Si Rory était parvenu à garder la tête froide lorsque le lycée avait plongé dans l'horreur et qu'il était apparu urgent d'aider d'autres élèves, c'était bien différent maintenant que Swann venait d'entrer dans les vestiaires, l'endroit même où le corps de cette étudiante avait été retrouvé. « Je le sens vraiment, vraiment pas. » Et lui n'avait vraiment, vraiment pas besoin qu'Harry vienne en rajouter une couche alors qu'il s'inquiétait déjà de savoir Swann à l'intérieur, parti devant justement pour éviter de confronter les moins rassurés à ce qui s'y trouvait. « Oui Harry, on a entendu les dix premières fois où tu l'as dit. » Harry partit ainsi se rasseoir tandis que Rory guetta le moindre bruit pouvant provenir des vestiaires. Si qui que ce soit d'autre que le blond devait s'y trouver, il comptait se tenir prêt à réagir. Et pour le défendre lui, il ne ferait aucun cadeau. « Swann, tout va bien ? » Il était entré il y a seulement quelques minutes, Rory savait que s'il ne disait rien c'était probablement parce qu'il prenait le temps d'explorer les lieux. Et puis, c'est Swann lui-même qui l'avait dit : il y avait peu de chances que le tueur revienne sur les lieux de son premier crime, l'endroit n'était donc théoriquement pas moins sûr qu'un autre. Mais c'était ce théoriquement qui continuait de répandre cette angoisse à l'intérieur de son être. « Tu vois quelque chose ? A part... » A part ce cadavre qui trônait peut être encore au milieu d'une mare de sang. Cette seule pensée l'attristait autant qu'elle le paralysait : Rory avait deux sœurs, dont une qui quelques années en arrière fréquentait elle aussi ce lycée. La lycéenne assassinée en ces lieux devait bien avoir une famille, elle aussi. A défaut d'avoir à protéger la sienne aujourd'hui, Rory veillerait sur Swann autant que sur leurs amis comme s'ils en faisaient partie. Ses sentiments pour le footballeur lui valaient déjà de le considérer comme tel, de toute façon.

« Je vais le rejoindre. Madison, tu cries si tu vois quoi que ce soit. » Elle saurait sans aucun doute remplir cette mission si le moindre danger devait approcher, c'est la raison pour laquelle Rory la lui confiait. Gagnant à son tour l'intérieur des vestiaires, son regard balaya les lieux avec appréhension tandis qu'il distingua la silhouette de Swann se mouvoir doucement dans la pénombre. Il reconnut ses bouclettes claires et son dos, pour être capable de les discerner entre mille. S'approchant, sa main trouva naturellement place sur son épaule. « C'est rien, c'est moi. » Et non pas un quelconque tueur, le regard doux et d'ors et déjà un peu moins inquiet qu'il posa sur lui ne lui voulait au contraire aucun mal. A l'extérieur de la salle, le reste du groupe était au moins épargné par le spectacle qui se tenait ici. En plus d'être sombres et inhospitaliers, les lieux avaient gardé la trace du terrible crime qui y avait été commis. L'odeur qui s'y répandait, elle, était indescriptible. Au moins, ils étaient tous les deux. « Mon dieu, cet endroit me glace le sang... » Ils n'y resteraient pas une seule minute de plus que nécessaire, mais ils avaient promis à Oscar de mettre la main sur sa paire de lunettes de rechange et par la même occasion, de chercher de quoi se défendre si le tueur devait se mettre à leurs trousses. Avec autant de casiers à leur disposition, il était impensable qu'ils ne trouvent rien dont ils puissent se servir. Et à propos. « J'ai trouvé ce skateboard en entrant, c'est sûrement pas l'arme la plus redoutable qu'on pourra trouver, mais... c'est un début. » Autant dire qu'il n'avait jamais considéré faire ce genre d'usage d'un skateboard, mais il ne verrait sûrement plus jamais des vestiaires de la même façon non plus. « Oscar dit que son casier est le 24. » Ainsi ils sauraient où chercher les fameuses lunettes, parmi d'autres trouvailles peut être.

Les bruits de l’autre côté de la porte ne sont justement que des bruits. Si Swann pense pouvoir distinguer la voix de son cher et tendre, il n’arrive pourtant pas à déchiffrer le moindre mot, la moindre syllabe. Sans doute que les pulsations de son propre coeur sont déjà trop sonores pour pouvoir prêter attention à l’extérieur ; le nier serait stupide. Bien sûr qu’il a peur : un tueur rôde dans les couloirs de son lycée et il a déjà tué. Il ne le niera pas, mais il ne cédera pas à la panique non plus, parce que Rory compte sur lui, parce que le groupe en fait autant. Il n’est pas plus qualifié que les autres pour cette tâche mais au moins il est volontaire. Si cela peut leur éviter des années de traumatisme à la vue d’un corps sans vie, alors il est prêt à affronter cette épreuve à leur place. Tout ce qu’il se contente de faire, c’est de tenter de réduire au maximum l’odeur nauséabonde émanant du corps en posant simplement la manche de sa veste contre son nez. En vain, bien sûr, et si maigre changement il y a, ce n’est que psychologique.

Il sursaute lorsque la main du brun se pose sur son épaule mais se calme aussitôt lorsqu’aux gestes se joignent les mots. « C'est rien, c'est moi. » Il souffle aussitôt, venant poser sa propre main par dessus celle du brun pour ne se retourner que dans un second temps. “J’allais te mettre mon poing dans la figure.” Il murmure, bien plus amusé qu’honteux à cette idée. Swann sait qu’il aurait le réflexe d’arrêter son geste à l’instant même où il aurait vu son visage, il n’émet pas le moindre doute à ce sujet. Il est la seule chose synonyme de bien dans toute cette funeste pièce ; et dans toute sa vie sans doute, mais une chose à la fois. « Mon dieu, cet endroit me glace le sang... » L’anglais n’ajoute rien, ne pouvant nier une telle évidence. Chaque nouveau pas amène une nouvelle effluve et avec elle l’envie grandissante de vomir tout son dîner et les quelques verres de punch qu’ils ont eu le temps de partager.  « J'ai trouvé ce skateboard en entrant, c'est sûrement pas l'arme la plus redoutable qu'on pourra trouver, mais... c'est un début. » - “ ‘Faites attention monsieur le tueur, j’ai un skateboard, vous ne pourrez pas nous attaquer!’” Il murmure toujours un peu plus près de lui, tentant de trouver de quoi les divertir dans un instant qui ne laisse pas place à la moindre once de joie. Bientôt, ils devront recommencer à chercher les lunettes d’Oscar mais Rory a raison sans le savoir : ils doivent aussi pouvoir se défendre, au cas où. Swann n’y avait simplement pas pensé et il n’aurait de toute façon pas abordé un tel sujet devant Harrison mais maintenant tout lui semble couler de source. Lui aussi doit trouver quelque chose, peu importe ce que c’est. “Je vais chercher si je trouve pas quelque chose d’utile, moi aussi.” Une arme, voilà ce qu’il cherche réellement, sans pour autant oser poser de mots dessus, de peur de rendre les choses un peu trop réalistes encore une fois.

« Oscar dit que son casier est le 24. »
“Rory…” Il entame doucement, glissant rapidement sa main dans la sienne dans le seul but de le rassurer. Il n’aime déjà pas ce qu’il s’apprête à lui dire. “C’est dans l’allée où se trouve le corps.” Et il déteste avoir à dire ‘le corps’ de façon aussi impersonelle, lui qui ne connaît pourtant pas l’identité de la victime. Il déteste avoir à faire d’elle un simple objet pour tenter de rendre les choses moins difficiles, là où elles ne peuvent que l’être. “On peut essayer de trouver à chacun de quoi se défendre et après… Après on ira chercher ses lunettes ?” Il repousse lâchement le problème à plus tard, simplement parce qu’il sait qu’il ne pourrait pas l’affronter de suite et qu’il refuse de le reléguer à Rory. Il ira chercher ces lunettes, il l’a promis. Simplement pas de suite. Objectivement parlant, trouver de quoi se protéger est tout aussi important. Pour le moment, Oscar peut compter sur les yeux de tout le groupe. “J’ai commencé à ouvrir les casiers, beaucoup ne sont pas fermés à clés… Y’a pas grand chose de vraiment utile mais on sait jamais. Y’avait un ballon de basket, on le donnera à Madison, elle aura sûrement le réflexe de le jeter sur le tueur dès qu’elle le verra.” Par peur bien plus que par envie de le mettre hors d’état de nuire mais ce n’est pas grave, ça. Tant que ça l’empêche de tuer une autre personne.

Personne au sein du groupe d'élèves n'avait tenté de le retenir lorsque Rory avait tenu à rejoindre Swann, chacun ayant sans doute compris que rien au monde n'aurait pu le faire changer d'avis. Celui qu'il aimait était seul derrière cette porte, là où avait été commis un crime affreux. Il était sans renfort, sans arme, sans aucune idée de ce qu'il pourrait trouver ni de qui il pourrait rencontrer. Les inconnues étaient aussi nombreuses qu'elles étaient effrayantes : sa place était à l'intérieur de cette pièce, avec lui. Ils avaient promis de s'en sortir ensemble et c'est à deux qu'ils livreraient bataille si nécessaire. Le faire sursauter n'était pas ce que Rory voulait au moment de s'approcher, mais Swann semblait aller bien et c'était tout ce qui comptait. “J’allais te mettre mon poing dans la figure.” « Dommage, j'y aurais vu un bon coté si tu avais du me soigner. » Non pas qu'il pense un seul instant que Swann aurait pu le frapper même par inadvertance, il en était bien incapable. « Monsieur le futur médecin. » Son sourire s'étira avec une douceur qui contrasta l'espace d'un instant avec ces lieux d'une atmosphère lourde et glaciale. Rory n'en oubliait pas où ils se trouvaient et il le savait, relâcher leur vigilance pourrait les mettre en danger. Il resterait donc à l'affût du moindre bruit suspect, aussi tentant que ce soit de se persuader que rien ne pouvait les atteindre lorsqu'ils étaient tous les deux. “‘Faites attention monsieur le tueur, j’ai un skateboard, vous ne pourrez pas nous attaquer!’” Si sa main n'avait pas rompu le contact avec la sienne, la seconde vint asséner un léger coup de poing affectueux sur l'épaule du blond. « C'est sournois d'essayer de me faire rire alors qu'on est censés être discrets, tu le sais ? » Bien sûr qu'il le savait et que Swann essayait de lui faire oublier l'angoisse qui lui rongeait le ventre quand il lui suffisait de regarder autour d'eux pour voir un paquet de raisons pour lesquelles rester ici semblait être la pire idée qui soit. Swann était comme ça ; il ravivait l'espoir partout où il passait et Rory en était chaque fois plus amoureux et attendri. Sans lui, rien de tout ça ne serait supportable. “Je vais chercher si je trouve pas quelque chose d’utile, moi aussi.” Si ce skateboard n'était pas leur meilleur atout, ils trouveraient sans doute mieux en fouillant cet endroit. A commencer par ces casiers.

“Rory…” C'est la première fois qu'il l'entendait prononcer son prénom avec si peu d'assurance, causant au brun une inquiétude supplémentaire. “C’est dans l’allée où se trouve le corps.” Oh. Tout de suite, l'idée de commencer par le casier d'Oscar était bien moins attrayante. Ils ne pourraient pas éviter de faire face au cadavre de leur camarade, ils le savaient, mais ils gagneraient à se concentrer sur leur quête avant d'avoir possiblement envie de ressortir de là en courant. “On peut essayer de trouver à chacun de quoi se défendre et après… Après on ira chercher ses lunettes ?” Oscar étant pour l'instant en sécurité, ils pouvaient changer l'ordre de leurs priorités. « Oui, bien sûr. On va faire ça dans l'ordre et prendre aucun risque. Plus on trouvera d'armes, mieux on pourra se défendre. » Ils n'avaient pas plus envie l'un que l'autre de livrer quel qu'affrontement que ce soit, qui plus est face à un tueur qui avait déjà fait au moins une victime – qui sait combien d'autres. Mais ils le devraient sans doute, et ils s'y préparaient. « Ils nous attendent devant la porte, chacun sait ce qu'il a à faire. Si jamais ça tourne mal... » Tout irait bien, mais il se devait de l'envisager. « On sera vraiment en mesure de les protéger. » Le groupe comptait sur eux et deux armes ne suffiraient peut être pas à tous les protéger : plus ils seraient efficaces dans leur exploration, plus ils auraient de chance de s'en sortir par la suite. “J’ai commencé à ouvrir les casiers, beaucoup ne sont pas fermés à clés… Y’a pas grand chose de vraiment utile mais on sait jamais. Y’avait un ballon de basket, on le donnera à Madison, elle aura sûrement le réflexe de le jeter sur le tueur dès qu’elle le verra.” Il eut un sourire, plus nerveux qu'il l'aurait voulu. « Si elle nous prend pas pour lui et nous assomme pas à sa place. » Est-ce que c'était une possibilité ? Au fond, qu'est-ce qui ne l'était pas ?

Inspectant les casiers, Rory ne fit pour l'heure aucune découverte significative. « C'est le moment où tu m'avoues que tu gardes depuis tout ce temps un couteau de boucher dans ton casier ? Parce que si c'est le cas, je promets de poser aucune question. » Et de ne pas reconsidérer l'idée de lui offrir son cœur autant que sa confiance : Swann saurait de toute façon donner une explication convaincante sans même qu'il ne la demande. « Le mien contient rien qui puisse nous aider, mais... je me rappelle que Dylan, mon voisin de casier, gardait toujours des trucs bizarres dans le sien. Il est ouvert, ça vaut le coup de vérifier. » Connaître le propriétaire du casier qu'ils s'apprêtaient à ouvrir l'aurait mis mal à l'aise dans d'autres circonstances, mais pas ici. Il laissa ainsi Swann l'ouvrir et en examiner le contenu. « Pitié, dis-moi que y'a autre chose que des magazines cochons. » Ne serait-ce qu'un stylo bille. Ils lui trouveraient bien une utilité, non ?

« Dommage, j'y aurais vu un bon côté si tu avais dû me soigner. Monsieur le futur médecin. » Rory voit déjà en lui l’homme qu’il est encore loin d’être, pas même tout à fait sorti de l’adolescence pour le moment encore. Pourtant, à son tour, ses paroles ont le pouvoir de le rassurer quelque peu. En cet instant, le moindre sourire et la moindre assurance n’est pas de trop. “Ne dis pas des choses comme ça.” Ses doigts glissent à peine contre son flanc, voulant adoucir ses reproches, déjà prononcés d’une voix calme et posée. Ce n’est qu’une simple demande de sa part, en réalité, et il n’a nullement envie d’envisager un scénario dans lequel Rory se retrouve blessé d’une quelconque façon. L’idée lui plaît d’autant moins alors qu’il sait que la blessure ne viendrait jamais de sa propre personne mais qu’elle a tous les risques de provenir d’une autre ; un tueur rôdant dans les couloirs, par exemple. Il ne se ferait pas prier pour jouer au médecin personnel de l’australien mais serait d’autant plus heureux de ne pas avoir de travail à faire, ne voulant éternellement que son bien. « C'est sournois d'essayer de me faire rire alors qu'on est censés être discrets, tu le sais ? » Il sait, tout comme il sait que Rory le connaît assez bien pour anticiper le fait qu’il n’essaye par là que de le rassurer alors que le contexte ne s’y prête pas le moins du monde. Ses talons se décollent à peine du sol, une fois de plus, pour simplement venir l’embrasser contre sa mâchoire. Ce geste-là a le même but de le rassurer mais il ne pourrait pas se plaindre qu’on le fasse rire. Et Swann, lui, ne voit étrangement aucun inconvénient à l’application de ce nouveau plan.

Bien malgré lui, ses pieds retrouvent le sol et son corps une distance raisonnable avec celui du footballeur. L’odeur du corps lui revient au nez, il ne rêve déjà plus que de s’enfuir. Pourtant, le groupe a trop besoin de moyens de défense et Oscar de ses lunettes pour qu’ils puissent faire demi-tour. Ils ont déjà fait la moitié du travail. Il hoche la tête à chacune de ses paroles, les deux garçons tombant d’accord sans aucun mal sur le plan à suivre. « Si elle nous prend pas pour lui et nous assomme pas à sa place. » Sacré Madison. “Je doute qu’elle puisse te confondre avec qui que ce soit d’autre, toi. Encore moins qu’elle veuille te faire du mal.” Swann joue avec un bouton de sa chemise au niveau du torse du footballeur, préférant y donner toute son attention l’espace d’une seconde plutôt que de le regarder dans les yeux. S’il sourit sans mal, il est aussi évident que ses paroles sont teintées d’une certaine forme de jalousie, pourtant peu ancrée. La façon que Madison a de montrer son attirance pour Rory l’amuse, au fond - tant qu’elle reste éconduite.

Soucieux de quitter au plus vite cet endroit (après avoir sans doute passé trop de temps à observer le bleu des yeux de Rory et les différents traits de son visage), les deux footballeurs se mettent finalement à la tâche et recherchent des armes à donner à chacun. Ou tout ce qui ressemble de loin à une arme, disons. « C'est le moment où tu m'avoues que tu gardes depuis tout ce temps un couteau de boucher dans ton casier ? Parce que si c'est le cas, je promets de poser aucune question. » L’idée rigole doucement, discretion oblige. “J’aimerais remonter le temps et avoir cette idée.” La chose la plus intéressante que Rory pourrait trouver dans son casier sont des tonnes de lettres lui étant adressées et qu’il n’a jamais eu le courage d’envoyer, de poser dans son casier, ou encore moins de lui remettre en mains propres. Les mots posés sur papier ne connaissent que le silence froid du casier. « Le mien contient rien qui puisse nous aider, mais... je me rappelle que Dylan, mon voisin de casier, gardait toujours des trucs bizarres dans le sien. Il est ouvert, ça vaut le coup de vérifier. » L’anglais s’éxecute aussitôt, n’ayant pour sa part rien trouvé d’intéressant dans aucun des casiers ouverts. Il commence peu à peu à perdre espoir et craint de devoir revenir vers leurs amis de fortune sans rien pour les défendre et les rassurer. « Pitié, dis-moi que y'a autre chose que des magazines cochons. » Ses mains soulèvent chaque magazine, chaque préservatif (dont il doute qu’ils soient réellement fermés dans leur étui), et à force il ne sait plus ce qui le dégoûte le plus entre le contenu du casier ou l’odeur ambiante. “J’ai un pic à glace. Je crois que c’est pas si mal que ça, à en juger par les autres armes qu’on a.” Surtout quand on sait qu’il qualifie soudainement un skateboard et un ballon de basket comme des armes. A défaut de mieux, ils s’adaptent. “Je donnerai le ballon à Oscar et je garde le pic.” Parce que si quelqu’un doit prendre la responsabilité d’une arme capable de tuer un homme, il préfère encore que ce soit lui. "Tu as trouvé des trucs intéressants ? J'ai des cymbales... je crois que c'est le moins pire que j'ai trouvé, en fait. A coup portant, ça devrait faire des dégâts." Il n'en sait rien, il n'a jamais étudié la dangerosité des cymbales sur un être humain. Le blond se contente d'espérer qu'ils n'aient pas à utiliser la moindre arme, voilà tout.
Ne reste plus qu'à trouver les lunettes d'Oscar.

“Ne dis pas des choses comme ça.” Le sourire de Rory se teinta de douceur, comme s'il formulait du bout des lèvres un Je suis désolé qui prit finalement la forme d'une caresse contre la joue de Swann. Désolé, il l'était de toute cette situation comme de n'avoir pas su profiter des occasions qui s'offraient à eux pour lui ouvrir son cœur comme il en avait envie depuis le premier jour. C'est maintenant qu'ils risquaient de croiser la route d'un tueur qu'il réalisait tout ce qu'il avait à perdre. A commencer par lui, dont il se rapprocha à son tour par besoin de respirer son parfum et de toucher sa peau. Le baiser que Swann déposa contre sa mâchoire, lui, valut à ses joues de se colorer comme lorsqu'il l'avait rejoint au bal, avant ce qui devait être une magnifique soirée. Et elle restait belle tant qu'il restait près de lui, même dans un moment où la peur n'était jamais loin. « Tu sais de quoi je rêve, là ? » Hormis de mettre Swann à l’abri de ce tueur, ce pour quoi il n'hésiterait pas à donner sa vie. « M'enfuir avec toi quand tout ça sera fini. » Voler la voiture de son père, rouler jusqu'à ce qu'ils n'aient plus d'essence et décider de ne revenir que quand ils l'auraient décidé. « Personne ne m'empêchera de le faire, pas même un type armé d'un couteau. » Et il ne ressentait pas seulement le besoin de le dire pour se rassurer, il voulait aussi l'assurer à Swann en le regardant droit dans les yeux pour qu'il puisse voir combien il le pensait. Combien il n'était pas seulement question de survivre à cette soirée, mais aussi de préserver l'avenir qu'il avait bien l'intention d'écrire avec lui. C'est sur son cœur, finalement, qu'il déposa la main du blond comme meilleure preuve qu'il était celui qui le faisait battre. Le seul. “Je doute qu’elle puisse te confondre avec qui que ce soit d’autre, toi. Encore moins qu’elle veuille te faire du mal.” Oh, Swann. « Elle m'intéresse pas du tout, tu sais. » Bien sûr que Swann n'irait jamais en douter, malgré tout la précision lui paraissait nécessaire. « C'est de toi dont je suis amoureux. Et si je craignais pas de la voir se vexer et décider de faire cavalier seul au pire moment, j'aurais déjà mis les choses au clair. » Il le ferait plus tard, lorsque la peine qu'il pourrait causer à la jeune femme ne risquerait plus de lui coûter la vie. Ça aussi, c'était une promesse.

Se protéger impliquait de réunir assez d'armes potentielles pour défendre l'ensemble du groupe, et ici au moins ils ne devraient pas rester démunis bien longtemps. “J’aimerais remonter le temps et avoir cette idée.” « J'aimerais remonter le temps et te proposer de sécher ce bal pour aller voir un film tous les deux. » Son regard s'attrista mais Rory lutta contre des regrets qui, il le savait, ne leur seraient d'aucun secours. A défaut de pouvoir réécrire le passé, il comptait bien tout entreprendre pour lui offrir mille autres soirées bien meilleures à celle-ci une fois qu'ils seraient sortis d'ici. Et aussi déroutant que ce puisse être, leur meilleure chance s'avérait pour l'instant être son voisin de casier aux goûts réputés pour être particuliers. “J’ai un pic à glace. Je crois que c’est pas si mal que ça, à en juger par les autres armes qu’on a. Je donnerai le ballon à Oscar et je garde le pic.” Un pic à glace ferait une bien meilleure arme qu'un skateboard, c'est certain. « Parfait. Je veux même pas savoir ce qu'il pensait faire avec ça. » Probablement rien d'aussi utile que l'usage qu'ils auraient peut être à en faire, et ça lui suffisait largement. "Tu as trouvé des trucs intéressants ? J'ai des cymbales... je crois que c'est le mqoins pire que j'ai trouvé, en fait. A coup portant, ça devrait faire des dégâts." Concentré à examiner l'intérieur du casier face à lui, Rory grimaça en comprenant qu'il ne ferait décidément pas de pioche aussi intéressante. Ce qui ne serait pas si problématique si l'enjeu n'était pas vital, littéralement. « On peut sûrement dire la même chose de l'agrafeuse que je viens de trouver. Je préfère penser qu'on se retrouvera pas suffisamment proche de lui pour en avoir l'utilité, mais... » Mais c'était une éventualité et toute arme pourrait être bonne à prendre pour avoir le dessus. Rory ne s'était jamais imaginé nuire à quelqu'un, mais il y avait des choses avec lesquelles il apprendrait à vivre si c'était nécessaire. « Oh, j'ai trouvé cette boule magique aussi. Elle est pas assez lourde pour servir d'arme, mais lancée à toute vitesse ça peut sûrement... faire mal ? » Avec un coup bien placé et un peu d'élan, qui sait. « Je peux la garder avec moi, j'aurai qu'à imaginer que c'est un ballon ovale. » Et cette pensée lui tira un sourire. A présent, il leur restait à accomplir le reste de leur mission : trouver les lunettes.

« Je passe devant, cette fois. » Il lui intima doucement, s'assurant que Swann et lui avaient récupéré leurs meilleurs trouvailles avant de le devancer dans l'exploration du reste des vestiaires. Devinant après quelques pas que la forme sombre sur le sol était le corps sans vie de leur camarade et que la flaque autour d'elle était son propre sang, Rory sentit un haut le cœur lui remonter jusque dans la gorge. Le cœur serré par cet effroyable spectacle, il tenta de rassembler ses esprits pour ne pas perdre de but leur objectif. Se tournant vers Swann, il effleura sa main dans une caresse qu'il espérait rassurante. « Ça va aller ? On a bientôt fini, je récupère juste ses lunettes et... » Soudain, un bruit sourd provenant du fond des vestiaires lui coupa la respiration. Le casier d'Oscar n'était plus qu'à deux mètres, mais ses sens se trouvaient perturbés. « Swann, t'as entendu ça ? » Il voudrait avoir rêvé ce bruit, mais le regard qu'il échangea avec le blond n'eut plus rien de rassuré. La crainte qui lui secouait le ventre fut perceptible jusque dans sa façon d'ouvrir le casier de leur ami pour en extraire à toute hâte la paire de lunettes. « On a tout ce qu'on cherchait, on devrait... aller les rejoindre. » Peu importe ce que ce bruit était, Rory préférait quand son cœur s'affolait uniquement par amour pour Swann.

« Tu sais de quoi je rêve, là ? » L’anglais a bien trop d’hypothèses en tête et aucune qui ne semble plus réaliste que les autres. Il se contente de bouger lentement la tête de droite à gauche, le fantôme de la main de Rory contre sa joue. « M'enfuir avec toi quand tout ça sera fini. » Il sourit aussitôt, doucement, tendrement. Oh, si seulement il avait les mots pour lui faire comprendre à quel point il l’aime et ne peut que trouver de nouvelles raisons d’approfondir ce sentiment à chacun de ses mots. « Personne ne m'empêchera de le faire, pas même un type armé d'un couteau. » - “Et surtout pas moi.” Le blond ne veut pas faire revenir l’attention sur sa personne par mégalomanie (trait de caractère n’étant pas sien) mais bien parce qu’il espère ainsi naïvement le faire penser à autre chose que le tueur arpentant les couloirs de leur université. Bientôt, ils seront de nouveau libres de s’aimer sans le moindre souci autre que celui de la vie d’adulte qui les attend. La main qu’il dépose contre son cœur est rapidement rejointe par celle de Swann, ses doigts se frayant une place entre les siens. “On partira ensemble, quand tout sera fini.” Alors Swann répète, assure, susurre. Ils partiront ensemble puisqu’il est de toute façon inenvisageable qu’un deux n’arrive pas à s’en sortir.

Le sujet de Madison est abordé rapidement, simple besoin adolescent d’être éternellement rassuré dès lors qu’il s’agit d’amour. Il le sait, pourtant, qu’il l’a toujours éconduit et qu’il continuera toujours de le faire alors que tout le lycée rêve qu’elle ne leur accorde rien qu’un regard. « Elle m'intéresse pas du tout, tu sais. » Sa main exerce une pression supplémentaire contre la sienne. Je sais. « C'est de toi dont je suis amoureux. Et si je craignais pas de la voir se vexer et décider de faire cavalier seul au pire moment, j'aurais déjà mis les choses au clair. » - “T’en fais pas pour ça, surtout ce soir. J’ai confiance en toi.” Et il est désolé d’avoir abordé le sujet au pire moment autant que de lui imposer une conversation difficile et inopinée. “Et je t’aime aussi.” Les paroles les plus importantes sont annoncées après quelques secondes de silence, nécessaires pour marquer leur importance. L’adolescence amène de nombreux doutes mais pas celui de son amour pour lui, même dans un instant pareil. Sa main sentira son cœur s’accélerer sans que ce soit le moindre indice de mensonge.

Un ballon de basket, un skateboard, un pic à glace, des cymbales, une agrafeuse et … une boule magique. Voilà tout ce qu’ils ont su trouver comme armes : leur groupe ne pourrait pas se défendre contre une armée de zombies. Au fond de lui, Swann espère plus que jamais qu’ils ne rencontreront jamais le tueur, non par peur d’y être confronté mais bien par peur que quelqu’un ne puisse pas se défendre. Ils risquent trop, bien trop, et même Madison ne mérite pas de mourir, même alors qu’il ne la porte pas dans son coeur et bien au contraire. “On trouvera sûrement d’autres choses plus tard. C’est un bon début.” Il espère surtout que plus tard ils ne seront plus dans le lycée. Ils doivent s’enfuir, pas jouer au plus héroïque. La police a sûrement été prévenue et sera bien plus compétente qu’eux. « Je passe devant, cette fois. » Une boule dans la gorge l’empêche de protester pour épargner Rory d’une telle vision d’horreur. Lui aura à disséquer des cadavres durant ses études, il doit être capable de supporter la vue d’un corps froid : Rory, lui, n’aspire pas à de telles choses. Il aurait voulu le protéger, il l’aurait sincèrement voulu. Pourtant, c’est bien le footballeur qui s’avance le premier. « Ça va aller ? On a bientôt fini, je récupère juste ses lunettes et... » Leurs deux paires d’yeux défigurent soudainement la source du bruit, incapables de la définir avec précision. De la définir, tout simplement. « Swann, t'as entendu ça ? » Nul besoin de lui répondre, la question est rhétorique. Ils l’ont entendu tous les deux, en témoignent les gestes soudainement précipités de Rory et les environs que Swann ne peut pas s’empêcher d’inspecter frénétiquement, à la recherche d’une ombre, d’un couteau, d’un nouveau cadavre. De quoi que ce soit d’anormal. « On a tout ce qu'on cherchait, on devrait... aller les rejoindre. » Leurs pas se précipitent vers la sortie sans que l’anglais n’ajoute le moindre mot, ouvrant déjà la porte pour que le brun puisse en sortir le plus rapidement possible, armé de bric et de broc et des lunettes d’Oscar. Son coeur bat la chamade, le groupe les dévisage à peine le pas de la porte franchie. Swann la referme derrière lui mais ne se dégage pas de la poignée, fermement tenue dans son dos par ses doigts crispés, fermés. “On leur dit pas ce qu’on a entendu. Ça peut être n’importe quoi.” N’importe quoi, mais surtout un tueur. Pourtant, ils ne peuvent pas prendre le risque de les faire paniquer pour rien. “Je suis désolé de pas avoir pu aller chercher les lunettes moi-même. Je suis tellement désolé.” Il aurait pu le protéger, il le voulait terriblement, mais son manque de force l’en a empêché. Ses mots bas empêchent le reste du groupe de les entendre : ils doivent être habitués aux messes basses, désormais. “Hey, erm, les gars, on a trouvé de quoi se défendre, au cas où.” Chacun comprendra les raisons d’un ‘au cas où’, il n’a pas besoin d’ajouter plus d’explications. “Et Rory a trouvé tes lunettes, Oscar.” Trop touché, trop chamboulé, Swann a perdu de l’attitude de leader que le brun lui avait attribué. Sa voix se casse parfois, et même si tout reste très faible, il ne peut que le remarquer lui-même. S’éclaircissant la voix pour reprendre le dessus de ses émotions, il se redresse et décide de reprendre les devants et recommencer à avancer. Les différentes armes sont distribuées rapidement, aléatoirement. “Je sais pas si on devrait chercher une issue ou attendre les secours.” Les confessions sont faites à Rory, comme toujours. Il a peur de décevoir les autres et plus encore de demander leur avis.

“On partira ensemble, quand tout sera fini.” Si tout autour d'eux l'obscurité des lieux rajoutait à l'atmosphère étouffante de ces vestiaires, le regard de Rory en revanche brillait d'un éclat sans pareil. Doux, attendri, amoureux. Ces mots étaient tout ce qu'il espérait entendre, tout ce dont il avait aussi besoin pour affronter cette soirée et garder espoir que les choses s'arrangeront forcément. Il ne pouvait pas en être autrement, parce qu'il comptait bien faire cette virée avec lui tout autant qu'être heureux pendant un très, très long moment. Ce n'était pas ce soir que leur histoire prendrait fin, ils avaient encore bien trop de choses à vivre ensemble et d'occasions de s'aimer. Un tueur sévissait entre ces murs mais à cet instant sa seule préoccupation consistait à le rassurer à son tour, sans jamais rompre ni leur proximité ni le contact de ses doigts ceux de Swann. “T’en fais pas pour ça, surtout ce soir. J’ai confiance en toi.” Rory, déjà plus heureux qu'il n'aurait jamais pensé pouvoir l'être dans un moment pareil, le fut bien plus encore la seconde suivante. “Et je t’aime aussi.” Et parce qu'il n'envisageait pas d'autre façon de lui faire comprendre qu'il donnerait tout pour réécrire cette soirée et se retrouver avec lui là où leur unique préoccupation consisterait à se répéter qu'ils s'aimaient, Rory rapprocha son visage du sien pour venir cette fois embrasser ses lèvres, dans un baiser qu'il s'était retenu de lui offrir durant de trop longues minutes. Ainsi ils ne garderaient pas que des souvenirs douloureux de cette soirée. « J'ai hâte de pouvoir dire à Ginny combien son frère est le garçon le plus formidable et courageux que j'ai jamais rencontré. » A tel point que son sourire s'étirait encore rien qu'à cette idée. Ils auraient bien des choses à raconter à sa sœur, mais Rory veillerait à mettre l'accent sur les plus belles, comme toujours.

Encore faudrait-il qu'ils s'en sortent, mais l'inverse n'était toujours pas envisageable. Ils ne pourraient compter que sur des armes peu redoutables, mais leur détermination n'avait pas changé. Ils étaient deux – sept, même – et le tueur était a priori seul. “On trouvera sûrement d’autres choses plus tard. C’est un bon début.” On ne peut plus d'accord, Rory hocha doucement la tête tandis qu'ils se focalisèrent sur la deuxième partie de leur mission. La plus périlleuse, non pas parce que trouver une paire de lunettes avait quoi que ce soit de difficile, mais parce qu'ils ne pourraient cette fois pas faire autrement que de se retrouver face au cadavre. C'est la raison pour laquelle Rory insista cette fois pour passer le premier, sachant que dans le cas contraire Swann penserait devoir lui épargner ce tragique spectacle. Il l'aimait pour la dévotion qu'il ne cessait d'offrir aux autres, à commencer par lui, mais c'était son rôle de s'assurer qu'il puisse aussi être protégé de la cruauté de ce monde. A lui, cette fois, de veiller sur lui comme Swann veillait sur les autres. Très vite pourtant, la présence du corps de l'étudiante fut relégué à la deuxième place de leurs préoccupations : un bruit suffit à mettre tous leurs sens en alerte et à leur rappeler qu'ils n'étaient nullement en sécurité avec un tueur dans les parages. Les lunettes d'Oscar à peine en leur possession, ils s'empressèrent de retrouver le groupe. Leur cœur battant encore à tout rompre, Rory ne put que poser un regard soucieux sur son petit-ami, dont l'émotion était perceptible. “On leur dit pas ce qu’on a entendu. Ça peut être n’importe quoi.” « Oui, inutile de les inquiéter. » Leurs camarades n'avaient pas à savoir par quel sentiment d'angoisse ils venaient de passer, chacun déjà assez stressé comme ça. “Je suis désolé de pas avoir pu aller chercher les lunettes moi-même. Je suis tellement désolé.” Profitant que Swann soit le seul à pouvoir entendre ces mots, Rory redoubla de douceur au moment de le rassurer. « Eh, tout va bien. Tu en as déjà fait beaucoup, pour eux mais aussi pour moi. Je pouvais pas te laisser te sacrifier une nouvelle fois. » Son regard s'attrista à l'idée qu'il pense devoir lui présenter quelconque excuse. Loin de là, Swann n'avait en rien failli à son rôle. « Je veux pas que tu t'en veuilles pour ça, s'il te plaît. C'est moi qui ai choisi de passer le premier et je le referais sans hésiter. » Parce qu'à ses yeux aussi le protéger du moindre mal importait bien plus que tout le reste.

“Hey, erm, les gars, on a trouvé de quoi se défendre, au cas où. Et Rory a trouvé tes lunettes, Oscar.” Acquiesçant doucement aux paroles de Swann, Rory tendit sa paire de lunettes à Oscar qui ainsi retrouvait sa pleine autonomie. « Tiens, j'espère que ça va t'aider. » « Oui, merci à tous les deux. J'y vois bien mieux maintenant. » Et il n'aurait surtout plus à dépendre de Madison pour se repérer, ce qui serait un soulagement compte tenu du fait qu'un tueur rodait toujours et que ce lycée restait un endroit dangereux. Tout comme chacun serait sûrement soulagé de pouvoir compter sur une arme avec laquelle se défendre, peu importe les armes en question. “Je sais pas si on devrait chercher une issue ou attendre les secours.” Les interrogations de Swann étaient les mêmes que les siennes, lui aussi se demandant à présent ce qui serait le mieux. « Oscar a récupéré ses lunettes mais la cheville de Clara a encore besoin de repos. Je me dis qu'on ferait peut être mieux de chercher une planque au cas où le tueur nous tomberait dessus par surprise. » Il était le seul à qui il pouvait confier ses craintes, le reste du groupe devant être inquiété le moins possible. « J'ai aucune idée de s'il était à l'origine de ce qu'on a entendu, mais... il doit sûrement attendre qu'une occasion pour faire plus de victimes. On sera plus en sécurité en se mettant à l'abri. Quand la police arrivera, ils fouilleront le lycée et on pourra enfin sortir d'ici. » Quand la police arrivera, autrement dit personne ne savait pour l'instant combien de temps ça prendrait. « Tu en dis quoi ? Tu penses à un endroit sûr ? » Rory sonda son regard avec le besoin de lui faire sentir qu'il ne ferait rien s'il avait le moindre doute. Son cœur lui dictait de mettre Swann et les autres à l'abri, mais il n'en déciderait pas seul.

Ce n’est ni le lieu ni le moment pour enfin se décider à embrasser Rory mais une fois le geste initié par ce dernier, Swann serait bien le dernier à vouloir se reculer. Bien au contraire, il répond à son baiser avec amour, préférant retrouver la chaleur de ses lèvres et cette proximité nouvelle plutôt que de se concentrer sur le corps près d’eux. Bien plus que de vouloir l’embrasser, il en a surtout besoin, pour échapper au moins un temps à l’horreur du monde environnant. Ses mains se reposent contre ses hanches, le priant silencieusement de rester près de lui et d’oublier le reste du monde. S’ils sont ensemble, rien de mal ne peut leur arriver. « J'ai hâte de pouvoir dire à Ginny combien son frère est le garçon le plus formidable et courageux que j'ai jamais rencontré. » Le sourire de l’anglais est triste, incapable d’oublier ce qu’ils ont déjà vécu et s’apprêtent à continuer de vivre pour pleinement se réjouir de l’avenir qui les attend. “Je t’aime tellement.” Il pourrait le laisser parler à Ginny pendant des heures sans jamais s’inquiéter des mots qu’ils pourraient s’échanger. Sa fratrie connaît bien Rory, sa mère tout autant. Elle qui n’aime personne n’a pas su trouver quoi reprocher au footballeur, signe qu’elle l’apprécie aussi, finalement. Il fait la fierté de Swann pour bien des raisons différentes qui ne semble que toujours plus évidentes à chaque nouvelles secondes passées en sa compagnie, surtout lorsqu’il prend le temps de le rassurer, à peine sortis des vestiaires. Lâchement, il aurait préféré ne jamais avoir à connaître sa réaction dans une telle situation et plutôt continuer sa vie d’adolescent normal, simplement amoureux, passionné par ses études, amoureux du football. Tout aurait été parfait ainsi.

Difficilement, l’anglais reporte son attention sur le groupe pour annoncer à Oscar que ses lunettes ont bien été trouvées, avec quelques armes de fortune au passage. Tout n’est que de courte durée, pourtant, et déjà les questions ayant rapport à leur sécurité à tous trouvent leur fin contre les oreilles attentives de Rory. Ils ont été désignés leaders par défaut, l’anglais compte bien tenir ce rôle autant que possible et leur éviter le plus de doutes et peurs possibles. « Oscar a récupéré ses lunettes mais la cheville de Clara a encore besoin de repos. Je me dis qu'on ferait peut-être mieux de chercher une planque au cas où le tueur nous tomberait dessus par surprise. » Il hoche de la tête, n’ayant aucun mal à comprendre les arguments de Rory, surtout alors qu’il n’arrivait de toute façon pas à se décider seul. Chaque plan comporte son lot d’avantages comme celui de défauts. « J'ai aucune idée de s'il était à l'origine de ce qu'on a entendu, mais... il doit sûrement attendre qu'une occasion pour faire plus de victimes. On sera plus en sécurité en se mettant à l'abri. Quand la police arrivera, ils fouilleront le lycée et on pourra enfin sortir d'ici. » Le pic à glace est froid, placé entre sa peau et le tissu de son pantalon de costume. Il ne lui était pas venu à l’esprit de façon aussi évidente et douloureuse l’idée selon laquelle le tueur pourrait effectivement réitérer son geste et pas seulement blesser d’autres étudiants. Mentalement, l’anglais se repère le plan de l’établissement et les pièces les moins susceptibles d’attirer la curiosité d’un tueur dont ils ne savent rien. D’accueillir sept personnes dont une blessée, aussi, ce qui complique encore un peu plus la tâche. « Tu en dis quoi ? Tu penses à un endroit sûr ? » - “On aura assez de place pour nous tous à la cafétéria et des endroits où se cacher.” Ses paroles le laissent encore approuver ou non son idée, lui-même restant ouvert à toutes autres propositions. Jusque-là, il n’avait jamais eu à se demander quelle pièce serait la meilleure pour échapper à une mort brutale.