La pluie dégringole à grosses gouttes sur sa chevelure autre fois impeccablement coiffée, mais qui commence désormais à légèrement friser de manière incontrôlée. Les misères ne cessent de s’enchaîner en cascade depuis que l’Anglais à poser un pied sur le sol australien. Tout avait commencé par ce retard de près de trois heures au départ de Londres qui avait bien failli lui coûter une escale longue durée aux Émirats. Ce léger incident avait alors causé un souci de logistique et lors de son arrivée à Brisbane, on lui annonçait nonchalamment que l’une de ses valises n’avait pas fait la correspondance lors de son changement de vol à Dubaï. Excéder, il s’en est pris à la pauvre hôtesse qui tentait de lui expliquer les démarches à suivre afin de récupérer son bagage au cours des prochains jours. Avant d’attraper un taxi, il avait préféré se griller une cigarette, histoire de souffler un bon coup. Le timing ne pouvait être plus désastreux, puisqu’en ce court laps de temps deux vols longs courrier sont venu décharger une vague de passagers dans le hall de l’aéroport rendant l’attente pour un taxi interminable et aux limites du supportable. Il avait dû attendre sous la pluie, entourer d’une bande mioches complètement surexcités qui ne cessait de hurler dans les oreilles de leurs parents désemparés. Arthur se maudit de n’avoir réservé aucune voiture avec chauffeur, il se pensait malin à vouloir jouer la carte de l’aventure et il en payait le prix fort, car tout cela n’était que le début. Son père avait omis un léger détail concernant l’appartement qui l’attendait à la sortie de la ville. Détail qui avait toute son importance puisque le logement est encore en travaux et que l’héritier se refusait de dormir au milieu de la poussière et des matériaux.

De fil en aiguille, Swann est lentement apparu comme le phare dans la tempête. L’hôtel aurait pu être une solution confortable, mais le Coventry préfère encore précipiter les retrouvailles.

Heureusement, son portable possédait suffisamment de batterie pour lancer une petite recherche sur son ancien ami. Le processus, c’est avérer bien trop aisé quand en quelques clics seulement Arthur pu trouver l’adresse de son lieu de travail. Au cabinet, il lui fallut simplement jouer de son charme pour soudoyer à une assistante quelque peu paumée, l’adresse du Buchanan. Un énième tour en taxi – dieu qu’il pouvait détester les chauffeurs bavards – plus tard, il venait d’atterrir au pied d’un immeuble. La pluie battante le força à battre en retraite dans le hall, il aura bien le temps d’observer les alentours à un autre moment. Se glissant derrière une mère de famille qui bataillait avec sa poussette, il accède à l’intérieur du bâtiment. Un simple scanne des différentes boîtes aux lettres lui permet de sélectionner l’étage désiré dans la cabine quelque peu défraîchis de l’ascenseur. S’il avait prévu de retrouver Swann un jour ou l’autre, Arthur n’avait guère envisagé de se présenter complètement débrailler et avec des valises en guise de cernes sur son visage fatigué. Légèrement soucieux de son image, il s’efforce de passer une main dans sa tignasse juste avant que les portes de la cage de métal s’ouvrent sur un long couloir silencieux. Il lui faudra un instant de recherche supplémentaire avant de tomber sur le numéro gagnant. Son poing vient s’abattre sur le panneau en bois, impatient de retrouver celui qui l’avait abandonné, il y a bien trop longtemps.

Et un sourire se dessine sur ses lèvres lorsque la porte s’entrouvre pour mieux laisser entrevoir un visage familier. « Surprise. » qu’il annonce d’une voix tonitruante. « J’ai besoin que tu m’héberges. »

@swann buchanan

Une part de lui espère que ce soit Rory qui vienne toquer à la porte. Il prévient généralement de chacune de ses visites, habitude oblige, mais Swann serait infiniment heureux d’observer sa silhouette se dessiner dans l’encablure de la porte sans qu’il ne soit attendu là. Pourtant, son sourire meurt rapidement pour laisser place à l’incompréhension sur son visage. Ce n’est définitivement pas son Rory, mais la figure est pourtant bien connue. Arthur. Arthur, qui vit à Londres, Arthur, dont il n’a pas entendu parler depuis des années. Arthur, à qui il n’a jamais donné son adresse et Arthur, qu’il ne se serait jamais attendu de voir sur le sol de cette grande île. « Surprise. » Ce qui est sûr, c’est que c’est effectivement une surprise de taille. Bonne ou mauvaise, cela reste cependant à voir tant Swann ne sait pas sur quel pied danser, ni comment réagir, et encore moins quoi en penser. « J’ai besoin que tu m’héberges. » C’est bien Arthur qu’il reconnaît dans ces quelques mots, il n’a pas changé.

Soucieux de ne pas déranger ses colocataires déjà rentrées à l’appartement, il vient faire quelques pas et fermer la porte derrière lui pour garder leur conversation plus ou moins pour eux. Il sait déjà pourtant que chacun de leurs mots résonneront dans les coins et recoins de l’immeuble. “Qu’est ce que tu fais là, Arthur ?” Son ton se veut doux et calme, nullement accusateur, quand bien même il sait par avance que le retour d’Arthur dans sa vie ne rime avec rien de bon. Il est son ami, pourtant, et à ce titre il ne peut pas lui fermer la porte au nez et faire comme s’il n’avait jamais existé. Ils ont vécu trop de choses pour le résumer à si peu. Pourtant, son corps lui rappelle toutes les soirées passées simplement parce que Arthur les a menés dans un ‘bon plan’ et que ‘tiens, essaye Swann, ça va te décoincer’ et toutes autres variantes. Son pied tape nerveusement contre le sol mais le fait au moins sans bruit. “Aux dernières nouvelles, t’étais à 16 000 kilomètres de là.” Il connaît la distance Londres-Brisbane par coeur, cela remonte du temps où il n’avait que ces quelques chiffres auxquels se raccrocher, quand il n’avait pas encore rencontré sa fratrie devenue si chère à son cœur. Sur le visage de l’anglais se lit l’incompréhension la plus pure : Arthur a toujours pu compter sur l’argent de son paternel pour vivre un train de vie luxueux dans une capitale apte à céder à tous ses désirs. Pourquoi tout quitter pour venir ici, alors ? Il n’a rien à gagner et Swann doute sincèrement qu’il ait été poussé par leur amitié. Les années et les chemins différents qu’ils ont empruntés les ont largement éloignés l’un de l’autre. Cela avait permis à Swann de souffler un peu, de respirer quelque peu aussi. “Et comment ça.. t’héberger ?” Ces mots lui reviennent en tête, sans doute trop tard.

Après cinq longues années de silence, Arthur avait parfaitement conscience que jamais Swann n’avait pu s’attendre à le trouver sur le pas de sa porte. Il ne s’attendait pas à grand-chose l’anglais, les deux jeunes hommes n’ayant jamais versé dans les marques d’affection inutile, mais il n’avait pas envisagé l’instant de doute qui semble s’emparer de Swann dès l’instant où leur regard se croise. Il paraît douter, cherchant sûrement à se rassurer sur la présence réelle – ou non – de cet ancien ami. L’effet de surprise ne pouvait pas être plus réussi et Arthur se délecte de ce léger instant de flottement pendant lequel son ami cherche ses mots. L’étreinte aurait été surfaite, le sourire accueillant probablement sur jouer, mais il n’avait pas anticipé que Swann se refuse à le laisser entrer. Le jeu allait donc reprendre sur le palier à l’indiscrétion de tous les voisins. Choix intriguant, mais qu'Arthur se veut d’accueillir avec le sourire. Ce n’est pas un petit rien qui allait le faire dévier de son idée première. « Qu’est-ce que tu fais là, Arthur ? » Il est toujours le même, toujours dans le contrôle absolu pour ne jamais laisser entrevoir si tout est blanc ou noir. Dès le premier jour, Swann avait été son ombre, celui qui le suivait sans jamais désapprouver même les pires idées. Après son départ, Arthur, c’était senti bien con sans son acolyte de toujours. Il manquait quelque chose à sa dynamique, un petit truc en plus qu’il comptait bien retrouver en venant dans ce pays loin de tout. « Aux dernières nouvelles, t’étais à 16 000 kilomètres de là. » Un rire lui échappe tandis que, du bout des doigts, il revient placer une de ses mèches encore trempées sur le haut de son crâne. « Tu pourrais au moins faire semblant d’être heureux de me voir. » Tirer sur la corde sensible Arthur savait le faire depuis sa plus tendre enfance, avec Swann cela était devenu son jeu préféré et déjà les habitudes revenaient au galop.

Les secondes s’écoulent sans que jamais l’incompréhension ne se retire du visage de son ami et cela l’amuse énormément. Il a toujours adoré déstabiliser les autres. « Et comment ça… t’héberger ? » Enfin, les choses devenaient intéressantes. « Papa m’a trouvé un loft en ville, mais tout est encore en travaux. » Les détails se voulant que l’appartement reste malgré tout habitable se font passer sous silence. Jamais Arthur ne se serait attardé dans la poussière et le bruit, pas après un aussi long voyage et l’orage qu’il venait de prendre sur la tête. « Ils ont perdu une de mes valises, je suis trempé et t’es la seule personne que je connais ici. » Il fallait bien étaler tous les arguments, jouer sur la corde sensible, surtout. « Je pensais que ça te ferait plaisir de me voir. » Arthur ne voulait vraiment pas se retrouver seul dans une chambre d’hôtel pour sa première soirée en ville.

Swann devient un cerf pris dans les feux d’une voiture. Heureusement pour lui, elle est pour le moment encore immobilisée, mais il y a fort à parier qu’il ne se sera toujours pas dégagé de la route lorsqu’elle aura décidé de reprendre sa course, pied sur l’accélérateur. Avec Arthur, il s’est toujours senti en sécurité et n’a fait que voir en lui un ami aventureux et un brin casse-cou, rien de plus. Il n’est pas fondamentalement mauvais, son ami, ils ont simplement différents moyens de s’amuser et faire passer le temps. Si le Swann de l’époque n’arrivait pas à voir les choses sous un tel angle, celui d’aujourd’hui est bien plus mitigé quant au retour de son acolyte d’antan. « Tu pourrais au moins faire semblant d’être heureux de me voir. » Pourtant, lui seul a le don de trouver la juste technique pour le faire changer d’avis et quelques mots suffisent à remettre en question des années de retour sur soi. Il en était arrivé à la conclusion qu’Arthur n’avait finalement pas été une si bonne influence pour lui mais aujourd’hui comment pourrait-il ne pas l’accueillir comme il se doit alors qu’il est le premier qu’il vient vers après un voyage interminable ? « Je le suis, bien sûr. Qu’est ce que tu crois. » Il reprend alors, pris au pied du mur, tentant maladroitement de s’en sortir avec un sourire pourtant sincère et une tape contre l’épaule. Des garçons, des vrais, voilà ce qu'ils sont.

Rapidement, pourtant, il en revient au vif du sujet et la raison pour laquelle Arthur l’a spécifiquement choisi pour venir toquer à sa porte : trouver un toit. « Papa m’a trouvé un loft en ville, mais tout est encore en travaux. » Certaines choses ne changent pas et Swann ne sait pas s’il est soulagé ou désespéré de savoir que son ami compte encore et toujours sur son paternel et son bras long. A bien y repenser, il utilise ce que la vie lui offre. Peut-être que Swann agirait de la même manière s’il avait qui que ce soit d’influence dans sa famille - non, bien sûr que non il ne ferait pas une telle chose ni n’aurait une telle idée. Il reste silencieux, impassible, emmagasinant les informations une à une tout en sachant pertinemment qu’Arthur a déjà gagné la manche et dormira à l’appartement ce soir. Lui le savait avant même de toquer à la porte, à l’exacte seconde où il a pensé à Swann pour l’héberger. « Ils ont perdu une de mes valises, je suis trempé et t’es la seule personne que je connais ici. » Personne n’aurait pris le temps de plaindre le petit fils de riche à qui il arrive une bricole pour la première fois de sa vie mais c’est pourtant le cas de Swann qui ne peut avoir que de l’empathie pour lui, se disant que dans une telle situation il aurait lui aussi aimé qu’un ami lui vienne en aide. Les amis sont faits pour ça, après tout. « Je pensais que ça te ferait plaisir de me voir. » Le voilà qui en remet une couche, le fourbe, et le blond qui n’y voit bien évidemment que du feu. « C’est bon, c’est bon, rentre, tu vas me faire pleurer. » Il reprend donc en toute ironie, son sourire étant bien trop grand pour laisser la moindre chance à des larmes d’exister. Tout n’est qu’ironie, axe de défense universel choisi par Swann dès lors que les choses se compliquent un tant soit peu. « J’habite en colocation, sois pas surpris. » Par la taille de l’appartement (misérable par rapport à celui que son père lui prépare, certes), par les différentes affaires, par le nombre de pièces et, surtout, par la seule règle qu’il souhaite instaurer après d’Arthur, se retournant déjà en sa direction, index pointé vers lui. « Et pas touche. Ce sont deux filles. » On ne couche pas avec les colocataires, c’est la règle d’or et si Swann l’a lui-même enfreinte, certes, cela ne donne pas à Arthur l’autorisation d’en faire de même. Surtout pas à Arthur, lui qui a un don certain pour ne même jamais retenir le prénom des femmes dont il partage le lit. « Faim ? Soif ? » Fichu pour fichu, il ne peut s’empêcher d’être un bon hôte. « Je comprends juste pas ce qui t’amène ici, je veux dire. » La question est à peine sous entendue tant elle pend aux lèvres de l’anglais.

« Je le suis, bien sûr. Qu’est-ce que tu crois. » Pourtant, l’hésitation résonne encore dans le creux de sa voix quand la tape sur l’épaule se veut virile et tout à la fois bancale. Ils n’ont jamais viré dans les effluves inutiles et autres preuves d’affections qui ne signifiaient qu’une perte de temps et ne provoquait qu’un désintérêt le plus total chez Arthur. S’il a toujours connu Swann comme un garçon quelque peu soupe au lait, entre eux, la dynamique se voulait assez fluide pour s’épargner un besoin d’approuver par des mots enrobés d’amour platonique et tout autres termes coulants, une amitié qui c’était forger par le biais de bien quelques concours de circonstances. Arthur aurait bien du mal à verbaliser de manière sérieuse et sincère, le plaisir, réel, qu’il avait de retrouver son ami. La vie à Londres avait pris un tout autre tournant après le départ de Swann et il arrive encore à Arthur de le tenir responsable de ses nombreux déboires. Tout simplement parce qu’il fallait trouver un coupable. Après tout, les absents ont toujours tort.

Après bien des années de pratique, Arthur reconnaît, un à un, tous les rouages des mécanismes qui se mettent en marche dans l’esprit de Swann qui ne semble pas encore véritablement remis de l’effet de surprise. Ce n’est pas comme si Arthur possédait un quelconque moyen de la prévenir quand c’est bien la première fois en cinq ans que les deux garçons s’adressent la parole. On pourrait croire à une histoire d’amitié perdue, un fossé creuser par cause de distance et de time zone bien trop différente. Il n’était rien de tout cela quand Swann avait perdu tout véritable intérêt aux yeux d’Arthur à la minute où il avait quitté la capitale anglaise. Demander lui et il ne finira par jurer avec force que sa présence sur le pas de cette porte ne se voue qu’à un opportunisme pas tenté. Voilà qu’il s’impatiente Arthur, à rester dehors plutôt qu’à l’intérieur quand il savait d’avance que le tour était joué. Swann n’a jamais rien su lui refuser. « C’est bon, c’est bon, rentre, tu vas me faire pleurer. » Un léger rire lui échappe alors que d’une main habile, il vient jeter son sac sur son épaule tandis que son bras libre vient s’enrouler autour des épaules de Swann. « On va bien s’amuser. » Le grand enfant s’exprime dans toute sa splendeur, déjà prêt à passer le reste de la soirée à siroter des bières tout en cherchant à convaincre Swann de l’accompagner à la prochaine soirée qu’il avait déjà repéré sur les réseaux sociaux.

« J’habite en colocation, sois pas surpris. » C’est bien tout Swann ça, partager son quotidien avec des inconnus, s’emmerder de la présence des autres. Arthur n’avait guère l’intention de partager sa future demeure et probablement que son séjour dans ce lieu sera bien plus court que prévu. Il ne se mélange pas avec n’importe qui et n’a pas le temps de prétendre à être heureux de rencontrer les colocataires de son ancien camarade de promo. « Et pas touche. Ce sont deux filles. » Voilà la donnée qui renverse complètement la situation. « Intéressant. » La remarque s’accompagne d’un clin d’œil à peine discret tandis qu'Arthur prend déjà ses aises au milieu du salon sans jamais lâcher le visage de Swann du regard. Il a senti le léger malaise, il savait le reconnaître mieux que personne. « Tu couches avec une des deux ? » Il n’ose croire à la possibilité que Swann s’envoi en l’air avec les deux demoiselles, ce serait bien peu probable ou bien l’exemple parfait de l’élève qui à dépasser le maître. Voilà la curiosité d’Arthur piqué au vif. Pour mieux creuser le sujet, il se laisse tomber dans le canapé sans aucune grâce et provoquant un craquement légèrement effrayant. « Faim ? Soif ? » - « Un café, ce serait parfait. » La fatigue se fait sentir après un voyage sans sommeil et bien trop d’heures de décalage horaire pour qu’il est envie de les compter. Il a besoin de rester éveiller, d’être à l’affût du moindre de détails. Cependant, Swann semble déterminé à mener la danse, encore bien trop surpris de trouver Arthur chez lui. « Je comprends juste pas ce qui t’amène ici, je veux dire. » Il sent bien que rien de tout cela ne fait sens dans l’esprit de Swann. Des années de silence qui se transforme en une visite surprise et une intention d’imposer sa présence de partout. Il avait réussi son coup Arthur, mais désormais, il s’agissait de distribuer les cartes avec prudence. « J’en avais marre de la vie à Londres. » Lui qui s’ennui toujours de tout, lui qui se lâche d’un rien en quelques jours, il avait tenu près de trente ans à vivre dans la même ville, l’excuse n’avait rien d’inconcevable en soit. « Je voulais voir autre chose et j’ai du boulot à faire ici. » Est-ce que Swann continuera à être aussi dupe ? Ou les années passées aux côtés d’Arthur lui auront appris à ne jamais croire la version officielle ?

Le loup est dans le poulailler. S’ils étaient dans un film d’action, c’est le nom de code qu’aurait pu dire Swann. Pour ça, aurait-il aussi fallu qu’il se rende compte des choses, ce qui n’est évidemment pas le cas ici. Bien au contraire, l’anglais est finalement heureux de retrouver son ami de toujours, les années ayant aidé dans le processus d’oubli des mauvais souvenirs pour n’en garder que les meilleurs. A en juger par toutes les années passées l’un auprès de l’autre, les souvenirs sont nombreux et aident Swann à garder le sourire, lui qui l’affiche de toute façon naturellement. A la seule différence qu’il continue pourtant de protéger son entourage d’Arthur, sachant comment il lui arrive de se montrer face à autrui et d’être terriblement aventureux avec les femmes. Il ne souhaite pas que cela arrive ni avec Sofia, ni avec Maisie. « Tu couches avec une des deux ? » - “Non, bien sûr que non.” La réponse arrive rapidement, sans doute trop. Comme pris sur le fait, il relève les yeux en direction d’Arthur après avoir refermé la porte derrière lui. Son ami est déjà installé sur le canapé, comme si là avait toujours été sa place. “Enfin plus maintenant.” Il sait mentir ; mais pas à Arthur. Son ami lui aurait de toute façon posé la question à la suite, capable de lire en lui comme dans un livre ouvert. Swann s’est toujours montré trop expressif à ses côtés. “C’est arrivé une fois et c’était une erreur. Point barre. Et je te vois venir : non, t’as pas le droit de faire une erreur toi aussi.” Il a un index accusateur pointé en sa direction. Arthur n’écoutera que très peu de ses ordres, si ce n’est même aucun, mais le blond continuera d’insister sur celui-ci. Peu importe toutes les aventures foireuses dans lesquelles l’anglais pourra l’entraîner, Buchanan continuera d’insister sur le fait que les deux jeunes femmes avec qui il partage cet appartement sont absolument intouchables. Et pour faire redescendre cette pression montée en flèche, le voilà qui propose déjà à manger, la nourriture comme réponse à tous les maux - et le café aussi, à en juger par la réponse de Coventry miniature.

S’occupant de répondre à sa demande dans la cuisine, Swann ne peut pourtant pas s’empêcher de lui demander avec davantage de précisions la raison de sa venue ici. Il n’est pas ici pour renouer de vieilles amitiés, ça, il le sait déjà. Alors quoi ? « J’en avais marre de la vie à Londres. » Et bientôt, il en aura marre de celle à Brisbane. Il est un aventureux, un baroudeur. Ça n'a rien d’une nouveauté aux yeux de Swann, ni même d’une annonce en soi. « Je voulais voir autre chose et j’ai du boulot à faire ici. » Le blond esquisse un sourire sincère faisant apparaître brièvement une pommette contre sa joue. Le café est prêt mais Arthur n’a pas réellement répondu à la question. Il vient pourtant lui poser la tasse brûlante sous les yeux, sur la table devant lui. “Alors, qu’est-ce que ton père t’a dégoté comme job, cette fois ?” Parce que oui, bien sûr que s’il a du boulot c’est grâce à son paternel. Dans sa propre entreprise, sans doute, dans celle d’un ami, peut-être. Arthur n’a jamais su voler de ses propres ailes, c’est un fait, mais puisqu’il a aussi toujours eu un père pour couvrir ses arrières alors il n’a jamais eu à changer de mode de fonctionnement. Au fond, Swann le comprend parfaitement et ne le juge pas le moins du monde à ce propos. Il profite des chances que la vie lui offre. “Et c’est pour combien de temps ?” Une simple question de plus, voilà tout. En tout cas, il essaye de s’en convaincre autant qu’il le peut.

« Non, bien sûr que non. » Pris la main dans le sac en une seule tentative. Les instincts d’Arthur se retrouvent à ne pas être si rouillé que cela dès qu’il s’agit de Swann. L’ordre ne pouvait sortir de nulle part, qu’importe si la réputation du Coventry n’est plus à faire. La réponse était trop rapide, jeter sur le feu pour mieux tenter d’en éteindre les braises. Trop tard, il voulait tout savoir désormais et il n’aura même pas besoin de quémander. « Enfin plus maintenant. » Aurait-il joué à l’homme sans cœur qui trouve le chemin vers le lit d’une femme que pour un soir ? Arthur a toujours connu Swann comme étant un être sensible, attacher à une certaine forme de romantisme au point de rouler des yeux à s’en rendre aveugle, dès qu’Arthur lui comptait ses différents exploits sexuels. Il pourrait insister, mais pourquoi faire lorsque Swann finis par vendre le reste de l’histoire en un claquement de doigt. « C’est arrivé une fois et c’était une erreur. Point barre. Et je te vois venir : non, t’as pas le droit de faire une erreur toi aussi. » Voilà qu’il serait prêt à mordre le lionceau agitant sa menace du bout du doigt tout en semblant bien trop fébrile pour paraître un tant soit peu crédible. Swann accumule les erreurs en insistant de la sorte, il venait de planter une graine dans l’esprit ô combien joueur d’Arthur. « J’ai hâte de les rencontrer pour deviner laquelle t’a fait craquer. » Il a surtout hâte de décider laquelle deviendrait sa proie le temps de son séjour entre ces murs.

Si Swann n’était pas le meilleur lorsqu’il s’agissait de mentir à Arthur, ce dernier maîtrisait à la perfection l’art du détournement de conversation. Il s’attendait à ce que le blond le questionne sur la manière dont il avait obtenu son adresse, mais l’unique chose qui paraissait l’obséder tenait en la raison de la présence d’Arthur sur le territoire. Sortir les violons en jouant la carte des amitiés perdues n’aurait fait qu’attiser la curiosité de Swann. Les pieds désormais croisés sur la table basse, Arthur préfère lui servir la raison officielle, celle que son paternel racontera à tout le monde en Angleterre. « Alors, qu’est-ce que ton père t’a dégoté comme job, cette fois ? » Une plaie qu’Arthur allait devoir jouer de bout en bout. Lui, qui n’a jamais réellement eu besoin de se retrousser les manches, se retrouve avec une épée de Damoclès qui pèse déjà bien trop lourd au-dessus de sa tête quand le café servi par son ami n’est qu’un énième prétexte pour ne plus ressentir le manque d’une autre substance bien plus addictive encore. « Détruire quelques vieilles bicoques pour construire un ou deux complexes made in Coventry Property. » Sous menace de se retrouver sans un sou en poche si l’ambitieux projet venait à échouer. Il cache cela derrière un sourire qui transpire l’arrogance. Arthur ne doute jamais de sa personne, quoiqu’il arrive, il trouvera un moyen que ce soit de développer le projet par le biais de quelques sous-fifre ou faire comprendre à son père que l’overdose n’était qu’un bête accident de parcours qui ne se reproduira pas. Facile à dire quand il rêve de s’envoyer une ligne à même la table basse du salon de Swann. « Et c’est pour combien de temps ? » - « Je sais pas. » Le haussement d’épaule se veut nonchalant. « Le temps qu’il faudra. » Le temps nécessaire pour que Londres oublie les frasques d’Arthur Coventry. Une période assez longue pour ne plus penser à sa sœur et tout le reste encore. Il n’apprécie guère que Swann le presse de questions ainsi. Si le Buchanan n’a jamais su lui mentir, il est également l’une des rares personnes sur cette Terre à pouvoir lire au travers des multiples carapaces d’Arthur et cela a toujours eu don de déstabiliser le brun. « Assez parler de moi. » Le sujet préféré d’Arthur ? Sa personne. Pourtant ce soir, il préférerait encore entendre Swann s’extasier sur des animaux mignons plutôt que voir son ami creuser autour des failles qui l’ont poussé à quitter la mère patrie. « Qu’est-ce que tu deviens toi, à part fricoter avec les colocataires ? » Le sourire espiègle est de retour quand son regard vient croiser celui de Swann.

Swann ne se défend pas bien quand il s’agit de lui et c’est à peine s’il essaye de le faire, mais dès lors qu’il s’agit d’autrui, de sa famille et de ses proches, il a une force et une conviction nouvelle. Arthur peut l’entraîner dans toutes les mauvaises idées qui le caractérisent, mais il n’a pas le droit de toucher à un seul cheveux de Sofia ou de Maisie, pas alors que l’anglais sait que cela ne serait que par jeu, par envie de dépasser la limite imposée. Il les abandonnerait avant même que l’aube ne pointe le bout de son nez, et Swann ne veut pas qu’elles aient à vivre une telle expérience, encore moins par sa faute et sous sa surveillance. « J’ai hâte de les rencontrer pour deviner laquelle t’a fait craquer. » Il ne répond rien, ses yeux n’ayant de cesse de sonder les siens, se voulant désormais bien moins chaleureux qu’ils avaient réussi à l’être jusque-là. La graine est plantée dans son esprit et à partir de maintenant, elle ne pourra que croître, au plus grand damne de Swann qui n’arrive pas à se rendre compte de tous les problèmes et leurs conséquences traînés dans les bagages d’Arthur.

Ne voulant pas se disputer avec lui alors qu’il le considère encore sincèrement comme un ami cher à son cœur, il préfère en apprendre davantage sur la raison de sa venue sur ce nouveau continent. « Détruire quelques vieilles bicoques pour construire un ou deux complexes made in Coventry Property. » Bien sûr. La Grande Bretagne est finalement bien trop petite pour les ambitions démesurées de sa famille. Ils avaient besoin d’une île comme l’Australie pour pouvoir aller au bout de leurs idées et desseins. Après tout, personne ne pourrait leur reprocher de rêver grand - envoyer Arthur en reconnaissance, ceci dit, ne semble pas réellement avoir quoi que ce soit d’une bonne idée. “Cache ta joie.” que reprend donc alors Swann dans un sourire, essayant de lui en arracher un sincère en retour. Au moins, il a un métier qui paye aux bonnes dates, c’est un bon début. Il fera le travail le temps que son père lui demandera et, rapidement, il retournera à Londres pour y retrouver ses vieilles habitudes qu’il ne vaut mieux pas qualifier en détail. « Le temps qu’il faudra. » Entre une journée et une éternité, en somme. Une part de lui craint qu’il ne penche rapidement pour la deuxième solution, se plaisant un peu trop sous le soleil Australien. Et s’il aime beaucoup Arthur, il craint que retrouver sa présence à long terme n’ait rien d’une bonne idée, sans pour autant encore être capable de se l’expliquer lui-même.

« Assez parler de moi. » - “Depuis quand Arthur Coventry n’est plus le sujet de discussion favori d’Arthur Coventry ?”

Le rire de Swann est sincère, sans reproches. Il ne jugera pas le caractère de chacun, ayant depuis longtemps accepté son ami tel qu’il est, avec ses qualités autant que ses défauts. L’assurance ne devrait pas en être un. « Qu’est-ce que tu deviens toi, à part fricoter avec les colocataires ? » Oh. La question est large, bien trop large. Impossible de lui résumer des années de vie en quelques mots, impossible d’en choisir les événements à conter aussi. Swann a envie de tout lui dire et de tout taire à la fois, tenant sans doute un peu trop à son intimité, surtout depuis son récent rapprochement avec Rory. Doit-il lui parler de Rory, d’ailleurs ? Sûrement que non. Cette fois-ci, ce n’est pas sa peur qui le pousse à garder le silence mais bien son instinct protecteur : réunir deux parties aussi différentes de son histoire ne serait synonyme de rien de bon. “J’ai trouvé un job dans un cabinet rapidement après mon arrivée ici. Et j’ai rencontré mes demi-sœurs et mon demi-frère, maintenant ils sont partis s’installer ailleurs.” Ou mort, mais ce n’est sans doute pas un détail qu’il veut partager avec lui. Son ami avait été tenu au courant des raisons de son départ, il l’informe donc des résultats, avec quelques années de retard. Arthur s’en moque sûrement, raison pour laquelle Swann ne donne pas dans les détails. Tout ce qu’il veut savoir, c’est combien d’australiennes il a pu se faire et très bientôt, il lui demandera sûrement s’il a pas un filon pour trouver un peu de came. Il le connaît, son ami si différent de lui. “J’ai été en couple quelques mois avec une fille super” ces mots sont ceux d’un Swann ne voulant pas décevoir son ami, ce sont autant de ‘tu vois, je l’ai fait, je suis normal’ auxquels il donne la forme d’une annonce tout ce qu’il y a de plus normale “et quand on a rompu j’ai trouvé cette colocation. C’est très bien, ici.” Ça l’est la moitié de la semaine, quand on sait qu’il passe l’autre à Spring Hill dans un loft qui n’a rien à envier aux demeures dans lesquelles Arthur a grandi. “Je crois que c’est à peu près tout, finalement les choses vont bien moins vite ici. J’imagine que tu n’as pas dû t’ennuyer non plus, à Londres, depuis tout ce temps.” Est-ce qu’il a au moins su faire quelque chose de sa vie ? C’est la question que tente de poser Swann sans émettre de jugement.

Arthur a toujours été confiant, trop selon certains, mais c’était la philosophie de vie que l’on avait su lui insuffler depuis sa tendre enfance. Un Coventry ne baisse jamais la tête, n’avoue jamais ses faiblesses. Avec cela, il s'était forgé l’image d’un garçon bien trop sûr de sa personne, imbus de lui-même et à la limite odieux avec ceux qui oserait le remettre en question. Il se devait d’être le meilleur quitte à écraser les autres, c’est ainsi qu’il fonctionne. « Depuis quand Arthur Coventry n’est plus le sujet de discussion favori d’Arthur Coventry ? » Le rire de Swann a beau être empli de légèreté, Arthur sait qu’il a déjà décelé une part du mensonge qu’il se cherche à construire en démarrant une nouvelle vie dans cette ville. Jamais Arthur n’ira s’épancher sur l’accident qui lui a coûté la confiance de ses parents et la thérapie forcé qu’il a été obligé de suivre avant de devoir fuir son pays d’origine pour mieux respecter les désirs de son paternel. Le cauchemar, il venait de le quitter ce n’était pas pour verser dans l’émotion au milieu du salon de Swann. « Je t’accorde cinq minutes de mon attention, profites-en. » Il est bien rare que le Londonien soit bien plus clément dans la gestion de son temps et le maigre intérêt qu’il porte à la vie des autres.

« J’ai trouvé un job dans un cabinet rapidement après mon arrivée ici. Et j’ai rencontré mes demi-sœurs et mon demi-frère, maintenant, ils sont partis s’installer ailleurs. » Il se souvient parfaitement, Arthur, des rêves qui avait poussé le blond à s’envoler vers de nouveaux horizons. Il ne s’était pas gêné pour se moquer ouvertement de Swann et de ses illusions perdues sur cette famille retrouvé. Pour lui, rien ne pouvait autant ressembler à un scénario foireux de films bas de gamme. Il s'était parfois – une fois – demandé si Swann avait réussi à trouver ce qu’il était venu chercher à l’autre bout du monde. « Tout ça pour que tout le monde se barre ?! » Bien des efforts qui n’auront servi à rien à son humble avis. Il se retrouve comme un con désormais, Swann sans sa famille recomposée absolument parfaite. Arthur retient un éclat de rire, mais ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel. « Je t’avais dit que c’était perdu d’avance. » Et bien sûr, il avait besoin d’enfoncer le clou, encore une fois, sans aucune bienveillance.

« J’ai été en couple quelques mois avec une fille super et quand on a rompu, j’ai trouvé cette colocation. C’est très bien, ici. » Il n’y avait bien que Swann pour qualifier une ex petite-amie comme une personne parfaite. S’il lui demandait, Arthur était persuadé que le blond ferait l’éloge de la fille pendant des heures, soulignant la moindre de ses qualités sans jamais évoquer le fait qu’il s'était très probablement fait jeter comme une merde. Il préfère encore souffler le Coventry, vraiment Swann n’a pas grandi. « Je crois que c’est à peu près tout, finalement les choses vont bien moins vite ici. J’imagine que tu n’as pas dû t’ennuyer non plus, à Londres, depuis tout ce temps. » - « Donc en clair, on s’emmerde ici. » Pourquoi son père avait spécifiquement choisi Brisbane pour sa ‘période d’essai’ alors que l’entreprise familiale était implantée dans bien d’autres villes dans le monde. Voilà qu’il perd déjà patience Arthur quand le temps s’avère être aussi pourri à Londres, que son appartement est loin d’être à son goût et qu’il se retrouve à devoir se coltiner Swann et le pays des bisounours dès le premier jour. « T’as loupé des scandales Swann. » Depuis son départ, la famille Coventry en avait fait jaser plus d’un au sein de la bourgeoisie londonienne. « Mes parents ont divorcé parce que maman à préférer sauter un jeune employé. » La description est faible quand elle a, en réalité, entretenu une véritable relation avec le jeune éphèbe qu’Arthur prenait pour un ami. « Charlotte s’est tirée dans un centre féministe à la con après avoir accusé quelques gars de sa promo d'attouchements. » Elle cherche à se remettre de son traumatisme sa petite sœur, mais il préfère minimiser en riant sans jamais réaliser que les gars en question étaient ses amis et qu’ils étaient bien trop âgés pour se faire pardonner d’une telle connerie. Il est là, le Arthur qui ne pense qu’à sa pomme quand il dépeint un tableau familial désastreux pour mieux crier victoire. « Et ton vieux pote a été promu pour redorer le blason familial. » Le tout conclu avec un sourire victorieux et des mains légèrement tremblante dissimuler autour d’une tasse de café avalé d’une traite.

« Je t’accorde cinq minutes de mon attention, profites-en. » Amusé, Swann lui offre un simple sourire avant de commencer à parler, n’ayant pas la moindre envie de davantage interroger son ami pour l’instant. S’il est effectivement à Brisbane pour une durée indéterminée, alors il aura tout le temps du monde pour avoir ce genre de discussion avec lui. Pourtant, de son côté, s’il s’en tient strictement aux faits, il doute que sa vie puisse intéresser le moins du monde Arthur. Il cherche l’aventure, l’adrénaline, l’interdit - et Swann est plutôt de son avis sur les deux premiers points mais pas le dernier. Savoir qu’il a trouvé un travail normal, un appartement normal et a vécu une histoire d’amour normale, cela l’ennuiera profondément et l’anglais, de son côté, n’est pas encore prêt à lui dévoiler l’envers du décor, surtout en ce qui concerne sa vie amoureuse - et sexuelle, parce que c’est surtout ce dernier point qui intéresse le jeune Coventry. « Tout ça pour que tout le monde se barre ?! » Quiconque se serait vexé ou énervé d’une telle réponse mais Swann n’est pas aussi radical dans sa façon de penser. “On aura vécu de belles choses.” Ils auront profité d’une vie ensemble pendant plusieurs années et ça, personne ne pourra jamais le lui retirer. Peu importe ce à quoi ressemble sa vie aujourd’hui, il se souvient surtout d’ô combien elle avait pu être belle grâce à Matt, Ginny et Jill - et le jeune Noah. « Je t’avais dit que c’était perdu d’avance. » Cette fois-ci bien moins enjolivé, il ajoute quelques mots d’un ton bien plus arrêté. “Ça en valait la peine.” Ils peuvent avoir des avis différents sur une infinité de choses sans que Swann n’y voit le problème mais il ne pourrait accepter qu’il manque de respect à sa famille, même s’ils n’ont finalement pas le même sang, même s’ils sont finalement tous loin de lui. Ce n’est pas grave, il a grandi grâce à eux, assez pour gérer une telle situation.

Comme Swann s’y attendait, Arthur ne semble pas aussi enjoué que le blond à l’idée de vivre dans cette grande ville australienne. Beaucoup auraient donné cher et tout plaqué pour dire au revoir à la vie Londonienne mais son ami a toujours été différent. « Donc en clair, on s’emmerde ici. » L’anglais esquisse un sourire éternellement amusé face aux réactions de son ami. “Parle pour toi.” Lui y a vécu ses plus beaux souvenirs, assez radieux pour éclipser les plus mauvais et douloureux. Il ne s’imagine pas retourner vivre à Londres et la simple idée d’y mettre le pied le rend malade et sujet à une certaine forme de panique. « T’as loupé des scandales Swann. » Et il sait que, d’ici cinq minutes, Arthur les lui aura tous résumés. « Mes parents ont divorcé parce que maman à préférer sauter un jeune employé. » Le blond fait les gros yeux, ne s’attendant absolument pas à une révélation de la sorte - les mots crus d’Arthur, eux, n’ont rien d’une nouveauté. Décidément, ce n’est pas l’image qu’il se faisait de la mère de son ami et si une part de lui voudrait lui demander comment il se sent suite à cette révélation, il se retient pourtant. Arthur ne lui répondra pas, parce qu’Arthur ne fait pas ce genre de choses. « Charlotte s’est tirée dans un centre féministe à la con après avoir accusé quelques gars de sa promo d'attouchements. » - “Vous en avez parlé ? De votre mère ? Elle gère sûrement comme elle peut.” La logique aurait voulu qu’il soit bien plus ami avec Charlotte plutôt que son aîné, ayant de nombreux points communs avec sa sœur et presque aucun avec lui. Et pourtant. Quand bien même Swann n’est ami qu’avec Arthur, il ne sait faire autrement que d’expliquer le comportement de sa sœur et de lui trouver des circonstances atténuantes, n’ayant pour sa part aucun mal à comprendre sa réaction face à une telle nouvelle. « Et ton vieux pote a été promu pour redorer le blason familial. » Et Swann, éternellement aveugle, ne voit absolument pas le problème dans une telle histoire, lui-même n’ayant aucun mal à croire qu’Arthur puisse être l’Elu pour redorer le blason de sa famille. "Mon vieux pote n'aura aucun mal à y arriver." Il reprend ses mots de bon coeur et en toute franchise. "Je te montrerai les environs quand t'auras le temps, tu vas regretter de ne pas avoir quitté Londres plus tôt." Swann est patriote mais ici ses bons moments ont une teinte bien différente, un goût bien plus doux aussi.

« On aura vécu de belles choses. » Le ton employé se veut déterminer, mais c’est à se demander, tout de même, si Swann ne cherche pas à se convaincre lui-même de la véracité de ses propos. Des années à se lamenter sur l’idée de ne pas connaître ses origines pour mieux se faire larguer par ceux qu’il avait tant chercher à rencontrer. Le concept échappe totalement à l’esprit d’Arthur qui se veut bien trop cartésien pour s’en aller dans les méandres plus profonds que représente une véritable quête d’identité. Il se contente de hausser des épaules, effort ultime pour signifier qu’il écoute son ami sans vraiment se soucier de toutes les répercussions que cela a pu avoir sur le mental de Swann. Il l’avait prévenu après tout… « Ça en valait la peine. » - « Tu parles, tu retrouves seul comme un con. » Qu’importent les années que le blond aura pu passer en compagnie de ces gens, Arthur ne voit que le résultat qu’il avait prédit. Ses mots sont crus, loin de rendre service, pourtant, il se convainc que c’est pour bien faire, que tout cela est censé protéger celui qu’il avait vu partir. « Retour au point de départ. » A ses yeux ne reste que l’échec sans jamais voir l’ensemble de la situation, voilà qu’il transpose a sur ses ressentis, lui qui déteste tant se retrouve dans ce genre de situation. Arthur est encore bien incapable de remarquer les changements qui se sont opérés sur son camarade. Face à lui demeure le gamin paumé qu’il avait rencontré, il y a de cela bien des années.

Dans la volonté de ne jamais perdre la face, le Coventry préfère s’étaler sur les drames qui ont touché sa famille sans jamais se donner la moindre implication. Il ne souligne pas le fait que Seth est pu être ce que certains considèrent un ami, il n’emploie pas les véritables termes pour définir l’agression subit par Charlotte et jamais il n’ira détailler son séjour en cure de désintoxication. Les membres de sa famille ont bien plus participé a entaché leur réputation que sa petite personne, il est reste persuader. « Vous en avez parlé ? De votre mère ? Elle gère sûrement comme elle peut. » Il reconnaît bien Swann là, celui qui cherche à protéger la veuve et l’orphelin. Il était toujours le premier à avoir un mot gentil pour Charlotte, à demander de ses nouvelles, quand Arthur n’avait aucunement envie de parler de sa sœur. « Elle faisait juste son numéro pour se rendre intéressante. » Ce n’est rien de plus à ses yeux. Une énième tentative de la part de la petite dernière afin d’être le centre de l’attention. Certains pourraient lui renvoyer l’ascenseur en lui rappelant son overdose et toute l’attention qu’il avait su gagner de ses géniteurs par la suite. Il ne pourrait que révoquer cela en précisant que cette histoire n’était qu’un accident et en rien une part de son subconscient qui tentait d’exprimer quoi que ce soit. « Mon vieux pote n’aura aucun mal à y arriver. » Un sourire se dessine sur les lèvres du brun, soudainement bien plus fier, il se redresse sur le canapé, les épaules en avant. « C’est bien vrai ça. » Personne ne pourra l’arrêter, qu’importe l’ultimatum donner par son paternel. Il saura retourner la situation, il a toujours su le faire.

« Je te montrerai les environs quand t’auras le temps, tu vas regretter de ne pas avoir quitté Londres plus tôt. » Voilà qu’il se retrouve intrigué Arthur. « Ah bon ? » Il termine son café et observe à nouveau Swann qui semble comme étrangement bien dans sa peau comparer à l’image qu’il avait gardée de lui. « T’as le physique du surfeur, ça attire les filles d’ici ça non ? » Peut-être qu’il va devoir repenser sa garde-robe pour mieux s’incruster dans le décor. Adopter une couleur de cheveux blonds peroxydé semble être un écart de trop, mais il pourrait bien troquer ses costumes contre quelques chemises colorés et des bermudas bien plus adapter à la météo locale. « J’espère que t’a pas oublié tout ce que je t’ai appris. » Autrement dit créer un défilé au creux de ses draps, s’entourer de gens assez influent en cas d’emmerde et toujours connaître un gars ou deux qui puisse te fournir. Comprenez Arthur semble avoir bien différent manque qui le guette, il n’a pas touché une fille depuis bien trop longtemps à son goût – merci le centre de désintoxication qui s’apparente à un cloître – et il ne dirait pas non à l’euphorie de quelques substances illicites. « On a le temps ce soir non ? On sort un peu ? » Pourquoi perdre du temps après tout ?

« Tu parles, tu retrouves seul comme un con. » Oh, Arthur et son don certain pour appuyer là où ça fait mal. Et avec un ami tel que Swann, il sait par avance qu’il aura toujours des endroits où appuyer, l’anglais n’ayant jamais cherché à lui cacher ses faiblesses. Il n’en a jamais vu la nécessité et aujourd’hui son avis sur le sujet ne change pas, même s’il se voit obligé d’avoir un sourire triste. S’il avait connu les McGrath, Arthur aurait compris ce qu’il cherche à lui dire et il aurait compris que tous les souvenirs qu’il en tient sont assez beaux pour éclipser le chagrin de leur absence. Il compte aussi sur d’autres personnes, maintenant, et cela ne l’empêche pas de toujours porter sa famille dans son cœur, même éloignés de lui. « Retour au point de départ. » - “Tu peux pas dire ça.” Son ton est bien trop bas pour qu’il puisse être le signe de la moindre rébellion de sa part. Il en serait capable si son ami insultait directement sa famille mais ce n’est pas encore le cas. C’est lui-même qu’il doit défendre dans cette situation ; et puisqu’il ne s’agit justement que de lui, il n’y mettra pas plus de force ni même de conviction.

En plus de défendre sa famille, il est désormais occupé à en faire de même avec celle d’Arthur alors que ce dernier prend grand soin de laisser reposer sur sa sœur tous les maux du monde. Trouvant la situation injuste et instinct de grand-frère oblige, l’anglais cherche à trouver à sa cadette des circonstances atténuantes, quand bien même il ne connaît pas totalement le contexte de leurs vies. De toute façon, il ne saurait faire autrement. « Elle faisait juste son numéro pour se rendre intéressante. » Réponse typique d’un Arthur typique. Swann répond par une simple moue, n’ayant aucun élément supplémentaire en sa possession pour défendre convenablement sa sœur. A ses yeux, il ne comprend pas comment on peut se montrer aussi dur envers un membre de sa propre famille. Qu’il ait une sœur est une véritable chance dont peu peuvent finalement se vanter. « C’est bien vrai ça. » Énième assurance que son ami n’a pas changé depuis l’époque de Londres ; ce n’est pas comme si le blond commençait à émettre le moindre doute à ce sujet. Il a l’impression qu’il a simplement fait un saut dans le temps et seul son physique semble avoir changé. Son caractère, certainement pas.

Il n’a besoin que de très peu de temps pour prendre ses marques dans l’appartement, ce qui est une bien plus mauvaise nouvelle qu’en une bonne. Au fond, Swann le sait sans moindrement vouloir l’accepter - ce serait penser du mal d’un homme qu’il a toujours connu et apprécié. « T’as le physique du surfeur, ça attire les filles d’ici ça non ? » La remarque a de quoi l’amuser, si elle est prise hors contexte, hors du temps aussi. Arthur sait pourtant bien que son ami n’a jamais été un coureur de jupon et ce n’est pas un trait de caractère qui puisse varier d’un pays à un autre. Ce qu’il ne sait pas et ce dont Swann ne peut décemment pas l’en tenir rigueur, c’est que son cœur ne batte aujourd’hui que pour une seule personne. “Elles me trouvent trop pâle et surtout pas assez doué sur une planche.” Il s’en sort, mais rien de plus affriolant n’est à déclarer. Toujours égal à lui-même, il ne risque de toute façon pas de se vanter des quelques femmes qu’il a pu connaître à ses côtés au fil des années écoulées - lesquelles se comptent très largement sur les doigts d’une main, soit le score qu’Arthur bat aisément en une soirée. Cela ne sera jamais un concours à ses yeux. « J’espère que t’a pas oublié tout ce que je t’ai appris. » - “Tu sais que j’ai jamais été du genre à collectionner les filles, Arthur.” Les mots sont repris d’un ton neutre, sans reproches, pas même sous-jacents. Il ne fait que lui rappeler une règle générale et ne s’en énerve pas, même s’il s’agit sûrement de la centième fois (à une ou deux près) qu’ils ont cette discussion. “Je suis déjà avec quelqu’un, de toute façon.” Pas encore officiellement mais ce ne saurait tarder. Il le sait d’autant plus que le geste viendra de sa part, d’ici quelques jours à peine, au mariage de son amie. Il ne comptait pas en parler dès ce soir à Arthur mais puisqu’il semble avoir une idée derrière la tête, le blond préfère encore lui faire comprendre dès maintenant qu’il ne le suivra pas dans son plan. Pas cette fois-ci.

« On a le temps ce soir non ? On sort un peu ? » Déjà, il hoche la tête de droite à gauche, avant de se raviser. Après tout, Arthur vient de loin et a déjà vécu beaucoup de péripéties, si ce n’est qu’une simple soirée entre de vieux amis, il ne peut pas lui refuser sa demande. “Juste un verre, je travaille demain matin. Je ne pourrai pas profiter du canapé, moi.” Il lui adresse un sourire amusé, anticipant déjà que l’anglais sera toujours en train de ronfler lorsqu’il reviendra à l’appartement à sa pause de midi. “Mais va te doucher, tu sens un peu le chacal et même ton charme n’y pourra rien avec les filles.” Le sourire qu’il lui tend est un peu plus sincère et amusé encore. Tout se passera bien.