Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, Madison prenait la mesure de cette phrase plus que jamais maintenant qu'elle était séparée de Julian. Aujourd'hui il ne pouvait pas la voir, il avait promis de passer la journée avec sa fiancée, une promesse dont elle se serait bien passée de connaître l'existence, à présent elle n'arrêtait pas de penser que c'était elle qui avait ses lèvres, que c'était elle qui le prenait dans ses bras, il aurait dû prétexter qu'il était avec son frère ou sa sœur, cela aurait été moins douloureux. Les deux tourtereaux s'étaient faits la promesse qu'ils auraient une relation sincère, qu'ils se diraient tout, mais dans des moments comme celui-là il aurait mieux valu qu'il éclipse la vérité, qu'il ne précise et rien. Et si c'était aujourd'hui qu'ils décideraient pour une date ? Lors de son deuxième rendez-vous avec lui il avait l'air de dire que le mariage serait pour septembre, mais elle espérait du plus profond d'elle-même qu'il allait encore retarder l'échéance, sinon leur liaison aurait été de bien courte durée. Heureusement quelqu'un vint la sortir de ses sinistres pensées, c'était Sophia qui venait toquer à sa porte, elle avait totalement oublié qu'elle lui avait dit qu'elle lui laisserait son chien aujourd'hui. Lorsque sa voisine s'en alla et que le chien déposa ses fesses par terre, elle soupira. « Bon et bien au moins je ne serais pas entièrement seule aujourd'hui, tu vas me tenir compagnie hein Loukoum ? »L'animal remuait la queue et la regardait avec de grands yeux, avait-il comprit qu'elle était triste ? Certainement puisqu'il décida de lui changer les idées en lui sautant dessus, ce qui la fit tomber par terre. Il commença à lui lécher le visage. « Ahh Loukoum il faut toujours que tu essayes de combler mon manque d'affection... si seulement ça pouvait être suffisant. »Il était mignon son chien, plein d'entrain, mais il n'arrivait pas pour autant à lui changer les idées complètement. Soudainement il s'en alla, ce qui permit à l'organisatrice d'événementiel de se lever. « Où tu vas ? Dans la cuisine ? Tu as déjà faim ? »Même pas, il s'était posé dans le meuble dans lequel elle rangeait quelques jouets pour animaux, il aboya pour l'inciter à le rejoindre plus facilement.« Bon d'accord, je n'ai rien de mieux à faire de toute façon. » La jeune femme décala son canapé afin d'avoir plein de place au milieu du salon, puis elle partit chercher quelques balles. « Tu n'as pas intérêt de saccager mon appartement sinon je te séquestre dans la chambre à Nathan. » Chambre à Nathan, c'était de bien grands mots, il n'y dormait pu depuis plus d'une semaine, mais justement ça allait permettre au chien d'avoir sa propre pièce, une suffisamment éloignée de sa chambre, ce qui lui permettrait d'avoir un peu de tranquillité une fois qu'elle en aura marre de s'en occuper. Elle joua un moment avec lui, même si elle était lassée elle se forçait, il allait s'ennuyer tout autant qu'elle sinon le pauvre. Les heures passèrent et rien ne se passait, du moins jusqu'au moment où Madison allait s'apprêter à se changer pour se mettre en pyjama, quelqu'un toqua à la porte. Qui pouvait bien venir à cette heure-ci ? Julian ? Non il ne se permettrait pas de venir sans prévenir à l'avance, il ne prendrait pas le risque de se retrouver devant un appartement vide. Et si c'était son cousin qui était décidé à revenir ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir, il fallait qu'elle ouvre cette foutue porte. Le chien semblait croire qu'elle n'avait rien entendu puisqu'il aboya plusieurs fois. « C'est bon je vais aller ouvrir, assieds toi et tais toi. » Ses cheveux étant débraillés, elle préféra se les attacher avant d'aller ouvrir. « Bon allons voir qui c'est. »Elle fit quelques pas et ouvrit enfin la porte, c'était Jamie. « Hey mais qu'est-ce que tu fais là, à cette heure-ci ? Tu veux vérifier que j'ai arrêté de boire c'est ça ? » Plaisanta-t-elle, elle savait bien que ce n'était pas pour cela puisqu'en ce moment elle était sage, elle ne picolait que très peu, malgré son blues elle n'avait pas touché à une seule bouteille de la journée.
C'est à la fin d'un long week-end d'un repos bien mérité que je décide de me rendre chez Madison, abandonnant Joanne à la maison une heure ou deux -à la base, je ne comptais pas m'absenter plus longtemps que ça- avec Ben et notre nouveau pensionnaire à quatre pattes. Nous sommes fiancés depuis une petite semaine, et je n'en avais encore parlé à personne, si ce n'est à l'inconnu avec qui j'échange quelques messages parfois. La jeune femme en avait néanmoins déjà parlé avec Sophia, sa meilleure amie. Et puisqu'elle semblait d'accord pour que Madison s'occupe d'organiser le mariage avec nous, j'avais pensé qu'une visite s'imposait. Avant Charlie, Gaby, les Beauregard et qui que ce soit d'autre, je tenais à ce que ma princesse soit la première au courant. Je suppose que, après mes avoeux lors de son anniversaire, une telle annonce lui semblera assez étrange, d'autant plus que nous n'avons pas énormément échangé depuis. Ou peut-être cela la rassurera. Je prends donc la voiture et conduis rapidement jusqu'à l'immeuble de Madison, connaissant le chemin absolument par coeur -ainsi qu'un tas d'itinéraire différents, au cas où. J'arrive en une poignée de minutes et monte à son étage par les escaliers. J'aurais bien été incapable de tenir en place dans la cage d'ascenseur tant la hâte de savoir sa réaction commence à grimper un moi, me rendant de plus en plus nerveux. Enfin je frappe à la porte de l'appartement, me balançant de mes talons à la pointe de mes pieds pour décharger un peu de mon impatience. L'aboiement d'un chien à travers la porte me fait hausser un sourcil. Depuis quand Madison a-t-elle un chien ? La jeune femme apparaît enfin dans l'entrebâillement dans la porte, demandant si je viens vérifier par surprise qu'elle n'est pas en tête-à-tête avec son whisky ce soir. « Non absolument pas. » j'assure avec un sourire amusé. « Même si je n'ai pas intérêt à voir une bouteille ouverte dans l'appartement si tu veux pas passer un sale quart d'heure. » j'ajoute. Malgré mon air plaisantin, je pense qu'elle sait pertinemment que, dans le fond, je parle assez sérieusement. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas l'objet de ma venue. « J'avais envie de passer te voir. » dis-je en haussant les épaules, l'air de rien -et surtout les mains dans les poches afin qu'elle ne puisse pas voir le solitaire que je porte à mon annulaire gauche. Oh, je sais qu'elle me connaît beaucoup trop bien pour penser que je ne fais qu'une visite de courtoisie, et j'entends déjà ses pensées fourmillant à la recherche de la réelle raison de ma venue. « A vrai dire, j'ai quelque chose à te demander. » j'avoue, restant complètement vague. « On peut en parler à l'intérieur ? » Madison ouvre un peu plus sa porte afin de me laisser entrer. Je ne tarde pas à me faire accueillir par le fameux chien, que je reconnais facilement comme étant Loukoum, le compagnon de Sophia. Je ne me fais pas prier pour lui offrir quelques caresses sur son cou touffu et sur sa bouille toujours aussi adorable. Il semble sourire et rire de tout en permanence -un peu à l'instar de sa maîtresse. « Bonsoir Loukoum. » Définitivement le meilleur nom que Sophia pouvait lui trouver -toute forme d'objectivité mise à part. « Tu joues les dog-sitter maintenant ? » je demande à Madison en me redressant, prenant toujours soin de remettre mes mains dans mes poches.
Les visites à l'improviste Madison n'avait rien contre, du moment qu'on ne venait pas la voir lorsqu'elle était très occupée. Aujourd'hui ce n'était pas le cas, généralement le dimanche elle ne faisait pas grand-chose, c'était la journée de l'ennui, elle n'avait pas de famille à voir, les boutiques étaient fermées et ses amis n'étaient pas toujours disponibles pour sortir. L'organisatrice d'événementiel aurait très bien pu chercher à contacter Nathan, essayer de le faire revenir, mais elle n'en avait pas eu la moindre envie et puis elle avait trop de fierté pour cela, tout comme lui d'ailleurs alors la situation restait au point mort, ce qui faisait qu'elle était à nouveau la seule personne à occuper ce grand appartement. L'unique enfant des MacAllister avait été passive dans à peu près tout, elle ne s'était pas beaucoup activé pour se chercher un employé, elle n'avait pas essayé de se réconcilier avec Jamie, elle n'avait pas recontacter Julian pendant cinq semaines... heureusement que l'animateur d'ABC s'était bougé lui, qu'il lui avait organisé son anniversaire et qu'il avait invité Julian alors qu'à la base il ne voulait pas de lui dans sa vie. Madison aurait bien finir par essayer d'arranger les choses avec son protecteur, mais cela aurait trainé pendant au moins quelques semaines s'il ne l'avait pas invité chez lui. La fête qu'il lui avait organisé lui avait permit de comprendre plusieurs choses : premièrement qu'il ne pouvait pas rester brouillée avec elle très longtemps, deuxièmement qu'il était capable d'accepter son coup de cœur, troisièmement qu'elle avait des amis qui pensaient à elle et quatrièmement qu'il avait été amoureux d'elle à Londres. La dernière chose était la plus surprenante, elle n'aurait jamais pensé entendre de telles paroles un jour, encore moins à un moment où il était pris. La lucidité de Charlie lui avait permis de voir les choses de manière plus claire, de mettre des mots sur ce qu'il avait ressentit à l'époque, mais malgré tout la brunette avait du mal à y croire... si c'était le cas pourquoi il ne lui avait rien dit avant ? Pourquoi il ne l'avait pas empêché plus que cela de finir avec Castiel ? Que de questions sans réponses, mais toutes ces questions elle allait très certainement les garder pour elle, même si maintenant elle l'avait en face d'elle. Il réfuta son hypothèse, mais il ajouta que si jamais elle se révélait vraie elle allait passer un sale quart d'heure. « Je n'ai rien à craindre alors, il n'y a rien de compromettant chez moi. »Non, la seule chose qu'il allait voir c'est qu'il y avait une boîte de cookies bien entamée sur son comptoir, preuve qu'elle avait essayé de se consoler de son chagrin avec de la nourriture sucrée. Jamie lui disait qu'il avait envie de la voir, mais elle se doutait bien qu'il y avait une raison derrière, qu'il n'allait pas se pointer chez elle comme ça, sans raison valable. Il confirma ses pensées en lui disant qu'il avait quelque chose à lui demander, qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Il était trop vague, les sourcils de la brunette se arquèrent. « Oui bien sûr, entre. »Elle ouvrit entièrement la porte, attendit sagement qu'il rentre à l'intérieur et la ferma aussitôt, s'il avait besoin d'être à l'intérieur pour lui donner l'objet de sa venue c'était que ça devait être très personnel. Au lieu de rompre le suspens, son ami s'occupa du chien de Sophia, il semblait étonné de le voir ici. « Ça fait un moment que je le suis, de manière assez aléatoire, quand Sophia en a besoin, mais comme tu ne passes pas souvent tu ne l'as jamais su. »Était-ce un reproche ? Non, elle savait qu'il n'avait pas que ça à faire de venir la voir quotidiennement surtout que parfois il finissait vraiment tard. Une fois qu'il se redressa, elle se rendit compte qu'i avait remis ses mains dans ses poches presque aussitôt, cela voulait-t-il dire qu'il était particulièrement décontracté ce soir ? Il avait une mine drôlement bonne, comment avait-elle pu passer à côté de ça ? Il avait dû se passer un truc avec sa Joanne et si... et si elle était enceinte ? C'était quelque chose de probable, fort probable.
« Je ne suis pas invité très souvent non plus. » je fais remarquer, prenant tout de même sa phrase comme un petit reproche. Je sais pertinemment que je ne consacre pas assez de temps à mes amis, et n'étant pas un grand fan du téléphone, j'appelle rarement et j'envoie des messages ponctuellement. J'accorde aussi peu de temps à ma famille au final. Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai pas croisé un Beauregard. Depuis que Thomas et Ezra sont sortis de l'hôpital et qu'ils sont retournés à leurs vies normales, je suis moi aussi retourné à la mienne. Mais il faudra que leur annonce la nouvelle, à eux aussi. Je sens que je vais encore finir dans la piscine. Furtivement, mon regard glisse dans l'appartement, de meuble en meuble, vérifiant quand même, par automatisme, si une bouteille ne se planque pas quelque part. Ce qui n'est pas le cas. De toute manière, c'est une vérification juste pour ma conscience ; si Madison avait bu, je l'aurais senti à des kilomètres. « Je pourrais te confier Ben de temps en temps alors. » dis-je en me baladant dans l'appartement. Bien sûr que je meurs d'impatience à l'idée de parler de mes fiançailles à la jeune femme, mais j'attends encore un peu. Comme un habitué de la maison, je fais plus ou moins comme chez moi et me rends dans la cuisine où j'attrape un verre et prends un peu de soda trouvé dans le frigo. « Et notre petit nouveau. J'ai trouvé un chien, perdu ou abandonné, j'en sais rien. Il traînait à côté de la radio. Un court sur pattes, une sorte de Teckel d'après le vétérinaire. On le gardera si on ne met pas la main sur son maître. » Je ne sais plus pourquoi je raconte tout ça… Ah, Loukoum. Je m'assied dans le canapé du salon, et la bestiole s'assied par terre, à côté de moi. Enfin, je mets un terme aux banalités, et j'en viens -lentement mais sûrement- aux faits. « Je connais une femme qui va se marier. » dis-je pour commencer, comme si j'étais simplement venu lui parler d'un futur client, et donc d'un événement à organiser que je lui aurais dégoté auprès de cette personne. « Je lui ai parlé de toi. Je lui ai dit que j'ai pleinement confiance en toi dans ce domaine, que tu es excellente et qu'il faut se fier à toi. » Même en faisant l'éloge de Madison, Joanne avait semblé sur sa retenue ; beaucoup de mauvaises expériences avec des organisateurs qui n'écoutaient pas ses envies et ses besoins pour son premier mariage à ce que j'ai deviné. Elle accorde beaucoup d'importance à ce que la cérémonie soit personnalisable dans les moindres détails, et je suis persuadé qu'il n'y a pas mieux que de s'adresser à une amie qui saura à la fois être attentive et experte dans le domaine. Pour moi, Madison est toute indiquée, mais Joanne ne la connaît qu'à travers ce que je lui rapporte à son sujet, il est normal qu'elle attende de se faire sa propre idée et soit un peu méfiante. Mais j'ai bon espoir que tout se passera bien. « Ce n'est pas pour tout de suite, mais le futur marié est du genre un peu lourd, à vouloir prévoir très en avance avec une sale manie de penser qu'il peut tout contrôler. Honnêtement, si tu acceptes d'organiser ce mariage… Ca te fera une très grosse pub, ça sera sûrement bon pour ton agence, mais ça ne sera vraiment pas un cadeau. » Je mordille ma lèvre, essayant de réprimer un sourire, mais pas moyen.
Essayer de retourner la faute c'était moche, très moche, mais dans le fond il n'avait pas totalement tort, elle ne l'invitait pas très souvent. Les temps avaient changés, ils n'étaient plus des adolescents, ils ne pouvaient plus se voir aussi souvent que lorsqu'ils fréquentaient la même école, c'était une époque révolue, une époque qui ne lui manquait pas plus que ça puisqu'elle s'en portait beaucoup mieux depuis qu'elle n'était plus au milieu de sales gosses de riches. « Voyons le côté positif des choses, moins on se voit et moins il y a de chances qu'on s'engueule... » Il se croyait discret, mais elle voyait bien que son regard avait dérivé, qu'il était à la recherche de quelque chose, qu'il ne lui faisait pas entièrement confiance, mais elle ne lui en tiendrait pas rigueur, pas ce soir, elle n'était pas d'humeur à lui chercher des poux. « Peut-être oui. » Certainement même vu qu'elle n'était pas prête de se prendre un animal de compagnie, cela ne lui faisait pas de mal de garder celui des autres, mais il allait quand même falloir qu'elle fasse attention, il ne faudrait tout de même pas que son appartement se transforme en arche de Noé. Si elle voulait se retrouver cernée d'animaux elle n'avait qu'à se rendre dans l'association dans laquelle elle était bénévole, elle ne pensait pas qu'elle supporterait d'en avoir partout chez elle, cela serait trop de boulot, cela lui donnerait du ménage supplémentaire à faire et puis elle risquait de déranger les voisins si elle collectionnait les chiens, il serait tout de même dommage de gâcher la bonne relation qu'elle entretenait avec son voisinage. Jamie lui raconta qu'il avait récemment acquit un deuxième chien, enfin acquit c'était un bien grand mot, il n'avait pas fait la démarche d'aller dans un refuge pour en adopter un nouveau, il l'avait trouvé comme ça par hasard. « Sûrement une victime des abandons de l'été, tu fais bien de le garder parce que mon association sature déjà. » Elle soupira, cela l'agaçait tellement de voir à quel point les gens pouvaient être irresponsables, prendre les animaux pour des jouets qu'ils pouvaient lâcher à tout moment, hélas les abandons n'étaient pas sévèrement punis par la loi donc cela allait continuer encore et encore pendant un certain nombre d'années... L'animateur d'ABC commença à lui parler d'une femme qui allait se marier, ce qui eut pour effet de lui faire immédiatement lever un sourcil, une future cliente ? Il lui disait qu'il avait vanté ses mérites, qu'il fallait se fier à elle. Madison commença à rougir légèrement, Jamie ne la complimentait pas souvent alors elle n'était pas habituée. Elle ne dira rien parce qu'elle savait qu'il n'avait pas encore terminé, il prenait son temps. Lorsqu'il commença à lui décrire le futur marié elle eut une soudaine illumination, elle comprit de qui il s'agissait, ses yeux se mirent à pétiller, chose qu'il ne voyait pas puisqu'il regardait Loukoum depuis un court instant. « C'est gentil d'avoir pensé à ça pour moi mais... » Elle marqua une courte pause, pour faire semblant qu'elle réfléchissait à sa réponse. « Mais, je ne pense pas accepter, j'ai assez donné dans les clients casse-pieds, surtout avec la rédactrice en chef de vogue australia, je n'en pouvais plus... et je ne peux pas refiler ce mariage à une associée puisque je n'en ai plus alors... sans façon. » Est-ce qu'elle jouait bien la comédie ? Elle n'en savait trop rien, elle ne s'entendait pas parler et elle ne se voyait pas alors, il n'y avait plus qu'à attendre sa réponse pour avoir un verdict...
Passant une main dans le poil de Loukoum, j'attends la réponse de Madison, parfaitement certain qu'elle acceptera d'organiser la cérémonie en question -et sans vraiment douter qu'elle ait compris de quel mariage il s'agit en réalité. Mais, il y a un mais. Sourcils froncés, je pose mon regard sur mon amie, attendant la suite de sa phrase qui tarde à venir. Elle réfléchit. Est-ce qu'elle réfléchit vraiment ? C'est qu'elle n'a sûrement pas compris qu'elle a son futur client sous les yeux. Si Madison avait deviné qu'il s'agissait de moi, elle ne réfléchirait même pas. Ou bien si, quand même ? Non, elle n'oserait pas me refuser ça. Sur le moment, je suis perdu, je n'en sais rien. A l'entendre parler, je suis assez crédule pour croire qu'elle n'a non seulement pas compris que je lui propose d'organiser mon mariage, mais qu'en plus elle refuse complètement l'offre quelle qu'elle soit. « Tu plaisantes, hein ? » je demande, scrutant son visage dans le moindre détail pour avoir un indice. Mon regard planté dans le sien décèle un petit éclat, le coin des yeux rieur, et, juste une seconde, un minuscule rictus au bord de ses lèvres qui la trahit enfin. Soulagement. « Bien sûr que tu plaisantes, espèce de... » Abandonnant ma phrase en chemin, j'attrape l'un des coussins qui se trouvent sur le canapé où je suis assis et le lui balance à la figure en riant, histoire de me venger. Elle s'est bien moquée de moi. Je fais mine de bouder et croise les bras en m'enfonçant dans le sofa. « J'ai failli marcher. » dis-je, trop fier pour admettre que je suis complètement tombé dans le panneau, trop sûr de moi pour penser un seul instant que Madison puisse refuser ou simplement se jouer de moi. Finalement, je me redresse, retrouvant un peu de sérieux. Au fond, je ne sais toujours pas si elle accepte ou non. Après tout, elle peut réellement préférer écarter ma proposition, parce que je serais un client impossible, parce qu'elle ne veut pas s'occuper de la cérémonie d'un proche, ou je ne sais quelle autre raison. « Plus sérieusement, je n'ai vraiment confiance qu'en toi pour organiser ce mariage, tu dois absolument accepter de le faire. » J'en parle encore comme s'il s'agissait du mariage de quelqu'un d'autre. Il est encore difficile pour moi de me faire à l'idée que cela arrive vraiment, à moi, et non à quelqu'un d'autre. Que ceci est bien réel. « Enfin, mon mariage. » je reprends, pour me corriger. Et à vrai dire, cela me procure un véritable électrochoc. Mon mariage. Je pose une main sur ma bouche, comme complètement sonné, murmurant un « oh mon Dieu... » avant de me lever et faire quelques pas dans le salon. Je réalise à peine. Mais en me refaisant le film des événements, petit à petit, l'euphorie me reprend. Je ris nerveusement, forcé de me retenir de sauter partout et d'hurler pour décharger ma joie. Intérieurement, j'explose, mon coeur bat à toute vitesse, mes jambes hésitent à flancher -et cela n'est traduit que par un large sourire. « Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle a dit oui… »
Jamie marchait, il marchait totalement et c'était foutrement drôle, qu'est-ce qu'il pouvait être naïf parfois. Elle ne se foutait pas souvent de lui, mais quand elle le faisait généralement elle ne le faisait pas à moitié. Il lui demanda si elle plaisantait, question à laquelle elle ne répondra pas, elle préférait le faire mariner. La jeune femme n'allait pas tenir longtemps elle le savait, quelque chose allait finir par la trahir, mais pour l'instant elle ne faisait rien. Au bout d'une trentaine de secondes elle ne pu s'empêcher d'afficher un léger sourire qui le fit réagir immédiatement. Lorsqu'il arrêta sa phrase elle le vit venir, elle esquiva le coussin qu'il lui avait balancé de justesse, celui-ci frôla son oreille. « Failli marcher ? Mais tu as complètement marché dedans mon petit... et en plus de ça tu vises mal. » Oui il fallait qu'elle enfonce le clou alors qu'il boudait déjà. L'organisatrice d'événementiel se posa juste à côté de lui et l'écouta, ce qu'il lui disait lui faisait vraiment plaisir, peut-être qu'il avait déjà parlé de la choisir à Joanne, à moins qu'il attende sa décision avant de le faire, ce qui était plus sage puisqu'elle était souvent débordée, mais peu importe quelle période il choisirait elle trouverait bien le moyen de lui trouver une place et puis elle aurait sûrement une nouvelle associée d'ici là. Il ne se rendait pas compte qu'il parlait de son propre mariage, cela ne l'étonnait pas vraiment après la révélation qu'il lui avait faite à son anniversaire elle se rendait compte qu'il allait lui falloir du temps pour tout, pour s'habituer à un rôle de fiancé, de mari... et peut-être même de père.« Absolument accepter ? Sinon tu vas me faire quoi ? » La jeune femme sourit à nouveau. « Comme si j'allais te dire non gros bêta... comme si j'allais laisser ton mariage à quelqu'un d'autre, jamais de la vie. » Et dieu savait qu'il y en avait des organisateurs d'événementiels qui seraient ravis de mettre la main sur le mariage de l'animateur d'ABC radio, mais elle n'allait pas leur laisser ce plaisir. Son ami se leva, marcha un peu et lui dit qu'il n'arrivait pas à croire qu'elle lui ai dit oui, elle se leva à son tour, s'approcha de lui et lui prit les mains. « Jamie... ne sois pas idiot, pourquoi elle aurait dit non ? Tu vas prendre soin d'elle comme jamais aucun autre homme ne l'a fait et elle le sait. »Elle serra ses mains dans les siennes. « Mais tu ne m'oublieras pas quand vous aurez des enfants hein ? Déjà qu'on se voit pas souvent maintenant alors qu'est-ce que ça sera quand tu en auras... » Lorsqu'elle disait ça elle pensait au rôle de marraine, mais elle n'avait pas envie de le dire clairement, elle savait qu'elle avait peu de chances de l'avoir parce que Sophia était bien plus proche de Joanne qu'elle ne l'était, elle allait forcément la choisir elle et il ne risquerait pas de la contredire, il allait certainement chercher à lui faire plaisir. « Tu sais déjà quel thème il aura ? A quelle période il se déroulera ? » La brunette aimerait beaucoup qu'il lui dise qu'il aurait lieu à noël, les mariages étaient bien trop rares à cette période alors qu'ils étaient pourtant magiques, cela la changerait d'avoir à en organiser un juste avant le nouvel an. Elle lâcha ses mains, se dirigea vers un de ses meubles et se baissa, elle fouilla dans ses affaires et sortit un catalogue qu'elle avait réalisé elle même.« Déjà tu pourrais regarder tous les lieux que je peux te proposer, à moins que tu n'en ais déjà choisi un... mais regarde quand même j'ai peut-être mieux que ce que tu voulais. »
Ce mariage sera mon deuxième, et pourtant, je me comporte et le considère comme mon premier. Mon union avec Enora n'a jamais vraiment compté à mes yeux ; elle n'était pas la femme de ma vie, je n'en étais pas amoureux, et notre couple visait surtout à faire plaisir à tout le monde sauf à nous. Nous n'avons pas eu de main mise sur le mariage, déléguant absolument tout à qui voulait s'en occuper. Nous ne voyions pas cela comme le plus beau jour de notre vie, juste, au mieux, un mauvais moment à passer avant que le monde nous foute la paix. Cette fois, bien sûr, tout est différent. La situation est aux antipodes de celle de Londres. Il s'agit d'une femme que j'aime plus que tout au monde, avec qui je veux vivre, et tenir la promesse d'être l'un à l'autre jusqu'à ce que la mort nous sépare. Je réalise à peine tout ce qu'il m'arrive, et peine à calmer mon rythme cardiaque à chaque fois que j'y pense. Je ne tiens pas en place, mes jambes et mes mains sont nerveuses à souhait. Elle a dit oui, c'est là, c'est fait, c'est concret ; elle veut devenir ma femme, malgré tout -et pourtant le peu- que nous avons vécu ensemble. « Mais c'est si tôt. » dis-je à Madison qui me fait reprendre mes esprits en prenant délicatement mes mains. Je dois avoir l'air désorienté. C'est tant d'émotions et d'informations à assimiler. J'ai l'impression de menacer d'exploser à n'importe quel moment. « Je pensais vraiment qu'elle me dirait d'attendre et de redescendre sur Terre. » Au lieu de cela, je suis propulsé sur ce nuage dont il est pour le moment impossible de me faire redescendre. Joanne est d'un naturel bien plus raisonnable que moi, une nature abandonnée au contact de mon impatience et de ma démesure, mais je ne pensais pas qu'elle aurait disparu à ce point. Au point de s'enfoncer avec moi dans ce qui peut sembler être de la pure folie. « Après tout, ça fait moins d'un an que nous nous connaissons, et nous sommes loin d'avoir toujours eu une relation… normale. » Bien au contraire. Rétrospectivement, il suffit de revoir notre première rencontre absolument désastreuse, un immense mauvais présage, puis la violence de nos disputes, ou encore le soir où j'ai perdu le contrôle au point de lever la main sur elle, pour juger qu'une dizaine d'années de vie commune dans le calme seraient un bon gage de stabilité avant de se lancer dans les promesses du mariage. « Mais, tu sais, j'avais déjà la bague depuis des mois. » Depuis le jour où Joanne avait eu cette détresse respiratoire et avait terminé à l'hôpital -autant dire, de nombreux mois, et encore moins de temps depuis le début de notre relation. La peur de la perdre m'avait fait réaliser à quel point je ne voulais pas vivre sans elle. « C'est difficile à expliquer… C'est juste que je sais que c'est elle la bonne, c'est une évidence. » Une évidence que nous aimons à expliquer à notre manière fantaisiste, par un jeu d'âmes se croisant et s'aimant à travers chaque siècle qui passe, et allant à chaque fois un peu plus loin d'une vie à l'autre. « Est-ce que tu penses que c'est trop tôt, Mad' ? » je demande, surtout par curiosité. L'avis de personnes extérieures à notre couple ne nous a jamais vraiment importés. L'on peut nous regarder comme des fous que cela ne nous fait rien. Nous vivons cette relation à toute vitesse, comme nous l'entendons, comme cela nous rend heureux. Mais je me demande ce qu'en pense Madison, elle qui voit tant de couples passer devant ses yeux, parfois atypiques. « Des enfants ! » je répète en pouffant. « Je ne crois pas que ce soit pour tout de suite. Une chose à la fois. » D'autant plus qu'avec la santé de Joanne, avoir des enfants relèverait du miracle. Un miracle dans lequel je crois dur comme fer, cherchant toujours à rendre la jeune femme plus optimiste à ce sujet. Mais je pense que si cela doit arriver, ce ne sera pas avant des années. Le temps qu'elle retrouve confiance, et se remette complètement de l'avortement du précédent. Alors seulement nous pourrons essayer. Madison retourne au sujet du mariage, m’assenant de questions pour lesquelles je n'ai pas de réponses. « Nous avons à peine évoqué la cérémonie à vrai dire. Joanne aimerait attendre encore. » Que nous profitions du statut de fiancés avant de se lancer dans tous les préparatifs. « Mais tu me connais, moi et l'attente... » Cela n'a absolument jamais été mon fort, la patience. Mauvaise habitude d'enfant de riche, né avec une cuillère en or dans la bouche, et le berceau débordant de tout ce que je pouvais désirer avant d'avoir moi-même conscience que je le désirais. La jeune femme s'éloigne et s'approche d'un meuble débordant, à ce que je vois, de papiers, de classeurs, de dossiers en tous genres. Elle en sort un catalogue qu'elle me tend, des lieux qu'elle aimerait que je regarde pour trouver l'endroit parfait. « Je regarderais. Je peux l'emporter ? » Peut-être pas, je ne sais pas si elle en a plusieurs exemplaires. « Je ne veux pas t'embêter plus longtemps, il est tard. »
« Le plus important c'est que vous jugiez que ça soit le bon moment, il n'y a pas un certain nombre de mois à atteindre avant de se lancer, on va chacun à son rythme. »Madison savait ce qu'elle disait, elle voyait vraiment de tout avec son travail, des personnes qui se mariaient au bout de quelques semaines, quelques mois et d'autres qui le faisaient au bout d'un paquet d'années, après avoir eu des enfants. Elle ne pouvait pas dire quelle était la durée idéale à atteindre avant de s'engager, tout simplement parce qu'il n'y en avait pas à ses yeux. Il lui disait que leur relation n'avait pas toujours été normale, elle ne voyait pas de quoi il parlait vu qu'il restait secret sur un certain nombre de choses concernant Joanne, il n'avait jamais voulu lui dire pourquoi elle avait été hébergée chez Sophia.« Je ne sais pas ce que tu veux dire par là mais aucun couple n'est parfait en toutes circonstances, je pense... » Pas ceux qu'elle avait pu formé, ni celui de ses parents en tous cas, elle n'avait jamais eu l'exemple du couple idéal, cela n'existait que dans les films. Jamie lui apprit qu'il avait déjà la bague depuis des mois, elle trouvait ça mignon, il avait trouvé que Joanne était une évidence tôt, cela le changeait radicalement de sa première femme. Elle ne pouvait pas dire du mal de la blonde parce qu'à sa connaissance elle n'avait jamais rien fait de mal, seules les personnes qui tournaient autour de son protecteur étaient vues de travers. « Les grossesses ne viennent pas toujours quand on le prévoit... »Aucune tristesse n'était perceptible dans ses paroles, malgré la référence à sa propre expérience. « Est-ce que c'est trop tôt ? Tu penses que je suis la bonne personne pour répondre à ce genre de question ? »Au vu de ses nombreuses périodes de célibat, de son incapacité à avoir une seule relation vraiment longue elle ne pensait pas l'être. « J'ai vu des gens divorcer, après s'être marié au bout de six années de relation, d'autres rester ensemble longtemps alors qu'ils s'étaient mariés au bout de six mois... le mariage n'est pas une science exacte. »Et encore heureux sinon cela perdrait toute sa magie. Jamie n'allait pas être le seul à être impatient, son mariage allait être l'événement numéro un, celui dont elle voudrait le plus s'occuper, surtout qu'il lui ferait oublier un autre dont elle n'aimerait jamais voir le jour. « Si Joanne finit par céder à tes caprices il aura lieu avant l'été, cela serait bien ça sera déjà bien c'est tellement commun de le faire en été... »Le couple qu'il formait avec elle n'avait rien d'ordinaire à ses yeux, il serait dommage que l'événement soit banal, une pâle copie de tant d'autres, mais elle ne connaissait pas encore les goûts de la demoiselle, elle ne pouvait pas dire ce que cela allait donner. Elle pourrait déjà avoir une idée si elle lui laissait un catalogue et qu'ils commençaient à regarder tous les deux, elle lui tendit celui qu'elle avait pris. « Bien sûr prends le, gardes le autant de temps qu'il le faudra, j'ai d'autres exemplaires à l'agence. »Il ne l'embêtait pas, mais puisqu'il ne semblait pas vouloir trainer chez elle elle le laissa partir. Dès qu'il quitta son appartement, e elle se tourna vers le chien de Sophia et déposa ses mains sur ses hanches. « Bon et bien il n'y a plus que toi et moi, je vais bien m'occuper de toi maintenant que je n'ai rien d'autre à faire. »