Lena était belle ; éblouissante, même. Elle avait passé des heures à se préparer pour ce bal tant attendu, à se maquiller et se gaufrer les cheveux. Si l'on savait Lena ambitieuse sur son avenir, dans ses études et sur tous les aspects de sa vie, elle s'entêtait à répéter depuis des semaines à qui voulait bien l'entendre qu'être élue reine du bal n'était pas si important que ça. Fausse modeste, elle était en réalité convaincue d'être élue et n'imaginait pas une seconde avoir besoin de faire la promotion de sa candidature à ce poste. Mais elle qui s'était attendue à entendre son nom pour qu'on l'appelle sur scène - et qui, avouons le, avait déjà préparé un discours aux petits oignons pour émouvoir toute la foule - s'était retrouvée bien bête lorsque c'est une autre qui fût appelée. Assister au couronnement de Brittany fut un coup dur pour la blonde. Comment l'une des cheerladers les plus populaires du lycée avait pu passer au second plan face à une simple membre du club de musique ? Elle était effondrée. Garder le sourire n'était plus possible, même si elle faisait l'effort de garder la tête haute. C'était important pour elle de ne pas se montrer trop déçue. Non, il ne fallait pas craquer devant tout ses camarades, ou le souvenir qu'elle laisserait d'elle dans leurs mémoires serait d'être "la ratée sur la seconde place du podium", ce qu'elle refusait d'être. Mieux valait il faire comme si elle s'attendait à ce résultat, comme si elle n'aurait rien pu faire de plus. Il fallait à Lena une raison d'avoir échoué, quelqu'un sur qui faire porter toute la faute de son échec. Dommage pour Sergio, il ne fallait pas bien longtemps pour que les yeux clairs de la jeune femme croisent les siens, et pour qu'en une fraction de seconde elle le désigne comme le coupable idéal. Urghhh, je le savais. J'aurais dû venir avec Stephen comme les filles me l'avaient dit ! Elle avait pourtant fait le choix de venir avec lui, son copain du moment. Et si sa décision paraissait logique aux yeux de beaucoup, son équipe de pom pom girls l'avaient prévenue du dénouement que la soirée aurait si elle s'évertuait à se montrer avec un garçon moins populaire qu'elle. Laisse moi, j'ai pas envie de parler ! En colère contre le monde entier, elle quittait d'un pas rapide la foule agglutinée devant l'estrade en quête d'un peu d'air pour reprendre ses esprits. Mais si elle ne s'attendait pas à ce résultat, Lena ne s'était pas attendue non plus à la vague de panique qui vint prendre les lycéens d'assaut après qu'un cri strident ait raisonné dans tous les couloirs et que les murmures de l'assemblée laissaient penser qu'il y avait eu un meurtre dans les murs de l'école.

Le bal de fin d’années. L’événement qui était sur toutes les lèvres depuis des semaines, qui agitait les cerveaux pour savoir qui inviter, comment s’habiller, quels seraient les plans de la soirée. A ses bras, Lena était magnifique. Pomponnée jusqu’au bout des ongles, maquillée dans les détails, pas un cheveu qui dépasse, une robe qui laisse deviner ses courbes. Ah ça, ça avait attiré l’attention de Sergio qui lui, au contraire, se sentait comme un pingouin avec son pantalon patte d’eph et sa chemise blanche. Mais sa petite-amie était devenue subitement moins intéressante quand elle avait commencé à tirer la tronche après l’annonce du roi et de la reine du bal. Il la connaissait assez pour voir qu’elle était piquée au vif, vexée comme un pou, et prête à accuser le monde entier pour cette injustice. Avec dépit, il observa le verre de punch sans alcool. Il n’avait pas pensé à prendre de quoi s’amuser un peu plus, à a grande déception. « Tes copines sont des cruches. Allez Lena, c’est pas si grave… » Il tenta de passer le bras autour de la taille de la blonde, mais elle s’échappa dans de grands élans dramatiques. Il la regarda donc fendre la foule et disparaître, blasé.

Puis, il entendit les cris. Au fond du gymnase, il vit cette fille débarquer en larmes, les mains pleines de sang. Bientôt suivie par un appel à l’aide apeuré plus loin. De quoi agiter les lycéens et créer un violent mouvement de panique. Par réflexe, tous se ruèrent vers la porte incendie du gymnase. Fermée. Et de nouveaux cris dehors. Ce fut assez pour réveiller un instinct de survie chez le mexicain qui se précipita vers Lena pour l’attraper par le bras et l’entraîner avec lui dans le couloir. « J’sais pas ce qu’il se passe, je veux pas savoir, on doit se barrer ! » Il maugrée en se mettant à courir jusqu’au couloir principal pour rallier la sortie. « Quelle idée tu as eu de mettre des talons… » Elle est lente et il doit résister à l’envie de la foutre sur son épaule ou de partir sans elle. Ils ne sont pas seuls dans les couloirs, ressemblent à des lapins affolés. Et vu que tous n’ont pas des talons, certains arrivent avant eux jusqu’à la porte principale du lycée. Bouclée, elle aussi. Le corps ensanglanté étalé en plein milieu du hall prouve que ce n’est pas une blague, commence à faire naître une sourde panique en lui. « Il doit bien y avoir les clés quelque part… » Il se frotte le visage, repasse en vitesse ses années lycée dans son esprit. « Le bureau du proviseur. Il garde tout ce pingre, il a forcément les clés. Allez dépêche toi ! » Il reprend sa main, la tire dans la bonne direction. Tout plutôt que de réaliser qu’il y avait littéralement un élève mort à quelques mètres d’eux, qui n’était probablement pas le premier mort de la soirée.

Une couronne qu'elle n'aura jamais et une dispute en perspective : là n'était pas la façon dont le bal de fin d'année devait se dérouler. Tes copines sont des cruches. Allez Lena, c’est pas si grave… La soirée allait se terminer de la pire des façons : sur un échec. En y réfléchissant, après avoir appris qu'il y avait eu un meurtre, ne pas avoir obtenu la couronne était peut-être un peu moins catastrophique que ce qu'elle n'avait pu penser. La blonde s'effrayait en sentant une main attraper son bras mais elle se tournait pour découvrir que Sergio s'était enfin décidé à la suivre. Et si sa fuite était théâtrale, elle aurait préféré qu'il le décide avant qu'une fille ensanglantée ne pénètre dans le gymnase en criant - c'était tout le paradoxe qui faisait d'elle qui elle était. J’sais pas ce qu’il se passe, je veux pas savoir, on doit se barrer ! Toujours en colère contre lui, Lena le suivait pourtant dans sa course effrénée. Attend moi ! N'essayait-elle pas de le fuir quelques minutes auparavant ? Bien sûr que si, elle ne dirait pas le contraire. Mais le retournement de situation qui venait de se dérouler sous leurs yeux était suffisamment dramatique pour que Lena ne réveille son instinct de survie et qu'elle préfère rester auprès de Sergio. Quelle idée tu as eu de mettre des talons… Elle levait les yeux au ciel, agacée qu'il ne trouve des reproches à lui faire dans de telles circonstances. Oh ça va, je suis pas si lente que ça. Et puis mes talons te plaisaient, jusque ici, je te rappelle. Qu'elle répondait, piquante. Il doit bien y avoir les clés quelque part… Elle se mit à réfléchir, mais ne comprenait pas vraiment comment ils pourraient s'échapper d'ici. Toutes les issues étaient fermées d'après ce qu'elle avait entendu dans le brouhaha de la foule. Les clés du lycée ? Tu veux trouver ça où ? Ce n'était pas quelque chose de très commun, et Lena aurait été étonnée que quelqu'un qui les possède ose les laisser traîner. Le bureau du proviseur. Il garde tout ce pingre, il a forcément les clés. Allez dépêche toi ! L'idée n'était pas si mauvaise que ça mais Lena n'y croyait pas. Tu crois vraiment qu'on peut sortir ? Il ne vaudrait pas mieux se cacher quelque part ? A nouveau et sans crier gare, il attrapait la main de la blonde et elle se laissait faire, lui courant après aussi vite que possible. Ralentis Sergio, on y voit rien et à courir tête baissée on risque de se faire mal. En trébuchant sur un corps, en tombant sur un psychopathe au détour d'un couloir, ou en se tordant une cheville. Oui, bon, ces talons n'étaient peut-être pas si géniaux que ça finalement.

Des lycéens venaient d’être assassinés, les issues étaient visiblement intentionnellement fermées, ils devaient plus que jamais faire profil bas, et il se retrouvait coincé avec Lena en train de geindre, avec ses talons qui résonnaient bien trop fort dans les couloirs.  « Quand le seul problème c’était que tu m’écrasais les pieds durant le slow, je voulais bien me taire mais là… » Il grommelle, aimerait plutôt lui dire de se taire. Ils ne devaient pas se faire remarquer et il avait l’impression que la voix aigue de la blonde aidait à tout sauf à ça. Elle l’empêchait même de réfléchir. Il pouvait se targuer de connaître le lycée comme sa poche, d’en connaître chaque couloir. Mais généralement quand il se barrait en douce, c’était qu’il y avait au moins une porte ouverte. Ici, ça devenait franchement plus compliqué. Ils ne pouvaient que deviner parce que bien évidemment, les petits secrets du genre la localisation des clés, ça il n’en avait aucune foutue idée. « Je vais pas me planquer en attendant qu’un fou furieux vienne me tuer, et puis quoi encore. » Ils n’avaient aucune idée de qui c’était, d’où il était. S’ils voulaient survivre, essayer de quitter le lycée était encore leur meilleure chance. Il se remit à courir dans la direction du bureau qui heureusement était à cet étage et encore une fois, Lena râlait. « Tu sais quoi ? » Il grogne en se figeant sur place, fait ce qu’il aurait pu faire depuis le début. Il l’attrape par les hanches, la balance sur son épaule et se remet en route, ralenti mais toujours plus rapide que Miss Princesse ici présente. Il pourrait toujours la lâcher si le tueur arrivait… Bien que cette idée lui fit ressentir un sentiment de honte, le temps d’un instant. « On y est presque. » Il souffle, le cœur battant. Chaque virage, chaque couloir sombre, chaque minuscule bruit lui fait plus peur qu’il ne voudrait l’admettre. « J’arrive pas à croire qu’on en soit là. » Mais enfin, sans trop d’encombres, ils arrivent devant la porte du proviseur. Il pose la blonde sur le bureau de la secrétaire, se rue sur la porte. Verrouillée, évidemment. « Fouille le bureau de la vieille pie, voir si tu trouves quelque chose. Je m’occupe de cette porte. » Le bois ne peut pas être si épais. Qui plus est, il est dans l’équipe de football américain. Il peut la forcer. Quelques pas, et le mexicain tente de l’enfoncer, épaule en devant.

Quand le seul problème c’était que tu m’écrasais les pieds durant le slow, je voulais bien me taire mais là… Lena soupirait. Sergio était insupportable. Elle lui aurait bien essayé de lui mettre une baffe en plein visage si la situation n'était pas aussi critique et que leurs esprits n'étaient pas si occupés. Si t'avais un minimum le sens du rythme aussi... Qu'elle ne pouvait s'empêcher de rétorquer pour lui rappeler que d'eux deux, c'était lui le fautif de tout - oui, de tout, elle l'avait décidé. S'ils se faisaient tuer, d'ailleurs, ce serait de sa faute aussi : elle aurait eu raison en voulant se cacher avec un petit groupe d'élèves plutôt que de partir ainsi à l'aventure sans savoir où ils allaient. Je vais pas me planquer en attendant qu’un fou furieux vienne me tuer, et puis quoi encore. Elle le suivait, non sans râler juste derrière lui. Bien, allons nous faire tuer au détour d'un couloir alors ! Ce qui visiblement ne plu pas à Sergio. Tu sais quoi ? Elle le sentait l'attraper par la taille. N.. non ! Puis se retrouvait en une fraction de seconde calée sur son épaule. Sergio pose moi ! Lena essayait de se débattre mais abandonnait rapidement sous la poigne de son cavalier. On y est presque. Elle se sentait ridicule perchée ainsi sur l'épaule de Sergio, et soufflait, rassurée, alors qu'il la posait enfin devant la porte du bureau du proviseur. J’arrive pas à croire qu’on en soit là. Elle non plus n'y croyait pas. Fouille le bureau de la vieille pie, voir si tu trouves quelque chose. Je m’occupe de cette porte. Elle n'eut pas le temps de se mettre à chercher que Sergio vint s'écraser contre la porte du directeur, la faisant tomber dans un gros fracas. Et tu râles parce que je fais du bruit avec mes talons ? T'as entendu le boucan que tu viens de faire, là ? Elle se mit à ouvrir les tiroir du bureau de la secrétaire. Sérieux, un tire bouchon ? C'est donc pas une légende qu'elle soit alcoolique. Elle le prit quand même dans sa pochette, au cas où : le bout pouvait être perçant. Merde, y'a rien d'intéressant, mais il nous faudrait des armes pour nous défendre. Quelque chose de ton côté ? Elle semblait convaincue d'en avoir la force, et c'était l'essentiel, non ?

La situation était en train de tourner au vinaigre entre eux, à croire que le danger était en train de faire ressortir le pire dans leurs caractères. Ce n’était même pas comme s’ils étaient fous amoureux ou quoique ce soit. Elle était canon, populaire, il était le bad boy de l’équipe de football. Ils ne faisaient que perpétuer une tradition de clichés. Et au quotidien, c’était drôle. Elle était agréable à embrasser et à tripoter. Mais il ne mourrait pas pour elle, c’était sûr et certain. « Arrête de faire du bruit. » Il maugréa durant tout le trajet. Il était en train de l’aider là, pas de la kidnapper. Il leur faisait gagner du temps et pour l’instant, c’était tout ce qui l’intéressait. Il voulait partir d’ici avant de tomber sur un autre cadavre. Le bureau du proviseur était une idée tellement évidente qu’il ne serait pas étonné si d’autres élèves rappliquaient, d’où l’intérêt de se bouger. Autant dire que le mexicain venait de leur rendre un fier service en enfonçant cette porte. Surtout que celle-ci ne se contenta pas de s’ouvrir, non. Son coup d’épaules fit totalement sauter les gonds, le faisant se retrouver à terre, allongé sur la porte explosée. Un exploit qui lui valut un large sourire fier. « D’où l’intérêt de se bouger. » Un lycéen sensé ne viendrait pas voir ce qu’il venait de se passer. Un tueur, en revanche…
Le bureau, comme le reste du bâtiment, était plongé dans une sacrée pénombre, forçant Sergio à tâtonner tout ce qu’il pouvait trouver. Jusqu’à ce qu’il entendre un clic et qu’une douce lumière vienne les aider. Une lampe à lave à piles, visiblement. D’une laideur incroyable mais assortie à l’endroit. Cela ne valait pas une lampe torche mais ça pourrait faire l’affaire. « Regarde si elle a pas la bouteille qui va avec, on en aura besoin si on sort vivants d’ici. » lâche-t-il avec ironie. Lampe à lave en main, il fait le tour du bureau. Le tiroir des dossiers le titille, lui donne envie d’y jeter un œil. Mais ils n’ont pas ce temps-là. « J’crois que c’est ici qu’il garde les objets confisqués. Viens m’aider. » Il ouvre les placards, la bibliothèque, chaque tiroir qu’il peut trouver. « Allez, ça doit bien être quelque part… » Il cherche, jusqu’à tomber sur le seul placard fermé de la pièce. « C’est forcément celui-ci. » Une autre serrure à casser, bien évidemment. Il grogne en se relevant. Si seulement il savait crocheter une serrure. Mais ce n’était évidemment pas dans ses compétences. Lui, ce qui lui avait réussi jusqu’ici, c’était la force brute.
Sur le bureau traînait une statuette en bronze, massive, le genre qui prétendait certainement à donner une ambiance élégante à la pièce. Il pouvait s’en servir de marteau, et c’est ce qu’il fit, assenant un violent coup à la serrure une fois, deux fois, trois fois.

Win : La serrure finit par céder et laisser place au trésor.
Close : La serrure faiblit mais ne s’ouvrir pas. Il va falloir trouver une autre solution.
Fail : La serrure ne veut rien entendre. Par contre, quelqu’un dans le couloir a tout entendu et s’approche…

Arrête de faire du bruit. Sergio ne faisait que râler, augmentant secondes après secondes le dédain qu'avait Lena pour lui. Si la dispute qui avait failli éclater après l'annonce du score de l'élection aurait pu signer la fin de leur "couple", celle qui se dessinait dans cette catastrophe était encore pire et prouvait à quel point ils n'avaient rien à faire ensemble en réalité. D’où l’intérêt de se bouger. Et c'est ce qu'ils firent - du moins ce qu'il fit avec elle sur l'épaule. Heureusement ils arrivèrent bien vite devant la porte qui les intéressait et se mirent à fouiller chacun de leur côté. Lena ne trouvait rien de bien intéressant en dehors d'un tire bouchon. Regarde si elle a pas la bouteille qui va avec, on en aura besoin si on sort vivants d’ici. Mais il n'y avait rien de tel, malheureusement - un tesson de bouteille aurait pu être bien pratique. J’crois que c’est ici qu’il garde les objets confisqués. Viens m’aider. Elle s'empressait de le rejoindre pour chercher quel tiroir pouvait bien cacher un ou des objets utiles. Allez, ça doit bien être quelque part… C’est forcément celui-ci. D'un coup il vint casser la serrure et les portes du placard s'ouvraient. T'en as de la chance dis donc. L'étagère du haut était pleine d'objets en tout genre. Faut faire le plein d'armes pour se défendre ! Lena se mettait à fouiller pour trouver son bonheur. Quelque chose de tranchant, quelque chose de lourd, peu importe : il fallait pouvoir se défendre. Il faudrait trouver un sac pour tout emmener, y'a pleins de trucs intéressants là. Il était surprenant de voir tous les objets insolites qui avaient pu être amenés là. Un pic à glace, un pistolet à clous et un couteau suisse attiraient l'attention de la blonde, quand soudain..

Win : Lena trébuche sur le pied de Sergio, lui écrasant le pied au passage - ce qui a évidemment le don de l'agacer un peu plus.
So close : Lena fait tomber une boule de bowling (oui, oui, une boule de bowling) sur le pied de Sergio - là aussi, il s'énerve.
Fail : Il faut croire qu'ils ont fait trop de bruit puisque quelqu'un les a entendus et se dirige vers eux...

Ils avaient devant eux tout ce que le proviseur avait pu confisquer aux élèves sans qu’ils n’aient le temps de les récupérer. C’était pour le moins intéressant. Pas de quoi créer un arsenal, assez pour se poser des questions. Un pistolet à clous, sérieusement ? Bob le bricoleur était élève dans ce lycée ? « Tu saurais pas te servir de ça, mais si ça peut se faire plaisir. » Le concernant, il n’est pas séduit par les mêmes objets. La pince coupante est immédiatement adoptée, ainsi que les rollers qu’il balance sur son épaule avec un sourire goguenard. Il y a aussi d’énormes flacons avec des logos de tête de mort dessus qui attirent son attention. « Doit bien y avoir un sac qui traîne quelque part… » Il a à peine le temps de se redresser pour aviser le bureau du regard que sa copine lui enfonce cordialement le talon dans le pied, le faisant pousser un juron monumental. « Tu le fais exprès ou quoi ??? » Il peste en s’éloignant d’elle d’un pas et en agitant le pied pour faire passer la douleur. Un vrai danger public. Si le tueur ne mettait pas la main sur lui, ce serait elle qui allait finir par avoir sa peau. En grognant, il va s’installer sur le bureau du proviseur, se remet à ouvrir les tiroirs pour trouver quelque chose, n’importe quoi. Mais il n’y a rien de vraiment intéressant, des fournitures de bureau, des babioles en tout genre, un reste de bouteille de whisky qu’il pose sur le bureau avec un sourire. Le reste ne sont que des tas de dossiers en tout genre. « Au moins on a de quoi rester hydraté. » lâche-t-il avec ironie. D’ailleurs, il finit par déboucher la bouteille pour en avaler une grosse gorgée. Ça lui brûle la gorge, lui donne un coup de chaud, mais vu le contexte, ça fait plutôt du bien. La bouteille toujours en bain, il se relève, fait quelques pas dans la pièce pour poser son front contre la fenêtre, observer la pelouse du rez-de-chaussée. « C’est qu’un étage. Si on pétait la fenêtre on pourrait sortir par-là. Au pire on aurait une cheville cassée. » Ou les deux. Ou le bras. Mais le bureau du proviseur était loin d’être l’endroit le plus sécurisé maintenant que la porte était défoncée.

L'armoire qui s'ouvrait devant eux faisait office de caverne d'ali baba. Il n'y avait pourtant pas grand chose de très intéressant pour se défendre. Tu saurais pas te servir de ça, mais si ça peut se faire plaisir. Sergio n'était qu'un insupportable misogyne. Il n'avait pas tort sur le principe, Lena n'avait jamais usé d'un tel outil. Mais elle était capable d'apprendre rapidement. Tu peux parler, t'as jamais touché à un clou de ta vie non plus. Qu'elle rétorquait, agacée de devoir survivre avec quelqu'un qu'elle ne supportait plus. Comment avait-elle fait pour le supporter tout court, d'ailleurs ? Doit bien y avoir un sac qui traîne quelque part… Lena continuait ses recherches archéologiques parmi les objets confisqués et finit par marcher sur le pied de Sergio - à qui elle ne portait plus d'attention suite à sa remarque. Tu le fais exprès ou quoi ??? Elle reculait d'un pas brusquement. Oh, pardon ! C'est bon, t'es pas mort, y'a plus grave là ! Ses excuses ressemblaient plus à une critique supplémentaire qu'à des remords sincères. N'y avait-il donc plus rien à faire pour que, même dans un tel contexte, ces deux là réussissent à s'entendre ? Au moins on a de quoi rester hydraté. Et il se mit à boire dans une des bouteilles d'alcool à moitié vide qui se trouvait là depuis, visiblement, un bon moment déjà. La blonde s'empêcha de faire une remarque pour éviter d'envenimer encore la situation en nourrissant l'animosité qu'ils se portaient. C’est qu’un étage. Si on pétait la fenêtre on pourrait sortir par-là. Au pire on aurait une cheville cassée. Elle soupirait, cette fois incapable de se retenir. Vas-y, bourre toi la gueule et saute, j'attends de voir. Si les choses étaient si simples, de nombreux élèves auraient déjà tenté leur chance. Mais c'était trop risqué. Sérieusement Sergio, on devrait se réunir avec d'autres élèves et se cacher tous ensemble, on aurait plus de chances en groupe. Tu vois bien qu'on trouvera rien ici.

Il commençait à se dire que ce n’était pas ensemble qu’ils allaient survivre. Lena était lente, bruyante, maladroite. Elle puait la malchance, en plus d’être chiante. « Qu’est-ce que t’en sais ? » Il avait déjà bricolé avec son père, était sans doute bien plus manuelle que cette pimbêche aux ongles parfaitement manucurés. Il était presque certain que la boule de bowling lâchée sur son pied était une vengeance volontaire. Il n’y avait certes pas mort d’homme, mais une douleur sourde dans ses orteils, ça oui. « Tu veux que j’te retourne la politesse aussi, voir si tu meurs pas non plus ? » Il grommelle, désormais irrité au possible. Ils étaient en train de perdre leur temps ici, ils ne trouveraient rien de plus. Il n’y avait pas de clés, ils avaient pris ce qui pourrait servir d’arme, et la seule issue qu’il voyait été probablement trop dangereuse. Il prit pourtant quelques longues secondes à peser le pour et le contre, se demander quelle serait la hauteur de chute s’il se suspendait à la fenêtre avant. Il y avait probablement une autre option pour se barrer d’ici. Le lycée était grand, il n’y avait qu’un tueur. Il aurait qu’à courir vite. C’était une bonne chose qu’il connaisse chaque recoin de ce fichu lycée. « Se cacher avec d’autres élèves ? T’as vraiment envie que le tueur fasse un tir groupé ? C’est sans moi, Lena. » Dans le coin de la pièce, il trouve finalement un vieux sac à dos qu’il balance à la blonde. « Prends ce que tu veux et va-t-en. Je pense que ce sera mieux si on se sépare. » Lui récupère la bouteille, en prend une nouvelle gorgée. « On se voit lundi en algèbre ! » L’ironie est débordante. Ouais, ils se reverraient. S’ils survivaient. Et la concernant, il ne parierait pas sur elle.