sweet dreams are made of this
Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath

Le cri a retenti alors que j’étais sur l’estrade avec Amos, mains dans la mains, souriants avec nos couronnes sur la tête. Après des années à régner grâce à mon style, ma main de fer et, je dois l’avouer, quelques coups bats contre tous ceux qui menaçaient de devenir plus populaires que moi, je suis reine du bal de la promo au bras de mon petit ami.

Sauf qu’il y a eu le cri. L’annonce de la mort de cette idiote de Brittany Snow (l’avoir enfermée dans son casier l’an dernier ne signifie pas pour autant que je me réjouis de son sort) et puis, l’apocalypse. Tout le monde a rapidement compris que le lycée avait été verrouillé et que le tueur se trouvait parmi nous. Dans l’agitation, j’ai été séparée de mon cavalier et me voilà condamnée à errer telle une roturière dans les couloirs de ce lycée que je m’apprêtais à quitter après ce coup d’éclat. Amos et moi nous étions entendus sur un point : trouver une arme alors, en attendant qu’il retrouve ma trace, j’ai bien l’intention de m’occuper l’esprit avec cette mission. Je n’avouerai à personne que je suis morte de trouille dans ma magnifique robe rose poudré. Dans ma course, je percute une forme et je hurle. « AAAAAAAAH ! » Je tombe à terre et en relevant les yeux vers l’identité de celui qui m’a percuté (et pas l’inverse, certainement pas), je me retrouve nez à nez avec ce saltimbanque de Léo Ivywreath. « Si tu dis à quelqu’un que j’ai hurlé, je te jure que tu rejoindra Brittany. » Je me redresse rapidement et j’époussette ma robe. Je déteste Léo depuis la neuvième, lorsqu’il a vidé un pot entier de peinture sur ma tête pour amuser la galerie. Depuis, je ne souhaite rien de moins que son annihilation et il est tellement bizarre à mes yeux qu’il pourrait aussi bien être le tueur. « Qu’est ce que tu regardes comme ça weirdo ? » Je ne suis pas aussi rassurée que j’essaye d’en avoir l’air, même s’il n’a pas l’air menaçant. « T’as pas de l’argile à aller sculpter en forme de pénis ? » Bon, sauf que s’il se tire, je serai seule et je n’en ai pas la moindre envie.

« AAAAAAAAH ! » Léo lâche un soupir étouffé alors qu'un macaron rose poudré s'écrase au sol. Ses yeux se posent sur son affreuse robe qui doit probablement sentir le nylon et le parfum de pétasse. La gamine qui s'est étalée sur le sol collant de coca, c'est Raelyn, la mioche blonde au prénom imprononçable qui n'a de cesse de se trouver sur la route de Léo depuis des années. Alors qu'elle se relève, le jeune homme esquisse un sourire mauvais. « Si tu dis à quelqu’un que j’ai hurlé, je te jure que tu rejoindra Brittany. » « Avec quoi tu vas m'attaquer ? Ta tulle ? Fais gaffe, c'est pas très solide ce truc. » Quoi qu'ils pourraient probablement pendre quelqu'un avec. Alors que le gymnase panique, Léo s'éclipse, bien décidé à se bouger avant que le fiasco ne commence.

Les couloirs sont encore déserts - bon, si on fait abstraction du macaron rose qui court sur deux pattes - et silencieux. L'ambiance plaît étrangement à Léo qui n'en pouvait de toute façon plus des cris de mauviettes des autres gamins. Ses amis avec lesquels il fumait à l'extérieur avant que les évènements ne jettent un froid sur la soirée ont dû rester dans le gymnase, avec les autres. « Qu’est ce que tu regardes comme ça weirdo ? » « Je cherche un moyen de te pendre avec ta robe. T'aimes le bleu ? » Oh il se souvient qu'elle déteste ça. Il s'en souvient puisque c'est précisément un pot de cette couleur qu'il lui avait versée sur la tête quelques années auparavant. « T’as pas de l’argile à aller sculpter en forme de pénis ? » « Si, ton mec m'a demandé de lui en faire un faux parce qu'il paraît que le sien est vraiment... minuscule. » Du petit doigt, Léo imite le gigotement d'un asticot.

Alors qu'il s'apprête à laisser Raelyn seule, un bruit glaçant se répercute sur les murs des couloirs. « On bouge. Je veux pas être là quand le connard qui a fait ça se pointera. » On ? Il n'y de "on" que lorsque cela arrange Léo. Il n'est pas un solitaire, mais il n'a pas l'habitude de partager les bons moments avec des gens qui ne compte pas. Et toute la population de ce lycée ne compte pas, quand on n'a que des A+ et qu'on se sait aspiré à faire des grandes choses. Lorsque les lumières des couloirs s'éteignent, Léo braque ses yeux dans ceux de sa comparse. Son ton se fait plus bas. « On. Bouge. » Et il est temps de se tirer de là.

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Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath

« Avec quoi tu vas m’attaquer ? Ta tulle ? Fais gaffe, c’est pas très solide ce truc. » - « Ce sera amplement suffisant pour t’étrangler ou te pendre au clocher du lycée, mauviette. » Chez Léo, ce n’est pas le tour de son poignet qu’on peut faire avec les doigts d’une seule main, mais également de son avant-bras et de son avant bras. Faut croire que la poterie muscle pas assez et la branlette pas du tout, malgré les légendes urbaines. Weirdo est toujours aussi bizarre, mais il a l’air aussi désorienté que le reste d’entre nous et je crois donc pouvoir affirmer qu’il n’a pas l’air d’y être pour quoi que ce soit dans ce massacre. « Je cherche un moyen de te pendre avec ta robe. T’aimes le bleu ? » - « Va te faire foutre weirdo. » Comme ponctuation, je lui offre un majeur levé droit dans sa direction. Moi au moins, j’ai ma couronne et, bientôt, les portes des universités les plus réputées qui s’ouvriront, j’en suis persuadée. Et lui, il a quoi au juste à part un badge de meilleur potier de son quartier ?

« Si, ton mec m’a demandé de lui en faire un faux parce qu’il paraît que le sien est vraiment… Minuscule. » Je lève les yeux au ciel en poussant un soupir agacé. Dire haut et fort le contraire, c’est avouer que mon vœu de chasteté est loin derrière moi depuis un moment, et en temps que mondaine bien élevée, je n’ai pas envie que ça arrive. Lui dire que je n’en sais rien, c’est confirmer d’une certaine façon ces conneries. Alors je fais celle que cela n’atteint pas et qui est bien trop mature pour ne pas répondre à cette attaque gratuite et infondée : Amos est l’homme parfait et weirdo est simplement jaloux.

« On bouge. Je veux pas être là quand le connard qui a fait ça se pointera. » - « Qu’est ce qui me dit que c’est pas trop le connard qui a fait ça ? » Je ne le crois pas vraiment et j’ai au fond déjà décidé de le suivre, au moins jusqu’à ce que je retrouve mon petit ami qui lui saura gérer la situation. Je lui prépare un autre tacle puéril lorsque le couloir est plongé dans le noir et que des cris retentissent. Quelqu’un hurle qu’il y a une seconde victime et je me retourne vers Ivywreath. « On bouge. » Il n’a pas besoin de le dire deux fois, deux morts en moins de dix minutes, je n’ai pas envie d’être attrapée par le cinglé qui fait ça. Il court plus vite que moi et connaît mieux les couloirs, aussi, pourtant, c’est moi qui désigne la salle de chimie qui semble vide. « Par là. » Nous nous y engouffrons et je me dirige vers le bureau du professeur. « Aide moi à le bouger contre la porte. » On ne pourra pas rester barricadés longtemps, mais il nous faut le temps d'échafauder un plan.
 

« Qu’est ce qui me dit que c’est pas toi le connard qui a fait ça ? » S'il avait eu de quoi boire, Léo se serait probablement noyé. C'est avec l'air qu'il manque pourtant de s'étouffer, riant un bon coup avant de se souvenir que le tueur rôde toujours. « C'est pas moi, sois pas bête. Ton mec par contre, il est où ? » Ce n'est pas Amos et Léo le sait. Après tout, s'il a laissé Charlie juste pour quelques minutes, ce n'est que pour pouvoir mieux s'en débarrasser mais bien pour pouvoir être sûr de maîtriser la situation. Ce salaud est là, quelque part. Il ne tardera pas à se manifester.

« Par là. » C'est la salle de chimie qu'elle désigne, le pire cauchemar de Léo. « Et Charlie ? Il faudra qu'on la retrouve, je l'ai laissée seule. » Il faut dire qu'il s'y est peut-être un peu attaché après la recherche des armes et toute la galère qu'ils ont traversée avec Brutus et ses petits copains. Elle doit l'attendre dans le couloir qui mène aux vestiaires, en espérant qu'elle ne soit pas déjà morte tuée par ce connard au long couteau. D'un mouvement, Léo s'engouffre dans la salle de chimie. Elle est absolument déserte et c'est tant mieux. Tiens, peut-être Raelyn et lui pourraient-ils fabriquer des bombes pour les balancer aux yeux des tueurs ? « Aide moi à le bouger contre la porte. » Sans protester, Léo aide sa comparse à coincer le bureau du professeur contre la porte. Soudain, une idée de génie lui monte au cerveau - il était temps.

« Bon. On va l'attirer ici, y'a des tas d'endroits où se cacher. » Léo parcoure la salle d'un regard. Armé de son pistolet à clous, il désigne la robe de Raelyn. « Si on arrive à coincer un seau au dessus de la porte, on peut le faire tomber sur le tueur. J'ai un pistolet à clous pour ça et toi t'as ta robe. On la déchire, on attache le seau au mur, quand il ouvre la porte tout lui tombe dessus. » Pour ce qui est de préparer un mauvais coup, le jeune homme en connaît un rayon. « Quand il sera occupé à se défaire de ce qu'on va mettre dans le seau, on l'enferme ici. » Il y a des tas de composants chimiques dans cette salle. Ils devraient pouvoir s'en sortir. « T'es forte en chimie ? » Parce que Léo, lui, n'y connaît absolument rien.

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« C'est pas moi, sois pas bête. Ton mec par contre, il est où ? »  
« Amos a plus de courage dans son petit doigt que toi dans… Ce qui te sert de corps. »

Et Amos est si droit que, parfois, j’aimerais qu’il le soit moins. Comme par exemple lorsqu’il a été question de perdre ma virginité, j’ai dû le tanner pendant des mois avant qu’il accepte parce que il n’était pas certaine que je sois prête et qu’il voulait être sûr que je ne le regretterais pas. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que jamais il n’aurait tué quelqu’un en lui plantant un couteau dans le dos. « Et Charlie ? Il faudra qu'on la retrouve, je l'ai laissée seule. » - « T’es vraiment le pire petit ami de l’année. Dommage qu’ils donnent pas de couronne pour ça. » La mienne brille encore sur ma tête et tant pis si elle me rend reconnaissable im-po-ssi-ble que je m’en débarrasse, je l’ai gagnée, elle est à moi.

On se chamaille, mais on trouve au moins un bureau ou s’enfermer pour pas rester à découvert dans les couloirs. « Bon. On va l'attirer ici, y'a des tas d'endroits où se cacher. Si on arrive à coincer un seau au dessus de la porte, on peut le faire tomber sur le tueur. J'ai un pistolet à clous pour ça et toi t'as ta robe. On la déchire, on attache le seau au mur, quand il ouvre la porte tout lui tombe dessus. » - « Déchirer ma robe ? » Je l’observe avec des yeux horrifiés, comme s’il m’avait demandé de rendre ma couronne ou de manger des insectes. « On déchire pas ma robe. C’est de la haute couture. » Mais je ne vois aucune blouse, et je vais bien être obligée de céder.

Notre père, donnez moi la force.

Je pleure presque de vraies larmes alors que j’attrape un ciseau pour découper le bas du tulle rose de ma merveille. « Quand il sera occupé à se défaire de ce qu'on va mettre dans le seau, on l'enferme ici. » Et il compte mettre quoi dans le seau ? « T'es forte en chimie ? » - « La chimie ? Tu m’as prise pour quoi ? Jordana ? » Cette espèce d’intello avec ses lunettes rondes ridicules. « On a qu’à trouver de l’huile ou un truc bien visqueux. Ça fera aussi bien l’affaire. » Dans le meilleur des cas, le tueur glissera sur le carrelage. « Mais comment on l’attire jusqu’ici ? Il peut être n’importe où dans le lycée. »
 

« T’es vraiment le pire petit ami de l’année. Dommage qu’ils donnent pas de couronne pour ça. » « C'est pas ma copine. » Non, ça ne l'est pas. Elle est très gentille. Très jolie aussi. Très intelligente. Et puis, elle est ce qui se rapproche le plus d'une amie, pour Léo. Bon d'accord, peut-être qu'il l'apprécie plus qu'il ne veut se l'avouer. Peut-être que si cette soirée finit bien... Elle pourrait peut-être bien finir, d'ailleurs, puisque les deux jeunes gens finissent enfin par trouver un endroit où se cacher l'espace d'un instant. Ici au moins, il peuvent préparer un plan. « Déchirer ma robe ? » Oui, déchirer sa robe. Mais vu le regard qu'elle lui lance, Léo sait d'avance que sa demande est peine perdue. « On déchire pas ma robe. C’est de la haute couture. » « Roh arrête, tu l'as achetée chez Tati, comme tout le monde. » Et oui, Tati est présent aussi en Australie, c'est fou ce qu'on peut faire faire à des vêtements pas chers et surtout à des vêtements de soirée.

Fort heureusement, Raelyn finit enfin par consentir à l'effort de guerre. D'une main, Léo enroule la tulle autour de son poignet et en fait une bobine plutôt régulière. Pendant ce temps, ils peuvent discuter de ce qu'ils mettront dans le seau qu'ils verseront sur ce connard sociopathe. « La chimie ? Tu m’as prise pour quoi ? Jordana ? » « T'es si nulle que ça en chimie ? » Merde, ils sont deux idiots dans une salle de classe et ils ne peuvent pas en exploiter le potentiel. « On a qu’à trouver de l’huile ou un truc bien visqueux. Ça fera aussi bien l’affaire. » De l'huile, ça c'est une idée parfaite pour qu'il se casse la figure. Léo opine du chef et attrape une chaise ainsi qu'un baquet. Grâce à la tulle, il fixe le tout au dessus de la porte. Le seau se déversera ainsi sur le prochain qui aura le malheur d'entrer dans la pièce. « Mais comment on l’attire jusqu’ici ? Il peut être n’importe où dans le lycée. » « Pour ça, fais moi confiance. »

L'huile a été versée au sol et dans le baquet, Léo a placé de l'acide, trouvé dans une vitrine cadenassé du placard du fond de la classe. Ces contenants là sont hermétiques, ils ne se videront pas avant que quelqu'un ne pousse la porte. Raelyn et Léo attendent à côté de cette dernière, planqué avec de quoi assommer le tueur entre les mains. Devant eux, un amoncellement de verreries prête à être éclatée sur le sol et qui attirera le tueur en un rien de temps. Le temps qu'il se rende compte de quoi que ce soit, il aura le dos dans le verre et la tête couverte d'acide. Pourquoi Léo n'y a-t-il pas pensé avant ? C'est le plan idéal pour se débarrasser du directeur. Une prochaine fois peut-être ? « T'es prête ? A trois: un, deux... » Trois.

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Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath

« C'est pas ma copine. » Je lève un sourcil et tant pis si nous sommes dans le noir et qu’il ne peut pas le voir. Même moi j’ai vu comment il regarde la rousse trop calme et trop sage qui a de bonnes notes mais ne se fait pas remarquer, jamais. « Si tu te fais du souci pour elle, c'est ta copine. » Je hausse les épaules parce que, pour moi, les choses sont aussi simples que ça. « Je me fais du souci que pour mon copain. Enfin je m’en ferais si c’était pas le gars le plus fort du lycée. » Et, puisque je fonctionne comme ça et qu’il n’y a que mon avis et ma vision du monde qui comptent, c’est le cas pour tout le monde. A + B, c’est aussi simple que ça. En plus, je suis sûre qu’il rougit, même si je ne peux toujours pas le voir à cause du noir.

Qu’il m’ait versé de la peinture dessus lorsque nous étions encore des enfants, ça passe encore. Mais qu’il veuille découper ma robe haute couture que mon ambassadeur de père, ça c’est non. « Roh arrête, tu l'as achetée chez Tati, comme tout le monde. » - « Tu m’as prise pour la plèbe ? C’est mon père qui me l’a ramenée d’Italie. » Puisqu’il travaille à l’ambassade là-bas. J’emploie le qualificatif de mon personnel comme une réponse absolue, comme la petite crâneuse que je suis absolument grâce à mes parents riches et auréolés de gloire et de succès. « Mais t’as raison, il m’en ramènera plein d’autres de toute façon. » Alors que lui est condamné à porter ces chemises immondes, dont j’ai du mal à déterminer la provenance : rayon homme ou femme ? Je lève les yeux au ciel, comme pour prouver que j’ai de l’argent et que, donc, j’obtiens tout ce que je veux.

« T'es si nulle que ça en chimie ? » - « Y’a pas besoin d’être douée en chimie pour travailler dans la mode. » C’est mon rêve de petite fille, ma mère est mannequin mais, moi, je rêve de devenir une grande créatrice dont les vêtements seront portés lors des fashion weeks européennes. Je suis peut être nulle en chimie mais moi, au moins, je suis douée en plan B. « Pour ça, fais moi confiance. » Il attirera le tueur, et je m’occue de trouver le plus de liquides collants, visqueux et dégoulinants possibles. « Tu vas mettre un système avec un genre de retardateur ? » Comme sur les appareils photo ?

Le plan est en marche. Tout est installé et Léo donne le signal. « T'es prête ? A trois: un, deux... » Voilà qu’on brise tous les récipients en verre et en cristal qu’on a trouvé. Grâce à ce vacarme le tueur va se ramener, je dois admettre que c’est une idée brillante. Et lorsque la porte s'ouvre, je hurle en l’entendant s’effondrer dans les bouts de verre brisé, les cheveux dégoulinant de la mixture étrange que nous avons concoctée. « Vite ! » Il faut l’enfermer ! Ou le ligoter, je ne me souviens plus tout à fait du plan, à cause de l'adrénaline.

« Y’a pas besoin d’être douée en chimie pour travailler dans la mode. » Alors, c'est ça son rêve. Bon au moins, elle ne veut pas travailler dans un bureau ou être chanteuse comme toutes les pimbêches qui peuplent ce lycée. C'est drôle, Léo était persuadé qu'elle faisait partie de ces gamines qui veulent à tout prix reprendre le cabinet de papa sans savoir que ce n'est pas possible... juste à cause de ce qu'elles ont entre les jambes. Ou plutôt, à cause de ce qui leur manque entre les jambes. Léo, lui, sera un artiste controversé de génie. Il espère être arrêté pour ses œuvres, peindre sur les plus grands monuments et profaner les monuments religieux, faire s'évanouir les évêques et toutes les saintes du monde entier. L'art, il ne respecte que cela. L'art et les coureurs. « Tu vas mettre un système avec un genre de retardateur ? » L'intéressé secoue la tête en sautant de la chaise sur laquelle il se trouvait pour mettre à bien son piège. « Non, il suffira de pousser la porte. Tu vas voir. »

Lorsque tout est en place, il est temps de se lancer. Si le baquet ne se verse pas, alors ils seront fini. Il faudra au moins que le tueur glisse sur l'huile et s'éclate le crâne dans le verre pour que Léo et Raelyn espèrent s'enfuir. Que dira Charlie lorsque Léo lui annoncera qu'il a réussi à mettre le tueur hors d'état de nuire ? Elle sera impressionnée, c'est sûr.

Et fort heureusement, le plan fonctionne. Comme prévu, après le bruit des éclats de verre, le tueur entre dans la salle. Il rôdait dans le coin, c'est certain. Les deux jeunes gens ne voient pas son visage mais ils n'ont de toute façon pas le luxe de se montrer curieux. Sur la tête du tueur, l'acide se déverse. Il brûle le masque et le chapeau sous lesquels le fou s'était caché, arrachant à ce dernier un cri effroyable. Juste après, le tueur glisse et s'affale dans le verre. « Vite ! » Raelyn bondit de la planque et Léo fait de même, atterrissant sur les vertèbres du type affalé par terre. Lorsqu'ils sont enfin hors de la salle, Léo pousse le petit meuble portant le nom de "échange de livres" devant la porte. Voilà qui retiendra le tueur au moins quelques minutes... s'il parvient à se relever après ce qui vient de s'abattre sur sa tête. « On se casse ! » Et il n'en faut pas plus à Léo pour exécuter cette action, non pas pour fuir vers la sortie mais pour aller retrouver Charlie.

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Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath

« Non, il suffira de pousser la porte. Tu vas voir. »  J’ai encore du mal à être certaine que notre plan va marcher mais, au moins, nous en avons un, pas comme tous ces pleutres qui se planquent dans des salles de classe en attendant que quelqu’un de plus courageux vienne leur sauver la vie. Et ça marche. En tout cas, pour la première partie du plan. Le tueur est bien attiré par le vacarme que nous faisons, mais si la suite capote, ce sera pire que de n’avoir rien fait : on aura réussi à se faire tuer.

Je me demande comment va Amos et s’il se fait du souci pour moi. Bien sûr qu’il se fait du souci pour moi, je suis sûre que, comme moi, il s’imagine déjà fiancé à moi dès la fin de lycée, il nous voit aller dans la même université pour suivre, de mon côté des cours de mode et, lui, des cours de commerce, ou du droit. Il nous voit certainement organiser un beau mariage dès là fin de nos études et accueillir notre premier enfant dès que nous aurons acheté une magnifique maison en bord de mer. Mon futur est tout tracé, mes plans sont immuables mais tout ça ne pourra basculer dans la réalité que si je survis à cette rencontre avec un fou aux pulsions meurtrières et je suis sérieusement en train de remettre en question la santé mentale du partenaire dont j’ai hérité par la force des choses.

Le voleur pousse la porte et le seau d’huile et d’acide bascule pour se renverser pile sur lui. Il hurle, il tombe et on entend un bruit sinistre de verre brisé, mais je ne prends pas le temps de tenter d’apercevoir son visage. « On se casse ! » Léo s’élance le premier, il écrase le voleur en lui marchant dessus et moi, je le contourne en manquant de glisser sur le sol plein d’huile. Je me rattrape à la poignée de la porte in extremis, avant de partir en courant. Je perds Léo de vue mais, de toute façon, maintenant que le tueur est maîtrisé, c’est Amos que je veux retrouver. Je crie son nom dans les couloirs, je frappe à toutes les portes en hurlant que le tueur est maîtrisé - si je peux au passage être retenue comme l’héroïne de la soirée, c’est un plus non négligeable - avant de tomber sur Amos qui était en train d’organiser une expédition pour ouvrir les portes du lycée par la force. Je lui tombe dans les bras, soulagée de sentir ses mains dans mon dos et son souffle dans ma nuque.