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 year of silence (jamie)

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Message(#)year of silence (jamie) EmptySam 9 Oct 2021 - 20:07


a year of silence
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Si les regards ou les remarques des Shears ne l'avaient pas convaincue de chercher un toit ailleurs, la gifle administrée par son père encourageait fortement River à partir. Ramassant son sac sans ajouter ne serait-ce qu'un mot, la trentenaire quitta le domaine familial, se retrouvant finalement prostrée à quelques mètres plus loin dans la rue de son enfance, les yeux rivés sur son smartphone déchantant : empressée à la commande d'un uber de secours. Les émotions mixtes lui donnent l'impression d'une nausée, et les raisons de son retour lui semblent on ne peut plus obsolètes. Qu'elles étaient-elles déjà ? Une vague impression de manque, un poids de culpabilité, de la lassitude mal placée, des poches trouées ?
Le chauffeur arrive avant les réponses, et River est en route pour Bayside, un coin plus familier qu'il ne devrait l'être. A l'arrivée, prévus et imprévus se dressent devant-elle : si l'une des maisons est vide de part le séjour en désintoxication du propriétaire, l'autre n'héberge pas la bonne personne. Merde. Lâche-t-elle, entre rire et désespoir, consciente alors qu'une année suffisait à rebattre bien des cartes sans que personne ne l'attende. Rien de surprenant, juste une évidence douloureuse, renforcée par le constat d'un téléphone totalement déchargé et donc incapable de lui offrir un retour en ville. River s'offrit alors le luxe d'une promenade à pieds, sans réel but, sans trop penser si ce n'est à visualiser tout ce qu'elle aurait pût faire différemment. Puis finalement, sans trop penser à sa nuit, abandonnant son errance par fatigue une fois arrivée au port, et décidant de s'octroyer un instant de plat avant de traîner ses pieds douloureux vers le premier hôtel ou motel miteux (ou pas) qu'elle pourrait trouver, River s'assied par terre et observe. Si l'instant semble idéal pour une autre session d'introspection voire d'auto-flagellation, une silhouette sur un bateau attire son œil. L'instinct la pousse à relever sa carcasse, son coeur s'emballe plus que de raison, une lueur d'espoir déplacée l'envahie, mais plus ses pas s'approchent de l'embarcation, moins la silhouette ressemble au musicien perdu. L'émoi s'affaisse alors et la brune ralenti avant de s'arrêter net. Jamie avait peut-être changé d'adresse, mais Bayside semblait toujours autant lui convenir. La journaliste a la gorge serrée, une émotion inconnue entre la crainte et le bonheur, elle redresse ses lunettes de soleil inutiles à cette heure, et monte sur le bateau sans s'annoncer. Tu as gardé le goût du chic je vois. Pire entrée en matière, constat de la nouvelle acquisition de son ami. River abandonne son sac au sol, hésite entre sauter au cou de Jamie ou reculer, se reproche son manque de spontanéité émotionnelle, se mordille la lèvre pour contenir des larmes importunes, tire un peu sur son t-shirt Dracula oversize, fixe Jamie droit dans les yeux comme pour lui assurer qu'il n'est pas face à un fantôme. Remercie le ciel de l'avoir guidé jusqu'à lui.


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@Jamie Keynes
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Message(#)year of silence (jamie) EmptyMer 20 Oct 2021 - 14:43

► year of silence
@River Shears & JAMIE KEYNES

My best friend, whatever happens I'll swallow tears and breathe in your hair Misbehaving, we cry in each other's embrace

“Tu as gardé le goût du chic je vois.”
L’anglais leva les yeux avec une pointe d’incrédulité. Il n’avait pas à se demander s’il n’avait pas rêvé, s’il reconnaissait bel et bien la voix qui venait de s’élever depuis le ponton de la marina. Il le savait. Comme il avait toujours su que River finirait par réapparaître un jour. Cela faisait des années qu’elle étouffait et elle semblait lasse, la dernière fois qu’ils s’étaient vus. L’appel de la liberté était trop tentant pour cette personnalité aventureuse. Derrière ses lunettes, Jamie détailla la jeune femme. Son air navré et penaud de petite fille qui avait fait une bêtise, son échine courbée et ses épaules lourdes de choix qu’il allait désormais falloir assumer, ses jambes nerveuses qui oscillaient entre avant et arrière, piétinant le sol à la manière d’un cheval face à un obstacle. Son legging sans effort et son grand t-shirt d’adolescente qui lui donnaient l’air encore plus petite qu’elle ne l’était déjà -et le noir de la tête aux pieds persistait à lui faire grincer des dents. Le brun croisa les bras d’un air faussement contrit. “Est-ce que tu as perdu le tien ?” Il l’avait vue avec une meilleure allure ; il l’avait surtout déjà vue avec une meilleure mine, et cela interpelait Jamie qui aurait espéré retrouver son amie plus légère et épanouie après avoir disparue il ne savait où pendant autant de temps. Mais était-ce le voyage ou le retour au bercail qui lui donnaient l’air d’être aussi éteinte ? Il quitta le pont du bateau en quelques grandes enjambées, réduisant l’écart entre eux jusqu’à la rejoindre sur le ponton. Ses lunettes quittèrent son nez, il rabattit leurs branches et les glissa dans la poche de poitrine de sa chemise. Il les portait rarement devant qui que ce soit. Cela le faisait sentir plus vieux qu’il ne l’était. “Si tu voulais jouer aux filles de l’air, tu aurais au moins pu attendre que je m’offre cette beauté, fit-il en présentant l’Antagonist d’un signe de la main. Je t’aurais conduite où tu voulais.” A l’époque, Jamie aurait lui-même eu bien besoin de mettre Brisbane derrière lui quelque temps. Ce n’était pas aussi simple avec deux enfants -pas plus qu’avec un seul, mais cela n’avait pas freiné River finalement. Il se demandait quel avait été le déclencheur à côté duquel il était passé, quels signes avant-coureurs auraient pu tous leur mettre la puce à l’oreille à propos des intentions de la jeune femme de fuir la vie qu’elle s’était bâtie. Il n’y avait pas de coup de tête, de hasard ; juste le timing. L’enchaînement des événements menant à une décision à un instant T. L’anglais ne nourrissait aucune rancoeur, malgré l’apparente froideur de ses airs. Il n’accourait pas pour la prendre dans ses bras, ne sachant pas s’il devait se réjouir d’un retour définitif ou d’une simple visite de courtoisie. Il ne la noyait pas de questions sur l’endroit où elle se trouvait ou le fameux pourquoi de la situation. “Je suis content que tu ailles bien.” se contentait-il de se dire en enfonçant ses mains dans ses poches. River était en un morceau, c’était le principal. Le reste pouvait attendre plus tard.
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Message(#)year of silence (jamie) EmptySam 20 Nov 2021 - 21:30


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L'attente d'une réponse avait semblé duré des heures, elle espérait ne pas avoir halluciné, ne pas s'être trompée et encore plus ne pas être ignorée ou rejetée comme chacun semblait vouloir le faire, sans doute à raison, depuis son retour. Mais quand il prit la parole, finalement tout ça lui parût très instantané. Il lui arracha un léger rire malgré l'air tout sauf drôle qu'il arborait, quoique les lunettes avaient peut-être jouées un rôle dans l'espèce de surprise provoquée chez River. Jamie semblait plus calme, peut-être résolu, déterminé à trouver une paix, toujours droit malgré l'abattement qu'il avait faillit subir l'année d'avant. Ces souvenirs ne firent que lui rappeler qu'en quittant le pays sans rien dire, River avait été égoïste. Pas certaine de devoir s'excuser puisqu'elle était partie chercher de l'air, elle en avait pourtant l'envie en réalisant que son ami était toujours là, fier, droit, alors qu'il avait sans doute bien plus de raisons de prendre ses jambes à son cou. Ouais... finit-elle par répondre avec un soupir, avant de sourire en lisant le nom du bateau. On devrait peut-être se tenir un peu plus au courant, histoire d'accorder nos violons la prochaine fois. Ironisa-t-elle pour dédramatiser sa disparition tandis que ses yeux clairs continuaient de fixer l'engin avec envie : l'envie de repartir tout de suite à son bord plus que l'objet en soi. Et aujourd'hui ? Fit-elle alors en redirigeant son regard vers le grand brun, consciente que la proposition s'ancrait bien évidemment dans le passé, un brin d'espoir la poussait à s'en assurer toutefois.
Le flegme de Jamie avait quelque chose de rassurant et paralysant à la fois. River avait toujours fait avec, ça lui avait toujours plût et leur manière de communiquer comme des pinces sans rires fonctionnait mieux qu'avec les personnes qui lui faisaient ressentir une injonction à être ouverte et souriante en toute circonstance. Mais ce soir là, après une année de ce qui ne semblait n'être qu'une longue errance somnambule désormais, cette attitude la coinçait entre la River qu'elle avait voulu fuir et celle qu'elle espérait retrouver ailleurs. Était-ce le retour sur ces terres familières qui lui imposait de reprendre son ancienne casquette ou bien était-ce finalement sa nature qu'elle se devait d'assumer pour toujours, seule sans doute, puisque les démonstrations d'affection ne semblaient toujours pas être son fort et la seule personne qui avait fait avec jusqu'ici demandait désormais -à raison- le divorce. Tu as l'air d'aller bien aussi, ça fait plaisir. Un sourire sincère s'afficha sur les lèvres de la brunette qui fit rouler sa nuque avant de soupirer une fois de plus, lassée par ses doutes adolescents. Je viens tout juste de revenir en fait. Et... mes belles fringues sont... inaccessibles pour l'instant. Admit River calmement, non sans un léger ton d'auto-dérision. Je sais pas encore où je dors ce soir (ni demain ni après-demain) et mon père m'a accueillit avec une gifle, alors je sais plus trop non plus si j'ai seize ou trente-six ans là tout de suite. Sur ces mots elle se mit à rire, à rire franchement, comme relâchant toute la pression accumulée en à peine huit ou six heures. Je suis juste contente de te voir Jamie.


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@Jamie Keynes
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Message(#)year of silence (jamie) EmptyMar 28 Déc 2021 - 12:18

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“Et aujourd'hui ?” Il baissa la tête et la secoua doucement avec ironie, le sourire aux lèvres. S’enfuir n’était plus au programme pour Jamie. Aujourd’hui il allait de l’avant. Aujourd’hui il reconstruisait. Du mieux qu’il pouvait. “Aujourd’hui je peux seulement te proposer de faire un tour dans la baie si le coeur te dit.” proposa-t-il. Ce n’était pas une grande aventure, l’échappée que River espérait peut-être, mais c’était un beau cadre pour se poser, se retrouver, se remettre de ses émotions. L’anglais avait fini par trouver que la navigation avait quelque chose de thérapeutique ; il y avait un charme non négligeable au fait de s’isoler au milieu de l’eau. “Tu as l'air d'aller bien aussi, ça fait plaisir.” Il haussa les épaules, laissa son regard exprimer un peu de lassitude. La brune avait manqué bien des virages depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus et la route n’avait pas été sans embûches. Dire qu’il allait bien était un concept vague, ni très vrai, ni trop faux. Il était dans l’attente de meilleurs jours, dans l’espoir que les choses allaient finir par s’arranger. Mais il avait toujours eu une relation aléatoire avec l’optimisme. “Je viens tout juste de revenir en fait. Et... mes belles fringues sont... inaccessibles pour l'instant.” Cela n’avait pas vraiment d’importance, il le savait, elle le savait ; mais ce genre de futilités était souvent la touche de légèreté nécessaire lorsque des sujets moins plaisants étaient abordés. “Je sais pas encore où je dors ce soir (ni demain ni après-demain) et mon père m'a accueillie avec une gifle, alors je sais plus trop non plus si j'ai seize ou trente-six ans là tout de suite.“ Toujours les mains au fond des poches, Jamie acquiesça vivement. “Les parents ont souvent cet effet.” Les siens ne faisaient pas exception, bien au contraire. Il y avait quelque chose de particulièrement infantilisant à être un homme de plus de trente ans mené à la baguette par deux psychorigides et leurs protocoles. Ils l’avaient toujours fait sentir incapable. Incapable de choisir son avenir, d’être assez intelligent, assez docile, malléable ; incapable de les rendre fier en se laissant modeler à leur image. Les parents étaient souvent les juges les plus intransigeants lorsqu’il s’agissait de choix qu’ils ne comprenaient pas. “Je suis juste contente de te voir Jamie.” Son sourire s’élargit. “Moi aussi.” Puis l’un de ses bras vint cercler les épaules de la maigre stature de River, l’enrobant dans une étreinte sûre et affectueuse. Il déposa un baiser fraternel au sommet de son front. “Allez, le capitaine t’accepte à bord.” fit-il en l’escortant jusqu’au bateau. Elle put asseoir ses membres fatigués et ses émotions mélangées sur la banquette claire. Le soleil tombait doucement, ils avaient un peu de temps avant qu’il ne fasse sombre. Jamie détacha l’Antagonist du ponton et prit la barre. Au bout d’une dizaine de minutes, ils se trouvaient déjà assez loin de la côte pour avoir l’illusion d’échapper à la civilisation. “Il y a un lit double, en bas, et toutes les commodités. Si tu n’as pas le mal de mer, ça peut te dépanner pour la nuit.” reprit le Keynes en rejoignant River à l’arrière du bateau. Celui-ci avait été acheté en songeant aux possibilités de virées avec les enfants, il y avait donc également deux petites couchettes pour eux. Lui n’avait pas encore eu l’occasion de passer une nuit à bord. Cela n’avait pas le même charme, seul, surtout lorsque le confort de son chez lui l’attendait non loin. “Sinon tu sais que tu es la bienvenue à la maison. Ce n’est juste plus la même maison.” Sa main frotta sa nuque nerveusement. “Joanne et moi avons divorcé en début d’année. J’ai décidé qu’il était préférable de recommencer ailleurs.” Avant que River ne parte, la séparation avec Joanne était un événement qu’il redoutait mais qu’il anticipait. Il aurait aimé avoir tort à ce sujet, mais le temps les avait éloignés de plus en plus et une seule solution s’était imposée à eux pour sauver ce qui l’était avant qu’ils ne se détruisent l’un l’autre.
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Message(#)year of silence (jamie) EmptyMar 25 Jan 2022 - 13:58


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Elle n'avait rien espéré. Du moins pas sérieusement. River avait lancé sa question au petit bonheur la chance, poussée par le bon vieux dicton de celui qui ne tente rien n'a rien, mais la réponse fût quand même décevante. Plus pour ce que cela signifiait pour elle que pour les faits. Jamie semblait être en voie de reconstruction, il semblait plus apaisé que la dernière fois qu'ils s'étaient croisés et ce même si l'amertume avait quelques peu érodés ses traits ou la lueur de son regard. Ce qui pinçait le cœur de River à cet instant, c'était de constater qu'à peine arrivée, l'envie de repartir était encore présente, qu'elle à qui on avait demandé si elle avait un plan pour récupérer mari et enfant, se découvrait finalement capable de sûrement saisir l'opportunité de disparaître à nouveau à la première perche tendue. Malgré ce constat, l'opportunité d'un tour en bateau suffisait, et être tombé sur l'un de ses plus proches amis au détour d'un hasard était en soit déjà un bien beau cadeau quand on prenait le temps de bien tout prendre en considération. La jeune femme eut un sourire sincère pour toute réponse, et embraya sur l'accueil réservé par ses parents, réalisant après coup qu'elle avait fait un lapsus concernant la personne qui lui avait administré la gifle. Cela n'avait que peu d'importance, la rigidité de sa mère à son égard n'était plus à prouver depuis des années, mais de l'avoir confondue avec son père ne semblait pas anodin quant à la pression qu'il avait réussit à lui infliger, elle qui pensait s'être émancipée du regard des Shears depuis deux décennies. La réponse de Jamie eut tôt fait de ménager ses méninges, et River se décida à ne pas chercher plus loin, se sentant soutenue par le fait de ne pas être seule à ressentir tout ce qu'elle n'avait pas envie de ressentir en présence de ses parents. Ils se parlaient souvent à demi-mot elle et lui, et voir que cela fonctionnait encore malgré sa fugue continuait de l'apaiser un peu plus à chaque instant. Ses yeux s'étaient refermés sous l'étreinte de l'Anglais, ses mains posées sur ses omoplates, quelques secondes qui semblèrent presque durer des minutes, une faille dans l'espace-temps qui leur permit de retrouver un peu d'entrain. Une preuve d'affection qui la fit se sentir acceptée, accueillie. Un foyer improvisé qui se trouvait là où elle ne l'avait pas cherché.
Jamie continua de confirmer cette idée en évoquant la chambre du bateau tout en tenant la barre. Assise et ayant enfin déposé son sac, River se surprit à enfin s'affaler et détendre ses muscles sur la banquette. C'est gentil merci. Dit-elle d'abord, presque timidement avant de se retourner afin d'observer la côte s'éloigner d'eux. Sinon tu sais que tu es la bienvenue à la maison. Ce n’est juste plus la même maison. Sur ces mots, la brune fit volte-face. Elle ne tombait pas des nues, puisqu'elle avait effectivement tenté de se rendre chez Jamie sans l'y trouver ni Joanne, mais la manière dont le grand brun avait abordé le sujet , ainsi que sa gestuelle, ne présageait rien d'anodin, et la suite confirma cet instinct. La mâchoire de River se serra en écoutant la mauvaise nouvelle tomber. Merde. Lâcha-t-elle automatiquement. Merci pour l'invitation, je ne te cache pas que dans cette configuration j'ai envie de l'accepter. aka, sans Joanne je ne m'étoufferais pas dans une culpabilité datée de quatre ans à chaque fois que je la croiserais; Mais qu'est-ce qui vous y a mené ? Je sais que ça n'avait pas l'air simple l'année dernière déjà mais... River secoua la tête, fronçant les sourcils. C'est pas à cause du scandale quand même ? Il y avait sans doute bien plus que ça, mais le timing légitimisait la question. Comment tu gères ça ? Demanda-t-elle enfin avant d'entreprendre d'ôter ses chaussures, rattrapée par la sensation de liberté qu'offrait la navigation. Tu rigoles si je te dis que Luke me demande en divorce ? Valait peut-être mieux ça qu'en pleurer.   


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@Jamie Keynes
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Message(#)year of silence (jamie) EmptyMer 9 Fév 2022 - 18:10

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Pourquoi faire petit quand on pouvait voir grand ? L’anglais, même fraîchement célibataire, n’était pas du genre à se résigner à vivre dans un logement à sa taille. Un peu comme les plantes qu’il aimait tant, il avait besoin d’espace et de lumière, et il mettait un point d’honneur à ce que son chez lui en comporte autant que possible. Mi casa es tu casa, il aimait recevoir autrefois et prenait soin à ce que la chambre d’amis soit toujours disponible. La dynamique avait changé depuis quelques années -depuis qu’il avait rencontré Joanne, à dire vrai. Ses priorités s’étaient recentrées sur leur relation, leurs enfants, leur mariage et tous les obstacles que la vie leur avait jeté à la figure. Il n’avait plus été l’hôte d’un barbecue depuis bien longtemps et maintenant qu’il se retrouvait seul et bourré de temps sur les bras, il devait avouer que cela lui manquait. Lui qui, ironiquement, était le premier à s’ennuyer ferme au moindre gala et à ne trouver aucun intérêt dans le jeu des mondanités. Ce n’était pas la même chose lorsque l’on s’entourait d’amis. Encore faudrait-il qu’il lui en reste. L’invitation était donc toute naturelle pour lui, lorsqu’il proposa à River de prendre possession de cette chambre d’adulte supplémentaire qui prenait la poussière face au néant de la vie sociale du brun. “Merci pour l'invitation, je ne te cache pas que dans cette configuration j'ai envie de l'accepter.” Il fronça les sourcils et ce fut tout en naïveté qu’il rebondit ; “Qu’est-ce qui n'allait pas avec l’ancienne maison ?” En dehors de l’épouse, les deux enfants et les quatre chiens ? Il y avait de quoi se poser la question. Désormais l’espace était libre de jeux, rires et cris de bambins, allégé par l’absence de tension matrimoniale, et réduite à la présence de Ben, qui n’avait plus l’âge de courir partout, et Milo, dont l’activité se concentrait dans la cuisine où il pouvait fixer la nourriture durant des heures. Le silence prenait parfois Jamie par surprise. De la compagnie, aussi éphémère soit-elle, en dehors du travail, lui ferait le plus grand bien. “Mais qu'est-ce qui vous y a mené ? demanda River au sujet du divorce qui avait été finalisé en début d’année. Je sais que ça n'avait pas l'air simple l'année dernière déjà mais... C'est pas à cause du scandale quand même ?” Le Keynes haussa les épaules. Il ne voulait pas articuler le oui, comme si le mot pouvait profondément décevoir la brune, mais il ne pouvait pas nier que l’affaire concernant Mina avait été à quatre-vingt-dix pourcent le déclencheur de cette décision. “Elle pouvait plus me voir de la même manière après. Qui peut l’en blâmer ?” Lui le premier avait été incapable de se regarder dans un miroir. Si les rôles avaient été échangés, il y avait fort à parier que Jamie n’aurait pas aussi bien géré la situation que Joanne. Il n’aurait pas été étonnant qu’il fasse son retour au poste de police à force de crises de colère et de sautes d’humeur vertigineuses. Et sa femme en aurait encore fais les frais. “J’ai vraiment essayé d’arranger les choses, mais les dommages étaient là et…” Ce n’était jamais assez. Joanne n’était pas prête à pardonner et lui ne pouvait plus attendre, vivre dans ces conditions, se sentir comme un étranger dans sa propre famille. Il ne sentait pas de volonté de sa part de fournir un effort dans ce sens, de les aider à guérir, à se relever, et lui ne pouvait pas porter ce mariage sur ses seules épaules. Ils avaient fané, tout simplement. “Disons qu’on ne voulait pas essayer à tout prix de sauver ce mariage et prendre le risque que les choses soient de pire en pire. On a abandonné le navire pour nous sauver nous-mêmes, tu vois.” Les femmes et les enfants d’abord, exactement. Séparés, ils pouvaient espérer reconstruire quelque chose pour le bien de Daniel et Louise. Ensemble, l’un sur l’autre, manquant d’air, ils auraient fini par se détester. “On a toujours été très différents, Joanne et moi. Peut-être trop, je ne sais pas.” La réponse s’était imposée d’elle-même. Ce n’était pas comme s’ils n’en avaient pas conscience depuis les débuts de leur relation ; ils avaient naïvement pensé que leurs différences faisaient leur force, qu’ils étaient complémentaires et formaient un équilibre. Ils s’étaient surtout épuisés à force d’essayer de faire rentrer des ronds dans des carrés. Même si leurs valeurs se rejoignaient, tout le reste les séparait. “Comment tu gères ça ?” Mal, d’après son psy. Il intériorisait ses émotions, étouffait le tout, rationalisait autant que possible et se dissociait de ce qu’il vivait, ce qui était le mécanisme de défense de toute personne comme lui. “Pas trop mal, je crois.” qu’il estimait, lui, parce qu’il n’écoutait son psy qu’une fois sur deux et, le reste du temps, était persuadé de parfaitement gérer la situation sans avoir besoin de qui que ce soit. Belle victoire de six années de thérapie. “Je m’étais préparé à cette issue, je pense que j’y étais résigné même avant que l’idée s’impose à nous.” Jamie avait déjà partagé cette anticipation avec River quelques mois avant que le divorce ne soit acté. Joanne, elle, avait bizarrement eu l’air prise au dépourvu et plus affectée par la situation. Mais l’anglais soupçonnait que c’était plus le concept de l’échec qui la touchait plus que la fin de sa relation avec lui spécifiquement. “Enfin, je me suis acheté un bateau et une voiture supplémentaire, c’est le langage de la peine chez les riches non ?” Larmes d'aristocrates, voilà qui ferait un bon parfum. Bien sûr qu’il en avait versé, plus qu’il ne l’admettrait tout haut. Lorsque ce fameux silence le surprenait dans sa solitude et que le brouhaha de la vie de famille était le grand absent, son cœur se serrait à en être douloureux, et la seule chose à laquelle il songeait était à quel point ses enfants lui manquaient. Son déménagement avait été une distraction qui avait fait son temps. La prochaine, pour quelques minutes ; trouver la bouteille de whisky qu’il gardait quelque part à portée de main et deux verres pour se tenir chaud avant que la fraîcheur de la soirée naissante ne leur tombe dessus. “Tu rigoles si je te dis que Luke me demande le divorce ?” Jamie haussa un sourcil et, oui, esquissa bel et bien un fin sourire amusé. A quoi pouvait bien s’attendre River en disparaissant de la sorte, laissant son mari seul avec Liberty ? Il n'avait jamais eu le gabarit de quelqu’un qui comprenait, mais l’anglais songea que même en dehors de cela, personne possédant un peu d’amour propre n’accepterait d’être traité de la sorte. “Je rigole qu’il l’ait pas demandé plus tôt.” Par exemple, au hasard, avant de faire un enfant dont elle ne voulait pas ? “No offense, tu sais autant que moi, mieux que moi, que ça marchait pas fort depuis un moment. Sinon tu ne serais pas partie.” Sur ces mots, il leur servit chacun un verre qu’ils avaient définitivement bien mérité. Voilà qu’ils avaient tout vu, tout entendu et tout connu l’un de l’autre, River et lui. Les mariages, les enfants, les divorces et toutes les sales conséquences de leurs actions, leurs choix, ce qu’ils avaient dit et choisi de taire. Toujours en parallèle l’un de l’autre, ponctuellement à la croisée des chemins. “A nous, les saboteurs de mariages.” Une saga en six tomes.
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Message(#)year of silence (jamie) EmptyDim 13 Mar 2022 - 18:52


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Qu’est-ce qui n'allait pas avec l’ancienne maison ?”  L’épouse : afin de ne rappeler ni l’offense que River lui avait faite, ni l’alliance toujours installée à sa main de cœur, les deux enfants : pour ne pas être confrontée à un jeu parental bien plus rôdé que le sien, absent, les quatre chiens, l’un rappellerait Klimt d’une manière ou l’autre, mais surtout les rêves communs que River avait artificiellement élaborés puis réalisés avec Luke avant de se rendre compte que ces rêves étaient d’avantages ceux de son mari que les siens. Jamie savait pertinemment tout ça, d’où la question, qui fit glousser River sans amertume pour la première fois. Idiot. Avait-elle bien envie de lâcher avant de constater que malgré toutes ces évidences, River avait peut-être surtout peur de ne pas se sentir à sa place dans l’ancienne maison, comme elle ne s’était jamais sentie à sa place nulle part finalement. C’était le constat brutal de sa fugue, mais ce diagnostic lui permettait au moins d’y voir plus clair, de mettre un mot sur l’étrange nausée qui l’accompagnait depuis des décennies. Percutée par autre chose que son propre nombril, la brune levait la tête vers son ami pour écouter sa réponse tandis qu’elle laissait tomber ses chaussures au sol. “Elle pouvait plus me voir de la même manière après. Qui peut l’en blâmer ?” Jamie lui offrait peut-être une solution sur un plateau d’argent en exprimant cette vérité. Peut-être devait-elle s’asseoir face à Luke, lui exprimer tout ce qui n’allait plus, qui n’allait pas et qui au fond n’avait jamais été bien en place. Peut-être qu’elle devait briser cette espèce d’idée qu’il avait d’elle, biaisée par les cloisons qu’elle avait érigée tôt dans sa vie de jeune femme. Elle devait peut-être lui dire la vérité sur son passé sentimental et sur ses fautes. Son infidélité charnelle, son infidélité sentimentale, et dévoiler le fond de sa pensée sans craindre d’être jugée en retour car il le ferait, mais ça n’était pas de son ressort à elle. Qu’il lui pardonne ou non importait peu, mais quitte à ce que la question se pose, valait peut-être mieux que ce soit sur la base d’une vérité crue et non sur une impression et des actes incompréhensibles de l’extérieur. “Disons qu’on ne voulait pas essayer à tout prix de sauver ce mariage et prendre le risque que les choses soient de pire en pire. On a abandonné le navire pour nous sauver nous-mêmes, tu vois.Je vois. Fit-elle seulement pour ne pas couper Jamie dans ses explications. Il n’avait rien à prouver à River, jamais. Et sur ce qu’il avait fait, elle ne l’avait jamais jugé mais ne s’était pas non plus cachée de lui dire qu’il avait bien déconné. Ce soir-là, Jamie lui parût étrangement équilibré. En fait, ses actes étaient répréhensibles, mais sa tête demeurait toujours bien accrochée à ses épaules, et tout ce qu’il faisait et disait transpirait finalement l’authenticité. Rien à voir avec elle. Saine réaction. Ajouta-t-elle seulement, comme pour lui signifier son admiration sans vraiment vouloir le présenter ainsi.  “On a toujours été très différents, Joanne et moi. Peut-être trop, je ne sais pas.”  Ca, elle aurait pu lui dire elle-même, peut-être qu’elle l’avait déjà fait au détour d’une coupe de champagne en trop, mais finalement River était bien trop mal placée pour confirmer une nouvelle fois cette vérité. Ce qui la frappait c’était plutôt la fausse similarité de leurs situations, ce questionnement doit sans doute s’imposer à toutes les personnes qui décident de se lier. Elle pensait plus jeune que ceux qui se ressemblent s'assemblent pour finalement elle aussi imaginer que les opposés s'attirent. Vrai en fait, mais s’attirer n’assure pas de continuer la route ensemble et ça, qui le leur avait dit à ces deux marins de fortune ?
Pas trop mal, je crois.” River sourit, presque amusée, certainement attendrie, pour sûr attristée. Au vu de leurs précédents échanges l’Anglais était sans doute moins tombé des nues qu’elle ce soir, mais dans ces domaines-ci la surprise n’est pas l’unique facteur du malheur. Si c’était le cas, tout serait bien plus simple.  “Enfin, je me suis acheté un bateau et une voiture supplémentaire, c’est le langage de la peine chez les riches non ?Qui critiquait mon capital polluant à cause de mon SUV déjà ? S’amuse-t-elle en toujours un peu plus avant de rebondir sur sa situation tout en ne quittant pas Jamie des yeux pour voir sa réaction qui fut exactement celle qu’elle s’imaginait, en mieux. River s’esclaffe alors de bon cœur. No offense. Répète-t-elle avec un zeste de foutaise avant de trinquer. Ça coûte cher ces conneries. Grimace-t-elle après s’être rincée le palais au whisky. J’ai vraiment la flemme de me lancer dans tout ça, avec un abandon de domicile je ne suis même pas sûre que ça serve à quelque chose de payer un avocat, je suis fichue quoiqu’il arrive. La maison me plaisait bien en revanche. Elle lance cette dernière remarque comme une bouteille à la mer; un détail sympa vu dans un film qu’on mentionne après une séance au cinéma. Ce qui m’inquiète le plus c’est Liberty. Elle en finit presque son verre, comme si pour une fois il lui fallait un peu de courage pour l’ouvrir. J’envie tes talents de père. Si c’est toi qui avait Liberty je pourrais le voir sans effort, et il aurait un semblant de fraternité que je n’aurais sans doute jamais la force de lui offrir. Il me verrait à travers tes yeux, et pas ceux de Luke. River étend ses jambes sur la banquette et termine son verre. Mais dans l’état actuel des choses il me détestera sans doute toute sa vie, et quelque part, ça m’arrange. Fouillant dans son sac pour s’allumer une clope, River finit par s’allonger tout simplement et fixer le ciel que Jamie lui offre à l’aide de son bateau. Une étendue de possibilités dans laquelle elle aimerait bien lire. Comment Daniel et Louise vivent la situation ? Tu les vois souvent ? Tu voudrais que j’évite d’être là quand ils sont chez toi ? Si elle pouvait éviter de perturber la vie d’autres enfants que le sien, son karma se rééquilibrerait peut-être légèrement, non ?   


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Message(#)year of silence (jamie) EmptyDim 8 Mai 2022 - 21:35

► year of silence
@River Shears & JAMIE KEYNES

My best friend, whatever happens I'll swallow tears and breathe in your hair Misbehaving, we cry in each other's embrace

Saine réaction. Voilà qui était une première. Jamie souffla, du bout du nez, un rire muet ironique. Il n’était pas connu pour être raisonné ni raisonnable, pourtant, lorsqu’il apparut évident qu’il était temps de se séparer pour lui et Joanne, on pouvait admettre qu’il avait géré la situation avec philosophie. Cela avait pris de court son ex-femme tandis que lui avait le sentiment de s’être préparé pour cette finalité durant ces dernières années. Ils s’étaient à peine débattus contre le courant. L’issue de l’aventure n’était une surprise pour personne parmi ceux qui n’avaient jamais donné cher de leur relation. Et même s’il avait en horreur l’idée d’avoir donné raison à qui que ce soit, cela n’avait aucun poids dans la balance contre leur obligation de prendre soin de leurs enfants avant toute autre chose. Ils remettaient les priorités en place, les enfants. Il n’était plus question que de soi, plus jamais. Un divorce était une moindre épreuve pour eux, un mauvais moment à passer qui deviendrait leur nouvelle normalité, et cela était préférable à des années supplémentaires de déchirement. Cela ne rendait pas la situation moins difficile, l’anglais n’en avait pas le coeur moins brisé malgré la nonchalance qu’il affichait, le flegme derrière lequel il se cachait, le bateau pour se distraire. “Qui critiquait mon capital polluant à cause de mon SUV déjà ?” Good point, qu’il accordait en secouant vaguement son verre au bout de son bras. Ce n’était pas la première fois qu’on soulevait son hypocrisie et pas la dernière.

Il acceptait la réalité avec cynisme et le roulement de l’alcool sur sa langue. Leurs échecs communs, cette impression de retour à la case départ, seulement plus usés, plus abîmés que leur du premier tour de plateau. “J’ai vraiment la flemme de me lancer dans tout ça, avec un abandon de domicile je ne suis même pas sûre que ça serve à quelque chose de payer un avocat, je suis fichue quoiqu’il arrive. La maison me plaisait bien en revanche.” Nul besoin de souligner l’évidence, River avait raison ; les choses ne se profilaient pas en sa faveur. “Ca aura le mérite d’être rapidement plié.” fit Jamie en se montrant peut-être trop optimiste. La démarche avec Joanne avait tiré sur la durée pour une clause aussi bête que la pension qu’il souhaitait lui verser mensuellement ; ce fut sans doute le seul et unique cas auquel assista le juge dans lequel la femme refusait autant d’argent avec un tel entêtement. Le Keynes éprouvait encore de la rancœur à ce sujet, voyant cela comme une forme de rejet de sa contribution à la vie de ses enfants, au maintien du train de vie auquel ils avaient droit en portant son nom. Comme si elle ne voulait rien lui devoir et creuser un peu plus le fossé qui séparait déjà leurs mondes. Joanne n’avait pas besoin d’être une mère célibataire en difficulté, mais tout portait à croire qu’elle préférait cela à la main tendue que son ex-mari lui offrait. “Ce qui m’inquiète le plus c’est Liberty.” Jamie aurait été étonné d’entendre le contraire. Même si elle ne s’était jamais sentie mère, River l’était quoi qu’elle fasse, et on ne pouvait s’empêcher de penser aux enfants, à l’impact de chaque décision sur leur vie, sur l’adulte qu’ils seront. “J’envie tes talents de père. Si c’est toi qui avait Liberty je pourrais le voir sans effort, et il aurait un semblant de fraternité que je n’aurais sans doute jamais la force de lui offrir. Il me verrait à travers tes yeux, et pas ceux de Luke.” Le compliment s’acceptait non sans difficulté. Le fait était que Jamie n’avait aucune idée de la manière dont il aurait réagi à la place de Luke. S’il se mettait dans sa peau, il ne s’imaginait pas meilleur homme qu’il l’était face au comportement de River. “Mais dans l’état actuel des choses il me détestera sans doute toute sa vie, et quelque part, ça m’arrange.” Sourcils froncés, le brun secoua immédiatement la tête. “Tu le penses pas.” Personne n’acceptait sans broncher d’être le vilain de sa propre histoire. Personne ne souhaitait être l’objet de la haine de quelqu’un d’autre. Cela passait momentanément par la tête de la jeune femme comme une solution facile, une manière plus digérable de faire le deuil de cette ancienne vie. Une manière de fuir, encore une fois, tout le reste des émotions et des pensées qui avaient naturellement leur place, bien plus qu’un haussement d’épaules et une résignation pareille. “T’es pas une mauvaise personne. T’étais juste pas faite pour ce qui était attendu de toi.” Oh, comme il en savait quelque chose, la déception ambulante. “Si Luke et Liberty ne peuvent pas le comprendre tout de suite, ils le pourront un jour.” Et si cela n’était jamais le cas ? Il n’y croyait pas. Avec le temps venait l’expérience et avec elle la patience, la tolérance, la compassion, et même le pardon. Parfois il arrivait une fois six pieds sous terre, mais cela n’était pas une fatalité. Si Jamie avait pu faire la paix avec ce que ses parents lui avaient fait endurer, alors cela était à la portée de tout le monde.

“Comment Daniel et Louise vivent la situation ? demanda River, voguant d’un sujet à l’autre comme eux sur l’eau. Tu les vois souvent ? Tu voudrais que j’évite d’être là quand ils sont chez toi ?” L’anglais termina son verre et pinça ses lèvres. Il chercha les mots au fond de sa gorge dans un raclement nerveux. “Ils ne sont jamais chez moi.” confia-t-il. Ils y avaient pourtant chacun une chambre. Pourquoi ? La question était plutôt “pour quand”. Plus tard. Il ne savait pas vraiment. Un jour, sûrement. Ils finiraient par venir les weekends, dans quelques années. En attendant, cela faisait plus de place pour accumuler de la poussière et des regrets. “Je les vois chez leur mère. On était d’accord pour se dire qu’ils sont encore trop petits pour subir un changement d’environnement toutes les semaines, surtout Louise. Ils ont besoin de stabilité.” Ils avaient aussi (surtout) besoin de leur mère et de l’environnement sain qu’elle était en mesure de leur offrir, contrairement au Keynes dont les millions ne pouvaient pas lui racheter une réputation. Il devait se reconstruire lui-même, reconquérir sa vie avant d’espérer pouvoir avoir plus de place dans la vie de ses enfants. “La porte n’est jamais fermée mais je n’ose pas m’imposer. On a instauré des rituels pour que je puisse les voir. J’essaye de faire en sorte que ce soit suffisant. J’espère, en tout cas.” La sortie de l’école tous les deux jours, le goûter du mercredi, les visites du samedi. Joanne et lui s’assuraient qu’il continuait à faire partie de leur vie. “Tu n’as pas à t’en inquiéter, en somme.” fit-il puisque là était initialement la question. A son tour, il déposa son verre sur la table et s’allongea sur la banquette perpendiculaire à celle où River s’était installée, la tête près de la sienne. Ses doigts subtilisèrent la cigarette qu’elle portait à ses lèvres pour en prendre une bouffée, la moue malicieuse. “Appelons ça du bon timing.” Elle avait besoin d’un endroit où aller, il avait un havre à proposer. Il avait besoin qu’on le comprenne, elle avait une épaule où se reposer. Et cette fois, plus d’époux pour exiger d’eux plus que ce qu’ils avaient à donner. Plus personne à décevoir. Juste eux et tout le temps du monde, tout l'espace du monde, pour guérir.  
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Message(#)year of silence (jamie) EmptyVen 19 Aoû 2022 - 14:24


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Ca aura le mérite d’être rapidement plié. Une belle perspective, de la facilité, de la fluidité, exactement ce dont River avait besoin. Cette appréhension l'apaisa un instant, comme un moto à se répéter continuellement en tête pour s'assurer qu'il soit vrai sans avoir conscience du réel impact que cela aurait. Avait-elle envie que ce soit rapidement plié ? Là tout de suite, clairement. Pourtant elle avait été contrainte de promettre à son père qu'elle avait un plan, qu'elle se préparerait à limiter la casse et bien qu'elle ai donné sa parole à contrecœur, Angus avait toujours une certaine facilité à obtenir d'elle une certaine docilité malgré tout ses interdits qu'elle avait bravé avec fierté. Peut-être était-ce une balance invisible qu'elle tenait à égaliser à sa manière, inconsciemment : aller à contre-sens avec virulence puis obéir au compte goutte pour rétablir l'équilibre. Tu le penses pas. River avait presqu'envie de se redresser comme une adolescente effrontée qui voudrait clamer qu'elle ne traverse pas une phase. Mais au lieu de ça, elle entend ce que Jamie lui dit en quatre petits mots d'abord, avant qu'il ne poursuive comme s'il avait entendu les pensées contradictoires de son amie. T’es pas une mauvaise personne. T’étais juste pas faite pour ce qui était attendu de toi. Si Luke et Liberty ne peuvent pas le comprendre tout de suite, ils le pourront un jour. Un instant elle s'imagina pouvoir continuer de ne penser qu'à elle, rassurée par ce que venait de dire son ami alors qu'il n'était pas en train de l'encourager à aller en ce sens. Elle s'imagina aller le plus loin possible pour le faire mentir, avant de finalement respirer et comprendre. Jamie ne lui disait pas ça par hasard, elle l'observa un temps sans savoir quoi ajouter. Une envie de le remercier, lui demander de promettre qu'il n'avait pas tort ou, encore une fois, soutenir qu'elle s'en fichait. Seul un sourire presque timide sorti en guise de réponse. Elle n'avait qu'à prendre exemple sur lui, et espérer que Liberty puisse un jour faire comme Jamie. Concernant son mari elle en était moins sûre, d'abord parce que communiquer avec lui n'était pas encore dans ses projets. Ils ne sont jamais chez moi. Si Jamie et River ne se connaissaient pas aussi bien, elle se serait sentie honteuse de fuir sa propre progéniture quand lui semblait presque privé de la sienne. Il semblait en avoir le cœur pincé. Je les vois chez leur mère. On était d’accord pour se dire qu’ils sont encore trop petits pour subir un changement d’environnement toutes les semaines, surtout Louise. Ils ont besoin de stabilité. La porte n’est jamais fermée mais je n’ose pas m’imposer. On a instauré des rituels pour que je puisse les voir. J’essaye de faire en sorte que ce soit suffisant. J’espère, en tout cas. Elle voudrait lui dire qu'eux aussi comprendront, que même s'ils ressentent un manque ils s'en accommoderont, trouveront une harmonie par ce rythme imposé provisoirement, l'essentiel tenant au caractère provisoire justement. Mais River eut peur d'appuyer sur des craintes profondes de Jamie en cherchant à le rassurer. Elle s'était sentie comme celle à plaindre, qui avait besoin d'une épaule, d'un foyer et d'une oreille; mais elle eut l'impression que finalement ils étaient peut-être deux dans cette position. Ainsi, pour Jamie, il serait nécessaire qu'elle s'écoute un peu moins, juste un peu, et face un peu plus attention, juste pour lui. Appelons ça du bon timing. La journaliste gloussa avant de récupérer sa cigarette le temps de digérer. Puis de lui rendre. Comme on se retrouve. Toujours à la croisée des chemins, prêts à se soutenir, foirer deux trois trucs au passage, ajouter une pièce à leur tirelire de culpabilité parfois, mais toujours ce sentiment de réconfort et de résonnance tranquille l'un à côté de l'autre. Ce sera le bateau ce soir. Ce sera chez Jamie pour un temps indéterminé.

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