On s'attendrait à ce qu'une des figures les plus populaires de l'équipe de football accorde une importance toute particulière à cette Prom Night, mais Rory la voyait surtout comme une fête gigantesque où danser et rire avec ses amis. Le punch avait l'air délicieux, tout le monde s'était mis sur son 31 et puis, qui ne voudrait pas danser sur des titres endiablés loin de la supervision de ses parents ? Les siens lui avaient rappelé l'importance de ce bal de promo et du choix de sa cavalière, mais Rory n'avait pas porté le sien sur l'une des cheerleaders avec qui il avait sympathisé entre deux matchs. S'il est vrai qu'elles étaient ravissantes et que plus d'un garçon serait fier d’apparaître à leur bras, ses yeux à lui ne voyaient que par Swann, un autre joueur de l'équipe de football à qui il n'avait pas eu besoin d'adresser plus de deux mots pour sentir une nuée de papillons s'éveiller dans son ventre. C'était il y a quelques semaines et depuis, Rory ne se défaisait jamais de son sourire amoureux et hébété lorsque le blond était tout près. Tout prétexte était bon pour passer du temps avec lui entre les cours et s'il avait fini par prendre son courage à deux mains pour lui avouer ce qu'il ressentait, Rory s'était surtout rendu compte qu'il était bien plus habile sur un terrain que pour faire des phrases quand il tentait de faire comprendre à Swann qu'il rendait ses journées au lycée plus belles. Il y était parvenu, pourtant, après moult tentatives qui n'avaient jamais entamé sa détermination à lui demander de sortir avec lui. Bien loin de là, et Rory jurerait qu'il avait vraiment eu l'intention de lui proposer d'être son cavalier pour le bal et que ce serait déjà chose faite s'il ne s'était pas une nouvelle fois emmêlé les pinceaux dans tout ce qu'il avait voulu lui dire. A défaut d'avoir su empêcher son regard de se perdre dans le sien une fois de plus, il avait sauvé les meubles en suggérant qu'ils pourraient se retrouver au bal et passer la soirée ensemble. Ce serait du pareil au même, et tant qu'il était avec Swann tout ne pouvait que bien se passer.

« Je me disais qu'on pourrait sortir tous les deux et se trouver un endroit plus... tranquille. » Il rougissait derrière son verre de punch, Rory, parce que c'était généralement ce moment du film où les deux protagonistes s'embrassaient sous la lumière de la lune sur le capot de la Cadillac Eldorado de leurs parents. Rory avait gagné le droit de conduire celle de son père en plus d'avoir obtenu la permission de minuit, et il n'y avait pas une seconde de ce temps qu'il n'avait pas l'intention de passer avec Swann. C'est donc ensemble qu'ils se dirigèrent vers la sortie du gymnase et non sans surprise qu'ils constatèrent que l'issue était condamnée. « C'est bizarre, c'est fermé. » Et au même instant, ce sont des cris qui retentirent de chaque coté du gymnase et des élèves en panique qui passèrent juste devant eux. D'abord incrédule, Rory prit le tout pour une mauvaise blague et interrogea Swann du regard sans même qu'aucun mot ne sorte de ses lèvres. Une blague, ça ne pouvait être que ça, après tout ils étaient là pour danser et faire la fête, qui pourrait bien vouloir gâcher des réjouissances que tout le lycée avait attendu pendant des mois ? « Je vais aller voir si on peut sortir par l'autre porte, reste ici. » Si son ton se voulait plus doux que réellement inquiet, ce fut bien différent quelques secondes plus tard lorsque le gymnase se retrouva brusquement plongé en pleine torpeur : la musique s'arrêta, les boules à facettes cessèrent de briller et même les sportifs les plus téméraires filèrent à toute hâte en direction de la sortie. L'autre porte, quant à elle, était bloquée elle aussi. La panique s'empara de la salle et c'est d'un pas beaucoup plus rapide que Rory retrouva Swann, sa main glissant instinctivement dans la sienne. « C'est fermé. Tout est fermé. J'ai entendu des élèves parler d'un meurtre et... Swann, ça a l'air sérieux. » Et son regard eut besoin de s'assurer qu'il allait bien. Meurtre ou pas, cette agitation commençait à le rendre nerveux. Il ne s'attendait pas à ça lorsque ses parents lui avaient dit que cette soirée pourrait tout changer pour lui – naïvement, il s'était imaginé qu'il inviterait Swann à danser avant de réussir à lui dire tout ce qui n'était encore sorti que bien maladroitement d'entre ses lèvres. Il s'était fait des milliers de films à propos de cette soirée, mais aucun n'incluait de plonger dans l'horreur après qu'une de leurs camarades ait été froidement tuée. « Je sais pas ce qui se passe exactement, mais je veux qu'on reste tous les deux. Si y'a vraiment un malade dans les couloirs, il faut... qu'on reste ensemble. » Lui voudrait rester toujours avec Swann, mais c'était d'autant plus vrai s'ils risquaient de se retrouver face à un tueur sanguinaire. « Je voulais te dire que t'es vraiment très beau ce soir. » Il sourit doucement mais se reprit après une seconde. « Comme... tous les jours, mais... encore plus ce soir. » Et promis, ça n'était pas des adieux mais juste une chose qu'il ne pouvait pas garder pour lui plus longtemps si cette histoire de meurtre devait être vraie. Son regard plongea timidement dans le sien, quelques secondes de trop peut être dans un contexte où chaque action pouvait leur coûter la vie. Son cœur battait fort dans sa poitrine mais ça n'était pas uniquement due à toute cette panique. Le tueur, Rory, le tueur.

Ginny et lui avaient eu besoin de longues minutes pour ajuster sa cravate mais une fois chose faite, Swann se sentait plus assuré que jamais. La soirée promettait d’être belle et amusante, certains de ses amis avaient prévus de ramener de l’alcool en douce et du haut de ses seize ans, cela avait l’air d’un acte incroyable. Mieux encore, il avait prévu de retrouver Rory et cette simple idée le rendait bien plus heureux encore que tout le reste, même le fait qu’ils aient gagné leur dernier match et soient en lice pour devenir champions du Queensland. C’était une bonne chose, mais pas la meilleure, surtout pas depuis qu’ils s’étaient tous deux maladroitement avoués leurs sentiments. Les choses vont à leur rythme mais il est la source de bon nombre de ses sourires, raison pour laquelle il cherche déjà le footballeur des yeux, à peine arrivé sur place. « Je me disais qu'on pourrait sortir tous les deux et se trouver un endroit plus... tranquille. » Ses doigts occupés à tourner autour du verre de punch, Swann fait de son mieux pour cacher un sourire timide, ne pouvant qu’imaginer ce à quoi pourrait ressembler leur soirée dans un endroit plus tranquille. Si la part romantique de lui a effectivement envie de profiter de la playlist pour danser avec Rory, la part de l’adolescence amoureuse ne rêve que de pouvoir l’embrasser. Quand bien même ce n’est pas ce qu’ils finiraient par faire, il serait tout simplement comblé à l’idée de pouvoir passer du temps en sa compagnie sans avoir à crier, musique trop fort oblige. “Bonne idée.” De toute façon, il apprécie bien plus l’air libre.

Sa silhouette se glisse derrière celle de son collègue pour qu’ils puissent rejoindre les portes sans se perdre de vue dans la foule - même s’il est certain de toujours pouvoir l’y retrouver. « C'est bizarre, c'est fermé. » Par réflexe, Swann tente à son tour d’ouvrir les portes, lesquelles lui donnent pourtant la même réponse : elles refusent de s’ouvrir. “J’ai l’impression que quelque chose les bloque.” Il y a un petit jeu qui le fait en venir à cette conclusion, sans qu’il ne puisse pour autant trouver de solution à leur problème. A partir de cet instant, les choses commencent déjà à devenir de plus en plus étranges et, surtout, effrayantes. Des cris se font entendre ; ils entendent de la terreur et non de la joie. Un groupe d’élèves en fuite ne fait que les rendre plus suspicieux encore, chacun jetant un regard à l’autre en espérant qu’il puisse expliquer toute cette situation. Swann n’est au courant de rien et Rory ne semble pas en savoir davantage. « Je vais aller voir si on peut sortir par l'autre porte, reste ici. » Il acquiesce, se tournant une fois de plus vers les portes fermées pour tenter d’en venir à bout d’une façon ou d’une autre. La méthode brutale ne fonctionne jamais mais il a besoin de se sentir utile ou d’au moins essayer de l’être. Pourtant, chaque nouvelle tentative se solde par un échec aussi cuisant que frustrant. Derrière lui, les musique s’éteignent et la fête s’arrête soudainement, de façon irrémédiable. Les amis se rejoignent en groupe et leurs murmures prennent forme de peur, allant de pair avec des yeux exorbités. Ceux de Swann tentent de retrouver le brun, chose normalement aisée puisqu’il dépasse chaque élève d’une tête. En cet instant et sans Rory sous ses yeux, il sent la peur l’envahir peu à peu à son tour, pour des raisons bien différentes que tous ses camarades : et s’il était arrivé quelque chose au brun ? Et s’il était la raison de ces cris terrorisés ?

Un long soupir de soulagement s’échappe d’entre ses lèvres lorsque Rory revient finalement. Swann précipite quelques pas en sa direction et laisse naturellement sa main glisser dans la sienne. Peu importe ce qui est en train de se passer, au moins ils sont ensemble. « C'est fermé. Tout est fermé. J'ai entendu des élèves parler d'un meurtre et... Swann, ça a l'air sérieux. » Il aurait voulu pouvoir lui dire que tout ceci n’était qu’une blague mais à l’évocation du mot ‘meurtre’, il revoit par la même occasion l’image d’une étudiante avec les mains pleines de sang. Les deux ne peuvent pas être des coïncidences. Ses doigts se referment autour de ceux du footballeur. “Je crois que c’est sérieux aussi. C’est pas une blague.” Une blague ne pourrait pas être aussi élaborée, pas aller aussi loin. Une blague n’aurait jamais éteint la lumière aussi longtemps, assez pour que ses yeux s’habituent à l’obscurité et puissent toujours dicerner les traits de Rory malgré le peu de lumière laissée par les rayons de lune. « Je sais pas ce qui se passe exactement, mais je veux qu'on reste tous les deux. Si y'a vraiment un malade dans les couloirs, il faut... qu'on reste ensemble. » Il ne peut que tomber d’accord avec ces paroles, préférant l’écouter et ne donner aucune attention à la foule paniquée allant dans tous les sens en même temps. Sa seconde main vient couver le dos de la sienne, peuve qu’il ne peut que tomber d’accord avec ses paroles. Peu importe ce qu’il est en train de se passer, ils resteront ensemble. « Je voulais te dire que t'es vraiment très beau ce soir. » Ne s’attendant pas à un tel enchaînement, la surprise se lit sur le visage de Swann, rapidement suivie par une certaine fierté, douceur, gêne ; appelez ça comme vous le voulez. « Comme... tous les jours, mais... encore plus ce soir. » Son sourire grandit faiblement en même temps que ses yeux trouvent les siens. Ce n’est ni le lieu ni l’endroit, tous deux le savent pertinemment, mais ce n’est pas pour autant qu’il résiste à l’envie de le rapprocher de lui, lui intimant le geste en posant une main dans le creux de son dos. “Tu rayonnes même avec une boule à facettes en panne.” Et un possible tueur présent dans la salle, fait rappelé par un énième cri strident l’obligeant à quitter ses yeux pour les diriger vers la provenance du son.

Finalement, il aurait préféré lui dire le fond de sa pensée dès le début. Au moins, il aurait su tout ce qu’il avait à savoir avant qu’une certaine Madison, co-capitaine de l’équipe de cheerleaders, ne fonce sur Rory et dans ses bras par la même occasion, forçant Swann à faire un pas en arrière et libérer sa main. “Rory, oh, heureusement que tu es là pour me protéger ! On raconte que c’est Juliette qui a été tué et Anna dit qu’elle a vu quelqu’un avec couteau et - oh, je sens que je vais tomber dans les pommes.” annonce-t-elle dramatiquement, le dos de sa main contre son front, déjà plus que retenue par la main de Rory dans son dos. Swann se retient de tout commentaire, occupé à jeter un regard sur une salle presque vide pour ne pas avoir à supporter cette scène. “On devrait vérifier que tout le monde a pu s’enfuir, si un tueur court vraiment alors on ne peut pas laisser des gens seuls.” Même Madison, et pourtant ce n’est pas l’envie qui manque, tout au fond de lui. Les mots sont pour Rory bien plus que celle qui l’idôlatre et ne rêve déjà que de s’enfuir en étant portée par son prince charmant.

Sortir trouver un coin tranquille pour profiter du reste de la soirée avec Swann ne serait finalement pas au programme, au grand dam de Rory qui se faisait une joie de passer un moment seul avec lui. Il se voyait déjà, lui ouvrir son cœur loin des oreilles indiscrètes. Entrelacer ses doigts aux siens et observer le ciel avec lui – pour Swann, il aurait même prétendu s'y connaître en constellations. Mais tout ça avait peu de chances de se produire maintenant que le gymnase était plongé dans une toute autre ambiance. Les portes refusaient de s'ouvrir, comme dans tout film d'horreur où les futures victimes étaient enfermées en huis clos avant d'être éliminées une par une. Non, Rory refusait d'envisager une telle chose, trop occupé à chercher des issues pour leur éviter à tous d'être exposés au moindre danger. Celui dont il se souciait le plus étant évidemment Swann, qu'il s'était empressé de rejoindre de peur qu'ils soient en plus séparés. Loin de lui, ce scénario deviendrait plus cauchemardesque encore. “Je crois que c’est sérieux aussi. C’est pas une blague.” Rory était du même avis et ses traits autrefois si doux se teintaient d'une véritable inquiétude. Si une jeune fille avait bien été retrouvée sans vie dans les vestiaires, c'est que son assassin était sans doute encore dans le lycée. Et cette pensée lui donnait tout sauf envie de séparer ses doigts de ceux de Swann : il leur fallait rester ensemble à tout prix. Si l'amour lui valait déjà de ne pas toujours penser de façon très rationnelle en sa présence, ce serait bien pire encore s'il devait s'inquiéter en permanence de ce qui pourrait lui arriver. Et si le moment semblait mal choisi pour se dévorer des yeux et se sourire de manière éperdue, Rory n'était pas pour autant capable de s'en empêcher. “Tu rayonnes même avec une boule à facettes en panne.” Son sourire se fit immense et l'espace d'un instant, plus rien en dehors de cet instant n'exista plus. S'il rayonnait bel et bien dans un moment où il serait bien plus facile d'être effrayé et désemparé, c'était une fois de plus grâce à Swann, source de chacun de ses sourires. « Je suis le plus chanceux de t'avoir à mon bras ce soir. » Peu importe que la soirée n'ait plus rien d'idyllique, au milieu des cris et de la terreur Swann restait plus que jamais une lumière dans l'obscurité.

Et parce que la situation semblait plus préoccupante et que tout le monde redoutait un nouveau bain de sang, il leur fallait s'activer. Rien n'aurait normalement pu séparer sa main de celle de Swann, mais c'était sans compter sur l'intrusion qui suivit. “Rory, oh, heureusement que tu es là pour me protéger ! On raconte que c’est Juliette qui a été tué et Anna dit qu’elle a vu quelqu’un avec couteau et - oh, je sens que je vais tomber dans les pommes.” Au moins, ce n'était pas le tueur. Juste Madison, une cheerleader aussi bavarde que démonstrative, du moins avec lui depuis leur huitième année. Si Rory n'avait jamais répondu à ses avances, la situation voulait qu'il ait ici plus de scrupules à lui demander de le lâcher. « Mais non, rassure-toi, je sais que tu vas tenir le coup. Il faut que tu restes consciente, on aura besoin de toi pour trouver un endroit où se mettre à l'abri. Tu crois que tu pourras faire ça ? » Elle secoua doucement la tête. Subtilement, Rory libéra ses épaules des mains de l'adolescente puis échangea un regard désolé avec Swann, qui n'avait pas besoin de la vision d'une jeune fille un peu trop entreprenante en plus de tout ce qui se passait déjà. “On devrait vérifier que tout le monde a pu s’enfuir, si un tueur court vraiment alors on ne peut pas laisser des gens seuls.” Rory fit écho à ses paroles dans un sourire. Il le reconnaissait bien là, le Swann toujours prêt à aider les autres. « Swann a raison. On peut pas laisser qui que ce soit derrière nous. » Une des nombreuses choses sur lesquelles ils ne pouvaient qu'être d'accord, et c'est bientôt une main rassurante que Rory déposa contre le dos du blond. Tout finirait par s'arranger. Il refusait que leur dernière journée sur Terre soit teintée de violence plutôt que d'amour.

Non loin de là, un bruit suspect attira leur attention cette fois du coté des gradins. Madison sursauta mais Rory eut le temps de faire un pas en avant pour éviter qu'elle ne s'agrippe à nouveau à lui. « Y'a quelqu'un ?.. » C'était peut être le tueur, auquel cas il pourrait regretter d'avoir posé la question. Sans arme directe autre que leurs poings, ils auraient du mal à l'emporter face à quelqu'un qu'on disait armé d'un couteau. « Aaaaaaah ! Pitié, pitiéééé, ne me tuez pas ! » Cette voix tremblante, c'était celle d'Harrison, un élève du cours de sciences qui sursautait toujours au moindre bruit et à qui les autres élèves s'amusaient souvent à faire des farces. « On est pas là pour te faire du mal, promis, t'as rien à craindre avec nous. » Tout du moins tant qu'ils restaient tous attentifs et prudents. « Ouf, j'ai vraiment cru que ma dernière heure était arrivée ! J'arrête pas d'entendre des bruits bizarres, puis mes amis m'ont laissé tout seul et... Oh ! Swann, toi tu es grand, je peux me planquer derrière ton dos ? Je serai comme ton ombre, promis tu me remarqueras même pas. » Harrison était un petit gabaris comparé aux deux footballeurs, mais Rory secoua la tête pour lui faire comprendre qu'ils le protégeraient autrement. « Tu risques d'être dans ses pattes si Swann a besoin de faire demi-tour, et il vaut mieux que chacun reste bien visible. On doit perdre personne. » Tout comme Swann il était décidé à secourir d'autres élèves, mais Harrison aurait vite fait de tous les faire tuer s'il se collait à eux comme un chaton à sa mère. Et plutôt perdre la vie que de laisser qui que ce soit menacer celle de Swann.

Madison accrochée au cou de Rory, l’anglais se rassure au moins en se disant qu’elle agit comme le parfait bouclier si jamais le tueur se décide de s’attaquer à eux avec son couteau. En tout cas, c’est l’arme que lui attribuent les rumeurs, et Swann n’a aucun mal à les croire tant la chose est crédible et la peur se lisait aisément sur le visage de ses camarades de classe. Lui était encore occupé à observer les yeux brillants du footballeur il y a peu de temps de ça, et il aurait préféré pouvoir continuer à s’y plonger pendant de longues minutes encore. Désormais, il l’écoute rassurer Madison qui ne sait qu’exagérer chaque chose, attitude que l’anglais n’arrive pourtant pas à lui reprocher en cet instant. Quelqu’un est sans doute mort, et s’il ne peut pas lui reprocher d’être effrayé, nul doute qu’il aurait pourtant préféré qu’elle trouve consolation dans les bras d’un homme qui ne soit pas celui dont il tombe doucement amoureux. Le regard qu’il dévie en direction des yeux de Rory a tout pour l’excuser, il esquisse un maigre sourire dans le but de le rassurer, sachant qu’à aucun moment il n’a cherché à être accablé d’une pareille sangsue. Ainsi, à sa façon, l’anglais tente de le sauver, leur rappelant à tous les deux qu’ils ont des priorités d’importance vitale à gérer en priorité : survivre, par exemple. Et sauver ceux qui le peuvent encore, grand cœur oblige. « Swann a raison. On peut pas laisser qui que ce soit derrière nous. »

Ils n’ont pas besoin de chercher longtemps avant de trouver un première élève égaré que Swann connaît bien, pour l’avoir poussé à sortir des toilettes à de nombreuses reprises au cours des années écoulées. Lui aussi est bien bavard, ce qui est sans doute signe qu’il s’entendrait bien avec Madison. De toute façon, tout le monde sait qu’il en est éperdument amoureux. Tout le monde, sauf la cheerleader qui ne connaît sans doute même pas son prénom. « On est pas là pour te faire du mal, promis, t'as rien à craindre avec nous. » - « Oh ! Swann, toi tu es grand, je peux me planquer derrière ton dos ? Je serai comme ton ombre, promis tu me remarqueras même pas. » Swann a un rire nerveux : il ne s’attendait certainement pas à une telle demande, même venant de lui. Rory le sort rapidement de ce mauvais pas en trouvant les parfaites explications de pourquoi son idée n’est pas bonne, ce qui sauve littéralement le blond d’une aventure très difficile s’il avait dû s’assurer de la présence continue d’Harrison derrière lui. « Tu risques d'être dans ses pattes si Swann a besoin de faire demi-tour, et il vaut mieux que chacun reste bien visible. On doit perdre personne. » - “Tu passeras devant moi. C’est plus sûr si jamais le tueur cherche à nous prendre à revers.” Et pour être honnête, c’est une possibilité qu’il n’exclue pas. Il préfère pouvoir garder un œil sur lui et surtout lui éviter de courir à toutes jambes dans une pièce ou une autre dès que l’occasion se présentera. “On peut former des duos. Toi et Madison devant, Rory et moi pour fermer la marche.” Comme par hasard. “C’est pas supposé être un grand avec un plus petit, les duos ?” - “Erhm… Non, pas cette fois Harry, fais moi confiance, on te protégera.” C’est la main de Rory qu’il veut pouvoir tenir dans la sienne, non par peur mais bien parce qu’il en a cruellement envie. “Et souvenez-vous : si on entend un bruit, on ne panique pas. Ça sera sûrement un élève qui aura bien plus peur que vous.” La remarque est valable pour tout le monde sauf pour Harrison puisque c’est un fait connu de tous qu’il est la personne la plus facilement effrayable en ce monde. Il fait penser Swann à cette espèce dans Doctor Who qui a pour habitude de se soumettre à tout envahisseur et dont l’hymne de la Planète se résume à “Gloire à [insérer votre nom ici]” [ndlr, ok l’épisode est anachronique mais pas doctor who et pis j’y ai pensé après mais je voulais quand même caser ma ref, PARDON]. Mais il est gentil, Harrison, et personne ne peut lui enlever.

Gentil et ô combien maladroit, surtout alors que le groupe se met à peine en marche et qu’un long bruit de verre brisé se fait entendre en même temps que le garçon termine son pas en avant, sur les lunettes abandonnées d’un pauvre étudiant ayant fui le champ de bataille. Ou pas. “Hey, y’a quelqu’un ? Je vois rien, j’ai perdu mes lunettes. Ouh ouh ?” Au moins, la main du blond aura eu le temps de retrouver sa complice la plus chère.

Rory n'était pas dupe et savait que la peur offrait ici à Madison une excuse pour se rapprocher de lui, ce qu'il ne pouvait pas directement lui reprocher mais ne le mettait pas pour autant à l'aise. L'unique personne dans les bras de qui il aurait volontiers demandé à se perdre était Swann et il se désolait déjà assez que cette soirée ne connaisse pas la tournure qu'ils avaient espéré. Alors inutile de rajouter plus de gêne à l'horreur : Madison aurait besoin de ses deux bras lorsqu'il leur faudrait trouver une porte de sortie, une planque ou ne serait-ce que quoi que ce soit pour espérer se défendre. Surtout maintenant qu'ils s'étaient mis d'accord pour venir en aide à quiconque croiserait leur route, bon nombre d'élèves errant probablement dans les couloirs du lycée sans savoir quoi faire ni où aller. Un tueur rôdait et ils seraient plus forts ensemble que séparément, l'esprit d'équipe étant l'une des premières valeurs qu'on apprenait au football. Le deuxième élève qu'ils prirent sous leurs ailes, lui, aurait d'autant plus besoin d'être entouré qu'il était connu pour avoir peur même de son ombre. Raison de plus pour qu'il ne devienne pas celle de Swann, Rory voyant d'ici que ça aurait tout d'une mauvaise idée. “On peut former des duos. Toi et Madison devant, Rory et moi pour fermer la marche.” “C’est pas supposé être un grand avec un plus petit, les duos ?” - “Erhm… Non, pas cette fois Harry, fais moi confiance, on te protégera.” Rory ne jugea pas nécessaire d'ajouter quoi que ce soit, se rangeant entièrement à l'avis de Swann. On pourrait l'accuser de manquer légèrement d'impartialité, mais sans surprise, à lui aussi cette répartition lui allait parfaitement. Former un binôme avec le blond aurait tout de naturel et surtout, tout de rassurant. Ils pourraient aussi garder un œil sur leurs deux camarades, chacun dans leur genre assez turbulents. “Et souvenez-vous : si on entend un bruit, on ne panique pas. Ça sera sûrement un élève qui aura bien plus peur que vous.” Des paroles justes, une fois encore, et qui n'étonnèrent pas un seul instant Rory. « Tu fais un parfait leader, ils ont de la chance d'être tombés sur toi. » Son sourire s'étira non seulement à ces mots mais aussi au contact retrouvé de sa main dans la sienne. Il voudrait ne plus jamais s'en défaire, aucune mauvaise chose ne pouvant décemment arriver quand ce seul geste était synonyme de bonheur.

La voix surgissant bientôt les ramena pourtant à la réalité. « Hey, y’a quelqu’un ? Je vois rien, j’ai perdu mes lunettes. Ouh ouh ? » Ah, sans doute cet élève voulait-il parler du verre qu'Harry venait juste d'écraser sous sa chaussure. « On est juste ici. Tends tes mains devant toi et suis le son de ma voix. Tes lunettes ont connu un léger... accident. » C'est le moins qu'on puisse dire, mais l'heure n'était pas à chercher un coupable. Leur camarade les rejoignit péniblement et Rory reconnut Oscar, une des figures du club de badminton. « Je suis myope, je peux pas voir sans. J'ai une paire de rechange mais elle est dans mon casier. » Évidemment, qui garderait sa paire de rechange sur lui ? « Okay, le plus simple c'est que tu gardes une main sur l'épaule... de Madison, par exemple. Vous faites à peu près la même taille, ça devrait aller. On peut sûrement essayer de rejoindre les vestiaires... » Non pas que ça le réjouisse, mais leur camarade avait besoin de ses lunettes et le guider était une solution temporaire. En plus, ils pourraient peut être y trouver quelque chose d'utile. « Les vestiaires ? Mais c'est là qu'ils ont trouvé le corps ! Moi j'y vais pas, le tueur y est peut être encore. » « T'as une meilleure idée ? » Harry haussa les épaules et se gratta nerveusement l'arrière du crâne. « Swann, qu'est-ce que tu veux faire ? » Rory reposa son regard dans le sien, prêt à s'en remettre à son avis, plus sage et tempéré. Il le suivrait quoi qu'il décide, sa main serrée dans la sienne et son pouce caressant sa peau étant là pour le lui rappeler.

Mais de toute évidence, vestiaires ou pas, ça devrait attendre encore un peu. « Hey, heeey, aidez-moi ! Je suis tombée, je crois que ma cheville est tordue. » Au tour de Madison, cette fois, de se montrer suspicieuse - à croire qu'Harry et elle étaient vraiment bien assortis. « Et si c'était un piège ? » Et si le tueur était une tueuse ? Non, inutile de céder à la paranoïa, cette élève avait besoin d'aide et était sans doute elle-même terrifiée.

Spoiler:

« Tu fais un parfait leader, ils ont de la chance d'être tombés sur toi. » Et enfin, maintenant que les peurs et ardeurs de chacun semblent s’être calmées, Swann laisse son regard remonter dans celui du brun et sa main se serrer davantage contre la sienne. “J’ai rien d’un leader, je veux simplement être avec toi.” Il l’a dit lui-même: ils resteront ensemble. Ces mots sont murmurés avec douceur pour Rory et pour lui seul, ne voulant pas éveiller le moindre soupçon chez Madison ou Harrison. Tout ce qu’il regrette, c’est de ne pas pouvoir poser sa tête contre son épaule, fermer les yeux, et laisser le reste de la soirée les bercer. Il n’a pas même le temps de faire la première étape, tous deux fermant la marche d’un groupe hétérogène en quête d’une sortie quelconque.

Au même instant où Harry se retrouve à écraser des lunettes, sa propriétaire se fait connaître. Les choses ne vont pas en s’améliorant, décidément. « On est juste ici. Tends tes mains devant toi et suis le son de ma voix. Tes lunettes ont connu un léger... accident. » C’est lui qui fait un parfait leader, toujours à rassurer tout le monde, mais il ne voudrait pas même l’accepter. Le sourire qu’esquisse le blond est fier au possible et quelque peu en retrait pour ne pas le gêner - il garde cependant toujours sa main dans la sienne. « Je suis myope, je peux pas voir sans. J'ai une paire de rechange mais elle est dans mon casier. » Au moins, il a prévu le coup. C’est une bonne chose. Puisqu’ils le savent de toute façon pas où se diriger, un détour par son casier ne devrait pas poser le moindre problème et aidera énormément Oscar. Avec un tueur qui rôde, il doit au moins pouvoir voir comme il faut autour de lui. En attendant, cela arrange tout le monde s’il vient compléter le binôme d’Harry et Madison en s’appuyant sur l’épaule de cette dernière. Le moins objectivement qui soit, Swann trouve que le brun a de très bonnes idées. Très arrangeante, aussi, malgré les circonstances. « Les vestiaires ? Mais c'est là qu'ils ont trouvé le corps ! Moi j'y vais pas, le tueur y est peut être encore. » - « T'as une meilleure idée ? » Il y serait à son tour allé de son commentaire si le footballeur n’avait pas été plus rapide. « Swann, qu'est-ce que tu veux faire ? » Son regard croise de nouveau le sien pendant une simple seconde, plus assuré que jamais. Ils sont sur la même longueur d’onde, comme toujours. “On ne craint rien si on reste tous ensemble, Harry. Il a besoin de ses lunettes, on fait un simple détour par les casiers et après… Après on verra.” Il ne veut pas leur mettre dans la tête l’espoir de trouver une sortie facilement, ayant lui-même du mal à y croire : si les portes du gymnase étaient fermées, il en sera sûrement de même pour toutes les autres. “S’il a effectivement déjà tué quelqu’un là-bas, il ne reviendra pas sur ses pas.” Statistiquement parlant, un tueur a infiniment moins de chances de revenir sur ses pas plutôt que de chercher d’autres victimes ailleurs. Swann ne précise pas le fond de sa pensée, craignant d’effrayer Harrison davantage au moindre mot supplémentaire, mais il tente de trouver des raisons pouvant le pousser à lui faire confiance et à les suivre : hors de question de laisser qui que ce soit sur le carreau. D’accord... La peur se lit dans ses yeux mais au moins, il est conciliant.

« Hey, heeey, aidez-moi ! Je suis tombée, je crois que ma cheville est tordue. » - « Et si c'était un piège ? » Bon sang, Madison. Swann ne prend pas le temps de lui répondre ni même d’argumenter avec elle, ne se sentant pas assez patient pour discuter avec la jeune femme. “Piège ou pas, je vais l’aider.” Sa main quitte bien malgré lui celle de Rory, quand bien même il ne doute pas un seul instant qu’il le suivra pour venir en aide à l’inconnue. Ils ont la même façon de penser. “Harry, tu restes ici tout seul dans le noir ou tu viens avec nous pour qu’on te protège ?” - "Attendez moi, attendez moi les copains j’arrive." Voilà un problème de moins à gérer, Oscar arrivant à sa suite puisqu’il se tient finalement sur son épaule plutôt que celle de la cheerleader : elle ne voulait sans doute pas s’encombrer d’un poids mort. "Me laissez pas toute seule, attendez moi!" qu’elle finit par statuer à son tour, faisant d’eux un groupe au complet se mouvant sans aucune discrétion dans les couloirs de leur lycée. Finalement, Rory et lui mènent la marche. Au moins, ils peuvent toujours discuter avec une relative discrétion. “Si le cadavre est toujours là-bas, ils vont paniquer… Je rentre en premier et je te fais signe ? Ou l’inverse, si tu veux, mais je me dis qu’au moins Madison serait plus docile si c’est avec toi qu’elle reste.” Et les autres n’ont rien de rebelles ; tout comme Swann envisage déjà de devenir médecin et que c’est un fait connu du brun. Il n’a aucune réelle formation mais au moins les bases, lesquelles leurs seront sans aucun doute utiles pour aider l’inconnue à la cheville blessée.

Spoiler:

“J’ai rien d’un leader, je veux simplement être avec toi.” Et la légère pression de ses doigts autour des siens autant que la douceur de son sourire lui feraient comprendre combien lui aussi en avait envie. Il le voulait avant que cette soirée ne bascule dans l'horreur, et il le voulait d'autant plus maintenant qu'il avait bien plus peur pour lui que pour sa propre vie. Si Rory savait déjà quels sentiments Swann éveillait au fond de son cœur, il réalisait à présent que le perdre lui serait purement insupportable. Il refusait même de l'envisager : ils s'en sortiraient ensemble, et tout irait enfin pour le mieux. « Quand tout ça sera fini, on aura tout le temps du monde pour être tous les deux. » C'était l'espoir qui les aiderait à tenir. Pour Swann et les longues années qu'il avait bien l'intention de passer auprès de lui que Rory, lui, se battrait. En attendant ses doigts resteraient liés aux siens et eux tâcheraient du mieux qu'ils pouvaient de veiller sur le reste du groupe.

Si Madison et Harry ne battaient pas des records de discrétion, au moins personne n'avait encore tenté de partir faire cavalier seul. Surtout maintenant que le groupe s'agrandissait à nouveau, rejoint par un Oscar bien incapable de voir plus loin que le bout de son nez. Si l'aider du mieux qu'ils pouvaient semblait la seule chose à faire, tout le monde n'était pas ravi à l'idée de se rapprocher des lieux où le corps de leur camarade avait été retrouvé. Rory s'en remit donc à l'avis de Swann, rassuré qu'ils partagent une fois encore le même. Parce qu'ils seraient plus forts que quiconque en faisant front ensemble. Son seul amour pour lui rendrait déjà Rory inarrêtable : il avait bien trop à perdre ce soir et ne laisserait pas ce tueur lui voler ce qui s'annonçait comme les plus belles années de sa vie. “On ne craint rien si on reste tous ensemble, Harry. Il a besoin de ses lunettes, on fait un simple détour par les casiers et après… Après on verra. S’il a effectivement déjà tué quelqu’un là-bas, il ne reviendra pas sur ses pas.” “D’accord...” Son regard ne pouvait que briller de fierté quand Swann se faisait le porte-parole le plus diplomate et sensé que ce groupe aurait pu avoir. Il était parfait et Rory ne pouvait que se réjouir qu'ils aient tous ici l'occasion de s'en rendre compte. « On veillera tous les uns sur les autres. On est un groupe. » Et aussi vrai que certains ne se connaissaient que de vue il y a encore quelques minutes, à présent la donne avait changé. Rory n'hésiterait pas à défendre chacun d'entre eux contre les mains du tueur et il savait qu'il en allait de même pour Swann. Ils n'avaient qu'à échanger un regard pour se comprendre.

Et à l'image de tout groupe, la solidarité passait bien avant les peurs individuelles. Personne n'était rassuré dans cette situation mais quiconque avait besoin de leur aide se devait d'être secouru. “Piège ou pas, je vais l’aider.” « Je t'accompagne. » Et cette fois ce n'était plus uniquement son envie de garder sa main serrée dans la sienne qui parlait pour lui : ils aideraient cette élève parce qu'ils s'étaient promis de n'abandonner personne. Swann et lui étaient animés du même devoir et c'est en ça qu'il se sentait à cet instant encore plus proche de lui. “Harry, tu restes ici tout seul dans le noir ou tu viens avec nous pour qu’on te protège ?” "Attendez moi, attendez moi les copains j’arrive." "Me laissez pas toute seule, attendez moi!" Ainsi tout le monde semblait décidé à suivre le mouvement, pour le plus grand soulagement de Rory, qui n'imaginait pas devoir leur faire entendre raison. “Si le cadavre est toujours là-bas, ils vont paniquer… Je rentre en premier et je te fais signe ? Ou l’inverse, si tu veux, mais je me dis qu’au moins Madison serait plus docile si c’est avec toi qu’elle reste.” En tête de cortège avec Swann, une pointe d'angoisse lui serra pourtant la gorge lorsqu'il réalisa qu'ils allaient prendre des risques, cette fois. Que Swann, notamment, en prendrait. « D'accord, mais... surtout, promets-moi de faire attention. J'espère que t'es bien conscient que j'ai aucune intention de ressortir d'ici sans toi. » Et si le maigre sourire sur ses lèvres se voulait faussement menaçant, la crainte au fond de son cœur elle était bien réelle.

Enfin, ils aperçurent la jeune fille blessée à la cheville et Rory s'approcha d'un pas. « Hey, qu'est-ce qui t'est... » arrivé. Son regard, d'abord porté sur sa jambe accidentée, remarqua bientôt une autre présence. « Oh... vous êtes deux. Pas de souci, on est plusieurs nous aussi, on peut vous protéger. » Ils étaient un groupe, encore une fois, et ce qu'ils soient six ou bien sept. « Je suis Clara et lui c'est mon frère, Connor. Il a pas dit un mot depuis que tout ça a commencé, je crois qu'il est en état de choc. Je suis tombée alors qu'on essayait de s'enfuir. » Ceci expliquait donc cela, et Rory retrouva le regard de Swann comme pour s'assurer qu'ils pensaient bien à la même chose. A savoir, les prendre tous les deux avec eux et faire en sorte de se mettre plus à couvert le plus rapidement possible. « Okay, vous allez venir avec nous. Tu vas prendre appui sur moi, on doit faire un détour par les vestiaires. Tout ira bien si on reste ensemble. » Et c'est sans plus tergiverser que le petit groupe rejoignit prudemment la porte menant aux vestiaires, derrière laquelle l'atmosphère semblait bien différente – au grand dam d'Harry. Mais aussi de Rory, qui plus que tout s'inquiétait de laisser Swann y entrer. « Clara et Oscar, vous allez vous asseoir ici. Harry et Connor vous restez près d'eux. Madison, tu fais le gai. » Inutile qu'ils se tiennent tous prêts à entrer, une partie d'entre eux étant de toute façon trop affaiblie. S'approchant de Swann, sa main libéra doucement la sienne pour se déposer contre sa joue. « Swann... » Oh, si seulement ils avaient plus de temps. « Je reste juste là, je te suivrai de près. » Sois bien prudent, d'accord ?

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« Quand tout ça sera fini, on aura tout le temps du monde pour être tous les deux. » Ce soir plus que jamais, c’est définitivement tout ce qu’il désire. Jouer au héros n’a jamais fait partie de ses plans d’avenir et ce n’est même pas quelque chose qui lui plaît. Quand ils entendent une étudiante appeler à l’aide, pourtant, tout est plus fort que lui et il ne pense même pas à faire autre chose que lui venir en aide : il aurait aimé que quelqu’un fasse de même avec lui. Avoir l’appui de Rory et son soutien sont ce qu’il a de plus précieux ; un jour il le lui fera comprendre et le remerciera à la hauteur de tout ce qu’il a fait pour lui, sans doute sans même s’en rendre compte. Bien plus doué que lui pour rassurer l’adolescente blessée, Swann le laisse discuter avec elle et se fait soudainement muet, un simple sourire accroché aux lèvres ayant pour but de la rassurer. Lorsque ses yeux croisent celui du footballeur, il lui assure d’un hochement de tête que tout ceci est la bonne chose à faire : agrandir leur groupe et les y inclure. Peu importe s’ils ne se connaissent pas beaucoup, ce n’est pas le plus important. Ce soir, ils sont tous dans la même équipe et personne ne peut être laissé derrière, surtout pas une blessée ni même un garçon terrorisé - il devrait bien s’entendre avec Harry.

Clara appuyée contre l’épaule de Rory, le blond ne ressent cette fois-ci aucune once de jalousie. Bien au contraire, il jette de temps à autres un regard fier en direction du footballeur qui adapte son rythme à celui de la jeune femme, faisant elle aussi de son mieux pour ne pas les retarder. Personne ne le dit mais tous savent qu’ils doivent bouger pour rester en sécurité. « Clara et Oscar, vous allez vous asseoir ici. Harry et Connor vous restez près d'eux. Madison, tu fais le gai. » Les ordres sont donnés rapidement et aucun des prénoms cités ne semble vouloir contredire Rory. La main sur la poignée de porte, Swann attend la dernière seconde pour y rentrer, ne voulant pas risquer de le faire sans échanger quelques mots avec le brun. Il ne sait pas ce qu’il risque de trouver à l’intérieur des vestiaires mais il sait tout ce qu’il peut perdre. Son cœur ne tambourine pas dans sa poitrine qu’à cause de la peur, c’est une certitude. « Swann... » Tout près de lui, le visage de Rory semble plus inquiet que jamais. Il voudrait lui promettre que tout ira bien mais ne se pardonnerait jamais l’idée de lui mentir. En réalité, il n’a aucune idée de ce qui l’attend et ne veut pas risquer une autre vie que la sienne et surtout pas celle du brun. « Je reste juste là, je te suivrai de près. » Il pose sa propre main sur celle que le footballeur avait déjà déposée contre sa joue, tentant à son tour de le rassurer autant que possible. “On en aura des choses à raconter aux repas de famille.” Ses talons se décollent doucement du sol pour qu’il arrive à sa hauteur et vienne poser son front contre le sien, le temps de quelques respirations à peine. Les yeux fermés, il profite de cette proximité comme si elle était la dernière, sa main ayant à son tour trouvé le chemin jusqu'à sa joue. “On reste ensemble quoi qu’il arrive.” Et, enfin, il fait céder la poignée sous une faible pression de sa main.