Venir à l’Hibiscus était devenue une habitude quand elle avait besoin d’air loin du dojo. C’était également devenu une excuse pour prendre des nouvelles de Vittorio ou plutôt pour venir l’emmerder. Cela lui permettait aussi de ne pas penser à toutes les manières dont elle était en train de déraper. Plus les mois passaient plus les combats étaient devenues une drogue, l’argent facile de la Ruche lui permettant de mieux respirer en fin de mois et de se sortir la tête hors de l’eau. Elle avait de plus en plus de mal à se regarder dans le miroir. Ces entraînements loin du dojo et loin de ce maudit bowling avaient lui mérite de lui vider la tête, de lui rappeler le temps d’un instant le plaisir qu’elle avait pour les sports de combats. C’était donc tout naturellement qu’elle avait pris la direction du centre sportif à la fin de son boulot, Maddox étant chez Lawrence pour la soirée. Elle avait prévu de s’entraîner un peu le temps que Vittorio finisse de donner ses cours de fin de journée puis elle le rejoindrait sans doute.

Alors qu’elle traversait le lieu, la lumière dans l’infirmerie l’interpella sur son chemin. Yasmine était absente depuis quelques temps et c’était un des coachs qui lui avait expliqué rapidement les raisons. La jeune femme semblait bel et bien de retour. Elle hésita. Au vu de l’heure, Yasmine n’allait sans doute pas tarder à finir son service. Danika aurait très bien pu continuer sa route sans la croiser. Son sac sur son épaule lui rappelait qu’elle avait un entraînement qui l’attendait, pourtant elle s’était arrêtée devant cette porte sans continuer sa route. Son hésitation la fit grimacer mais elle finit par se décider, se tournant pour faire face à la porte, frapper à l’infirmerie et y entrer. Danika observa Yasmine, le visage sans expression. Il était clair que la jeune femme n’avait pas le regard aussi brillant qu’à son habitude, les cernes sur son visage en disaient long.

« T’es de retour. » lança-t-elle d’un ton neutre, un peu moins froid qu’à son habitude ce qui relevait déjà d’un sacré effort pour la combattante. Elle aurait pu dire qu’elle ne savait pas d’où lui venait le manque de sympathie qu’elle ressentait pour Yasmine Khadji. Mais cela aurait été faux. La jeune femme réunissait tous les critères pour faire partie des femmes que Danika appréciait peu et respectait peu. La miss parfaite était trop douce, trop naïve aux yeux de la Riley, trop gentille. C’était ce manque de caractère qui lui valait le dédain de Danika, sa capacité à aller toujours bien ou plutôt à donner une illusion d’être toujours heureuse. Mais cette fois pourtant elle était prête à faire un effort. Peut-être parce qu’on avait mentionné la raison de l’absence de Yasmine. Son père avait subi un AVC. Cela avait suffi pour éveiller la compassion dans le cœur de la brune, peut-être parce que cela lui avait rappeler le souvenir douloureux de murs trop blancs durant la maladie de son père. Pour la première fois, elle avait senti une connexion avec la jeune femme, aussi douteuse soit-elle. Le silence s’était fait et Danika hésita. Peut-être parce qu’elle n’avait jamais cherché à réellement parler à la jeune femme, pas assez longtemps pour réellement apprendre à la connaître et rien dans cette interaction n’était naturel. « On m’a dit pour ton père. » Bien sûr qu’elle entrait dans le vif du sujet sans pincettes aucune, pas partisante de l’effort pour y mettre les formes quand la personne en face d’elle n’était pas quelqu’un qu’elle appréciait particulièrement. « Comment il va ? » Le ton avait été une tantinet plus doux cette fois, le regard de Danika croisant celui de Yasmine pour bien vite s’échapper.

@Yasmine Khadji

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Depuis juillet, l’assiduité au travail de Yasmine, elle avait été en dents de scie. Très vite, l’administration de l’Hibiscus Sports avait été prévenue de sa situation personnelle et lui avait autorisé les absences prolongées, aisément comblées par l’alternance habituelle d’avec le médecin sportif de l’établissement qui lui avait assuré qu’il s’en sortirait. Elle s’en était voulue forcément, d’abandonner ce poste qui avait été un moyen efficace de lui faire remettre le pied à l’étrier après sa démission du St-Vincent mais effectivement, elle savait que les choses étaient gérées de mains de maître. Ça l’avait beaucoup aidée, et elle avait pu se consacrer à ce qu’il se passait pour elle en dehors du travail. Rien de réjouissant, au demeurant. Les derniers mois avaient été d’une rare violence pour son entourage, pour elle, et les jours qui passaient n’avaient pas la même saveur. Pourtant, ça y était, elle se sentait prête à reprendre du service de façon plus ponctuelle, charmée par l’idée de penser à autre chose qu’à la rééducation de son père, mais aussi à l’idée qu’Edge avait semé dans son esprit de parler de sa fausse-couche à quelqu’un d’autre que lui.
Ça macérait dans ses pensées, et elle ne savait pas exactement qu’elle goût ça prendrait une fois que tout serait à point et qu’elle réussirait à passer outre cette anxiété qu’elle ressentait face à l’imminence de cette annonce à sa famille. De plus en plus, elle songeait à l’éventualité de s’en aller pour quelques jours pour mieux se préparer — seule. C’était Olivia, avec qui elle discutait beaucoup ces derniers mois, qui lui avait soufflé l’idée de venir quelques temps à Sydney ; pour passer du temps loin de Brisbane, pour profiter de l’aura merveilleux de ses enfants, de ses neveux, et de la sagesse acquise par Qasim qui, au fil de ses errances, avait réussi à faire la paix avec ses propres difficultés. C’était sa famille autant que les autres, et compte tenu des circonstances, du mieux qu’il y avait du côté de son père qui suivait sa rééducation en bougonnant de moins en moins, pourquoi ne pas accepter cette pause, loin d’ici? Elle y réfléchissait, dressant la liste mentale des pour et des contres, mais elle devait être honnête pour le coup. Il y avait plus de pour que de contre, et parce qu’elle avait besoin de se retrouver un peu, elle ne tarderait pas à annoncer sa décision à Edgerton.
Elle ne préférait pas anticiper sa réaction, et c’est sans doute pour cette raison qu’elle se concentrait plus que de raison sur l’inventaire de son infirmerie, les sourcils froncés à l’extrême, un porte-bloc posé sur ses genoux. Le rythme ici n’était pas le même qu’aux urgences, il était même loin de rassasier son besoin d’adrénaline. Au moins, ça la tenait occupée, et comme pour tout un tas d’autres choses ces derniers temps, elle préférait se concentrer sur le moment présent, plus que de ressasser tout ce qui lui passait par la tête. Elle avait compris que ça ne servait à rien d’extrapoler avec la destinée, et si elle devait retenir du positif de tout ça, ce serait ça : d’être plus ancrée dans une réalité qu’elle avait longtemps essayée de rendre moins difficile à supporter pour les autres, mais aussi pour elle, au cours de sa vie, ayant toujours accepté la mission d’être l’édulcorant qui aidait à faire passer les pilules les plus amères.

La pointe de son stylo manqua sa cible quand, contre le panneau de la porte de son infirmerie, on frappa. Faisant toupiller sa chaise de bureau pour faire face à la porte, elle freina du bout de ses tennis quand elle s’ouvrit sans qu’elle n’eut le temps d’inviter quiconque à entrer. Danika lui apparut, aussi stoïque que d’habitude, projetant dans la pièce son charisme glacial. Elles ne se connaissaient pas, et quelque chose lui disait que quelque part, ça arrangeait bien l’adhérente de l’Hibiscus.
Yasmine ne saurait pas expliquer l’animosité qu’elle voyait ombrager les traits fins de son visage quand elles se croisaient, mais elle n’était pas naïve au point de croire qu’elle se fourvoyait sur le peu de considération à son encontre qu’elle sentait émaner de la jeune femme. De quoi sincèrement la surprendre quand elle prit la parole, et que restant un court instant à se demander ce qui se passait, elle finit par lui répondre en battant des cils pour se reconnecter avec la réalité . Elle était de retour "Depuis quelques temps déjà." Elle opina avec un léger sourire, sentant le porte-bloc qu’elle avait sur les genoux peser soudain trop lourd. Alors elle se leva doucement, s’avançant vers son bureau pour le poser dessus, et glissa ses mains dans les poches de sa blouse blanche quand Danika reprit la parole "Les nouvelles vont vite ici." intervint-elle avec un nouveau sourire pour cacher l’irritation qu’elle ressentait face aux bruits de couloirs. Elle savait que ce n’était pas malveillant, certains adhérents étaient devenus des connaissances qu’elle appréciait et qui s’étaient inquiétées pour elle. Mais c’était un fait : elle n’aimait pas être le centre de l’attention. Elle se redressa, haussant brièvement les sourcils quand Danika lui demanda des nouvelles de son père. L’espace d’une seconde, elle observa son visage, laissant son regard rencontrer fixement le sien. Elle battit vite en retraite, baissant la tête et tendant la main pour replacer le porte-bloc dans l’alignement des bords de son bureau "Il va beaucoup mieux depuis juillet. Il est sorti de l’hôpital il y a quelques jours, il doit suivre une rééducation poussée… c’est pénible, mais c’est pour le mieux." fit-elle en se sentant un peu gauche, maladroite dans sa façon d’exposer les choses tant au fond, elle se sentait mal à l’aise face à ce que dégageait Danika. Elle ne saurait expliquer pourquoi, mais ça la poussa à relever la tête et à lui demander, dans un sourire aussi radieux que lui permettait son éternelle gaieté — largement galvaudée, ces derniers temps "Je peux faire quelque chose pour toi ?"

L’Hibiscus était un endroit que Danika appréciait, bien différent du dojo tout en lui permettant de retrouver une atmosphère similaire, c’était l’occasion pour Danika de sortir de son environnement habituel. Elle avait tout une affection pour l’endroit depuis que c’était là qu’elle avait passé des mois à s’entraîner lorsqu’elle n’arrivait plus à passer la porte de son dojo. Elle y avait rencontré plusieurs personnes, dont Yasmine qu’elle avait parfois croiser sans jamais réellement prendre le temps de lui parler.

« Depuis quelques temps déjà. » Danika, pour être honnête, ne l’avait pas remarqué. Yasmine ne faisait pas partie des personnes dont elle prenait des nouvelles. Elle n’était pas quelqu’un qu’elle appréciait ou qu’elle avait envie de connaître. Mais pourtant, malgré cela, elle avait passé la porte de l’infirmerie en la voyant de retour, comme si pour la première fois elle avait su trouver en son cœur un peu d’empathie pour l’infirmière. Un peu seulement cependant, il ne fallait pas trop pousser.

"Les nouvelles vont vite ici." Aux yeux de la combattante tout était faux dans le sourire que Yasmine lui avait adressé. N’importe qui aurait été irrité par les bruits de couloir, elle, souriait. Ca pouvait presque paraître sincère mais ça ne faisait que démontrer aux yeux de Danika un peu plus de fausseté dans ce comportement de miss parfaite. « Les gens aiment bien parler. » se contenta de dire Danika avec un haussement d’épaule.

Leurs regards se croisèrent le temps d’un instant qui s’étira trop longuement. Pourquoi était-elle là ? Ne devrait-elle pas faire demi-tour, retourner à son entraînement ? "Il va beaucoup mieux depuis juillet. Il est sorti de l’hôpital il y a quelques jours, il doit suivre une rééducation poussée… c’est pénible, mais c’est pour le mieux." Les mots la ramenèrent à une autre époque de sa vie, une époque aux trop nombreux murs blancs, aux bruits incessants des machines de l’hôpital. Le sujet la touchait plus qu’elle ne voulait l’admettre, elle aurait envie de lui dire qu’elle comprenait, que cela ne devait pas être facile, qu’elle était contente pour elle que l’homme aille mieux. Au lieu de ça elle ne dit rien se concentrant sur le visage de la brune, sur ses expressions. Il y avait quelque chose de profondément agaçant dans le sourire qu’elle lui adressa. Un sourire plein de vie,  un sourire plein de joie. Un sourire trop beau pour être vrai.  Etait-elle vraiment toujours aussi heureuse ? Danika se le demanda franchement alors qu’elle haussa un sourcil. « T’es toujours aussi heureuse ? » demanda-t-elle sans réfléchir, les mots dépassant sa pensée.

"Je peux faire quelque chose pour toi ?" Cela devrait être le moment de faire demi-tour, de retourner à son entraînement, mais pourtant quelque chose dans le regard de Yasmine la fit rester. Elle n’avait rien à lui demander, aucune excuse pour continuer cette conversation, elle ne s’était pas blessée et n’avait pas besoin de l’aide quelconque de l’infirmière.


Danika hésita sur le pas de la porte. Pourquoi était-elle là à lui parler ? Yasmine et elle n’avaient rien en commun. Pourtant, c’était cette nouvelle concernant son père qui la poussait à s’attarder. Elle fit mine de regarder les étagères, laissant son regard parcourir la salle, sans répondre à la question. « T’auras été en arrêt combien de temps finalement ? J’ai pas remarqué que t’étais revenue. » Non elle n’avait pas remarqué elle n’avait pas fait attention, cela ne l’intéressait pas. Du moins c’était ce qu’elle aurait voulu prétendre encore un peu. Elle croisa les bras, peu à l’aise face à la jeune femme. « Ils savent à quoi c’est dû ? L’AVC ça arrive comme ça ? Il était déjà malade ton père ? » Peut être était-ce  une manière détournée de lui demander si elle allait bien, mais elle n’arrivait pas à se résoudre à poser la question, préférant continuer son interrogation comme si cela pouvait lui donner une réponse.

@Yasmine Khadji

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crédits gif & code fiche/ (gificonic & malibu) ✰ w/ @Danika Riley

L’atmosphère prit une épaisseur qui ne plaisait pas à Yasmine. C’était son infirmerie, son lieu de travail investi par quelques-uns de ses effets personnels ; elle s’y sentait bien. Mais là, elle était étrangement mal à l’aise comme si elle n’avait absolument rien à faire ici. Flanquée derrière son bureau, le bout de ses doigts posés contre le bord en bois, en équilibre précaire comme l’inspiration qu’elle retint après une goulée profonde et rapide, elle resta interdite le temps de quelques secondes quand la question que lui posa Danika taillada l’étrange consistance du mur invisible qui les séparait toutes les deux, chacune repliée dans un coin de la pièce. Son sourire, aussi poli qu’il fût à cet instant-ci, se fana lentement pour laisser place à une incompréhension telle que, les sourcils froncés, elle laissa échapper un "Je te demande pardon ?" Et ses yeux trouvèrent les siens à distance. Elle ne comprenait pas le soudain intérêt que semblait lui accorder Danika. De nouveau, elle se fit la réflexion que, tout en se côtoyant quelques fois, évoluant dans le même univers, elles ne se connaissaient pas. Avaient-elles déjà échangé ne serait-ce qu’un mot ? Yasmine se mit à y réfléchir, cherchant à échapper, un peu lâchement, à l’étrangeté du moment en se perdant dans ses propres pensées.

De son côté, elle n’avait aucun a priori sur la jeune femme, tout juste impressionnée par ce qu’elle dégageait sans chercher à l’imputer à autre chose qu’à la force qu’elle dégageait. Elle ne se posait pas de questions sur les raisons de cette rudesse qui servait la beauté qu’elle lui trouvait, sachant dans le fond qu’elles n’avaient rien en commun, et que ce n’était pas une mauvaise chose, il fallait de tout pour faire un monde. Mais autant elle pouvait paraître naïve, pétrie de bienveillance, autant Yasmine n’était pas du genre à se raconter des histoires pour mieux dormir la nuit. Si elle, elle n’éprouvait aucune espèce d’animosité envers la jeune femme, ce n’était pas vraiment son cas. Elle ne saurait expliquer pourquoi elle le ressentait aussi fort, elle qui n’était pas tout à fait habituée à ce genre de négativité, mais ça se diffusait lentement chaque fois qu’elles se croisaient, s’insinuant sous sa chair comme un venin lent, mais pernicieux. Elle aurait été capable de s’imputer les réactions de Danika, mais l’auto-flagellation était une punition qu’elle tentait d’arrêter de s’infliger à tout-va. Qui plus est, elle était plutôt certaine de n’avoir jamais rien fait pour faire naître chez elle cette attitude qu’elle lui réservait pourtant, et qui tranchait avec l’interrogatoire dans lequel elle se lança tout à coup.
Yasmine la regarda s’avancer dans la pièce. Le froncement de ses sourcils se renforça, et puisqu’elle avait jugé bon passer outre sa propre interrogation, elle ne s’interdit pas de faire de même quand, démontrant un certain agacement sur le moment, elle lui rétorqua "Pourquoi ça t’intéresse ?" Elle hésita entre glisser ses mains dans les poches de sa blouse, ou croiser les bras, se retrouvant à les agiter bêtement avant de se décider. Elle croisa les bras. Sur sa poitrine. Qu’elle sentit trembler fébrilement. Puis elle haussa les épaules en même temps, laissant les coins de sa bouche s’affaisser pour illustrer sa perplexité profonde quand elle poursuivit sur le même ton, son regard dérivant de celui de Danika pour aller trouver un angle du plafond "D’habitude, j’ai l’air de t’insupporter alors je crois être en droit de te demander pourquoi brusquement, t’estimes que je mérite plus qu’un regard noir et un froncement de nez. Si c’est de la pitié, j’en ai pas besoin." Elle regretta aussitôt que, son manque de patience de ces derniers temps, prenne forme de cette manière et à cet instant précis. Et immédiatement, renouant avec ses habitudes, elle secoua la tête et décroisa les bras pour venir resserrer l’élastique de sa queue de cheval haute en lui disant dans un soupir chargé de nervosité "Je suis désolée. C’est pas contre toi."

Yasmine n’a jamais rien fait. Yasmine n’était responsable de rien. Danika et ses préjugés cependant étaient responsables de la tension qui avait rendu la pièce irrespirable.  « Je te demande pardon ? » Le sourire poli de Yasmine a fané sur ses lèvres et il est clair qu’elle ne comprend pas la raison de la présence de la combattante dans son bureau.

"Pourquoi ça t’intéresse ?"  C’est à son tour d’hausser les sourcils. Pas parce que la jeune femme n’a aucune raison de lui poser la question. En vérité elle en a tous les droits. Danika fait preuve d’une animosité à peine cachée pour la demoiselle depuis des mois.

« J’ai pas le droit de prendre de tes nouvelles ? »  demande-t-elle avec un air de défi en croisant les bras. Prendre de ses nouvelles quand elles n’ont pas dû s’adresser plus de quelques phrases. L’idée est risible, la réponse peu crédible.  Elle aurait pu répondre que ça ne l’intéressait pas. Mais c’est elle qui a fait le choix d’entrer dans ce bureau. Elle qui s’est plantée devant Yasmine à poser des questions bien trop personnelles.  Danika observe les mouvements agités de la brune qui semble tout sauf à l’aise quand elle-même a les deux pieds bien plantés dans le sol,  les bras croisés et le corps stable. Son regard la fuit, préfère le plafond plutôt que de croiser celui de Danika.  "D’habitude, j’ai l’air de t’insupporter alors je crois être en droit de te demander pourquoi brusquement, t’estimes que je mérite plus qu’un regard noir et un froncement de nez. "  Elle a plutôt bien cerné la situation et Danika ne peut pas la contredire quand ça serait faux. Elle a depuis longtemps décidé qu’elle n’aimait pas la jeune femme sans avoir cherché à la connaître.


« Si c’est de la pitié, j’en ai pas besoin. » Aux mots prononcés, un rictus aussi amusé que surpris vient étirer les lèvres de Danika. Elle ne pensait pas voir un jour un peu de feu transparaître de la femme qui semblait n’être que douceur et gentillesse. C’était assez pour attiser la curiosité de Danika. Mais elle la vit regretter immédiatement ses mots, ses gestes nerveux alors qu’elle faisait marche arrière. "Je suis désolée. C’est pas contre toi." « T’excuses pas, tu commençais enfin à devenir intéressante. » Elle n’essaye pas d’être désagréable, à vrai dire son ton est même léger, ne réalisant même pas que les mots encore une fois paraissent tout sauf agréables.  Elle s’adosse au mur de l’infirmerie, ses prunelles parcourant le visage de Yasmine en silence. « T’as raison t’as pas besoin de pitié. »  Elle attrape son sac comme si elle allait partir lui tournant un instant le dos. « Mon père a été malade, gravement, il est mort il y a deux ans. Disons que…Je connais. » Elle hausse les épaules, elle non plus ne supporterait pas le moindre regard de pitié sur elle.  Elle avait envoyé au tapis la moindre personne qui avait essayé de la soutenir un peu trop dans cette épreuve, préférant assumer seule la charge de son chagrin. Elle se tourne de nouveau vers Yasmine, regrettant déjà ce qu’elle va demander. «  Quand ça allait pas, l’entraînement, c’était ça qui me sortait de ma tête. Je me suis dit que peut être… peut être que ça te dirait de tester. » Elle hausse les épaules, le regard fuyant, soudainement consciente de proposer quelque chose de complètement idiot quand les deux femmes n’ont jamais été proches et qu’il n’y a aucune raison pour que Yasmine en ait envie.


@Yasmine Khadji  désolée du retard

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Elle n’estimait pas avoir besoin d’être agressive pour devenir intéressante aux yeux des autres. On lui reprochait souvent ça, à Yasmine, d’être trop humaine, de répondre à des stéréotypes qui la rendaient trop naïve aux yeux de ceux qui ne cherchaient pas à voir au-delà de l’apparence qu’elle projetait. Au cours de sa carrière, elle avait dû se battre contre ce genre de préjugés, contre d’autres aussi, mais surtout contre ses supérieurs qui, dans une grande majorité au tout début du moins, la pensaient trop fragile pour exercer dans un service aussi compliqué que celui des urgences d’un hôpital. Tu ferais des miracles en pédiatrie ou en obstétrique, qu’on lui avait souvent dit. Pendant des années, elle s’était défendue d’être qui elle était, ne cillant pas face aux moqueries et aux piques qu’on lui lançait. Jusqu’à ce que l’échec et la pression la fasse leur donner raison au point de démissionner pour se retrouver ici, à masser des muscles et à bander des entorses sans chercher à aller plus loin dans l’exercice de ce qu’elle avait appris dans les livres, mais aussi durant les années qu’elle avait passées dans le feu de l’action. Elle était plus forte qu’elle en avait l’air, pourtant. C’était quelque chose que son entourage proche essayait de lui faire entendre, mais qu’elle avait bien du mal à assimiler, confrontée au peu de confiance qu’elle avait en elle-même. C’était son plus gros problème, aussi comment pouvait-elle faire le poids face à un tempérament comme celui de Danika ? Elle ne changerait pas d’attitude sous le prétexte qu’elle lui avait donné toutes les raisons pour le faire, s’adressant à elle avec animosité. Elle n’excellait pas dans l’exercice de devenir une autre sur commande, et c’est pour cette raison qu’elle s’excusa immédiatement.
Contrairement à Danika, elle ne tenait pas à la faire payer indirectement pour les épreuves qu’elle avait vécue ces derniers temps. Elle n’y était pour rien, ainsi retrouva-t-elle ses esprits quand, ayant resserré sa queue de cheval par l’élastique, le serrant avec détermination, elle baissa les yeux sur la jeune femme qui semblait partir. Et elle eut bien du mal à s’en désoler. Yasmine n’avait jamais été bonne pour le conflit. Y être confrontée, c’était mettre à mal son anxiété, et la pousser dans des retranchements qu’elle ne se sentait pas d’attaque à affronter, mal à l’aise avec la simple idée de se chicaner pour quelque chose d’aussi primaire que des mots désagréables sortant de la bouche de quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas. Elle se demanda si elle devait lui dire au revoir, si elle ne verrait pas ces mots-ci comme une attaque personnelle… quand  étonnamment, Danika reprit la parole.

Elle garda le dos tourné. Yasmine ne prit pas ça pour un manque de respect, comprenant plutôt bien qu’elle cherchait peut-être à temporiser l’émotion procurée par la confession qu’elle lui fit "Je suppose que si je te présente mes condoléances, tu vas me les renvoyer à la figure ?" lui demanda-t-elle à l’instant où elle se retourna enfin, et qu’elle put la regarder pour échanger un regard qu’elle tacha de rendre neutre quand il croisa le sien une nanoseconde. Elle fût surprise de la voir brièvement flancher quand sa proposition lui échappa, lui faisant discrètement hausser les sourcils ; le temps de considérer le tout, puis elle lui demanda  doucement "T’es venue ici pour me proposer de devenir ma coach personnelle ?" Elle aurait pu en rire, mais ça ne lui traversa même pas l’esprit. Au lieu de quoi, elle se défendit immédiatement de faire partie de ce genre là, s’asseyant sur sa chaise de bureau aussi lourdement que si le poids du monde pesait sur son corps frêle et fatigué "J’ai pas la même force que toi, et je suis pas certaine que frapper dans un sac de sable m’aide à évacuer ce que je ressens en ce moment." Elle ne lui parlerait pas de sa fausse-couche. Et ce pacte qu’elle fit avec elle-même, il lui fit penser aussitôt à Edge "Et puis je connais des gens pour qui ça a fait pire que mieux. J’ai pas envie de me retrouver à l’hôpital parce que j’aurais pris goût à la castagne comme anti-dépresseur. Je sais même pas porter un coup correctement." lui avoua-t-elle avec un demi-sourire qui se perdit rapidement quand elle baissa la tête pour regarder le bout de ses doigts qu’elle tritura, faisant tourner les nombreuses bagues qu’elle portait aux phalanges.

"Je suppose que si je te présente mes condoléances, tu vas me les renvoyer à la figure ?" Les condoléances, ce mot qu’elle avait bien trop de fois entendu au sein de son dojo quand son père en était la figure emblématique et qu’elle avait toute les peines du monde depuis à égaler son image et son héritage. Premièrement parce qu’elle ne se serait jamais sentie à la hauteur de l’homme qu’il avait été, deuxièmement parce qu’elle découvrait que l’homme qu’il avait été avait caché bien des secrets et était bien loin d’être parfait. Il ternissait à lui seul la réputation qu’il avait maintenue toute sa vie et c’était elle aujourd’hui qui en payait les frais, les épaules alourdies de dettes de paris sportifs, bien loin de l’image d’honneur et de morale que James Riley avait montré toute sa vie. Elle se contente d’un geste de main pour montrer que les condoléances n’ont pas lieu d’être, pour d’une certaine manière comme l’a souligné Yasmine les lui renvoyer à la figure. Elle aimerait prétendre ne plus être affecté par la mort de son père, pourtant plus d’un an plus tard celle-ci la hante encore, comme une tache indélébile qu’elle n’arrive pas à faire disparaître. Comme si au fond, la colère l’avait empêché de faire son deuil.


"T’es venue ici pour me proposer de devenir ma coach personnelle ?"  Une grimace étire ses lèvres à ces mots. « Je suis plus coach depuis longtemps. » Non elle n’entraînait plus personne depuis des mois quand elle avait toujours adoré ça. Bien sûr cela n’avait pas été toujours sa priorité première, au sommet de sa carrière sportive elle n’avait pas tant que ça de temps à consacrer à la formation des autres. Mais là aussi son père avait veillé à ce qu’elle apprenne, à ce qu’elle devienne une bonne enseignante, une bonne coach, à transmettre comme lui l’avait fait. Et après la naissance de son fils, c’était sans doute cette partie qu’elle avait le plus apprécié, jusqu’à ce qu’elle arrête de former quique ce soit à la mort de son père, incapable de mettre un pied dans ce dojo pendant des mois. Alors quelle était sa proposition si ce n’était pas ça ? Même Danika ne le savait pas.
Elle l’observa s’asseoir sur sa chaise. "J’ai pas la même force que toi, et je suis pas certaine que frapper dans un sac de sable m’aide à évacuer ce que je ressens en ce moment." Elle hausse les épaules. « La force ça acquière. Tu crois que mon 1mètre60 a toujours eu cette force là ? » Non elle avait travaillé, elle s’était dépassée, elle s’était entraînée encore et encore jusqu’à ce que sa taille ne soit plus un handicap mais une force, jusqu’à ce qu’elle soit capable de frapper fort et vite.

"Et puis je connais des gens pour qui ça a fait pire que mieux. J’ai pas envie de me retrouver à l’hôpital parce que j’aurais pris goût à la castagne comme anti-dépresseur. Je sais même pas porter un coup correctement." A ça, elle resta silencieuse, peut être parce que c’était exactement son cas. Ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait avouer, après tout peu de gens savaient le genre de rings qu’elle fréquentait. Mais il était certain que le combat était devenu une drogue, le danger et l’adrénaline la maintenait vivante, lui permettait de respirer bien plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Elle ne devrait pas insister, elle n’a rien à y gagner.  « Je te propose pas une ligne de cocaïne Yasmine.  Ca m’étonnerait que tu deviennes accrocs. Et tu parles de castagne. Moi je te parle d’arts martiaux, de sports de combat. Je te parle de contrôle quand t’en as plus aucun. T’as déjà essayé au moins ? T’as l’air de connaître pas mal de gens ici, t’as jamais eu envie de t’y mettre ? » C’est que ça ressemblerait presque à une conversation cordiale si on ne prête pas attention à l’air froid de la brune, à la distance toujours présente et au malaise qui lui semblait inévitable entre deux inconnues.

@Yasmine Khadji  

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crédits gif & code fiche/ (gificonic & malibu) ✰ w/ @Danika Riley

Sans lui présenter vraiment ses condoléances, Yasmine réussit tout de même à faire passer ses regrets à propos du décès du père de Danika, et quand bien même cette dernière s’efforça de, comme elle l’avait prédit, lui renvoyer à la figure, elle tacha de ne pas se laisser déstabiliser. Elle prit sur elle pendant quelques minutes jusqu’à ce que  finalement, sa proposition la rende perplexe et que surprise par son égard, elle se replia un instant en elle-même. Enfoncée dans sa chaise de bureau, le regard rivé sur ses doigts, Yasmine rallia sa discrétion usuelle pour écouter la tirade de la brune. L’ambiance était pesante, le regard de Danika était aussi oppressant que la volonté qu’elle déployait à lui faire entendre qu’elle avait beau se montrer clémente en acceptant d’échanger plus de deux mots avec elle, elle ne l’aimait pas pour autant. Elle ne le disait pas, c’était pourtant là, érigé entre ses conseils et la pudeur de Yasmine, comme un mur infranchissable.
Quelque part, c’était perturbant, ce jeu d’intention qu’elle lui donnait l’impression de mettre en place, d’autant qu’elle avait bien du mal à cerner à quoi ça la mènerait de faire soudainement preuve d’autant de bienveillance quand, des mois durant, elle avait semblé ne pas supporter ne serait-ce que de la croiser. Elle lui avait dit ne pas avoir besoin de sa pitié, et son avis ne changerait pas à ce sujet. Mais  restait que Yasmine était intriguée par la détermination dont elle bouillait pour lui faire réaliser qu’elle avait besoin de retrouver un semblant de contrôle sur sa vie.

Elle eut un très léger sourire lorsque Danika souligna le déséquilibre des probabilités dont elle avait souffert à cause de sa petite taille et de la force que ça ne l’avait pas empêchée d’acquérir pour autant. Ça ne la rendait pas plus accessible, se dit Yasmine en secouant très discrètement la tête, son index suivant la fine ligne de l’anneau qu’elle portait au pouce. Elle ne rebondit pas à voix haute toutefois, se contentant de relever la tête et d’échanger un regard avec elle quand elle se fit plus insistante malgré la réticence dont elle venait de lui faire part "Pourtant, les effets sont quasiment les mêmes. J’aurais des choses à t’apprendre sur les endorphines." Elle oubliait que dans ce domaine, elle partait avec un avantage de connaissances et qu’elle pourrait difficilement la duper sur ce que représentait vraiment de s’impliquer dans la pratique d’un sport.
Elle ne lui proposait pas une ligne de cocaïne, plutôt un shot d’héroïne pure. Elle ne jouerait pas à la plus maline cependant, et elle se redressa sur son assise en répondant bout par bout aux questions de la jeune femme. Elle posa son regard sur elle, l’arrière de sa tête posée contre le simili-cuir de son fauteuil "J’ai déjà essayé par jeu." lui avoua-t-elle sans faire dans le détail, devinant que Danika ne voudrait pas savoir combien de fois exactement Sloan avait tenté de lui faire porter des coups en lui enfilant ses gants de force, ni combien de fois Edgerton avait voulu lui apprendre à le faire correctement, la faisant tourner bourrique en esquivant ses maigres efforts "Je suis entourée de boxeurs. J’ai une vision assez précise des contrecoups et de la violence que ça implique pour savoir que c’est pas fait pour moi." Elle marqua une pause, et ses sourcils se froncèrent lorsqu’elle pensa à la manière qu’avait eu Edgerton de laisser tout tomber à la minute où c’était devenu dangereux pour lui, alors qu’il lui avait toujours semblé évident que  pratiquer était nécessaire à sa survie.
Ses yeux firent le point sur le visage de Danika "Je comprends pas. J’essaye, je t’assure… mais je comprends pas pourquoi ça a l’air d’autant t’importer que je puisse retrouver un peu de contrôle sur ma vie." Elle inclina la tête sur le côté, et tandis qu’elle ne cherchait pas autant ses mots que ça, elle se sentit pourtant obligée de rompre le contact visuel pour explorer le champ de l’incompréhension dans laquelle Danika la plongeait "J’ai l’air naïve, mais j’ai dépassé le stade où je crois que ma gentillesse est un rempart contre la répulsion, et tu me donnes tellement l’impression d’avoir une mauvaise opinion de moi que, non, je comprends pas ce que t’essayes de faire, Danika." D’ailleurs, appréciait-elle ce qu’elle essayait de faire ? Yasmine ne savait même pas. Elle savait en revanche que, si elle tenait à lui faire envisager quelque chose pour soulager ce qui pesait lourd sur son cœur, elle devrait lui apporter une réponse claire, qui la rassurerait, avant qu’elle lui accorde assez de confiance pour admettre que, peut-être, elle tenait la solution d’un problème qu’elle traînait davantage depuis le mois de juillet, mais qui avait pris racine il y avait des années.

Le domaine médical était le domaine de Yasmine, il n’était donc pas étonnant qu’elle ait choisi ce dernier pour lui ramener à la figure que si sa proposition était l’effet d’une ligne de cocaïne. Sa remarque ne fit qu’agacer Danika. Bien sûr elle avait sans doute raison. Après tout, Danika était la première à ressentir le besoin de se battre, l’addiction aux rings dans le cœur de la nuit. Mais ce n’était pas ce que Danika lui proposait. Non après tout, Yasmine et elle étaient différentes. La combattante avait été élevé sur le tatami, elle en avait fait sa vie, sa raison d’être, était-ce si surprenant qu’alors que son monde s’effondrait en morceaux, la seule chose qui la maintenait en vie et qui lui donnait envie d’avance était les combats tous sauf légaux dans lesquels elle s’était embourbée ? C’était rassurant, c’était quelque chose qu’elle connaissait, c’était son moyen de gérer une colère qu’elle contrôlait mal. Elle continuait de se répéter inlassablement que cela aurait pu être pire. Justement cela aurait pu être une ligne de cocaïne, un shot d’héroin. Elle avait de la chance, beaucoup de chance de n’être pas encore tombée dans la drogue quand dans son quotidien elle croisait tous les dépravés de la ruche qui ne manquaient jamais de lui proposer une ligne ou un verre de plus, n’importe quoi pour effacer la preuve que leur vie était en réalité bien pathétique.

Yasmine avoua finalement avoir déjà essayé parce ce qu’elle appela un jeu. La boxeuse devina sans mal que la jeune femme devait être entourée de sportifs parmi ses amis qui l’avait poussée une ou deux fois à enfiler des gants de boxes. « T’es entourée de boxeurs ou t’es entourée de personnes dont c’est le métier d’entraîner des gens ? »  répliqua-t-elle en haussant un sourcil. Elle imaginait déjà très bien les boxeurs en question, peut-être un peu trop brutaux pour la brune, qui ne s’étaient pas adaptés à ce dont elle avait besoin. Là encore c’était étrange, alors qu’une minute avant elle avait nié être coach voilà qu’elle se revendiquait de nouveau comme tel comme si peu importe à quel point elle cherchait à le fuir, enseigner sa passion restait ce pourquoi elle avait été élevée. C’était dans son sang.

Le regard de Yasmine se posa sur son visage et elle soutient son regard en relevant le menton.  
« Ecoute tu veux pas, c’est pas mon problème. Tu fais ce que tu veux. » elle grommela, déjà prête à partir, faisant instinctivement demi-tour pour finalement s’arrêter à la porte. Elle tourna la tête vers Yasmine, son regard dans le sien. « T’as raison je t’aime pas.  Enfin c’est pas que je t’aime pas toi. C’est plutôt que j’aime pas les gens comme toi.  T’as tout le temps l’air heureuse et pétillante et souriante, le genre à tout donner pour les autres et jamais pour soi. Alors pourquoi quand je te regarde dans les yeux j’ai l’impression qu’à n’importe quel moment ça va se briser en morceaux ? » Elle s’exprimait mal, ce n’était pas le message qu’elle voulait faire passer, pas comme ça, pas vraiment. Elle soupira, elle semblait incapable de trouver les bons mots. « Ecoute. Je te connais pas. Et c’est vrai que je t’ai peut-être jugé dès le moment où je t’ai vue. » admis-t-elle à contre cœur, la mâchoire serrée. « Mais… quand mon père est tombé malade, je me suis juste repliée sur moi-même et je crois que j’aurais voulu…j’aurais voulu que quelqu’un me force à m’exprimer peu importe les conséquences. Les sports de combat ça m’a aidé à m’en sortir, à exprimer toute la colère que je ressentais. »


@Yasmine Khadji  

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{i light the match to taste the heat}
crédits gif & code fiche/ (gificonic & malibu) ✰ w/ @Danika Riley

Elle ne savait pas exactement ce que Danika cherchait en lui posant cette question à propos de la légitimité des boxeurs qui gravitait autour d’elle, mais Yasmine lui répondit sans faire de pirouette "L’homme avec qui je suis a longtemps envisagé de passer professionnel, si ça peut répondre à ta question." Elle hocha la tête avec un très léger sourire, délaissant l’observation des bagues qu’elle portait aux doigts. Elle ignorait toujours un peu comment Edge en était venu à la boxe, toujours est-il qu’à force de discussion, elle avait été la plus à même de comprendre qu’une partie de sa personnalité, il la devait à la rigueur d’un sport comme celui-ci. Il avait tout arrêté depuis un bout de temps maintenant, et elle se demandait parfois si ça lui manquait; de ça, il ne semblait pas encore capable de parler, mais le fait qu’il avait remisé tous ses équipements de boxe dans une boîte bien scellée, ça n’avait pas besoin d’être verbalisé. Ça prouvait juste qu’il avait eu la peur de sa vie, et qu’il ne comptait pas s’y frotter de nouveau.

Tout ça, elle ne dit pas à Danika cependant, basant sa réticence sur son propre ressenti, et sur la manière qu’elle avait de minimiser ses propres capacités. La violence, ça n’avait fait partie qu’une seule fois de son monde, et ça l’avait assez traumatisée pour qu’elle sache que ce n’était pas une option envisageable pour elle, c’était tout "Tu parles comme une coach, je croyais que c’était pas ce que t’étais." lui rétorqua-t-elle en la voyant reprendre sur ses interrogations tandis que, sans remettre vraiment en doute sa volonté de la faire plier, elle se demandait ce que ça lui rapporterait, à elle, de la voir franchir le pas. Elles ne se connaissaient pas, elles n’arrêtaient pas de se le dire, fuyant le regard de la brune pour ne pas lui donner l’impression de vouloir sonder ses secrets, mais quand on en venait à dépasser ses propres aprioris, c’était qu’on devait être certain d’en tirer quelque chose. Elle avait beau se triturer l’esprit pour comprendre ce que se serait pour Danika, Yasmine ne réussissait pas mettre le doigt dessus "Ça a le mérite d’être clair." chuchota-t-elle finalement quand Danika lui confirma qu’effectivement, elle ne l’aimait pas, et si ce qu’elle ajouta lui serra le coeur, elle ne put s’empêcher de trouver ça profondément injuste qu’elle puisse se permettre de la juger de façon aussi éhontée sous le prétexte qu’elle essayait de garder la face quand ça n’allait pas — simplement parce que chacun avait son lot de choses compliquées à vivre, et qu’elle n’avait jamais été du genre plaintive. Elle haussa les sourcils "On m’a appris qu’il y a pire ailleurs, Danika. Je préfère être souriante que d’en vouloir à des inconnus parce qu’ils voient les choses autrement et de faire porter le poids de mes problèmes sur les épaules de la terre entière." C’était clairement une pique à son encontre. Ça l’agaçait dans le fond, et autant elle pouvait être patiente et mal à l’aise face au conflit, autant elle savait tout de même se défendre quand elle avait la sensation de ne pas mériter qu’on l’accule — et c’était le cas, maintenant. Elle était peut-être pétillante, mais Danika voyait juste, et ce qui brillait dans ses yeux en ce moment, c’était la somme des petits drames qu’elle avait vécu ces dernières semaines, alors elle n’avait pas besoin qu’on lui fasse des reproches, elle s’en faisait déjà assez pour ne pas adhérer à l’idée d’en recevoir davantage. Elle n’était peut-être pas la dernière à tendre l’autre joue, mais ça suffisait.
Elle se recala dans son fauteuil, et prise d’une certaine fierté malgré la tristesse qui voila son regard à la seconde où elle entendit Danika continuer, elle se figura combien elle donnait l’air de ne pas savoir y faire avec les mots; elle était peut-être bonne coach sportive, mais elle ne maîtrisait pas les pep-talk, c’était une certitude. Yasmine fronça les sourcils pour mieux comprendre ce qui lui échappait, et elle prit une petite inspiration en faisant le point sur ce que ça impliquerait de lui fournir la réponse qu’elle prépara en esprit, se lançant enfin après quelques secondes à la regarder sans tout à fait la voir "Ça a dû être dur pour toi." commença-t-elle, et puis elle avança sa chaise de bureau devant ce dernier, joignant ses mains dessus en prenant une nouvelle inspiration qui fit hausser ses épaules et gonfler sa poitrine "Je vais y réfléchir, d’accord? T’aurais un numéro à me donner si j’ai besoin d’infos concernant tout ça?" lui demanda-t-elle après un instant en sachant très bien que les infos, elle pourrait les avoir de la part d’Edgerton si jamais elle venait à vraiment considérer la proposition de la jeune femme — qu’elle regarda encore un peu, avant d’oser lui dire, cette fois-ci, s’étant contrainte  à garder ses regrets pour elle au début de leur conversation, mais prenant de plus en plus conscience qu’au-delà de sa rudesse, Danika méritait aussi qu’on fasse preuve d’égard à propos de son deuil "Je suis vraiment désolée pour ton père. C’est sincère."

rp terminé.