Il sort du vestiaire avec la batte sur l’épaule, assez déçu de n’avoir trouvé que ça pour se défendre. Il aurait aimé quelque chose de plus tranchant, de plus concret. Là, il ne peut que compter sur la solidité du bois et sur la force de ses bras. Loin d’être très sportif, il espère avoir ce qu’il faut là où il faut. Les chemins de Jake et Eliot se séparent donc là, les deux armés, soi-disant prêts pour affronter n’importe qui. Jake est rassuré de se dire que d’autres personnes parcourent l’établissement avec des buts précis. Quand certains cherchent seulement à s’enfuir, d’autres veulent l’aider à mettre tout le monde en sécurité, d’autres encore font du meurtrier leur proie. Avec autant de profils différents, ils ne peuvent que s’en sortir. C’est du moins ce qu’il se dit, l’optimiste est impossible à enterrer, même dans cette situation. Le plan qu’il a mis en place tout à l’heure suit son cours, doucement mais sûrement. Il voulait quelque chose pour se protéger en cas de face à face avec le tueur, il l’a. Maintenant, il lui faut le trousseau de clés que le concierge se trimballe à longueur de journée. Jake aime tout le monde mais ce type, il ne le supporte pas ; il l’entend à trois couloirs d’intervalle. Il n’a jamais compris l’intérêt de se déplacer avec toutes les clés quand on en a besoin que d’une seule. Quand certains voient un gain de temps au travers des portes-clés, lui y voit un désavantage certain : si on le perd, on perd tout en même temps. Et puis si elles étaient rangées dans un endroit en particulier, il n’aurait pas à fouiller dans tous les sens. Le Vaughan imagine le concierge rentré depuis bien longtemps et absolument pas présent à la soirée : les clés doivent donc être rangées dans le bureau du directeur. C’est le premier lieu qui lui traverse l’esprit, l’endroit le plus logique à explorer en premier. Il traverse les couloirs, la batte toujours bien serrée dans l’une de ses mains, jusqu’à arriver en face du fameux bureau. Sergio en sort à ce moment-là. Jake ne le connaît que de nom et de réputation, en gros, il sait qu’il ne vaut mieux pas le fréquenter. Il a même un mouvement de recul, une légère hésitation, un questionnement qui tambourine : est-ce que c’est lui ? Il l’analyse rapidement et se rend bien compte que non, il n’a pas l’allure d’un tueur et que surtout, il n’a pas une goutte de sang sur son costume. S’il avait poignardé une jeune femme plus tôt dans la soirée, ça se verrait. « Hey. Dis, tu as vu les clés du concierge dans le bureau ? » Il lui pose la question directement plutôt que d’aller fouiller juste après lui. Il y a de fortes chances qu'il soit là pour la même raison.

@Sergio Gutiérrez

Le bureau du proviseur avait été un échec cuisant, ce qui suffisait à irriter les nerfs du mexicain. Il n’aimait pas cette situation et maintenant que la blague s’était avérée ne pas en être une, le sentiment d’urgence était en train de tambouriner dans son esprit. Chaque minute comptait et le brun se doutait bien qu’il ne serait pas le seul génie à avoir pensé au bureau du directeur. Après l’avoir retourné en tout cas il en était certains ; les clés du lycée, et donc de leur liberté, ne se trouvaient pas ici. Ce vieux crétin avait dû partir avec et préférer rester chez lui plutôt que d’assister à un bal de lycéen. Si c’était possible, ce type venait encore de baisser dans son estime. Comme pour en rajouter une couche, Lena avait décidé de continuer sur sa lancée à vouloir toujours lui donner tort. Elle s’était barrée, l’avait laissé planté là, et il n’avait pas voulu la retenir. Il ne se ferait pas tuer par un tueur en série pour ses beaux yeux. S’ils survivaient, il la larguerait dès le lendemain, c’était une promesse. Mais pour l’heure, il devait faire avec ce qu’il avait. Autant dire que ce n’était pas brillant. Une paire de cisailles qu’il tenait fermement, prêt à découper tout ce qui se présenterait à lui. Des bouteilles avec des motifs de tête de mort qui provenaient certainement de la classe de chimie balancés dans un sac à dos (des restes du scandale de produits dangereux qui avait provoqué un tôlé chez les parents d’élèves, probablement). Et surtout, une paire de rollers qu’il avait enfilé tant bien que mal. Il avait l’air con, c’était certain. Mais en cas de danger, il irait bien plus vite qu’un psychopathe qui se mettrait à lui courir après.

Il aurait aimé avoir une foutue lampe de poche mais non, il n’y avait que la lueur de la lune, les néons des sorties de secours et en cas de besoin son briquet pour l’éclairer. Si bien que quand il décida de sortir du bureau, la présence d’un type en face de lui le fit sursauter, brandir la paire de cisailles. La réaction fut tout aussi virulente chez l’adolescent en face de lui mais à s’observer en chien de faïence pendant quelques longues secondes, ils en arrivèrent à la même conclusion. Ils n’étaient pas le tueur. Pas assez de sang, pas l’arme correspondante. « Nan, y a rien. Mais libre à toi de chercher. » Il n’avait pas envie de faire équipe, mais pas envie de crever non plus. Ce serait l’occasion. « La dernière fois que Miss Sanders a dû aller chercher la clé d’une salle, c’était à la conciergerie. Si c’est pas là, j’sais pas. Mais dans le noir… »

Et ça fit tilt dans son esprit. « Oh putain attends, je sais. » Il retourne dans le bureau, pose son sac à dos sur le bureau pour en sortir les flacons. « Essence de térébenthine… C’est inflammable. Cool. » Son regard fait le tour de la pièce, s’arrête sur la vieille chaise en bois où il a dû s’asseoir si souvent. Bancale et en bois. Avec le regard le plus satisfait du monde il attrape cette pauvre chaise pour la balancer violemment sur le mur, entend le craquement du bois avec satisfaction. Il ne lui reste plus qu’à récupérer l’un des pieds de la chaise et le déposer sur le bureau. Il asperge le bout du pied et dégaine son briquet. « Comme ça on aura une torche. Ça tiendra pas longtemps mais assez pour fouiller la conciergerie. » Puis, il met le feu.

Win : le feu prend doucement, ils peuvent récupérer ce pied de chaise transformé en torche sans dommages
Loose : dans le noir, Sergio n’a pas vu l’étendue de la flaque sur le bureau et déclenche un petit incendie dans le bureau, ruinant leur torche improvisée. oups.

« Nan, y a rien. Mais libre à toi de chercher. » Jake fronce les sourcils. Pourquoi s’embêter à chercher derrière lui s’il n'a pas trouvé ? Vaughan a la fâcheuse habitude de croire qu’il ne peut pas faire mieux que les autres, dans tous les domaines possibles, dont la recherche de clés. « Je te fais confiance. » Il prend ses paroles comme vérité absolue et est donc désormais sûr qu’elles ne se trouvent pas dans ce bureau. « La dernière fois que Miss Sanders a dû aller chercher la clé d’une salle, c’était à la conciergerie. Si c’est pas là, j’sais pas. Mais dans le noir… » Ils n’iront pas bien loin. Il termine la phrase du mexicain dans sa tête. « Je savais même pas qu’il y avait une conciergerie. » Il n’a jamais pris le temps de visiter tout le lycée et ses recoins, se limitant aux seules salles où il a cours. Pour le reste, il a son spot dans la cour et ça lui va très bien. « Oh putain attends, je sais. » S’ils étaient dans un dessin animé, une ampoule lumineuse s’élèverait au-dessus de Sergio. La lueur, Jake ne l’a vue que dans ses yeux : il le suit dans la salle de classe, curieux de ce qu’il vient d’imaginer. « Essence de térébenthine… C’est inflammable. Cool. Comme ça on aura une torche. Ça tiendra pas longtemps mais assez pour fouiller la conciergerie. » La suite s’enchaîne très rapidement : il prend une chaise, l’envoie dans un mur et la fait flamber avec les flacons et son briquet. Jake, lui, reste dans un coin et observe sans rien dire. Jake a bien envie de ranger tous ses préjugés pour se faire un véritable avis fondé sur lui, désormais. Même si ce n’est ni le lieu, ni le moment idéal. « Tu te trimballes régulièrement avec des flacons inflammables dans ton sac ? » C’est la seule question qui lui vient, alors qu’à la base, il ouvrait la bouche pour le féliciter. « J’ai aucune idée d’où est la conciergerie et c’est toi qui as la lumière, alors je te suis. » Il dit, avant de brandir sa batte. « Et je couvre tes arrières. » C’est la seule chose qu’il peut faire. Il ferme donc la marche, après Sergio, pour commencer à avancer dans le couloir à la recherche de la fameuse pièce. « Après… Je me dis que s’ils ont pris le temps de bloquer toutes les issues possibles, ils ont sûrement réfléchi à se débarrasser des clés les plus évidentes. Si conciergerie il y a, ça m’étonnerait quand même beaucoup que ce soit là-bas. » Et si jamais ça y était, il y a de fortes chances que quelqu’un les ait prises avant eux. « T’en as besoin pour faire quoi ? » Il a peut-être trouvé un autre endroit où se cacher avec d’autres personnes. « Moi, j’ai trouvé une trappe à ouvrir dans le réfectoire. Je me dis qu’on peut s’y cacher là en attendant que quelqu’un de l’extérieur nous vienne en aide. » Car de l’intérieur, il y a très peu de chances qu’ils arrivent eux-mêmes à maîtriser le ou les tueurs. Ils ne savent ni qui ils sont, ni combien ils sont, ni les armes qu’ils ont en leur possession. L’entraide et le camouflage est de loin la meilleure solution pour Vaughan. Jake s’arrête devant une porte à côté de laquelle il y a un panonceau indiqué "conciergerie". « C’est donc ici… » La porte est entre ouverte et une odeur particulière se dégage d’à l’intérieur.

Win : C’est l’odeur habituelle, qui a dit que le concierge est un homme propre ? Ils rentrent mais il n’y a pas de clés à l’intérieur, comme le prédisait Jake. « Ok, et maintenant, une autre idée ? »
Close / Fail : Les clés ne sont pas là mais le corps du concierge, lui, oui.

L’apprenti chimiste qu’il est a un sourire qui va d’une oreille à l’autre. D’accord, cette soirée puait la détresse. Mais si on lui avait dit un jour qu’il pourrait exploser cette chaise inconfortable sur laquelle il avait trop souvent été assis, qu’il pourrait ensuite y mettre le feu et le tout dans le bureau du proviseur, alors il n’aurait certainement rien changé aux événements. Ce n’était certes pas de la chimie de haut niveau, juste savoir lire un logo inflammable, mais Sergio n’était pas peu fier du résultat. « Les produits étaient dans le bureau. Quand j’ai dit qu’il y avait rien, j’insinuais qu’il n’y avait pas de clés. Le reste… » Jake avait trouvé une batte quelque part visiblement alors pourquoi lui n’aurait pas pu s’équiper ? « Tu viens de débarquer dans ce lycée pour ne pas connaître les lieux ? Heureusement que je suis là. » Le concierge était un gros dégueulasse, mais il avait tous les accès, tous les ragots. C’était le type qu’il valait mieux avoir dans sa poche quand on se faisait choper à fumer des cigarettes dans les toilettes, par exemple. « C’est parti. » annonça le brun en se lançant dans les couloirs.
Il y avait quelque chose de cocasse à cette scène mais malgré tout, on ne pouvait pas décrire Sergio comme serein. Lui qui d’habitude se fichait bien de cette multiplication de couloirs et de portes, cette nuit-là, cela le faisait se sentir anxieux. Le tueur pourrait sortir de n’importe où, leur tomber dessus à n’importe quel moment, et il suffirait de prendre une mauvaise porte pour se retrouver coincés. « Ils ? Tu penses que c’est un groupe ? Ce serait pas une bonne nouvelle. Mais j’vois où tu veux en venir. Mais y a plusieurs personnes dans ce foutu lycée qui ont les clés, il doit bien y en avoir un trousseau quelque part. » Même si le garçon était en train de faire naître un doute. Ce serait effectivement trop facile de trouver le trousseau si vite. Il ne retint pas un regard d’exaspération vers Jake. Ce qu’il voulait faire avec ces clés, voyons voir, quelles étaient les options ? « Non merci. J’ai pas envie que mon corps aille rejoindre les autres cadavres. Mais je te retiens pas. » Pour l’heure, c’était sans trop de problèmes qu’ils arrivèrent à la conciergerie. Vide, puante, sale, comme à son habitude. Et le panneau des clés fracturé, les clés disparues. « Fait chier. »
Il grogne, se frotte le visage. Il essaye de réfléchir vite et bien. Une rumeur lui vient à l’esprit, le fait pâlir. « Y avait cette rumeur comme quoi le type s’est fait virer de sa maison par sa femme. La bonne nouvelle, c’est qu’il est normalement au lycée. La mauvaise, c’est qu’il est dans le sous-sol. » Il observe sa torche de fortune dans une grimace. « On n’a pas beaucoup de temps. » Encore moins quand un cri se fait entendre à l’autre bout du couloir. « On va se faire griller ici, faut bouger ! » Sergio n’attendrait pas plus et en un rien de temps, le voilà reparti dans les couloirs, se dirigeant bien à l’opposé du bruit et droit vers la porte menant au sous-sol qui, dieu merci, n’était elle pas verrouillée. Probablement car il n’y avait généralement rien à voir là-bas autre que toute la machinerie pour chauffer le lycée, l’alimenter en électricité, ce genre de conneries. Jamais personne ne viendrait se cacher ici de son plein gré, n’est-ce pas ? Cependant, il n’avait pas pensé à tout et cette fois-ci, le mexicain réalisa le problème qu’allaient représenter les rollers.

Win : Lentement mais sûrement, il parvient tout de même à descendre les marches une à une tout en gardant la torche allumée.
Close : La descente est laborieuse mais arrivés en bas, la torche s’éteint, les laissant dans le noir.
Fail : Sergio se vautre lamentablement dans les escaliers, la torche vole et s’éteint, et il vient en prime de se déboîter l’épaule.

« Les produits étaient dans le bureau. Quand j’ai dit qu’il y avait rien, j’insinuais qu’il n’y avait pas de clés. Le reste… » La réponse ne rassure pas vraiment le jeune homme, qui n’arrive pas à comprendre ce que faisait le proviseur avec des produits inflammables dans son bureau. Mais l’heure n’est pas aux questionnements et Jake ne relève pas, il préfère passer à autre chose et ne pas s’imaginer tout et n’importe quoi. « Tu viens de débarquer dans le lycée pour ne pas connaître les lieux ? Heureusement que je suis là. » Il lève les yeux au ciel. « Non, je suis élève ici depuis au moins autant de temps que toi. Mais j’ai mieux à faire qu’à errer dans le lycée. Heureusement que t’es là, oui, si on veut. » Il a bien envie de lui demander comment se portent ses chevilles mais il se retient. Il préfère ne pas se le mettre à dos – du moins pas tout de suite – car en effet, heureusement qu’il est là. Jake est sûr de pouvoir se débrouiller sans lui mais il sait également que deux hommes sont plus forts qu’un seul. Si mettre toutes les chances de son côté veut dire collaborer avec Sergio, alors il va s’efforcer de le faire. « C’est parti. » Et ils s’élancent à la recherche de la fameuse conciergerie. C’est vrai que Jake ne peut pas s’empêcher de regarder les pieds de Sergio. La scène le fait rire mais il reste sérieux d’apparence, il veut que pas que l’autre le pense en train de se moquer – même si c’est le cas. Il se demande à quel moment il a eu l’idée d’enfiler des rollers pour échapper à une bande de tueurs. En supposant qu’il ait eu l’idée après la découverte du premier corps car sinon, ça voudrait dire qu’il a assisté au bal avec ça aux pieds. Si c’est le cas, les moqueries de Jake vont se transformer en une forme de respect ; lui, il ne tient pas plus de trente secondes sur des rollers ou des patins. Vaughan se concentre de nouveau sur l’objectif principal en essayant d’envisager les solutions possibles si les clés ne sont pas à l’endroit espéré. « Ils ? Tu penses que c’est un groupe ? Ce serait pas une bonne nouvelle. Mais j’vois où tu veux en venir. Mais y a plusieurs personnes dans ce foutu lycée qui ont les clés, il doit bien y en avoir un trousseau quelque part. » Des deux, ça a l’air d’être Sergio le plus optimiste. Pourtant Jake en est un grand, en temps normal, et devrait être en train de chercher le positif partout plutôt que d’imaginer le pire arriver. « Oui, on va finir par un trouver un. » Il le dit pour lui-même, avant de lui demander pourquoi il les cherche. « Non merci. J’ai pas envie que mon corps aille rejoindre les autres cadavres. Mais je te retiens pas. » Il lui offre un soupir comme simple réponse et entre le premier dans la conciergerie. Dans laquelle il n’y a rien, comme il l’avait prédit. « Fait chier. » « Je suis pas du genre à dire que je l’avais dit mais… Je te l’avais dit. » Il fixe le panneau fracturé et évite le regard de Sergio, il faut admettre qu’il a peur de s’en prendre une à trop le chercher. « Y avait cette rumeur comme quoi le type s’est fait virer de sa maison par sa femme. La bonne nouvelle, c’est qu’il est normalement au lycée. La mauvaise, c’est qu’il est dans le sous-sol. On n’a pas beaucoup de temps.  On va se faire griller ici, faut bouger ! » Jake était déjà en train d’établir une liste d’arguments pour éviter d’aller à la cave, mais le cri qui retentit le fait tout de suite changer d’avis. S’il pense qu’ils ne seront pas en sécurité là-bas, il est désormais sûr qu’ils ne le sont pas ici non plus. Autant y aller, donc. Il n’a pas le temps de réfléchir que Sergio s’élance déjà sur ses rollers, Jake n’a que ses pieds pour suivre : il court au mieux derrière, sa batte toujours accrochée à sa main. La porte s’ouvre et les escaliers – toujours dans le noir – se présentent à eux. Il fronce les sourcils en voyant que Sergio n’enlève pas ses rollers et serre les dents en le regardant descendre les marches une à une. Par chance, il ne tombe pas et la torche continue de les illuminer. « T’es sûr que la rumeur disait bien la cave ? » Lui qui n’a pas pour habitude d’écouter les rumeurs n’aime pas baser ses recherches sur l’une d’entre elles. La cave est un vaste espace qui se compose de plusieurs pièces, sûrement sur toute la surface du lycée. Un bruit se fait retentir dans l’une d’entre elles et Jake pousse légèrement l’épaule de Sergio pour qu’ils se dirigent vers cet endroit. « Chut, j’crois qu’il y a quelqu’un. » Il avance encore de quelques pas et aperçoit une lumière posée au sol, dans la pièce.

Win : Elle éclaire le tueur et un cadavre à ses pieds, il a le trousseau de clés entre ses mains.
Close : Elle y éclaire un cadavre qui a l’air d’être là depuis un moment, il n’y a par contre ni clés ni tueur.
Fail : Le tueur est là, le cadavre aussi, pas les clés.

Ouais, à choisir, Sergio n’aurait pas compté sur le Vaughan pour l’aider dans sa quête des clés. Il ne le connaissait que de vue, ne s’était jamais intéressé à son cas. Mais il voyait le genre d’élève ; l’intellectuel, le gosse bien élevé, celui qui se fait apprécier de tout le monde et se pense quelque peu supérieur, malgré sa bienveillance exposée. Ils ne finiraient certainement pas potes. C’était bien pour cette raison que le mexicain bougeait vite, réfléchissait par lui-même. Il n’était pas certain d’avoir besoin de qui que ce soit pour l’aider à sortir d’ici. Jake avait pour avantage d’être beaucoup moins bruyant que Lena, de raconter beaucoup moins de bêtises aussi. Quoique son point de vue était quelque peu inquiétant. Sergio n’avait pas pensé à l’hypothèse qu’il puisse y avoir plus d’un tueur, mais si c’était vrai, alors ils étaient doublement, triplement, peut-être plus que ça, dans la merde. Une suggestion qui prenait d’autant plus son sens que pour un seul type, il aurait été difficile de bloquer toutes les issues, de faire disparaître les clés, de faire entrer des armes… Peut-être un groupe d’élèves en rogne contre le système. Ce serait vraiment un énorme manque de chance, mais expliquerait beaucoup de choses.
Il n’est pas inconscient pour autant ; il sait que se rendre au sous-sol serait l’idée à bannir dans un film d’horreur -ce qu’ils semblaient vivre ce soir-. Et Jake était libre de faire ce qu’il souhaitait mais il était hors de question que le mexicain se planque et attende patiemment qu’on vienne le chercher, ou pire ; qu’il se fasse chopper ici. Tant pis pour le courage, tant pis pour l’image qu’ils devaient envoyer à défiler dans les couloirs avec leurs armes de fortune. « J’aurais aimé qu’il se soit fait son petit nid à la cantine. » marmonne le garçon en arrivant aux escaliers. C’est ici qu’il aurait dû s’affoler. En voyant le calme du sous-sol, en arrivant en bas sans encombre, en percevant une lumière qui n’est pas la sienne. Jake a raison, il y a quelqu’un. Et le tueur les a vu, se tourne lentement vers eux avec son couteau d’une main, le trousseau de l’autre. S’il tenait à ces clés, c’est qu’elles devaient être utiles. « Heeey, sympa ton masque. Ecoute, je comprends parfaitement que tu décides de t’attaquer à ce lycée, la plupart des élèves sont des cons. Mais on t’a rien fait, tu pourrais juste nous laisser les clés, et on disparaît de ta vue illico… Non ? Ok, ok… » Le tueur n’est pas de cet avis, le couteau se lève dans leur direction et il s’avance, prêt à en découdre avec eux aussi. « Cours ! »

Le sous-sol ressemble à des dédales de placards, de panneaux électriques, de petites pièces de stockage poussiéreuses. Si bien qu’à la première occasion qu’il a, le mexicain bifurque sur ses rollers, fausse compagnie à Jake dans ce labyrinthe. « Il faut l’arrêter ! »

Win : Le tueur poursuit Jake.
Close : Le tueur prend un autre chemin, devient introuvable, mais il est toujours présent.
Fail : Le tueur poursuit Sergio.

« J’aurais aimé qu’il se soit fait son petit nid à la cantine. » La phrase est marmonnée mais entendue par Jake qui se contente de lever les yeux au ciel. Jake vient de lui exposer son plan avec tous les élèves qui sont justement dans le réfectoire, mais soit. Les deux hommes s’aventurent dans la cave du lycée et tombent nez à nez avec le tueur. Ou l’un du groupe de tueurs, ils ne savent toujours pas. Une victime ensanglantée gît à ses pieds, un spectacle que Jake ne pensait pas vivre ce soir. Revivre, même : il a déjà eu son lot de cadavres avec Lena, un peu plus tôt. Une chose est désormais sûre, pour le Vaughan, c’est qu’il veut travailler dans un service où les chances de survie sont presque maximales. Une soirée lui a suffi pour savoir qu’il ne gère pas très bien la mort. Et s’il n’a pas encore vomi comme l’a fait la blonde sur ses chaussures, ça ne saurait tarder. « Heeey, sympa ton masque. Écoute, je comprends parfaitement que tu décides de t’attaquer à ce lycée, la plupart des élèves sont des cons. Mais on t’a rien fait, tu pourrais juste nous laisser les clés, et on disparaît de ta vue illico… Non ? Ok, ok… » Jake a l’impression d’halluciner en voyant cette scène : le Mexicain essaie de négocier avec quelqu’un qui vient de tuer. Le corps à ses pieds est encore chaud, le coup de grâce a été asséné il y a quelques secondes seulement. Et il tente de le dissuader ? Peut-être que ça devait être fait, certes, mais Jake ne l’en croyait pas capable. « Cours ! » L’information met quelques secondes à monter au cerveau de Jake avant qu’il ne se mette en effet à le faire. Il part dans une autre direction que Sergio et comprend à ce moment-là qu’ils ne forment vraiment pas une équipe, que c’est chacun pour soi. Le bruit de pas derrière lui confirme au futur infirmier que le tueur est à ses trousses et a abandonné l’idée de scalper le Gutiérrez. « Il faut l’arrêter ! » Jake l’entend. Il est assez loin pour ne pas être dans son champ de vision mais suffisamment proche pour avoir compris très clairement ses mots. Il s’arrête dans sa course, batte en mains, et donne un coup de toutes ses forces dans le tueur qui n’avait pas prévu un arrêt si brutal dans la course : la main qui tient le trousseau de clés est touchée et les lâche. Elles retombent par terre, un peu plus loin, à proximité de Sergio qui est bien caché. Jake fait un pas vers elles, puis regarde le tueur et prend une grande inspiration. « J’espère que tu vas faire ce qu’il faut ! » Il le dit en regardant l’homme au couteau droit dans les yeux, mais ce n’est pas à lui qu’il parle. Il espère surtout que Sergio n’a pas eu le temps de s’en aller et va l’entendre, prendre les clés et amener celle qu’il a promis à tout le réfectoire avant de faire son égoïste et quitter le lycée. Jake lâche la batte et reprend sa course en espérant savoir le semer. Le cri d’effroi qui se fait entendre dans le fond de la cave prouve que non, le Vaughan n’a pas su échapper au tueur.

C’était tordu. Toute cette situation était totalement dégénérée. Il était en train de faire face à un type dont l’activité du soir avait été de zigouiller toute âme qui vive dans ce lycée, de faire de ce bal d’année un événement sanglant. Si jusqu’ici Sergio avait réussi à garder son sang-froid en se disant qu’ils auraient vraiment une sacrée malchance de tomber sur ce fou furieux, il venait de se prendre un bon coup de réalité dans les dents. Ils étaient en danger imminent et il n’avait pas envie de mourir. L’instinct de survie fut le premier à prendre le dessus, l’inciter à fuir pour sa vie, à se désolidariser totalement de Jake dans la course. Ils ne faisaient pas le poids, il ne se faisait pas d’illusions. C’était soit rester ensemble et crever à deux ou soit lutter chacun pour sa vie et espérer avoir un coup de chance. Ce qui était le cas pour le mexicain ce soir car les pas derrière lui cessèrent rapidement, le poussant à se figer dans la pénombre. Il était assez proche des escaliers mais ne partirait pas sans les clés. Elles étaient sa seule chance de salut. Il préférait partir du principe que personne ne viendrait les aider alors il ne comptait pas se cacher jusqu’à ce qu’on le trouve. Le bruit des clés sur le sol attira son attention. Il pouvait les attraper et filer. Son cœur battait à tout rompre, une poussée d’adrénaline lui offrant un élan de courage. Il entendit la voix de Jake. Faire ce qu’il faut… Pour l’instant, cela revenait à se sauver. Il n’aiderait personne une fois mort. Dans un juron silencieux il s’assoit, retire ses rollers en vitesse pour retrouver un peu plus de mobilité. Puis accroupi, sans un bruit, il se dirige vers le trousseau au sol alors que les pas du Vaughan reprennent. C’est sa chance. Sergio agrippe les clés, court en direction des escaliers jusqu’à entendre ce cri sordide, suivi d’un râle. Puis plus rien. « Je suis désolé, mec. » Puis il s’élance jusqu’à l’étage et reprend sa course sans trop savoir où aller. Il faut qu’il s’éloigne le plus vite possible du tueur, lui. La porte de sortie du gymnase. Il n’y a plus que cette image dans l’esprit du mexicain. Ce n’était pas comme si la mort de Jake aura été la seule mort en vain, ce soir.