Murphy est un peu stressée, ce soir. Et quand Murphy est un peu stressée, elle compte à l'envers sur ses doigts jusqu'à ce que le stress disparaisse. Quoi de mieux que le bureau du directeur, alors, pour être tranquille ? Elle a trouvé un manuel de mathématiques confisqué à Raz Beaugaillard sur lequel elle griffonne, blasphémant le saint papier glacé qui laisse voir des exercices qu'elle a déjà fait et refait des dizaines de fois. En même temps quand on est championne d'échecs au club du lycée, on ne peut qu'être excellente en mathématiques. Megan elle aussi est forte en mathématiques, mais quand même moins que sa sœur jumelle. Cela, elle ne peut pas lui enlever. Megan a, en revanche, une bien plus jolie robe que celle de Murphy. Le bleu jure affreusement avec la couleur robe bonbon du nœud papillon qui retient sa chevelure au dessus de sa nuque. Le chignon qui tente de contenir l'épaisseur de sa crinière ne fera pas long feu. De toute façon avec un tueur en liberté, la soirée est déjà finie.

Enfermée dans le bureau, Murphy ne compte pas laisser quiconque entrer dans son bunker. Elle est armée du volume qu'elle n'hésitera pas à abattre sur le premier intru qui se présentera à la porte. Dans les tiroirs, elle a aussi trouvé des objets illicites et même une bouteille de Hennessy. Elle ne la partagera avec personne de toute façon. Pour la soirée, Murphy ne s'est pas trouvée de cavalier... mais les choses pourraient changer du tout au tout en plus de temps qu'il n'en faut pour dire "ouf".

Du plafond surgit alors le prince providentiel, un garçon blond couvert de poussière. Dans les films, les princes surgissent plutôt sur des chevaux blancs mais la jeune fille ne fera pas la fine bouche. Un hurlement perce le silence de la pièce et la voilà qui abat le volume de mathématiques sur la tête de l'intru. Sa maman le lui a dit et répété : dans la vie, il faut savoir se défendre. Quand elle se rend compte que celui sur lequel elle fait déferler sa furie, Murphy s'arrête, livre en l'air et souffle court. « Damon ? Qu'est-ce que tu faisais dans le plafond ? » Ses lunettes viennent parfaire la panoplie clichée qu'elle a mal dissimulé avec sa robe de bal. Son appareil dentaire rend difficile son élocution et ses lunettes en culs de bouteilles n'arrangent vraiment pas son visage. « T'aurais pu juste taper à la porte, je t'aurais ouvert. » S'il y a bien une personne à qui elle n'aurait pas refusé l'entrée, ce n'est pas le blondinet. « Tu sais que y'a un type qui zigouille des gens ? Il paraît qu'une pompomgirl est morte. » Et c'est franchement tant mieux, si on demandait à Murphy.

@damon williams

murphy's law

@murphy rowe

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L’obscurité venait tout changer dans la perception de la réalité, pour Damon. Si d’ordinaire, il était du genre à faire attention à tout et n’importe quoi, au moindre détail et aux variables dont tout le monde se foutait, aujourd’hui il n’avait pas pris le temps de venir scanner la pièce du regard car le manque de lumière ne lui permettait pas d’avoir un visuel correct. Si bien qu’il s‘aperçut que quelqu’un d’autre se tenait à ses côtés que lorsqu’il en vint à être nez-à-nez avec cette autre personne. Sans attendre une seconde de plus, les poumons de Damon vinrent projeter un cri strident à travers la pièce - super intelligent, pour des personnes qui devaient se cacher d’un tueur en fuite -, et il ne vint stopper cet hurlement que lorsqu’un gros volume vint s’abattre sur son crâne. Il était muet, désormais, et surtout il était déboussolé; il se mit à faire quelques pas à travers la pièce, titubant, se tenant le dessus du crâne de l’une de ses mains. « Damon ? Qu'est-ce que tu faisais dans le plafond ? » La voix qui s’adressait à lui mit une ou deux secondes supplémentaires avant d’être comprise par le gamin, qui semblait toujours au pays des petits oiseaux l’espace d’un instant. « T'aurais pu juste taper à la porte, je t'aurais ouvert. » Le regard de Damon vint finalement se poser sur le visage de la jeune femme qui se trouvait à ses côtés - oh, Murphy. Avant même qu’il n’ait le temps de quoi que ce soit, le rouge lui monta aux joues et heureusement qu’il se couvrait la moitié du visage avec son bras, celui qui venait appuyer sur la bosse que Murphy venait justement de lui faire.

Il aurait pensé pouvoir se retrouver avec n’importe qui ici, en cet instant, mais il n’avait pas envisagé que Murphy puisse être de la partie. Après tout, il venait de passer la dernière heure en compagnie de Léo - de LEO -, parce-que c’était une personne attendue au bal de promo et que ça aurait été plutôt étrange que de ne pas le croiser là-bas. Damon ne s’était jamais dit que Murphy pouvait se trouver ici ce soir, tout simplement parce-qu’elle était du genre à cracher sur ce type d’évènements, plutôt qu’à s’y rendre de bon coeur. Et pourtant, le blond aurait été plus ue ravie que de la voir danser sur la piste ce soir, nourrissant un crush sur elle depuis le premier jour où leurs regards s’étaient croisés au club d’échecs. « Tu sais que y'a un type qui zigouille des gens ? Il paraît qu'une pompomgirl est morte. » Il vint secouer sa tête, le regretta aussi. « Quoi ? » Il était perdu dans la contemplation d’une scène qu’il n’avait pourtant pas sous les yeux, et n’avait écouté qu’en partie ce que la brune venait de lui dire; il avait de toutes façons une excuse: elle l’avait assommé quelques instants auparavant, alors il n’était plus tout à fait connecté à la discussion. « Oui, j’ai appris pour la pompomgirl. C’est triste. » Son regard vint se concentrer sur Murphy. « Qu’est-ce que tu fais là toi ? » Il avait déjà oublié la première question qu’elle lui avait posé mais ce n’était pas bien grave, parce-qu’il venait de se rendre compte que s’il ne s’attendait pas à la voir ici, elle devait surement avoir une bonne explication à lui donner.

« Quoi ? » Il débarquait du plafond. Bien sûr qu'il n'était au courant de rien. Pourquoi, quelque chose dans ses yeux indique à Murphy que Damon manque juste d'un peu de concentration. C'est drôle comme les gens changent de personnalité quand il y a un tueur dans les environs. D'habitude, Damon et Murphy ne manquent jamais de concentration. Qu'il s'agisse de partager des théories au sujet d'un nouveau film de science-fiction ou de jouer aux échecs, ces deux-là font la paire. Il y a bien autre chose qu'ils pourraient partager, mais aucun n'est prêt à faire sa déclaration à l'autre. Dommage pour eux. « Oui, j’ai appris pour la pompomgirl. C’est triste. » Non, ce n'est pas vraiment triste. Cette fille faisait partie de la bande qui emmerdait toujours Murphy à la moindre occasion. Chewing-gum dans les cheveux, sous-vêtements volés dans les vestiaires, messages idiots collés dans le dos... Avec ce petit groupe insupportable, Murphy en a bavé. Elle ne s'est jamais plaint, n'a jamais haussé la voix, ne les a jamais dénoncées. De toute façon, à quoi bon ?

« Qu’est-ce que tu fais là toi ? » « Je me cache pardi ! » Dents serrées, Murphy se dépêche d'aller vérifier que la porte est bien fermée. Heureusement, elle n'a pas bougé, pas même avec la chute du plafond de Damon. « Et je sais pas où t'étais avant... » La jeune fille s'empare d'une chaise et la coince sous la poignée de la porte. Sa voix est toujours aussi basse que possible, pour éviter d'attirer l'attention par ici. La dernière chose dont elle a envie, c'est de mourir ici. « ...mais tu vas faire pareil. On va se planquer et puis survivre. » Peu importe les plans du jeune homme, ils viennent de changer. Murphy ne tient pas particulièrement à mourir, et elle n'a pas envie que Damon passe l'arme à gauche. Ici, ils seront protégés. Et s'il compte s'échapper, il faudra la convaincre de céder les clefs, qu'elle garde précieusement dans sa poche, juste au cas où il viendrait à Damon une idée un peu stupide.

murphy's law

@murphy rowe

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« Je me cache pardi ! » Ceci était une plutôt bonne réponse, et Damon avait passé les dernières minutes et dizaines d’avant de l’heure écoulée aux côtés de personnes pour qui riposter semblait être tellement évident qu’il ne pensait plus au fait qu’il aurait été aussi simple de juste se cacher du tueur. « Et je sais pas où t'étais avant... » Oh, elle connaissait aussi bien Léo que lui, sûrement même Rae plus que lui, et ce n’était pas Murphy qui allait venir approuver son choix de compagnon de voyage. « ...mais tu vas faire pareil. On va se planquer et puis survivre. » Le regard de Damon vint se relever vers la jeune femme, quelque peu perturbé. Ce n’était en rien le plan qu’il avait élaboré un peu plus tôt lorsqu’il en était venu à croiser le chemin de Rae et Leo; et si l’idée d’aller chercher le tueur pour lui en faire baver ne l’avait pas enchanté, celui de trouver les clefs pour sortir d’ici était bien mieux. « J’ai pas prévu de me cacher moi, Murphy. » D’ordinaire, il n’aurait pas réussi à être aussi courageux. D’habitude, il serait venu baisser les yeux et acquiescer en silence. Mais pour une fois, il saisit l’opportunité: celle de venir montrer à Murphy qu’il était lui aussi courageux.

Il vint donc secouer la tête, le regard cette fois ci déterminé. « On va s’échapper, Murphy. On va trouver la sortie et on va échapper au tueur. » Il disait on là où maintenant qu’il avait croisé le chemin de la jeune femme, Damon ne comptait pas la laisser partir toute seule dans son compte, ou rester là toute seule - et de toutes façons, il aurait besoin de compagnie pour rester fort. « Je suis venu dans ce bureau pour trouver les clefs du directeur et aller ouvrir la porte principale du lycée. » Elle allait le prendre pour un fou, elle qui était d’accord avec lui d’ordinaire pour ne prendre aucun risque autre qu’un coup aux échecs qu’elle n’avait encore jamais joué.