Quelque chose te chagrinait dans la tenue de ce bal de promo qui soulignait ta dernière année à Brisbane State High School. Tu n’étais assurément pas mécontent de clore le grand livre de tes études du secondaire pour prendre la direction de l’université de Brisbane, armé d’une bourse sportive. Bien que tes années lycée aient été aussi agréables que palpitantes, tu te sentais prêt à mettre le cap vers de nouveaux horizons ; puis tu étais impatient de savourer l’indépendance que tu penserais t’offrirait l’université. Tu pourrais te focaliser sur ta passion, te consacrer sur ce qui comptait réellement pour toi plutôt que perdre des heures de ta vie en salle de retenue ou à plancher sur des équations, dont tu étais persuadé, jamais ne te serviraient.

Penny, ta petite amie, avait accepté de t’accompagner au bal après que tu lui aies fait une promposal en bonne et due forme. Si certains pensaient que vous formiez un couple atypique, notamment parce que tu étais en dernière année de lycée et qu’elle en avait encore plusieurs devant elle, tu étais intimement convaincu qu’elle était la femme de ta vie. La logistique promettait d’être intéressante lorsque vous ne fréquenteriez plus le même établissement scolaire, et sans doute deviendrais-tu excessivement envieux de ses camarades de classe masculins qui passeraient probablement plus de temps avec elle que toi, mais tu relayais ces soucis à plus tard, comme le fait qu’il te serait sans doute plus difficile de t’occuper de ton petit frère et de ta petite sœur à la rentrée prochaine. Déjà que tu enchaînais les heures de colle à force d’arriver en retard ou t’absenter parce que tu prenais majoritairement soin d’eux, tes parents presque toujours absents, tu voyais mal comment tu allais concerter tes cadets et tes cours universitaires. S’il n’en était pas pour la bourse que tu avais obtenue qui te présentait une opportunité exceptionnelle, tu songeais sérieusement à mettre sur pause tes études afin de rester plus proche et disponible d’eux et de Penny.

Après vous être déhanchés sur « Eye of the Tiger », Penny te signifiait devoir passer aux vestiaires. Tu acquiesçais sans poser davantage de questions : tu avais bien retenu dans ton expérience de lycéen que ce genre d’affaires qui se passaient à huis clos et genré valaient mieux ne pas être sues. Tu en profitais pour sortir aussi du gymnase, dans l’optique de profiter de l’issue de secours des vestiaires pour fumer une cigarette alors que ta petite amie faisait ce qu’elle avait à faire. Tu grommelais plusieurs fois en tentant d’embraser ta cigarette, la flamme de ton briquet sans cesse éteinte par la brise australienne. Lorsque l’extrémité fut enfin embrasée, tu ne pus goûter à ton délice toxique puisque celle-ci se retrouva lamentablement au sol, ta personne éprise d’un sursaut en entendant le cri d’effroi qui provenait des vestiaires. Tu te ruais vers l’origine du hurlement et retrouvais Penny, surplombant le corps sans vie, sanguinolent, d’une cheerleader.

@Penny Stringer    

Tu les sentais, tous les regards qui se posaient sur vous alors que vous preniez toute la place que vous souhaitiez sur la piste de danse. Tu ne devrais pas avoir la réputation ni la popularité que tu as, tu n’étais qu’une dixième année après tout, pourquoi est-ce que ces filles en douzième devraient t’envier quoique ce soit? Parce que c’était toi, qui dansait aux côtés d’Isaac Jensen. C’est toi qui avais su se faire une place bien particulière dans la vie du populaire footballeur et c’est toi aussi, qui avait su se faire une place de première importance au sein de l’équipe de cheerleader, dans ses postes qui sont normalement consacrées aux onzièmes et douzièmes années. Tu prétendais être au-dessus de tout ça, ne pas laisser ta popularité grandissante te monter à la tête, ce n’était qu’apparence quand tu cherchais toute la validation possible dans ce regard que les autres posaient sur toi, sur vous.

Si les mauvaises langues dans les couloirs de l’établissement scolaire racontaient que la capitaine des cheerleader était jalouse de toi et de ta relation avec la star de l’équipe de football, la vérité était que tu étais celle qui avait fait couler ses rumeurs. C’était bel et bien toi qui étais jalouse et non l’inverse, bien que personne ne serait en mesure de te le faire admettre à voix haute, même si d’autres bruits couraient à cet effet, bruits que tu faisais de ton mieux pour ignorer. Ce soir, rien de tout ça ne comptait vraiment. Tu étais confiante que tu avais tes chances de remporter le prix de la reine du bal, malgré ton jeune âge, par le simple fait que tu étais accompagnée d’Isaac. Te déchaîner avec lui sur la piste de danse, partager un verre de punch aux goûts d’alcools prononcés et pouvoir coller ton corps contre le sien sous les regards jaloux des autres filles n’étaient que des douces récompenses pour souligner tous les efforts que tu avais déployé sur ta réputation presque parfaite.

Tu t’excuses auprès de ton petit-ami pour quelques minutes, tes pas te menant jusqu’au vestiaire où tu t’empresses de sortir ta trousse de maquillage de ton casier pour te repoudrer le nez et réappliquer une couche de gloss. Il y a un groupe de filles qui glousse non loin de là, mais elles quittent rapidement et tu te crois seule dans les vestiaires une fois que la porte se referme derrière elles. Tu replaces ta trousse dans ta case et c’est seulement en te retournant que tu aperçois une ombre sur le sol qui attire ton attention. Un frisson d’horreur te parcoure l’échine alors que tu pousses des cris que tu ne pourrais retenir devant l’image qui se trouve sous tes yeux. Cette fameuse cheerleader à la réputation que tu avais tenté d’entacher se trouvait inerte sur le sol, sa robe littéralement tâchée de sang qui se trouva rapidement sur tes mains alors que tu te penchais auprès d’elle, bien qu’il fût évident qu’elle n’était plus de ce monde. Tu cris de nouveau quand la porte des vestiaires claque une fois de plus, la panique s’emparant de toi seulement pour être légèrement dissipée quelques secondes plus tard lorsque tu reconnais le visage de ton amoureux. « ISY! ISYYYYYY! » que tu cries pour attirer son attention alors que tu te redresses légèrement, tes mains ensanglantées et tremblantes. « Je sais pas ce qui s’est passé, j’ai rien vu, je… » Si ça se trouve, on allait croire que c’est toi, qui la voulais morte.

La cigarette que tu venais d'allumer perd promptement le brasier qu'elle portait en s'écrasant durement contre l'asphalte encerclant l'établissement scolaire. Ton sang se glace alors qu'une brise australienne vient soulever tes cheveux, le cri d'horreur dont l'origine se trouve à quelques mètres de ta personne te figeant momentanément. Tu abandonnes la porte de secours que tu avais investie pour fumer afin de réduire promptement la distance te séparant des vestiaires, où tu sais Penny se trouve. Lorsque tu la perçois s'animer, un sentiment de soulagement t'envahit, toutefois bien vite anéantit par l'horreur de percevoir le sanguinolent spectacle qu'elle surplombe.

Les mains de ta petite amie sont posées sur le corps inerte de la victime, le sang s'évadent déjà des plaies béantes dont elle a été soumises. Tu déglutis, reconnaissant rapidement que la Stringer n'a rien à voir dans ce meurtre, bien que le théâtre puisse l'incriminer aisément. Tu es ainsi effaré à l'idée que des témoins puissent la penser meurtrière. « ISY! ISYYYYYY! » Elle t'extirpe de ta torpeur et se redresse, ses bras ensanglantés. « Je sais pas ce qui s’est passé, j’ai rien vu, je… » Ton regard ahuri se pose de nouveau sur la silhouette de toute évidence décédée. Il te paraissait difficilement humain de survivre à ces attaques. Tu te rapproches de ton amoureuse et la saisis par le coude de sorte à la relever et l'éloigner de la dépouille. « Comment tu l'as trouvée ? Tu n'as vu personne ? » Tu interroges tout en la conduisant sur tes derniers pas pour que vous quittiez l'endroit. Ton pas pressant se heurte néanmoins à une halte violente lorsqu'un bruit sourd retentit à proximité, t'indiquant que la porte de secours vient d'être condamnée. Tu cours vers cette dernière, jurant de voir une silhouette au-dehors alors que tu te plaques contre la vitre. « Il vient de barrer la porte ! Ce n'était pas fermé quand je t'ai rejoint. Je l'ai vu passer, le type ! » Tu expliques en t'acharnant sur le métal et la poignée. Malgré tes sportives tentatives, tu constates qu'il vous est impossible de quitter l'établissement scolaire par cette voie et réfléchis aux autres issues possibles. « Mais qu'est-ce qui se passe ?! » tu réfléchis tout haut en passant une main dans tes cheveux. « Il nous a embarré. » Tu répètes et portes un regard sombre sur Penny, mesurant progressivement le danger qui vous entoure. « Il faut qu'on s'arme si on ne veut pas finir comme Mandy. » Tu entends des pas se ruer vers votre duo et devant l'image de ton interlocutrice couverte de sang, tu te défais rapidement de ta veste dont tu la recouvres le mieux possible. « Il ne faut pas qu'ils te voient comme ça. Ils vont penser que tu l'as tuée. Faut qu'on se barre, ou qu'on se cache, des gens arrivent. »

« Comment tu l’as trouvée? Tu n’as vu personne? » Tu secoues vigoureusement la tête, bien incapable de répondre tout de suite aux questions de ton petit-ami, l’état de choc encore bien trop présent. La sensation du sang sur tes mains est désagréable, va même jusqu’à te filer des nausées, même si tu n’as pas le temps de te concentrer sur tout ça tant un sentiment d’urgence prend le dessus sur tout le reste. La personne qui a fait ça ne peut pas être bien loin. Et s’il essayait de s’en prendre à quelqu’un d’autre ensuite? C’est seulement lorsqu’Isaac t’attrape par le coude que tu sembles enfin défigée de ta torpeur, le regard qui analyse votre environnement à la recherche d’indice quelconque. « J’ai juste vu une ombre sur le sol, j’ai rien vu, rien entendu… » Tu tentes de te remémorer les dernières minutes, mais rien ne te vient. Isaac te presse a avancé pour sortir de ce vestiaire où repose toujours le corps inanimé de Mandy lorsqu’un bruit sourd se fait entendre et voilà que la sortie utilisée par ton amoureux quelques secondes auparavant est désormais bloquée. « Il vient de barrer la porte! Ce n’était pas fermé quand je t’ai rejoint. Je l’ai vu passer, le type! » « Isy, il faut sortir d’ici. » S’il a vraiment vu quelqu’un rôdé, si on cherche à vous enfermer, c’est qu’il y a quelqu’un qui vous veut du mal et tu n’as pas l’intention de rester assise là à attendre que l’on s’en prenne à vous. « Mais qu’est-ce qui se passe? Il nous a embarré. » « Je veux pas mourir. » que tu évoques à voix haute, comme si ça allait vous aider à quoique ce soit.

Tu t’accroches au bras de ton amoureux, alors que tout se bouscule dans ta tête. Isaac semble réfléchir plus vite que toi, fort heureusement. « Il faut qu’on s’arme si on ne veut pas finir comme Mandy. » Tu acquiesces d’un mouvement de la tête alors que ton attention se porte sur les différents casiers se trouvant dans les vestiaires. « Là-dedans… on va peut-être trouver quelque chose là-dedans. » Des bruits de pas se font entendre et tu t’apprêtes à ouvrir l’un des casiers alors qu’Isy t’arrête dans ton mouvement, enlevant rapidement son veston. « Il ne faut pas qu’ils te voient comme ça. Ils vont penser que tu l’as tuée. Faut qu’on se barre, faut qu’on se cache, des gens arrivent. » « Attends, faut prendre quelque chose avant. » Tu serres le veston contre toi sans toutefois l’enfiler correctement, te disant que de s’armer reste une mission plus pressante. Dans le premier vestiaire que tu ouvres, tu sors un sac dont tu vides le contenu au sol. Un ballon de basket rebondi à tes pieds, et tu le remets dans le sac avant de le mettre sur tes épaules. « Ça va nous prendre mieux que ça. » que tu murmures alors que tu attrapes la main d’Isaac et tu te mets à courir vers un endroit reculé des vestiaires, là où tu espères ne pas être repéré par cette personne qui vient de rentrer dans la grande pièce. « Et si c’était le tueur qui est revenu pour nous? » que tu murmures d’une voix tremblotante alors que tu t’accroches de toutes tes forces au Jensen, des bruits de pas se faisant entendre dans le vestiaire, suivi d’un cri strident. Quelqu’un d’autre venait de découvrir le cadavre de Mandy, selon toi.

Lorsque tu aperçois l'épouvantable scène de ta petite amie surplombant le corps inerte et sanguinolent de l'une des cheerleaders les plus populaires du lycée, ton organisme se fige tout entier. « J’ai juste vu une ombre sur le sol, j’ai rien vu, rien entendu… » Les informations pulsent dans ton cerveau, étourdissantes, tu enchaînes les constats et tires des conclusions hâtives. Une conviction s'impose néanmoins : tu n'incrimines pas la Stringer pour le meurtre de Mandy. Bien au contraire, tu la presses à se distancer de la dépouille de l'infortunée.

Ta priorité est de vous éloigner le plus possible de la scène du crime. Tu reviens sur tes pas jusqu'à l'issue de secours que tu as empruntée quelques minutes plus tôt, pour te heurter durement contre la froide surface métallique, percevant une silhouette au-dehors se précipiter vers ce qui te semble être l'entrée principale de l'établissement. La porte ne bronche pas, elle est solidement verrouillée, et tu as beau malmener la poignée et tambouriner le matériel, cette voie vous est condamnée. « Isy, il faut sortir d’ici, » te prie Penny et tu ne peux qu'adhérer à ses propos. Tu formules ta confusion mêlée d'horreur, rejoignant une nouvelle fois les pensées de l'adolescente lorsqu'elle t'indique : « Je veux pas mourir. » « On ne va pas mourir, Penny. » Tu lui promets d'une voix qui se veut sans appel. Les circonstances sont incroyables mais vous êtes dans la réalité, pas dans un film d'horreur hollywoodien.

Ton amoureuse te fait abandonner la porte en s'accrochant à ton bras. Tu reportes ton attention sur son allure ensanglantée et tu présentes l'impératif de vous armer. De toute évidence, une présence dangereuse rôde dans les parages de laquelle Mandy en a fait les frais. Est-ce un élève qui se vengerait seulement d'elle, toutefois ? La sportive était certes populaire, elle se moquait aussi éhontément, parfois cruellement, d'autres étudiants. Était-ce quelqu'un qui souhaitait faire payer l'ensemble des personnes évoluant dans l'école ? Tu avais entendu parler de tuerie dans des établissements scolaires ; même si tu avais du mal à le croire, tu redoutais que Brisbane State High School s'ajoute à ce sinistre listing.

« Là-dedans… on va peut-être trouver quelque chose là-dedans. » Penny s'oriente vers les casiers en tu la stoppes dans son élan, favorisant la recouvrir de ton veston et que vous déguerpissiez afin de voiler son allure de possible meurtrière, surtout que des personnes se rapprochent de vous, le son de leurs pas les trahissant. « Attends, faut prendre quelque chose avant. » La jeune femme insiste et déniche un ballon de basketball qui te fait sourciller. Tu ouvres également un casier et en tires une batte de cricket. « Ça va nous prendre mieux que ça. » Ton regard passe de ta petite amie aux alentours, sur le qui-vive. Les pas se rapprochent. Tu fais tourner nerveusement la batte entre tes mains. « Il faut qu'on s'en aille Penny. » Tu annonces gravement et vous vous précipitez vers un endroit reculé des vestiaires. « Et si c’était le tueur qui est revenu pour nous? » Sa voix essoufflée te murmure une fois que vous achevez votre course dans un emplacement que vous jugez plus sécuritaire. « Ca va aller. S'il revient on va le dégommer. » Tu assures en la blottissant contre toi, la sentant tremblotante contre ton corps auquel elle s'accroche de toutes ses forces. Ses mains se crispent contre ton bras lorsqu'un nouveau cri strident de terreur retentit dans les murs. Tu plisses les yeux, d'autres cris déchirants suivent et bientôt, c'est la cohue à quelques mètres de vous. Puis, le noir complet s'impose, l'électricité est coupée.

Tu saisis la main de la Stringer dans la tienne et l'invites à se lever. Tu murmures à son oreille alors que le chaos s'érige tout autour et que l'on vocifère au meurtre et au secours : « Viens, viens, viens ! » Tu la presses vers un placard que tu connais étonnement bien compte tenu des quelques activités lascives que vous y avez eues dans le passé. Des sons de violentes disputes surgissent. Tu tentes d'allumer l'ampoule vissée au plafond en vain, puis précipites tes mains sur les différentes étagères. Tu reconnais Todd et Evan insulter avec véhémence quelqu'un de tous les noms. Tu saisis enfin une lampe torche. Des hurlements reprennent de plus belle à quelques mètres de votre duo, des bruits de grands fracas vous atteignent. Tu penses comprendre qu'un intrus a rejoint le groupe qui vient de pénétrer les vestiaires. Tu tapes vigoureusement contre la lampe torche pour tenter de l'allumer, elle finit par émettre un faisceau lumineux fébrile et clignotant. Des bruits de masses qui percutent les casiers tonitruent. Une voix que tu reconnais celle de Lily implore. Il te semble de plus en plus pressant que vous quittiez ces lieux hostiles. Tu secoues la torche puis la confies à Penny, des râles de douleur s'élèvent, des filles s'époumonent, des pas se précipitent, glissent sur le sol.  

Puis le silence règne de nouveau. Tes pupilles alertes se posent sur ta petite amie, faiblement éclairée. Le noir vous happe. Penny frappe contre la torche, la lumière revient. Tu sursautes en percevant une silhouette masquée apparaître derrière elle, relevant une longue lame tranchante, scintillante, dégoulinante d'hémoglobine. « NON ! » Tu attrapes le balai du concierge et pousse l'étranger de son manche.

dé win : Le meurtrier perd l'équilibre et tombe au sol.
dé so close : Le meurtrier perd l'emprise sur son couteau qui virevolte.
dé fail : Le meurtrier attaque finalement Isy qui se fait entailler.

« On ne va pas mourir Penny. » Il n’en sait rien, mais tu te retiens de faire le commentaire parce que vous avez définitivement bien plus pressant à faire, plus pressant à gérer. Cacher le sang dont tu es couverte pour éviter les malentendus, vous armez des choses les plus coupantes et tranchantes que vous pouvez trouver dans les environs, au cas où le tueur aurait décidé de rôder dans les parages et de faire plus qu’une seule victime ce soir. Voilà que vous vous retrouviez dans une scène d’un bal de l’horreur, de ces films que tu as toujours détesté avec une passion, ceux que tu ne regardes jamais à ton plus grand dam. Peut-être que si tu t’étais intéressée un peu plus longuement au cinéma d’horreur, tu aurais su quoi faire et quoi pas faire. Là, tu agis sans la moindre connaissance de cause, suivant les pas de ton petit-ami, effrayée de te retrouver seule presque autant que tu crains qu’il ne lui arrive quelque chose. Les casiers ne révèlent aucune arme pouvant vous être véritablement utile, mais tu gardes tout de même le ballon de basket dans le sac auquel Isaac ajoute une batte de cricket. « Il faut qu’on s’en aille Penny. » Il te presse et tu te retiens de hurler contre lui dans la panique, sachant que si tu fais ça, tu indiques sans l’ombre d’un doute votre présence à l’inconnu dont les pas se font entendre. « Ça va aller. S’il revient, on va le dégommer. » Tu hoches la tête. Isy est fort après tout, non? C’est une des raisons pourquoi toutes les filles de l’école pâment devant lui. Tout va bien aller, tout va bien aller.

Des cris se font entendre non loin de vous et votre cachette ne suffit pas, vous en êtes tous les deux conscients. C’est seulement quand le vestiaire est plongé dans le noir que tu sais que si vous ne bougez pas rapidement, tout va mal se terminer. « Viens, viens, viens! » Isaac vous dirige vers un placard mais cette fois-ci, ce ne sont pas vos raisons habituelles qui vous forcent à vous enfermer dans l’endroit à l’espace restreint. De l’autre côté de la porte, le concert est macabre, sinistre au possible, entre des insultes lancées entre deux garçons, suivi trop rapidement de cris déchirants. Tu ne veux pas savoir ce qui se passe de l’autre côté, tu ne veux que fuir. Isaac tente d’allumer l’ampoule au-dessus de vos têtes sans jamais y parvenir. Tu tiens le sac contre toi, comme si une batte ou un ballon allaient vraiment pouvoir te sauver la vie alors qu’Isaac s’attarde sur les différentes étagères jusqu’à trouver une lampe poche qui vous offre un léger faisceau de lumière. Quand c’est silence de nouveau, tu lèves le regard vers ton petit-ami. « Il faut sortir, maintenant. » Mais avant que tu n’aies le temps de bouger, c’est un cri de ton amoureux qui te fait sursauter. « NON! » Isaac donne un coup de manche à balai à quelqu’un derrière toi, mais l’attaquant parvient tout de même à lui tailler le bras et dans la surprise, tu donnes un coup de pied vers l’arrière, ce qui désarme temporairement celui que tu devines être le tueur. « COURS ISAAC. » Tu ne sais pas combien de temps vous avez alors il faut agir rapidement. Tu ne prends pas la peine de regarder les corps qui gisent désormais sur le plancher du vestiaire en plus de celui de Mandy, trop concentrée à trouver l’extérieur du vestiaire qui mène à un long couloir avec de nombreux casiers.

Une fois que vous êtes tous les deux sortis du vestiaire, tu utilises la batte de cricket pour bloquer les portes, empêchant ainsi le tueur de pouvoir sortir à son tour du vestiaire. Il est là, maintenant, il vous suffit de trouver quelque chose pour l’attaquer en retour avant qu’il ne s’échappe et ne tente de vous blesser plus sérieusement. « Est-ce que ça va, ton bras? » La coupure semble profonde vu tout le sang qui tâche sa chemise autrefois blanche et tu ouvres un premier casier duquel tu sors un chandail, probablement pour le cours de gym, que tu viens enrouler sur sa blessure. « Fouille les casiers de ce côté-là, je vais faire ceux-là. » Tu pointes d’abord à gauche pour lui, puis à droite pour toi et t’empresses à les ouvrir les uns après les autres, à la recherche d’un miracle sans aucun doute. « Dépêche-toi! » Tu le presses alors que toi-même, tu ne trouves que des vêtements et des livres jusqu’à ce que tu tombes sur quelque chose pouvant potentiellement vous aider. « Regarde ça! » Tu lui montres un pic à glace, ne cherchant même pas à savoir pourquoi quelqu’un aurait ça dans sa case.

Tout se passe soudainement excessivement vite. Tu entends la lame du couteau trancher la chaire de ton bras et ton cœur manque irrémédiablement un battement devant cet agressif constat. Tu ne réagis pas, comme si tu redoutais la survenue du sang, et la silhouette du tueur se veut bancal, accablé d'un coup de pied de Penny qui le désarme et le déstabilise. « COURS ISAAC. » Elle te hurle, te ramène à la raison, et tu lui emboites promptement le pas. Vous vous ruez hors des vestiaires, tu es persuadé avoir marché sur quelques membres dans la pénombre au sein de laquelle les locaux sont plongés, néanmoins, tu ne perds pas l'équilibre et vous parvenez tous les deux saufs dans les couloirs de l'établissement scolaire. La Stringer scelle la sortie de la batte de cricket et tu soupires doucement, tes semelles couinant contre les dalles claires du carrelage, y laissant des marques zébrées de rouge. Les lumières indiquant les issues de secours vous permettent de vous situer.

« Est-ce que ça va, ton bras? » Ta petite amie te ramène à ta blessure. Tu observes ton avant-bras et acquiesces, sans y prêter davantage d'attention. Le sang chaud dégouline le long de tes doigts mais la douleur certes lancinante est anesthésiée par l'adrénaline de la situation d'urgence. Penny s'improvise infirmière et te fais un bandage d'un chandail de gym avant d'inviter à la reprise d'une traque aux armes : « Fouille les casiers de ce côté-là, je vais faire ceux-là. » Tu hoches de nouveau la tête à l'affirmative. S'en suit un concert d'ouverture de case et tu laisses échapper un rire nerveux lorsque l'adolescente te presse : « Dépêche-toi! » Tu ne peux t'empêcher de penser très fort que rien ne va jamais assez vite pour les femmes, mais te retient d'articuler ce genre de commentaire plus qu'inadapté vu les circonstances. Si tu as bien appris une chose, c'est que parfois il vaut mieux rester silencieux devant l'énervement d'une fille. « Regarde ça! » Penny te désigne un pic à glace que tu dévisages sans vergogne. « C'était dans la case de qui, ça ?! » Tu t'inquiètes, soupçonnant presque que ce soit celle du tueur vu l'incongrue de cette trouvaille. Tu reprends  tes recherches avec davantage de véhémence, désormais peu soucieux de faire tomber des affaires par terre si cela signifie peut-être trouver quelque chose d'utile. Cependant, à part des manuels scolaires, des trousses à maquillage, des photos et des mots doux, rien ne retient ton attention.

« Penny ! » tu appelles et te servant de ton bras bandé, tu casses la vitre au sein de laquelle se trouve une hache à utiliser entre autres en cas d'incendie. Tu entends tambouriner à la porte menant aux vestiaires et perçois la batte de cricket résister péniblement, chaque secousse la fragilisant davantage. Tu attrapes la main de Penny de ton bras valide pour la rapprocher de toi, les portes s'ouvrent violemment et la batte vole en éclats. Tu es prêt à attaquer, cependant, personne ne s'extrait des vestiaires. « Il est où ? » Tu murmures, ta confusion maximisée lorsque deux de vos camarades de classe, ébranlés, se positionnent devant vous, vous dévisagent, puis fuient vers les portes principales du lycée.

« C’était dans la case de qui, ça?! »
« On s’en fiche! »

Tu ne comprends pas sur le coup que la question de ton petit-ami ne vient pas d’une curiosité morbide, mais plutôt qu’il peut s’agir là d’un indice quelconque pour vous aider à identifier le tueur. La vérité est que tu n’es pas réellement intéressée à identifier qui que ce soit, ton but étant plutôt de l’arrêter. Un but qui ne fait que s’intensifier seconde après seconde alors que l’homme ne cesse de donner des coups contre les portes scellées du vestiaire, menaçant de détruire la batte dont tu t’es servie d’un coup à l’autre. Armée du pic à glace, tu te sens un peu moins vulnérable, mais bien loin d’invincible contre un homme qui est armé d’un couteau, mais de quoi d’autre encore? Tu n’étais pas certaine de vouloir le découvrir, mais tu savais aussi que tu ne pouvais pas rester là sans rien faire, qu’il te fallait tenter quelque chose et qu’avec Isaac, vous armer demeurait votre option la plus efficace.

Isaac ne trouve rien pouvant lui venir vraiment en être de son côté, et tu continues de foutre le bordel dans chaque case que tu ouvres sans jamais trouver rien d’aussi efficace que ce pic à glace que tu tiens serrer entre tes doigts, juste au cas. « Penny! » Tu te retournes dans sa direction alors que le bruit de la vitre qui se brise te fait légèrement sursauter jusqu’à ce que tu comprennes ce qu’Isaac est en train de faire. « Parfait. » que tu parviens à souffler alors que vous êtes enfin tous les deux armés de quelque chose pouvant vous être utile en cas d’attaque. Les coups contre la porte s’intensifient et alors que tu sens ton amoureux qui te rapproche de lui, dans une tentative vaine de te protéger du maniaque qui menace de réapparaître d’une seconde à l’autre. Quand la batte cède enfin et que les portes s’ouvrent dans un bruit sourd, tu t’attends à apercevoir la silhouette masquée, mais personne n’apparaît devant vous, pour un maximum de confusion. « Il est où? » Ton regard tourne tout autour de vous avant de s’arrêter sur le visage confus du Jensen. « J’en sais rien. » que tu finis par murmurer, le pic à glace lever. « Il ne peut pas être bien loin. »

Il ne restait plus qu’à le retrouver avant qu’il ne vous trouve.
Et l’éliminer.
Rapidement.