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***Vingt minutes de retard, Maddy se demande encore pourquoi elle fait l'effort de venir à l'heure alors que sa cadette est tout sauf ponctuelle. Elle la soupçonne même de prendre encore plus son temps lorsqu'il s'agit de se retrouver. Blondie garde son calme, elle doit faire abstraction de ses récents problèmes au travail et essayer de communiquer avec sa petite sœur. Pour ses parents, Maddy a toujours été une fille exemplaire, et elle espère que Mabel et elle vont réussir à collaborer pour leur organiser une fête de mariage digne de ce nom. Les parents viennent de fêter leur trente-six-ans de mariage, ce qui est presque un miracle dans notre société actuelle. Comme quoi, un bon mariage avec un peu d’amour et beaucoup d'argent, on peut trouver un certain équilibre et une longévité. Le mariage des parents Griffiths est bien la preuve que les mariages perdurent. Ils ont peut-être fait des enfants, mais ont toujours privilégié leurs travails, ensuite leur vie de couple et enfin les filles. C’est peut-être ça le secret d’un couple réussi ? Enfin, il ne faut pas oublier la notion argent qui a grandement aider le couple de parents à avoir son armée de gouvernantes fut un temps pour s’occuper des sœurs Griffiths.

En parlant de sœur, Maddy aperçoit enfin Mabel faire son entrée dans le Death before Decaf sauf qu’elle ne se dirige pas vers elle mais plutôt vers le comptoir pour se commander un café. C’est une blague ? Elle est enceinte, la cadette n’a vraiment pas conscience de ses responsabilités actuelles et futures. La grande sœur boit une nouvelle gorgée de café qu’elle a déjà bien entamé. S’il y a bien un point que la Griffiths vit mal -et peut-être même jalouse- c’est la grossesse de sa cadette. C’est un vrai crève-cœur de savoir qu’elle n’aura sans doute jamais d’enfant, du moins naturellement parlant. Mais ça, pas grand monde est au courant, encore moins sa famille, et surtout pas sa sœur.

Malgré le fait que Mabel soit enceinte, elle garde toujours cette attitude élancée et fière d’elle. Après quelques minutes, elle vient finalement s’assoir en face de Maddy. Cette dernière lui accorde un sourire poli, pas plus, pas moins. « Bonjour, si-parfaite-Maddy. Tu passes une bonne journée ? » Son sourire quant à elle sonne faux, mais ça Maddy en a l’habitude, tout comme son surmon. Depuis le temps, elles ne sont plus gênée de s'appeler par des petits noms affectifs « Ma sorcière bien aimée. A merveille et toi ? » Faux-semblants pleinement assumés. Elle continue en pointant le caramel macchiato de sa sœur. « Tu sais que ce n’est pas recommandé de boire du café alors que tu es enceinte. » Ce mot lui arrache la gorge, il peut sonner comme un reproche. Il l’est pour la jeune sœur, mais il est perçu comme un conseil pour le futur bébé. Les liens entre les sœurs sont compliqués, mais Maddy ne souhaitera jamais de mal pour le futur mini Griffiths. La famille va bientôt s’agrandir, cette simple pensée stresse l’ainée qui est seule. Enfin on lui conte des pseudo-romances avec Micah, sa co-star et Maddy s’est récemment embourbée dans un mensonge en présentant Isaac come son nouveau mec. Mais la vérité, Maddy est seule. « Bon je n’ai pas non plus toute la journée, étant donné que nous avons déjà perdu vingt minutes. » Elle jette un bref coup d’œil à sa montre. Le planning de l’actrice est chargé en ce moment, elle reprend le tournage cet après-midi. Je ne vous raconte pas la galère pour trouver un créneau en commun dans les emplois du temps respectifs des Griffiths. « Rentrons dans le vif du sujet. » Le mariage de leurs parents et elle espère que Mabel ne la questionnera pas sur Isaac. «  T’as des idées pour la fête de mariage des parents ? »  

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***« Oh, serais-tu inquiète pour ton futur neveu ou ta future nièce ? » Oui. Mais comment lui avouer alors qu’un profond manque de communication s’est installé entre les sœurs depuis des années ? Comment lui faire comprendre que malgré les apparences, elle s’inquiète sincèrement pour la santé du futur Griffiths et par conséquent de celle de sa sœur. Mabel reste après tout sa sœur, mais elle a toujours eu le don de l’agacer et l’ainée n’a jamais pensé éprouver de la jalousie envers sa cadette qui a réussi sur ce point-là. Oui, Maddy a le cœur vide de ne pas réussir à fonder sa propre famille, aucune grossesse n’a tenu le coup jusqu’à présent et son médecin lui a même confirmé qu’elle avait très peu de chance d’y arriver. L’eau du vase a débordé lorsque Mabel a annoncé la bonne nouvelle aux parents. En soit, ça en est une, cela dépend juste d’un point de vue. « Je suis attentive, c'est tout. » Peut-être un poil trop protectrice, Maddy joue clairement sur la nuance des mots. « Mais sache qu'on a le droit à un peu de caféine enceinte. C'est même pire de tout arrêter, l'effet de manque c'est mauvais pour les fœtus. Peut-être que ça te servira un jour, comme information ! » Maddy a pris l’habitude d’ignorer les remarques déplacées de sa sœur, mais quand il s’agit de maternité, elle titre une autre tête. Elle tente maladroitement de cacher son expression en buvant une gorgée de café. Elle repose sa tasse délicatement sur la table. Blondie a toujours ses manières, cette politesse exagérée, même lorsqu’on l'attaque. Maddy est d’un tempérament calme et posé de nature. Il est difficile de la faire sortir de ses gonds, même si Mabel et Sergio en ont clairement les moyens. « C’est fort aimable de ta part. » qu’elle répond simplement, Maddy n’a plus le temps pour ses enfantillages, elles ne sont plus des enfants, de plus son temps est compté.

Maddy ne perd pas son temps et rentre dans le vif du sujet : la fête de mariage de leurs parents. Naïvement, elle espère passer entre les mailles du filet, mais c’est loupé, Mabel tise sa toile d’araignée et Maddy se retrouve déjà confrontée aux questions inquisitrices de sa sœur. « Tu viendras avec ton nouveau copain ? Maman sera extatique de voir ses deux filles heureuses en amour, autour d'elle, et tout le tintouin » Maddy respire calmement, elle fait descendre son rythme cardiaque comme elle a appris à le faire devant les questions insistantes des journalistes. D’un côté, l’affaire Isaac prend le dessus sur l’affaire Micah. Micah étant la co-star du nouveau film de Maddy. Le tournage de cette production locale a commencé depuis quelques semaines, et son agent Sergio a trouvé l’excellente idée de répendre des rumeurs sur les deux acteurs. Une certaine romance, complètement fausse au passage. La rencontre entre Isaac, Mabel et Maddy au marché de Toowong semble bien plus « crédible » aux yeux de la sorcière. La Griffiths a même réussi à s’enfoncer dans son propre mensonge. « Isaac n’est pas le sujet du jour Mabel. » que rappelle alors l’ainée sur un ton ferme. « On est là pour discuter de la fête des parents. » Elle parlera de sa vie privée quand elle veut et à qui elle veut. Mabel est bien la dernière personne sur sa liste des gens à prévenir.

« Sinon, je m'étais dit qu'on pouvait leur organiser un repas avec leur menu de mariage. Maman doit bien avoir garder ça dans une boîte à souvenirs. » Maddy secoue doucement la tête de haut en bas. Elle est comment dire.. agréablement surprise. Pour une fois que Mabel y met un peu du sien. La grossesse aurait-elle un effet bénéfique sur son tempérament capricieux ? Enfin, ne parlons pas trop vite. « C’est une bonne idée. Je te laisserai aller retrouver ce fameux menu. T’es la meilleure pour fouiner. » qu’elle lance sur un ton neutre, même si ses arrières pensées sont bien plus agitées. De toute façon en ce moment, Mabel est plus souvent de passage à la demeure familiale que Maddy. Elle sera la mieux placée pour réaliser cette mission.

Maddy soupire en voyant Mabel émietter son cinamon roll comme une enfant. Elle a presque envie de lui piquer un morceau. Ce qu’elle finit par faire et elle croise le regard accusateur de sa sœur. « C’est bon, si tu veux une nouvelle pâtisserie, je peux bien t’en acheter une autre. » Elle veut bien faire cela pour son futur neveu ou sa future nièce. Pas pour Mabel. Enfin peut-être un peu. Elle ne sait pas. « Ça serait bien de leur préparer un cadeau aussi. J’avais pensé à éventuellement leur réaliser un album rétrospectif de leurs années de mariage.. sinon j’ai quelques contacts de vidéastes qui peuvent nous réaliser ce cadeau sous forme de vidéo souvenirs. Tu sais comment maman et papa adorent le cinéma. » Sans le vouloir, Maddy parle d’un sujet sensible entre les deux sœurs. Cependant, son idée vient d’une réelle attention de faire plaisir à leurs parents et essayer de passer un moment conviviable en famille. Enfin si cela est possible. Ils pourraient regarder cette vidéo dans le home cinéma de la grande maison familiale.

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***Fidèle à elle-même, la sorcière tisse sa toile, espérant coincer sa grande sœur. Son sourire innocent en est la preuve. « Ben justement, on discute de la fête des parents. C'est important de savoir combien on aura d'invités, tu ne crois pas ? » Maddy ne souhaite pas rentrer davantage dans son petit jeu, plus elle parlera, plus elle risquera de s’emmêler les pinceaux avec ses petits mensonges. Intérieurement, elle essaye de calmer sa respiration, ne laissant rien paraitre sur son doux visage. Mais peut-elle vraiment cacher son stress face à sa cadette qui est l’une des personnes connaissant depuis le plus longtemps la Griffiths ? « En effet, c’est la fête des parents et il me semble logique que ça soit eux qui choisissent leurs invités et pas toi Mabel. » qu’elle répond sur un ton ferme, parfaitement consciente qu’elle va une nouvelle fois agacer sa petite sœur. Cependant, Maddy a décidé qu’elle a raison sur ce point et elle n’écoutera plus la suite des propos de Mabel sur ce sujet.

Sans trop d’encombres, les sœurs arrivent à communiquer autour de leurs cafés, même si Maddy n’est pas certaine que la caféine soit bonne chose pour le bébé, elle ne se prononce pas. Après tout, Mabel est bien plus renseignée sur la grossesse que l’ainée. Pour une fois, elle a réussi où Maddy a échoué, à son plus grand désarroi. Il est difficile pour elle de voir le ventre de sa petite sœur s’arrondir au fil des mois, elle aurait tellement aimé connaitre cette sensation. Cette grossesse surprise aurait pu rapprocher les sœurs, les parents sont fous de joie, mais Maddy, elle reste plus discrète car tout cela lui rappelle de douloureux souvenirs qu’elle n’a jamais osé partager avec sa propre famille. En parlant de souvenirs, Mabel émet l’idée de s’inspirer du repas de mariage des parents. Maddy approuve et suggère à la benjamine d’aller retrouver le fameux menu, en y glissant une petite pique, de politesse bien sûr. « La meilleure pour fouiner hein... Je ne suis bonne qu'à ça, tu as raison. » Elle se retient d'émettre un rire, car elle sait que les femmes enceintes peuvent être facilement contrariées. Et même si Mabel agace Maddy avec sa curiosité mal placée, le bébé qu'elle porte n'a rien fait et elle ne veut pas lui imposer des mauvaises ondes.

Après avoir piqué un morceau de cinnamon roll, Maddy propose un éventuel cadeau, un album souvenirs, ou une vidéo. « Je ne crois pas qu'on ait beaucoup de vidéos d'eux ensemble. La plupart doivent être avec l'une de nous deux, voire les deux. » Elle approuve d’un mince hochement de tête. Ce constat est presque triste, que reste-il réellement de l’enfance des sœurs Griffiths ? Hormis des disputes ou des fichues compétitions qui ont éloignées les filles. « Oui tu as raison. » qu’elle affirme sans épiloguer davantage sur le sujet. « Enfin, c'est toujours sympa de voir une histoire d'amour filmée, je présume. » Elle hausse les épaules et propose avant de trancher. « Je pourrai me charger du cadeau, partons plus sur un album photos alors. » Elle soupire, il est plus facile de donner l’illusion d’une famille heureuse et soudée à travers des photos en les arrangeant d’une certaine façon. Au pire, elle pourra demander des conseils à son agent qui excelle dans ce domaine.

« Tu veux qu'on fasse ça chez eux, dans le jardin, ou dans un restaurant ? » Le restaurant semble être un choix de sécurité pour l’ainée. Un endroit neutre, où la famille Griffiths est obligée de bien de se tenir pour préserver les apparences. Peut-être que c’est le meilleur moyen pour éviter une scène ou encore un interrogatoire surprise sur Isaac par exemple. Le pauvre. Maddy commence à réellement regretter d’avoir embarquer son ami dans cette histoire familiale sans lui en avoir parler au préalable. Si elle continue dans cette lancée, elle va devenir aussi manipulatrice que son agent dont la passion est d’inventer des rumeurs sans prévenir autrui. Maddy boit une gorgée de café pour cacher le froncement de ses sourcils à cette idée qui la terrifie si son mensonge venait à prendre des proportions incontrôlées. Maddy a un cœur bon, mais parfois même les bonnes personnes sont amenées à prendre des mauvais choix. « Au restaurant. » qu’elle finit par répondre après sa réflexion intérieur. « J’ai entendu parlé d’un chef étoilé, son restaurant s’appelle l’Interlude. Il y a éventuellement ce lieu. Tu as des idées toi ? »

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***« Vous avez déjà rompus ? » Elle ignore complètement la question de sa cadette cette fois-ci. Elle n’arrive toujours pas à comprendre son attitude -ou sa passion- à fouiner dans la vie des autres. Peut-être parce que Maddy a toujours eu une certaine distance avec sa propre famille, qu’elle s’est construite cette carapace afin de protéger les failles qu’elle pouvait posséder. Car ses parents lui ont constamment répété d’être parfaite, de sourire quelles que soient les circonstances, et surtout de ne pas émettre son opinion personnelle devant un public. Ce dernier point, elle commence sérieusement à le négliger, tout particulièrement avec son agent. Tout cela est le résultat d’une éducation dont les principaux vecteurs sont la compétition et la réussite afin d’entretenir la réputation des Griffiths. Les filles se doivent d'être talentueuses, et si elles ont des failles, elles doivent donner l’illusion qu’elles réussissent quand même dans tout ce qu’elles entreprennent. Cette éducation est risquée, surtout quand cette dernière est surveillée par une armée de gouvernantes, laissant les enfants d’une même famille dans cette cour géante qui a des allures de jungle. Ils sont poussés à donner le meilleur d'eux-mêmes quitte à causer quelques dommages collatéraux, qui sont malheureusement encore bien ancrés dans la relation des sœurs.

« Je peux voir si je trouve de vieilles photos pendant que je fouille pour le menu » « Merci Mabel. » Progressivement, les sœurs arrivent à trouver un terrain d’attente, Maddy est presque surprise que la cadette y mette du sien. La grossesse aurait-elle un effet bénéfique sur la sorcière ? Elle ne sait pas, elle n’a pas assez vu sa sœur et ses parents ces derniers temps. Elle est soit enfermée dans son atelier ou bien planquée sur un plateau de tournage. Maddy est la championne pour trouver des excuses afin d’esquiver des situations compromettantes.  

« Le restaurant, c'est un excellente idée » Les sœurs se mettent d’accord sur le restaurant, sur le coup elles semblent être sur la même longueur d’onde, à croire qu’elles évitent toutes les deux les réunions familiales en ce moment. Mais quelles sont les raisons de Mabel ? Maddy est bien curieuse, mais elle n’est pas comme sa sœur à s’immiscer dans la vie des autres, à chercher le pourquoi du comment. « Je n'ai pas entendu parler de l'Interlude, mais pourquoi pas ? Tu crois que le chef acceptera de déroger à son menu si on lui demande de refaire celui du mariage ? » « Je contacterai le restaurant pour avoir plus d’informations. » Elle boit une gorgée de son café tout en écoutant la proposition de sa sœur. « Sinon, j'avais vu un restaurant avec un belvédère, très romantique. Vers Bayside je crois. On était tombé dessus à l'époque où on cherchait un restaurant pour le mariage. Je pourrai te ressortir l'adresse quand je serai rentrée chez moi, si tu veux » Bayside est une bonne idée, c’est là que la maison de famille des Griffiths est localisée, une jolie demeure en bord de mer. Les parents ont toujours apprécié sur quartier résidentiel face à l’océan. On peut y trouver une certaine sérénité en ces lieux, enfin en dehors des repas de famille bien sûr. « Papa et maman peuvent apprécier ce cadre de restaurant, je pense. Tu les contactes et on se tient au courant sur les disponibilités ? » Autant que les filles aient deux possibilités de choix, afin de faire un comparatif et sélectionner la meilleure option. Concernant la date, les filles n’ont pas vraiment le choix, c’est celle de l’anniversaire de mariage des parents. Il n’y a pas de dérogation à la règle. « Tu voulais qu'on voit autre chose ? Pas la liste des invités apparemment... On leur demandera la prochaine fois qu'on les verra. » Maddy soupire à la réflexion de sa sœur, perdant doucement sa patience sur cette question houleuse. « Oui de toute façon c’est papa et maman qui décident. » Elle lui jette un regard l’air de dire : tu n’as pas intérêt à influencer le choix des parents concernant la liste des invités. Maddy réfléchit faisant l’état dans les lieux dans sa tête. « Je pense qu’on a vu l’essentiel. » qu’elle ajoute en regardant sa montre. Il lui reste encore vingt minutes devant elle. Les sœurs ont réussi à discuter durant vingt minutes sans hausser la voix, et les vingt autres minutes, elles sont dues au retard de Mabel. L’heure est plutôt bien rentabilisée. Alors Maddy décide de parler d’autre chose. En voyant arriver Mabel dans le café tout à l'heure, Maddy a regardé son ventre arrondi qui avait grandi. L’ainée s’éclaircit la voix et pose son regard dans celui de Mabel. Il est rare qu’elle la regarde directement dans les yeux. Son regard est le plus souvent fuyant. « Comment se passe ta grossesse Mabel ? » qu’elle demande d’une voix un peu plus douce, même si l’expression de Maddy reste très contrôlée. Elle ne veut pas montrer à sa famille son plus grand échec, encore moins à sa petite sœur. Pourtant, elle a toujours ce côté maternel et protecteur en elle. Mabel a beau l’agacer depuis des années, elle a toujours un œil sur sa petite sœur. Certes, très lointain depuis ces derniers mois, Maddy s’est réfugiée dans ses nouveaux projets, mais sa famille reste une partie importante et toujours présente dans sa vie.  Pourtant, elle est soucieuse de savoir comment se porte sa petite sœur car elle est la première de la famille à vivre l’expérience de donner la vie, et Maddy ne peut pas savoir à quel point ce changement peut être une énorme source de stress et de remise en question. Alors, elle essaye de creuser et d’en savoir plus au travers de sa sœur. Enfin, si les filles arrivent encore à faire un effort pour communiquer entre elles, un mot de travers et les étincelles peuvent rapidement s’enflammer.

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***A la surprise générale, l’échange des sœurs a été calme, à l’exception de quelques allusions mal placées. Maddy profite clairement de son rôle d’ainée pour imposer la fin de la discussion de sujets qui lui déplaisent, dans lesquels elle ne veut pas qu’on voit ses faiblesses. Les Griffiths se coordonnent sur les derniers détails, elles ont réfléchi aux grandes lignes, cela devrait convenir aux parents. Au final, ils seront tellement heureux de voir Mabel et Madeline réunis à la même table, ce miracle n’arrive pas toutes les semaines. Cela est même devenu rare depuis que la benjamine est enceinte et l’ainée a repris le chemin des plateaux de tournage. Maddy espère de tout cœur que la fête de mariage des parents sera le seul repas de famille obligatoire jusqu’à Noël. Car oui, elle compte bien trouver une excuse pour éviter celui de Thanksgiving. Pauvre naïve.

Puisque l’affaire des parents est réglée, Maddy profite des dernières minutes pour de changer de sujet. Habituellement, les sœurs ne parlent pas de sujet personnel, elles n’ont jamais été deux sœurs fusionnelles qui se confiaient, se conseillaient ou encore se consolaient. Elles ont été comme deux étrangères qui ont grandies sous le même toit. Pourtant les portes de leurs chambres sont l’une en face de l’autre dans la grande maison familiale, mais si on ose s’aventurer dans une des deux pièces, les différences d’univers sont flagrantes. La chambre de Maddy est incontestablement la mieux rangée. Les murs ont une jolie couleur pastel, ses étagères sont remplies de photos, de trophées, de diplômes, de ses succès. Elle a été la première à hériter d’un lit deux places lorsqu’elle était une adolescente pour accueillir son petit ami de l’époque. Bref, Maddy a toujours été la première d’une façon ou d’une autre, ce qui peut être un avantage comme un inconvénient. Cela dépend du point de vue.

La grande sœur plante son regard dans celui de sa sœur. Elles ont les mêmes yeux pourtant elles voient le monde d’une façon différente. Maddy ose enfin demander à Mabel comment se porte sa grossesse et de façon générale, c’est un moyen de savoir comment ça fait de devenir une mère. « Et bien, ça se passe pas trop mal. J'ai pas été tellement malade au début, c'était plutôt cool. » Maddy hoche doucement de la tête aux paroles féminines. Elle ne sait pas si elle lui raconte la stricte vérité, mais elle est soulagée d’apprendre qu’elle a une grossesse sans complication. Maddy s’est toujours demandée à quoi pouvait ressembler sa propre grossesse, mais elle n’a jamais pu le découvrir à son plus grand désespoir. Elle ravale sa salive à cette simple pensée et se faire surprendre par la question de sa sœur. Elle est très douée pour retourner la discussion à son avantage.« Pas trop stressée à l'idée de devenir tata ? » Maddy a un mouvement de recul. Elle s’enfonce dans son siège et une main glisse sous la table. Elle serre doucement son jean, pourtant elle ne quitte pas le regard de sa cadette. Sois forte Maddy, ne montre pas tes faiblesses, pas à elle. « Je suis toujours heureuse en présence d’enfants. » Elle n’arrive pas à prononcer le mot « tata » qui lui fait trop mal au cœur. Elle n’accepte le fait qu’elle ne sera peut-être jamais une mère. Elle a du mal à tolérer que sa petite sœur y arrive et pas elle. « Le terme est prévu pour quand ? » qu’elle la questionne, histoire de se préparer psychologiquement à devenir une tata. « Et toi tu es prête à devenir une mère ? » qu’elle l'interroge d’une voix calme, même si la conversation à l’air tout sauf naturelle entre les sœurs Griffiths. Bienvenue au bal des faux-semblants. Qui va remporter l'award de la sœur de l'année ?

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***Pendant un instant, Maddy regrette sa question, mais elle n’a pas eu la force de partir comme une malpolie, car Mabel reste sa sœur, qui plus est, une sœur enceinte. Sa curiosité, qui cache un soupçon de jalousie, la pousse à savoir comment se déroule la grossesse de sa petite sœur. A défaut de pouvoir connaître ces sentiments, elle essaye de le vivre par procuration au travers de son entourage proche. Car oui, beaucoup de bébés sont en route en ce moment, rappelant en permanence à la Griffiths qu’elle est toujours une femme célibataire avec son chat comme unique compagnie quand elle rentre chez elle le soir après une journée de travail. Sa situation devient de plus en plus délicate maintenant qu’elle a soufflé sa trente cinquièmes bougie, autant d’un point de vue médical que sociétal. L’approche de la quarantaine ne plait pas forcément à l’ainée des Griffiths. Si-parfaite-Maddy ne peut pas être la meilleure partout et elle doit accepter que sa petite sœur puisse être la première parfois.

« Tu as toujours été douée avec les enfants. C'est comme une seconde nature pour toi. » Maddy baisse son regard, elle a un sourire timide sur le visage. C’est rare que les sœurs aient des paroles bienveillantes l’une envers l’autre. Maddy ne risque pas d’oublier la phrase de sa petite sœur, alors qu’elle prend soin d’esquiver ses autres propos désobligeants. « Merci Mabel. » Pour une fois, elle ne la surnomme pas la Sorcière, ou ne l’insinue pas très fort dans son esprit.

Prudemment, l’ainée ose poser d’autres questions à sa petite sœur, étant donné qu’une communication est favorable entre elles autant en profiter. Elle l’interroge sur le terme de sa grossesse. Maddy avait vaguement fait le compte depuis l’annonce en juin dernier, mais elle n’a jamais eu d’indications exactes sur la venue au monde du prochain mini-Griffiths. Elle est curieuse de savoir si c’est une fille ou un garçon ? Mais est-ce que le couple de futurs parents a voulu savoir ce détail ? Elle ne sait pas, Maddy ne se sent pas assez proche de sa sœur pour lui demander -encore- une autre information. Puis il serait mauvais pour elle de remuer le couteau dans la plaie. Elle se contente d’accepter la réponse de Mabel en un hochement de tête. « Je dois accoucher le dix janvier. Ce sera un bébé de l'année prochaine » Le terme va arriver rapidement avec les fêtes de fin d’année qui vont passer en un éclair. L’année prochaine, la famille Griffiths va s'agrandir, un nouveau membre va s’ajouter et par conséquent, il faudra trouver un nouvel équilibre. Maddy n’arrive pas encore à se faire à cette idée, alors que le ventre arrondi de Mabel est déjà plus que présent. L’ainée préfère se concentrer sur les cadeaux de Noel, tiens c’est une bonne idée pour ne pas penser au reste. Elle ne devra pas oublier un cadeau pour le nouveau-né(e).

« Disons que je passe par les angoisses de grossesse que tout le monde a. » La réponse de la benjamine est tout aussi vague que celle de l’ainée. Les sœurs sont très fortes à ce jeu qu’elle pratiquent depuis des années. « Disons que j'ai hâte de ne plus avoir de coups de pied dans les côtes ou la vessie, mais que j'appréhende les nuits sans sommeil. » Maddy observe Mabel jouer nerveusement avec les restes de son cinnamon roll. « Je vois. » Elle a un mince sourire avant d’ajouter. « Je te souhaite que la fin de ta grossesse se passe au mieux. » Une phrase très bateau, que Maddy aurait pu sortir à n’importe quel inconnu en guise de politesse, pourtant dernière les manières de l’actrice, elle souhaite sincèrement que sa grossesse se termine au mieux. L’air coincé de Maddy montre tout le contraire, cependant cela ne veut pas dire que ses paroles ne sont pas sincères envers la femme enceinte. Avant d’être sœurs, Mabel et Maddy restent des femmes qui pourraient se soutenir si elles ne se cachaient pas tous ses secrets.

Maddy approche sa tasse de café des lèvres pour terminer le fond, sauf qu’elle n’avait pas pensé que sa sœur aller continuer la conversation. « Tu n'as jamais voulu d'enfants, toi ? » Sans le contrôler, Maddy s’étouffe avec sa boisson chaude. Par réflexe, elle attrape la petite serviette en papier qui traine sur la table pour s’essuyer les lèvres « Hm pardon. » qu’elle s’excuse, se laissant le temps de reprendre ses esprits et surtout trouver la bonne réponse pour ne pas révéler son plus grand secret à sa sœur. « Si bien sûr que j’ai souhaité des enfants. » Elle le souhaite toujours, mais il lui est inconcevable d’avoir une conversation trop profonde et sentimentale avec Mabel. « Je n’ai juste pas trouvé la bonne personne pour fonder ma famille. » qu’elle répond en essayant de contrôler sa voix pour qu’elle reste la plus neutre possible. Un petit mensonge, encore, mais puisque son ex-compagnon n’est fait plus partie de sa vie, elle peut se permettre de lui faire porter le chapeau. « Profite de cette chance avec ton mari, Mabel. » qu’elle ajoute, peut-être un peu trop vite, un peu trop froide. Sans le vouloir, Mabel a touché le point le plus fragile de sa grande sœur. L’actrice regarde sa montre avant d’annoncer. « Je suis navrée, le tournage m’appelle, je dois y aller. » Elle se lève rapidement afin d’éviter une nouvelle question. Maddy sait improviser mais pas sur ce genre de sujet. « Passe une bonne journée et on se tient au courant pour l'anniversaire des parents. » Un dernier sourire, avant de tourner les talons et quitter le café. Maddy, fidèle à elle-même, a encore choisi l’option de la fuite quand quelque chose l’a contrarie, laissant le loisir à sa sœur de spéculer sur elle.