toute la confiance qu’il aurait pu lui accorder. Est-ce qu’il vient s’assurer qu’il a bien compris le message ? Est-ce qu’il vient lui demander de cesser tout contact avec Ilaria et ainsi lui enlever encore un peu plus de cette famille qu’il rêve d’avoir ou, à défaut, dans laquelle il pourrait avoir une place ? « Sinon on risque d’être tous les deux dans la merde et franchement, j’ai pas envie. » Mais le fait qu’il s’implique dans les conséquences oblige Kieran à réviser son jugement et à lui accorder un peu plus de son intérêt – et parce qu’il ne peut de toute évidence pas lui fermer la porte sur le pied. Ce n’est pas pour autant qu’il se saisit de l’enveloppe tendue par Ezra, bien conscient qu’elle est forcément empoisonnée si elle est un don d’Ichabod, une hypothèse qu’il ne manque pas de partager et qui a le don d’énerver le messager. « Quoi ? Mais non ! » Il ne sait pas s’il se doit se satisfaire ou non de cet agacement – dans un sens, il le met à l’épreuve et ce type ne lui a pas encore collé une balle entre les deux yeux ni brisé le bras, il ne doit pas être si pire, n’est-ce pas ?

Et s’il commence à comprendre les enjeux liés à cette enveloppe, il n’arrive toujours pas à faire le lien entre cet Ezra et Ichabod ; une chose à la fois et s’il doit se saisir de ce cadeau, autant qu’il puisse avoir toutes les informations en sa possession. « Je suis son patron. » Son patron ? Il n’a jamais vraiment su ce qu’Ichabod faisait dans la vie, mais ce n’est pas vraiment quelque chose qu’il était supposé demander, c’est ce qu’il a compris et cette annonce a le don de l’inquiéter un peu plus. « Enfin, son ancien patron. » Ce n’est pas beaucoup mieux. Il a toujours imaginé Ichabod comme un genre de prêteur sur gages qui venait refaire le portrait de ceux ayant des arriérés (et j’imagine que la vérité n’est pas si éloignée), alors il commence à regretter sa question. « Il a bossé pendant plusieurs années pour moi et avec moi dans le garage que j’ai, dans Toowong. » Le garage, oui, c’est vrai, il a oublié cette partie-là parce qu’Icha n’a jamais eu le physique de l’emploi ; et pourtant, Kieran ne l’avait pas plus quand il a décidé de venir le confronter par rapport à ses intentions envers Rhea à la sortie de ce fameux garage (instant de courage qu’il avait bien regretté et il avait rapidement fini par s’écraser – comme toujours). « Oh, oui, d’accord, je... je vois. » Ce n’est pas pour autant qu’il en sait plus sur cet Ezra, mais le garage ne lui avait pas semblé louche – contrairement à la famille Bates de manière générale. C’était peut-être même l’aspect le moins inquiétant entourant Ichabod, si on fait abstraction d’Ilaria qui est sa plus belle réussite. « Je vous promets que l’enveloppe est pas piégée, j’ai reçu la même et je vais bien depuis. Prenez là, que je vous laisse tranquille. » Et maintenant qu’elle est secouée sous ses yeux, il s’en saisit comme un chien saisirait le bout de viande qu’on lui met sous le nez. « Je vous l’ouvre même si vous voulez ! » L’agacement d’Ezra est perceptible et amène le sien, sans qu’il n’y réfléchisse un seul instant. « Hé, on se calme le pompon, d’accord ? » Qu’il rétorque avant de réaliser la portée de ses mots et de secouer la tête par la négative, soudainement bien plus gêné. « Euh, je veux dire... non, ça ira, merci et... désolé. » L’enveloppe pèse son poids et bien qu’il soit convaincu qu’elle ne lui explosera pas en main, il est toujours aussi intrigué. « C’est juste que mon historique avec Ichabod est... compliqué. » C’est un euphémisme. « Et la dernière fois que je l’ai vu, c’était pas... c’était particulièrement chaleureux. » Mais est-ce qu’Ichabod est capable de l’être avec quiconque ? « Vous voulez entrer ? » Ce serait peut-être la moindre des choses après avoir mis sa patience ainsi à l’épreuve. Il entreprend d’observer le contenu de l’enveloppe et son cœur manque un battement quand il distingue des billets. Beaucoup de billets. Beaucoup trop de billets. Et un rire nerveux s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’il comprend que l’enveloppe est effectivement piégée, mais pas comme il l’aurait cru. Elle ne lui a pas explosé au nez, mais c’est tout de même une blague de mauvais goût. Son rire perd néanmoins en puissance quand il relève les yeux vers Ezra et qu’il comprend que lui, ça ne le fait pas rire et qu’il l’observe en silence. « Vous avez reçu la même ? » C’est quoi ce délire ? Depuis quand Ichabod est plein aux as ? Il a vendu quel organe ? Il n’a pas vendu Ilaria à un trafic d’êtres humains, quand même ? Et surtout, depuis quand Ichabod lui donne de l’argent, à lui ?

@Ezra Beauregard

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@kieran halstead

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Expliquer la relation qu’Ezra avait eu avec Ichabod était en réalité quelque-chose de très simple; mais plus il avançait dans les explications plus le Beauregard avait soit l’impression de s’emmêler, soit l’impression qu’il allait divulguer une information qu’il aurait du garder pour lui et que Kieran n’était pas supposé apprendre. Après tout, il savait ce que le Bâtes lui avait dit à lui, mais en rien ce qu’il avait bien voulu divulguer à l’homme face à lui. Il supposait que ce n’était également pas tout rose de son côté, étant donné la façon dont Kieran semblait craindre au moins autant que c’était le cas de son côté. Ichabod tirait-il satisfaction à l’idée de venir traumatiser des personnes comme eux, qui n’avait rien demandé au monde et qui semblait avoir peur d’un rien ? Résidait-il là un réel plaisir, ou était-il juste cruel et sans cœur ? Les deux options semblaient presque satisfaisantes et semblaient également coller avec l’image d’Ichabod qu’avait désormais Ezra dans son esprit. Cependant, il ne viendrait pas jouer sur cette dernière, étant donné qu’il ne cherchait pour aucune excuse les problèmes et qu'il voulait surtout avoir fini avec cette transaction le plus rapidement possible. « Oh, oui, d’accord, je... je vois. » Au moins, le garage semblait évoquer quelque chose à Kieran et ça allait dans leur sens à tous les deux que ce soit le cas: il arrêterait peut-être de poser des questions qui semblaient lui faire des noeuds au cerveau pour rien et Ezra pourrait plus rapidement lui donner l’enveloppe. Il en était à un point où il était même prêt à ouvrir lui-même la poche de papier si Kieran avait autant peur de trouver une bombe à l’intérieur - il savait par expérience qu’elle n’était pas piégée, ayant reçu et ouvert exactement la même quelques temps plus tôt.

« Hé, on se calme le pompon, d’accord ? » Ezra vint quelque peu écarquiller les yeux - jusque maintenant, il s’était montré retissant fasse à lui, mais Kieran paraissait carrément énervé désormais, ce qui ne lui allait pas spécialement au teint. « Euh, je veux dire... non, ça ira, merci et... désolé. » - « Ok, je l’ouvre pas alors. » Il aurait bien rajouté un pas la peine de s’énerver mais de son côté, sauf son air inoffensif gravé sur son visage, il ne savait pas si Kieran n’était pas un ancien bras droit d’Ichabod et s’il s’énervait aussi facilement, ce n’était pas la peine de mettre de l’huile sur le feu. « C’est juste que mon historique avec Ichabod est... compliqué. Et la dernière fois que je l’ai vu, c’était pas... c’était particulièrement chaleureux. » Ezra aurait bien voulu dire ici qu’il était étonné, mais toute personne connaissant de près ou de loin Ichabod pouvait parfaitement comprendre ce à quoi le Halstead faisait référence. Ce n’était jamais chaleureux avec Ichabod, et ça ne le serait probablement jamais: cet homme avait un cœur de pierre. « Vous voulez entrer ? » La question vint surprendre quelque peu le Beauregard: jusque maintenant, Kieran voulait le mettre dehors et maintenant il l’invitait à entrer chez lui. Vous me direz, ces deux là avaient fait plus de progrès en l’espace d’une poignée de minutes que Ichabod avec les deux réunis pendant des années sûrement. Ezra vint hocher la tête: de toutes façons, il avait déjà un pied dans l’encadrement de la porte depuis de longues minutes désormais. « Oui, pourquoi pas. » Et puis enfin, il était débarrassé de l’enveloppe qui commençait à peser dans sa main.

« Vous avez reçu la même ? » Ezra avait déjà fait quelques pas dans l’appartement lorsque la voix de Kieran se fit de nouveau entendre. « Je suis arrivé un jour au garage et sur le bureau m’attendait deux enveloppes avec une note dessus me disant que la première était pour moi, et que pour la seconde je devais vous retrouver et vous la donner. » Cela avait presque été le matin le plus étrange pour Ezra. Disons que depuis qu’Ichabod était arrivé au garage, surtout sur les derniers mois, il y avait vraiment eu des choses étranges mais cela avait toujours été en réalité. Pour une fois, il devait l’admettre, cela avait été étrangement dans son sens. « Quand j’ai vu le contenu de mon enveloppe, c’était tendant de garder les deux je dois dire. » Il eut un fin sourire amusé sur le visage. « Mais les instructions étaient signées Ichabod, alors… » Alors comme il aimait bien le concert de rester en vie, il s’était dit qu’il allait une dernière fois courber l’échine devant le Bates s’il voulait pouvoir continuer sa petite vie tranquillement dans son coin. « Vous le connaissez d’où, vous ? Vous êtes de sa famille ? » Ezra faisant comme s’il était chez lui chez tout le monde, vint alors s’asseoir sur la première chaise qui lui passa sous la main; pas qu’il comptait passer le reste de sa journée ici, mais il avait toujours été curieux - parfois un peu trop - sur la vie d’Ichabod et Kieran était le premier individu relié à lui qu’il croisait et à qui il était autorisé à parler. Alors il ne comptait pas réellement passer cette chance - comme s’il n’apprenait pas de ses erreurs. « A part qu’il a une fille, j’ai jamais rien su sur sa famille. »

En quelques minutes, l’opinion de Kieran sur cet homme est passée d’une impression à une autre sans jamais savoir sur laquelle s’arrêter à terme. D’un sentiment d’inquiétude lié à la détermination de cet Ezra à le retrouver, par le biais de son numéro de portable dans un premier temps puis de son adresse par la suite, à l’amertume d’être moqué et d’être pris pour un idiot, le voilà désormais qui se montre curieux autant que déstabilisé par le lien qu’il lui découvre avec Ichabod. Et, enfin, quand cette rencontre semble enfin prendre du sens, c’est presque un soulagement qui envahit l’illustrateur, soudainement conscient que l’homme face à lui ne lui veut pas de mal (ou, en tout cas, il prend son temps si tel est le cas). J’ai souvent répété à Kieran qu’il ne pouvait pas se fier à sa première impression, en partie parce que celle-ci le trompe souvent, mais je crois qu’il aurait pu s’y tenir cette fois-ci : cet Ezra n’avait pas l’air bien menaçant dès le moment où il a ouvert sa porte et il demeure toujours (relativement) calme alors que, disons-le franchement, Kieran a bien assez abusé de sa patience. D’autres se seraient agacés bien plus rapidement que cet Ezra face aux doutes, aux questions et à la passivité de Kieran et si le garagiste s’est montré sec, il est néanmoins resté suffisamment poli et respectueux pour que Kieran envisage sérieusement que ses intentions soient louables, malgré la mention d’Ichabod qui, lui, n’a que très rarement eu un tel égard vis-à-vis de Kieran, comme ce dernier s’ose à le faire remarquer (et peut-être qu’il devrait se taire, car dans le fond il ignore encore de nombreux détails du lien pouvant unir les deux hommes). Kieran découvre sans tarder que les intentions en question ne sont pas seulement bonnes ; mais également surprenantes et même carrément lourdes, une fois l’enveloppe en main et le contenu découvert, tandis qu’Ezra reçoit enfin l’autorisation de franchir le seuil de cet appartement.

De l’argent. Non, rectification : énormément d’argent. Des billets à ne plus savoir qu’en faire et une somme d’argent à en donner le tournis à quiconque s’essayerait à la compter ; Kieran ne le fait pas, tandis qu’une fois encore, son opinion sur l’homme face à lui connaît un changement radical. Désormais, il pense qu’il se moque de lui, car il ne voit pas d’autres perspectives à un tel cadeau, assurément empoisonné puisqu’il n’oublie pas l’identité de l’expéditeur. Kieran en est persuadé et je ne peux pas lui donner tort : Ichabod n’aurait jamais eu la main aussi généreuse pour le Halstead, ah, ça, c’est certain. Il avait l’esprit vif quand il s’agissait de se moquer du plus jeune, mais pour lui filer un quelconque coup de pouce, Kieran pouvait toujours attendre et il ne comprend pas pourquoi aujourd’hui ferait exception à la règle. Ichabod n’a jamais eu d’intention louable à son égard, ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. Ils ont l’air vrais, ces billets, mais la seule connaissance de leur origine suffit à lui faire comprendre que ce n’est qu’une illusion. Néanmoins, ça n’aide pas à répondre à la véritable question : pourquoi ? Quel est l’intérêt d’Ichabod à se jouer de lui, alors même qu’il est à des centaines (milliers ?) de kilomètres de là ? « Je suis arrivé un jour au garage et sur le bureau m’attendait deux enveloppes avec une note dessus me disant que la première était pour moi, et que pour la seconde je devais vous retrouver et vous la donner. » Ce serait donc vrai ? Ichabod lui aurait vraiment laissé cette enveloppe en toute connaissance de cause ? Est-ce qu’il doit s’attendre à recevoir sous peu les règles qui vont avec ? Mais, surtout, d’où est-ce qu’il sort tout cet argent ? Pourquoi lui en faire cadeau ? Non, non, ce n’est sûrement pas un cadeau. Il va y avoir une contrepartie et Ezra attendait seulement qu’il ait l’enveloppe en main pour lui annoncer les contraintes. « Quand j’ai vu le contenu de mon enveloppe, c’était tendant de garder les deux je dois dire. » Il aurait pu, que Kieran songe un instant avant que je ne m’agace. Cette somme d’argent n’est pas négligeable, quand même ! Ce serait stupide de la refuser et pourtant, voilà que notre protagoniste hésite quant à l’acceptation de ce geste. Bon, soit, je suis humain (non) et l’appât du gain est plus fort que tout. Néanmoins, pour une fois, je dois reconnaître que la voix de la raison, c’est Kieran. Il marque des points ; on a aucune idée d’où vient cet argent. Et Dieu sait son origine. Kieran a bien assez de problèmes pour ne pas vouloir s’en rajouter. « Mais les instructions étaient signées Ichabod, alors… » « Alors il y a plutôt intérêt à les suivre. » Qu'il conclut sa phrase alors qu’il pose l’argent sur le comptoir, à bonne distance, comme si cette enveloppe était susceptible d’exploser à tout moment. Si ce n’est pas au sens propre, ce sera au figuré – Kieran ne réalise pas encore qu’il y a beaucoup de billets, parce qu’il n’a pas pris le temps de les compter ni de se faire une idée des sommes imprimées. Si ça se trouve, il y a cent dollars en petite coupure – et à vrai dire, il préférerait. « Vous le connaissez d’où, vous ? Vous êtes de sa famille ? » Quittant du regard le contenant en papier, il vient reporter son attention sur Ezra, hésitant un instant quant à la réponse à lui donner, principalement parce que dans son esprit tourne toujours la multitude de scénarios qui expliquerait un tel lègue. Ezra parle de famille, est-ce qu’Ichabod a voulu s’assurer de sa loyauté ? Du fait qu’il ne mettrait plus le nez dans la sienne ? Qu’il ravalerait ses inquiétudes quant à Rhea pour comprendre où est sa place ? « Pas vraiment, non. Il m’a toujours fait comprendre que c’était pas le cas, du moins. » Il souligne avec un pincement au cœur ; parce qu’il l’aurait souhaité, Kieran, plus que tout au monde et que ça n’a jamais pu se faire. « J’étais en famille d’accueil chez lui et ses parents pendant quelques mois. » Il précise avec un haussement d’épaules, comme si c’était un fait sans importance alors que les souvenirs qu’il garde de cette époque se veulent douloureux. « A part qu’il a une fille, j’ai jamais rien su sur sa famille. » Et Ilaria étant la personne la plus chère aux yeux du Bates, c’est un argument suffisant pour qu’il comprenne que ce type a sûrement fait partie des privilégiés à connaître cette information et à côtoyer Ichabod dans un contexte où celui-ci limitait ses menaces au reste du monde. Un signe de confiance, faut croire. « Oh, oui, Ilaria. » Et à l’évocation de la jeune femme, un large sourire s’empare de ses lèvres. « Vous l’avez déjà rencontrée ? Elle est très différente d’Ichabod. C’est vraiment une fille fantastique et je le dis pas juste parce que je suis son parrain. » Ça sonne un peu cliché, sûrement trop facile, mais c’est la vérité. « C’est pas Ichabod qui m’a donné ce rôle, mais la mère d’Ilaria. » Il précise, conscient qu’entre son récit concernant ses relations tendues avec Ichabod et ce rôle qu’on lui a donné, il y a une incohérence. « C’est pas vraiment à moi de vous en parler, mais disons juste que... quand on connaît sa famille, j’imagine qu’on comprend pourquoi Ichabod est comme il est. » Il avoue en se pinçant la lèvre. Ce ne sont pas des choses qu’il est supposé dire, qu’il se persuade ; pourtant, Kieran, tu as toutes les raisons de te le permettre. Les Bates, à l'exception d'Ilaria, ne sont pas de bonnes personnes ; et il faut quelqu’un l’entende un jour, à défaut de pouvoir l’assumer auprès des principaux concernés. Est-ce qu’Ezra ira le balancer ? Est-ce que ce serait vraiment un problème ?

@Ezra Beauregard

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« Alors il y a plutôt intérêt à les suivre. » Ezra gardait malgré tout son sourire aux lèvres désormais, maintenant que les deux hommes ne semblaient plus autant se méfier l’un de l’autre - ou tout du moins pas plus qu’il ne le fallait lorsque vous rencontriez quelqu’un pour la première fois. Leur quel point commun était quelque-peu surprenant et laissait planer une ombre de doute et d’hésitation sur leurs deux comportements, mais aucun des deux ne semblait attaché au fait de devoir se plier aux exécutives du dit Ichabod - de qui venait rassurer Ezra et expliquait qu’il venait presque se pavaner désormais chez Kieran, poids de la somme conséquente contenue dans l’enveloppe en moins dans sa main et sur sa conscience. « Exactement. » Il avait encore malheureusement de façon trop fraîche l’image d’Ichabod et de son flingue en tête pour venir agir d’une autre façon. Quelques mois plus tôt, il serait venu taquiner le Bates sur ce que pouvait contenir ce type d’enveloppes et pourquoi. Aujourd’hui, Ezra s’exécutait sans venir repenser à deux fois à ce qu’il faisait.

Ce n’était pas pour autant que sa curiosité naturelle se faisait la malle, elle, désormais libéré de cette tâche ingrate. Kieran semblait autant connaître Ichabod que lui - ou tout du moins, assez bien pour venir se mettre directement sur la défensive lorsque le prénom de ce denier était mentionné -, mais étant donné qu’il n’avait jamais eu aucune information sur la vie personnelle de son employée, Ezra n’allait pas laisser passer l’occasion en or qu’il avait sous les yeux. Au pire, Ichabod savait ou le trouver et il implorerait le fait d’avoir un fils pour qu’il ne lui loge définitivement pas une balle entre les deux yeux. « Pas vraiment, non. Il m’a toujours fait comprendre que c’était pas le cas, du moins. » Ezra aurait bien voulu être étonné de ce type de réponse, mais cela venait simplement malheureusement souligner le type de caractère que possédait Ichabod. « J’étais en famille d’accueil chez lui et ses parents pendant quelques mois. » - « Oh. » Et la surprise du Beauregard dans cette réponse spontanée était réelle. Ichabod ne lui avait jamais parlé de sa famille, pas réellement du moins, et là étaient des informations qu’il n’avait jamais obtenu ni entendu. Pourtant, c’était le type de l’histoire malgré tout qui lui aurait donné un air plus sympathique, au Bates.

Car c’était exactement ce qu’il lui avait volontairement accordé quand il avait appris que son employé - qui agissait clairement comme le patron du garage depuis son arrivé - avait une fille, était père; comme ce qu’il était lui, au final. « Oh, oui, Ilaria. » Ezra ne se souvenait même pas qu’Ichabod ait été jusqu’à lui donner le prénom de sa fille, c’était pour dire que la confiance qu’il plaçait en lui était finalement très limitée. Il s’était senti quelque peu privilégié pendant des années, et surtout lorsqu’il était tombé sur ces enveloppes. Aujourd’hui il comprenait malheureusement qu’il n’avait été qu’un pion dans la vie d’un homme qui se préfèrerait toujours l’ombre à l’entraide de personnes bienveillantes autour de lui. « Vous l’avez déjà rencontrée ? Elle est très différente d’Ichabod. C’est vraiment une fille fantastique et je le dis pas juste parce que je suis son parrain. C’est pas Ichabod qui m’a donné ce rôle, mais la mère d’Ilaria. » Ezra vint étirer un petit sourire - il entendait la fierté dans les paroles du jeune homme. « J’ai pas vraiment eu cette chance, non. » Il hésite un instant, puis se dit qu’il ne craignait rien à partager la seule anecdote qu’il avait en réalité sur la jeune femme. « Je l’ai aperçu une fois, elle est passée voir Ichabod au garage. Je savais pas qui elle était à l’époque et j’ignorais complètement qu’il avait une fille… et j’ai cru que c’était une potentielle petite amie venue lui faire une visite de courtoisie. » Bien sur, un petit rire vint se faire entendre côté Beauregard - autant amusé que gêné. « Je vous laisse imaginer comme Ichabod a vraiment apprécié mes observations. » A.K.A Ezra avait encore failli y passer ce jour là, mais avait su se retenir pour ne pas dépasser les bornes et rester dans le jute côté de la patience d’Ichabod.

« C’est pas vraiment à moi de vous en parler, mais disons juste que... quand on connaît sa famille, j’imagine qu’on comprend pourquoi Ichabod est comme il est. » Laissant échapper un soupire, Ezra vint relever son regard en direction de Kieran. « Peut-être, oui. » Peut-être effectivement, comme il était coutume de dire, ceci pouvait expliquer cela. Il ne venait en rien remettre en doute les paroles de Kieran et le fait que l’environnement dans lequel Ichabod avait du grandir avait joué sur l’homme qu’il était devenu par la suite. « Mais ça peut pas tout excuser. » Il y avait des histoires de famille qui laissaient des traces indélébiles dans la mémoire des enfants, devenant grands par la suite; mais il y avait également des façons de faire que les personnes décidaient d’elles-mêmes d’adopter. Ezra n’était en rien convaincu que se venir menacer quelque d’une arme n’était pas quelque-chose qu’Ichabod avait décidé comme un grand de faire. Après tout, le Beauregard lui même avait grandi dans un environnement familial quelque peu perturbé, et il n’était pas là à agir étrangement pour autant. « Y’a des choses qui ont été dites qui peuvent pas simplement être excusées par un environnement familial compliqué. » Il y avait des mots, des paroles, qui resteraient à jamais gravées dans l’esprit d’Ezra et dont il ne saurait jamais se séparer, il le savait. Alors qu’il était un adulte épanoui et équilibré, il ne se serait attendu à être traité de la sorte.

« Vous avez eu des nouvelles, sur les dernières semaines là ? » La question était un peu jetée au hasard, et il ne savait même pas s’il désirait avoir une réelle réponse. Bien sûr, il n’avait en aucun cas cherché à avoir des nouvelles d’Ichabod en lui adressant directement la parole - ce dernier avait plutôt été clair sur le fait qu’il ne voulait plus avoir à faire avec son ancien patron -, mais il était tout de même curieux de savoir ce qu’il devenait désormais. Ezra faisait partie de ceux qui avait du mal à simple en rayer les gens qui avaient compte dans sa vie de cette dernière.

Il n’a jamais vraiment su dans quel genre d’affaire trempaient exactement le père et le fils Bates. Quelques années après son départ de la famille, Kieran avait eu connaissance d’un fait divers qui avait touché ses anciens « parents » ; et le fait que la mère de famille avait été attaquée. Il n’avait jamais vraiment su ce qu’il s’était passé, n’avait jamais vraiment cherché à le savoir non plus, se contentant, ces dernières années, de lui rendre visite de temps à autre dans la maison de repos où elle vit désormais. De tous les Bates, c’était peut-être la seule qui semblait avoir un bon fond et est véritablement intéressée par lui ; les deux hommes n’avaient, eux, jamais cessé de lui faire comprendre qu’il était de trop, qu’il dérangeait. Kieran n’avait étonnement pas cédé à leurs menaces, ni même à leurs idées tordues pour leur faire peur et il n’avait même jamais vraiment su la raison qui avait mis un terme à leur cohabitation. Toujours est-il qu’au cours des mois où il a partagé le quotidien d’Ichabod, il avait commencé à cerner la personnalité du jeune homme et comprendre qu’il ne deviendrait probablement jamais des amis, à défaut d’être des frères – même si le plus jeune a, pendant de longues années, conservé l’espoir qu’il parvienne à ce statut. Alors qu’Ezra lui partage ses craintes à l’idée d’aller à l’encontre de la volonté du plus vieux, ça ne l’étonne pas – au contraire, ça le détend même légèrement en comprenant que l’homme face à lui n’a pas des intentions aussi mauvaises que celui qu’ils ont en commun.

Celui-ci semble même s’intéresser à fouiller le passé du Bates et si Kieran se veut bavard, je reste sur la défensive ; il ne faudrait pas qu’il en dise trop, il ne faudrait pas qu’il trahisse la confiance d’Ichabod et qu’il prenne le risque de le retrouver sur le pas de sa porte – parce qu’il en serait capable, c’est certain. Mais il est loin, désormais, alors qu’est-ce qu’il peut faire contre lui ? Et puis, il ne lui doit rien, au final, comme je le souligne. Parce que les Bates n’ont jamais hésité à le délaisser ou à contribuer à ses problèmes de comportement en continuant de leur faire grandir avec l’idée qu’il ne pourrait faire confiance à personne et qu’il était un fardeau pour les autres. « Oh. » Il identifie très bien la raison derrière cette surprise : imaginer Ichabod dans le système d’accueil, même sans connaître sa famille, est surprenant. Avec le recul, Kieran s’est toujours demandé comme ils avaient même pu entrer dans le système, quand il avait expérimenté les problèmes à l’intérieur et qu’il avait compris que jamais, oh jamais, ils n’auraient dû être sélectionnés comme des parents d’accueil. Ils n’avaient rien à offrir, et certainement pas la chaleur d’un foyer.

Ichabod avait appris à l’être, chaleureux, avec une seule femme ; Rhea et de cette courte relation était née la plus belle réussite de son ancien camarade : Ilaria. Le père de celle-ci n’avait pas été ravi d’apprendre l’identité de son parrain, parce qu’il aurait voulu que Kieran déguerpisse de sa vie, mais que Rhea ne l’avait pas laissé faire. Il était resté en contact avec la jeune femme même une fois de retour en foyer, un lien qui avait peut-être connu des hauts et des bas, mais jamais un silence complet. Il y avait quelque chose de satisfaisant, dans le fond, de savoir qu’Ichabod n’avait pas envie de lui dans sa famille, et qu’il avait fini par en faire partie malgré lui. « J’ai pas vraiment eu cette chance, non. » Ce qui est dommage, car sa filleule gagne à être connue – mais encore une fois, il est certainement biaisée. « Je l’ai aperçu une fois, elle est passée voir Ichabod au garage. Je savais pas qui elle était à l’époque et j’ignorais complètement qu’il avait une fille… et j’ai cru que c’était une potentielle petite amie venue lui faire une visite de courtoisie. » Et si Ezra rit, lui ce sont de grands yeux qu’il écarquille à l’entente de cette supposition, bientôt suivi d’un froncement de sourcils qui accentue son dégoût. « Je vous laisse imaginer comme Ichabod a vraiment apprécié mes observations. » Cette fois, néanmoins, il se détend légèrement pour laisser échapper un rire. « Vous êtes encore en vie, c’est un bon début, j’ai envie de vous dire. » Il s’amuse, Kieran, sans savoir à quel point ses paroles sont vraies. Il se souvient d’un Ichabod qui lui avait fait croire que sa famille se débarrasserait de lui avant de l’enterrer dans le jardin, sans savoir qu’il y avait réellement des cadavres sous terre – sans plus en avoir connaissance aujourd’hui.

Et s’il en avait conscience, probablement qu’il n’essayerait pas de lui trouver des excuses. Des excuses qui n’ont pas lieu d’être selon moi, puisque rien ne justifie le comportement d’Ichabod autant que celui de son père si on me demande mon avis (mais Kieran ne me le demande que rarement, bon). Je ne me surprends même pas, à vrai dire, tant je sais que Kieran veut se montrer conciliant, jamais un mot plus haut que l’autre, même que les gens le méritent. Car le Ichabod, si vous voulez tout savoir, ce n’est pas seulement une petite réprimande qu’il mérite. Et sur ce coup-là, je suis parfaitement en accord avec Ezra. « Peut-être, oui. Mais ça peut pas tout excuser. » Oh ça, non. Ce serait bien que tu le comprennes, aussi, Kieran. Comme ça ne doit pas définir les gens – et là, oui, je parle bien de toi. « Y’a des choses qui ont été dites qui peuvent pas simplement être excusées par un environnement familial compliqué. » Kieran hoche la tête par automatisme. Il n’hésiterait pas à dire qu’il est d’accord, dans d’autres circonstances. Si l’ombre d’Ichabod ne continuait pas à planer d’eux, en une menace silencieuse prête à bondir à tout moment et à frapper fort, très fort. « Je me suis toujours demandé s’il était différent, avec les autres. J’imagine que non. » Ah, ça, il se l’était souvent demandé, Kieran, partant du principe qu’Ichabod était ainsi avec lui à cause de sa personnalité, de ses réflexions, de son existence, tout simplement. Il l’avait vu être plus doux et plus ouvert avec Rhea, mais en dehors de ça, le caractère du Bates était toujours resté un grand point d’interrogation. Et c’est presque rassuré qu’il découvre que le traitement qu’il lui réserve est en réalité général et que Rhea fut l’exception à la règle, et non pas lui. « Vous avez eu des nouvelles, sur les dernières semaines là ? » Secouant légèrement la tête, il hausse les épaules d’un air las. « Non. Et la dernière fois, j’en ai pas eu pendant des années, alors... » J’imagine que c’est réparti, encore. Et peut-être que c’est enfin l’occasion pour Kieran de cesser de courir après une affection qui ne viendra jamais.

@Ezra Beauregard

you can't stop what's already begun

@kieran halstead

***
Le petit rire de Kieran fit du bien à entendre - cela venait indiquer à Ezra que le jeune homme se détendait assez pour le plus le prendre totalement pour une menace. Certes, il avait lui aussi été en contact avec Ichabod et ce pendant des années, mais ce n’était pas pour ça qu’il avait glissé d’un quelconque mauvais côté ou quoi qu’il pouvait penser de lui en cet instant. A noter: le Beauregard ne lui en voulait pas le moins du monde, il était lui-même arrivé ici avec ses propres aprioris et ses méfiances personnelles. « Vous êtes encore en vie, c’est un bon début, j’ai envie de vous dire. » Oh, oui c’était même un excellent début. Avant qu’Ichabod ne parte de Brisbane - ou qu’importe où il était en réalité -, Ezra n’aurait jamais douté de cette information; ou pas tout à fait. La dernière soirée que le Bates et lui avaient passé ensemble avait tout remis en question. Il avait toujours compris qu’il avait un côté sombre, il n’y avait qu’à voir les regards noirs qu’il était capable de venir lancer à tout va; mais ne s’était jamais aventuré  jusqu’à venir tester cette théorie et il s’en serait bien passé. Rien qu’à venir y repenser, il ressentait le métal du canon posé contre sa chair, et une slave de frissons vint étirer son échine. Une expérience qu’il ne souhaitait à personne.

« Je me suis toujours demandé s’il était différent, avec les autres. J’imagine que non. » Un instant, le regard d’Ezra vint croiser celui du jeune homme face à lui. « Je pense pas que ce soit dans ses habitudes d’être différent de… ce qu’il était. » Il parlait de lui comme s’il était six pieds sous terre, alors que rien que l’idée qu’il puisse passer le seuil de porte le terrorisait à moitié. Ils ne disaient pourtant rien de mal, aucun des deux, ils venaient mettre des faits en lumière - mais Ezra savait pertinemment que rien que ça serait la goutte d’eau faisait déborder le vase, si Ichabod pouvait les entendre. Une petite partie de lui était presque heureux de pouvoir discuter presque librement de celui qui lui avait mené la vie dure récemment, et en même temps il aurait préféré ne jamais arrivé là où il était aujourd’hui. « Et puis, à agir comme ça avec tout le monde, ça permettait de garder les gens à distance. » Et de préserver son histoire, son identité. Même si Ezra était toujours sous le choc de voir que le comportement de Ichabod n’était pas juste pour la frime et qu’il était vraiment quelqu’un de dangereux, mais il n’était pas étonné d’apprendre qu’il agissait comme ça avec toutes personnes qu’il connaissait. C’était peut-être mieux - pour lui, pour eux, pour toute personne tenant à la vie.

Mais Ezra ne semblait avoir jamais réellement excellé dans ce domaine, et une occasion pareille d’avoir quelqu’une qui avait été proche de Ichabod sous la main ne se refusait pas. Même s’il savait que ce dernier devait les surveiller de loin, par un biais ou par un autre, il ne put s’empêcher de venir demander à Kieran s’il avait eu des nouvelles de leur connaissance commune. « Non. Et la dernière fois, j’en ai pas eu pendant des années, alors... » La dernière fois - ce n’était donc pas la première fois qu’il venait se permettre d’agir de la sorte. « Pendant des années, il fait pas les choses à moitié. » Cela venait également souligner le fait qu’ils avaient peut-être quelques années de liberté devant eux avant d’être de nouveau dans la ligne de mire du Bates. Inconsciemment, Ezra vint respirer de façon plus sereine en cet instant: plusieurs années sans avoir l’ombre d’Ichabod penchée sur lui en permanence, l’idée lui plaisait bien. « J’espère que ce sera de belles années pour vous alors. » Désignant su menton l’enveloppe qu’il avait apporté à Kieran, le Beauregard finit par se lever se son assise. Sa mission était accomplie, et il avait même pu satisfaire sa curiosité en plus alors que cela ne faisait pas partie de la mission initiale: il était temps pour lui de rentrer désormais. « Et si jamais un jour vous avez besoin, vous avez mon numéro de téléphone. » Ce n’était pas à mettre de côté: si Ichabod en venait à revenir dans leurs vies, peut-être qu’ils auraient réellement besoin d’un de l’autre. Tout était possible et pourtant tant imprévisible avec le Bates, qu’il valait mieux trop anticiper que pas assez. « Un plaisir de vous avoir rencontré, Kieran. » Il fut dehors, et de son plein gré sans que le jeune homme ne lui referme la porte sur le pied, la minute suivante, bien plus léger que lorsqu’il était arrivé un peu plus tôt.