Heart of glass
Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath & @Damon Williams

Weirdo est avec moi et, même si je préfèrerais avoir Amos - mon petit ami musclé et quaterback du lycée - pour me protéger, j’ai déjà moins peur que si je traversais seule les couloir du lycée à présent plongés dans le noir. Après l’annonce, tous les élèves se sont dispersés et j’ai été séparée de mon cher et tendre, avant de tomber sur cet idiot d’Ivywreath que je déteste profondément depuis que nous avons 13 ans. Il avait renversé un pot de peinture sur ma tête et s’était moqué de moi avec les autres pré adolescents. Depuis, la puberté a fait des miracles, j’ai acquis de quoi remplir un bonnet B et ma bouille d’enfant boudeuse s’est transformée en visage de reine du lycée. Comme quoi, le karma frappe toujours les types comme cet énergumène de Léo et récompense les filles comme moi, belles et avec de la suite dans les idées.

Quoi qu’il en soit, lorsque le brun aux grandes jambes accélère, j’en fais de même pour ne pas perdre le rythme et être trop loin de cet unique rempart entre moi et le tueur. Notre but : trouver une arme. A la place, c’est sur un blondinet un peu perdu que nous tombons. Il erre dans les couloirs visiblement sans but et je l’interpelle en chuchotant. « Mais qu’est ce que tu fais tout seul ? T’es zinzin ou quoi ? Tu veux que celui qui a fait ça t’attrape ? » Il semble être en neuvième année, dixième tout au plus et je ne l’ai jamais vu nulle part. Je me tourne vers mon congénère, sondant son regard pour savoir si, contrairement à moi, il a la moindre idée de l’identité du jeune homme en face duquel nous nous trouvons. « Faut pas traîner dans les couloirs. Weirdo et moi on cherche une arme. » Et je me dis que si le petit blond rejoignait notre groupe, ça me ferait un bouclier de plus au cas où. « On va aller voir si la classe de chimie est verrouillée. On pourra prendre le chalumeau du prof si elle est ouverte. » Qui est à l’origine de ce plan hasardeux, déjà ?

Les couloirs ne sont pas sûrs mais certains y traînent encore. Malheureusement pour nos deux héros, ils ont déjà fait face à la mort. Les chaussures de Léo ont même été arrosées de sang et depuis quelques temps déjà, il laisse d'affreuses traces sur le sol. Faire équipe avec Raelyn, ça ne lui dit pas trop - mais a-t-il le choix ? S'il avait pu, Léo se serait peut-être mis en groupe avec son ami James, une grosse brute épaisse qui adore les grosses motos et les pompomgirls. Sur leur route - l'autoroute de la fuite, rappelons nous - ils tombent sur des planqués (des victimes) qui tremblent dans leur coin. Les plus jeunes sont tétanisés par la peur mais ici, Raelyn et Léo sont rois. « Mais qu’est ce que tu fais tout seul ? T’es zinzin ou quoi ? Tu veux que celui qui a fait ça t’attrape ? » « Tiens, c'est la calculette. » Léo reconnaît bien le petit gamin qui lui donne souvent son goûter et qui fait tous ses devoirs de mathématiques. L'attrapant par le cou, le brun frotte le crâne du plus jeune. « Faut pas traîner dans les couloirs. Weirdo et moi on cherche une arme. » « Détends toi Rae, on l'a enfermé ce connard. Il sortira pas de si tôt. » C'est vrai. Ils sont des héros... pour le moment.

Le brun repousse Damon d'un mouvement, reportant son attention sur Raelyn. « On va aller voir si la classe de chimie est verrouillée. On pourra prendre le chalumeau du prof si elle est ouverte. » « Quand tu dis "on", c'est toi et moi pas vrai ? On va pas prendre cette mauviette avec nous ? » Léo désigne la mauviette en question du pousse. Damon, il est utile pour faire les devoirs de mathématiques et pour jouer aux échecs. En matière de survie, en revanche, Léo n'est pas sûr de vouloir parier sur lui. Et s'il leur claquait entre les pattes ? Et s'il se mettait à pleurer ? Pire : et s'il était le tueur ? Ce sont toujours des gens isolés. Les yeux du jeune homme se plantent dans ceux du blond. « Parce que c'est ce que tu vas faire, pas vrai ? Pleurnicher jusqu'à ce que ta maman vienne te chercher ? » Un grand bruit retentit dans le couloir. Peut-être qu'ils n'ont pas enfermé leur tueur si bien que cela, peut-être que ce dernier n'est pas aussi mort qu'ils le croyaient.

Les couloirs semblaient tous se ressembler, se suivre - et la sueur semblait, elle, s’assimilait sur le front de Damon. Il errait dans le dédale depuis bien trop longtemps désormais, et il était même étonné d’être encore en vie - et d’être toujours perdu, par la même occasion, et que personne ne soit tombé sur lui dans les couloirs. Il était discret, mais tout le monde courait dans tous les sens, soit pour se planquer, soit pour fuir, soit pour poursuivre le tueur en fuite - quelle idée de faire ça ?

« Mais qu’est ce que tu fais tout seul ? T’es zinzin ou quoi ? Tu veux que celui qui a fait ça t’attrape ? » Les yeux de Damon vinrent se poser sur la fille qui lui adressait la parole, alors que son coeur faisait du tambourin dans ses oreilles. « Tiens, c'est la calculette. » Oh boy. Tout le monde sauf lui - tout le monde semblait ignorer l’existence de Damon au sein du lycée, sauf lui. Léo Ivywreath. Il vint déglutir avec peine, le Williams. « Je… » - « Faut pas traîner dans les couloirs. Weirdo et moi on cherche une arme. » - « Détends toi Rae, on l'a enfermé ce connard. Il sortira pas de si tôt. » - « Vous avez vu le tueur ? » Oh, il était pas rassuré, Damon. Surtout que les paroles des deux jeunes ne semblaient pas aller avec son objectif de vie à lui, a.k.a rester en vie et surtout fuir d’ici.

« On va aller voir si la classe de chimie est verrouillée. On pourra prendre le chalumeau du prof si elle est ouverte. » Aoutch, le blond était sur le chemin du brun mais cela semblait l’emmerder. « Quand tu dis "on", c'est toi et moi pas vrai ? On va pas prendre cette mauviette avec nous ? » Damon était d’accord avec Léo sur un point: il ne voulait pas aller avec eux pour tuer qui que ce soit, ou sauver, ou faire Dieu savait quoi. Il voulait partir d’ici. « Parce que c'est ce que tu vas faire, pas vrai ? Pleurnicher jusqu'à ce que ta maman vienne te chercher ? » Il déglutit toujours avec difficulté. « A vrai dire, je voulais rentrer chez moi, partir d’ici au plus vite. » Ses yeux naviguaient de Rae - la blonde, ça devait être son prénom - à Léo - la brute. « Je sais pas ce que vous voulez faire vous, mais ça me dit vraiment rien de vous suivre… » Un peu plus et il allait se pisser dessus, Damon, surtout. Quoi que, il avait déjà bien pleuré et perdu en sueur à courir, pas sur qu’il ait encore envie de pisser. « Et puis, pour entrer dans la salle de chimie, vous feriez mieux de prendre les clefs. Y’a un pass dans le bureau du directeur, à l’autre bout du bâtiment… » Et puis surtout, Damon avait besoin de ces clefs pour s’enfuir: il pourrait se faire escorter par les deux j’ai pas froid aux yeux, ce serait pas mal, avec le tueur en liberté.

Hearts of glass
Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath @Damon Williams

« Détends toi Rae, on l'a enfermé ce connard. Il sortira pas de si tôt. »
« Vous avez vu le tueur ? »
« Ouais, on croit qu’on l’a chopé. Il avait de l’huile partout dans les cheveux quand on l’a laissé et un seau sur la tête, on l’a laissé dans une salle et on a barricadé la sortie. »

Et, comme deux idiots, on est fiers en plus. On se prend pour les rois du monde alors que nos vêtements sont pleins de sang et d’huile dont l’origine est douteuse. « Mais on sait pas s’il était seul. » Je pense qu’il n’existe pas trente six milles fêlés comme le type qu’on a croisé mais, si ça peut faire trembler celui que Léo appelle Calculette jusqu’à se pisser dessus, le spectacle est bon à prendre. Il détendra, au moins. « Puis on a besoin du chalumeau pour faire fondre la serrure des issues de secours. » Le plan est approximatif et possède environ 5% de chance de réussite, mais c’est mieux que de s’enfermer dans une salle en attendant sa fin.

« Quand tu dis "on", c'est toi et moi pas vrai ? On va pas prendre cette mauviette avec nous ? » Je tourne mon visage dans sa direction pour parler à voix basse. « La mauviette peut toujours nous servir de bouclier humain. » C’est à se demander pourquoi on s’entend pas au final, le potier et moi, puisqu’il n’est au fond qu’une petite peste comme moi. « A vrai dire, je voulais rentrer chez moi, partir d’ici au plus vite. Je sais pas ce que vous voulez faire vous, mais ça me dit vraiment rien de vous suivre… » - « Tu peux pas rentrer chez toi. Toutes les issues sont verrouillées et y’a déjà deux morts. » On a entendu quelqu’un crier qu’il y avait une seconde victime juste avant de trouver le tueur et de le neutraliser. « Et puis, pour entrer dans la salle de chimie, vous feriez mieux de prendre les clefs. Y’a un pass dans le bureau du directeur, à l’autre bout du bâtiment… » J’échange un regard avec Léo, avant d’esquisser un sourire presque carnassier. « Tu vois que calculette est utile. » Je m’approche de lui avant de l’attraper par les épaule pour le faire se retourner, et de l’encourager à avancer d’une pression dans le dos. « Allez blondinet, tu passes devant. » Au moins, si le tueur a un complice et qu’il nous tombe dessus, on pourra le pousser dans sa direction et ça nous laissera nous enfuir. Voilà pourquoi il faut toujours laisser les filles élaborer le plan.

Calculette, c'est la dernière personne que Léo veut dans son équipe pour l'apocalypse. Bon, d'accord, peut-être pas la dernière, disons l'avant-dernière. Il a quelques connaissances et peut-être que pour fabriquer des fumigènes, il est un expert. En revanche, pour courir, se cacher et attaquer, il ne doit pas être ergonomique. « Vous avez vu le tueur ? » « Ouais, on croit qu’on l’a chopé. Il avait de l’huile partout dans les cheveux quand on l’a laissé et un seau sur la tête, on l’a laissé dans une salle et on a barricadé la sortie. » Léo n'est pas peu fier de ce plan. En plus de l'huile, le tueur avait aussi des morceaux de verre dans le dos et un peu d'acide au coin des lèvres - renversant. Littéralement, je veux dire. « Mais on sait pas s’il était seul. » C'est vrai, ça. Léo n'y avait pas encore songé mais peut-être que le tueur avait des complices. En tout cas, ils en ont enfermé un. C'est déjà très bien. « Puis on a besoin du chalumeau pour faire fondre la serrure des issues de secours. » Dans le chaos, ils n'ont pas pensé à en récupérer un dans la salle de chimie. Et maintenant, ils se retrouvent bien dépourvus. La mauviette va-t-elle leur servir dans ces horribles desseins ? « La mauviette peut toujours nous servir de bouclier humain. » « Tu es horrible. » Léo va finir par l'apprécier, cette Raelyn. Faire face à un tueur sans pitié, ça rapproche.

« A vrai dire, je voulais rentrer chez moi, partir d’ici au plus vite. Je sais pas ce que vous voulez faire vous, mais ça me dit vraiment rien de vous suivre… » « Tant mieux. » C'est qu'il est soulagé, Léo, de ne pas avoir à se traîner un pleurnichard. « Tu peux pas rentrer chez toi. Toutes les issues sont verrouillées et y’a déjà deux morts. » Oh non, c'est qu'elle va essayer de le sauver, en plus de ça. Le brun soupire un grand coup et jette quelques œillades autour d'eux. Ils ne sont pas en sécurité, là, au milieu des couloirs. « Et puis, pour entrer dans la salle de chimie, vous feriez mieux de prendre les clefs. Y’a un pass dans le bureau du directeur, à l’autre bout du bâtiment… » Raelyn se tourne, arborant le plus terrifiant des visages dans la direction de Léo. « Tu vois que calculette est utile. » « Je pourrais presque croire qu'il te plaît. »

Fort heureusement, la petite troupe se met en marche. « Allez blondinet, tu passes devant. » « Nan, il va hurler et faire tout capoter. Bougez vous, en silence. » Léo prend la tête - peut-être un peu trop littéralement - et marche d'un bon pas à travers les couloirs. Lorsque, arrivés du côté du bureau du directeur, un grand bruit fait encore trembler nos héros, Léo intime à tout le monde de se figer. Avant qu'une catastrophe n'arrive, le jeune homme pousse ses camarades derrière la porte qui mène à la cantine. Avec deux chaises, il barre les entrées. « On aura pas le temps de rejoindre à nouveau les salles de chimie. On doit se trouver de quoi se défendre ici. » Des chalumeaux, il doit y en avoir des tas dans les cuisines. Ils trouveront certainement des couteaux, utile pour blondinet qui ne doit pas maîtriser les arts martiaux. « Elle te plaît, la soirée, Calculette ? » Soudain, on frappe à la porte. Léo fait signe aux deux comparses de se taire. « Le premier qui va ouvrir, je le tue. » Parce que ce n'est pas le tueur mais bien un élève qui tente de rentrer dans les cuisines. Enfin, ça, c'est ce qu'il prétend.

« Ouais, on croit qu’on l’a chopé. Il avait de l’huile partout dans les cheveux quand on l’a laissé et un seau sur la tête, on l’a laissé dans une salle et on a barricadé la sortie. » Il faillit manquer de s’étouffer en avalant sa salive de travers. Ses yeux étaient bien trop ronds pour être de taille normale, en cet instant. « Mais on sait pas s’il était seul. » - « Comment ça, pas seul ?.. » Il y aurait donc plusieurs tueurs, des complices, dans l’établissement ? Damon ne savait déjà pas comment survivre à une bête enragée, mais alors à plusieurs… « Puis on a besoin du chalumeau pour faire fondre la serrure des issues de secours. » Une clef suffirait amplement, mais apparemment leur plan était déjà parfaitement en place; tous les détails étaient réglés, sauf l’arrivée impromptue d’un inconnu qui ne savait pas se défendre. « La mauviette peut toujours nous servir de bouclier humain. » - « Tu es horrible. » Et dire qu’il pensait Léo dur avec lui, il n’avait pas encore rencontré Rae jusque maintenant. Il ne sut faire autrement que de baisser les yeux, pour ne plus croiser ceux de ses nouveaux camarades d’aventure. Surtout que eux ne voulaient pas, à l’instar de Damon, se trainer quelqu’un d’autre; eux parce-que Damon ne savait pas se défendre seul, le blond parce-qu’ils étaient bien trop vilains avec lui. « Tant mieux. » La réponse n’était pas étonnante de la part de Ivywreath. « Tu peux pas rentrer chez toi. Toutes les issues sont verrouillées et y’a déjà deux morts. » Cependant, calculette avait plus d’un tour dans son sac - contrairement à Léo. « Tu vois que calculette est utile. » - « Je pourrais presque croire qu'il te plaît. » Personne ne lui avait demandé son avis, mais le rouge vint monter aux joues du gamin. Il aurait bien aimé, qu’une jolie fille comme cette Rae s’intéresse à lui; il n’était cependant pas idiot, ni naïf à ce point là. Il avait simplement la bonne réponse, au bon moment.

Rae finit par s’approcher de lui, et il n’osait pas relever le regard pour ne pas qu’elle voit ses joues. « Allez blondinet, tu passes devant. » Tout le sang rendu dans le visage de Damon venait de s’enfuir, mais pas dans ses couilles parce-qu’il venait de les perdre au passage également. Passer devant, quelle idée, il allait mourir de peur rien qu’à l’idée pour commencer. « Nan, il va hurler et faire tout capoter. Bougez vous, en silence. » Pour une fois que c’était Léo qui lui sauvait la vie plutôt que de la rendre misérable. Avec vigueur, Damon vint hocher la tête pour approuver les paroles du brun, à défaut de savoir parler. Ses jambes semblaient se remettre en fonctionnement, au moins, afin devenir suivre ses deux compagnons. Il ne fallait pas qu’il les lâche d’une semelle, sinon il était mort. Arrivés aux abords du bureau du directeur - ils pouvaient deviner la porte de ce dernier au loin -, du bruit se fit entendre et Damon dut mettre sa main sur sa bouche pour étouffer son cri. Les larmes ne furent pas aussi discrètes, se mettant directement à rouler sur ses joues. Léo prit les choses en main, en les entrainant dans la cantine et en protégeant la porte. « On aura pas le temps de rejoindre à nouveau les salles de chimie. On doit se trouver de quoi se défendre ici. » Merde, ça n’allait pas dans le sens du plan de Damon, ça. « Elle te plaît, la soirée, Calculette ? » Calculette secouait la tête, prêt à crier à n’importe quel moment - surtout quand on venait frapper à la porte sans préavis. « Le premier qui va ouvrir, je le tue. » Oh, il ne serait pas venu à l’idée de Damon d’aller voir du côté de la porte. Il avait trop peur de se trouver face à face avec le tueur. En revanche… « Et si on se servait des ventilations pour aller dans le bureau du directeur ? » Oh, il se maudissait d’avoir rien qu’émis l’idée. « Elles sont grandes, assez pour qu’on y passe tous les trois. Et puis elles relient une bonne partie de l’école… Je sais pas… » Sa voix couinait à moitié; il aurait préféré que Léo lui fasse boire l’eau des toilettes plutôt que de se retrouver dans cette situation merdique.

Hearts of glass
Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath @Damon Williams

« Tu es horrible. » Bien sûr que je suis horrible, je suis même connue pour ça, en plus de mon style incroyable et de mes ambitions dévorantes, je suis aussi et surtout une peste, une vraie mean girl et, comme toute garce qui se respecte, je n’ai que peu de respect pour les loosers dans le genre de Damon Calculette J’ignore son nom de famille. Il n’a pas la moindre importance, si sa  famille l’était, je le saurais. « Je pourrais presque croire qu'il te plaît. » Horrifiée, je me mets les doigts au fond de la gorge pour faire semblant de vomir : pas de demie mesure avec moi, pas non plus de pitié pour la fierté du petit garçon qui est avec nous et qui semble rougir comme si je lui avait vraiment fait des avances. « Ça va pas la tête ? » Je ne suis pas n’importe qui, je suis la reine du bal et mon petit ami est le quaterback de l’école, ce sont ses initiales à lui que je griffonne partout dans mes cahiers.

« Nan, il va hurler et faire tout capoter. Bougez vous, en silence. » Il passe devant en ignorant mon plan qui était pourtant briller, celui de laisser le jeune étudiant en première ligne au cas ou quelqu’un nous saute dessus. « Bon bein tu ferme la ferme dans ce cas. » Je m’adresse au blond en emboitant le pas à Léo, hors de question que je sois derrière, c’est presque une pire place qu’en tête de groupe. Un bruit inquiétant résonne dans tout le lycée et, avant que je n’ai le temps de poser la moindre question, Léo nous pousse à l’intérieur des cuisines et nous enferme. Tout le monde se baisse pour que l’on ne puisse pas nous voire à travers les vitres en verre qui donnent sur le couloir. « On aura pas le temps de rejoindre à nouveau les salles de chimie. On doit se trouver de quoi se défendre ici. » - « Y’a pire que la cuisine pour trouver des armes. Et on devrait trouver de quoi faire du feu ici aussi. » Parce que notre plan bancal est toujours le même : trouver de quoi faire fondre de l’acier, comme si c’était possible avec un vulgaire chalumeau. Je me redresse à moitié pour apercevoir le couloir au travers des vitres quand quelqu’un tambourine contre le porte, ce qui a pour effet de me faire m’accroupir à nouveau rapidement. « Le premier qui va ouvrir, je le tue. » Comme si l’idée risquait de me traverser l’esprit. « Et si on se servait des ventilations pour aller dans le bureau du directeur ? » Je jette un oeil dubitatif au petit blond, en fronçant les sourcils. « Elles sont grandes, assez pour qu’on y passe tous les trois. Et puis elles relient une bonne partie de l’école… Je sais pas…  » - « T’as trop regardé de films d’espionnage toi non ? » Je jette un oeil à l’aération qui mène aux fameux conduit. Au moins, on y serait en sécurité. « Ok, on va essayer. Mais tu vas tout seul dans le bureau du directeur, nous on prend un chalumeau et on se casse. » Qu’il cherche ses clés si ça l’amuse. J’attrape une chaise, puis une seconde que je mets en équilibre sur la seconde et je grimpe dessus précautionneusement pour ouvrir la trappe d’aération. « Je passe la première. Le premier qui mate mes fesses est mort. »

« Y’a pire que la cuisine pour trouver des armes. Et on devrait trouver de quoi faire du feu ici aussi. » L'idée est toujours la même et ils la suivront quoi qu'il en coûte. Enfermés dans les cuisine, les trois comparses ne peuvent que se trouver de quoi survivre. S'il faut rester enfermés ici pour quelques jours, ils pourront aussi survivre avec le contenu des frigos. Léo coince la porte qu'ils viennent de coincer à l'aide d'une chaise ou deux. Quand le tueur aura décidé de venir leur faire la peau, ils auront au moins quelques instants pour décider d'un plan d'attaque. Essayer de le tuer en lui versant de l'acide sur la tête n'était peut-être pas une si bonne idée, finalement. Rae et Léo n'ont fait que l'énerver, à leur grand désespoir. Au moins, ce n'est pas la Calculette qui a croisé sa route : le tueur n'aurait fait qu'une bouchée de ce petit blond gringalet et peureux. Le grand bruit qui résonne sur les murs des cuisines achève d'ailleurs de terroriser le blond, qui se laisse impressionner par les menaces de son aîné. « Et si on se servait des ventilations pour aller dans le bureau du directeur ? » Haussant un sourcil, Léo continue de farfouiller dans les instruments de la cuisine. Il ne met pas longtemps à trouver un chalumeau - le rêve de tous les cancres avides de mettre le feu au lycée. « Elles sont grandes, assez pour qu’on y passe tous les trois. Et puis elles relient une bonne partie de l’école… Je sais pas… » « T’as trop regardé de films d’espionnage toi non ? » « Non, c'est pas déconnant comme idée. » Après tout, ils seraient ainsi protégés du tueur... sauf si ce dernier choisit d'emprunter le même chemin que la petite troupe.

Au final, Raelyn décide d'ouvrir le bal. « Ok, on va essayer. Mais tu vas tout seul dans le bureau du directeur, nous on prend un chalumeau et on se casse. » dit-elle, sans même aller chercher leur précieux sésame. Le brun agite leur clef des champs avant de rejoindre la bouche d'aération. « Je passe la première. Le premier qui mate mes fesses est mort. » « Quelles fesses ? » Léo pousse Damon en avant, sourire narquois accroché aux lèvres. « Tu vas derrière elle. J'ai le chalumeau, si on nous attaque... » D'une pression, l'adolescent convoque la flamme bleue qui s'agite doucement devant les yeux de Damon. « ...je crame la gueule de ce connard. Et c'est ton cul que je vais cramer si tu continues de rester là à rien faire. »

L'instant d'après, ils sont tous les trois dans les bouches d'aérations poussiéreuses qui serpentent dans le lycée. Parfois, la troupe s'arrête pour écouter les bruits qui se répercutent jusqu'à leur passage secret. Ici, on ne pensera pas à venir les chercher. Plusieurs fois, Léo donne des coups de pieds dans des plaques qui débouchent sur des salles ou des bureaux dans lesquels gisent certains de leurs camarades. Lorsqu'ils arrivent enfin au dessus de ce qui semble être le bureau du proviseur, Léo lance un regard à Damon. « Bonne chance. » Raelyn et lui continueront leur périple mortel... mais pour combien de temps encore ?

« T’as trop regardé de films d’espionnage toi non ? » Peut-être était-ce le cas, effectivement, et peut-être que par la même occasion son idée n’était pas si bonne que ça. En réalité, Damon était à deux doigts de se mettre à pleurer tellement les bruits qu’ils pouvaient désormais entendre de l’autre côté de la porte lui faisait peur. Il ne pouvait savoir si c’était là le tueur - les tueurs ? - ou d’autres élèves du lycée en train de chercher un abris pour le reste de la soirée. « Non, c'est pas déconnant comme idée. » Ecarquillant légèrement les yeux, Damon vint tourner son visage vers Léo. C’était là la première fois qu’il venait approuver la moindre de ses idées, et qu’il ne se servait pas de cette dernière pour venir l’enfoncer dans la situation présentée. Si les circonstances s’y étaient prêtées, il aurait été fier, l’italien; il n’avait pas le temps pour tout ça.

« Ok, on va essayer. Mais tu vas tout seul dans le bureau du directeur, nous on prend un chalumeau et on se casse. » Le coeur du petit blond semblait battre de plus en plus vite, rien qu’à l’idée de bientôt se retrouver seul. Mais, s’il voulait mener à bien la mission qu’il s’était donné, il n’avait pas le choix: il serait plus discret s’il allait seul chercher les clefs afin de sortir de cet établissement maudit - peut-être qu’il demandait à son père à être transférer dans le lycée privé dont ils avaient discuté en début d’année, finalement. « Je passe la première. Le premier qui mate mes fesses est mort. » - « Quelles fesses ? » Un léger voile rouge vint teinter les joues de Damon - mais ne resta pas longtemps, car Léo reprit la parole pour venir jeter un froid sur la situation. « Tu vas derrière elle. J'ai le chalumeau, si on nous attaque… » Le blond vint sursaute et surtout retenir un petit cri lorsque la flamme fut allumée devant ses yeux. « ...je crame la gueule de ce connard. Et c'est ton cul que je vais cramer si tu continues de rester là à rien faire. » On aurait pu l’entendre déglutir en cet instant. La parole ne put se faire entendre tellement le stress venait lui serrer la gorge, alors il se contenta de venir hocher la tête, le teint livide; dans toute cette histoire, le pire, c’était qu’il n'avait aucun mal à croire les paroles du brun, car il lui en avait déjà fait voir de toutes les couleurs tout au long de l’année.

Les ventilations étaient froides, hostiles, mais au moins il se sentait en sécurité dans ses dernières. S’ils continuaient d’avancer en silence, ils ne se feraient pas repérer par le reste des personnes présentes dans l’établissement et pourraient mener à bien leur mission. Un coup d’oeil au dessus de l’une des bouche d’aération de la part de Léo, et Damon sut que le moment de venir se séparer était arrivé. « Bonne chance. » Faisant plusieurs allers et retours du regard entre la grille en métal et ses compagnons des dernières minutes, Damon hésita un instant: il ne pouvait supporter l’un ou l’autre, mais au moins il n’avait pas l’impression d’être sur le point de mourir toutes les trois secondes lorsqu’il se tenait avec eux. Il se devait de trouver la clef afin d’ouvrir les grilles de l’école et de permettre aux autres - ainsi qu’à lui même - de rentrer chez eux sains et saufs… pour ceux qui le pouvaient encore. « D’accord. » Il hésita, avant d’ajouter. « Merci de votre aide. » On aurait dit un enfant, à parler de la sorte. Finalement, il vint ouvrir discrètement la grille qui se trouvait à leurs côtés et se glissa à travers cette dernière, atterrissant dans un bruit sans fracas sur le sol du bureau du directeur.

Hearts of glass
Raelyn Blackwell & @Léo Ivywreath @Damon Williams

« Non, c'est pas déconnant comme idée. » C’est pas déconnant comme idée. Evidemment que je lève les yeux au ciel. Mais je fais équipe avec un mâle en manque d'adrénaline et un petit garçon qui joue certainement encore avec ses figurines action man. Alors forcément, l’idée de ramper dans les tuyaux d’aération, ça leur donne des frissons. « Quelles fesses ? » - « Ta gueule. » Je suis peut-être plate, mais certainement pas autant que sa girafe rousse, une vraie planche de surf celle-là. « Tu vas derrière elle. J'ai le chalumeau, si on nous attaque… Je crame la gueule de ce connard. Et c'est ton cul que je vais cramer si tu continues de rester là à rien faire. » Parfait, le plan me convient et, pour ne pas passer pour une jeune fille en détresse, je me hisse la première dans les tuyaux. Il me manque malheureusement quelques centimètres, et je fais signe au gamin d’approcher. « Jean-Charles, aide-moi à grimper. » A-t-il dit son prénom ou pas ? Je ne m’en souviens même plus. Il s’accroupit et, sans ménagement, je mets un pied sur son épaule droite, et l’autre sur la seconde. Je parviens finalement à atteindre les tuyaux et je me penche pour donner la main à mon comparse.

Le trajet se passe sans ménagement. Dès que nous entendons du bruit sous nous, des gens qui chuchotent ou encore des bruits de pas, je leur fais signe de s’arrêter et je place mon index devant mes lèvres pour les intimer à se taire. Nous trouvons finalement le bureau du directeur, la destination du petit blond. « Bonne chance. » - « D’accord. Merci de votre aide. » - « Tu veux quoi sur ta nécrophilie ? » Je lui adresse un sourire provocateur, avant de disparaître à nouveau dans les tuyaux. Un peu plus loin, il me semble apercevoir la lumière de la lune au bout de l’une des branches de l’intersection qui se dessine devant nous. « Je crois qu’on a trouvé la sortie. » Je m’avance et me retourne pour donner un coup de pied dans la grille. En effet, les tuyaux donnent dehors : nous sommes sortis du lycée. Je me laisse tomber au sol, avant de jeter un dernier regard à Léo. « Je dois retrouver Amos. Bon courage. »

« D’accord. Merci de votre aide. » « Tu veux quoi sur ta nécrophilie ? » « On dit nécrologie. L'air des tuyaux t'a gelé le cerveau ? » Peut-être qu'elle n'en a pas. Avec Damon, au moins, Léo se savait accompagné de quelques neurones supplémentaires. Quand le petit blond se laisse tomber dans le bureau, Léo se détourne. Il lui a pourtant rendu les vagues remerciements envoyés par le plus jeune.

Le reste du trajet se passe en silence. Les deux comparses se déplacent en fonction de l'air qu'ils sentent passer dans les tuyaux. Avec un peu de chance, ils devraient tomber sur la sortie. Au bout de quelques pérégrinations - et autres fausses routes - les voilà qui tombent enfin sur ce qui semble être le bout de leur aventure. « Je crois qu’on a trouvé la sortie. » D'un coup de pied, Raelyn envoie valser la grille qui les maintenaient encore prisonniers. L'air de la nuit n'aura jamais semblé à Léo si salutaire. D'une grande inspiration, il s'en rempli les poumons avant de se concentrer de nouveau. « Je dois retrouver Amos. Bon courage. » Avant qu'elle ne file, Léo attrape le poignet de la blonde. « Raelyn. » Ses yeux se fixent dans ceux de sa comparse. Pour la première fois, il la considère comme son égale. Les querelles du passé sont reléguées à de simples disputes lointaines, qui n'ont plus leur place dans la vie des jeunes gens. Après une nuit pareille, ils ne pourront plus jamais passer devant un bâtiment scolaire sans frémir. « Crève pas. » La réplique, lâchée sur un ton goguenard, tiendra lieu de remerciement.

L'instant d'après, Léo lâche le poignet de l'adolescente. A son tour, il se tourne vers l'extérieur. Le voilà libre et pour de bon, cette fois. Damon, c'est vraiment le plus beau de tous les cappuccinos frappés.

« Tu veux quoi sur ta nécrophilie ? » Les yeux de Damon passèrent de Léo, presque gentil à lui dire bonne chance, à Rae qui clairement ne souhaitait pas le revoir plus tard, de ce qu’il comprenait. Elle ne semblait pas venir employer les bons mots, mais Damon faisait les efforts nécessaires pour ne pas venir souligner l’erreur qu’elle venait de commettre et comprendre où elle voulait en venir in fine. « On dit nécrologie. L'air des tuyaux t'a gelé le cerveau ? » Oh, ce type de réponse - d’autant plus dans ce type de situation -, jamais Damon n’aurait osé faire ça. Il serait devenu rouge bien avant, aurait détourné les yeux et perdu dix litres de sueur tellement il ne savait tenir tête à quiconque.

Cependant, la question ne se posait désormais plus pour lui, ou en tous cas plus avec Rae et Léo, puisque leurs chemins se voyaient se séparer en cet instant. Les deux plus grands devaient continuer dans les aérations pour aller chercher des armes, là où le blond n’utiliserait jamais la violence. Lui, de son côté et comme Léo le soulignait affectueusement avec le surnom Calculette, la réflexion était son atout premier; mettre des plans en place, venir y voir toutes les issues de secours et les détours à prendre au cas où des obstacles viendraient se mettre sur son chemin. Il n’avait besoin de personne pour venir connaitre par coeur la théorie, pour venir connaitre les gestes hypothétiques à venir appliquer. Cependant, dans le type de situation qu’ils traversaient tous en cet instant, il n’avait pas besoin de théorie Damon: il avait besoin de courage. Alors, en venant inspirer un bol d’air aussi grand qu’il le put, le petit italien vint s’engouffrer à l’intérieur de la grille de métal afin de pénétrer dans le bureau du directeur.

Les deux pieds à plat désormais sur le sol froid, la pièce plongée en grande partie dans l’obscurité dut au courant qui semblait s’être fait la malle en même temps que la logique de toute cette histoire, les yeux de Damon eurent du mal à venir comprendre ce qu’il se trouvait autour de lui. Et, surtout, il ne réussit pas à voir de suite qu’il n’était pas seul dans la pièce - ce n’était pas comme si un tueur, même apparemment maitrisé par les deux plus grands avec qui il avait partagé une partie de cette aventure, rodait en liberté dans le lycée -, et que potentiellement sa vie était de nouveau actuellement menacée.