Le rooftop du Sixteen Antlers s’est habillé aux couleurs de la traditionnelle soirée d’Halloween. Pour cette année, le bar dansant a choisi la thématique de la fête des morts célébrée au Mexique. C’est un jour de fête en mémoire des ancêtres défunts afin d’honorer leurs mémoires. Les costumes et les maquillages pour l’occasion sont loin d’être effrayants ou sanglants, comme le veulent les traditions anglo-saxonnes. Bien au contraire, on assiste à un véritable bal de couleurs et de nuances festives. Et pour l’occasion Dani s'est prise au jeu. Spirituelle dans l’âme, elle a été bercée par ses traditions lors de son enfance. Dans la société coréenne il y a une grande croyance envers les esprits, une vie après la mort, ou encore les réincarnations. Pour la soirée Dani a enfilé une jolie robe violette. Elle a pris soin de boucler ses cheveux et d’y glisser des fleurs. La touche final de son habillement est le fameux masque mexicain coloré et un trait de rouge à lèvres bordeaux sur sa bouche. Dani est plutôt satisfaite du résultat final.
Dani s’est rendue à la soirée, elle a rejoint quelques amis, notamment Asher, Albane et Melchior avec qui elle a l’habitude de sortir. Ils se sont bien amusés durant cette première partie de la nuit, à enchainer les shooters de tequila, à rigoler, et à danser. En parlant de danse, l’attention de la coréenne a été captée par un homme qui se tenait à l’écart de la piste son verre de whisky à la main. L’œnologue a été intriguée par sa carrure, il avait l’air si grand avec son chapeau haut de forme. Son masque de squelette lui donnait un air mystérieux et attirant. Pendant un moment, elle a même cru reconnaitre ses traits, comme si elle l’avait déjà vu quelque part, mais entre les masques et l’alcool impossible de remettre un nom sur ce visage. Après quelques encouragements de la part de ses amis, Dani se lance et décide d'aller parler à l'homme masqué. Elle s’était faufilée parmi la foule de danseurs endiablés jusqu’à atteindre l’homme-squelette-mystère. « Il est sympa votre chapeau. » qu’elle lui dit avec un sourire avant de lui tendre la main. « Vous voulez danser ? » Et après quelques négociations et surtout des phrases charmeuses, elle avait réussi à danser sur quelques musiques et passer un petit moment en sa compagnie tout à fait agréable.
Minuit sonne et Albane tire le bras de Dani pour l’inciter à prendre la route vers leur prochaine soirée Halloween. Car oui, la petite bande avait un planning de soirée chargé. La coréenne dit à ses amis de l’attendre en bas de l’immeuble, elle doit juste passer aux toilettes avant. Une fois la mission pipi effectuée, la demoiselle prend la direction de l’ascenseur. Elle appuie sur le bouton pour descendre et c’est là qu’elle sent une présence s’approcher d’elle. Elle ne tourne pas la tête pour autant, alors que les portes s’ouvrent. Elle l'a reconnu. Dani a du mal à cacher sa joie derrière son masque. Elle se demande où l’homme-squelette compte continuer sa route. Et si elle lui propose de se joindre à eux ? Elle pourra passer plus de temps avec lui. C'est tout bénef. Elle hésite alors qu’elle rentre dans la cabine métallique accompagnée de l'homme au chapeau. « Je vais finir par croire que vous me suivez. » qu’elle prononce avec un sourire en coin alors que les portes de l’ascenseur se ferment au même instant. A croire que le destin aime réunir ses deux personnes dans un même endroit.
31 octobre 2021. Un jour à marquer d'une pierre blanche pour les amis du lycée de Noah. En effet, lui qui refuse habituellement la plupart des soirées qu'ils lui proposent pour se consacrer entièrement à son travail a décidé d'accepter leur invitation cette fois-ci. Une invitation à une soirée déguisée qui plus est. Ça ne lui ressemble pas vraiment, mais il a réellement besoin de se changer les idées, encore plus depuis que l'ex-fiancé de sa soeur est venu frapper à sa porte et qu'il a fini par lui lâcher le morceau sur la tentative de suicide de celle-ci. Il sent venir d'ici les problèmes, il paraît évident qu'Augustus ne pourra pas s'empêcher d'aller en parler à l'intéressée et Ambre sera tout sauf ravie. Une fête avec d'anciens amis ne peut donc qu'être une bonne idée, celle-ci ayant pour avantage de le faire penser à autre chose au moins pour un temps. Et effectivement, la soirée s'est bien passée, les retrouvailles ont été chaleureuses et bien que, comme à son habitude, Noah ait évité la piste de danse pour rester sur le balcon à la vue magnifique, dire qu'il n'est pas content d'être venu aurait été un mensonge.
Seulement voilà, lorsque l'on approche les quarante ans, la plupart des amis que l'on avait au lycée ont une vie de famille. C'est ainsi que petit à petit, les obligations familiales de chacun les ont fait rentrer chez eux, jusqu'à ce que le Lehmann se retrouve seul. C'est à ce moment-là qu'il a enfin quitté le balcon du Sixteen Antlers pour entrer à l'intérieur pour prendre un dernier verre au bar avant de rentrer à son tour. Il est en train d'observer les décorations sur la thématique du jour des morts, fête emblématique mexicaine, avec un verre de whisky à la main, lorsqu'une jeune femme au déguisement se mariant parfaitement bien avec le sien vient l'aborder. « Il est sympa votre chapeau. » Pendant une seconde, il a un blocage. Une jolie brune aux yeux bridés et avec une bonne humeur communicative : évidemment, il ne peut s'empêcher de penser à Dani. Cependant, il chasse vite l'idée de son esprit, qu'est-ce que la coréenne pourrait bien faire là ? Ils ont réussi à ne pas se croiser par hasard une seule fois en un an tout en vivant côte à côte, comment pourrait-il tomber l'un sur l'autre au milieu de Brisbane quand ils ne se rencontrent jamais à Bayside ? Il rend son sourire à l'inconnue en regardant la main qu'elle lui tend. « Vous voulez danser ? » Lui, danser ? Clairement, ce n'est pas son genre de s'afficher comme ça devant tout le monde. Et pourtant, est-ce la compagnie un peu trop agréable de cette charmante brune ou les phrases enjôleuses qu'elle lui lance, il ne saurait dire, mais il se laisse convaincre après quelques négociations. Et finalement, c'est une nouvelle surprise pour lui de découvrir qu'il arrive encore à s'amuser en dansant dans un bar, ce qui ne lui était pas arrivé depuis une éternité.
Lorsque l'on est en bonne compagnie, le temps file rapidement, si bien que minuit arrive sans que Noah n'ait vu le temps passer. Une amie de la jeune femme vient la chercher, elle est apparemment attendue ailleurs, après un bref au revoir, l'inconnue disparait. De nouveau seul, le blond termine son dernier verre et se dirige vers la sortie, près à rentrer chez lui. C'est en marchant en direction de l'ascenseur qu'il aperçoit de nouveau celle qui lui a tenu compagnie une partie de la soirée : elle est en train d'appuyer sur le bouton de l'ascenseur pour descendre, elle aussi. Il s'approche, un sourire aux lèvres et la suit dans la structure métallique. « Je vais finir par croire que vous me suivez. » Il prend un air surpris et hausse les épaules tandis que les portes se referment. "C'est peut-être le cas, qui sait ?" Seulement, la jeune femme n'a pas le loisir de lui répondre, à peine a-t-il entamé sa descente que l'ascenseur se met à trembler légèrement. Les lumières vacillent un peu, Noah fronce les sourcils en essayant de ne pas tomber et enfin, tout s'arrête. Les lumières sont allumées, mais la boîte de métal est bloquée entre deux étages.
Son premier réflexe est bien évidemment de se tourner vers la femme qui l'accompagne. "Tout va bien ?" Demande-t-il, avant de se diriger vers le panneau de contrôle. Il tente d'appuyer sur les boutons des étages, mais rien ne se passe. Il soupire alors et reporte son attention sur la jolie brune. "J'espère que vous n'étiez pas attendue ailleurs, nous allons probablement être bloqués ici pendant un moment. Il faut croire que nous étions destinés à passer la soirée ensemble. " Il n'oserait pas dire qu'il est heureux de cet incident et pourtant, c'est le cas. Entre rentrer seul chez lui et rester coincé un temps avec elle, il n'y a pas photo, il préfère la seconde option, même s'il se doute que de son côté, elle avait sûrement mieux à faire. Un nouveau sourire apparaît sur son visage et il porte les mains à son masque pour l'enlever, chose qu'il a rêvé de faire toute la soirée, tant celui-ci lui donnait chaud. "Bon, je vais demander de l'aide et ils vont probablement demander nos noms. Puis-je avoir le vôtre ?" Questionne-t-il, en attrapant enfin la lanière retenant son masque, découvrant ainsi son visage devant l'inconnue.
La coréenne a cet air malicieux dessiné sur le visage, cette expression bien significative qu’elle possède lorsqu’un charmant inconnu lui plait. Ces derniers mois, Dani s’est interdit ce genre de sentiments, parce que son cœur a été terni par sa dernière histoire. Elle y a vraiment cru, elle a senti ses petits papillons au creux de son ventre. Pourtant, le papillon de son cœur s’est envolé au moment où elle a appris la vérité. Il n’était pas fier de ce baiser égaré sur les lèvres de son ex-petite-amie. Elle a bien senti que les vieux fantômes de son passé venaient de nouveau le hanter, réveillant de vieilles blessures qu’il n’a jamais pris le temps de soigner. Elle a vraiment cru être celle qui allait l’aider, mais leurs visions divergentes les a finalement éloigné. La passion est devenue un silence et solitude. La tristesse que Dani a ressentie il y a quelques semaines, elle a essayé de la compenser avec son travail acharné au vignoble. Doucement mais surement, elle reprit gout à la vie, comme le cycle de la vigne qui se renouvelle chaque année.
Les deux « inconnus » rentrent dans la structure métallique, Dani a du mal à cacher son sourire envahissant, heureusement que son masque camoufle les autres expressions de son visage de porcelaine. « C'est peut-être le cas, qui sait ? » Elle souhaite lui répondre et continuer leur jeu de séduction déjà bien entamé, mais ils se font surprendre par l’ascenseur. Des tremblements, des lumières qui vacillent, les mains de Dani se crispent par automatisme avant d’attendre un bruit. Vous savez le fameux bruit suivi d’un arrêt puis d’un silence qui n’annonce pas une bonne nouvelle ? C'est exactement ce qu'il vient de ce produit à l'instant précis. Elle ne sait pas si c’est un signe de destin ou une mauvaise farce (on est le soir d’Halloween après tout), mais ils sont bel et bien bloqués pour une durée indéterminée.
« Tout va bien ? » Les lumières se stabilisent, l’homme se retourne et Dani croise son regard azuré. Elle a une impression de déjà vu mais à la place elle lui répond. « Est-ce que c’est censé être une farce d’Halloween ? » Elle jette un regard à la caméra de l’ascenseur. Elle a espoir l’optimiste, peut-être un peu trop. Son imaginaire divague avec l’alcool qui coule dans ses veines, et l'arrêt momentané de l’ascenseur peut être juste une petite frayeur. Les secondes passent et toujours rien pourtant. Cette hypothèse bancale est en train de couler. « J'espère que vous n'étiez pas attendue ailleurs, nous allons probablement être bloqués ici pendant un moment. Il faut croire que nous étions destinés à passer la soirée ensemble. » Elle sourit doucement aux mots masculins. « Il faut croire. » qu’elle lui répond avant d’ajouter. « Mes amis m’attendent en bas de l’immeuble. Je devrais peut-être les prévenir du contre-temps. » Initialement elle pensait lui proposer de les suivre, mais son plan A tombe à l’eau. Il va falloir penser à un plan B. Elle sort son téléphone mais elle fait rapidement la grimace. « Bien évidement, je n’ai pas de réseau, sinon ce n’est pas drôle. Vous captez quelque chose ? » qu’elle lui demande en retour. Elle remet son téléphone dans son sac à main qu’elle pose au sol, ils en ont pour un moment visiblement. L’homme au chapeau prend des initiatives et lui demande son prénom afin qu’ils soient secourus au plus vite. « Bon, je vais demander de l'aide et ils vont probablement demander nos noms. Puis-je avoir le vôtre ? » Elle ouvre la bouche alors qu’elle s’apprête à dévoiler son identité, mais les mains masculines sont plus rapides qu’elle. Le masque tombe et elle reste un instant muette, elle oublie même de respirer. Tout devient clair d’un coup, ce n’est pas par hasard que l’œnologue ait été attirée toute la soirée par l’homme au squelette qui n’est qu’autre que Noah Lehmann. Son amant qui est devenu son premier concurrent. « Noah ? » Sa voix est surprise, elle ne sait pas comment réagir et elle sent même une vague de chaleur traversé tout son corps. Il la regarde avec un drôle d’air attendant une suite. Elle baisse son visage pour se défaire de son masque à son tour. Ses cheveux retombent sur ses épaules après ce geste et elle relève la tête pour croiser son regard bleuté. « Je crois que je n’ai pas besoin de te dire mon nom. » Ils passent du vouvoiement au tutoiement. Sa voix reste calme, elle est encore sous le choc de la surprise et elle espère que l’ascenseur ne va pas tomber tant la révélation est grande. « Je ne savais pas que tu aimais Halloween. » Pendant un an, ils ont pris le soin de ne pas se croiser à l’exception des vendanges et les voilà à présent réunis dans cet espace clos. Cette scène frôle le malaise, elle ne sait pas si elle est contente ou déçue. Son état d’esprit est clairement mitigé, mais la première chose qui lui vient en tête c’est de les sortir de là. Elle s’approche de lui et appuie sur le bouton d’aide à sa place. Noah semble toujours bloqué en arrêt sur image. « Oui, allo ? Vous m’entendez ? Oui, nous vous appelons pour vous signaler que votre ascenseur est en panne. » Elle s’éclaircit la gorge comme pour se donner le courage de prononcer les paroles suivantes. « Nous sommes deux personnes dans l’ascenseur, Noah Lehmann et Dani Hwang. Il serait possible de débloquer la situation ? » Ils entendent la voix du service expliquée qu’ils ont beaucoup de demandes ce soir à cause d’Halloween et le remise en marche de la machine risque de prendre du temps. Ce genre de discours à le don d’énerver la coréenne. Elle soupire. « Quoi ? Une heure d’attente ? » Elle regarde Noah, lui donnant léger coude de coude et lui chuchote. « Dis quelque chose. » Peut-être qu’à deux, ils seront plus efficaces et convaincants.
Alors que l'ascenseur semble bloqué entre deux étages et que Noah demande à l'inconnue si elle va bien, celle-ci évite la question. « Est-ce que c'est censé être une farce d'Halloween ? » Qu'elle demande alors qu'il fronce les sourcils sous son masque. Maintenant qu'il n'y a plus la musique pour couvrir leurs voix, celle de la jeune femme lui parait étrangement familière. Cependant, il préfère mettre cela sur le compte de l'alcool plutôt que de chercher une autre explication. Comme la jolie brune, il jette un instant un regard à la caméra présente, mais personne ne répond, ce qui correspond tout de même à une réponse : non, il ne semble pas que ce soit une blague. Pour détendre l'atmosphère, le blond finit donc par lui dire qu'ils étaient peut-être destinés à passer la soirée ensemble. « Il faut croire. » Répond-elle en souriant, avant de signaler que ses amis l'attendaient et qu'elle va les prévenir. Elle sort son téléphone de sa poche et une grimace s'accroche à ses traits. « Bien évidemment, je n'ai pas de réseau, sinon ce n'est pas drôle. Vous captez quelque chose ? » Toujours souriant, Noah sort également son portable qui n'a pas de réseau non plus. Une moue désolée sur le visage, il hausse les épaules et secoue la tête négativement. "Dans un ascenseur, il fallait un peu s'y attendre." Il range l'appareil en se disant qu'il vaut mieux éviter de trop l'utiliser, si l'électricité venait à se couper, ils auraient au moins ça en éclairage.
Les boutons des étages ne fonctionnant pas, il décide de demander de l'aide grâce au bouton adéquat, mais avant ça, il demande son nom à la jeune femme pour pouvoir le donner à la personne qui répondra. Il enlève son masque et alors que son visage est à présent à découvert, il lance un regard surpris à l'inconnue en la voyant rester muette. Il commence à se demander si elle est si déçue que ça par la révélation de son visage quand elle ouvre enfin la bouche. « Noah ? » Il fronce à nouveau les sourcils en la fixant, surpris qu'elle connaisse son prénom. Elle baisse la tête pour enlever son masque et alors qu'il ne l'a pas encore vue, il sent son cœur se mettre à battre plus vite, comme s'il anticipait la révélation à venir. Elle relève enfin sa tête et il reste un instant bouche bée à se noyer dans son regard. Celui-là même qui lui a tant manqué depuis qu'ils sont passés d'amants à concurrents. « Je crois que je n'ai pas besoin de te dire mon nom. » Le vouvoiement est oublié en un instant, les regards malicieux et les phrases charmeuses avec lui. Il ne reste que la surprise et l'amertume. "Non, effectivement, je m'en souviens." Qu'il chuchote, toujours choqué de cette révélation. Sa phrase est un peu stupide, mais il n'y fait pas attention. Il continue de la fixer comme si elle risquait de disparaître s'il avait ne serait-ce que l'idée de cligner des yeux. « Je ne savais pas que tu aimais Halloween. » Il avale sa salive difficilement, cette conversation semble si peu naturelle après la soirée masquée bien plus sincère qu'ils ont passée juste avant ça. "Il y a des tas de choses que tu ne sais pas sur moi." Il n'y a aucune animosité dans sa voix, c'est simplement une affirmation. Il ne réfléchit pas avant de répondre, son cerveau est comme bloqué tant il a l'impression de se retrouver face à un fantôme du passé. Ce qui est un peu le cas, dans le fond.
Elle s'approche, il recule d'un pas. L'odeur de son parfum vient jusqu'à lui, réveillant des tas de souvenirs et de sensation qu'il préférerait oublier. Elle appuie sur le bouton et il la regarde faire, sans réagir. Le malaise est un peu trop palpable, Dani un peu trop proche, son coeur un peu trop emballé. « Oui, allo ? Vous m'entendez ? Oui, nous vous appelons pour vous signaler que votre ascenseur est bloqué. » Il l'écoute raconter ce qu'il se passe avec un calme qui le déconcerte, lui qui a pourtant toujours très bien réussi à cacher ses sentiments et à garder un air impassible. « Nous sommes deux personnes dans l'ascenseur, Noah Lehmann et Dani Hwang. Il serait possible de débloquer la situation ? » Et cette phrase ancre la scène dans la réalité. Ils sont bien là, elle et lui, coincés dans ce foutu ascenseur quand ils sont censés continuer de s'éviter. L'employé à l'autre bout du fil explique qu'ils vont mettre du temps avant de venir les secourir et Noah soupire en même temps que Dani, reprenant enfin ses esprits. Ce n'est pas qu'il ne veut pas rester avec la coréenne, bien au contraire, mais il sait qu'elle préférerait l'éviter, après tout, n'est-ce pas elle qui a imposé un mur entre eux ? Et il n'a que très peu envie de passer un long moment avec quelqu'un qui a envie de tout, sauf d'être avec lui. « Quoi ? Une heure d'attente ? » Le regard de la jeune femme se plante dans celui du blond sans qu'il n'arrive à déchiffrer ce qu'il s'y passe.
« Dis quelque chose. » Chuchote-t-elle, après lui avoir donné un coup de coude. "Tu ne devrais pas dire nos noms ensemble, on ne voudrait pas qu'ils soient associés, n'est-ce pas ?" répond-il en souriant avant de hausser les épaules. D'accord, il s'agit clairement d'une provocation. Mais que pourrait-il bien dire de plus de toute façon ? Les employés se moquent bien que sa famille soit riche ou non, qu'il ait de l'influence ou non, qu'il soit sympathique ou le contraire, ils viendront quand il viendront. Là, tout de suite, il n'est qu'un mec de plus coincé dans l'un de leurs ascenseurs et se mettre en colère risquerait plus de rallonger le temps que de le raccourcir. Il soupire et roule des yeux avant de se concentrer sur l'interphone. "Faites au plus vite, s'il vous plaît. On vous attend." Pas grand-chose d'autre à faire, n'est-ce pas ?
Et puisqu'ils ne sont pas prêts de sortir tout de suite, il s'assied près du panneau de contrôle de l'ascenseur et retire son chapeau. "Je n'aurais jamais pensé te croiser ici." Sinon je serais venu bien plus tôt, pense-t-il, sans en dire un mot. Il cherche son regard, un sourire mélancolique accroché au visage. "Je regrette d'avoir enlevé mon masque. C'était bien plus simple de penser être coincé avec une inconnue ! " Avoue-t-il finalement. C'est la stricte vérité. Pas qu'il aurait voulu que ce soit une inconnue plutôt qu'elle, bien au contraire, mais au moins, il n'aurait pas été aussi mal à l'aise. Là, il a l'impression d'être un gamin qui a fait une bêtise et qu'on a pris sur le fait, c'est extrêmement désagréable. "Bon, puisqu'on est coincé là tous les deux, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on se parle un peu de nos vies ou tu préfères qu'on se regarde dans le blanc des yeux le tout dans un silence gênant jusqu'à ce que les secours arrivent ?" Il sait ce que lui préférerait, mais il la laisse choisir. Et tant pis s'il se retrouve à parler de vigne pendant une heure quand il voudrait parler d'eux.
« Non, effectivement, je m'en souviens. » Les souvenirs les concernant ont un doux sentiment amertume. La transition d’amants à concurrents a été rude et brutale, provoquant la maladresse de la coréenne, car elle le sait, elle l’a vexé avec ses paroles. « Il y a des tas de choses que tu ne sais pas sur moi. » Elle baisse son regard, déçue de ne pas avoir eu l’opportunité d’en connaitre davantage sur le Lehmann comme elle l’avait espéré. Pourtant c’est bien connu les histoires de cœur de la coréenne ont souvent la même fin précipitée, de quoi être prise de regrets les mois qui suivent. Dani secoue la tête, comme pour faire disparaitre les tristes pensées de son esprit. Elle s’approche de l’interphone de secours, frôlant un instant le grand blond. Elle appuie sur le bouton d’alarme et commence à dialoguer avec un interlocuteur qui semble débordé. Dani fixe Noah constatant qu’il est toujours en arrêt sur image. La surprise a été grande pour les deux. Elle se met alors à chuchoter quelques mots dans l’optique qu’il fasse quelque chose. N’importe quoi. « Tu ne devrais pas dire nos noms ensemble, on ne voudrait pas qu'ils soient associés, n'est-ce pas ? » Elle se recule d’un pas lui laissant la place afin de communiquer avec le service de dépannage. Elle n’a rien répondu, même si l’envie a déménagé ses lèvres. Après un an, il est toujours contrarié. Elle ne le pensait pas aussi rancunier. Peut-être que les précédentes paroles masculines ont une part de vérité. Peut-être que Dani ne connait pas assez bien Noah. Tout comme Noah ne connait pas aussi bien Dani, car il aurait sans doute compris qu’elle avait débité toutes ses paroles pour se protéger et en autant cas, pour le blesser. Mais parfois, elle le conçoit, il est difficile de la cerner. Dani s’est déjà heurtée à ce type de problématique par le passé, on lui a déjà reproché ce fameux défaut.
« Faites au plus vite, s'il vous plaît. On vous attend. » Dani s’est reculée pour lui laisser de l’espace. Elle regrette qu’ils aient retiré leurs masques. C’était bien plus facile avant lorsqu’ils étaient deux simples inconnus à se séduire. Au moins, elle constate que l'alchimie est toujours présente entre eux. Il est toujours aussi beau à ses yeux. L’œnologue s’assoie par terre à côté de son sac, elle glisse son masque à l’intérieur et arrange ses cheveux rebelles. Elle n’est pas habituée à avoir autant de bouclettes dans sa longue chevelure. Elle est bientôt rejoint de Noah, qui se cale contre le panneau de contrôle. « Je n'aurais jamais pensé te croiser ici. » Elle hausse les épaules alors qu’elle relève ses billes noisette en direction du grand blond qui cherche son regard. Il a enlevé son grand chapeau. Elle reste un instant silencieuse, et prend simplement plaisir à regarder l’océan bleu qu’elle n’a pu contempler durant une année entière. « Je regrette d'avoir enlevé mon masque. C'était bien plus simple de penser être coincé avec une inconnue ! » Elle se pince les lèvres et replace une mèche brune derrière son oreille. « Moi aussi. » Car ils n’avaient pas toutes ses responsabilités qui les opposent. Cependant, cela ne veut pas dire qu’elle regrette de ne pas tomber sur lui par hasard. Secrètement elle est heureuse de retomber sur lui, encore plus dans un contexte en dehors du travail. Ils sont juste Noah et Dani, assis l’un en face de l’autre dans cet ascenseur en panne. Ils ne sont plus les deux vignobles concurrents de la région. « Au moins là, il y a un avantage quand même malgré la situation actuelle qui est problématique. » L'ascenseur en panne en d'autres termes. Elle marque une pause croisant son regard interrogateur du Lehmann. « C’est juste toi et moi, et pas nos vignobles qui sont voisins. » Et concurrents. Elle n’a plus besoin de le préciser depuis le temps. « Bon, puisqu'on est coincé là tous les deux, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on se parle un peu de nos vies ou tu préfères qu'on se regarde dans le blanc des yeux le tout dans un silence gênant jusqu'à ce que les secours arrivent ? » Ils en ont pour un moment, il est préférable de communiquer comme deux adultes. En sont-ils capables ? « Comment tu vas Noah ? » qu’elle finit par lui demander tout simplement, car elle n’a pas pu lui poser la question depuis une année. La question est large, il peut lui parler de ce qu’il a envie au final. Mais peut-être que Dani a envie de parler d’un sujet particulier, alors elle se lance, improvisant l’ascenseur en panne en confessionnal géant. « Tu sais… il y a un an.. je n'ai jamais voulu te contrarier Noah. » Elle patauge dans ses mots, c’est une totale improvisation. « Je respecte ton nom de famille. Je respecte votre travail. » Pourquoi lui rappelle-t-il sans cesse son erreur du passé ? Cela cache-t-il d’autre chose ? Des non-dits peut-être ? « Je te respecte. » Oui elle l’a toujours considéré, plus qu'elle ne veut le concevoir. Elle a juste été extrêmement maladroite en décidant de leur avenir toute seule. C’est sans doute le plus grand regret de Dani.
Ils sont à présent tous les deux assis dans l'ascenseur en panne. La situation est aussi gênante qu'elle est inespérée, mais encore faut-il savoir en profiter. Comment parle-t-on à quelqu'un que l'on a évité pendant plus d'un an ? Comment réussit-on à être naturel quand cela fait si longtemps qu'on se force à porter des masques l'un avec l'autre ? Le regard de Noah se perd dans celui de Dani alors qu'il lui avoue qu'il trouvait tout bien plus simple lorsqu'ils ne savaient pas qui ils étaient. Elle se pince les lèvres dans une expression qu'il juge adorable et replace une mèche de cheveux derrière son oreille. Il se rend compte que même ce geste banal lui a manqué, preuve qu'elle est toujours dans sa tête, quoi qu'il essaye de faire penser. « Moi aussi. » Un sourire s'étire sur les lèvres de Noah, il a envie de lui proposer de les remettre, ces foutus masques. Mais il sait bien que ça ne se passe pas comme ça, maintenant qu'ils savent, ils ne peuvent plus faire semblant. « Au moins là, il y a un avantage quand même malgré la situation actuelle qui est problématique. » Son visage prend un air interrogateur. "Ah oui ?" Que peut-il y avoir comme avantage à se retrouver coincé entre deux étages avec quelqu'un qu'on n'a pas envie de voir. Qu'on n'est pas censé avoir envie de voir. « C'est juste toi et moi, et pas nos vignobles qui sont voisins. » À cette phrase, il laisse un rire léger traverser ses lèvres. "Tu te rends compte qu'on ne s'est jamais retrouvés ensemble, comme ça, sans que ça ait un rapport avec le vin ? Ça n'a jamais été juste toi et moi, au final." Et c'est la vérité, ils se sont rencontrés à un séminaire sur le vin, ont continué de faire en sorte de participer aux mêmes pour se recroiser puis, ils sont devenus concurrents. Même si lors de leurs différentes rencontres, ils ont fait d'autres activités, toute leur relation a toujours tourné autour de ça.
La question fatidique arrive, puisqu'ils sont obligés de rester là, ensemble, pour un moment, vont-ils se parler ou s'ignorer ? Elle a déjà plus ou moins répondu à la question par sa remarque précédente, mais il veut en être certain. « Comment tu vas Noah ? » Sa question confirme son choix, mais elle le prend un peu de court. Il ne sait pas vraiment ce qu'il peut lui raconter. Peut-il seulement encore lui faire confiance ? Comment être sûr qu'elle ne se servira pas des informations qu'il lui donnera contre lui ? « Tu sais... il y a un an.. je n'ai jamais voulu te contrarier Noah. » Il arque un sourcil sans vraiment comprendre où elle veut en venir. Il sait qu'elle ne voulait pas le blesser, qu'elle se pensait obligée de mettre un terme à leur relation pour le bien de son projet professionnel. Il a accepté son choix, alors pourquoi revenir dessus ? « Je respecte ton nom de famille. Je respecte votre travail. » Ah. C'est donc ça. Effectivement, dire que sa phrase ne l'a pas chagriné serait mentir, autrement, il ne l'aurait plus en tête un an après. « Je te respecte. » Il baisse les yeux, faisant soudain semblant de s'intéresser à son chapeau pour masquer sa gêne. "Je sais que tu respectes ma famille et le travail de mes parents, il n'y a aucun doute là-dessus." Il ne se met pas dans le lot, depuis son retour, au final, il n'a eu qu'à gérer une mécanique bien huilée. Tout le mérite revient entièrement au travail de toute une vie de ses parents, il le sait bien.
Et surtout, le problème qu'il a rencontré avec sa phrase n'a absolument rien à voir avec le travail, mais c'est difficile à avouer. "Tu sais, Dani..." Il soupire, les mots ont du mal à sortir, il n'est pas très à l'aise avec la révélation qu'il s'apprête à faire. "Quand on s'est rencontré, je n'allais pas très bien et nos moments à deux m'ont beaucoup aidés. C'était important pour moi." C'était même plus que ça, pendant un long moment, cette relation avait été comme une bouée de sauvetage dans sa vie alors que tout le reste partait en vrille. Mais c'est déjà assez compliqué de lui avouer qu'elle a compté pour lui quand il a toujours été question d'une histoire superficielle entre eux. "Que tu dises que nos noms ne devraient pas être associés. Ça m'a donné l'impression que pour toi, tout ça n'avait eu aucune importance. Que tu en avais honte." Et il faut bien l'avouer, en plus du reste, son égo en avait pris un coup. Il se doute qu'elle n'a pas voulu le dire comme ça et qu'il s'agissait plus d'une formulation maladroite que d'une agression, mais il n'en a pas moins été blessé.
"Mais ça va, maintenant." Ça va tellement bien qu'il continue à y penser, à cette satanée phrase. Mais qu'est-ce qu'il peut bien dire d'autre ? "Je ne t'ai pas oubliée, je continue de penser à toi très souvent. Trop souvent." C'est inenvisageable. Et surtout, ça ne changerait rien à la situation. Alors, il se tait, comme à chaque fois. "Autrement, il ne se passe rien de vraiment intéressant dans ma vie. Je passe pas mal de temps au travail et je m'attire les foudre de ma soeur le reste du temps." Du moins, ça ne tardera pas. Sa vie n'est pas beaucoup plus remplie que ça, ces derniers temps, il essaye de sortir un peu pour se changer les idées, mais chaque fois, ça finit en fiasco. La présente soirée en est encore une preuve. "Et de ton côté ? Est-ce que réaliser ton rêve est à la hauteur de ce à quoi tu t'attendais ?" Il l'espère pour elle, sincèrement, parce que dans le fond, il ne veut que son bonheur, même s'il a une drôle de façon de le montrer.
« Tu te rends compte qu'on ne s'est jamais retrouvés ensemble, comme ça, sans que ça ait un rapport avec le vin ? Ça n'a jamais été juste toi et moi, au final. » Face à ce constat, les yeux de la coréenne sont rivés sur le sol. C’est vrai. Elle n’a jamais perçu les choses sous cet angle, elle qui respire jour et nuit pour l’œnologie. Le vin a été le meilleur allié de Noah et Dani favorisant leur rencontre ainsi que leur complicité. Cependant, il a été également leur pire rival puisque leurs vignobles respectifs les ont opposés dans ces histoires de concurrence. Elle soupire, tristement. « Je m’en rends compte seulement à l’instant. » Dani se demande ce que ça lui fait de la voir juste elle à l’état brut, sans son rôle d’œnologue sur les épaules. Elle aimerait le questionner sur le sujet mais elle a peur d’entendre la réponse, leurs liens sont déjà si fragiles à l'heure actuelle.
Au lieu de l’interroger sur des questions qui pourraient impliquer leurs sentiments, Dani opte pour un sujet plus vaste. Pourtant, c’est plus fort qu’elle, une partie l'encourage à orienter leur discussion. Ce n’est pas tous les jours qu’ils sont réunis et encore moins sans leurs responsabilités. A ses questions, elle remarque l’expression de Noah changer. Au fur et à mesure des propos féminines, il semble cerner où Dani souhaite en venir. Cette fameuse phrase. A son allusion, Noah rompt leur contact visuel et s’intéresse soudainement à son chapeau haut de forme. « Je sais que tu respectes ma famille et le travail de mes parents, il n'y a aucun doute là-dessus. » qu’il commence doucement à prononcer. « Tu sais, Dani... » Un soupir raisonne dans la cabine de l’ascenseur. « Quand on s'est rencontré, je n'allais pas très bien et nos moments à deux m'ont beaucoup aidés. C'était important pour moi. » Contre toute attente, le Lehmann se confit, alors que la coréenne pensait avoir perdu ce privilège le jour où elle l’a sorti de sa vie. Peut-être que leur complicité n'a pas totalement disparu. « Que tu dises que nos noms ne devraient pas être associés. Ça m'a donné l'impression que pour toi, tout ça n'avait eu aucune importance. Que tu en avais honte. » Après tout ce temps, Dani comprend enfin sa bêtise. Elle comprend mieux pourquoi il a agi si froidement, pourquoi toute cette tension s’est accumulée entre eux. « Je ne savais pas. » Elle se mord les lèvres. Elle est reconnaissante qu’il s’ouvre de nouveau à elle, pourtant elle ressent une pointe de tristesse dans son être. Son cœur se fait plus calme, alors qu’il aurait dû s’accélérer fort dans sa poitrine. Elle a l’impression que le temps ralentit dans cette cabine, comme si l’ascenseur représente une bulle hors du temps, hors de ce monde, à l'abris de tous dangers. « Nos moments ont été importants pour moi aussi… » A ses mots, le cœur de Dani se remet à tambouriner un peu plus fort dans sa cage thoracique. Noah a été important pour la coréenne, il l’est toujours d’une certaine façon. Certes, pour des raisons différentes comparées aux histoires du Lehmann. A l’époque Dani n’était pas dans une sombre période, mais Noah a joué un rôle significatif dans sa vie. Il lui a redonné espoir en la gente masculine. « Tu m’as montré que les hommes ne sont pas tous pareils. Et que certains d’entre eux sont des personnes bien. Tu es quelqu’un de bien Noah. » C’est plutôt elle qui a été sans cœur avec lui alors qu’il lui a apporté beaucoup de joie (et aussi beaucoup de fou rire). Son air ronchon lui manque, c’est certain. Son regard posé sur elle au petit matin aussi, sans parler de leurs nombreux baisers volés. La nostalgie s'empare de Dani. « Je n’ai jamais eu honte de notre relation, sachez-le même si tu as le sentiment inverse. » Cela lui fait mal au cœur de découvrir qu’il a eu de telles pensées. Elle aimerait lui dire qu’il a compté, qu’il compte toujours. Pourtant Dani se l’interdit. Elle a peur d’ouvrir son cœur à nouveau et d’avoir mal. Regardez où son histoire avec Channing l'a conduit. Pendant un instant, elle se demande si Noah a entendu parler d’eux. Des photos d’eux ont brièvement circulé sur eux, laissant soupçonner une certaine complicité.
« Mais ça va, maintenant. » Sans dire un mot de plus, elle accepte la réponse masculine, mais elle se demande si c’est la vérité, ou encore un masque qu’il refuse d’enlever devant elle. Ils ne peuvent pas faire tomber tous les masques le même soir. « Autrement, il ne se passe rien de vraiment intéressant dans ma vie. Je passe pas mal de temps au travail et je m'attire les foudres de ma sœur le reste du temps. » Elle sourit doucement face à cette dernière confidence. Dani n’a jamais connu de relation fraternelle, mais elle observe que la petite sœur de Noah est importante à ses yeux.
« Et de ton côté ? Est-ce que réaliser ton rêve est à la hauteur de ce à quoi tu t'attendais ? » La coréenne ne s'était pas préparée à cette question, habituellement c’est elle qui mène la danse, mais avec Noah c’est différent. A son tour, elle s’attarde sur son masque qui traine sur le sol. « Je.. c’est mitigé. » Elle finit par relever ses yeux et les planter dans le regard masculin pour guetter sa réaction. Le regard ne ment pas, c’est ce qu’on lui a toujours appris. « Y’a eu un vol de bouteilles au vignoble il y a quelques mois. Ça m’a vraiment mise dans une situation délicate. » Pour ne pas dire, désastreuse. Ils sont voisins, les ragots entre employés vont vite, trop vite. Noah a forcément entendu parler de cette affaire. Dans un moment de faiblesse, elle a eu des idées noires et loufoques. Elle est venue à soupçonner son principal voisin. Mais est-il capable de lui faire un tel coup ? Cela n’a aucun sens. Pourtant elle s'est posée la question avec l'incident des vendanges. Elle secoue la tête pour s’élever cette idée futile de l’esprit. Dani, tu perds la tête. Tu perds tes moyens devant Noah. Cela fait un an qu’ils ne se sont pas parlés, à l’exception des vendanges. Et se retrouver dans le même espace, aussi proche l’un de l’autre, la perturbe. « Je crois que j’ai réussi à réaliser une partie de mon rêve. Enfin.. je ne sais pas.. je n’ai pas encore assez de recul pour en juger. » Les chiffres du vignoble sont dans le rouge à cause des nombreuses pertes. Dani mise sur la cuvée 2021 pour remonter un peu la pente. Elle aimerait tellement que son grand-père soit là pour la soutenir. « Ces derniers mois n’ont pas été faciles. » Autant du côté professionnel que personnel. « Je me suis sentie assez seule. » C’est assez paradoxal alors que Dani est une personne solaire et bien entourée dans son royaume du vin. Certes, ses employés sont sérieux et loyaux, mais elle n’a personne avec qui partager ses réussites du quotidien, tous ces petits bonheurs qui illuminent une vie. « C’est lourd à porter toutes ses responsabilités. » De son rêve, de son travail, de son vignoble, de sa vie en général. « Et j’ai l’impression d’avoir commis certaines erreurs au cours de la dernière année. » Son regard devient fuyant. Le même qu’elle a eu lorsqu’elle a mis un terme à leur relation. Sa réponse est floue parce que Dani est une handicapée des sentiments, incapable de mettre des mots précis sur certaines situations. Au cours des douze derniers mois, elle a fait des erreurs de parcours. La première a été de mettre un terme précipité à son histoire avec Noah. Les autres ont été dans son travail où prendre les rênes d’une propriété viticole n’est pas de tout repos. Son manque d’expérience en direction et management, c’est fait sentir à plusieurs reprises. Pourtant l’ambition infaillible de l’œnologue l’a aidé à surmonter les obstacles qui se sont mis sur son chemin.
Les yeux de Dani sont rivés au sol et elle soupire. Elle a l'air triste et Noah se demande si cette tristesse est due au fait qu'elle ait découvert qu'il avait été son cavalier une partie de la soirée. Il espère que non, mais cette idée lui fait tout de même un peu de peine. « Je m'en rends compte seulement à l'instant. » Il esquisse un sourire, même si le cœur n'y est pas vraiment. Il trouve ça fou d'être si gêné de se retrouver avec quelqu'un dont il a pourtant été si proche dans le passé. Comment en sont-ils arrivés à ne même plus pouvoir avoir une conversation correcte ? "Eh bien même en dehors du vin, tu as l'air d'une jeune femme charmante qui gagnerait à être plus connue. Par contre, j'arrive à lire dans tes yeux que tu es mauvaise au lancé de boules de neige." Annonce-t-il après quelques secondes de silence, plus pour détendre un peu l'atmosphère que pour réellement faire la conversation.
Dani se lance ensuite dans une excuse concernant ce qu'elle a dit à propos de leurs noms. C'est une chose qui surprend Noah qui n'aurait jamais pensé qu'elle finirait par s'en excuser. Ça le surprend, mais surtout, ça lui fait du bien. Il ressasse cette histoire dans sa tête depuis que les mots ont été prononcés et sans le savoir, la coréenne vient de le libérer de ce poids. Alors, comme pour la remercier, il lui explique pourquoi il a si mal pris cette phrase en particulier. Il lui confie combien leurs rencontres ont été importantes pour lui et à quel point il a été blessé d'avoir l'impression que tout cela n'avait pas été partagé. « Je ne savais pas. » C'est une évidence, puisque, comme toujours, il n'a rien dit. Il s'était contenté de se renfrogner et d'afficher la mine la plus impassible possible pour ne pas montrer qu'elle lui avait fait du mal. « Nos moments ont été importants pour moi aussi... » Les mots de Dani font accélérer son rythme cardiaque, mais de nouveau, il s'efforce de ne pas le montrer. Il est heureux de l'apprendre, vraiment, mais il préfère se préserver d'une nouvelle déception. Même si ces moments ont compté, ils font partie du passé à présent, elle a été très claire sur la relation qu'elle souhaite entretenir avec lui et il a appris dans les journaux qu'elle voyait quelqu'un d'autre... Si lui a du mal à passer à autre chose, de toute évidence, de son côté, elle a bel et bien tourné la page.« Tu m'as montré que les hommes ne sont pas tous pareils. Et que certains d'entre eux sont des personnes bien. Tu es quelqu'un de bien Noah. » Le regard de Noah cherche celui de Dani un instant. "Je ne savais pas ça." Répond-il doucement. Elle ne lui avait jamais confié ça, preuve que finalement, il y encore beaucoup de non-dit entre eux deux. "Merci, j'apprécie le compliment, vraiment." La question lui brûle les lèvres, il a envie de lui demander ce qu'il s'était passé avant lui pour qu'elle n'ait plus confiance aux hommes, mais il se retient, ils ne sont plus assez proches pour qu'il puisse se permettre ce genre d'interrogation et il en est conscient. « Je n'ai jamais eu honte de notre relation, sache-le même si tu as le sentiment inverse. » Il hoche la tête en arborant un sourire qui se veut convaincu. Elle a l'air sincère et ne lui a jamais donné de raison de douter de sa parole, alors il la croit.
Cette conversation étant un peu trop lourde d'émotion pour un ascenseur aux yeux de Noah, il dévie le sujet sur le rêve de la jeune femme, persuadé que le sujet qui la fait vibrer va lui faire sortir un long discours sur son bonheur de vivre de sa passion. Et pourtant, ce n'est pas le cas. Elle s'attarde un moment à faire mine d'observer son masque, comme si elle était un peu gênée de cette question banale. « Je.. c'est mitigé. » Il fronce les sourcils d'incompréhension alors qu'elle plante ses yeux dans les siens. « Y'a eu un vol de bouteilles au vignoble il y a quelques mois. Ça m'a vraiment mise dans une situation délicate. » La surprise passe dans le regard de Noah. S'il était au courant de cette histoire de vol, il ne savait pas qu'elle était sérieuse au point de la mettre en difficulté. Il essaye pourtant de suivre plus ou moins discrètement l'activité de Dani, mais depuis qu'elle l'a sommée de cesser de l'espionner, il n'a plus autant d'informations. "J'en ai entendu parler, mais je ne pensais pas que c'était si sérieux. Une enquête est ouverte ? Tu as des suspects ? On parle de combien de bouteilles exactement ?" Demande-t-il, un peu inquiet. Comme ça, on pourrait croire qu'il s'informe pour pouvoir prendre l'avantage face à son concurrent, mais ça n'a rien à voir, ses questions découlent directement de son inquiétude pour la jeune femme et cette fois, il n'a pas réussi à garder ses interrogations pour lui.
« Je crois que j'ai réussi à réaliser une partie de mon rêve. Enfin.. je ne sais pas.. je n'ai pas encore assez de recul pour en juger. » Noah n'a toujours pas quitté le regard de Dani des yeux, il la sent hésitante et triste. À une autre époque, il se serait rapproché pour la prendre dans ses bras sans hésiter, mais aujourd'hui, ce n'est plus une attitude qu'il peut se permettre alors, au lieu de ça, il esquisse un sourire qu'il espère un peu réconfortant. « Ces derniers mois n'ont pas été faciles. » ça se ressent au ton de sa voix. Et Noah est un peu désemparé par cette révélation, il ne sait ni comment réagir, ni comment l'aider, ce qui est assez difficile à encaisser pour lui. « Je me suis sentie assez seule. » Seule. C'est un mot si loin de ce qu'elle semble être pourtant. Elle qui est toujours si joviale et agréable, il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse se sentir seule. « C'est lourd à porter toutes ses responsabilités. Et j'ai l'impression d'avoir commis certaines erreurs au cours de la dernière année. » Alors que son regard se dérobe, le blond soupire. Il se fait violence pour arrêter de rester dans sa réserve et l'alcool lui donnant un peu plus de courage qu'il n'en aurait eu habituellement, il se rapproche de Dani. Tant pis si elle le repousse, tant pis si ce n'est pas professionnel et tant pis si ce n'est pas une attitude très correcte. Une fois à ses côtés, il passe doucement son bras derrière ses épaules pour lui donner l'occasion de refuser cette étreinte si elle le souhaite. "Tout le monde fait des erreurs, Dani, c'est normal." Lui-même avait fait tout un tas d'erreurs depuis qu'il avait repris le domaine de ses parents. Et même les Lehmann avaient dû en faire, à l'époque, lorsqu'ils avaient commencé à bâtir leur empire. "Tu es l'une des personnes les plus fortes que je connaisse. Et tu es têtue en plus. Si il y a quelqu'un capable de réussir malgré les difficultés, c'est bien toi. Je suis certain que tu arriveras à surmonter tout ça..." Il est un peu hésitant, parce qu'il n'a pas l'habitude de remonter le moral des gens ne faisant pas partie de sa famille, c'est quelque chose de compliqué pour lui. Mais il pense chacun de ses mots, il a toujours cru qu'elle ferait de grandes choses entre sa passion et sa détermination. Son regard cherche à nouveau celui de la coréenne pour finir son discours, parce qu'il veut qu'elle puisse voir qu'il est sincère. "Et si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit, je suis là. On est peut-être concurrents, mais ça ne signifie pas que je souhaite te voir couler. D'accord ?"
« Eh bien même en dehors du vin, tu as l'air d'une jeune femme charmante qui gagnerait à être plus connue. Par contre, j'arrive à lire dans tes yeux que tu es mauvaise au lancé de boules de neige. » Il lui rappelle des doux souvenirs enneigés. A une époque, leurs retrouvailles étaient simples et douces, aujourd’hui elles sont rares et complexes. Pourquoi ? Car Dani ne sait plus sur quel pied danser alors que son amant d’hier est devenu son concurrent. Dans un coin de son coeur, elle n’a jamais oublié les moments qu’ils ont partagé, pourtant plein de petites choses l’empêchent de parler librement. Ce n’est pas son genre à la coréenne, elle a toujours aimé avoir le contrôle, pourtant parfois, elle est obligée de laisser les choses se dérouler d’une manière différente, comme ce soir. Dani y voit un signe, ce n’est pas par hasard si l’œnologue a été attiré par l’homme au chapeau malgré son visage masqué. Ce n’est pas par hasard, s’ils se retrouvent enfermés ce soir dans cette cabine d’ascenseur attendant les secours. Et si le destin les aidait à reprendre un peu contact malgré les obstacles du quotidien ? Elle a envie d’y croire, juste un instant et finit par répondre à Noah. « Et je peux lire dans les tiens que tu es un très mauvais skieur. » Son sourire s’illumine et son regard noisette se perd quelques secondes dans le sien, comme au bon vieux temps.
Après les souvenirs, place aux excuses parce que Noah et Dani ont aussi leur lot de moments qu’ils aimeraient oublier, mais pourtant qu’ils les ont marqués au fer rouge. Comme cette fameuse phrase que le Lehman a toujours bien à l’esprit. Dani lui demande des excuses tandis que Noah lui explique son ressenti, la sensation dont il a été mis de côté par la coréenne alors qu’il avait trouvé en elle une espèce de réconfort, de bulle de bonheur dans son quotidien morose. L’œnologue reste surprise face à cette confession qu’elle n’avait jamais soupçonnée, découvrant une autre facette de son ancien amant. Bien rapidement, elle se rend compte qu’ils ont été très mauvais dès qu’il fallait parler de soi. C’est comme s’ils avaient trouvé une échappatoire l’un dans l’autre. Pour des raisons différentes certes, pourtant ils se sont mutuellement apportés de la bienveillance ainsi que de la confiance. Dani s’autorise à son tour d’ouvrir une porte de son passé et explique au grand blond qu’il a changé sa perception des hommes, et cela dans le bon sens du terme. « Je ne savais pas ça. » Elle lui répond avec un demi sourire. Elle a l’impression de voir son reflet au masculin dans ce miroir des confessions. « Merci, j'apprécie le compliment, vraiment. » « On devrait apprendre à mieux communiquer entre nous. » qu’elle ajoute avec un léger rire, ce qui est assez ironique étant donné la situation actuelle. Pourtant, ils apprennent de leurs erreurs et Dani finit par affirmer qu’elle n’a jamais eu honte de leur relation malgré la fin abrupte. Ce n’est pas la première fois que cela arrive à la coréenne, ses vieux fantômes viennent lui rendre visite, répétant ce scénario inlassablement.
Par la suite, Noah demande comment se porte le rêve tant espéré de l’œnologue. Avec humilité et une pointe d’émotion, Dani se fait violence pour s’ouvrir. Une chose qu’elle arrive étrangement à faire en la compagnie de Noah alors qu’il est être censé être son rival. Au diable la concurrence, juste pour un soir, soyons nous-mêmes. L’asiatique lui déballe les grandes lignes les derniers événements au vignoble ainsi que ses remises en question. « J'en ai entendu parler, mais je ne pensais pas que c'était si sérieux. Une enquête est ouverte ? Tu as des suspects ? On parle de combien de bouteilles exactement ? » La patronne du O’Reilly Vineyards se pince les lèvres en ressassant ce fâcheux épisode. « La police n’est pas très efficace sur le coup. » Elle baisse la tête avant d’ajouter. « On parle de mes plus anciennes cuvées qui ont été volées ainsi que des palettes de vin destinées à des futurs mariage. » Elle pousse un long soupir et conclut. « Comment te dire que je suis dans une fâcheuse situation. » Et malgré le drame de cette péripétie, Noah arrive encore à trouver les justes paroles pour remonter le moral à la coréenne dépassée par la situation au vignoble. Et la demoiselle est encore plus surprise quand elle le voit s’approcher et passer son bras autour de ses épaules. « Tout le monde fait des erreurs, Dani, c'est normal. » La coréenne a un petit hochement de tête et écoute la suite des propos masculins. C’est agréable de sentir la proximité de Noah qui lui avait manqué. « Tu es l'une des personnes les plus fortes que je connaisse. Et tu es têtue en plus. Si il y a quelqu'un capable de réussir malgré les difficultés, c'est bien toi. Je suis certain que tu arriveras à surmonter tout ça... » Elle a un sourire timide aux lèvres la coréenne. Elle glisse une main glisse entre ses cheveux avant de prononcer. « Tu vas me faire rougir Noah. » Et ce n’est pas seulement à cause de ses paroles, Dani est toujours attirée par le Lehmann. Encore plus, lorsque Noah cherche son regard, regard dans lequel Dani se noie volontiers. « Et si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit, je suis là. On est peut-être concurrents, mais ça ne signifie pas que je souhaite te voir couler. D'accord ? » Elle reste quelques instants ainsi, ses pupilles naviguent sur son visage, elle se rappelle de tous ses petits détails. Elle sourit sans s’en rendre compte avant de décider de poser sa tête contre l’épaule masculine. Doucement, sa main libre va chercher celle de Noah déposer sur son épaule. Elle caresse doucement ses doigts avant de souffler. « On devrait remercier cet ascenseur. » qu’elle finit par dire rompant le silence. « Je te remercie pour ton aide Noah, je n’oublierai pas ta proposition. » Dani redresse sa tête pour regarder le grand blond, sans pour autant quitter sa main qu’elle tient et lui demande. « Est-ce que tu accepterais de faire une trêve avec moi ? » Sa voix est hésitante, elle ne sait pas du tout comment il va interpréter ses mots. Elle parle avant tout de leur « concurrence », mais peut-être au fond, elle aimerait renouer avec lui de façon plus simple et moins compliquée. « J’ai commis une erreur l’an dernier en imposant un mur entre nous, j’en ai pris conscience. » Elle se pince les lèvres avant d’ajouter. « Et ça nous a apporté plus de mal que de bien au final. »
« Et je peux lire dans les tiens que tu es un très mauvais skieur. » Il rit alors qu'un sourire adorable se dessine sur le visage de Dani. Noah se demande alors depuis combien de temps il ne l'a pas vu sourire ainsi, mais la réponse devient une triste constatation : depuis bien trop longtemps. Pendant quelques secondes, les yeux de la coréenne plongent dans les siens, elle a ce regard doux qu'elle avait autrefois, lorsqu'ils étaient encore intimes tous les deux. Ce simple contact visuel le fait légèrement tressaillir et il le rompt, en laissant son regard flotter dans l'ascenseur. Il est finalement presque soulagé quand la conversation dévie sur un autre sujet personnel : les excuses de la jeune femme qui sont accueillies avec gratitude par son ancien amant. Pendant un moment, le blond remercie le destin pour cette panne d'ascenseur. Sans elle, ils n'auraient probablement jamais percé l'abcès, ils n'auraient peut-être plus jamais plus eu de conversation en dehors du milieu professionnel, ce qui aurait vraiment été dommage, surtout pour lui qui n'arrive pas à l'oublier. « On devrait apprendre à mieux communiquer entre nous. » Elle rit et son rire lui fait esquisser un sourire attendri, l'entendre rire lui a manqué. "La communication n'a jamais été mon fort, malheureusement." Avoue-t-il. C'est la triste vérité, il a été élevé dans l'idée que les mots ne valent rien, seules les actions comptent, ce qui a fait de lui quelqu'un qui a du mal à exprimer ce qu'il ressent. Il préfère mille fois essayer de prouver les choses par des actes que de devoir les dire.
Puisqu'ils sont censés agir normalement, comme s'ils n'étaient pas des concurrents, mais simplement eux-mêmes, il lui demande comment elle vit son rêve, une question qu'il aurait pu poser à n'importe quel ami. Cependant, alors qu'il est persuadé qu'elle va s'étendre sur tout ce qui fait que sa vie est géniale depuis qu'elle a son propre domaine viticole, ce n'est pas tout à fait cette réponse qu'elle lui donne. Un vol de bouteille a mis à mal son entreprise et d'après son expression et le ton de sa voix, ça semble être assez grave alors, il ne peut s'empêcher de poser des questions. Question qu'il regrette un peu en la voyant se pincer les lèvres, il se demande s'il n'a pas été un peu trop loin, s' il n'a pas un peu trop oublié qu'il est son concurrent et qu'elle ne peut pas lui faire confiance, en théorie. « La police n'est pas très efficace sur le coup. » Il pousse un soupir de soulagement en l'entendant répondre, soulagé qu'elle ne se braque pas. Elle baisse la tête et il penche la sienne, accroché à ses lèvres, attendant la suite. « On parle de mes plus anciennes cuvées qui ont été volées ainsi que des palettes de vin destinées à des futurs mariages. Comment te dire que je suis dans une fâcheuse situation. » Pas besoin de lui dire, il s'imagine très bien la situation, il se demande même comment elle fait pour ne pas être complètement effondrée. S'il arrivait la même chose au domaine de ses parents, il ne saurait même pas comment réagir. C'est parce qu'il s'imagine sa détresse qu'il se rapproche d'elle pour la consoler en passant un bras derrière ses épaules. Il pense d'abord qu'elle va le repousser, mais elle ne le fait pas, il continue donc de parler, ignorant les battements de son cœur qui se sont accélérés.
« Tu vas me faire rougir Noah. » Annonce-t-elle, dans un sourire en passant une main dans ses cheveux. Un frisson le parcourt alors qu'il a, pendant quelques secondes, l'impression de retrouver leur proximité d'antan. Mais bien vite, la réalité lui saute à nouveau aux yeux, comment ça, il va la faire rougir ? Il est évident qu'il se fait des idées puisqu'il a vu dans les journaux qu'elle était en couple avec le frère de Lexie. Il ne répond donc rien, préférant profiter du moment et de leurs regards de nouveau plongés l'un dans l'autre, plutôt que de prendre le risque de tout gâcher en posant la question de trop. Il préfère lui dire qu'elle pourra toujours compter sur lui si elle a besoin d'aide, ce qui est vrai, plutôt que d'essayer de comprendre les sentiments de la jolie coréenne. Si elle refuse son aide, la chute sera forcément moins rude que si elle refuse ses sentiments.
Il la regarde sourire alors qu'elle l'observe et il sourit aussi, s'efforçant de balayer toutes les questions qui lui traversent l'esprit. Elle pose sa tête sur son épaule et vient caresser doucement la main qui est posée sur son épaule. Ce simple geste ravive mille souvenirs chez Noah, mille sensations aussi, son cœur se met à tambouriner dans sa poitrine comme pour l'encourager à lui avouer ce qu'il ressent, à lui dire qu'elle lui a manqué, qu'il a du mal à vivre sans sa présence. Il se l'interdit pourtant, pour des raisons qui lui semblent évidentes. À la place, il ferme les yeux quelques instants, pour profiter de ce moment qui semble à la fois suspendu hors du temps et de la réalité. « On devrait remercier cet ascenseur. » Il rouvre les yeux et se contente de hocher la tête. Il est d'accord avec elle, même s'il ne comprend toujours pas comment elle peut partager ses sentiments tout en étant avec un autre. « Je te remercie pour ton aide Noah, je n'oublierai pas ta proposition. » Elle se redresse pour le regarder et il en fait autant. « Est-ce que tu accepterais de faire une trêve avec moi ? » Sa voix est hésitante et la main du Lehmann serre un peu celle de la jeune femme, comme s'il avait peur qu'elle ne s'échappe. Encore. " Une trêve ?" Répète-t-il, un peu surpris. "Mais je n'ai jamais considéré que nous étions en guerre." Même lorsqu'il a envoyé un espion chez elle, c'était plus un jeu pour la faire réagir que pour réellement faire du tort à son domaine. Pour le père de Noah, c'est différent, lui considère tous les autres domaines comme des menaces, mais il ne peut pas forcer son fils à penser la même chose. Et surtout pas quand il s'agit de Dani. « J'ai commis une erreur l'an dernier en imposant un mur entre nous, j'en ai pris conscience. » Cette fois, ce n'est plus l'incompréhension, mais la surprise qui passe dans son regard. Elle se pince les lèvres, il a envie de se pincer tout court pour vérifier qu'il ne rêve pas.
« Et ça nous a apporté plus de mal que de bien au final. » La phrase passe en boucle dans sa tête sans qu'il n'arrive à voir ce que cette décision à apporter de mal dans sa vie à elle. Est-elle en train de lui dire à demi-mots qu'il lui manque ? Il est un peu perdu entre ce qu'il croit savoir et ce qu'il pense interpréter, ce qui l'empêche de savoir comment réagir. "Tu es sûre de toi ?" Demande-t-il finalement, après quelques secondes de réflexion. "Je ne suis pas certain de bien le prendre, si tu changes à nouveau d'avis." Cet aveu est prononcé plus bas, comme s'il espérait qu'elle ne l'entende pas vraiment, bien qu'elle soit trop proche pour que cela puisse être le cas. Avec elle, il arrive par moment à se mettre à nu, à laisser tomber la carapace et ça le décontenance beaucoup. "Tu crois qu'on peut devenir amis après tout ce qu'il s'est passé entre nous ?" Parce qu'il est évident pour lui qu'ils ne peuvent pas être plus que des amis, après ce qu'il a appris dans la presse. Et si cette idée l'attriste, il est prêt à faire l'effort pour elle. Il l'aime suffisamment pour se contenter d'une amitié qui le fera probablement souffrir plutôt que de la voir disparaître complètement une fois de plus.
Le temps d’un instant, Noah et Dani touchent du bout des doigts leur ancienne proximité. Assis l’un à côté de l’autre, seuls et à l’abris des regards dans cette bulle spacio-temporelle. Son coeur tambourine fort dans sa poitrine. Doucement elle s’autorise à être plus tactile avec le Lehmann. Inévitablement ces gestes d’affection lui ont manqué. Elle s’en veut d’avoir créé ce mur, imaginer cette « guerre ». Timidement, elle propose une trêve. Et contre toute attente, Noah lui fait remarquer un détail. Ils n’ont jamais été en guerre à proprement parlé. C’est Dani, son rêve et sa concurrence qui ont brouillé sa vision de la réalité. Elle ouvre doucement sa bouche avant de concevoir ses erreurs du passé.
Pendant de longues secondes, elle perçoit le regard perdu du grand blond avant de lui demander si elle est sûre, si elle ne risque pas de changer encore d’avis au risque de le blesser. Et sans s’y être préparée, Noah pose la fameuse question. Sont-ils capables de rester uniquement amis ? Ont-ils déjà été des simples amis ? Dani reste muette face à la question masculine. Ces mots lui tordent le ventre et le coeur. Pendant un instant, elle se demande même s’il n’est pas un peu au courant concernant ses dernières histoires de coeur. Après tout ils se sont « ignorés » pendant une année. Leurs vies ont évolué pourtant les sentiments de Dani pour le Lehmann sont toujours restés cacher dans un coin de son être. Elle se pince discrètement les lèvres avant de bafouiller. « Je » Au fond d’elle, Dani pense savoir ce qu’elle veut, pourtant elle n’arrive pas à formuler correctement ses mots. L’œnologue le sait, elle est toujours attirée par le grand blond. Ce n’est pas pour rien qu’elle l’a abordé ce soir, qu’ils se sont tournés autour entre deux danses et quelques paroles charmeuses. L’alchimie est toujours bien réelle entre eux, malgré tout ce qu’il s’est passé au cours de cette dernière année. Est-ce qu’ils sont capables de rester « juste » amis ? Elle n’en est pas certaine. Son coeur se serre dans sa poitrine. Elle ne veut pas lui refaire du mal. Elle ne veut pas être de nouveau une déception à ses yeux. Ces derniers mois, le coeur de la coréenne a connu quelques dommages et c’est sans doute pour cela qu’elle a peur de formuler certaines pensées à voix haute. Elle a peur de les briser par inadvertance. Elle n’aime pas faire des promesses qu’elle ne peut pas tenir. Alors elle répond en demi-teinte, contournant le fond du problème qu’ils refusent de se dire de vive voix. Pas l’un pour rattraper l’autre. L’ascenseur est en panne, tandis que Noah et Dani sont des handicapés sentimentaux. « Je suis perdue Noah. » Les paroles féminines ont une part de vérité.« Je sais juste que je n’ai plus envie de faire du mal à personne. » Elle comme lui, c’est valable dans les deux sens. Ses sentiments ont souvent été contredits ou mal interprétés. Elle se souvient d’Eddie son ancien meilleur ami qu’elle a perdu de vue. Les souvenirs de Channing sont encore à fleur de peau pour elle. Elle se sent étouffée par cette remontée de souvenirs non contrôlés. Dani retire soudainement sa main de celle de Noah. Elle commence à avoir mal à la tête. A avoir chaud et froid en même-temps. Ce n’était pas prévu, elle pensait maîtriser la situation mais ses retrouvailles avaient Noah l’ont perturbé. Autant dans le bon sens que dans le mauvais. C’est intense mais flou. « Je commence à me sentir oppressée dans cet ascenseur Noah. » Elle souffle, calant sa tête contre la paroi froide de la cabine métallique. « Ce n’est pas ta faute, ne t’inquiète pas. » qu’elle murmure pour ne pas qu’il le prenne personnellement. Ils doivent apprendre à mieux communiquer entre eux. C’est ce qu’elle a retenu de leur conversation. Dani essaye de calmer ses palpitations. Voilà ce qui arrive lorsqu’on accumule le travail, la fatigue et le stress. « Dis-leur de faire quelque chose s’il te plait. » qu’elle demande d’une petite voix avant de fermer les yeux. Elle a besoin de rentrer chez elle et retrouver sa zone de confort. C’est tout ce qu’elle sait à l’instant présent.
Alors que la coréenne reste muette face à sa dernière question, Noah laisse son regard se balader le long des murs de leur prison de métal. Même si elle semble hésiter sur la réponse qu'elle va lui donner, il préfère savourer l'instant présent plutôt que de s'en inquiéter. Ils sont là, tous les deux, l'un contre l'autre et c'est tout ce qui lui importe pour le moment. Le temps semble se suspendre un instant, alors que son regard se perd sur le bouton d'appel d'urgence qui clignote toujours, signe qu'ils ont demandé de l'aide. « Je » La voix de Dani le sort de ses pensées et il repose son regard sur elle. Elle a les lèvres pincées comme si elle cherchait ses mots ou si elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait dire ou non. "Tout va bien Dani." C'est plus une affirmation qu'une question, en réalité. Il essaye de la rassurer parce qu'il se rend compte qu'elle a l'air bizarre, d'un coup. Pendant une fraction de secondes, il se demande si c'est parce qu'elle ne veut pas être seulement amie avec lui, mais il balaie cette idée rapidement, puisqu'il est persuadé qu'elle est toujours en couple, cela n'a pas de sens.
« Je suis perdue Noah. » Une vague d'incompréhension passe sur le visage du Lehmann alors qu'il ne voit pas où elle veut en venir. Perdue à propos de quoi ? D'être amis ? Y-a-t-il réellement un risque qu'elle accepte ce deal pour couper de nouveau tout lien avec lui ? « Je sais juste que je n'ai plus envie de faire du mal à personne. » Il a envie de lui dire qu'il n'y a aucune chance, qu'elle ne lui fera pas de mal et que tout ira bien entre eux maintenant. Mais il se retient. Il a déjà fait trop de promesses qu'il n'a pas tenues ces derniers temps. Et il ne peut pas le savoir, après tout, la dernière fois, elle lui a réellement fait du mal et il ne l'avait pas vu venir. Il y a trop de paramètres qu'il ne contrôle pas. "Je..." commence-t-il, près à négocier cette amitié qui, à ses yeux, sera toujours mieux que de ne plus l'avoir du tout dans sa vie. Cependant, il n'a pas le temps d'aller plus loin dans sa phrase qu'elle retire vivement sa main de la sienne. Ce geste soudain l'inquiète, il se demande s'il a fait quelque chose de mal pour provoquer une telle réaction. Alors, il retire son bras des épaules de la coréenne pour pouvoir se placer face à elle et apercevoir correctement son visage. « Je commence à me sentir oppressée dans cet ascenseur Noah. » C'est vraiment le pire moment possible pour ça, pense-t-il en tournant la tête vers le panneau de contrôle de l'ascenseur, comme si celui-ci allait lui donner une solution miracle. Le bouton clignote toujours, inlassablement, mais ils sont toujours aussi seuls. Elle pose sa tête contre la paroi métallique alors qu'il se décide enfin à se lever, sans trop savoir ce qu'il va faire. « Ce n'est pas ta faute, ne t'inquiète pas. » Un sourire s'affiche sur le visage de Noah malgré lui. Comment peut-elle encore penser à ne pas blesser son égo dans un moment pareil ? "Toi, ne t'inquiète pas pour moi. Contente-toi de respirer calmement !" Répond-il donc, d'une voix calme, quand la situation semble pourtant devenir inquiétante. "Inspire profondément et expire longtemps, ils ne devraient pas tarder, tu vas bientôt sortir de là, je te le promets." Heureusement qu'il ne voulait pas faire de promesse qu'il est incapable de tenir, celle-ci va pourtant être difficile à gérer si personne ne vient les aider.
« Dis-leur de faire quelque chose s'il te plait. » Sa voix n'est plus que murmure et elle ferme les yeux. Noah sent l'angoisse monter en lui alors qu'il va appuyer une nouvelle fois sur le bouton d'appel. Les secondes qui s'écoulent avant que la personne ne décroche lui semblent interminables. Son regard soucieux est scotché à la coréenne lorsqu'il se met à parler dans l'interphone. "Écoutez, on attend depuis un petit moment maintenant et mon... Hum... amie commence à se sentir mal. Dans combien de temps arrive le réparateur ?" Demande-t-il, d'un ton presque sec, tant il est inquiet pour Dani. Ses yeux ne l'ont pas quitté d'ailleurs et alors que la personne qui lui a répondu cherche les informations, il se rapproche d'elle. "Tout va bien aller Dani, ils seront bientôt là, reste calme." Il lui caresse doucement l'épaule quelques secondes, essayant de la rassurer comme il peut, mais l'interphone se remettant à grésiller il se hâte d'y retourner. "Le réparateur est déjà en route, il devrait arriver très vite." Annonce la voix dans l'interphone. Noah pousse un soupir de soulagement en entendant cela avant de remercier l'homme et de retourner auprès de la jeune femme. "Tu as entendu ? On va bientôt pouvoir sortir." Il n'ose plus la toucher, de peur de provoquer une réaction de rejet ou d'empirer la situation, mais il s'assied face à elle. Et alors qu'il allait se remettre à parler, un bruit contre la porte retient son attention. Apparemment, quelqu'un est en train d'essayer d'ouvrir la porte pour les sortir de là.
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