Tu n’avais pas envie d’être ici, mais tu avais tout de même fourni un effort. Tu avais laissé ta mère crêper tes cheveux à un niveau que tu considérais extrême mais qu’elle disait te rendre plus jolie que jamais, bien que les ricanements de ton frère laissaient sous-entendre autre-chose. Tu avais enfilé cette robe bouffante dans laquelle tu étais inconfortable et dans laquelle tu ne savais pas vraiment comment bouger, tu avais même accepté de mettre une vieille paire de bottes à talons hauts appartenant à ta mère. Sur ton visage se trouvait des traces de maquillage mises maladroitement, toi qui n’avais aucune idée comment appliqué correctement les produits qui s’empilaient dans une petite trousse que tu ne sortais pratiquement jamais. La seule raison pour laquelle tu avais accepté de subir (oui oui, subir) tout ça, c’est parce que ton frère t’avait pratiquement supplié, refusant d’être le seul de ses amis avec une sœur tellement rejet qu’elle ne prenait même pas la peine de venir au bal de promo. Tu soupçonnais qu’il voulait plutôt se moquer de toi avec ses copains, mais Reese étant Reese, il jouait le fils parfait devant tes parents qui s’étaient mis de la partie, rendant la tâche impossible pour toi de refuser. Tu t’étais rendue à l’école, mais tu n’avais jamais promis que tu profiterais vraiment de la soirée.

La musique est trop forte dans le gymnase, le jeu de lumière douteux te fait mal aux yeux et tu as l’impression de passer complètement inaperçue alors que les différents groupes d’amis (auxquels tu n’appartiens pas, évidemment) te bousculent ici et là pour se faire une place dans le gymnase. Tu restes moins de cinq minutes dans le gymnase, bien peu tentée par le buffet à l’allure douteuse et ce punch que tu devines alcoolisé à voir les gens qui ne cessent de se resservir avec des sourires idiots sur les lèvres. Tu repasses les portes qui mènent dans les couloirs et c’est machinalement que tes pas te mènent vers la bibliothèque, sans aucun doute ton endroit préféré du lycée. Cette dernière semble complètement déserte, à ton plus grand bonheur, alors que tu commences à flâner dans les allées, à la recherche d’un livre ou d’un manuel quelconque dans lequel tu pourrais te perdre pour passer le temps, avant de rentrer chez toi et prétendre que tu as passé une belle soirée seulement pour faire oublier à tes parents que tu n’es pas la fille cool qu’ils auraient voulu que tu sois, comme ton aîné.

Tu hésites entre un ouvrage sur les mathématiques quantiques ou un sur la physique appliquée lorsque tu remarques un filet de fumée qui provient du fond de la bibliothèque, te faisant rapidement comprendre que tu n’es pas seule comme tu le croyais au départ. Si tu es tentée d’ignorer la présence de cet autre individu, ta curiosité te pousse à aller voir qui à décidé de se cacher dans le fond de cette grande pièce pour fumer plutôt que de le faire dans les vestiaires, comme tous les autres. C’est sans grande surprise que tu finis par poser les yeux sur Kieran Halstead, ce mec qui n’est jamais bien loin même s’il n’est jamais en classe. Celui qui terrorise les autres – toi incluse – à volonté et qui se fout bien de tout et de tout le monde. Il n’y a pas plus opposé à toi que lui et pourtant, t’es l’idiote qui continue d’avoir cet immense crush sur lui depuis la septième (année où tu lu as stupidement envoyé une lettre anonyme lui professant ton amour, qui n’est pas restée anonyme bien longtemps vous l’aurez bien deviné et qui aura bien fait rire tout le monde, sauf toi.) « Tu vas encore te ramasser des nouvelles heures de colles si tu te fais prendre. » Comme s’il faisait le compte. Toi toutefois, tu n’as jamais oublié les deux pauvres heures que tu t’es prise quand tu as stupidement essayé de couvrir pour lui, à sa demande. La porte d’entrée de la bibliothèque claque bruyamment à l’autre bout de la pièce et tu relèves le regard, des cris se faisant entendre à l’extérieur. « Qu’est-ce qui se passe? » que tu demandes, rhétoriquement évidemment, alors que tu aperçois des silhouettes qui courent de l’autre côté de la porte vitrée. Alors que tu es occupée à essayer de faire sens des mouvements, c’est le bruit lourd d’un livre qui tombe à quelques mètres de vous qui te fait sursauter, au point où tes doigts viennent agripper fortement le bras de Kieran, la panique partout sur ton visage et dans ta voix. « T’as entendu ça? »

Le bal de promo ne serait pas le bal de promo sans son punch amélioré, ses bêtises provoquées par des couloirs absolument vidés de toute âme, ses coups tirés à la va-vite dans les douches des vestiaires avec Glenda, Brenda, Miranda (peu importe son nom), ses cachets revendus sous le manteau (même s’il s’agit plutôt d’une chemise bouffante). Kieran peut déjà se vanter de cocher les quatre occupations alors que le bal n’est entamé que depuis une bonne heure ; et puisqu’il semblerait que les pions aient décidé de le garder à l’œil dans le gymnase, il s’est reculé jusqu’à la bibliothèque, la flasque remplie et les poches pleines. Comme toute rumeur, celle-ci sera propagée suffisamment vite pour que ses fesses ne souffrent pas de rester immobiles trop longtemps sur ce vieux meuble en bois, à l’abri des regards indiscrets, perdu au fin fond des allées. Sa came est la meilleure du marché, populaire et appréciée jusqu’aux lycées alentours, il ne se fait donc aucun souci quant au bénéfice qu’il retirera de cette soirée importante. Il n’est pas sentimental et s’en fiche bien de manquer « l’événement de l’année », du moment qu’il peut se remplir les poches. On peut même y voir une façon de débuter une grande carrière mêlant deux domaines dans lesquels jamais personne n’aurait misé sur lui : les sciences et l’économie. À croire que c’est une tête, malgré sa moyenne de E et s’il n’avait pas envie de perdre sa source de revenus (c’est ça, de s’être émancipé), il n’aurait aucune gêne à s’en vanter auprès de ses professeurs dépités par ses notes. Plus tard, quand ils se rendront compte qu’ils avaient la relève de Pablo Escobar dans leurs classes et qu’ils n’ont pas su le traiter à sa juste valeur, ils s’en mordront les doigts, c’est certain. Bon, peut-être qu’ils n’en auront plus, leur sort futur dépend du traitement actuel qu’ils décident de réserver à Kieran.

Kieran, donc, assis sur son meuble à attendre ses premiers clients, Germaine la grenouille volée en SVT qui s’avère une compagnie pas si désagréable posée sur sa cuisse et la flasque qui rencontre ses lèvres à intervalles réguliers tandis qu’il joue avec les comprimés dans sa poche. Ceux-là même qu’il n’a jamais ingéré, parce que la science a autant ses limites que la satisfaction du client : leur choix, leur merde, hors de question de se pourrir la santé, même s’il prend un certain plaisir à pourrir celles des autres. La plupart des athlètes du lycée font appel à lui pour ses cocktails détonants qui permettent d’améliorer les performances et qui ont le mérite de ne pas être reconnaissables dans les urines ; ils auront des bourses, oui, mais en perdront d’autres aux passages, oopsie les effets secondaires. Ça lui arrache un rire alors que la porte finit par claquer et qu’il s’appuie contre le mur derrière lui, délaissant la flasque pour coincer une cigarette entre ses lèvres en attendant le premier client d’une longue série – la nuit ne s’arrêtera certainement pas à la fin du bal pour lui. Et lorsque ses yeux se posent sur la petite Galloway, l’illustration du balai dans le cul, c’est un soupir agacé qui s’échappe d’entre ses lèvres sans qu’il ne fasse d’efforts pour le retenir. Elle dérange, il ne compte pas s’excuser de le lui faire comprendre. « Tu vas encore te ramasser des nouvelles heures de colles si tu te fais prendre. » Un rire froid s’échappe d’entre ses lèvres. « Et tu vas t’ramasser autre chose si tu m’fous pas très vite la paix. » Qu’il s’énerve en lui soufflant sa fumée au visage, avant que son regard cesse de s’accrocher au sien pour se diriger à l’autre bout de la pièce. « Qu’est-ce qui se passe? » « Qu’est-ce j’en sais. » Il est pas médium, elle a d’autres des questions stupides, la gamine ? Il relève la tête au-dessous d’elle pour y voir plus clair, mais, à part quelques silhouettes qui court, rien ne l’alerte : ils sont sûrement trop pressés de tirer un coup ou alors le punch a été coupé aux laxatifs, l’un comme l’autre, ça le fait sourire. Le bruit d’un livre qui tombe, par contre, fait disparaître celui-ci alors que l’intello s’accroche à son bras et qu’il secoue celui-ci pour se libérer – quelle idée cette manucure, ça fait mal, bordel. « T’as entendu ça? » « Ouais, j’suis pas sourd. » Il souligne avant de planter ses yeux dans les siens. « T’as jamais entendu parler de Dylan Wilkes ? Un élève si intello, discret et inintéressant qu’on l’a enfermé ici avant les vacances d’été. Personne a rien capté et on l’a retrouvé qu’à la rentrée, complètement desséché. Il s’est tellement cassé les mains à essayer de taper contre la porte pour appeler à l’aide qu’elles étaient séparées de son squelette et y’avait tellement de sang qu’on a pu changer la porte. » Ah, Dylan, Dylan, Dylan. Où était-ce Brendon et son suicide dans l’allée géographie ? Lucy et l’étagère qui lui est tombée dessus et sous laquelle elle a agonisé ? Il change de version souvent, il en oublie si la vérité se cache vraiment quelque part. « Parfois, il vient mettre en garde les élèves qui pourraient finir comme lui. Et comme par hasard, c’est pile quand tu débarques qu'il s'réveille. » Il précise en bougeant légèrement ses mains pour lui faire comprendre de reculer, jusqu’à la porte, à tout hasard. « Et c’est pas bon pour mes affaires que tu restes là. » Il va finir la soirée en déficit si on le voit avec l’intello Galloway, c’est mort, il la fera sortir lui-même s’il le faut.

@Autumn Galloway  

Tu aurais dû te douter que si quelqu’un allait utiliser la bibliothèque comme cachette (ou devrais-tu plutôt dire comme point de vente, vu toutes les rumeurs qui entouraient constamment le brun) ce serait Kieran Halstead. Tu pourrais prétendre que ce n’est qu’un mauvais hasard, mais il t’est impossible de nier que ça te fait ne serait-ce qu’un petit peu plaisir, malgré l’accueil toujours aussi désagréable qu’il te réserve, soufflant la boucane de sa cigarette dans ton visage ce qui te fait tousser légèrement. « Et tu vas t’ramasser autre chose si tu m’fous pas très vite la paix. » Pfff. Charmant. Tu es une fille brillante Galloway, mais quand vient le temps de choisir tes crush, tu es certainement la fille la plus idiote de la planète Terre. Tu grimaces légèrement, tu n’as certainement pas l’intention de lui céder la place, surtout que toi, tu comptais utiliser la bibliothèque pour les bonnes raisons, comparativement à lui. « T’as qu’à aller faire ton marché ailleurs. » que tu rouspètes, d’une voix pourtant bien peu confiante alors que tu peines à soutenir le regard insolant du garçon devant toi. Ton attention est toutefois rapidement reportée sur les mouvements à l’extérieur de la bibliothèque et comme toujours, Kieran n’est d’aucune aide pour t’aider à comprendre ce qui se passe. « Qu’est-ce que j’en sais. » Tu roules légèrement des yeux, cherchant à voir plus clairement ce qui se passe de l’autre côté de la porte vitrée sans toutefois avoir le courage de te rapprocher.

Quand un bruit se fait entendre toutefois, la panique monte en flèche, chose à laquelle Kieran ne se montre aucunement empathique alors qu’il se défait rapidement de l’emprise que tu as prise sans même t’en rendre compte de son bras. « Ouais, j’suis pas sourd. » Tu lèves le regard vers lui quand tu sens ses yeux sur toi et tu ne pourrais dire ce qui te fait le plus peur, le bruit que tu viens d’entendre ou la manière dont il te scrute actuellement, lui qui ne remarque jamais ta présence normalement. « T’as jamais entendu parler de Dylan Wilkes? Un élève si intello, discret et inintéressant qu’on l’a enfermé ici avant les vacances d’été. Personne a rien capté et on l’a retrouvé qu’à la rentrée, complètement desséché. Il s’est tellement cassé les mains a essayé de taper contre la porte pour appeler à l’aide qu’elles étaient séparées de son squelette et y’avait tellement de sang qu’on a pu changer la porte. » Ton regard s’horrifie plus il te raconte cette histoire sordide. « Tu racontes n’importe quoi. » Il a bien compris que tu avais eu peur du bruit sourd donc il se moque de toi. Si logiquement, tu le sais, ça ne t’empêche pas d’être complètement terrorisée dans l’immédiat. « Parfois, il vient mettre en garde les élèves qui pourraient finir comme lui. Et comme par hasard, c’est pile quand tu débarques qu’il s’réveille. » « Arrête… tu-tu… tu m’fais pas p-peur. » Dis-le à ta voix Autumn parce que là, tu sonnes exactement comme une gamine de cinq ans qui est à deux doigts de se mettre à pleurer. « Et c’est pas bon pour mes affaires que tu restes là. » Et tu n’en avais pas vraiment l’intention non plus. Le manuel de mathématiques quantiques pressé contre ta poitrine, tu longes les allées pour te rendre à la sortie, ton regard balayant constamment autour de toi pour t’assurer qu’il n’y a personne d’autre. Tu t’apprêtes à ouvrir la porte lorsque tu remarques un élève qui court en hurlant « ELLE EST MORTE. ELLE EST MORTE. » Ton regard se retourne automatiquement vers Kieran, dont tu n’aperçois que le dessus de la tête maintenant que tu es à quelques mètres de lui. « C’est toi qui as organisé ça? Pour me faire peur avoue. » que tu dis aussi fort que possible pour qu’il t’entende, la voix toujours tremblante alors que tu n’oses plus bouger, de peur de te retrouver devant un corps inerte ou pire encore, devant la personne qui aurait pu faire du mal à ce elle qui demeure sans nom pour l’instant.

C’est un rire qui s’échappe d’entre ses lèvres lorsque la gamine (ils ont le même âge) manque de s’étouffer après qu’il lui ait envoyé la fumée de sa cigarette sur le visage. Un instant, Kieran dévisage Autumn de haut en bas, s’interrogeant quant à ce dont elle est capable, ce dont elle serait capable simplement pour se sentir intégrée quelque part, elle, l’intello qui n’est pas juste discrète, mais carrément invisible. Ça implique qu’elle soit hautement influençable, c’est une certitude, même s’il n’a jamais voulu le vérifier par lui-même. Les clichés ont la vie belle, mais concernant Autumn, il est persuadé qu’ils ont du sens. « T’as qu’à aller faire ton marché ailleurs. » Il secoue la tête par la négative avant de hausser les épaules et reporter son regard dans le sien. « Nan, j’ai pas envie. » Il s’adosse un peu plus contre le mur, fait doucement se balancer ses jambes contre le meuble sur lequel il est assis. « Me fais pas croire que t’as vraiment besoin de réviser. » Que ce soit à cet instant précis, alors que tout le monde s’amuse au gymnase (enfin, la connaissant, ça doit être le truc le plus fun qu’elle puisse faire au quotidien, que d’apprendre par cœur les décimales de PI) ou de manière générale, alors que mademoiselle peut se vanter d’être la première de la classe (est-ce qu’il y a vraiment matière à se vanter ; selon Kieran c’est loin d’être le cas). Selon lui, toujours, elle a tout intérêt à lâcher son bras lorsqu’elle s’en empare, soudainement inquiète par les mouvements de foule à l’extérieur de la bibliothèque. C’est sûr qu’elle peut pas comprendre, l’intello, l’image de gens qui courent, qui hurlent, qui s’amusent, en d’autres termes, puisqu’en voilà un qui n’entre pas dans son vocabulaire pourtant bien rempli.

Libéré de la jeune femme, une nouvelle clope aux lèvres, il ne se fait pas prier pour tenter de se débarrasser de la rouquine en émettant ses hypothèses quand un livre s’écrase au sol. Pour lui, il n’y a rien à chercher d’autres qu’un équilibre précaire des bouquins qui a eu raison de l’un d’entre eux. Pour elle, il y a forcément d’autres explications, à en lire la panique dans son regard qu’il soutient en évoquant la tragique (non) histoire vraie (toujours pas) d’un garçon nommé Dylan. Pourquoi ce prénom ? Parce qu’il doit probablement être en tête de liste des prénoms des candidats aux Darwin Awards, à côté des Kevin et autres Bryan, c’est un fait, une science, oui, il est intelligent Kieran, à sa façon, on dira. Son regard s’horrifie et lorsqu’elle tente de s’opposer à son hypothèse par un « Tu racontes n’importe quoi. » bien peu assuré, l’adolescent se contente d’afficher un fin sourire sur les lèvres et de hausser les épaules, l’air de dire « tu me crois vraiment pas, Galloway ? ». « Arrête… tu-tu… tu m’fais pas p-peur. » Son sourire s’élargit alors que, d’un geste rapide, son visage s’approche du sien ; « vraiment ? » qu’il demande tout aussi rapidement avant de reprendre ses distances et de rire de manière dédaigneuse. Il semblerait que cette ultime moquerie fonctionne enfin alors que Galloway fait demi-tour, Kieran déjà occupé à rouler sa prochaine cigarette avant qu’un nouveau hurlement l’interpelle (il n’y a donc pas moyen d’être tranquille dans cette foutue bibliothèque ?). « ELLE EST MORTE. ELLE EST MORTE. » Il fronce les sourcils, relève les yeux, s’interroge sur ce jeu auquel il ne comprend rien, même s’il n’est pas étonné qu’une partie des élèves soient bourrés au point de dire n’importe quoi, ils n’ont pas l’habitude de l’alcool, cette bande de gamins. « C’est toi qui as organisé ça? Pour me faire peur avoue. » Daignant enfin se lever (Germaine glissée dans la poche de sa veste), il passe à côté de la jeune femme pour l’observer de toute sa hauteur : « Ouais, j’ai que ça à faire de te consacrer autant de temps pour une mauvaise blague. » Et s’il se lève, ce n’est évidemment pas pour elle, mais simplement par curiosité, pour se coller contre la porte vitrée de la bibliothèque qui donne sur le couloir. Kieran ravale sa salive quand il comprend ce qu’il se passe, avant de se tourner vers Autumn. « Bon, l’intello, t’as autant de forces dans les bras que dans le cerveau, j’espère. » Il annonce, se décalant légèrement pour ne plus être dans l’angle de la porte, posant furtivement son bras sur l’abdomen d’Autumn pour l’inviter à en faire de même, tout en jetant un oeil au meuble à côté d'eux qui pourrait bloquer la porte. « Parce que Dylan a ramené des potes et va falloir qu’on se barricade. » Si son ton se veut confiant, il ne fait pas le malin, Kieran, à cet instant, bien que même la situation la plus tragique vise toujours à servir ses propres intérêts : il compte bien se protéger sans se soucier des autres, mais s’il épargne Autumn, à lui les meilleures notes en guise de remerciements et les meilleures facs pour accentuer son business, le rêve absolu.

@Autumn Galloway  

« Nan, j’ai pas envie. » Évidemment.

Tu n’es pas ce genre de filles qui trouvent rapidement une réplique, surtout pas lorsqu’il s’agit de Kieran Halstead. Alors comme une conne, tu te contentes de le dévisager, mi-agacée et mi-impressionnée alors que franchement, il y a bien plus impressionnant comme mec que lui, même si tu sembles constamment oubliée cette information lorsque tu te retrouves non loin de lui. « Me fais pas croire que t’as vraiment besoin de réviser. » Bien sûr que non. Tu n’as jamais vraiment besoin de réviser. Tu le fais parce que ça te plaît. Parce que tu as soif de connaissance et que tu considères que tu ne peux jamais en savoir assez sur un sujet donné. Tu révises aussi parce que ça a toujours été bien plus facile pour toi de socialiser avec les livres que ce l’est de socialiser avec d’autres êtres humains. Les livres ne se moquent jamais de toi, eux. Les livres sont toujours disponibles et ils ne te font pas mal. Les êtres humains par contre… « La soirée est nulle. » Et tu es persuadée qu’elle l’est pour lui aussi, sinon il ne serait pas ici, à faire son marché plutôt que de profiter de ce qui était apparemment la soirée de l’année.

L’histoire que raconte Kieran est débile. Si logiquement parlant, tu en es consciente, tu ne parviens toutefois pas à camoufler la peur qui t’envahit alors que tu t’imagines déjà le fantôme d’un étudiant malmené présent pour vous hanter et transformer cette nuit en horreur. Il s’approche de toi, beaucoup trop près et ton souffle se coupe l’espace de quelques secondes. « Vraiment? » Il se moque un peu plus fort, alors qu’il se recule finalement, riant d’une manière qui te donne envie de pleurer bien que tu t’efforces de retenir les larmes, bien plus en colère que tu ne puisses être vexée. Tu oublies tout ça rapidement alors qu’un cri se fait entendre à l’extérieur de la bibliothèque et que le bordel semble prendre sans que tu ne comprennes ce qui se passe. Quelqu’un parle d’une morte et tu veux croire que ce n’est qu’une autre mauvaise blague de la part de Kieran, mais ce dernier ne semble pas plus au courant que toi de ce qui se passe. « Ouais, j’ai que ça à faire de te consacrer autant de temps pour une mauvaise blague. » Bon, au moins il admet que ses blagues sont de mauvais goûts. Mais c’est bien le truc le moins important du moment quand tu mets quelques secondes de plus à comprendre que ce n’est peut-être pas une blague, finalement. Kieran se lève et passe devant toi pour se rendre jusqu’à la porte vitrée de l’entrée de la bibliothèque et tu le suis du regard, sans comprendre ce qui se passe.

« Bon, l’intello, t’as autant de forces dans les bras que dans le cerveau, j’espère. » « T’espères mal. » que tu ne peux t’empêcher de répliquer directement, ne comprenant pas tout de suite à quoi il veut en venir. Il n’y a qu’une seule matière à l’école où tu n’as pas A ou A+ et c’est l’éducation physique, et pas parce que tu ne fais pas tous les efforts du monde. Tu n’es juste franchement pas douée, pas très forte, pas très vite non plus. Il se penche et te force à faire de même et ça devrait te mettre la puce à l’oreille que quelque chose ne va pas parce que Kieran Halstead a la main sur toi mais ton cerveau court-circuite jusqu’à ce qu’il ne reprenne la parole. « Parce que Dylan a ramené des potes et va falloir qu’on se barricade. » « Arrête avec ça, t’es pas drôle. » Une seconde et puis une autre et tu comprends enfin. « Attends… » Tu tentes de te relever, mais le bras de Kieran te maintient en place. « Qu’est-ce que t’as vu Kieran? » Ta voix se fait de plus en plus aiguë alors que la panique te gagne. « Quelqu’un est mort? C’est vrai? » Et il lui faudra réagir rapidement, sinon ce sont tes cris qui vont alerter le potentiel meurtrier de votre planque qui n’en est pas encore une, pas vraiment. Tu pointes le charriot qui se trouve à quelques mètres de vous. « Le… le charriot. Il peut blo-bloquer l’entrée. » Faudrait seulement le remplir pour qu’il devienne assez lourd pour ne pas céder. Et clairement, il vous faudra trouver une meilleure cachette, loin, très loin, de la porte vitrée.

« La soirée est nulle. » « C’est parce que personne t’a invité, ça. » Pour quelle autre raison ? Tout le monde semble s’éclater et même si en réalité il trouve effectivement cette soirée nulle, il ne peut nier qu’il y prend un certain plaisir car ses affaires fonctionnent très bien (il y a du bon aux restrictions imposées par le règlement de l’école). À vrai dire, il s’en fiche bien des raisons pour lesquelles Autumn pourrait avoir fui le gymnase, l’intérêt réside dans cette pique qu’il peut lui offrir alors qu’il fait glisser, une nouvelle fois, son regard sur elle. Bien sûr que personne ne l’a invitée, l’intello de la classe. Elle ne donne pas envie qu’on s’en approche et encore moins avec cette dégaine. C’est con, d’ailleurs, parce qu’elle est plutôt bien foutue, Galloway, il a déjà pu l’attester en cours de gym quand elle porte les mêmes petits shorts que tout le monde et qu’elle se meurt de honte d’avoir à dévoiler autant de peau. Elle n’est pas si dégueulasse, d’ailleurs, si on fait abstraction de sa permanente qui lui ajoute dix ans de plus, mais elle a de beaux yeux et pas beaucoup d’acné, ce dont peu peuvent se vanter. M’enfin, si la couverture est belle, c’est surtout tout ce qu’il y a dedans qui est répugnant et l’intelligence dont elle fait preuve, souvent confondue avec de l’arrogance, est sûrement en partie responsable de sa solitude du soir.

Enfin, intelligence. C’est vite dit si vous voulez son avis, alors qu’il ne lui faut pas plus que quelques phrases pour la faire paniquer, elle la si douée et rationnelle Autumn Galloway, traumatisée par une stupide histoire de fantôme qui n’a rien de véridique (vraiment ?) et encore plus impressionnée quand il a le malheur de s’approcher d’elle pour lui faire peur. Elle est si prévisible, c’en est ridicule. Ce qui l’est moins, c’est ce cri à l’extérieur de la bibliothèque vers lequel leur attention respective se tourne, avant qu’il ne se moque à nouveau d’elle. Bien sûr qu’il n’a que ça à faire, de prévoir des blagues ridicules qui pourraient lui faire peur, puisqu’Autumn Galloway est évidemment le centre de son monde. Et ce n’est pas par volonté de protéger celle-ci qu’il s’approche de la baie vitrée pour observer ce qu’il se passe à l’extérieur. Si ça ne dépendait que de lui, elle serait déjà dehors et devrait courir pour échapper au massacre qui a lieu derrière cette porte. Car passé l’effet de surprise d’avoir découvert un corps inerte au sol, il y a la certaine satisfaction de l’identifier comme étant Jessica Matthews, la petite conne qui l’a dénoncé il y a quelques mois et à cause de laquelle il s’est pris une exclusion (pas bon pour les affaires) sous prétexte que son copain n’était plus performant au lit à cause de toute la dope qu’il lui fournissait. Mais il était performant sur le terrain et ça, ça comptait, suffisamment pour qu’il fasse toujours partie de ses clients aujourd’hui et que Jessica soit célibataire. Mais ça n’a pas suffi comme revanche pour Kieran, loin d’être mécontent que le karma se soit occupé d’elle – on ne se met pas sur la route des honnêtes travailleurs. Et puisqu’Autumn serait capable de le vendre seulement pour sauver sa peau, il a tout intérêt à la garder près de lui – mais il faudrait aussi qu’il trouve du ruban adhésif car il a la certitude que niveau discrétion, la Galloway a encore beaucoup à apprendre. Et niveau force, aussi, vraisemblablement. « T’espères mal. » Il roule des yeux ; déjà qu’elle vient le déranger, mais voilà qu’en plus elle n’est d’aucune utilité. Alors il espère qu’un coup de flippe saura lui provoquer la poussée d’adrénaline nécessaire pour barricader cette porte. « Arrête avec ça, t’es pas drôle. » Son regard se fige sur elle alors qu’il lui fait bien comprendre qu’il ne plaisante pas, mais eh, Autumn, si tu veux dégager, c’est le bon moment, des fois que ta vie te semble bien trop chiante et qu’elle doive se terminer. « Attends… » Non, on a dit qu’Autumn était naze en discrétion, alors évidemment qu’il ne la relâche pas. Dès qu’elle verra le corps, elle hurlera et ils seront découverts. Il aime bien la vie, lui, contrairement à elle. « Qu’est-ce que t’as vu Kieran? » À ton avis ? « Quelqu’un est mort? C’est vrai? » Il secoue la tête pour répondre par l’affirmative, avant de reprendre la parole. « Et si tu te bouges pas très vite, tu vas être la prochaine, Galloway. » Parce qu’évidemment qu’il la poussera en direction du tueur pour sauver ses fesses, elle n’imagine pas autre chose venant de lui quand même ? « Le… le charriot. Il peut blo-bloquer l’entrée. » « Voilà, quand tu veux. » Il soupire en se moquant alors qu’il observe ledit charriot vide de tout bouquin à ranger. Un regard et lui aussi sait faire preuve d’intelligence, alors qu’il s’éloigne. « Bloque la porte avec. » Il ordonne. Et puis, comme ça, si le tueur arrive, c’est elle qui se prendra une balle en premier et il sera averti. « Je vais chercher de quoi le remplir et tu feras pareil quand tu l’auras déplacé. » Il est vide, elle doit pouvoir y arriver. Il s’en fiche un peu, d’ailleurs, alors qu’il est déjà en train de disparaître dans les rues, s’emparant de toutes les encyclopédies barbantes mais aussi terriblement lourdes qu’il trouve, non sans chercher une seconde issue pour s’échapper sans se retourner.

@Autumn Galloway  

« C’est parce que personne t’a invité, ça. » Tu n’as pas besoin de Kieran Halstead pour le savoir, ça, comme il dit. Ça t’arrache d’ailleurs une grimace qui s’apparente quelque part entre le dégoût et la douleur, une tristesse que tu n’as jamais réellement su camoufler et qui t’a souvent valu d’être humiliée. Trop sensible, trop intello, trop plate, trop ci, trop ça. Il n’y a rien que tu n’as pas déjà entendu mille fois. Ta réputation n’est plus à refaire et tu ne veux qu’une chose : finir le secondaire avec les meilleures notes possibles pour enfin pouvoir partir dans une université prestigieuse aussi loin d’ici que possible. Enfin, ça, c’était le plan avant que la soirée ne prenne une tournure digne des films d’horreurs, ceux que tu refuses de regarder avec ton frère parce que tu finis toujours par faire des cauchemars pendant des semaines après un pauvre visionnement. Kieran est atrocement trop sérieux pour que tout ça ne soit qu’une de ses stupides blagues et la panique augmente de manière exponentielle alors qu’il te maintient en place. « Et si tu bouges pas très vite, tu vas être la prochaine, Galloway. » Ah oui, parce que ce genre de commentaires, ça va t’aider à réfléchir plus vite ou ça va te donner une force nouvelle peut-être. Bien sûr que non, mais comme toujours, tu ne trouves pas les mots pour répliquer, trop occupée à maudire ton frère et tes parents de t’avoir forcé à sortir de ta chambre, cette pièce sécuritaire où les tueurs n’apparaissent pas. Mais il faut penser plus vite pour survivre. Il te prend peut-être pour une dépressive avec un death wish, mais il se trouve qu’aussi nulle qu’elle puisse être, tu tiens quand même à ta vie. « Voilà, quand tu veux. » Tu ne comprends pas comment même dans une telle situation, il trouve le moyen de faire des commentaires insignifiants de la sorte. « Bloque la porte avec. » Tu ne poses pas de question, mais tu ne bouges pas non plus, encore trop sous le choc pour pleinement réaliser ce qui se passe. « Je vais chercher de quoi le remplir et tu feras pareil quand tu l’auras déplacé. » Tu pourrais sans doute te rebeller, lui dire de le faire lui-même, mais tu ne penses à rien d’autre que de faire ce qu’il te dit, marchant bien trop lentement jusqu’au charriot que tu tentes de déplacer dans le plus complet des silences alors que Kieran part à la recherche des livres les plus lourds qu’il puisse trouver. « Ça pourra pas le retenir longtemps, s’il nous trouve. » La porte n’est pas complètement bloquée par le charriot et même avec le poids des livres, tu doutes que ça puisse résister à quelqu’un avec une volonté de fer de rentrer dans la bibliothèque, qui semble pourtant complètement vide si ce n’est de ta présence et de celle de Kieran. « Il y a un conduit, au sol. Au fond de la bibliothèque. » Le conduit ne mène nulle part, mais il peut sans doute faire une bonne cachette, en attendant. Tu le sais parce qu’il y a déjà des petits comiques qui t’y ont coincés pendant plusieurs heures, avant que la bibliothécaire ne finisse par t’entendre pleurer. « C’est sûrement une meilleure cachette que d'espérer que le chariot tienne le coup, si le tueur revient par ici. » Même si ça veut dire te retrouver coincer dans un espace beaucoup trop restreint avec Kieran pendant tu-ne-sais combien de temps.

Il y a trois constats au fait que Kieran ne se montre pas aussi paniqué qu’il devrait l’être compte tenu des événements. Le premier, quelque peu triste et s’appliquant à l’ensemble de ses camarades, est dû au fait que les tueries de masse n’ont plus grand-chose de surprenantes à l’époque où ils vivent et qu’ils ont été préparé à cette possibilité. Le second est qu’ils ont été nourris au slasher pour la plupart et qu’il n’est pas si étonnant que l’un d’entre eux se soit inspiré des films qui cartonnent au cinéma pour ses propres projets personnels. Enfin, sur la liste des élèves capable de cela, Kieran ferait figure de doublure, le second qui attend sagement que le premier rôle se désiste ; et il serait presque déçu de ne pas avoir pensé plus tôt à coller une balle entre les deux yeux de Jessica Matthews. Il y a une raison pour laquelle le Halstead fait sa scolarité sans être approché par les autres autrement que pour leur fournir de la drogue d’excellente qualité. Il y a aussi une raison derrière le fait que les rares courageux lui ayant demandé de lui faire crédit n’ont pas réitéré la demande (et c’est drôle, ils sont toujours revenus en cours avec une jambe ou un bras cassé le lendemain de leurs exigences). Alors oui, s’il s’avère aussi calme, c’est qu’il voit ça comme un défi dans son esprit carrément malade. Certains sont nés pour survivre, c’est son cas. Pour le reste, c’est la sélection naturelle qui va s’occuper d’eux et, après tout, ce n’est pas un mal quand on voit les cas sociaux qui fréquentent ces couloirs. Si le mec responsable de la mort de Jessica ne sait pas à qui s’en prendre par la suite, il a une liste à lui fournir. Étonnamment, Autumn n’est pas sur celle-ci et même si elle ne fait pas non plus partie des quelques rares personnes qu’il pourrait demander d’épargner, elle a le mérite de ne pas totalement être celle qu’il compte pousser vers le tueur (sauf en cas de nécessité, eh ses intérêts priment sur ses bons sentiments).

Néanmoins, si la rouquine ne se bouge pas très rapidement, remettant ainsi en marche ces quelques neurones, il ne peut pas lui garantir de conserver sa place de privilégiée. Il donne les ordres, elle reste tétanisée et son regard parle pour lui alors que ses yeux se lèvent au ciel. Et quand la gamine se met enfin en marche, c’est à deux à l’heure. Faut passer la deuxième, là, Galloway. « Galloway ! BOUGE ! » Il lui hurle dessus, dans l’éventualité où la peur d’être découvert suite à son agacement saurait la faire réagir. « Ça pourra pas le retenir longtemps, s’il nous trouve. » Elle s’assure de plus en plus une place sur la première liste, celle des sacrifiés. « Merci Einstein, si t’as une meilleure idée, hésite pas. » Mais pour ça, il faudrait encore qu’elle soit en mesure de faire fonctionner son cerveau, ce qui n’est pas vraiment le cas pour l’instant. Quoi que... « Il y a un conduit, au sol. Au fond de la bibliothèque. » Voilà, quand elle veut, la petite. « C’est sûrement une meilleure cachette que d'espérer que le chariot tienne le coup, si le tueur revient par ici. » Continuant la besogne visant à bloquer au mieux l’accès à la porte par le biais du chariot, lorsque celui-ci s’avère chargé, il se retourne vers la rousse. « Vas-y, montre-moi, Galloway. » Il lui indique d’un geste de la main le fond de la bibliothèque, la faisant passer devant – non pas pour s’assurer de couvrir ses arrières des fois que le psychopathe qui rode dans le couloir parviendrait à entrer, mais bien pour admirer ceux d’Autumn. Une fois au fond de la bibliothèque, il découvre le conduit en question qui, s’il est bien refermé, ne devrait pas laisser penser que des âmes s’y cachent. S’agenouillant, Kieran entreprend de démonter la grille qui empêche l’accès au conduit, et lorsqu’il y parvient enfin, il désigne l’ouverture d’un signe de la tête. « Allez, glisse-toi dedans. » Il lui ordonne et face à l’hésitation de la jeune fille, il soupire, au moment même où quelqu’un essaie d’ouvrir la porte d’entrée. Un chic type, finalement, ce tueur, pour l’aider ainsi dans ses ordres à l’encontre de la rousse. « Maintenant ! » Et sans délicatesse, il vient même poser une main sur son crâne pour la forcer à se mettre à genoux (en tout bien tout honneur) dans l’espoir de l’aider à réactiver ses neurones. Il aurait pu passer devant elle et condamner le conduit avec la grille, mais il sait très bien qu’Autumn caftera sa présence. Et quand bien même il aurait attendu qu’elle le rejoigne, nulle doute que la panique lui ferait refermer la grille n’importe comment. On ne peut vraiment plus compter sur personne, à part ce tueur qui s’acharne contre la porte et qui l’aide à faire valoir son point. Vraiment, qu’on l’érige en légende.

@Autumn Galloway