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 someone call the doctor (marcus)

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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptySam 9 Oct 2021 - 20:13

« Tu es de toute beauté aujourd’hui, on te l’a déjà dit ou pas ? » Jake s’accoude sur le comptoir d’accueil de l’hôpital, ses yeux rivés sur l’hôtesse. Elle lève les yeux au ciel pour lui faire comprendre qu’elle a compris son petit jeu puis repose son regard sur lui, attentive. « Un homme va arriver d’ici une vingtaine de minutes. Il est légèrement plus petit que moi, barbu, beau… je m’égare. Tu pourras m’appeler ? Merciii. » Une certaine gêne s’empare de lui, c’est pour ça qu’il essaie de parler vite, c’est pour ça qu’il essaie de s’éloigner à la seconde où il a prononcé son dernier mot. « Jake... » Il s’arrête dans sa fuite et se retourne pour regarder l’hôtesse qui lui fait signe de se rapprocher. « Son nom ? La raison de sa venue ? » « Ah, oui. Je savais que j’oubliais quelque chose. Marcus Leckie, il vient pour se faire retirer son plâtre. » Il la regarde noter le nom et la raison sur un post-it en face d’elle. « C’est bon. » Elle dit, il s’apprête donc à repartir. « Hé, Jake. T’es pas obligé de me faire faussement du charme à chaque fois que t’as quelque chose à me demander, tu sais ? » « Je sais. Je le pensais vraiment. » Il lui fait une légère révérence avant de s’en aller du hall pour de bon, cette fois-ci. Il rejoint la salle de soins histoire de tout mettre en ordre pour l’arrivée de Marcus. La scie circulaire pour couper le plâtre et les ciseaux pour le coton. Il s’approche de la table de consultation pour tirer la bande de papier sur laquelle il devra s’installer. La pièce étant prête et réservée pour le Leckie – il a pris soin de le préciser à ses collègues – il peut la quitter et vaquer à ses occupations le temps que celui-ci arrive. Réserver une salle quand on est infirmier urgentiste ne se fait pas régulièrement. Jamais, même. Pour aller encore plus loin, Jake ne sait pas s’il a réellement le droit de le faire. Il l’a demandé gentiment à ses collègues qui lui ont dit qu’en vue de l’affluence, il pouvait se le permettre. Si ça avait été un soir de week-end ou un jour férié, ils auraient certainement refusé. En semaine et en pleine après-midi, ils n’avaient aucune raison de s’y opposer. Aucune, si ce n’est le fait qu’ils ne doivent normalement pas faire de différence entre les patients. Réserver une salle, c’est empêcher quelqu’un qui arrive d’y avoir accès et faire passer Marcus en priorité. L’infirmier s’est posé la question de si le Leckie serait d’accord ou non d’attendre. Il s’est dit que oui, et puis il s’est rendu compte que c’est lui qui ne veut pas le faire patienter. Et qui ne veut pas se faire patienter lui-même : chaque minute dans la salle d’attente, c’est une minute de plus qu’ils ne passent pas ensemble. Oui, il pense de la sorte, même s’il ne s’agit que d’un rendez-vous médical et de rien de plus sérieux. Jake a bien l’intention de transformer cette séance de soins en un dîner le soir-même ou en un café juste après : Vaughan a de sérieux talents de négociateurs, ayant réussi à échanger ses horaires de la fin d’après-midi avec l’un de ses collègues pour un autre jour. Autrement dit, il n’a plus personne à aller voir après Marcus, il sera libre. Il se sent rouge, il a les mains moites, il a envie de prendre de grandes inspirations à chaque respiration ; bref, il n’attend que lui. Son attente est comblée par une vieille dame à qui il doit changer un pansement toutes les deux heures – il a gagné sa confiance quand elle est arrivée aux urgences et a donc exigé que ce soit lui et non un autre. Même si ce n’est pas sa tâche habituellement, il le fait volontiers. Là, il le fait en regardant sa montre toutes les deux secondes. Il fait une boule avec le papier du pansement entre ses mains quand il sent son téléphone vibrer dans sa poche, alors que sa patiente est en train de lui raconter une énième fois la manière dont elle a chuté. Il ne sort que la partie de haute de l’écran pour y lire l’information principale, un "il est là" avec un emoji clin d’œil. L’infirmier ne peut s’empêcher de sourire dans son menton avant de relever la tête vers la dame qui est encore loin d’avoir terminé son récit. « Je suis désolé de vous couper. Il faut que je vous laisse. J’ai une urgence. » Pas besoin de se justifier plus : il est infirmier urgentiste, elle n’a pas besoin de savoir que le besoin vital vient de lui – son cœur bat un peu trop vite, non ?  Il quitte la chambre, la boule de papier toujours entre les mains, et rejoint la salle préparée un peu plus tôt, là où Marcus a été dirigé à son arrivée. Rentrer dans la pièce après lui donne à Jake une sensation de soulagement, il n’a pas l’impression d’avoir passé son temps à l’attendre, même si ça a en réalité été le cas. « Hey. J’espère que je n’ai pas été trop long. » Il y a eu très exactement deux minutes et quarante-sept secondes entre le message et son arrivée dans la pièce. Face à un grand retardataire comme Marcus, non, ça n’est vraiment pas long. « Mis à part le bras, comment tu vas ? » Il demande en refermant la porte derrière lui, pour ensuite poser ses yeux sur lui. L’effet est toujours le même : il passe de quarante-neuf ans à dix-huit en un instant. Il reste loin, collé à la porte, incapable de savoir s’il doit lui faire une accolade, une bise, ou rester à distance. Il met cette incertitude sur le compte de l’uniforme, du fait qu’ils ne se voient pas en dehors de l’hôpital, cette fois-ci.

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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyVen 22 Oct 2021 - 18:08

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Le séjour au ski en famille lui avait laissé un merveilleux souvenir. A savoir un bras cassé surmonté d’une plaie ouverte dans les règles de l’art ayant permis à toute la piste noire d’admirer non seulement la force avec laquelle Marcus avait surestimé sa capacité à s’attaquer à pareille difficulté, mais aussi son radius émergeant hors de la chair sans toute sa splendeur. Et enfin, une fracture de la clavicule qui, depuis lors, parvenait à le faire grimacer à chaque fichue respiration. Pour une personne aussi active et joviale que le Leckie, voilà que ses mouvements étaient limités, son autonomie également, et que chaque rire traversait ses lèvres avec un coût -celui d’une transcendante douleur à travers l’entièreté de son torse. Il ne s’empêchait jamais de rire pour autant ; il en avait plus rarement l’occasion, surtout. Le rendez-vous à l’hôpital était une formalité et, malheureusement, ne sonnait pas la liberté totale de Marcus. Si son bras s’était rétabli, sa clavicule demandait plus de temps. Il n’était pas peu content d’être débarrassé du plâtre néanmoins. Pouvoir se gratter le bras quand on veut, où on veut, c’était un petit plaisir de la vie sous-estimé dont on ne réalisait sa valeur qu’une fois que l’on en était privé.

L’australien n’eut pas conscience du traitement spécial dont il faisait l’objet lorsqu’on l’accompagna dans la salle où on l’invita à s’installer. Il n’avait pas manqué de préciser, au téléphone, lors de la prise de rendez-vous, que tout ceci allait le forcer à quitter son travail plus tôt, ce qui ne lui faisait pas de mal mais dont il avait fort horreur. Il lui semblait donc que la remarque avait été prise en compte. Ce ne fut que lorsque Jake apparût en face de lui que Marcus suspecta l’infirmier d’avoir mis son grain de sel dans cette prise en charge. « Hey. J’espère que je n’ai pas été trop long. - La machine à café du couloir est moins rapide à servir un expresso que tu l’as été pour venir, t’en fais pas. » Il en savait quelque chose, Mac. Pas besoin d’un bras cassé pour être un habitué des lieux ; quand il en avait l’occasion, il rendait visite à Norah et ses collègues. Cela faisait des années qu’on pouvait le croiser dans un couloir, à l’occasion. Cela avait pris autant de temps pour qu’il tombe sur Jake. « Mis à part le bras, comment tu vas ? » Il haussa les épaules -son épaule, la seule qui soit libre- et lâcha un léger soupir malgré son sourire persistant. “Bien, bien…” Voilà qui était crédible. “J’ai juste beaucoup de choses en tête en ce moment.” Autant dire que les derniers mois n’avaient pas été aisés pour l’australien, lui qui pensait que les précédents marquaient probablement la seconde place du podium des pires périodes de sa vie adulte. Il n’était pas au bout de ses peines, mais il n’en avait pas conscience encore, bien que la soudaine mention par Caelan de se rendre à la police devrait lui mettre la puce à l’oreille. Mac peinait à croire que son frère parvienne à réellement trouver le courage de se dénoncer et assumer ses actions. Il refusait d’admettre que cela puisse être une réalité, surtout, et d’assumer en avoir été l’un des instigateurs. Si son cadet atterrissait en prison, il donnait peu cher de l’estime que le reste de sa famille aurait de lui. Au milieu de tout ceci, le Leckie voulait croire que les Williams étaient le cadet de ses soucis, mais il avait fait partie du paysage bien trop longtemps pour s’en détourner entièrement. Même s’il n’était plus certain de la véracité de l’amitié qui les liait, Saül et lui, il demeurait le parrain de Damon et ne parvenait pas à s’arracher à l’idée qu’il était encore temps de le sauver du mariage imposé par son père. L’était-il ? En réalité, tout ceci n’était pas entre ses mains, cela ne l’avait jamais été.

Spectateur impuissant des uns, personnage préjudiciable des autres, l’immobilisme forcé de Marcus avait laissé bien trop de place et de temps à ses pensées, pas assez pour le reste. Pas assez pour Jake, s’il était honnête. Et c’était bien arrangeant, au fond. Si le Leckie avait besoin d’une raison supplémentaire de prétendre qu’il n’était pas en mesure de s’engager dans une relation plus concrète que platonique, le destin lui en offrait une sur un plateau. A lui de se servir entre les “je n’ai pas la tête à ça”, “le moment est mal choisi” et “je ne veux pas que mes soucis actuels deviennent ton fardeau”. Le marketing de sa couardise, il savait faire. “Le doc a dit que j’allais garder le bras en écharpe encore un moment, à cause de la clavicule. J’ai vraiment hâte d’en avoir terminé avec tout ça… Mais depuis quand tu t’occupes de découper des plâtres, hm ?” il reprit, le regard malicieux détaillant l’infirmier. Avoir une sœur qui soit du métier lui permettait de savoir au moins une chose : ce n’était pas au personnel des urgences de s’occuper de son cas. Marcus était curieux d’entendre la manière dont Jake lui expliquerait cela, il s’en amusait d’avance. A dire vrai, cela lui faisait plaisir. Ils couraient toujours après le temps pour grapiller des moments pendant lesquels se voir. Bien qu’il ne se l’avouait pas, passer une minute en compagnie du brun lui donnait l’impression de faire le plein d’oxygène pour replonger dans ses tracas jusqu’à la fois suivante.
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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyVen 29 Oct 2021 - 15:05

L’anticipation peut être une aide précieuse comme la chose qui nous enterre : Jake en fait les frais, depuis toujours. Sa capacité à tout envisager et à prévoir des plans de secours l’a aidé plus d’une fois lors de ses études et avec ses patients. Mais ça l’a également bloqué, l’a empêché de réagir lorsque quelque chose qu’il n’avait pas imaginé se produit. Jake est une parfaite représentation du théoricien qui perd ses moyens face à la réalité des choses. C’est donc parce qu’il se connaît lui-même qu’il a essayé de ne pas trop idéaliser ce rendez-vous avec Marcus. Son cerveau aurait sorti son plus beau costume de scénariste pour faire d’un simple découpage de plâtre une histoire exceptionnelle. Alors oui, il a pensé à tout. À tout, sauf à lui exactement, sauf à ce qu’il a envie de lui dire, sauf à comment agir une fois dans la même pièce que lui. L’improvisation ne lui ressemble pas mais c’est ce qu’il a choisi, c’est ce qu’il doit mettre en œuvre maintenant qu’il vient d’entrer dans la salle de soins. La première chose qu’il fait est de s’excuser, comme à son habitude ; si Jake pouvait s’excuser d’être venu au monde, il le ferait sans hésiter. « La machine à café du couloir est moins rapide à servir un expresso que tu l’as été pour venir, t’en fais pas. » La remarque fait sourire Jake tant il la trouve véridique. L’infirmier sait que Marcus connaît les lieux presque aussi bien que lui. « La technique, avec la machine, c’est de chantonner le refrain de all i want for christmas is you. Une fois terminé, ça se met à couler. » Il imagine bien le Leckie chanter ça en attendant son fameux breuvage. « On avait cette chanson en tête en décembre dernier avec une collègue, je t’assure que le timing est parfait. Et pour Noël, qui ne veut pas d’un bon café ? » Enfin, bon, tout est relatif. Mais Jake n’est pas venu ici pour critiquer les distributeurs – même si c’est l’une de ses passions, il est vrai. Mais il ne se risque pas à enchaîner là-dessus et préfère lui demander comment il va, en dehors de la raison de sa venue ici. « Bien, bien… J’ai juste beaucoup de choses en tête en ce moment. » L’infirmier est également très occupé, dans ses pensées. Entre le régime qu’il doit faire faire à son chat, l’Alzheimer de la mère de son fils et son fils, ça en fait des choses à gérer. « Tu veux en parler ? » Mais il ne compte pas voler la vedette et s’exprimer là-dessus. Il préfère écouter les problèmes des autres et apporter conseils et solutions plutôt que de se concentrer sur les siens : le prix des croquettes est vraiment aberrant, est-ce que Marcus le sait ? « Peut-être qu’un œil extérieur peut t’aiguiller. » La formulation laisse entendre que ça pourrait être n’importe qui, la réalité est autre : lui. Personne d’autre. Que lui. « Le doc a dit que j’allais garder le bras en écharpe encore un moment, à cause de la clavicule. J’ai vraiment hâte d’en avoir terminé avec tout ça… Mais depuis quand tu t’occupes de découper des plâtres, hm ? » Touché. Jake lui apporte un sourire pincé comme première réponse avant de s’approcher de lui. Il va falloir s’occuper de ce plâtre et rester contre la porte ne l’aidera pas. « Oh, tu sais. Je suis polyvalent, je vais là où on a besoin de moi. » Aux urgences, oui. « Il m’arrive d’aller dans d’autres services quand le besoin se fait ressentir. » Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. « Ou encore… » Il regarde les instruments posés un peu plus tôt sur la table, quand Marcus n’était pas encore là. Il sait exactement comment s’en servir et les gestes à appliquer pour le faire grimacer le moins possible. « Il arrive aussi que j’impose comme soignant quand je sais que j’en suis capable et que la personne compte pour moi. » Toujours en train de triturer le bout de pansement depuis son arrivée, il le pose sur la table et effleure du bout des doigts la scie circulaire. « Je ne m’occupe pas de découper des plâtres. Autant être précis, je m’occupe de toi. » La sensation d’être aussi direct avec Marcus est assez bizarre, pour l’infirmier. Cette fois il prend la scie dans ses mains et fait un signe de tête vers la table de soins sur laquelle il doit s’asseoir. « Je te laisse t’installer. Sauf si tu préfères quelqu’un d’autre, évidemment. » Chasse le naturel et il revient au galop : la sensation de ne pas être capable de gérer une action aussi simple le frappe de plein fouet. Il l’a déjà fait plusieurs fois et ne s’est jamais loupé, pourquoi ce serait différent avec Marcus ? Parce que c’est lui, justement. Et que c’est bien plus facile de craindre et faire un pas en arrière que d’assumer et aller de l’avant. Se rabaisser n’est pas dans son tempérament habituel, pourtant, mais tout est différent quand il s’agit de faire quelque chose avec le brun. Dans les quelques plans acceptés et imaginés sur ce rendez-vous médical, il est encore très loin du moment où il lui annonce avoir fini de travailler et qu’ils peuvent passer du temps ensemble. Là, dans l’esprit de Jake, c’est plutôt "fais, puis pars en courant". Il lui reste encore un peu de temps pour se sauver lui-même et passer au-delà, faire, ne pas fuir, assurer.

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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyVen 12 Nov 2021 - 20:54

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S’il ne compliquait pas autant les choses, sa relation avec l'infirmier pourrait être tout ce qu’il y avait de plus simple ; pragmatique, Marcus n’était pas du genre à ne pas remarquer qu’ils se plaisaient, qu’ils avaient de l’alchimie et qu’ils devraient avoir dépassé le stade du sursaut à chaque fois que leurs mains se frôlaient. En un an de textos à longueur de journée, de verres, de déjeuners sur le pouce, de dîners entre amis communs, Dieu seul savait où ils pourraient en être si le Leckie ne plaçait pas son énergie à appuyer sur les freins, pied au plancher. Cela pourrait être sans effort, fluide. Et cela l’était lorsqu’ils étaient ensemble. Pourtant si on lui avait souligné le sourire idiot qui était apparu sur ses lèvres au moment où Jake était arrivé dans la salle, le brun aurait nié en bloc -ou usé du prétexte que, de toute manière, il souriait tout le temps pour tout le monde, qu’il ne s’en rendait même plus compte. Si on lui demandait s’il était heureux que ce soit lui plutôt que quelqu’un d’autre qui soit en charge de son cas, il feindrait l’indifférence. Il était cependant difficile de prétendre que Jake n’était foncièrement pas fait pour lui lorsque celui-ci répondait à ses plaisanteries bancales avec de parfaites références; « La technique, avec la machine, c’est de chantonner le refrain de all i want for christmas is you. Une fois terminé, ça se met à couler. » Ce qui était probablement la phrase la plus gay qu’il ait jamais entendue. « On avait cette chanson en tête en décembre dernier avec une collègue, je t’assure que le timing est parfait. Et pour Noël, qui ne veut pas d’un bon café ? » Pour addict de la boisson en question tel que Marcus, Noël n’avait pas besoin d’être une excuse. De la même manière que les fêtes de fin d’année n’avaient pas le monopole du best of de Mariah -elle avait été sa sonnerie de téléphone pendant tout le début des années 2000. “Ca serait encore mieux si c’était la machine qui lançait la chanson pour faire patienter. Machine à café à karaoké intégré, tu crois que je fais fortune si je dépose le brevet ?” Probablement pas. Il n’y aurait que les japonais pour s’arracher une invention aussi décalée qui s’ajouterait parfaitement à la longue liste d’objets technologiques farfelus dont ils disposaient sur la petite bombe nucléaire qui leur servait d’île.

A voir l’Australien plaisanter sans mal, il était difficile pour n’importe qui le connaissant de surface de pouvoir estimer l’ampleur des problèmes qu’il confessait à demi-mot. Tant que sa bonne humeur de façade était intacte, alors les choses ne pouvaient pas être si graves que ça, et c’était exactement le genre de pensée qu’il souhaitait inspirer. Non pas par orgueil, mais par un mélange de pudeur et de crainte. « Tu veux en parler ? proposait Jake aussi aimablement qu’il le faisait toujours lorsqu’il tendait la main vers autrui. Peut-être qu’un œil extérieur peut t’aiguiller. » Marcus grimaça en haussant les épaules. “Nah…” D’expérience, un oeil extérieur n’arrangeait jamais rien. Les gens plongeaient leur nez dans les problèmes des autres par voyeurisme et n’hésitaient pas à les déterrer lorsque l’occasion se présentait. Ils se permettaient des opinions qui ne leur étaient pas demandées, des jugements à tout va, et finissaient irrémédiablement par faire plus de mal que de bien. Voire pire, de décevoir la confiance placée en eux. Mac se passait de confident depuis longtemps, il n’en avait pas besoin. “C’est gentil. Mais c’est des histoires de famille et... Ça reste dans la famille, disons.” Il n’avait aucune envie de mentionner le fait que son petit frère allait peut-être faire un tour par la case prison, autant pour ne pas partager son sentiment d’échec et de culpabilité que pour l’honneur de son cadet. Il ne partagerait pas non plus l’homophobie persistante de son meilleur ami depuis vingt ans qui inspirerait autant de honte que de pitié. Et même si le Leckie se serait soudainement senti d’humeur à entrouvrir la porte de ses émotions profondes, sincères, cela ne lui semblait être ni le lieu ni le moment.

Il retrouva donc son sourire en un claquement de doigts, prêt à taquiner Jake de nouveau -son sport préféré. C’était si simple et fort plaisant de l’embarrasser, le voir triturer ses doigts, et le rictus nerveux au coin de sa bouche qui faisait apparaître la fossette du creux de sa joue. « Oh, tu sais. Je suis polyvalent, je vais là où on a besoin de moi. Il m’arrive d’aller dans d’autres services quand le besoin se fait ressentir. Ou encore… » Mac connaissait le fonctionnement. Les remplacements entre les spécialités de l'hôpital étaient monnaie courante lorsqu’il était question de jongler avec les trous dans les plannings ou absorber la charge de travail supplémentaire d’ouvertures de lits intempestives. Et il savait qu’ils ne se trouvaient dans aucun de ces deux cas. « Il arrive aussi que j’impose comme soignant quand je sais que j’en suis capable et que la personne compte pour moi. » Le brun avait soudainement perdu la vivacité nécessaire pour lui dégainer un trait d’esprit qui désamorcerait une déclaration de ce genre en une seconde. C’était pourtant l’une de ses grandes tactiques, de décrédibiliser l’affection des autres comme un coup de pied dans les parties jusqu’à ce que cette personne n’ose plus la verbaliser. Cela gardait les gens à distance. « Je ne m’occupe pas de découper des plâtres. Autant être précis, je m’occupe de toi. » Il dodelina simplement de la tête, un discret rictus au bord des lèvres. Son mutisme était aussi inhabituel que le discours de Jake. Marcus se contenta de s’asseoir sur la table d’examen qui lui était indiquée. « Je te laisse t’installer. Sauf si tu préfères quelqu’un d’autre, évidemment. - Avec ça en main, je ne voudrais pas risquer de te contrarier. » D’un geste de la tête, l’australien pointa la scie circulaire dont s’était emparé l’infirmier. Le naturel était revenu aussi vite qu’il s’était absenté, l’esquive, le contrôle de la situation, de la conversation, de la distance.

Les instruments médicaux étaient intimidants, mais Mac n’en était pas à son premier membre cassé. Il n’avait jamais tenu en place depuis qu’il était enfant et fut un temps où ses parents pouvaient espérer gagner une carte de fidélité de la part de l’hôpital. Il fallait toujours aller plus vite à vélo, plus haut sur les trampolines, et montrer qui était le patron à ses frères lorsque des chamailleries éclataient. La plupart du temps, il était le seul à blâmer. Et pendant longtemps, lorsque d’autres se chargeaient de lui coller une leçon pour s’assumer sans vergogne, il pensait toujours ne pouvoir s’en prendre qu’à lui-même. “Essaye de ne pas m’amputer le bras, d’accord ? fit-il bien qu’il avait conscience de ne pas courir le moindre risque. Je l’aime bien et j’en ai encore l’utilité. Et si je sens la moindre douleur tu peux compter sur moi pour me transformer en Karen et appeler le chef de service.” Oh il n’hésitait jamais à appeler le manager et faire une scène ; quand on lui donnait la table près des toilettes, quand le plat était tiède, quand le latte n’était pas mousseux, quand on refusait d’aller vérifier dans la réserver si les mocassins qu’il souhaitait étaient disponibles à sa taille parce que soit disant “toutes les tailles sont en rayon”. Marcus faisait surtout preuve d’autodérision, il ne comptait pas infliger cela à Jake.

Il se fit sage et immobile tandis que l’infirmier commençait la découpe du plâtre. La scie et la libération pas à pas de son bras n’étant pas plus passionnantes que ça, le regard de Mac s’attardait surtout sur la moue concentrée de Jake. Il avait des cheveux dans lesquels il avait toujours été curieux de glisser ses doigts. “Hé, je… Je suis désolé qu’on ait moins parlé que d’habitude en ce moment. Enfin, au moins 30% de moins que d’habitude.” Ce qui demeurait notable malgré leurs conversations multi-canaux sans début ni fin. Il pouvait mettre cela sur le compte de l’immobilisation de son bras, mais l’australien avait surtout ressenti un besoin d’espace. Trop d’événements avaient eu lieu en même temps, dans cette vie qu’il aspirait à conserver tranquille et confortable. “Je me rattraperai quand mes deux pouces seront à nouveau opérationnels.” fit-il avec un sourire.
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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyJeu 18 Nov 2021 - 18:42

« Ça serait encore mieux si c’était la machine qui lançait la chanson pour faire patienter. Machine à café à karaoké intégré, tu crois que je fais fortune si je dépose le brevet ? » C’est avec des remarques comme celle-ci que Marcus arrive, petit à petit, à gagner toute l’affection de l’infirmier. Ils ont le même humour – ce qui est assez rare pour être souligné – et se comprennent parfaitement. Jake hausse ses épaules en faisant mine de réfléchir. « Si c’est un karaoké plus qu’une simple boîte à musique intégrée, je pense qu’il y a du potentiel. Si tu fais une note parfaite, t’as le droit à un sucre en plus. Je pense vraiment que tu tiens un concept. » Il hoche vivement son visage de haut en bas pour appuyer ses propos. « Oublie les bijoux, lance-toi dans les cafés. Tu vas être riche. » Il trouve ça à la fois amusant et désolant, Jake. Car des hommes ont effectivement gagné des fortunes colossales avec des idées pas vraiment plus intelligentes que celle-ci. Les Hommes sont habitués à monnayer tout et n’importe quoi, et plus c’est original – et inutile – plus ils achètent.

Leur discussion actuelle ne diffère pas des messages qu’ils s’envoient. Il y a parfois des discussions qui se veulent sérieuses et profondes et, au milieu de tout ça, une blague qui sort de nulle part. Le cas se présente ici, également : Jake n’a aucun mal à passer de la très célèbre chanson de Mariah Carey aux problèmes que semble rencontrer Marcus. Vaughan lui dit être prêt à l’écouter s’il en ressent le besoin, comme il l’aurait fait avec n’importe qui. Ça a d’autant plus son importance avec lui, d’après l’infirmier, mais il préfère ne pas le verbaliser. Il le pense simplement très fort, en espérant lui être suffisant à ce niveau-là. « Nah… C’est gentil. Mais c’est des histoires de famille et… Ça reste dans la famille, disons. » Jake n’a pas vraiment de famille. Il a eu une mère incroyablement douce qu’il n’a pu connaître que quelques années. Il a un père qu’il n’a plus vu depuis plus de vingt ans. Il n’a pas de sœur, pas de frère, et il vient à peine d’entrevoir la possibilité de rencontrer son fils. Il arrive à comprendre où veut en venir Marcus, mais il doit admettre qu’il ne le ressent pas au fond de ses tripes. Ce qui s’est passé à Vegas reste à Vegas, et les secrets de famille n’en sortent pas. Reçu, cinq sur cinq. « D’accord. Sache juste que je suis là, si jamais. » Et Jake sait qu’il sait. Tout le monde sait, avec lui, qu’il est toujours là. Dans le coin, prêt à surgir avec tout ce que l’autre a besoin. Un paquet de mouchoirs pour les plus sensibles, des chocolats pour ceux qui se vengent sur la nourriture, un bon film pour les autres qui veulent simplement penser à autre chose. Il ne sait pas dans quelle catégorie Marcus se range, de ce côté-là, mais Jake se sent prêt. Peu importe comment et pourquoi, il saura répondre à ses besoins et ses attentes. C’est ça de le faire attendre et mijoter durant une année ; il est étrangement prêt à tout.

Marcus n’a pas besoin de lui pour l’instant. Du moins, en tant qu’oreille attentive. C’est l’infirmier qui est rappelé à l’ordre, et celui-ci essaie de lui expliquer qu’il a tout fait pour pouvoir s’occuper de lui. Ce n’est pas habituel, chez Vaughan, de s’affirmer autant. Il reste habituellement dans l’ombre, à l’attente du moindre signe de la part de Marcus. C’est peut-être pour ça que le directeur ne répond pas réellement aux aveux du plus âgé. Il voit quand même le petit sourire qui se dessine sur ses lèvres, suffisant pour le rassurer : il ne l’a pas pris pour un fou, ni pour un lourd, ni pour quoi que ce soit. « Avec ça en main, je ne voudrais pas risquer de te contrarier. » Il s’installe sur la table de soins et Jake regarde la scie qu’il a dans sa main. « Je fais parfois semblant de couper la peau des enfants pour leur montrer qu’il n’y a aucun danger. Tu as besoin que je te fasse la démonstration, à toi aussi ? » On peut entendre l’amusement dans la voix de Jake. Il est plus taquin qu’habituellement, c’est peut-être lié au fait qu’ils se soient un peu moins parlé ces dernières semaines. L’envie de se rapprocher de lui – psychologiquement d’abord – est plus forte qu’en temps normal. « Essaye de ne pas m’amputer le bras, d’accord ? Je l’aime bien et j’en ai encore l’utilité. Et si je sens la moindre douleur tu peux compter sur moi pour me transformer en Karen et appeler le chef de service. » « Je ne te promets rien. » Il a déjà fait serment de donner son maximum pour aider et soigner les autres, pas besoin de le refaire devant chaque patient ; cette pensée, il l’aurait eu s’il avait pris les propos de Marcus au premier degré. Là, il a très bien compris qu’il n’est pas sérieux. « Je me demande quel est l’équivalent de Karen, en prénom masculin ? » Il aimerait bien trouver comment définir les hommes qui, eux aussi, sont extrémistes comme lesdites Karen. Selon Jake, il n’y a pas qu’un seul sexe qui peut faire régner la terreur dans les administrations, à demander de voir le responsable à tout bout de champ. « Le chef de service m’adore, il risquerait de dire que tu t’es fait ça tout seul. J’ai réussi à le corrompre avec une boîte de chocolats. » Il leur en faut peu, à croire.

Jake s’attaque enfin à ce fameux plâtre. Il n’a pas fait ça depuis un petit moment mais les gestes ne s’oublient pas : utiliser la scie pour découper le plâtre, l’écarter légèrement pour sortir le bras, utiliser les ciseaux pour le coton et vérifier qu’il n’y a pas d’hématomes ou blessures supplémentaires. Un jeu d’enfant, qui est pourtant bien plus compliqué. Oui, il sent le regard de Marcus sur lui, et ça ne l’aide pas vraiment : il plaque sa langue contre son palais et se concentre autant qu’il le peut, autant que la situation lui permet. « Hé, je… Je suis désolé qu’on ait moins parlé que d’habitude en ce moment. Enfin, au moins 30% de moins que d’habitude. » Pendant qu’il prononce ces mots, Jake dépose le plâtre enfin retiré sur la petite table à côté d’eux. Le coton, maintenant. « Je me rattraperai quand mes deux pouces seront à nouveau opérationnels. » Jake porte enfin son attention sur Marcus. Ses yeux se posent sur son sourire puis s’ancrent dans son regard. « Et si tu essayais de te rattraper aujourd’hui, plutôt ? » Il pose la question comme si Marcus devait réellement se racheter, alors qu’au final, il n’a pas à s’en vouloir. Il a ressenti une certaine distance ces derniers temps, c’est vrai. Les réponses étaient plus longues à arriver et il semblait ailleurs, mais ça ne l’a pas dérangé plus que ça. Juste avoir des nouvelles et pouvoir lui parler un petit peu lui suffisait, lui suffit, lui suffira – combien de temps encore ? « C’est l’heure du goûter. » Il prononce ces mots après avoir attrapé les ciseaux et commencé l’entaille dans la dernière couche de ce qui englobe le bras de Marcus. « J’ai terminé, après toi. Tu veux qu’on aille faire un tour ensemble ? » Il ne sait pas vraiment où, il sait simplement qu’il voulait lui faire cette proposition. Et maintenant que c’est chose faite, il a l’impression de pouvoir mieux respirer. Il se sent réellement comme l’adolescent qui vient de demander à son crush de l’accompagner au bal de promo. « Avec ces histoires de cafés et de Noël, je me suis donné envie d’un chocolat chaud. Je connais un bon salon de thé qui fait des trucs pas mal pour les en-cas de cette heure-ci. Enfin, là-bas ou ailleurs… » Il ne veut pas imposer ses idées, ça ne lui ressemble pas. Jake passe sa deuxième main derrière le bras de Marcus pour attraper le lambeau de tissu et le retirer entièrement. « Ça va ? T’as mal quelque part en particulier ? » Il jongle entre son bras et ses yeux, incapable de faire les deux à la fois : être celui qui le soigne et celui qui le courtise. Il est bien plus doué dans l’une des deux catégories, et ce n’est malheureusement pas celle qu’il aurait préférée.

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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyVen 10 Déc 2021 - 17:24

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Les histoires de famille restent dans la famille, même ces chers italiens n’auraient pas mieux dit. Si ce n’était pas l’influence de Saül qui mettait des mots dans sa bouche, alors il ne savait pas ce que c’était. Cependant Marcus ne se voyait pas étaler les drames familiaux en public, même si le public n’était composé que de Jake. Il avait toujours été pudique, le Leckie, surtout lorsque cela faisait appel à ses proches et toutes les émotions qui allaient avec les événements qui les touchaient. Pour une fois on pouvait admettre qu’il avait mis l’infirmier à l’écart de la même manière qu’il l’aurait fait avec n’importe qui, et du regard, il le remercia de ne pas s’en formaliser. Il était là si besoin, il le savait, voilà une année pleine qu’il niait ce que cela signifiait. C’était soit faire l’autruche, soit laisser ses saboteurs intérieurs lui faire prendre ses jambes à son cou. Au final, on pouvait dire que c’était à ce point qu’il appréciait Jake. A son étrange manière. « Je fais parfois semblant de couper la peau des enfants pour leur montrer qu’il n’y a aucun danger. Tu as besoin que je te fasse la démonstration, à toi aussi ? » C’était toujours sans effort qu’il le faisait rire. Il était amusant, Jake, sans avoir besoin d’essayer. "Ça dépend, j’ai droit à un bonbon pour avoir été brave après ?” Mac, lui, ne perdait jamais le nord lorsqu’il était question de choses à manger. Autre fait avéré, son manque de patience face à la moindre forme d’incompétence et la rapidité avec laquelle il était capable de faire appel aux managers pour se plaindre -non, faire une esclandre. A ses yeux, il n’y avait aucune honte à exiger un service à la hauteur de l’investissement pécuniaire et il n’était pas de ceux qui acceptaient d’être installés près des toilettes sans rien dire. Il avait néanmoins conscience du potentiel comique, embarrassant et agaçant que cela pouvait avoir pour chacun des partis respectifs autour de lui. Bien sûr, la menace envers Jake n’avait rien de sérieux et le Leckie se sentait parfaitement en confiance. « Je me demande quel est l’équivalent de Karen, en prénom masculin ? - Un Karl ? » Il n’en savait rien, l’Internet avait probablement une réponse à apporter à cette question mais c’était une nouvelle recherche qui pouvait attendre. Taper sur un smartphone avec un bras dans le plâtre et une clavicule cassée était loin d’être aussi facile qu’il n’y paraissait -et écrire à un seul pouce était une véritable torture. Cela avait été non seulement handicapant vis-à-vis de son travail mais aussi de ses quelques relations sociales pour lesquelles il manquait d'or et déjà de temps. Jake en avait donc pâtit, et s’il en excusait, Marcus ne pensait pas moins qu’il leur était bénéfique de ralentir le rythme pendant cette période. Ralentir, quelle blague. « Et si tu essayais de te rattraper aujourd’hui, plutôt ? » avait rétorqué l’infirmier en poursuivant la procédure libérant petit à petit son bras. Pris au dépourvu, les yeux de l’australien s’ouvrirent rond comme des billes. « C’est l’heure du goûter. » Chez lui, c'était l’heure du premier doigt de whisky de la soirée, mais pourquoi pas. « J’ai terminé, après toi. Tu veux qu’on aille faire un tour ensemble ? Avec ces histoires de cafés et de Noël, je me suis donné envie d’un chocolat chaud. Je connais un bon salon de thé qui fait des trucs pas mal pour les en-cas de cette heure-ci. Enfin, là-bas ou ailleurs… » Marcus demeurait silencieux, la salive coincée au fond de sa gorge à force de réfléchir à ce qu’il pourrait bien répondre. Lui, il avait prévu de retourner travailler -était-ce étonnant ? Mais ce n’était pas le genre de réponse qui ferait plaisir à Jake, pas après avoir admis qu’ils subissaient une distance forcée. Une légère grimace l’arracha à la spirale de ses pensées. « Ça va ? T’as mal quelque part en particulier ? - Oui, je… » Wait. La réponse à la première question était articulée après la seconde. On rembobine. “Enfin, non. Non, je n’ai pas mal, pas vraiment.” Juste une gêne, un pincement, un grincement ; rien dont il ne se soit pas fait à l’idée à quarante ans surtout sans être sportif pour un sou. “Et oui, d’accord pour le café. Ou le chocolat. Ce que tu veux.” Il le lui devait bien, songeait Marcus. “J’imagine que retourner au boulot n’a plus vraiment de sens à cette heure…” Au contraire, l’après-midi était encore jeune pour un homme avec un planning comme le sien, mais qu’importe. Il pouvait entendre Norah sur son épaule l'encourager à faire une pause, profiter du moment, parce que cela lui ferait du bien. Et c’était vrai, il avait besoin de se changer les idées, de passer du temps en bonne compagnie. Il ne regretterait pas ce choix, il en était persuadé. Le Leckie récupéra son écharpe et, avec l’aide de l’infirmier, immobilisa de nouveau son bras pour quelques semaines supplémentaires, le temps que sa clavicule termine sa propre guérison sans être sur-sollicitée. Au moins il ne mourrait pas de chaud dans son épais plâtre en plein été australien. “Merci, nurse Vaughan. Je t’attends dehors.”

Marcus passa les longues minutes sur le parking extérieur, adossé au mur près de l’entrée des urgences, attendant que Jake laisse sa blouse au vestiaire et effectue sa passation aux infirmières du shift suivant. Il vit passer un nez cassé, un bébé fiévreux, un patient fumant une cigarette toujours relié à sa perfusion, une vieille femme sur un brancard et quelques pompiers agréables à la vue. Il notait toujours le fait que le flux était incessant, entrant et sortant, et qu’il n’y avait pas de temps mort. S’il avait été plus altruiste et moins tourné vers l’argent, Mac aurait été un médecin infatigable tant il ne manquait jamais de ressources et d’énergie pour son travail. Mais c’était le job de Norah, d’aider les gens, et lui avait embrassé la superficialité du marketing pour vendre aux autres des choses dont ils n’avaient pas besoin -non, dont ils ne savaient pas avoir besoin. Cela prit une vingtaine de minutes avant que Jake n’apparaisse de nouveau -mais Marcus n’était pas bien placé pour se plaindre des délais. Il le suivit jusqu’au salon de thé en question qu’il jugea potable du haut de ses exigences habituelles, sans faire de remarque sur le fait que la peinture était un peu datée et méritait un coup de frais. A table, il demanda un Irish coffee. “C’est tout aussi bien pour le goûter.” qu’il expliquait. Bien sûr, il lui fut impossible de résister à l’envie de commander des roulés à la cannelle. Pas que pour lui, non, bien sûr. “Tu dois avoir les batteries à plat après ton service.” qu’il justifiait à nouveau. “Si tous les patients sont aussi insupportables que moi…”

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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyJeu 23 Déc 2021 - 23:47

La curiosité de Jake le pousse parfois à aller au-delà du raisonnable. Il lui arrive de ne pas savoir se limiter et de toucher l’indiscrétion du bout des doigts, avant de faire marche-arrière et de rassurer en disant qu’il n’est pas obligé de savoir. Avec Marcus, il ne prend pas ce risque-là. Chercher à trop en savoir, lui tirer les vers du nez, ce serait le faire reculer de deux pas supplémentaires. Ils n’ont pas besoin de ça et il le sait. Alors il se contente de lui rappeler, encore et toujours, qu’il peut être l’oreille attentive dont il a besoin et l’épaule sur laquelle se reposer si tous ses problèmes semblent trop lui peser. Il ne le lui montre pas aujourd’hui, alors l’infirmier n’insiste pas et passe à autre chose ; la raison de sa venue ici. En blaguant de ce qu’il fait avec les enfants qu’il reçoit généralement, il cherche à le mettre à l’aise – et à se mettre à l’aise. Ce n’est pas tous les jours que l’on a face à soi la personne que l’on convoite depuis un an. Il l’a sur sa table, sous ses yeux, littéralement sous ses doigts. Non, ça n’arrive pas régulièrement et oui, c’est extrêmement déstabilisant. « Ça dépend, j’ai droit à un bonbon pour avoir été brave après ? » « Bien sûr. On a le stock qu’il faut en pédiatrie, si je dois aller en voler quelques-uns pour toi… » Jake aime bien discuter avec Marcus. Ils peuvent être très sérieux et, la minute d’après, ne rien faire d’autre que de dire des bêtises. C’est la deuxième option qui se présente, actuellement, alors qu’il le menace de se transformer en Karen si ça ne se déroule pas dans les règles de l’Art. La seule chose qui interpelle réellement Jake, c’est le masculin de ce prénom associé à ces personnages détestables. « Un Karl ? » Il s’arrête dans son découpage de plâtre une seconde pour correctement assimiler l’information, avant de hausser ses épaules. « Pourquoi pas. » Il y a des prénoms, comme ça, qui sont associés à une personnalité ou à un comportement. Les Jordan, les Kevin, les Karen et tant d’autres encore. Jake n’a rien entendu sur les Jacob ni les Marcus, heureusement, il ne se serait pas retenu de raconter l’anecdote sinon – même désobligeante, oui. La pause réflexion terminée, il reprend la libération du bras de Marcus, en s’efforçant de lui proposer une activité à la suite de ce rendez-vous. Là, c’était médical. Professionnel de son côté, donc. Il en exige un personnel : que les deux hommes puissent se retrouver – ou se trouver, il ne sait pas trop – après un long moment à ne se parler que de temps en temps. Jake regrette la blessure de Marcus, mais elle l’a aidé à lui confirmer une chose : il apprécie réellement cet homme. Peut-être un peu trop. Et c’est vrai qu’il lui a manqué. Peut-être un peu trop aussi. « Oui, je… Enfin, non. Non, je n’ai pas mal, pas vraiment. » Déjà un point rassurant. « Et oui, d’accord pour le café. Ou le chocolat. Ce que tu veux. J’imagine que retourner au boulot n’a plus vraiment de sens à cette heure… » Jake se pince les lèvres. Il imagine, au contraire, que ça a plus de sens qu’il ne le croyait au départ. Il était persuadé que Marcus avait pris son après-midi, pour ce rendez-vous médical, et qu’il n’avait pas l’intention de retourner travailler après. Il fait au mieux pour rester sur sa proposition et ne pas la remballer, ne pas lui dire qu’ils pourront voir plus tard – s’imposer, tout simplement. « Bien. Je suis content. Tu verras, c’est vraiment mignon comme endroit. » Mignon est le mot adéquat. Ça n’a rien d’extraordinaire, c’est juste un endroit dans lequel il fait bon y être. Et avec quelqu’un dont on apprécie la compagnie, ça ne peut qu’être exceptionnel. C’est du moins ce qu’il pense, et donc ce qu’il espère lui faire penser ensuite, quand ils en ressortiront repus. Jake se penche de nouveau sur le bras de Marcus pour le stabiliser une nouvelle fois. Sans plâtre, libéré du poids et de la chaleur que celui-ci lui apportait il y a quelques minutes encore. « Ce n’est qu’une question de temps avant que tout redevienne normal. » Pour sa clavicule et pour eux, des messages jusqu’à pas d’heure, pour raconter rien de très intéressant au final. « Merci, nurse Vaughan. Je t’attends dehors. »

Jake laisse Marcus quitter la salle. Il peut s’offrir quelques minutes presque de répit avant de le retrouver, en rangeant le matériel et la salle utilisés, en allant rendre sa blouse pour récupérer ses vêtements de ville. Il prend le temps de retrouver ses collègues, d’expliquer ce qui a été fait et ce qu’il reste à faire et de prévenir qu’il s’en va réellement. Ça lui est déjà arrivé de demander à échanger ses horaires et, pris de culpabilité à ce moment-là, finalement rester pour accomplir son devoir. Là, ça ne risque pas d’arriver : Marcus l’attend. Et si celui-ci est un grand retardataire, Jake doute qu’il soit un grand patient. Il le retrouve à l’extérieur après vingt bonnes minutes. « J’ai cru ne jamais réussir à partir. » Il confesse en arrivant à sa hauteur, alors que les deux hommes s’en vont déjà vers le salon de thé situé un peu plus loin. Un des spots préférés de Jake, proche de l’hôpital, un petit havre de paix dans lequel il fait bon de s’enfermer avant ou après un service. Les deux hommes sont rapidement installés, et si Jake commande un chocolat chaud, Marcus, lui, s’oriente plutôt vers un Irish Coffee. Ça fait sourire l’infirmier. « C’est tout aussi bien pour le goûter. » « Le fait que tu veuilles me le préciser en dit long. » Le léger sourire ne quitte pas son visage. Il n’y a aucun réel jugement, juste un réel amusement. « Tu dois avoir les batteries à plat après ton service. Si tous les patients sont aussi insupportables que moi… » Il regarde la serveuse repartir avec leur commande avant de reposer ses yeux sur lui. « Je t’ai eu dans la salle d’attente, aussi. Je ne sais pas dire à quel moment tu étais le plus insupportable. » Car Marcus était le rigolo qui venait en aide psychologiquement à Norah, certes, mais il a également eu ses moments de frayeur. « Mais ça va. » Il redevient plus sérieux, pour répondre à ce qu’il vient de lui dire. « Mon service a été écourté, du coup. Je savais que j’allais te voir et j’espérais passer un peu de temps avec toi. » C’est la première fois que Jake est aussi direct. Peut-être parce qu’il se rend compte que communiquer par messages subliminaux durant une année n’a rien donné, si ce n’est une affection à peine entamée. « Je suis soulagé que tu guérisses correctement. » Il lui montre ainsi l’inquiétude qu’il n’a presque jamais exprimée en l’annonçant d’une autre manière, en l’écartant pour laisser place à une meilleure sensation. La serveuse revient avec leur commande. « Merci. » Il attrape son chocolat chaud comme il le ferait habituellement avec un verre de vin. « A la notre ou à ton épaule ? » Trinquer avec un chocolat chaud et un irish coffee n’est pas commun, mais ça n’est pas interdit non plus.

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Message(#)someone call the doctor (marcus) EmptyVen 21 Jan 2022 - 21:55

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Il n’était jamais loin depuis les débuts de la carrière d’infirmière de Norah ; Marcus connaissait donc tout ce qu’il y avait à savoir des difficultés du métier, et plus encore. Il savait la fatigue, les longues heures, le manque de temps ; le sale caractère des patients, les problèmes de matériel, de planning, de hiérarchie. Alors son empathie était sincère avec les homologues de sa sœur, son soutien était honnête, motivé par autre chose que la sympathie machinale qui animaient ceux et celles qui prétendaient se soucier des professionnels du secteur. Il n’y avait probablement qu’avec ceux-ci que le Leckie se montrait le plus digeste possible -loin de l’image clichée du patient difficile qu’il prétendait être auprès de Jake. « Je t’ai eu dans la salle d’attente, aussi. Je ne sais pas dire à quel moment tu étais le plus insupportable. » Faussement offensé, Marcus exagéra amplement une immense vexation, bouche grande ouverte tandis qu’il toisait le brun de haut en bas de son plus bel air effaré.How dare you ?! T’es supposé dire un truc du genre “mais non, Mac, tu es toujours le rayon de soleil du service” !” Supposé, oui, mais à vouloir faire de l’autodérision il fallait également s’attendre à être pris à son propre jeu -et savoir comment rebondir avec panache. Heureusement, l’australien ne se prenait jamais trop au sérieux, comme en témoignait sa réaction. La surenchère, il savait faire. Savoir quand s’arrêter n’était, en revanche, pas toujours très clair. Cependant Marcus retrouva rapidement son sérieux et son intérêt pour le récit de la journée Jake. « Mais ça va. Mon service a été écourté, du coup. Je savais que j’allais te voir et j’espérais passer un peu de temps avec toi. » Il se pinça les lèvres, flatté, gêné, tout à la fois. Il aurait voulu avoir le même réflexe, la même pensée, libérer entièrement le reste de son après-midi et songer à en profiter pour voir Jake. Cela n’avait pas été le cas et il n’en était pas surpris une seule seconde -il vivait avec lui-même depuis plus de quarante ans, il connaissait la chanson. Il n’en était pas moins navré, silencieusement, et bien caché derrière le masque de son sourire. « Je suis soulagé que tu guérisses correctement. » confiait l’infirmier avec un pourcent de solennité de trop qui provoqua un petit rire de la part de Marcus, mélange d’amusement et d’attendrissement face à tant de sollicitude. C’était lui qui s’inquiétait pour le autres, rarement l’inverse, auquel cas il ne savait pas quoi faire de l'information. “C’est qu’un bras cassé, Jake. Des gosses de six ans s’en sortent sûrement mieux d’ailleurs. Moi, je rouspète à ce sujet à longueur de journée au boulot.” On ne comptait plus le nombre de soupirs d’agacement et de jurons qui s’échappaient de la bouche du Leckie à la minute dès lors que l’immobilisation de son bras l’entravait dans son quotidien. Cela avait rendu tout tellement plus difficile, de répondre aux mails à la pause déjeuner. Faut de pouvoir utiliser un couteau, Marcus s’était résigné aux aliments peu solides pouvant être domptés à la fourchette seule, et Dieu savait à quel point cela pouvait frustrer ce grand amoureux de la nourriture dans sa globalité. Son cadet lui dirait sûrement que c’était un mal pour un bien, une manière pour lui de perdre un peu de cette brioche dont il avait fait un surnom affectueux envers lui. Et Marcus n’aurait jamais admis qu’il aurait pu avoir un tantinet raison.

Les tasses furent servies à la table sous les remerciements communs des deux hommes. Sans relever le bizarre du geste, Marcus mima Jake en levant son café arrangé au niveau de son chocolat d’écolier. « A la notre ou à ton épaule ? » Cela demande une seconde, courte mais déjà de trop, de réflexion avant que le quarantenaire ne finisse par hausser les épaules ; “Pourquoi choisir ?” L’un, l’autre ou les deux, ils avaient cette boisson et pourquoi pas d’autres pour trinquer à tout et n’importe quoi. Ils avaient le temps, après tout. Aucun d’entre deux n’était pressé. L’Irish était bon, préparé correctement ; Marcus n’avait pas à s’en plaindre. A peine eut-il posé sa tasse sur la table de nouveau, qu'il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Sûrement le travail, pensa-t-il, mais ce fut le nom de son petit frère qui s’afficha sur l’écran. Il n’était pas rare que Caelan et lui s’appellent, mais le climat tendu de leurs derniers échanges avait rendu cela de moins en moins fréquent. Ce fut suffisant pour que Mac songe que cela pouvait être important. “Désolé, je le prends rapidement.” Les mots soufflés furtivement, il quitta l’établissement comme un courant d’air tant cela relevait de l’habitude le concernant. Dehors, il porta sa cigarette électronique à ses lèvres -goût noisette, l’impression d’inspirer du Nutella. On le vit se balancer d’une jambe à l’autre nerveusement, faire un pas ou deux, hocher la tête, se pincer les lèvres d’un air soucieux. “Je suis prêt Mac, je vais y aller” que murmurait la voix de Caelan dans l’appareil. Il savait ce que cela voulait dire. Son frère s’était enfin décidé à faire ce qui était juste. C’aurait dû être une victoire pour le Leckie, mais en réalité, son estomac se retourna, son coeur vibra dans ses oreilles. Sa main moite serra le téléphone un peu plus fort. “J’arrive. Bouge pas, j’arrive.” Son idée, il irait avec lui, cela était tout naturel. Au-delà de la responsabilité qu’il portait dans cette décision, c’était son rôle de frère aussi. Lorsqu’il raccrocha et rentra dans le café, Marcus réalisa qu’il en avait oublié la présence de Jake pendant un instant. Ce n’était pas cette fois qu’ils auraient le temps. “C’est Caelan, je dois filer. Je t’expliquerai plus tard. Vraiment désolé.” Dans la précipitation, Marcus se pencha vers l’infirmier sans idée concrète de la manière dont il comptait lui dire au revoir ; il finit par claquer un baiser furtif et maladroit sur sa joue, aussi précipité que bizarre, avant de tourner les talons de nouveau et retrouver sa voiture. La culpabilité d’abandonner Jake aussi brutalement continua de le distraire sur la route, mais rapidement, la priorité redevint son frère, et son frère uniquement.

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