another one bites the dust
Raelyn Blackwell & @Amos Taylor

La hache entre les mains, Amos est impressionnant. Il a lâché ma main pour pouvoir courir sans être entravé mais je le suis de près. Avec ma robe rose à froufrous, j’ai du mal à suivre le rythme et je manque à plusieurs reprises de trébucher, mais je fais de mon mieux pour ne pas ralentir le rythme de notre fuite. Je tiens ma robe à pleine main de chaque côté, et mes yeux parcourent le couloir à la recherche d’une salle où nous pouvons nous cacher. « Il faut qu’on tende un piège au type qui a fait ça. » Lui comme moi sommes revanchards, courageux, et nous n’avons pas l’intention d’attendre que le tueur décide de s’attaquer à nous. « Avec la hache et l’effet de surprise, on aura l’avantage sur lui. » Pour ça, nous devons trouver un endroit où l’attirer.

En testant les poignées de porte, j’arrive à ouvrir celle de la classe d’histoire géo et je fais signe à Amos de m’y suivre pour nous y cacher, le temps d’élaborer un plan. Une fois à l’intérieur, je pousse une table devant la porte pour nous y barricader pendant qu’Amos bande ses muscles pour déplacer la bibliothèque. Une fois que la porte est bloquée, nous tombons tous les deux au sol et, les mains sur mes genoux, j’essaye de calmer le rythme de ma respiration. « J’ai un plan. » Il ne va pas lui plaire, mais je sais que c’est le bon. J’ai le même profil que Brittany : une jolie et populaire pompom girl. Je suis la reine du lycée, et je pourrais même être l’apothéose que le tueur a déjà prévu. Pourquoi ne pas l’utiliser ? « Je vais servir d'appât. » Pour attirer ce fou furieux là où nous voulons qu’il soit, là où Amos l’attendra pour le mettre hors d’état de nuire. Il deviendra le héros du lycée et moi, la petite amie du héros. Nous serons plus populaire que nous ne le sommes déjà. « Je savais que ça te plairait pas. Mais c’est la meilleure solution. Il faut qu’on l’attire quelque part où tu l’attendras. » On pourra tendre un fil au sol pour qu’il trébuche et s’effondre et soit ainsi une proie facile.

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor

« On aura l’avantage sur lui s’il est tout seul et ça, on n’en sait rien. » Si Amos me fait douter un instant, si je réfléchis et si un air horrifié se peint sur mon visage quelques secondes, je ne remets pourtant pas mes certitudes en question. Si je m’obstine à penser que le tueur est seul, ce n’est pas parce que je n’accorde pas de crédit aux idées de mon petit ami mais bel et bien parce que j’ai besoin de m’accrocher à l’idée qu’il n’existe pas plusieurs malades sanguinaires dans les couloirs du lycée. Et puis dans les films d’horreur après tout, le tueur agit toujours seul. « Et, j’en doute. A ton avis, qui a coupé le courant ? Le lycée est immense. Je crois pas que le tueur ait eu le temps de traverser toute l’école sur le laps de temps entre le meurtre et la coupure d’électricité. » - « On a retrouvé le corps de Brittany juste avant la coupure de courant, mais si ça se trouve, elle était là depuis un moment. » La personne s’est même peut-être mêlée aux danseurs dans le gymnase avant d’aller couper le courant.

« Il y a forcément une autre solution. Et, on a aucune idée de l’endroit où ils se trouvent… Et c’est un ils au pluriel, j’en suis certain. » Pourtant c’est une bonne solution. Je suis un appât de choix après tout, si j’en crois le profil de ses premières victimes. Je n’ai pas le temps de répondre qu’un cri strident retentit dans les couloirs. Alors que la nouvelle victime continue de hurler, je me bouche les oreilles et je me pelotonne dans les bras d’Amos auquel je chuchote. « C’était la voix d’Alice, j’en suis sûre. » Alice est également l’une des pompom girls de l’école. Elle et moi nous sommes disputées la place de capitaine l’an dernier, et je l’ai finalement écrasée (cela va de soi).

J’ai peur d’être la prochaine ou, tout du moins, le but ultime du tueur fou. Après tout, les jolies filles ne sont-elles pas toujours les premières à mourir dans les films d’épouvante ? « Okay. On peut peut-être l’envisager. » Je ne suis plus aussi certaine d’en avoir le courage mais je le puise dans son regard. « Mais, pas si je n’ai pas la certitude qu’il est tout seul. Alors, je t’écoute Sherlock. C’est quoi ton plan pour que je sois sûr de ça ? » « On le verra qu’une fois qu’il passera à l’attaque. Et s’ils sont deux, je suis sûre qu'ils opèrent séparément pour couvrir plus de surface. » Cherchent-ils quelqu’un ou bien tuent-ils toutes les personnes correspondant au profil ? « On a qu’à lui tendre un piège dans le bureau du sport de sport, c’est juste à côté. On trouvera de la corde là bas, on aura qu’à l’attacher à des pieds de chaise pour que le tueur trébuche dessus en passant devant la porte. Il verra pas le fil. » Je le sais, puisque quand ma mère me semble trop invasive, j’utilise cette technique avec un cheveux à la place dans ma porte. Ainsi, s’il est rompu, je sais qu’elle est entrée en mon absence. « Moi je le conduis là-bas, j’enjambe discrètement le piège, il trébuche, et toi tu l’achèves. » Ou tu l’assommes, peut-être que je m’emballe.

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor

« Peut-être que tu as raison. Mais, je ne veux pas prendre ce risque. Tu comptes trop pour moi. » Moi aussi il compte pour moi, mais je voudrai que le monde entier cesse de me voir comme une petite fille fragile à son papa. Quand ce n’est pas l’aide de mon paternel que l’on estime que j’ai besoin, c’est de la protection d’Amos et si je suis touchée qu’il souhaite avant tout me garder en sécurité, je sais surtout que mon plan est le meilleur que nous ayons. « Je sais, mais tu seras juste à côté, il pourra rien m’arriver. » Sauf que le tueur a planté un couteau dans le dos de Brittany et je suis prise de la peur qu’il l’ai lancé de loin. Peut-être m’abattra-t-il avait que je n’ai le temps de parcourir les quelques mètres jusqu’à Amos ? L’idée qu’il préfère jouer avec moi est terrifiante mais, au moins, elle me laisse une chance de survie. « Je voudrais qu’on envisage une autre solution, s’il te plait. » Je fais la moue mais m’installe pour réfléchir quand un cri retentit : je le reconnais, je suis certaine qu’il s’agit de l’une de mes coéquipière et mon inquiétude montre d’un cran. Je me jette dans les bras d’Amos qui m’enlace et me sert fort dans ses bras.

« Si c’est elle, alors oui, tu es en danger. » Le constat n’est pas rassurant mais je n’ai pas besoin qu’il me passe la pommade. Je suis assez forte pour encaisser qu’un fou furieux veut s’en prendre à moi. « D’accord. On n’a pas le choix. J’espère que la porte du bureau est ouverte. Si pas, il doit y avoir un passe-partout chez le dirlo. Allons voir….Je présume que ce type reviendra tôt ou tard à cet étage. » Je hoche la tête et me relève, les jambes tremblantes et toujours limitée dans mes mouvements par l’ample jupon de ma robe. Amos s’aventure dans le couloir avant moi pour vérifier que la voie est bien libre. « Il n’y a personne, mais regarde pas à droite. Fonce, c’est tout. » Evidemment, je regarde à droite : la nature humaine est ainsi faite. Un masse sombre est étendue par terre et je plaque main devant ma bouche pour ne pas hurler et attirer le tueur. Je suis sûre qu’elle est morte : elle ne bouge plus, une victime du tueur. Alice ?

Amos me tient par la main pour que je garde le rythme et, lorsque nous arrivons au bureau, il est ouvert. La corde n’est pas difficile à trouver non plus et, de mon côté, je ne me méfie pas. « Il y a une drôle d’odeur, tu trouves pas ? » J’hume l’air sans trop y porter attention. « Peut-être. Je sais pas, Fowler laisse sûrement ses pompes sales dans son bureau. » Je déroulé déjà la corde et j’observe autour de moi, en quête de quelque chose de lourd auquel l’attacher. « Il faut quelque chose de plus lourd que deux chaises par contre, où la corde s’affaissera si elle nest pas assez tendue. » - « On peut déplacer le bureau… » Il a l’air lourd et fera l’affaire. « Et tu peux tenir l’autre côté ? La corde sera au sol, invisible, et tu pourras la tirer dès que je serai passée ? » Comme ça, aucun risque que je ne trébuche à cause du noir.

Le plan est en marche, et moi à quelques mètres du bureau. La peur au ventre, je mets notre plan en marche, je hurle au tueur de venir me trouver, je crie que je n’ai pas peur de lui. C’est grossier mais ça marche : une silhouette encapuchée apparaît au bout du couloir, et je vois le couteau dans sa main : je commence à courir.

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor

« Je n’aime pas ça. Pas du tout même. » Je n’aime pas beaucoup le plan que j’ai pourtant fomenté non plus : il me fait courir des risques. Pour autant, je sais qu’ils n’ont rien d’inutiles, le tueur cherche vraisemblablement à supprimer des filles de ma trempe - peut-être s’agissait-il d’un garçon harcelé et tourmenté par les pompom girls, filles populaires du lycée - et ma présence l’attirera : je suis la pire d’entre toutes. Je suis une vraie garce et, s’il a déjà été moqué, j’étais certainement la plus virulente d’entre toutes mes coéquipières. On ne se hisse pas au sommet en épargnant les plus faibles : il s’agit là de ma devise. « Ça va bien se passer. » Je cherche autant à m’en convaincre qu’à le rassurer.  

« Bon, ben, nous sommes prêts. Et je ferai ça, oui. Je tirerai quand tu seras passée. » Dans le bureau, nous attachons la corde solidement avant de se jeter un dernier regard. Lui, il m’attrape par l’avant bras pour déposer un baiser sur mon nez avant de me laisser partir. « J’ai confiance en toi. » En plus, le génie du plan réside dans le fait qu’il est simple comme bonjour : le mécanisme mis en place est simple, et notre marge d’erreur relativement faible. Ce fou furieux sera à portée d’Amos et il est assez musclé pour soulever la hache et l’abattre avec force sur le tueur, assez pour l’assommer et le blesser gravement au moins, au mieux pour l’achever. « Ne prends pas de risque inutile, d’accord ? » - « C’est promis. » Je quitte le bureau avec les mains qui tremblent, mais je tente de les cacher pour les dérober au regard de mon petit ami : si je ne veux pas qu’il me considère comme une demoiselle en détresse, je ne dois pas me conduire comme telle.

Lorsqu’une forme sombre apparaît au bout du couloir, j’ai peur d’être pétrifiée par la peur. Sauf que je vois une lueur, la lame d’un couteau certainement, et qu’il accélère pour me rejoindre. Alors, mon instinct de survie reprend le dessus. Je me mets à courir pour ma vie, bien plus vite que lors des cours d’EPS. J’enjambe la corde lorsque je pénètre dans le bureau et je me retourne, dos au mur. Le tueur s’est arrêté dans l’entrée. Il m’observe, le couteau tendu dans ma direction. Il va le lancer sans même avoir passé notre piège, et je jette un regard terrorisé à mon petit ami. « Amos maintenant ! » Tant pis pour la ruse : je n’ai pas envie de mourir parce que je pensais avoir fomenté le plan parfait et que, finalement, il ne l’était pas tant que ça.