young and wasted
Spencer Blackwell & @Seth Moriarty

Elle a eu l’impression de voir Elijah au coin de la rue. Le moment de panique passé, Spencer a pu entrer dans le bar sans trop craindre de le croiser. En principe il vient pas dans ce quartier. Il opère plus au sud, alors il viendra sans doute pas la chercher exprès ici. Du moins elle espère. Pas besoin de voir sa sale tronche, faut qu’elle puisse bosser en paix. Et quoi de mieux qu’une fin de samedi soir dans un bar bondé, rempli de types ivres morts et inattentifs au possible ? Rien, parfaitement. Si elle joue assez finement, Spence pourra se faire quelques centaines de dollars. Peut-être plus. Ça sera assez pour… Heu… Pas grand chose, en vérité. Ça paiera une partie de sa dette, pas beaucoup plus. Va falloir qu’elle fasse mieux qu’une petite centaine, sans quoi sa prochaine rencontre avec Elijah risque de mal se passer. Et bon, en toute honnêteté, elle tient plutôt à ses doigts et tout ce qu’elle est capable de faire avec. Parce qu’il a été clair, l’autre. Et Blackwell le connaît bien assez pour savoir qu’il ne plaisantait pas en disant qu’il allait se charger lui-même de les briser si elle ne remboursait pas la totalité de la somme. Déjà qu’elle a du mal à récupérer de l’argent, alors si en plus elle n’a plus ses outils de travail, ça va être encore plus compliqué.

Donc elle surveille ses arrières, offre des sourires innocents à deux-trois types qui insistent pour lui payer des verres au cours de la soirée et a la bien mauvaise idée d’accepter. Elle boit un peu, oublie son objectif premier pendant un temps, s’en rappelle et grimace. Merde. A la sortie du bar, c’est l’esprit embrumé qu’elle tente sa chance dans la poche d’un type bien plus grand qu’elle. Sauf que, manque de chance, un autre débile la bouscule et ça fait tout foirer (à moins qu’elle n’ait juste trébuché, mais elle n’admettra certainement pas son erreur, autant blâmer l’autre con.) Le gars qu’elle essayait de voler à la base la repère, fronce les sourcils et n’a pas l’air particulièrement ravi. « T’es sérieuse toi ? » qu’il beugle en poussant la blonde sans aucun ménagement. Elle titube en arrière, bouscule quelques fumeurs rassemblés devant l’entrée du bar au passage mais arrive à ne pas tomber à la renverse. « Putain ça va pas ?! » elle joue la surprise, fait de son mieux pour rester calme et mettre les témoins de son côté. Après tout, elle peut bien jouer de la carte de l’innocence contrairement à l’autre qui a tout l’air de sortir de taule. Il semble remarquer les regards braqués sur lui. « Elle a essayé d’me tirer mon portefeuille ! » il pointe un doigt accusateur vers Spencer qui, de nouveau, fait mine d’être surprise. « Pfff t’as même pas l’air d’avoir de quoi te payer un verre, tu déconnes. » qu’elle ricane alors que l’autre s’approche dangereusement, obligeant Spence à se tordre le cou pour le regarder dans les yeux. Le plus drôle dans tout ça, c’est l’absence de réaction des gens autour. Quelques murmures, elle est à peu près sûre que certains ont sorti leurs portables pour prendre des vidéos au cas où ça dégénère. Blackwell regarde le type droit dans les yeux, un léger sourire en coin dessiné sur son visage, prête à renvoyer les coups s’il ose attaquer devant des témoins.

Tu observes la scène de loin, la clope sur le bout des lèvres. Tu la regardes cette connasse de Spencer qui semble vouloir sauter à la gorge de ce type qui la ferait tomber directement sur le cul en une petite claque de rien du tout. Elle est comme ces petits chiens qui veulent bouffer tout le monde. Elle ne fait pas vraiment peur. En plus, personne ne semble vraiment avoir pitié d'elle, ce qui est quand même surprenant. Elle est convaincante dans son rôle de victime qu'elle joue plutôt bien. Depuis quand on laisse les mecs tabasser les filles en public ? Tu croyais qu'on ne faisait ça qu'en secret. Tu gardes ça en note pour la prochaine fois que l'autre connasse te vole ton fric - ouais t'es entouré de connasse faudrait vraiment revoir ton cercle de connaissances. Y'a tout le monde qui sort son téléphone pour filmer la scène. T'as presque envie de rire. Y'a vraiment personne qui va la tirer d'affaires ? Ce serait dommage d'abîmer un si joli visage. Mais bon, il paraît que les nez cassés, ça se répare. Tant qu'elle a toutes ses dents, tout va bien. Parce que toi non plus, tu ne comptes pas faire quoique ce soit pour empêcher cette bagarre qui ne fait aucun sens. « J'te parie 20$ qu'il lui casse la gueule en moins d'une minute. » Ou peut-être que tu y feras quelque chose. C'est une belle soirée après tout. Tu t'sens généreux aujourd'hui. C'est son jour de chance à Spencer. « J't'en parie le double qu'elle s'en sort indemne. » Hen quoi ? T'étais pas invité dans le parie de ses deux parfaits inconnus ? Qu'est-ce que tu ferais pas pour quarante minable dollars ? Le type est sûrement convaincu que tu ne peux pas gagner ton parie. Ça doit être pour ça qu'il officialise le tout d'une poignée de main. Quel con. T'as jamais dit qu'elle allait lui casser la gueule juste qu'elle, elle se la ferait pas casser. Apprend à écouter, idiot.

Tu écrases ton mégot de cigarette au sol, crache la fumée dans l'air, avant d'aller jouer les héros. C'est quand même assez pathétique que tu sois le seul à te bouger parmi la foule à l'extérieur. Tu arrives derrière Spencer en lui agrippant solidement le bras, la forçant à faire deux pas en arrière - pourvue que ce soit pas toi qui mange le coup qui était destiné à ce mec là. « Pardonne ma soeur, elle a un retard mentale qui lui fait voler des trucs. C'est pas sa faute si elle est débile. » C'est dit sur le ton d'une confidence plus ou moins subtile - pas subtile du tout. La carte des tarés, ça fonctionne toujours. Personne ne frappe une tarée, hen ? De toute façon, c'est pas un si gros mensonge que ça, elle n'a pas l'air si saine que ça mentalement Spence - tu parles en toute connaissance de cause bien sûr. De toute façon, peu importe, tu ne laisses pas le temps à personne de réagir que tu tires sur le bras de la blonde qui n'a d'autre choix que de suivre jusqu'au deux zigotos pour ramasser ton 40 dollars au passage avant de vous éloigner un peu de la foule. « C'est sympa tes yeux. J'me souvenais pas qu'ils étaient aussi gros. » Ses pupilles, bien évidemment. Elle est pété. Pas étonnant qu'elle voulait lui sauter au cou. Elle peut bien y retourner si ça lui chante. T'as déjà eu ce que tu voulais. Rien à faire si elle se sent suicidaire. Tu comptes pas sauter avec elle. « J'devais être trop occupé à te relooker le cul i guess. » que tu lui lances avec un sourire en coin en prenant appuie sur le mur de brique derrière toi. La nostalgie serait presque touchante si ça ne se serait pas aussi mal terminé. De ton point de vue du moins.

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Spencer Blackwell & @Seth Moriarty

Elle le toise, le grand. Le défi est clair et il semble hésiter vu l’attroupement et les téléphones qui sont de sortie. Il a l’air sur le point de se tirer et elle murmure un “pussy” à son égard, juste pour le provoquer. Le sourire arrogant qu’elle affiche sur le visage semble aider également, puisqu'il fait un nouveau pas dans sa direction alors qu’elle commence à armer le bras, prête à lui en décoller une. Si elle frappe la première, elle aura sans doute l’avantage. A tous les coups, il s’attend pas à ce qu’une morveuse prenne l’initiative de la bagarre. Alors que la situation est à deux doigts d’empirer, on vient lui saisir le bras. « Qu- » elle tourne la tête, met quelques secondes à reconnaître cet enfoiré de Seth. Blackwell fronce les sourcils, se demandant si finalement c’était pas lui qu’elle allait frapper plutôt. « Pardonne ma soeur, elle a un retard mentale qui lui fait voler des trucs. C'est pas sa faute si elle est débile. » elle voit ce qu’il essaye de faire et c’est sans doute ce qui l’étonne le plus. Surtout venant de sa part. Légèrement confuse, elle regarde vers l’autre type qui a l’air tout aussi surpris. Parfait. « Connard. » qu’elle marmonne à son égard.

Avant qu’il n’ait véritablement le temps de procéder l’information, les deux jeux s’éclipsent. Entraînée par son “sauveur”, Spencer se laisse guider sans trop savoir si elle a envie de lui parler ou pas. « J’pouvais me débrouiller seule. » Qu’elle maugrée finalement après qu’ils soient à bonne distance. Dire merci ? Pfff. Hors de question. Nope. Pas à lui en tout cas. Il s’arrête devant deux gars qui lui filent de l’argent, et elle ne peut s’empêcher d’arquer un sourcil en assistant à la scène. Pas vraiment surprise, elle est au moins contente de savoir que quelqu’un ici a gagné de la thune ce soir. Même si c’était sur son dos. Un peu trop apathique pour bien fonctionner, elle traîne la patte comme une enfant qu’on a prise la main dans le sac et qu’on emmène dans sa chambre en guise de punition. « C'est sympa tes yeux. J'me souvenais pas qu'ils étaient aussi gros. » et, un peu comme si ça allait changer quoi que ce soit à son état, Spence se frotte les yeux. Peut-être que si elle insiste assez fort, ça va moins se voir. Ou peut-être que ça va empirer les choses. Lâchant un soupir agacé, elle baisse les bras et lance un regard irrité vers Seth. « J'devais être trop occupé à te relooker le cul i guess. » la remarque lui arrache un rire acerbe et elle secoue la tête. « Ah, c’pour ça qu’tu bossais si mal. » elle raille en faisant mine de se contorsionner pour regarder par elle-même, puis hausse les épaules en prenant un air désinvolte. « Mais j’comprends, j’aurai fait pareil. » souffle Spencer dans un ricanement. Elle s’approche d’un pas et se plante devant lui, jaugeant un instant les intentions qu’il peut avoir. C’est pas un héros, Seth. Il a pas fait ça gratuitement et a visiblement déjà empoché quelques dollars. La grande question maintenant, c’est de savoir s’il attend un truc de sa part. « Tu t’es découvert un côté altruiste ? » Elle affiche un sourire en coin et recule avant de fouiller dans ses poches et d’en sortir un portefeuille qu’elle commence à éplucher, elle en sort quelques billets et un coupon de réduction pour un fast food qu’elle range dans une poche, puis balance le portefeuille vidé de toute contenu intéressant. « Tu cours vite ? Parce qu’il va sans doute pas tarder à s’en rendre compte. » et vu qu’il l’a aidée à se sauver, il va sans doute lui aussi être pointé du doigt.

« Connard. » Qui ça ? Lui ou toi ? Peu importe la véritable réponse, ça te fait sourire. Tu continues de lui tirer le bras pour qu'elle te suive et, heureusement, elle ne donne aucune résistance. C'est qu'il ne faudrait surtout pas qu'elle se retrouve le nez cassé avant que t'ai eu ton argent. Après ? Elle peut bien retourner lui sauter à la gorge si ça lui chante. Il doit bien y avoir quelqu'un qui a du pop corn pour regarder le massacre. « J’pouvais me débrouiller seule. » Et elle y croit en plus. Tu te mets à rire. Même toi tu te serais fait casser la gueule par lui. Elle n'avait aucune chance avec son petit corps svelte. Bon, Spencer serait sûrement capable de te casser la gueule aisément. La comparaison n'est sûrement pas bonne. « De rien. » que tu lui dis en lui adressant un clin d'oeil. T'es presque crédible dans ton rôle de sauveur du jour. Tout le monde y croit sauf la personne concernée. Et elle comprend qu'elle a raison à la seconde où tu ramasses ton gain au passage. C'est comme ça qu'ils se sentent les pimps quand ils font de la thune sur le dos d'une fille. Pas mal. Dommage que tu ne sois même pas assez fiable pour en faire un bon. Tu serais riche.

Vous vous arrêtez à quelques mètres du groupe de spectateurs. Elle sonne comme Cruella quand elle se met à rire. Ce serait presque excitant si tu ne la détestais pas autant. « Ah, c’pour ça qu’tu bossais si mal. » Si seulement. Elle mime de se mater elle-même. Un sourire se glisse de nouveau sur tes lèvres. Bon, peut-être qu'elle t'a manqué un peu. Presque pas en fait. Tu te souvenais même pas qu'elle existait avant ce soir. « Mais j’comprends, j’aurai fait pareil. » « Il a grossit, non ? » Son cul. Quoi d'autre ? C'est pour quand le coup qu'elle va te foutre en pleine gueule ? Maintenant ? Plus tard ? Ah les filles, elles sont trop faciles à vexer. « Tu t’es découvert un côté altruiste ? » Elle sait déjà que non. Pas besoin de lui répondre. Tu la regardes plutôt sortir le portefeuille de ses poches. Elle en vide son contenu avant de jeter les restes sur le sol. C'est pas la récolte du siècle, mais c'est pas si mal non plus. « Tu cours vite ? Parce qu’il va sans doute pas tarder à s’en rendre compte. » Tu cours plus vite qu'elle sans aucun doute. C'est une fille, donc logiquement elle est plus lente - oui, c'est parfaitement logique dans ta tête. Tu lèves la tête vers le type au loin. Même d'ici tu peux voir qu'il tâte ses poches, qu'il commence à comprendre qu'il lui manque un truc. Les minutes sont comptées. Il vaudrait mieux partir tout de suite pour avoir une avance. « File moi la moitié et peut-être que je te pousserais pas dans ses jambes pour le ralentir. » que tu lui dis en tendant la main vers elle pour qu'elle te donne ton dû. Ça répond aussi à sa question sur l'altruisme, non ? Un deux pour un, la chanceuse !  « J'le mérite. J't'ai aidé. » que tu ajoutes comme argument final. Aidé ou nuir, c'est pas clair. Pseudo-aide qu'elle n'a pas demandé, c'est un détail, mais tu doutes fortement qu'elle aurait eu son gain sans ton intervention. Ton regard passe rapidement d'elle au type qui s'en vient directement sur vous. Dépêche-toi de prendre une décision, Spencer.

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Spencer Blackwell & @Seth Moriarty

Le sauvetage de Seth lui laisse un goût amer. Elle le voit déjà se vanter, sans doute réclamer une récompense ou juste être insupportable. Elle n’a besoin de personne, Spencer. Elle s’en sort très bien toute seule. (Bon pas trop en vérité, mais c’est encore quelque chose qu’elle n’avouera jamais. Et ce, même si on vient lui agiter la liste de toutes ses dettes ou ses conneries devant le nez.) « Il a grossit, non ? » elle lui adresse un regard noir avant de lui asséner un coup de poing sur l’épaule. « Ta gueule. » Rien d’amical dans le geste ou la parole, on est loin des l’espèce de complicité étrange qu’ils pouvaient avoir à une époque. Et il a sacrément de la chance qu’elle soit autant anesthésiée à la bière pas chère, ce soir. Jusqu’à maintenant, elle a plutôt passé une bonne soirée et son humeur est encore dans le positif. Par contre, s’il continue à se montrer aussi agréable, ça peut vite changer. Pour l’heure, elle prend ce qu’elle a récolté et se débarrasse du reste. En cas de pépin, elle a pas besoin qu’on la retrouve avec les papiers de monsieur Kyle Wiggins. Elle a pas besoin qu’on la retrouve tout court, d’ailleurs. Surtout pas après la scène qui vient de se produire devant le bar. En temps normal elle fait pas autant de bruit et le temps qu’ils se rendent compte d’un truc, elle est déjà loin et ils ont pas eu le temps de voir quoi que ce soit. Mais aujourd’hui, elle a déconné et ce débile de Seth met à mal tous ses plans. « File moi la moitié et peut-être que je te pousserais pas dans ses jambes pour le ralentir. » Spencer le dévisage et ses sourcils se froncent dans une expression mécontente. Forcément. S’il voulait gagner de la thune tant que ça, il avait qu’à parier plus. Ou piquer son propre portefeuille. Elle prend pas des risques pour les beaux yeux d’un loser comme lui, Spencer. Elle le fait parce qu’elle en a besoin (et parce que le rush d’adrénaline que ça lui procure est plaisant, aussi.) L’espace d’un instant, elle s’attend presque à ce qu’il ajoute que c’est une plaisanterie. Bien sûr, il ne le fait pas, l’arrogant. Il pense avoir le droit à sa part, comme si avoir volé au secours de la blonde lui donnait un quelconque statut de partenaire ou d’associé dans ce méfait. « J'le mérite. J't'ai aidé. » elle ricane de nouveau, décidément il est vraiment plus drôle que dans ses souvenirs. Blackwell fait semblant de réfléchir. Pas trop longtemps vu que l’autre va pas tarder à se ramener pour râler. Mais une chose est sûre, elle ne va certainement pas abandonner sa seule prise du soir au premier venu. Surtout pas à Seth. Manquerait plus que ça. Elle en a besoin de cet argent, hors de question qu’elle cède à un chantage aussi grotesque. « Tu mérites que dalle, t’as cru qu’on faisait équipe ou quoi ? T’as eu ta part avec ton pari débile. » et sans attendre qu’il puisse mettre à exécution son plan pour lui faire un croche-pied ou ce genre de connerie, elle commence à s’éloigner d’un pas rapide, peu désireuse de devoir donner des explications à ce brave Kyle. « Par contre j’peux te payer un verre au prochain bar qu’on croise, en souvenir du bon vieux temps. » et par payer un verre, elle entend bien évidemment consommer et partir de là sans verser le moindre dollar. Quant à parler du bon vieux temps, quelle plaisanterie.

« Ta gueule. » Si un regard pouvait tuer, tu serais mort y'a longtemps. Son regard suivit du coup qu'elle te donne en pleine clavicule, n'a que pour effet de rendre ton sourire encore plus arrogant, connasse. Et ta tactique pour avoir une partie de ses bénéfices ne marchent absolument pas. Étonnant (non). « Tu mérites que dalle, t’as cru qu’on faisait équipe ou quoi ? T’as eu ta part avec ton pari débile. » Tu aurais certainement dû la laisser se faire casser la gueule. Tu n'aurais récolté aucun dollar, mais au moins elle serait pas là à te casser les oreilles. Elle commence déjà à s'éloigner, Spencer. Elle pense sûrement qu'avec un peu d'avance, tu ne pourras pas la poignarder en plein dos. C'est ça le truc avec des personnes comme elle - ou comme toi - faut poignarder le premier pour pas recevoir le même châtiment. « Par contre j’peux te payer un verre au prochain bar qu’on croise, en souvenir du bon vieux temps. » Menteuse. Sauf que tu n'as pas vraiment le temps de rentrer dans de sérieuses négociations à savoir qui mérite quoi - tu mérites tout, elle mérite rien, c'est évident. Le mouvement de recul de Spencer suffit à ce que la brute change de vitesse pour pas qu'elle lui file entre les mains. Soudainement, il pousse tout ce qui se trouve sur son passage pour attraper sa cible. Tu le laisserais volontiers passer sans interférence, mais le truc, c'est que tu sais déjà qu'il va penser que tu l'as aidé alors que c'est pas du tout le cas. T'as pas particulièrement envie d'être un dommage collatéral de ce vol, surtout si t'en tire que dalle. Tu laisses échapper un « Fais chier. » avant de te mettre à courir derrière Spencer. Belle attitude de mec non coupable de se sauver comme un voleur.

« Prends à droite. » que tu lui beugles à la première ruelle que tu aperçois. Vous avez carrément l'air de deux jeunes nées dans le ghetto, comme si courir pour se sauver le cul faisait partie de votre ADN. C'est à moitié vrai pour toi. Elle, c'est quoi son histoire ? Peu importe. Tant qu'au type, lui, il devrait carrément boire moins de bière et aller dans ses salles de sports pour les gosses de riches, parce que son cardio ne fait pas long feu. Il faut croire que le contenu de son portefeuille ne lui a pas donné un assez bon boost d'adrénaline pour arriver à vous rattraper. Il ne vous a suffit qu'à vous enfoncer dans les ruelles sombres de Brisbane à droite, puis à gauche, et encore à droite. Et pouf, évaporée dans la nature. Quel con.

Lorsque tu t'arrêtes à la prochaine intersection, tu dois mettre un bon deux minutes pour reprendre ton souffle. Toi, tu devrais arrêter de t'encrasser les poumons si tu voudrais avoir un meilleur cardio. Au loin, tout ce qu'on peut entendre, ce sont des cris de rage. Il est trop loin pour bien discerner les mots, mais c'est sûrement des menaces de mort. Ça t'fait rire immédiatement. « Ah les menaces de mort, ça m'a toujours un peu excité. » Et Dieu seul sait à quel point tu en as eu au cours de ta vie. Bon, t'en a donné quasiment autant pour tout dire. C'est fou ce que ça peut faire quand la colère prime sur la raison. Tant que tu ne mets pas tes menaces à exécution, tout va bien hm ?

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Spencer Blackwell & @Seth Moriarty

Il se prend toujours autant au sérieux, Seth. Il a l’impression que tout lui est dû, qu’il aura forcément le dernier mot et que Spencer va forcément ployer le genou devant lui. A croire qu’il avait déjà oublié qui était parti la queue entre les jambes à l’époque. (Bon, Blackwell n’avouera jamais avoir flippé de la tournure que pouvait prendre la relation qu’ils entretenaient. Donc il est forcément à blâmer, le Moriarty.) Elle n’attend pas de réponse et se tire, peu envieuse de se retrouver confrontée à la victime de son larcin. Si Seth veut s’y risquer, c’est lui que ça regarde.

D’ailleurs, elle le sent bien déçu de son refus, la blonde. Quel dommage. Ca ne fera qu’une raison de plus pour eux de se mépriser, ils ne sont plus à ça près. (Et Spencer a l’habitude, elle ne s’en formalise plus à force.) Elle est déjà à bonne distance lorsqu’elle entend les pas précipités de son partenaire improvisé pour la soirée. Bien sûr qu’il n’est pas resté pour essayer d’expliquer à Wiggins qu’il n’avait rien à faire avec elle. Elle l’a toujours trouvé un peu lâche, Seth. (Regardez qui parle.) Alors ils s’éloignent à grandes enjambées, accélérant encore un peu pendant que l’autre leur gueule après. S’il pensait qu’ils allaient s’arrêter parce qu’il l’a demandé, il pouvait courir longtemps. « Prends à droite. » un peu comme un automatisme, elle s’exécute en entendant la directive. Y a pas trente-six directions possibles de toute façon. Elle aura bien le temps de lui fausser compagnie plus tard, au garçon. Si en plus de ça elle arrive à lui choper les quarante dollars qu’il s’est fait sur son dos, elle pourra même considérer la soirée comme réussie. Encore quelques virages, ils prennent des ruelles qu’elle ne prend ni le temps de reconnaître, ni de retenir. Spencer n’a pas vraiment prévu de faire demi-tour, ce soir. Le plan, c’est de changer de quartier, aller se poser dans un autre bar pour se mêler à la foule et se faire oublier. Avec un peu de chance, elle pourra rencontrer quelqu’un et le baratiner pour passer la nuit avec. Un peu de compagnie et un toit sur la tête, ça se prend toujours.

Après ce qui lui semble être une éternité, les protestations de Kyle se sont tues et ont laissé place à des hurlements de frustration. Il semble bien qu’il ait été semé. Voilà une affaire rondement menée, ça lui apprendra à ne pas être attentif à ses poches. Et c’est après chaque course comme ça qu’elle en vient à regretter tous ses choix de vie, Spencer. Les poumons en feu, elle fait de son mieux pour reprendre son souffle sans avoir l’air de complètement être au bout de sa vie. Elle se force à garder le dos droit, prenant occasionnellement appui sur le mur comme si il était là pour l’aider à reprendre un semblant de contenance. Seth n’a pas l’air en meilleur état. Il se met à rire et Spencer relève les yeux vers lui. Ce genre de situation, c’est courant. Ca aussi, elle a l’habitude de devoir piquer un sprint pour se tirer d’un mauvais pas. Et forcément, ça la fait doucement rire aussi. « Ah les menaces de mort, ça m'a toujours un peu excité. » elle souffle un nouveau rire du nez et fouille la poche intérieure de sa veste, en sortant un paquet de clopes presque vide. « Si j’avais su qu’il fallait faire ça pour te motiver... » raille-t-elle, visant bien évidemment la virilité du garçon (et indirectement, son égo, donc.) Pique gratuite, mais il l’a bien cherché en attaquant en premier. Elle sort une clope et la porte entre ses lèvres, ses yeux ne quittant jamais Seth alors qu’un sourire narquois se dessine. « Tu veux ton verre ou tu veux qu’on voit combien de dollars on peut se faire dans l’prochain bar ? » puisqu’ils sont là tous les deux, ils peuvent bien mettre leurs talents respectifs à contribution.

Deux vrais athlètes olympiques qui veulent se cracher un poumon pour un petit sprint de même pas dix minutes. Il n'était pas aussi motivé que vous deux l'autre type. Vous l'avez semée assez facilement. C'est sûr que c'est plus motivant de se sauver pour éviter de se faire casser des dents et pour en casser. C'est pas comme s'il y avait une grosse fortune dans son portefeuille non plus. Ça valait pas la peine de faire autant d'efforts pour ça. C'est sûrement juste son orgueil de s'être fait voler par une gamine qui l'a poussé à partir à sa poursuite. De toute façon, il aurait vraiment frappé une fille ? Parait qu'on a pas droit de faire ça. C'est plutôt sexiste vu toutes les baffes que tu t'es pris. Y'en a quelques-unes qui auraient mérité la pareille. Enfin, là n'est pas le sujet. On jurerait presque à un semblant de complicité quand le rire de Spencer vient se mêler au tien, quand l'adrénaline doit autant parcourir son corps que le tien. « Si j’avais su qu’il fallait faire ça pour te motiver... » « Quoi si t'avais su ? Tu te serais pas tiré ? » Y'a quelques années. Ah ouais, t'es du genre rancunier. Si elle n'était pas partie, tu aurais sûrement fini par partir. Mais c'est plus facile de mettre ça sur sa faute que d'accepter la fatalité de cette relation - ou peu importe ce que c'était. Elle s'allume une clope et ne prend même pas la peine de partager. Elle est vraiment égoïste. « T'es plus belle quand tu souris que quand tu fais la gueule. » Ouais bof, pas vraiment. Elle atteindra son summum d'attirance quand elle va te gifler - ça viendra, ça vient toujours. Et ouais, t'es clairement pas sain d'esprit. Ce que tu préfères, c'est flirter entre la haine et l'attirance. C'est de jouer avec les limites, de tout faire éclater, jusqu'à ce que plus rien ne se répare, d'aller jusqu'au point de non-retour.

« Tu veux ton verre ou tu veux qu’on voit combien de dollars on peut se faire dans l’prochain bar ? » « Tu t'fais prendre à chaque fois ? Parce que c'est pas trop tentant. » Tu peux pas dire que tu as vraiment été surpris par ses talents de voleuse. S'il faut que tu risques de te faire éclater la gueule à chaque bar, non, t'es pas vraiment intéressé. Encore moins pour elle. T'es capable de te faire de l'argent tout seul et sans risque. Et puis, de toute façon, y'a qu'un voleur pour savoir que tu ne peux pas faire confiance à une voleuse. Un clignement de yeux, une main un peu trop baladeuse et, hop, tes poches sont vides. Elle doit être du genre à faire fantasmer les mecs avec des menottes et au final, ils se font tous baiser. Pas dans le bon sens du terme. Putain d'agace. « J'veux mon verre. J'suis pas con. Tu vas t'pousser avec la cagnotte. » Et hors de question que tu fasses un effort pour une autre personne que toi-même. Tu repartiras peut-être aussi fauché, mais au moins t'auras un verre de plus dans le corps sans débourser un seul dollar.

Tu avances dans la ruelle sans vraiment savoir où tu vas, sans te soucier de si elle suit ou pas. Il fait noir et t'as pas vraiment pris le temps d'analyser quel chemin vous avez pris pour vous rendre jusqu'ici. « Par où tu veux aller ? » que tu lui demandes en laissant le destin entre ses mains. Comme ça, si vous vous perdez et passer la nuit dehors, sobre, tu pourras lui gueuler dessus parce que ce sera sa faute à elle et non l'inverse.

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Spencer Blackwell & @Seth Moriarty

« Quoi si t'avais su ? Tu te serais pas tiré ? » il est encore là-dessus ? Elle ricane légèrement et fait mine de réfléchir. Pas trop longtemps non plus, parce que la réponse à la question, elle la connaît très bien. Oui. Elle n’a pas eu besoin d’attendre de trouver un prétexte foireux pour mettre un terme à leur relation. « Possible. » qu’elle dit tout en sachant pertinemment que ça n’aurait rien changé du tout. Elle a flippé. Elle a pas su quoi faire ou comment le faire. Et elle doute que ça ait pu durer réellement de toute façon. Mais au moins, elle peut faire comme si la décision avait été prise en toute conscience. Et elle peut s’enorgueillir d’avoir fait tourner Seth en bourrique. Est-ce que c’est quelque chose dont elle est supposée se vanter ? Pas vraiment. Mais assumer ses erreurs à elle, c’est hors de question. Et Moriarty avait été un parfait coupable. « T'es plus belle quand tu souris que quand tu fais la gueule. » elle arque un sourcil et regarde dans la direction du jeune homme. Oh allez, il peut faire mieux que ça si il veut vraiment l’énerver. « Attention, ça ressemble presque à un compliment. » elle roule des yeux en secouant la tête. « J’vais finir par croire que j’te manque, Moriarty. » la grande question maintenant, c’est lequel des deux va craquer et s’énerver en premier. Parce que clairement, Seth la cherche. Elle sait pas trop ce qu’il cherche à accomplir en faisant ça, mais une chose est sûre. Elle le laissera pas avoir le dernier mot. A moins qu’il ne réussisse vraiment à la faire sortir de ses gonds et qu’elle commence à en venir aux mains. Ce qui n’est pas réellement compliqué à faire lorsqu’on s’y prend bien.

Finalement, après une course effrénée et quelques minutes bien méritées (mais nécessaires) pour reprendre leur souffle, Blackwell propose plusieurs options à son camarade d’infortune. Soit ils essayent de s’amuser à récupérer quelques dollars supplémentaires, soit elle lui paye le verre promis plus tôt. « Tu t'fais prendre à chaque fois ? Parce que c'est pas trop tentant. » « Qui t’dis que c’était pas fait exprès ? » Spencer, de mauvaise foi ? Jamais de la vie. Il la croira sans doute pas, mais qu’importe. C’est son problème à lui, pas celui de la blonde. Si le larcin ne s’était pas tout à fait passé comme prévu, elle sait très bien qu’elle aurait réussi à s’en sortir toute seule. Le mensonge et l’improvisation sont à peu près ses seules armes de toute façon, elle trouve (presque) toujours un moyen de tourner la situation à son avantage. « J'veux mon verre. J'suis pas con. Tu vas t'pousser avec la cagnotte. » elle hausse les épaules d’un air désinvolte, l’air presque déçue qu’il choisisse l’option de facilité. Il a vu clair dans son jeu, bien sûr. Pas bien compliqué lorsqu’on connaît un minimum le spécimen. Elle n’ajoute rien, tire quelques bouffées sur sa clope avant de recommencer à marcher. Loin du type qu’elle a délesté de quelques dollars, loin d’un bar dans lequel elle remettra pas les pieds avant un moment. Heureusement pour elle et pour Seth, il en existe plein d’autres en ville. Et le temps qu’elle fasse le tour de tous, elle peut retourner dans ceux évités pendant un moment. Et le cercle continue encore et encore. Y en a tout de même certains où elle s’assure de payer un coup de temps en temps (ou alors elle se fait offrir les verres, ça marche bien aussi ça.), juste histoire de toujours avoir un endroit ou deux où aller s'enivrer et trouver des pigeons chez qui dormir. Ils se remettent à marcher, pouvant cette fois profiter un peu de la fraîcheur de la soirée. Autant dire que ça fait du bien après la course qu’ils viennent de faire.  « Par où tu veux aller ? » bonne question, ça. Spencer tourne la tête d’un côté, puis de l’autre, cherchant un point de repère. Avec leur fuite, elle n’a pas tellement pris la peine de regarder où ils allaient. Enfin, après quelques instants, elle aperçoit la devanture d’une boutique de fleurs, fermée par un volet métallique. L’endroit lui est familier. « J’connais un bar pas loin. » qu’elle dit en désignant une direction qu’elle s’empresse d’emprunter, guidant Seth à travers quelques rues supplémentaires. Et pour une fois, c’est un bar duquel elle n’est pas encore bannie. (Du moins pas qu’elle sache.) A peine quelques minutes plus tard, ils peuvent déjà entendre des bruits distincts de musique étouffée et de clients en train de discuter devant un établissement. Il ne leur faut pas longtemps pour arriver devant l’endroit encore relativement rempli vu l’heure. « Tadaaa. » le geste est sans doute un peu trop théâtral. Spencer aperçoit quelques têtes connues, mais personne dont il faille se méfier. Et au moins ici, elle sait qu’elle ne risquera pas de croiser Elijah ou ses potes. Pas dans un bar gay. (Elle a peut-être oublié de mentionner ce détail à Seth.) « Tu veux boire quoi ? » maintenant le plus drôle, ça va être de se faufiler à l’intérieur pour aller commander à boire.

« Possible. » Possible, hm. Elle raconte n'importe quoi. Heureusement que la noirceur l'empêche de voir ta mâchoire qui se contracte. Pourquoi t'es encore là ? Pourquoi tu l'abandonne toute seule dans cette ruelle sombre ? Elle le mérite. T'en a rien à foutre d'elle, et le sentiment est partagé. « Attention, ça ressemble presque à un compliment. » C'en est un. Dommage que ça y ressemble que presque. Ça doit être quand on ne le pense pas, ça sonne juste presque. « J’vais finir par croire que j’te manque, Moriarty. » Si elle te manque ? Hm, tu lui diras ça à la fin de la soirée. Tu l'avais complètement zappé de tes souvenirs y'a bien longtemps. T'as pas encore décidé si t'étais content que vos chemins se recroisent ou non. « Tu sais bien que t'es dans mes rêves toutes les nuits. » Et maintenant ? C'est mieux, non ? Nonn, toujours pas crédible. Tant pis. Elle pourra pas dire que tu fais pas d'effort pour elle. « Qui t’dis que c’était pas fait exprès ? » Ouais, ouais, à d'autres. Y'en a qui ont pas de talent dans la vie. Spencer en a clairement pas pour piquer le fric des autres en toute discrétion. C'est plus idiot de faire semblant que c'était ce qu'elle voulait que d'avouer qu'elle est nul dans le domaine. T'aurais pu lui montrer tes meilleurs trucs. Encore une fois, elle manque le meilleur. La prochaine fois (ah?), tu seras ravie de la regarder se faire casser la gueule. « T'es vraiment plus conne que j'pensais. » Ah bah voilà, quand tu y mets du cœur, c'est beaucoup plus naturel. On sent vraiment toutes les émotions dans tes paroles.

Vous vous avancez dans la noirceur, réalisant par la même occasion qu'avec la fuite, tu n'avais pas vraiment pris le temps de remarquer par où vous êtes allé. L'australienne connaît sûrement mieux les chemins sombres que toi. T'en a encore beaucoup à apprendre malgré les quelques années que tu vis ici. « J’connais un bar pas loin. » Elle doit connaître tous les bars de la ville. Encore heureux qu'elle ne soit pas banni de chacun d'entre eux. Enfin, est-ce vraiment possible d'en trouver un où vous ne l'êtes pas ni l'un, ni l'autre ? Quelque chose te dit que où elle peut aller, toi tu ne peux plus. Et vice versa. Ça expliquerait pourquoi tu ne l'as pas recroisé avant aujourd'hui. Quoi qu'elle a l'air de se tenir plus du côté des camés ce qui est pas mal moins ton genre aussi surprenant que ça peut paraître. T'es pas encore descendu aussi bas qu'elle. C'est aussi une explication du pourquoi que vous ne vous êtes pas recroisé plus tôt. C'est grand Brisbane. « Tadaaa. » C'est un regard jugeur que tu poses sur elle alors qu'elle semble beaucoup trop heureuse de sa trouvaille. Qu'elle se calme, ce n'est pas le saint-graal. C'est sûrement un bar de merde. Tu lui fais zéro confiance. « Tu veux boire quoi ? » T'es pas difficile. Une bière te suffirait amplement, mais vu que c'est elle qui paie. Tu comptes bien lui faire dépenser tous ses gains dans une seule consommation. « Un whisky. De qualité. » Comme si tu arrivais vraiment à savoir la différence entre un bon et un mauvais whisky. Tant que ça se boit, tant que ça engourdit les sens un peu. Ce sont tes seuls critères.

Vous vous faites un chemin jusqu'au bar, et ouais, t'as pas vraiment vue le drapeau multicolore à l'extérieur, mais tu vois bien que la moyenne de personnes du même sexe qui se caresses, s'embrassent, surpasse clairement les autres. Elle a l'air fière de son coup. Elle croit quoi ? Que tu vas te choquer pour deux mecs qui se tripotent ? Tant que personne te touche, tu t'fous pas mal de ce qui se passe dans leur chambre à coucher. « T'es lesbienne maintenant ? » Quoi ? T'as mal compris ? « Ça explique pas mal de choses. » Elle comprendra bien ce qu'elle a envie de comprendre. Si ça la vexe, c'est encore mieux.

young and wasted
Spencer Blackwell & @Seth Moriarty

Blackwell se rappelle plus vraiment si le garçon avait déjà évoqué ses plans d’avenir en tant que clown. Parce que vraiment, il est doué pour la comédie. « Tu sais bien que t'es dans mes rêves toutes les nuits. » Spencer ricane, se retenant à grand peine de ne pas exploser de rire face à une ânerie aussi énorme. Ce qu’il faut pas entendre. Et quand bien même il y aurait une part de vérité là-dedans (ce qui n’est pas le cas, ça fait des années qu’ils se sont plus revus et chacun d’entre eux a sans doute bien assez à faire pour ne plus avoir à penser à l’ex d’une relation aussi éclatée que fulgurante), la blonde n’a pas tellement envie de savoir dans quelles circonstances. Ouaip, des fois mieux vaut savoir rester dans l’ignorance. « T'es vraiment plus conne que j'pensais. » sourcils froncés, elle lève son majeur dans la direction de Seth dans un geste des plus poli et courtois. (Du grand Spencer, quoi.) « Mais va t'faire foutre. » qu’elle râle, ne sachant pas vraiment jusqu’où ira sa patience pour ce soir. Le tout, c’est de ne pas trop prendre pour compte ce qu’il raconte (et c’est pas forcément évident vu le caractère de la petite blonde.)

Arrivés sur la devanture du bar, la jeune femme demande ce qu’il aimerait boire. Plus par courtoisie que par véritable intérêt, il faut l’avouer. « Un whisky. De qualité. » comme si Seth était un consommateur d’alcool qualitatif. Il a clairement plus la tronche du gars qui boit de la bière pas chère. Néanmoins, ça la fait rouler des yeux et sourire en même temps. Il aura c’qu’il aura, mais certainement pas un alcool hors de prix. Si il voulait boire quelque chose de fancy, fallait viser un tout autre type d’établissement qu’un bar de quartier. Elle ne doute pas qu’ils aient de bons produits, mais certainement pas des bouteilles de 35 ou 50 ans d’âge. Et faut dire que vu le prix de ces produits là de manière générale, s'enivrer avec serait d’une tristesse absolue. Non, une chose pareille, ça se pique et ça se revend à un collectionneur qui veut impressionner la galerie avec ses dépenses inutilement chères. « T’as cru que c’était un bar de luxe ? » non, bien sûr que non. Il dit juste ça pour l’emmerder et la faire vriller, c’est comme ça qu’il fonctionne, Moriarty. Il aura ce qu’il aura, mais elle ne va certainement pas débourser plus de quelques dollars pour lui payer un verre. Et elle s’arrangera de toute façon pour soit ne pas payer, soit récupérer sa mise d’une manière ou d’une autre.

Alors qu’ils avancent à l’intérieur, les signes du genre d’endroit où elle les a menés se font un peu plus apparents. La déco, les interactions entre les personnes présentes et même la musique ne laissent que peu de place au doute. Et forcément, Seth finit par s’en rendre compte. Un aveugle aurait finit par voir l’évidence même, lui aussi. « T'es lesbienne maintenant ? » pas vraiment la question à laquelle Spence s’attendait, mais pas vraiment une surprise non plus. S’il croit à un traquenard, c’est pas tellement le cas. (Ou peut-être que si.) C’est juste que Blackwell apprécie ce bar et surtout qu’elle a encore le droit d’y foutre les pieds. Elle ricane en s’installant sur un tabouret qui vient miraculeusement d’être libéré près du comptoir (tant pis pour Seth s’il en trouve pas et qu’il reste debout.), et elle fait mine de réfléchir à peu près cinq secondes à une réponse à apporter. « Ouais, c’est sans doute ça. » pourquoi essayer de contredire une connerie pareille ? Autant rentrer dans son jeu et ne pas lui donner la satisfaction d’avoir gagné. « Ça explique pas mal de choses. » la jeune femme hausse les épaules d’un air désinvolte. « Faut savoir élargir son champ des possibles. » qu’elle dit en faisant un signe au barmaid pour qu’il vienne s’occuper d’eux. « Tu serais surpris de savoir à quel point elles sont plus douées que la plupart des gars. » elle glisse un regard moqueur dans la direction de Seth, juste histoire de mettre ça sur le dos d’un sous-entendu à peine voilé. Avant qu’il ne puisse râler ou renvoyer une pique, elle commence à causer au grand type derrière le bar pour commander les boissons. Un whisky simple et abordable pour Moriarty et un Moscow Mule pour elle. La blonde se retourne et pose son dos contre le bois du bar, observant son camarade d’infortune pour la soirée un instant, avant de laisser glisser ses yeux sur l’assemblée, juste histoire de trouver qui paierait ses verres ce soir. « Alors, Seth, j’savais pas que tu traînais toujours ta carcasse en ville. Tu fais quoi maintenant ? » des fois elle sait aussi faire la conversation de manière à peu près courtoise. Faut pas croire.

« Mais va t'faire foutre. » qu'elle te balance accompagné d'un charmant doigt d'honneur; la routine quoi. Le sourire du parfait merdeux ne tarde pas à s'élargir sur ton visage alors que tu lui adresses un clin d'oeil. Les hostilités sont lancés, vous pouvez enfin vous diriger vers le prochain bar. La soirée est encore jeune. Il vous reste encore une heure ou deux avant les fermetures. Au bout de quinze minutes de marche durant laquelle elle ne partage rien, Spencer te guide vers son fameux bar orné de drapeaux multicolores. « T’as cru que c’était un bar de luxe ? » Ouais bah tu peux toujours espérer. Elle ne vole que dans les bars crades ? Il y a de meilleures récoltes à faire dans les bars de luxe. Le problème c'est le cover charge à l'entrée, mais bon, avec sa petite taille, elle peut se faufiler à travers n'importe quelle fenêtre. Tu ne peux pas dire que tu es agréablement surpris de son choix. « J'mérite pas moins. » Les habitudes de gosses de riches à qui on doit tout ne sont jamais bien loin. Elle ne doit pas s'en douter que t'as déjà été un sommet de la tour doré. C'est assez difficile à croire quand on voit à quel point t'es enfoncé creux aujourd'hui.

« Ouais, c’est sans doute ça. » Lesbienne, donc. T'as rien contre les filles qui aiment les autres filles. Tu la suis alors qu'elle vous ouvre un chemin jusqu'au comptoir du bar. « Faut savoir élargir son champ des possibles. » Elle raconte n'importe quoi. Tu ne la crois pas une seule seconde. Elle étire le bras pour faire signe au barman de s'approcher. « Tu serais surpris de savoir à quel point elles sont plus douées que la plupart des gars. » Très très drôle. Elle vise directe dans l'égo. Bien joué. Tu as la langue qui te démange, mais elle se retourne pour passer commande avant même que tu puisses répliquer quoique ce soit. Elle arrive presque à te mettre de mauvaise humeur. Elle aurait besoin de s'faire rafraîchir la mémoire celle-là. « Alors, Seth, j’savais pas que tu traînais toujours ta carcasse en ville. Tu fais quoi maintenant ? » Un verre pour elle, un verre pour toi. Où est-ce qu'elle voulait que tu sois ? Elle espérait que les australiens n'arrivaient pas à te supporter et te renvoie dans ton pays d'origine. Just to bad, c'est plutôt les anglais qui ne veulent pas te reprendre. Et puis, elle pose une question à laquelle elle n'a même pas envie d'entendre la réponse. Elle a pas envie de savoir ce que tu deviens (tu deviens pas grand chose et elle s'en doute sûrement) tout comme tu en à rien à faire de ce qu'elle devient elle aussi. C'est pour ça que tu lui retourneras pas la question. « J'bosse dans un resto dans Fortitude Valley. » que tu lui dis. Tu ne précises pas lequel. Tu te demandes si elle va faire le tour de tous les resto du quartier pour te retrouver, parce que tu lui manques trop, évidemment. « J'te garderais les restes à jeter. » La main sur le coeur. Tu prends de nouveau une longue gorgée de ce whisky avant de redéposer le verre sur le comptoir. « Met pas de GHB dans mon verre. J'vais pisser. » Comme s'il allait rester les deux gorgées dans ton verre à ton retour. T'es pas si con. Tu comptes pas revenir pour de vrai de toute façon. Tu préfères l'abandonner avec sa dette de verre impayés qu'elle n'a sûrement jamais eu l'intention de payer plutôt que d'être celui qui se fait avoir encore une fois.