AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Besoin d'un coup de main pour t'intégrer ?
Clique ici pour trouver un parrain et relever les défis du nouveau !
Le forum a besoin de vous
N'oubliez pas de voter autant que possible.
-11%
Le deal à ne pas rater :
Smartphone 6.36 ” Xiaomi 14 (12 Go / 256 Go
641 € 719 €
Voir le deal

 Vingt mille lieues sous les mers (Thomas)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyMer 1 Déc - 12:25

Les voyages ont ceci de captivant qu’ils continuent de vous transporter ailleurs même une fois de retour à la maison. Le goût de la fraîcheur et de l’aventure persiste à chaque itération d’un souvenir raconté à qui veut l’entendre, l’enthousiasme se ravive un peu plus dans la mémoire le temps de quelques anecdotes amusantes balancées au détour d’une conversation passionnée avec une voisine, venue s’enquérir de ses nouvelles. On s’est habitué à sa tignasse rousse désordonnée dans le quartier, et puis on l’apprécie bien, parce qu’il apporte une touche de couleur appréciable à la rue avec toutes ces fleurs sur le balcon. Parce qu’il semble avoir toujours de nouvelles choses extraordinaires à relater, aussi. Le reste, tout ce qui ne se raconte pas avec des mots, s’est matérialisé au fil des jours sur une pléthore de feuilles de papier, noircies de croquis détaillés narrant les chroniques de son escapade de quelques semaines en Tasmanie. Et après avoir veillé à ce que son jardin et ses multiples plantes d’intérieur se portent bien, Basile retrouve enfin l’odeur de peinture mêlée d’encens de son atelier. Cet après-midi-là, la maison lumineuse sort peu à peu de sa léthargie, l’air frais s’engouffre par toutes les fenêtres tandis que l’artiste tapisse ses murs de ses dessins en songeant au projet artistique que son voyage lui a inspiré. Ses grandes ascensions, ses promenades sur la plage, ses virées dans les forêts vertes et humides, ses échappées au bord des lacs et des cascades immenses – il n’en a pas perdu une miette. Il en a même gardé quelques reliques, à base de coquillages, de plantes séchées et d’écorce d’arbre, qui se disputent la place au milieu des carnets de croquis entassés sur l’établi en bois de chêne. C’est d’ailleurs en faisant un peu de rangement sur celui-ci qu’il avise une pile de livres d’Histoire empruntés à quelqu’un il y a un temps, et qu’il se souvient alors avoir volontairement posé ici pour ne pas oublier de les rapporter à leur propriétaire. Qu’il a finalement oublié de rapporter avant de partir, de toute évidence. Après l’avoir doucement épousseté, il ouvre le premier bouquin de la pile – un gros volume sur la France médiévale –, et ne peut réprimer un léger sourire à la vue du nom joliment calligraphié à l’encre bleue sur la page de garde. Maintenant qu’il y pense, cela fait un moment qu’il n’a pas revu Thomas. Son absence de trois semaines ne le lui a pas vraiment permis, de surcroît. Et pendant qu’il se perd dans un débat mental avec lui-même pour savoir s’il doit y aller maintenant ou remettre encore à plus tard, Miss Marple se frotte tendrement à ses jambes en miaulant de plaisir – c’est que papa lui a rudement manqué pendant tout ce temps. Finalement, après avoir cédé une papouille au menton de la chatte, il se décide à enfiler son blazer pour sortir. Engouffre les livres dans une sacoche en cuir portée en bandoulière avant de quitter la maison. Au moins, ce sera fait. Et puis ses idées avant-gardistes peuvent bien attendre encore quelques heures.

Le soleil entame sa longue descente aux confins de l’horizon lorsque le français atteint le quartier de Bayside, peignant le ciel dégagé d’un somptueux dégradé crépusculaire. Il le regarde sombrer lentement dans la mer, les narines envahies par les odeurs iodées de l’océan, l’esprit soudain vivement stimulé par toutes ces couleurs et ces senteurs. Et tandis qu’il progresse tranquillement dans la rue en direction d’une résidence opulente qu’il commence à bien connaître, il trace déjà dans sa tête les sillons imaginaires de l’aquarelle que le paysage lui inspire. C’est tout de même un beau quartier, Bayside. La propriété de Thomas a elle aussi beaucoup de cachet, et le temps que celui-ci met à venir lui ouvrir la porte après que le rouquin ait sonné lui laisse tout le loisir de procéder à un examen minutieux de son architecture imposante. Tout compte fait, c’est joli mais le pavillon mériterait d’être un peu plus vert et plus fleuri, songe-t-il distraitement. Et son expertise d’esthète invétéré s’arrête là pour aujourd’hui, au moment où le marin apparaît sur le pas de la porte. Un silence de quelques secondes plane avant qu’il se décide enfin à ouvrir la bouche. « Bonsoir, Amiral. » Il s’amuse de ce titre, étire ses syllabes avec une solennité taquine dans la voix, le laissant rouler doucement sur sa langue comme une friandise à la menthe dont la saveur lui éveille les sens. En plus d’admirer profondément les individus dotés d’une grande intelligence, Basile a toujours eu un petit faible pour les hauts gradés – et plus généralement pour les hommes qui exhalent une aura d’autorité. L’uniforme aussi, ça rajoute une tranche de panache non négligeable au cocktail. Les galons de Thomas n’ont donc pas manqué de toucher leur cible en plein cœur le jour où ils se sont rencontrés, à l’occasion d’une exposition de grande envergure dont l’artiste français était l’un des principaux exposants. Même que ce dernier ne s’est pas privé de garder l’information de son statut d’officier général derrière l’oreille, juste pour s’en délecter comme d’un bon vin lors de chacun de ces moments d’intimité qu’ils n’ont pas pu s’empêcher de partager depuis leur premier échange. Alors naturellement, c’est un atout qu’il trouve opportun de sortir du chapeau pour pimenter le petit jeu dans lequel il embarque à présent le militaire, non sans une idée bien précise logée derrière la tête. « C’est bien ici le dépôt de candidature pour s’engager dans la Marine ? » qu’il demande d’un air presque innocent, le visage fendu d’un rictus énigmatique dont lui seul a le secret. Le rouquin est à n’en pas douter un peu trop vieux pour caresser le rêve de devenir matelot, mais ce dont il ne doute pas non plus est que l’homme face à lui saura déceler le second degré dans lequel macèrent ses mots. Et accessoirement, lire entre ses lignes, que l’artiste ne se donnera pas la peine d’éclaircir plus que par un brin de malice susurré d’une voix mielleuse : « Car je crois qu’il me vient une soudaine envie de prendre le large. » Un sourire mutin éclot sur son visage tandis que ses pas avalent la distance le séparant de l’autre homme sur le seuil de la porte. Puis il esquisse un ultime mouvement de rapprochement tout en pinçant un bout du col de la chemise de Thomas, qu’il fait mine d’embrasser alors que ses lèvres ne font somme toute qu’effleurer impudemment les siennes, cédant à l’Amiral la liberté d’intensifier ou non le contact.


@Thomas Beauregard

glitters :


Dernière édition par Basile Duchesne le Mar 21 Déc - 15:01, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyJeu 2 Déc - 9:14

Avançant dans le couloir de ma maison, je dépose les clefs de ma voiture dans le bol prévu à cet effet, accroche mon sac à dos au porte manteau et me débarrasse de mes chaussures que je range proprement à leur place dans le meuble avant de m'accroupir pour offrir une caresse et des mots doux à Oliver. Le Golden retriever remue joyeusement la queue alors que ses babines s'étirent comme s'il souriait tandis que mes doigts viennent grattouiller ses oreilles.  « T'as été sage ?» lui demandais-je comme s'il allait pouvoir me répondre. Au lieu de quoi, sa queue touffue fouette d'avantage encore l'air et je souris, attendris. Il faudrait vraiment qu'on prenne plus exemple sur les animaux, d'autant plus les chiens qui sont toujours heureux, peu importe ce que tu leur dis. Sans perdre mon sourire, je prend son visage en coupe entre mes mains et dépose un bisous sur son museau avant de me relever.  «Je vais me changer et on part se promener, ok ? » il n'en faut pas en dire plus pour qu'Oliver jappe joyeusement alors qu'il se met à courir vers la porte de la remise où se trouvent son harnais et sa laisse.  « Deux secondes, tu permet ? Je peux pas me promener en uniforme non plus !» je laisse échapper un rire alors que je me dirige vers la cuisine pour, dans un premier temps me servir un grand verre d'eau.

Verre en main, je me promène un peu dans le salon et m'immobilise devant la baie vitrée qui donne sur la piscine. Ouvrant malhabilement le nœud de ma cravate d'une main, je me dis que piquer une tête tout à l'heure dans la soirée pourrait être fort sympathique. Mais, alors que je reporte le verre à mes lèvres, la sonnette de ma porte d'entrée retentis et je me retourne vers le couloir, fronçant les sourcils en me demandant qui peut bien débarquer à cette heure ci. Mes enfants sont chez leur autre parent respectif et je n'attend personne. A moins que je n'ai oublié une soirée entre amis ? J'en doute fortement, mes journées étant parfaitement organisé. Je note toujours tout histoire que rien ne sorte de mon esprit afin de ne pas avoir de mauvaises surprises.

Et pourtant, pour une mauvaise surprise s'en est une là! Reposant mon verre sur la table du salon, je défais rapidement ma cravate et la pose à côté avant de me diriger vers la porte qui s'ouvre sur ...Basil Duchesne.  Si dans un tout autre contexte je l'aurais accueillis avec une joie immense -et que j'aurais pu regretter d'avoir défait moi-même ma cravate....- je dois avoue que c'est avec amertume que je lui fais face. Comme si de rien n'étais, le français commence à jouer avec son charme, me parlant avec malice. Je me redresse, relève légèrement le menton et croise les bras, sans le quitter des yeux et sans lui couper la parole. Ce n'est qu'après la dernière déclaration du rouquin que je me permet de lever les yeux au ciel alors que j'expire l'air par le nez.

 «T'as vraiment du culot de revenir te pavaner ici, devant moi, après plus de trois semaines de silence » dis-je sur un ton calme mais froid.  «D'autant plus que tu as pris le large depuis longtemps et tu t'es trompé de port d'attache » ajoutais-je en me calant sur sa propre allégorie.  «Tu n'es pas le bienvenue ici, Basil » je crache son nom comme on cracherait une insulte.  « Tu...» je ne peux en dire d'avantage car, du coin de l'oeil, j’aperçois Oliver qui se fraye un chemin à côté de moi pour s'approcher de mon ancien amant. Ils ne sont pas vu très longtemps, mais mon chien a tout de suite adoré le français. Ainsi, il se prend à lui faire la fête, étant, lui, au contraire de moi, réellement heureux de revoir son ami. Quel traître ce chien !  «Qu'est-ce que tu crois que tu peux trouver en revenant ici ? » demandais-je en relevant à nouveau mon regard vers Basil, tandis que le golden retriever fourre sa truffe entre les jambes de mon interlocuteur, gémissant légèrement pour réclamer moult caresses et papouilles. Mon cerveau me hurle de dégager le chien de cette conversation, mais mon cœur, lui, sait que le petit animal n'y est pour rien, donc autant le laisser faire et juste l'ignorer.


@Basile Duchesne Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 1484806105
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptySam 4 Déc - 22:29

Le manque de réaction palpable au rapprochement qu’il a amorcé désarçonne tout à coup l’artiste, qui s’achoppe à l’austérité du visage de l’homme en face de lui avec un peu de stupéfaction. Le regard glacial asséné par le militaire refroidit aussitôt ses ardeurs, si bien que le rouquin exécute un prompt mouvement de recul de la tête, comme si la peau qu’il frôlait fiévreusement quelques secondes plus tôt s’était soudain recouverte d’un givre mordant. Même sans contact direct et sans échanger le moindre mot, Basile se montre toujours très réceptif à ce que dégagent corporellement les autres. Leur posture, leur gestuelle, leurs expressions faciales – ces signaux révélateurs ne mentent jamais. Et ce que Thomas diffuse présentement du haut de sa stature ne laisse pas le moindre doute sur ses dispositions. Droit, les bras croisés, l’attitude sévère d’un digne officier général plongeant son regard accablant sur un médiocre petit sous-fifre ayant fauté – un regard à vous écraser sous sa semelle comme un cafard insignifiant. Avoir un tel balai dans le cul doit certainement faire partie des instructions prêchées à l’armée, songe-t-il avec amusement. Le sourire joueur de Basile s’évapore pourtant face à la tiédeur instaurée entre eux par les soins de l’Amiral, pour laisser place à un haussement de sourcils interloqué. À son tour, le français croise les bras en levant le menton pour reprendre contenance après le rejet auquel il vient de se heurter, tandis que ses yeux verts toisent l’autre homme d’un air suspicieux. S’arrêtent quelques instants sur le col de la chemise que ses doigts ont froissé sur leur passage, constatant maintenant avec une légère déception l’absence de la cravate qu’il se fait habituellement une joie de lui dénouer. À l’évidence, il devra se passer de ce petit plaisir aujourd’hui. Et probablement aussi de tous les autres – ce qui l’amène à se demander quelle peut bien être la raison de cette soudaine distance. Sans doute doit-il s’attendre à accueillir des reproches, car il ne peut s’agir que de cela après tout. Le rouquin connaît en effet très bien ce genre de rictus fâché. Son amour de jeunesse, à l’époque où il vivait à Paris, se fendait de la même grimace quand Basile le contrariait d’une manière ou d’une autre. Ainsi, lorsque le verdict tombe enfin – et quand bien même celui-ci était prévisible – c’est au tour de l’artiste d’être tenté de lever les yeux au ciel. « Oh. » Petit soupir. « En effet, je suis parti en Tasmanie pendant trois semaines. Je ne te l’avais pas dit ? » Non, évidemment qu’il ne le lui avait pas dit. Ses voyages étant souvent organisés à la dernière minute, le français prend rarement le temps d’en informer son entourage. Seules ses relations professionnelles et l’amie à qui il incombe la tâche de s’occuper de son chat et de ses plantes ont eu le privilège de connaître au moins la date de son départ, et vaguement celle de son retour. Bon, peut-être a-t-il aussi oublié de répondre aux derniers messages de Thomas – qui commencent, l’air de rien, à remonter à un certain temps – mais plus par affairement à autre chose que par réelle négligence. Pour autant, l’entendre lui annoncer aussi sèchement qu’il n’est plus le bienvenu le prend un peu au dépourvu. Il devrait pourtant le savoir maintenant, qu’à trop être dans la lune, on finit forcément par manquer le coche. « J’ignorais que l’on devait se rendre des comptes. », qu’il laisse échapper avec un brin de curiosité dans le timbre, en se plongeant dans les yeux bleus de son interlocuteur. Sa remarque, quoique légère en apparence, soulève des questions qu’il se garde bien de formuler directement – sans doute par peur d’entendre leurs réponses.

Heureusement, quelques jappements euphoriques viennent le délivrer de ce malaise qui l’étreint. Oliver, le chien de Thomas, fait irruption sur le seuil de la porte avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, et manque de peu de lui faire perdre l’équilibre en s’appuyant de tout son poids contre le rouquin. Ce dernier, attendri par l’affection inconditionnelle de l’animal, se penche quelques instants pour plonger ses mains dans son pelage dense et lui accorder quelques grattouilles malgré la situation un peu tendue. « Ah, enfin quelqu’un qui m’accueille correctement. » D’une manière certes un peu brutale, mais appréciée – plus que l’âpreté des mots de son maître, en tout cas. En se redressant, Basile se retrouve de nouveau nez à nez avec la froideur polaire de l’officier, qui semble encore camper fermement sa position, pour l’heure. La question qu’il lui darde ne reste pas longtemps en suspens, question à laquelle le français répond le plus naturellement du monde : « Eh bien, j’espérais au moins me faire rouler une galoche, mais je suppose que je vais devoir me contenter de ta mauvaise humeur et de ta tronche acariâtre ce soir. » Un nouveau sourire étire ses traits à ces mots, un brin moqueur, tandis qu’il se permet une petite tape affectueuse sur la joue de celui qui a été son partenaire de quelques nuits. S’il y a bien une chose qu’il est sûr de ne pas être venu chercher ici, c’est le conflit – même s’il trouverait presque un peu de charme à son attitude sévère. Alors au lieu de se braquer, il préfère essuyer l’hostilité avec le sourire, ayant l’espoir de peut-être amadouer l’homme qui se tient devant lui. « Au fait, je t’ai rapporté tes livres. Ils prenaient de la place dans mon atelier. », annonce-t-il tout à coup, avant d’extraire les livres en question de sa sacoche – dont la lourdeur commence d’ailleurs à lui tirer sur l’épaule – et les abandonner abruptement contre le torse de Thomas. Et la pile est volumineuse, Basile ayant pris l’habitude d’en emprunter un différent à chacune de ses visites chez le militaire. « Tu ne me laisses pas entrer ? » Libérés du poids des livres, ses bras se croisent à nouveau sur sa poitrine, dans l’attente d’une quelconque réaction de la part de l’Amiral, qu’il observe calmement.


@Thomas Beauregard Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 873483867


Dernière édition par Basile Duchesne le Mar 21 Déc - 15:00, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyLun 6 Déc - 9:52

Oh que j'ai aimé mes échanges avec Basile. Que ce soit par la parole, les choses que nous nous disions et les sujets desquels nous parlions ou les échanges physiques, les baisers et les câlins post relation charnelle. Basil, quand on y pense, il a tout pour plaire : un accent sexy et oh combien charmant, un physique parfaitement avantageux, mais aussi et surtout, une très belle âme. Il a du répondant, de l'humour et sait manier les mots pour que la conversation reste intéressante et ce pendant des heures et des heures. Mais il a un défaut, et un défaut de taille : celui de partir du jour au lendemain sans donner plus aucunes nouvelles. Le premier jour j'ai attendu une réponse de sa part jusque tard le soir, le deuxième jour je me suis senti trahis, je troisième jour je l'ai insulté de tous les noms et le quatrième jour je me suis fait une raison : Basile et moi n'avons pas été sur la même longueur d'onde, nous n'avons jamais prit la peine de définir la nature de notre relation. C'est essentiellement de ma faute, je me suis plongé un peu trop rapidement dans ce qui aurait pu être une belle histoire d'amour, alors qu'il n'en était rien pour le jeune français.

Et pourtant, je lui en veux. Horriblement et amèrement. Les sentiments de trahison et de déception reviennent rapidement en moi lorsque le jeune homme revient là comme une fleur. Je pourrais hurler, mais ma retenue naturelle et mon éducation de l'armée me confèrent un sang froid à toute épreuve, si bien que, bien que glacial et sec, mon ton reste calme. Et c'est souvent pire ainsi que si je me met à hurler. Tout le monde le sait ça, que c'est mauvais signe si je ne réagis pas. Le rouquin le comprend bien, lui aussi, à en juger son petit mouvement de recul et son 'je ne savais pas que nous avions des comptes à nous rendre'. Défense banale, paroles basiques, mots que l'on choisit lorsqu'on se sait en tord et qu'on préfère rejeter la faute sur l'autre.

Synchronisant mon mouvement sur Basile, je relève, moi aussi, légèrement mon menton alors qu'il s'adresse à Oliver, disant qu'enfin quelqu'un l'accueil comme il se doit. Encore une fois, je retiens un quelconque commentaire, alors que je croise les bras, jambes légèrement écartées comme pour faire barrage de façon à ce que le peintre ne puisse jamais entrer dans ma demeure. Celui-ci se redresse après quelques caresses à Oliver et me fixe à nouveau, m'informant qu'il espérait qu'on se galoche mais qu'il va se faire une raison en se contentant de ma mauvaise humeur ce soir  «T'inquiète pas petit, tu n'auras pas à faire face à cette tête bien longtemps » jamais je ne le laisserais entrer. Plus jamais il ne mettra un pied, que ce soit chez moi ou dans ma vie.

Je me redresse légèrement lorsqu'il me tend son sac en me disant qu'il est surtout venu pour me rendre mes livres. Ce disant, il sort les bouquins et me plaque avec une certaine violence contre mon torse, me faisant légèrement vaciller alors que je décroise subitement les bras pour maintenir les ouvrages contre moi. Baissant le regard, j'observe les couvertures de cette pile conséquente puis soupire  «Tu sais que 50% de ces livres étaient des cadeaux ?» demandais-je avant d'hausser les épaules  « Enfin, si tu n'en veux plus, ils retrouverons une place de choix sur mon étagère alors» ce disant, je me détourne juste le temps de déposer les œuvres sur une marche de l'escalier avant de me retourner à nouveau vers Basil qui me demande si je le laisse entrer.

 « Entrer ? » répétais-je en levant un sourcil, faignant la surprise  «non » mon ton est clair, net et intransigeant  «Tu ne mettras plus jamais un pied ici » annonçais-je  «Car je les connais, les gars comme toi, qui te font croire que tu compte énormément pour eux mais qui décident du jour au lendemain que ça y est, ils ont eu ce qu'ils voulaient et n'ont plus besoin de toi » mes sourcils se froncent et mes poings se serrent légèrement avant que je ne soupire lourdement et que je ne me passe une main sur le front  «Ecoute Basile, tu seras toujours le bienvenue pour parler littérature, cinéma, peinture ou lancer une discussion sur un tout autre sujet, mais ça s'arrêtera là. Je n'ai pas besoin d'un homme qui ne pense pas aux autres dans ma vie, j'ai déjà assez donné comme ça. » Mon cœur me dit de laisser entrer Basil car clairement cet homme manque à mon quotidien. Mais ma raison, elle, me pousse à le laisser dehors, car je sais aussi, dans le fond, que s'il est là, chez moi, je risque fortement de craquer à nouveau.

 «J'allais sortir avec Oliver à la plage. Tu veux nous accompagner ? » demandais-je finalement, trouvant que c'est sans doute un meilleur compromis que de laisser le peintre mettre un pied dans ma maison.


@Basile Duchesne Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 1949770018
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyLun 13 Déc - 23:59

Le rouquin ne manque jamais de relever la manière condescendante qu’ont parfois les gens de le désigner par des termes tels que petit, gamin ou encore jeune homme, alors que les reliefs de sa peau révèlent ostensiblement le passage de ses quarante années de vie. Il est vrai, toutefois, que ses traits paraissent plus juvéniles que la plupart des hommes de son âge – nul doute que ses habitudes de vie saines y sont pour quelque chose –, mais ça ne l’empêche pas d’avoir presque toujours raison de soupçonner des intentions dénigrantes derrière ces mots lorsqu’ils lui sont adressés. À croire qu’ils pensent tous que l’inférioriser de la sorte leur octroie plus de légitimité. Tout comme d’autres jugent bon de tourner en dérision la rousseur de ses cheveux ou encore la profusion d’éphélides sur son visage, en s’imaginant que cela donne plus de poids à leurs propos. Il a eu la naïveté de penser que ce serait différent avec Thomas, qu’il lui ferait au moins la grâce de lui parler d’adulte à adulte si quelque chose ne tournait pas rond. Mais ce dernier ne fait pas exception à la règle, lui qui s’évertue en l’occurrence à le congédier avec l’amabilité que l’on réserve ordinairement aux colporteurs casse-pieds sans même lui accorder le bénéfice du doute. Basile aurait presque envie de se fendre la pipe pour une fois, de lâcher la bride à un rire franc en guise de réponse à cette micro-agression futile. Se contente pourtant à la place de laisser l’amertume du militaire l’effleurer dans le silence, comme pris d’un étrange sentiment d’embarras malgré lui, qui le retient d’émettre le moindre commentaire. Au moins jusqu’à ce que Thomas, après avoir déposé la pile de livres à l’intérieur, sollicite une réaction de sa part. « C’est gentil, mais je préfère te les rendre. » Les livres, en plus de s’être avérés passionnants, ont tous belle allure. La reliure est élaborée avec le plus grand soin, les couvertures embellies de gaufrage sur chaque lettre et d’un vernis sélectif du plus bel effet. Basile a toujours su s’émerveiller de la beauté d’où qu’elle vienne et de l’attention portée aux détails, mais il n’a, en revanche, jamais été particulièrement attaché aux biens matériels. Il conserve pourtant chez lui une collection littéraire plutôt conséquente, mais seules les œuvres qui l’ont profondément marqué y demeurent pour de bon. Les autres livres vont et viennent – une fois lus, et à moins de leur trouver une utilité sur le long terme, il préfère en faire don à d’autres personnes plutôt que d’en accumuler une quantité astronomique que sa bibliothèque ne pourrait de toute façon plus contenir au bout d’un moment. Ou les rapporter à leur propriétaire initial. Ses cadeaux l’avaient touché, cela dit. Mais c’est une autre sorte d’émotion qui s’empare de lui à présent. « Ton mépris aussi tu peux le garder. » qu’il ajoute tout naturellement en ravalant sa déception pour ne teindre ses mots que d’une nuance aigre-douce, et lui signifier en passant qu’il a bien pris note de sa façon de le jauger.

À vrai dire, ce n’est que lorsque Thomas lui annonce qu’il ne mettra plus jamais les pieds chez lui qu’il réalise à quel point il est déterminé à se montrer intraitable ce soir. L’imprévisibilité de la situation le retenait jusqu’à présent dans une position d’incertitude quant à l’étendue de la colère de l’Amiral. Un léger doute lui avait traversé l’esprit, laissant supposer l’éventualité qu’il puisse s’agir d’une méprise. Cependant, il commence à prendre plus ou moins la mesure de la situation, maintenant qu’il lui crache ses quatre vérités sans s’embarrasser d’y mettre les formes. La suite a des airs de déjà-vu, malgré l’éclat de stupeur qui brille dans ses yeux. Il n’a rien vu venir, comme d’habitude. Ni les mots réprobateurs de l’autre homme, ni son rejet, ni même ce qu’il croit comprendre à l’entendre s’exprimer ainsi et qu’il appréhendait quelques minutes plus tôt sans oser le questionner à ce sujet. « Je– » L’expérience lui a appris à aiguiser redoutablement ses arguments lorsqu’il s’agit de se défendre contre de telles allégations. Toutefois, cette fois-ci, sa bouche demeure bêtement ouverte pendant de longues secondes et pas un seul son ne parvient à s’en évader. Il n’aurait pourtant pas complètement tort de lui rétorquer que « je ne suis parti que trois semaines, ce n’est pas la mer à boire », « tu dramatises », etc. Il ne voit en effet pas ce qui justifierait a priori une réaction à la fois si soudaine et si sévère à une offense aussi minime. Mais les mots de son interlocuteur en disent long sur le fossé qui les sépare à présent et qu’il ignorait jusqu’alors. « Je vois. » laisse-t-il finalement échapper en le toisant d’un regard lointain, des sentiments mitigés à l’intérieur. L’entendre lui reprocher d’être égoïste lui donne envie de doucement rire, lui qui – au contraire – se tourne spontanément vers les autres, est toujours prêt à donner de lui-même et de son temps de manière totalement désintéressée. Mais en parallèle, il prend aussi conscience de sa part de responsabilité, tandis qu’il se laisse submerger par les dégorgements de rancœur de son amant sans trouver quoi lui répondre. Au lieu d’essayer de se justifier, il contemple plutôt silencieusement le schéma habituel en train de se répéter encore comme une boucle incessante. De fait, chaque fois que ses rapports avec un homme dépassent le stade de la simple amitié, il est souvent le premier à se montrer trop tendre, trop démonstratif – à laisser entrevoir l’augure d’une parfaite idylle sans même s’en rendre compte. Et aussi le premier à saboter plus ou moins consciemment la relation, avec son tempérament déroutant, dès que l’autre commence à trop s’attacher à lui. Il ne peut pourtant pas nier avoir sincèrement porté dans son cœur les quelques frissons partagés avec Thomas ; de l’alchimie voluptueuse qui opérait au creux des reins jusqu’à la chaleur réconfortante de leurs étreintes après l’amour, en passant par la fièvre avec laquelle leurs regards se dévoraient réciproquement à l’amorce d’un baiser brûlant. Mais c’est aussi parce que ces moments étaient jusque-là insouciants – et dépourvus de contraintes, précisément – qu’il les appréciait tant. Hélas, il n’a jamais été question pour lui de faire passer sa liberté au second plan. Et c’est là que se situe bien souvent le point de rupture. Car c’est, pareillement à tous les autres, quelque chose que le militaire ne peut sans doute pas comprendre – leurs vies sont bien trop différentes, à tout point de vue.

Quand Thomas lui propose étonnamment de l’accompagner promener le chien, il acquiesce sans broncher d’un « Oui, allons-y. » calme et réservé, le ventre encore noué par la prise de bec qui vient d’avoir lieu, et à laquelle il n’était pas du tout préparé – lui qui était venu jusqu’ici avec une tout autre idée en tête. Bien entendu, il ne regrette jamais de rester fidèle à lui-même avant tout. Il ne tire toutefois aucune fierté non plus à blesser les gens, pas plus qu’il ne cherche à tirer profit d’eux d’une quelconque façon, contrairement à ce que semble penser l’officier. En attendant que ce dernier finisse de se préparer à sortir, les mains de l’artiste se rejoignent derrière son dos tandis que ses pensées se perdent avec son regard quelque part à l’horizon, là où les dernières lueurs rougeoyantes du soleil subsistent encore faiblement avant l’heure de s’endormir au fond de la mer. Puis, lorsqu’ils quittent tous les trois le pavillon, un silence pesant perdure dans la froideur la plus totale. Oliver est probablement le seul à s’enthousiasmer de la balade, à gambader gaiement devant les deux hommes en poussant quelques jappements heureux. La promenade ressemble à toutes les précédentes, à ceci près que la main qui auparavant allait chercher celle de l’Amiral pour glisser ses doigts entre les siens reste distante ce soir. Et après avoir macéré dans son cerveau durant de trop longues minutes, les mots parviennent finalement à s’échapper de sa gorge. « Je ne me doutais pas que notre relation avait pris une telle importance pour toi. Sincèrement. » qu’il dit en posant enfin son regard sur lui, alors qu’ils se rapprochent tranquillement de la plage. Une importance que le militaire n’a jamais formellement exprimée, mais que le rouquin devine à la gravité de son regard et à l’aigreur de ses mots. Et quand bien même Basile a toujours trouvé plus confortable de se voiler généreusement la face plutôt que d’affronter la réalité de ses désastreuses relations « amoureuses » – si tant est que l’on puisse les qualifier ainsi –, il lui arrive parfois d’avoir un éclair de lucidité, de se dire qu’une discussion à cœur ouvert ne fera de mal à personne. Pour peu que Thomas accepte d’avoir cette conversation sans lui cracher dessus. « Tu penses vraiment ce que tu as dit ? » À propos d’un prétendu égoïsme, d’une supposée propension à vouloir profiter de lui avant de le lâcher. Ou même tout ce que peut insinuer la formule les gars comme toi.


@Thomas Beauregard Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 873483867


Dernière édition par Basile Duchesne le Ven 7 Jan - 20:51, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyJeu 23 Déc - 9:21

Si je devais n'écouter que mon cœur, Basile serait déjà à l'intérieur, dans ma maison. Nous serions déjà entrain de parler de tous les thèmes qui nous passionnent, sans doute aurions nous fini la soirée dans les bras de l'autre et c'est ainsi que je l'aurais laissé revenir dans ma vie. Mais ma raison est, aujourd'hui, bien plus forte que les sentiments, car elle me hurle que Basile n'a pas la même vision de la chose que moi, que nous ne sommes sur la même longueur d'onde que lorsqu'il s'agit de parler et d'échanger sur les thèmes que nous aimons tous les deux. En ce qui concerne la vision du couple, j'ai sans doute trop d'attentes qui ne sont pas compatible avec le peintre et tout ce que je peux faire c'est accepter cela. C'est ainsi, afin de protéger ma santé mentale, que je refuse de lui accorder plus d'importance qu'il ne le souhaite. Car clairement, lorsqu'il débarque ici, je sais que Basile ne veut pas seulement me rendre les livres, il a d'autres choses en tête.

Mon ton est sans doute bien plus acerbe qu'il ne se l'était imaginé, mais peu m'importe : aujourd'hui j'ai décidé d'être égoïste au point où j'aurais même envie de lui claquer la porte au nez. Mais au final, je ne peux me résoudre de totalement l'envoyer balader et lui propose de se joindre à moi pour une promenade à la mer avec Oliver. Le chien est plus qu'heureux de pouvoir se dégourdir les pâtes avec son ami humain et c'est, la truffe en l'air qu'il sautille devant nous, connaissant parfaitement le chemin que nous empruntons tous les jours. Silencieux, nous le suivons jusqu'à la plage où, voyant que personne d'autre n'est dans les parages, je détache sa laisse. Libéré, le canidé s'en donne à cœur joie à chasser les vagues et les mouettes, se défoulant lui-même en faisant d'innombrables allez-retours.

C'est, finalement, Basile qui décide de briser le silence en m'expliquant qu'il ne savait sincèrement pas que notre relation avait prit une telle importance pour moi. Pinçant les lèvres, je baisse mon regard, observant mes pieds dans le sable et réfléchissant à la meilleure façon de lui répondre. Je me dois d'être sincère envers lui tout en gardant une certaine forme de politesse, d'empathie et de compréhension. Lorsque Basile reprend la parole, me demandant si je pense réellement tout ce que je lui avais dit avant, je laisse échapper un soupire et secoue imperceptiblement la tête  «Une partie de moi le pense réellement » avouais-je finalement en lançant un coup d'oeil de côté à mon ancien amant  «Une autre partie me hurle que je ne peux pas t'en vouloir. Que je ne suis pas légitime et que je n'ai pas le droit de t'en vouloir car au final nous n'avons jamais parlé de la nature de notre relation » je pince les lèvres, cherche rapidement Oliver du regard puis fini par me tourner totalement vers le jeune homme  «Jamais, pendant trois semaines, aucun de nous n'a décidé de mettre tout ça à plat. Si on avait mieux communiqué on en serait pas là » haussais-je les épaules  « je comprend ton point de vu et je respecte totalement le fait que tu tiennes à ta liberté. Mais comprend moi aussi, j'ai trois enfants. Et rien que pour eux je ne peux pas me permettre de me jouer à ce jeu. » je me passe une main sur le visage et me frotte la paupière gauche avant d'hausser les épaules  « Et clairement, je n'ai pas la force ni l'envie de me lancer dans une relation sans lendemain» je pose à nouveau mon regard sur le jeune homme et l'observe avec bien plus de douceur et de bienveillance qu'avant  « Mais je comprend totalement ton point de vu aussi. Tu n'as pas envie de t'enfermer dans une relation et tu préfère garder le tout bien plus casual et c'est tout à ton honneur. Mais tu ne pourras plus me compter dans l'équation.» et en disant cela, il y a quelque chose qui se brise en moi. Car clairement, Basile me semblait être, jusque là, l'homme parfait.

@Basile Duchesne Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 2396639051
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyVen 7 Jan - 22:54

La nuit barbouille à présent le paysage de ses plus riches nuances de bleu et de violet, magnifiées par la douce lumière que renvoie l’astre lunaire sur le plat apaisant de la mer. Débarrassés de ses mocassins en daim jetés plus loin au milieu des dunes, les pieds immobiles du rouquin s’enfoncent petit à petit dans le sable humide, un peu plus à chaque vague qui s’écrase paresseusement contre ses chevilles dénudées sous les pliures du bas de son pantalon en lin. Un long frisson désagréable lui remonte l’épine dorsale lorsque Thomas lui confirme que ses mots étaient sincères – du moins en partie. Ce simple aveu lui hérisse la nuque, ébranle soudain les piliers de sa volonté. L’artiste sent son courage l’abandonner lentement, mais il est déjà trop tard pour faire machine arrière au moment où il se rend compte qu’il n’est finalement pas tout à fait prêt à avoir cette conversation-là. À entendre des paroles qui – il le sait – l’emporteront toujours plus profondément dans les remous de ses doutes et de ses éternelles remises en question. Ses prunelles balaient brièvement l’horizon, un sourire triste sur les lèvres à l’attention des étoiles, avant de se risquer à jeter un œil aux lignes dures du visage anguleux de l’autre homme dont la conscience semble tenaillée. L’observer longuement, capter brièvement son regard avant que celui-ci ne se détourne pour reporter son attention sur le chien qui, lui, s’en donne à cœur joie au milieu des vagues et des embruns de la mer. Bien loin de leurs soucis à eux. « Nous n’en avons jamais parlé, en effet. Tu as le droit de m’en vouloir pour ça. » admet le rouquin dans un souffle déconfit, conscient de ses propres torts qu’il serait indécent de nier. À vivre trop intensément sa carrière artistique, il en oublie sa vie privée parfois, ne la voit même pas lui glisser des doigts. Confus, Tête de linotte se mord la lèvre, rongé par le regret de n’avoir pu anticiper le dénouement de leur histoire avant qu’il soit trop tard. Mais tout s’est passé bien trop vite, se console-t-il dans ses pensées. La passion lui est montée au cœur aussi éperdument que l’inspiration lui monte à la tête et il n’a rien vu venir, n’a même pas trouvé le temps d’y réfléchir une seule fois ces derniers mois. À eux. Tom et lui. À ce que tout cela peut bien vouloir dire. Ces baisers. Ces regards. Tous ces échanges, tantôt purement intellectuels, tantôt diablement charnels. Leur première nuit lui semble ne remonter qu’à un battement de cils de cet instant, si bien qu’il ne saurait même plus estimer combien d’autres ont suivi, du haut de ses nuages cotonneux bien en marge de la réalité. Le tort leur revient peut-être à tous les deux mais sur ce coup-ci, l’importance de sa propre part de culpabilité suffit à lui donner le vertige.

Thomas lui déroule sa théorie, l’arrache un moment à ses tourments en suggérant que tout cela ne serait pas arrivé s’ils avaient simplement mieux communiqué. Ah, si seulement. Avec des si on mettrait Paris en bouteille, songe tristement Basile en fermant les yeux, les paupières plombées par l’amertume. Et il ne saurait dire pourquoi, mais les mots du militaire s’adoucissent soudain, sa voix auparavant durcie par la colère semble peu à peu se tempérer à mesure qu’il s’exprime. Qu’il s’acquitte de ses états d’âme, de ses responsabilités de père de famille, de tous ces signaux tellement évidents, tellement prévisibles que l’artiste aurait pourtant dû voir venir à cent lieues à la ronde. « Je comprends, oui. » Il conçoit, plutôt. Parvient à cerner les contours de cette vie trop différente de la sienne, qui ne peut pas – ou ne veut pas – s’accommoder de son besoin à lui de liberté, de pouvoir se livrer sans contraintes aux fantaisies de l’artiste bohème qu’il est et dont l’entité bien tangible s’évapore dès qu’on tente de l’attraper. Il voudrait compatir, mais il n’a pas le moindre début d’idée de ce que c’est que de vivre cette existence dévouée à ses enfants – et ne le saura probablement jamais. Mais il comprend, perçoit leurs incompatibilités, et s’il le faut, s’efforcera de respecter sa volonté. « Mais pourquoi n’avoir même pas essayé de mettre les choses au clair avec moi avant de décider aussi sec de me rayer de ta vie ? » La question lui échappe avec une spontanéité déroutante, et le français rouvre alors les yeux à cet instant pour pouvoir apercevoir l’expression de l’Amiral, en décomposer chaque inflexion comme pour tenter de lire en lui. Après tout, ce dernier vient lui-même à l’instant de déplorer le manque de communication entre eux au cours de ces dernières semaines – et même depuis le début de leur relation si l’on veut être plus précis –, alors qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’il décide de tout envoyer valser sans même chercher à comprendre ? Dans l’expectative, l’obscurité s’installe lorsque Basile s’attèle à visualiser dans sa tête ce qu’ils auraient bien pu se dire s’ils avaient fait le choix d’avoir cette discussion plus tôt. Si l’un d’eux avait pris l’initiative de faire le premier pas, de briser ce mur de glace invisible qui les sépare. Avant d’en arriver . Que se serait-il passé ? Aurait-il accepté de se rapprocher un peu plus de lui, de céder au militaire une plus grande place dans sa vie ? De faire de vraies concessions ? Non, se persuade-t-il l’espace d’un instant dans un élan de rationalisme. Peut-être…, songe une autre part de lui-même, plus sentimentale. Et pendant que les pensées contradictoires se livrent une bataille sans merci à l’intérieur de sa caboche rousse et enrayent ses mécanismes cérébraux, ses yeux verts ne peuvent s’empêcher de dévorer du regard les lèvres de Thomas avec envie, emportés par de dangereux courants d’égarement. Il doit se mordre péniblement la langue pour résister à la tentation de se rapprocher de lui et de lui voler un baiser, se mettre une grande claque mentale pour se ramener à la raison et se dissuader d’aggraver encore plus son cas.

Les dernières paroles de l’officier suffisent toutefois à lui rattacher pour de bon les pieds sur Terre, lorsqu’il le somme encore une fois de ne plus le « compter dans l’équation ». Basile aurait bien volontiers rétorqué d’un ton espiègle que les mathématiques n’ont de toute façon jamais été sa tasse de thé, mais un soudain serrement de cœur lui coupe bras et jambes. Interdit, il ne parvient qu’à réagir par quelques battements de cils nerveux, comme pour endiguer le flot d’émotion qui le submerge tout à coup et menace de dégueuler des larmes au bord de ses paupières d’un instant à l’autre. Il y a un moment de flottement, avant qu’il parvienne à articuler les mots qui lui démangent le larynx. « Tu te trompes, Tom. Tu ne sais rien de ce dont j’ai envie. » qu’il répond avec une entière contenance, une maîtrise de soi qui ne tient pourtant qu’à un fil, le regard sûr de lui alors qu’il n’en mène pas large. Non, Thomas ne s’est pas complètement trompé, à vrai dire. Son raisonnement tient la route. N’importe quel individu sensé arriverait à la même conclusion, à en juger par l’attitude détachée du rouquin qui, en réalité, ne parvient tout simplement pas à s’immerger pleinement dans une relation sérieuse sans prendre peur de l’avenir et laisser miroiter l’image fausse d’un mec volage pour se protéger. Il ne peut pas décemment lui enlever ça. « Je tiens à ma liberté, c’est vrai. » concède-t-il, ne pouvant se départir de cet aspect indissociable de sa personne. Mais tout poète qu’il est dans le fond, il ne peut s’empêcher de penser malgré cela qu’amour sincère et liberté peuvent tout à fait coexister à condition de s’accompagner d’une confiance inébranlable. Une confiance que Thomas n’est cependant pas prêt à lui accorder de toute évidence. « Mais je me sentais bien avec toi. » Et j’aurais aimé que ça continue, pense-t-il pour lui-même sans le formuler à voix haute, des yeux navrés rivés sur les siens. Cette relation était peut-être vouée à se finir ainsi, mais c’était beau le temps que ça a duré. Se réveiller dans ses bras le matin, respirer encore son parfum dans ses draps le lendemain. L’oscillation entre ses craintes et ses désirs lui donne le mal de mer, Basile se sent tanguer au rythme des vagues. « Enfin, je suppose que ton choix est fait et que tu t’en fous de savoir ce que pense un “gars comme moi” maintenant. » termine-t-il d’une voix lasse, le visage fendu d’un sourire forcé, pendant que la truffe humide d’Oliver vient se nicher contre sa main qui demeure inerte.


@Thomas Beauregard Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 4285025084
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyMer 19 Jan - 13:40

Alors que nous sommes là, Basile et moi, assis l'un à côté de l'autre sur cette vaste plage, la conversation prend une toute autre tournure que ce que j'imaginais. Je pensais que nous aurions une discussion tranquille, joyeuse, sur tout et n'importe quoi comme nous en avons tant eues jusqu'à présent. Pourtant il n'en est rien et les paroles échangées sont lourdes de sens et d'émotions. Je ne peux légitimement pas en vouloir au jeune homme de préférer sa liberté au prix de mon cœur qui s'était déjà un peu trop attaché à lui, car nous n'avons jamais parlé de la nature de notre relation. Mais est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Et surtout, comme Basile me le demande si bien : pourquoi n'ais-je pas cherché à mettre le sujet sur la table avant de le rayer de ma vie aussi brusquement ?

Ma gorge se noue lors de l'impacte de ses mots et mon regard se pose à nouveau sur le sable. Il a tant raison, Basile, en demandant cela. Pourquoi ne pas m'être prit le temps ? Pourquoi ne pas lui avoir poser la question avant ? Pourquoi n'avons nous pas eu cette conversation avant son départ ?  «Je n'en sais rien » avouais-je finalement à demi mots  « Peut-être parce que trois semaines c'était trop peu pour savoir si c'était sérieux entre toi et moi ?» je lance un coup d’œil furtif à mon ancien amant  « Et que j'avais peut-être envie d'attendre encore un peu avant de lancer cette conversation qui n'est aucunement anodine ? Je sais pas, vraiment» c'est bien la première fois que je n'ai aucune idée du pourquoi du comment mes sentiments sont dans cet état.

Je déglutis difficilement alors que mon cœur s'accélère lorsque Basile m'informe que je me trompe, que je ne sais rien de ce qu'il veut et que, même s'il tient beaucoup à sa liberté, il se sentait bien avec moi. Je ferme un instant les yeux, me maudissant d'avoir tirer de si hâtives conclusions, alors que le peintre reprend, désabusé, que mon choix semble être fait et que je m'en fou de ce qu'il peut penser. Putain, mais quel bande d'idiots que nous sommes !

C'est alors que je met de côté ma conscience et que je laisse agir mon cœur. Tournant le visage vers Basile, mon regard plongeant dans l'océan émeraude de ses iris pendant quelques instants, avant que je ne m'avance pour déposer mes lèvres sur les siennes. D'abord doucement et timidement puis, ne sentant aucune résistance, je pose ma main sur sa joue et intensifie légèrement le baiser. Pendant quelques secondes, j'érige une bulle de bonheur et de bien être autour de nous, appréciant l'échange et la proximité bien plus que ce que j'imaginais.

Après quelques instants, qui me semblent être des minutes, je fini par me reculer, la bulle éclatant au passage et nous ramenant à nouveau dans la réalité.  «Je ne veux pas arrêter de te voir, Basile » dis-je dans un souffle, mon regard toujours plongé dans le sien  «Je ne veux que nous stoppions tout ...ça » ça, ce que nous avons, ce que nous vivons lorsque nous sommes l'un dans les bras de l'autre. ça les émotions que nous ressentons quand nos lèvres se rencontrent et que nos langues entâmes ces danses endiablées.  «Alors si tel est le cas pour toi aussi... » je laisse ma phrase en suspens, alors que je viens me mordre l'intérieur de la joue, incapable de connaître la suite.

@Basile Duchesne Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) 206649278
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) EmptyMar 1 Fév - 20:02

Sans doute que ses mots lui ont échappé, songe-t-il, pour qu’il éprouve soudain le regret de les avoir prononcés. À quoi bon se laisser aller à délivrer ses stupides états d’âme, après tout, quand tout laisse penser qu’ils ne se comprendront jamais. Il aurait mieux fait de se taire, se résigner en silence comme il le fait d’habitude et rentrer chez lui, estomper sa peine sous autant de couches de peinture que nécessaire pour oublier. C’est ce qu’il sait faire de mieux, oublier, se voiler la face sans discontinuer en se persuadant qu’il pourra éternellement mettre ses vieux démons en sourdine. Il ne sait même pas pourquoi il reste là, à écouter ce silence accablant en explorant le fond des prunelles bleues de Thomas, si ce n’est pour se complaire un peu plus dans son désarroi. Le militaire renverse pourtant ses certitudes le temps d’un fracas de vague, alors qu’il le dévisage un moment d’un regard insondable, provoquant un léger malaise tout au creux de ses viscères. Même que la surprise de le voir amorcer un rapprochement le paralyse tout à coup, lui colore le teint autant qu’elle lui dilate irrépressiblement les pupilles, tandis que ses doigts nerveux s’enfoncent dans le sable comme pour empêcher la mer de l’emporter. Désemparé, le rouquin peine à se cramponner à sa raison, son corps entier envahi par la chair de poule à l’instant où l’assaut de son souffle sur sa peau fait chavirer toute sa volonté. Loin de consentir à lui faciliter la tâche, la secousse que provoque le contact de ses lèvres contre les siennes lui retourne si brusquement le cerveau que l’artiste, croyant perdre pieds, s’accroche presque désespérément à l’autre homme en passant ses bras autour de son cou dans un élan d’impatience. Ses sens émoussés par l’ivresse du baiser, il s’y jette tout entier comme si c’était la dernière fois, redouble de passion à chaque seconde qui passe et le consume. La rupture, en plus d’être soudaine, est même un peu douloureuse, assez pour que le rouquin refuse de le laisser partir l’espace d’un instant, suivant d’un geste instinctif son mouvement de recul comme sous l’effet incontrôlable d’un aimant. Juste encore un peu, que ses yeux lui supplient inconsciemment.

Pourtant, il ne lui faut pas longtemps pour sortir de sa torpeur et réaliser ce qu’il est en train de faire. L’erreur qu’il est sur le point de commettre. La fièvre qui brillait au fond de ses yeux se dissipe aussi rapidement qu’elle est apparue, en entendant ses mots, pour laisser place à une épaisse brume d’incompréhension mêlée de stupeur. « Arrête, Thomas. » proteste-t-il tout à coup, d’un air hébété. Sa claque mentale lui revient en pleine figure avec plus de force encore que la première fois pour lui rappeler leurs divergences, leur incompatibilité. Qu’il ne peut y avoir de « nous », ou encore de « ça » – plus depuis que Thomas lui a fait comprendre ce qu’il pense de lui. Basile est peut-être magnanime, mais il n’a pas oublié ses mots, les paroles qu’il lui a crachées au visage avec virulence. C’est finalement au tour du rouquin, déconcerté, de reculer en ramenant ses bras vers lui, rompant le dernier contact qui les réunissait. « Il n’y a même pas une heure tu me traitais comme un parasite et maintenant tu m’embrasses comme si rien ne s’était passé. Qu’est-ce qui te prend ? » qu’il demande pour la rhétorique, en dardant sur lui un regard réprobateur marqué d’un froncement de sourcils, signe de sa contrariété mal contenue. La question n’attend probablement pas de réponse, car le rouquin enchaîne aussitôt après sans même laisser à l’Amiral le temps d’en placer une. Sans doute qu’il vaut mieux pour l’artiste qu’il n’en place pas une, lui qui ne sait pas mieux résister à la douceur de sa voix enrobée de caramel qu’à l’attrait de ses prunelles bleu azur. « Je croyais que tu n’avais pas besoin de quelqu’un comme moi. » Même qu’il détourne le regard, pour être sûr de ne pas voir ce qu’il risquerait de lire dans ses yeux. Car il comprend où Thomas veut en venir, ce qu’il tente de lui dire sans vraiment le formuler, mais ne peut se résoudre à l’accepter. Même ce baiser fiévreux qu’ils ont échangé et auquel il a pris part sans opposer la moindre résistance – avec plus de ravissement qu’il ne voudra l’admettre – lui paraît inapproprié à présent, dans la mesure où il n’a pas eu le temps de remettre ses idées en place. « Et je ne sais pas si c’est une bonne idée de continuer après ce que tu m’as dit. » ajoute-t-il, d’un timbre qui regagne peu à peu toute son assurance à mesure qu’il retrouve un semblant de bon sens, tout en prenant une seconde pour observer une dernière fois les traits réguliers du militaire qu’il ne reverra plus. Qu’il ne doit plus revoir, pense-t-il. Rassemblant alors tous les débris de sa raison – éparpillés aux quatre coins de sa caboche rousse –, Basile extrait d’un geste brusque ses pieds des profondeurs du sable qui les a engloutis sans qu’il s’en rende compte, avant de se relever maladroitement en prenant appui sur ses mains. « Je rentre, j’ai besoin d’être seul. » Il s’astreint à cette seule annonce lancée sèchement, dépourvue de toute fioriture. De toutes politesses insipides qui n’auraient pas plus de sens que l’intégralité de leur échange, où se mêlent trop de sentiments contraires, impropres à cohabiter en paix. Sans laisser à Thomas l’opportunité de le retenir, ou de tenter ne serait-ce que d’ouvrir la bouche, le rouquin attrape ses mocassins ensablés et prend la poudre d’escampette, traversant la plage d’une démarche lourde, pris de la sensation d’avoir les pieds bardés de plomb, mais bien décidé à ne pas se retourner.


@Thomas Beauregard :l:
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty
Message(#)Vingt mille lieues sous les mers (Thomas) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Vingt mille lieues sous les mers (Thomas)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
30 YEARS STILL YOUNG :: 
écrire son histoire
 :: nouer des contacts :: mémoire du passé
-